Le dirigeable le « Belgique
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Le dirigeable le « Belgique
Nés à la suite du conflit de 1870, les dirigeables sont devenus de formidables machines aériennes. Au début du 20ème siècle, la plupart des grands pays (France, Angleterre, Allemagne, …) en furent équipés. Mais c’est par une initiative privée que le premier dirigeable belge vit le jour… . Novembre 2012 Orban O. Les dirigeables « Belgique » LES DIRIGEABLES « BELGIQUE » LES DIRIGEABLES « BELGIQUE » ............................................................................................... 2 « BELGIQUE I » .......................................................................................................................... 2 a. Naissance du dirigeable ............................................................................................... 2 b. Premières sorties ...................................................................................................... 3 EVOLUTIONS DU « BELGIQUE I » .............................................................................................. 4 a. « Belgique II » ............................................................................................................. 4 b. « Belgique III » ........................................................................................................ 5 c. Reconstruction du « Belgique III ».............................................................................. 5 TECHNIQUE DE L’AEROSTATION ............................................................................................... 6 a. Principe ........................................................................................................................ 6 b. Types de ballon ........................................................................................................ 6 c. Dynamique du vol ....................................................................................................... 7 d. Principe appliqué aux dirigeables ............................................................................ 7 e. Types de dirigeables .................................................................................................... 8 DESCRIPTION TECHNIQUE ET PLAN ........................................................................................... 9 a. Le « Belgique I » ......................................................................................................... 9 b. Le « Belgique II » et « Belgique III » .................................................................... 11 Sources ................................................................................................................................. 12 « BELGIQUE I » a. Naissance du dirigeable Un dirigeable belge, survolant un été plutôt maussade et pluvieux de 1909, n’est pas passé inaperçu. Ce fût un véritable événement. Même si la campagne de vols fut assez modeste, l’impact dans la presse a été assez important. Ainsi, lors de la sorties du 04 août on pouvait lire « (…) Gros événement à Bruxelles (…) des dizaines de milliers de Bruxellois se pressent dans les rues et sur les boulevards pour assister à la (première) sortie du dirigeable « Belgique » (…) »1. Tout cela suite à l’initiative de Robert Goldschmidt. Robert Goldschmidt, naquit à Bruxelles en 1877, devint docteur ès sciences, professeur agrégé de l’Université de Bruxelles. En 1906, il travailla avec Paul Otlet et inventa un appareil, appelé « Le Bibliophote »2, pour réaliser des microphotographies pour 1 Belgique 1900, Jo Gérard En 1865, l’anglais M. Simpson émit l’idée de l’utilisation de la microphotographie. Celle-ci fut utilisée lors du siège de Paris. 