Termites et insectes xylophages :
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Termites et insectes xylophages :
Termites et insectes xylophages : point réglementaire CLAUDIE VENET, CSTB La prolifération des termites s’est accentuée depuis une cinquantaine d’années. Touchant plus de la moitié des départements français, ce problème nécessite une vigilance particulière afin d’assurer la préservation des constructions. La loi 99-471 du 8 juin 1999 vient compléter les textes existants afin d’endiguer la progression des termites en France. Elle tend à protéger les acquéreurs et les propriétaires d’immeubles contre les termites et autres insectes xylophages. Les décrets d’application en cours de rédaction viendront compléter ce dernier texte. À l’occasion de la parution de la nouvelle loi « termites », ce point réglementaire récapitule les textes en vigueur. Mesures communales ou préfectorales pour encourager la prévention Dans les sites géographiques particulièrement affectés par ce phénomène, différents moyens de lutte ont été mis en place par les autorités communales ou départementales. Notamment, et selon le degré d’infestation, des mesures réglementaires ont été instituées par voie d’arrêtés communaux ou préfecto- raux de manière à développer les mesures de prévention et à encourager les traitements préventifs ou curatifs. Maisons individuelles : les constructeurs alertés Déjà, l’annexe de l’arrêté du 27 novembre 1991 fixant la notice descriptive prévue par les articles R 231-4 et R 232-4 du Code de la construction et de l’habitation relatifs au contrat de construction d’une maison individuelle attire l’attention des constructeurs sur les questions soulevées par le traitement des bois, en particulier dans les zones affectées par les termites ou les autres insectes xylophages. Il leur appartient de se renseigner auprès de la mairie pour savoir si la zone de construction est infestée. Les mesures fiscales concernent les traitements préventifs et curatifs La loi 92-655 du 15 juillet 1992 a étendu le champ d’application de la réduction d’impôt pour grosses réparations effectuées dans l’habitation principale à certaines dépenses État parasitaire : une norme expérimentale Rédigée par les professionnels du bâtiment, des pathologies du bois et du traitement des bois en œuvre, la norme XP P 03 200 fixe les modalités générales d’élaboration des états parasitaires relatifs aux agents biologiques du bois dans les immeubles bâtis ou non bâtis. Cette norme précise que la compétence requise pour établir des constats d’état parasitaire repose sur des connaissances dans les domaines du bâtiment, des propriétés du bois et des insectes et champignons destructeurs du bois. De plus, elle décrit une méthode d’investigation efficace dans la recherche de pathologies et propose un guide de rédaction du constat de l’état parasitaire. Enfin, elle souligne que l’activité professionnelle de l’expert qui établit des constats d’état parasitaire doit être distincte des activités de traitement ou de vente de produits de préservation : un constat d’état parasitaire ne doit comporter ni conseil, ni offres de services. Rappel des DTU et normes : NF P 21-204-1 (DTU 31.2) : Construction de maisons et bâtiments à ossature en bois - Cahier des clauses techniques NF P 63-201-1 (DTU 51.1) : Parquets massifs et contrecollés - 50 [ CSTB MAGAZINE ] N° 125 septembre-octobre 1999 Cahier des clauses techniques NF EN 335-1 (B 50-100-1)(octobre 1992) : Durabilité du bois et des matériaux dérivés du bois - Définitions des classes de risque d’attaque biologique - Partie 1 : Généralités NF EN 335-2 (B 50-100-2) (octobre 1992) : Durabilité du bois et des matériaux dérivés du bois - Définitions des classes de risque d’attaque biologique - Partie 2 : Application au bois massif NF EN 335-3 (B 50-100-3) (octobre 1995) : Durabilité du bois et des matériaux dérivés du bois - Définitions des classes de risque d’attaque biologique - Partie 3 : Application aux panneaux à base de bois NF B 50-100-4 (septembre 1996) : Durabilité du bois et des matériaux dérivés du bois - Définition des classes de risque d’attaque biologique - Partie 4 : Déclaration nationale sur la situation des agents biologiques XP P 03-200 (octobre 1998) : Agents biologiques du bois - Constat de l’état parasitaire dans les immeubles bâtis ou non bâtis : Modalités générales X 40-501(avril 1975) : Protection - Les termites - Protection des constructions contre les termites en France RÉGLEMENTATION TERMITES ET INSECTES XYLOPHAGES : POINT RÉGLEMENTAIRE Un ennemi discret Les dégâts causés par les termites en France sont restés pendant de nombreuses années un phénomène local, spécifique aux plaines de la moitié sud du pays et aux DOM-TOM. Or, depuis le milieu du siècle, la carte des zones contaminées par les termites ne cesse de s’assombrir. La multiplication des attaques occasionne parfois d’importants dégâts. Les termites appartiennent à l’ordre des isoptères et sont organisés en société, tels les abeilles ou les fourmis. On trouve