2 Novembre 2012 la documentation. En 1908, il se livra aux premières expériences de radio en Belgique. Il travailla aussi la photographie en couleur et fut capitaine d’artillerie pendant la Guerre 14-18. Ensuite, ses inventions et entreprises ne trouvèrent plus le lustre d’antan. Il mourut en 1935 à l’âge de 58 ans. En mai 1908 et sans affairisme, il lança l’idée d’un dirigeable en Belgique. Pour cela il se fit aider par Ernest Solvay et obtient le soutient de l’Aéro-Club de Belgique dont il était membre. R. Goldschmidt et E. Solvay demandèrent à Louis Godard de concevoir la partie aéronautique, tandis que la société belge Vivinus se chargea de la partie mécanique (moteur et nacelle). Une des premières traces du dirigeable le « Belgique » apparaît dans les colonnes de la revue la « Conquête de l’Air » de décembre 1908. Globalement, les données de base pour les calculs sont les suivantes : « un équipage de 3 personnes plus 1 passager, une altitude de 1.000 m., une 2/19 Les dirigeables « Belgique » autonomie de 10 heures. Afin de prévenir les avaries éventuelles, le dirigeable sera équipé de 2 moteurs et non d’un seul. En cas de panne d’un des moteurs l’aérostat sera capable d’une vitesse de 30 à 35 km/h et aura ainsi la possibilité de rentrer au port ». Louis Godard utilisa le dirigeable « type E » de 4.000 m3 et en réduisit les dimensions. Une forme fuselée ou pisciforme, un maître couple à 2/5 de la longueur et des moteurs puissants étaient les caractéristiques principales du projet. Il donna aussi d’autres détails sur le « Belgique »3. C’est ainsi qu’il était prévu un dispositif mécanique relié au moteur et entraînant une hélice horizontal devant ainsi permettre l’économie de lest. Ce dispositif ne fut pas installé. Le prix d’un dirigeable Louis Godard de 2.700 m3 (donc le « Belgique ») était de 175.000 Frs (Francs d’époque). Il faut aussi ajouter 10.000 Frs de frais divers (corderies, outillages, …), 2.500 Frs pour le gonflement et 5.000 Frs pour l’entretien mensuel, le personnel spécialisé ou de manœuvre. A ne pas oublier, un hangar dont le prix varie de 20.000 Frs (bois) à 100.000 Frs (métallique). Le dirigeable « Belgique I » avait un volume de 2.700 m3. L’enveloppe, mesurait 54,80 m. de long pour un diamètre de 9,75m et était équipé d’un ballonnet de 625 m3. Une perche en bambou de 33 m. de long, placée sous le ballon assurait la répartition des masses sur les ralingues (cordages). La nacelle en bois de section rectangulaire, d’une longueur de 14 m. (partie central de 6 m. de long, 1,10 m. de large et 1,20 m. de haut) pour une masse de 142 kg, supportait à chaque extrémité une hélice de 5,20 m. de diamètre. Ces derniers tournant à 160 tr/min et en sens inverse étaient constituées de tissu tendu sur une armature métallique. Plusieurs types ont été utilisés4, car elles ont souffert du faible rendement et de problèmes d’adaptation au moteur. Ce moteur belge de la société Vivinus de 50 cv. et de quatre cylindres refroidis par eau, 3 Lettre du 17 août 1909 et parue dans la « Conquête de l’Air » du 1er septembre 1909. 4 Le livre « L’année aéronautique belge 1911 » site le chiffre de 5,70 m de diamètre et l’aérophile parle de 285 tr/min. Novembre 2012 était mis en marche via une manivelle. Ce fut un moteur semblable qui équipa le biplan Voisin du baron P. de Caters lors de son 1er vol en Belgique le 20 décembre 1908. Un gouvernail de direction était situé à l’arrière et un empennage de profondeur double – appelé équilibreur – à l’avant. Un empennage horizontal formé d’un boudin de 1,5m de diamètre et gonflé à l’hydrogène assurait la stabilité en tangage. Un pilote et deux mécaniciens assuraient la conduite de l’aérostat. Il fallait également une trentaine d’hommes pour la manutention au sol et l’ensemble du commandement se faisait au sifflet dans en silence absolu. Il est a noté que l’Aérophile rapporte dans son numéro du 15 juillet 1909, que le ballon avait un volume de 3.000 m3, soit 300 m3 de plus que le projet initial. Ce point n’a pas pu être vérifié, mais peut-être plausible au regard du devis des masses. b. Premières sorties Des premiers essais ont lieu le 15 juin 1909, avec un premier test en vol (mais toujours accroché) le 27 juin. La première sortie « libre » eut lieu le 28 juin, piloté par Louis Godard accompagné de R. Goldschmidt et sans doute du Commandant Morel (qui deviendra le pilote en second). Ce dernier était propriétaire du terrain où le hangar du dirigeable avait été érigé. Ce terrain était situé en bas de ce qui allait devenir plus tard la Rue Vanden Thoren, à la limite d’Auderghem et de Watermael-Boitsfort, au sud-est de Bruxelles. Ce premier vol, malgré la pluie dura 36 minutes au départ de son hangar atteignit l’altitude de 300 mètres et décrivit deux cercles d’un total de +/- 4 km. Un seul moteur fut utilisé (fig. 20). D’autres sorties eurent lieu notamment le 03 juillet, d’une durée d’une heure dix minutes, le 20 du même mois avec une évolution de deux heures et vingt-cinq minutes au-dessus de Boitsfort. Au vue des photos, le gouvernail horizontal mobile fut déplacé. Initialement à hauteur de la nacelle, il fut positionné devant cette dernière. 3/19 Les dirigeables « Belgique » Le 04 août, le dirigeable s’éleva à 05h45 et se dirigea vers le parc du Cinquantenaire, pour suivre ensuite la direction de l’église Sainte-Marie, la gare du Nord et s’en alla faire le tour de la Grand Place. Il passa ensuite autour du palais de justice, de la porte de Namur et regagna Boitsfort. Vers 06h45, le dirigeable avait atterrit tout prêt de son hangar. Le « Belgique » parcourra environ 30 km. à une altitude comprise entre 100 à 300 m avec M. Delavoys comme pilote, M. Destappes et Teupkens comme mécaniciens. juin au 15 août, le dirigeable aura effectué 23 sorties. Son dégonflement débuta à partir du 17 août. Une grande manifestation fut organisée, le dimanche 14 novembre 1909, à WatermaelBoitsfort par les communes d’Auderghem et de Watermael-Boitsfort en l’honneur de R. Goldschmidt et E. Solvay. Pour cela une souscription avait été organisée et une plaquette en bronze et argent fut frappée. Comme il se devait à l’époque, sans doute que de grands banquets furent aussi organisés … . Une dernière sortie aura lieu le 15 août 1909 tout près du palais royal de Laeken. Du 28 EVOLUTIONS DU « BELGIQUE I » a. « Belgique II » Malgré le succès des premiers vols, tout n’était pas parfait. En premier lieu les performances : la vitesse (39 km/h notamment), était en peu faible. Cela était dû au faible rendement des hélices. La structure de la nacelle en bois posa aussi beaucoup de problèmes. Notamment la torsion engendrée par le couple des hélices faisait que les réglages des tendeurs devaient être refaits après chaque sortie. Le bois était trop sujet à l’humidité. La première évolution consista à augmenter le volume du ballon. Ce dernier passa de 2.700 m3 à 4.000 m3. La forme était toujours pisciforme avec une longueur de 65 m. et un diamètre de 11 m. Le ballonnet fut porté à 800 m3. L’air soufflé dans ces derniers était chauffé via le moteur. Cela en diminuait la densité et réchauffait aussi l’hydrogène du ballon. La nacelle, réalisée aux usines Lembecq, devint métallique de section triangulaire avec un garde-corps de 0,90 m., d’une longueur totale de 22m. (dont 17 m. pour la partie centrale). Deux moteurs Vivinus de 60 cv. accouplés entraînèrent une unique Novembre 2012 hélice Chauvière en bois de 5 m. de diamètre à une vitesse de 350 tr/min – réduction 1/5 par rapport au groupe moteur . Un embrayage Simpson de 18 kg était intercalé entre le groupe moteur et l’hélice. Le poste de pilotage était situé 3 mètres derrière le moteur. Globalement le dispositif de stabilité restait le même que le dirigeable « Belgique I ». Grâce à ces améliorations, la vitesse atteignit 43 km/h. Il était aussi prévu l’installation d’une cabine pour passagers. Un des principaux faits fut d’avoir été exposé lors du « Salon Automobile, du Cycle et de l’Aviation » en janvier 1910 à Bruxelles. A cette occasion, il était possible d’accéder à la nacelle. La première sortie, date du mercredi 27 avril 1910. Il évolua au-dessus de Boitfort, d’Auderghem et d’Etterbeek pendant 01h47. La seconde sortie eut lieu le 28 du même mois, ayant à son bord le comte d’Oultremont, le pilote Delavoys et trois mécaniciens. Un vent empêcha le dirigeable de rejoindre son hangar et il fut contraint d’atterrir à Crainhem. La nacelle était brisée, le gouvernail faussé et le réservoir arraché. 