trois espèces de termites en France métropolitaine : Reticulitermes santonensis (termite de Saintonge), Reticulitermes licifugus (termite lucifuge, termites souterrains) et les Kalotermes flavicolis (termite de bois sec). En France, les termites souterrains causent le plus de dégâts aux habitations. Ils vivent dans le sol et pénètrent dans les ouvrages à la recherche de nourriture, par l’intérieur des murs ou par de petits tunnels de terre en surface. Ils se nourrissent de matériaux à base de cellulose (bois, papier, textiles, …). Leur principal atout, la discrétion, leur permet parfois de dégrader la quasi-totalité des pièces de bois d’un bâtiment sans donner l’alerte. d’amélioration dont le traitement des charpentes contre les insectes xylophages. La liste des dépenses qui ouvrent droit à réduction d’impôt a été fixée par l’arrêté du 20 août 1992 pris pour l’application de l’article 2 de la loi 92-655 du 15 juillet 1992 portant diverses dispositions d’ordre fiscal. Ce texte a été codifié à l’annexe 4 17 T du Code général des impôts. Les dispositions de cet article ont été modifiées par un arrêté du 27 février 1996 afin de rendre éligibles à l’avantage fiscal les produits ou matériaux fabriqués hors de France, notamment dans les États membres de l’Union européenne, qui font l’objet d’une certification agréée par le ministre chargé de la Construction (traitement des charpentes contre les insectes xylophages). La nature des dépenses ouvrant droit à réduction n’est pas modifiée. Il est toutefois précisé que le traitement des charpentes contre les insectes xylophages s’entend aussi bien du traitement préventif que curatif. Dans les deux La discrétion des termites leur permet parfois de dégrader la quasi-totalité du bois d’un bâtiment sans donner l’alerte. cas, les traitements devaient être réalisés avec des produits ayant reçu une certification du Centre technique du bois et de l’ameublement et par une entreprise agréée par le centre. Amélioration de l’habitat : diagnostics et traitements subventionnés Selon l’instruction 95.04 du 22 novembre 1995 de l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (Anah), les diagnostics pour les termites et autres insectes xylophages sont subventionnables s’ils sont réalisés depuis moins de deux ans avant le dépôt du dossier de demande de subvention relatif aux travaux. L’instruction 97 03 du 25 novembre 1997 relative aux mesures concernant certains travaux spécifiques de salubrité et de sécurité dans l’habitat complète la liste des travaux subventionnables avec le traitement préventif ou curatif des immeubles contre les termites et autres insectes xylophages. Adapter les traitements aux espèces Les techniques de lutte contre les termites européens se sophistiquent depuis l’abandon progressif des méthodes classiques à base d’imprégnation de neurotoxines dans le sol, les murs et les charpentes. L’utilisation de pièges, de nouvelles molécules agissant par contact et de techniques de construction nouvelles permet de mieux préserver l’environnement et de cibler l’action de contrôle des termites. Selon Jean-Luc Clément, professeur à l’université d’AixMarseille et directeur du laboratoire de neurobiologie du CNRS, ces techniques posent en revanche des problèmes à résoudre en urgence. Il faut, en effet, adapter ces stratégies aux différentes espèces rencontrées en Europe, chacune ayant un comportement précis à prendre en compte pour optimiser ces techniques sophistiquées. La connaissance précise des cinq espèces de Reticulitermes doit pouvoir s’effectuer sur le terrain. Il faut connaître le statut des colonies pour chaque espèce afin d’adapter la méthode de lutte. Dans une ville, s’agit-il de multiples infestations dues à la négligence des habitants ou d’une unique contamination ? Dans tous les cas, il est nécessaire de s’interroger pour savoir s’il s’agit d’une progression souterraine à base de bouturage ou si les essaimages sont efficaces. Quand on traite une zone, est-on aussi capable d’intoxiquer avec chaque méthode, les termites de sociétés à la périphérie de la zone traitée ? Peut-on éradiquer, avec ces méthodes sophistiquées, une zone plus vaste si les colonies sont ouvertes ? Des recherches vont permettre de répondre à ces questions. La collaboration des centres techniques, des sociétés industrielles, des collectivités territoriales, des municipalités et des applicateurs est indispensable pour résoudre rapidement ces points essentiels afin de mieux adapter les nouvelles techniques à chaque espèce dans chaque cité. [ CSTB MAGAZINE ] N° 125 septembre-octobre 1999 51 Dès septembre des experts certifiés En prévision de la loi « termites » et de ses conséquences sur l’activité des experts en état parasitaire, le CTBA (Centre technique du bois et de l’ameublement) a décidé de mettre en place en 1999 une certification des experts en état parasitaire afin de donner confiance dans la qualité des états parasitaires proposés sur le marché. Opérationnelle depuis le 1er juillet dernier, une quinzaine de dossiers sont déjà parvenus au Pôle construction du CTBA de Bordeaux. Si tout se déroule bien, les premiers experts en état parasitaire certifiés entreront en activité dès septembre. Cette certification de personnel contrôle les connaissances théoriques des candidats, par un examen portant sur le bois, les insectes et champignons prédateurs du bois, la terminologie et les techniques de construction. De plus, les connaissances pratiques du candidat sont évaluées sur le terrain lors d’un contrôle des états parasitaires. Enfin, le candidat passe devant un jury de professionnels pour présenter le bilan de son activité professionnelle et soutenir une étude de cas réel, afin d’évaluer son expérience et son assurance. Lorsque les candidats ont franchi avec succès les étapes du processus de certification, un Comité de marque, composé de professionnels, de représentants des Pouvoirs publics et de clients, formule un avis sur l’attribution de la certification. Ainsi, seuls les professionnels compétents et expérimentés seront certifiés « experts en états parasitaires ». Les candidats compétents insuffisamment expérimentés peuvent subir une année de stage probatoire. Durant cette année, ils sont suivis au même titre que les experts certifiés (contrôles in situ et informations émanant de leurs clients). La certification d’expert en états parasitaires est renouvelée tous les trois ans sur avis du Comité de marque. Les experts certifiés peuvent être invités à repasser certaines étapes du processus de certification. Dès le début du mois d’octobre, le CTBA mettra à disposition du public la liste des premiers experts en états parasitaires certifiés (Minitel : 36 16 CTBA, fax 08.36 69 00 12, Internet : www.ctba.fr. BM La décision du Conseil d’administration précise que tout traitement préventif ou curatif est subventionnable par l’Anah sous réserve qu’il soit complet pour ne pas être reconduit de façon récurrente, et qu’il soit exécuté par une entreprise agréée. Après une longue attente, la loi protège les acquéreurs Modification du Code de la construction et de l’habitation : Article 5 : L’intitulé du titre III du livre Ier du Code de la construction et de l’habitation devient « Chauffage et ravalement des immeubles. - Lutte contre les termites » et un chapitre III intitulé « Lutte contre les termites » est ajouté avec les articles L. 133-1,2 et 3. Article 6 : La loi du 21-07-1865 sur les associations syndicales est modifiée. Les associations syndicales peuvent avoir pour objet la lutte contre les termites. Article 7 : Une section 9 « Protection contre les insectes xylophages » est ajoutée au chapitre II du titre Ier du livre Ier du Code de la construction et de l’habitation. Dans les zones sinistrées, les professionnels de l’immobilier (entreprises, mais aussi notaires) ainsi que les particuliers attendaient depuis longtemps un texte législatif visant à garantir aux acquéreurs d’un bien immobilier que celui-ci n’était pas infesté par les termites ou autres insectes xylophages. Le projet de loi a été adopté en première lecture par le sénat le 28 janvier 1997 et par l’assemblée nationale le 27 mars 1997 lors de la 10e législature, mais n’a pu l’être définitivement pour cause de dissolution. Il l’est maintenant et vient de paraître : c’est la loi 99-471 du 8 juin 1999 tendant à protéger les acquéreurs et propriétaires d’immeubles contre les termites et autres insectes xylophages parue au J.O. n° 131 du 9 juin 1999 page 8438. Article 8 : La clause d’exonération de garantie pour vice caché, si le vice caché est constitué par la présence de termites, ne peut être stipulée qu’à la condition qu’un état parasitaire du bâtiment soit annexé à l’acte authentique constatant la réalisation de la vente. L’état parasitaire doit avoir été établi depuis moins de trois mois à la date de l’acte authentique. Déclaration des foyers d’infection : Expertise : Article 1 : La prévention et la lutte contre les termites sont organisées par les Pouvoirs publics. Article 2 : La déclaration des foyers d’infection devient obligatoire, par l’occupant, par le propriétaire ou par le syndicat des copropriétaires. Article 3 : Les zones contaminées sont délimitées. Dans ces zones en cas de destruction de bâtiments, les bois sont incinérés sur place ou traités avant tout transport. L’exécutant doit le déclarer à la mairie. Article 9 : Les fonctions d’expertise et de diagnostic sont exclusives de toute autre activité de traitement préventif curatif ou d’entretien de lutte contre les termites. Garantie pour vice caché : Code général des impôts : Article 10 : Le 3 du I de l’article 199 sexies D du Code général des impôts est complété par « Il en est de même pour les travaux initiaux de prévention et de lutte contre les termites et les autres insectes xylophages, ainsi que pour leur renouvellement ». Préventifs ou curatifs, les traitements doivent être réalisés avec des produits certifiés par un entreprise agréée. 52 [ CSTB MAGAZINE ] N° 125 septembre-octobre 1999
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