4/19 Les dirigeables « Belgique » b. « Belgique III » Après l’accident du « Belgique II », ce dernier fut reconstruit et devient le « Belgique III ». De plus certaines améliorations ont été apportées, portant une fois encore sur la nacelle. La forme ne fut pas changée, mais le mode d’assemblage était différent, notamment par l’utilisation de rivetage. La nacelle fut composée de 3 parties démontables, et il était possible d’ajouter dans la partie arrière un second groupe moto-propulseur avec 2 hélices de côté. A ce moment le poste de pilotage, situé à l’arrière, se plaçait entre les deux moteurs. Cette disposition était utilisée lorsque la vitesse était privilégiée (soit 52 km/h) alors qu’avec un moteur, ce fut l’autonomie qui était visée. La perche en bambou fut aussi retirée et les organes de stabilités également améliorés, notamment le gouvernail de direction ainsi que l’empennage vertical qui ont été agrandis. L’empennage horizontal était composé d’une surface plane (appelée surface Villard ») qui remplaçait les boudins. Dans le cas du « Belgique III », il n’y avait plus d’empennage horizontal mobile, mais un réservoir de 60 kg (60 litre d’eau) placé à l’avant et à l’arrière. Pour la montée, le réservoir placé à l’arrière était rempli, pour la descente, c’est le réservoir placé à l’avant qui était utilisé. Le principe de l’air chauffé soufflé dans les ballonnets était aussi gardé. Le 14 juillet, les travaux furent terminés et le « Belgique III » effectua une série de 9 sorties pour la mise au point, principalement au-dessus de Bruxelles. Le 2 septembre, le dirigeable atterrit à la plaine des sports de l’Exposition Universelle de Bruxelles 1910. L’hélice est endommagée. Il reste visible durant l’exposition. Le 12 septembre R. Goldschmidt l’offre au Roi Albert I. Ce dernier en fait don à l’armée. Et puis plus rien… c. Reconstruction du « Belgique III » Plus rien, jusqu’en juin 1914, où la revue la Conquête de l’Air dans son numéro du 1er Novembre 2012 juin consacre un article sur le « Belgique III ». Les souvenirs du milicien Jean Dablon, mécanicien sur le dirigeable, apportent d’autres précisions. Le dirigeable fut stocké pendant pratiquement 2 ans. En 1912, une commission fut chargée d’en faire l’évaluation et aussi d’obtenir des budgets nécessaires à la remise en état. Le « Belgique » avait beaucoup souffert, principalement au niveau de l’enveloppe qui n’était plus utilisable. Une nouvelle de 4.200 m3 fut commandée à la société Zodiac. D’autres éléments furent aussi changés : gouvernail, empennage, hélice, … . Le moteur Germain fut conservé, et un petit moteur auxiliaire FN 4 cylindres de 3 CV fut utilisé pour l’alimentation du ballonnet. Un empennage horizontal mobile remplaça le principe des réservoirs à eau. Ces travaux furent projetés par le Parc Aéronautique d’Anvers (Compagnie des aérostiers) et réalisés par la société Destappes de Bruxelles (le 26 avril 1913, la Compagnie des aérostiers fut séparée de la Compagnie d’Aviateur). Tout cela pris du temps et explique en partie pourquoi le dirigeable ne réapparu qu’en juin 1914. Il aurait pu être nommé « Belgique IV ». L’objectif de l’armée était d’en faire un navire-école. Dans ce but, il était accompagné d’un Zodiac de 1.700 m3 et de 42,50 m. de long. Ce dernier était directement dérivé du Zodiac type 1909 ayant évolué lors de la Semaine d’Anvers (23 octobre – 02 novembre 1909). Vers le 16 (ou 17) septembre 1914, le dirigeable « Belgique III », reconstruit, fit son 1er vol au-dessus de la plaine de Wilryck5, piloté par son pilote attitré, le capitaine Seeger, le mécanicien Jean Dablon et 1200 kg de lest + 130 kg pour les deux passagers (Le dirigeable était prévu pour 4 personnes). Ce vol dura +/- 25 minutes. Deux autres eurent lieu peu après. L’un au-dessus d’Anvers, le dernier étant une mission de guerre, jusqu’au fort de Waelhem à +/- 15 km. A cette occasion, le capitaine Seeger était accompagné d’un autre officier, mais pas de Jean Dablon. 5 Actuellement Wilryk, « sans « c », district d’Anvers. En 1914, Parc Aéronautique d’Anvers. 5/19 Les dirigeables « Belgique » Trois à quatre jours, après cette dernière sortie, le dirigeable fut dégonflé, démonté et envoyé en Angleterre, via le port de Folkestone. Cette mission fut confiée au milicien Jean Dablon. Chose curieuse, qu’un officier n’ai pas accompagné le mécanicien. Certaines sources parlent qu’ensuite le dirigeable fut vendu à la France où cette dernière l’utilisa en 1916 à La Rochelle pour des vols au-dessus de l’Atlantique. Il serait devenu le « Zodiac Vedette ZV5 », mais cela n’a pu être ni vérifié et ni confirmé. Globalement, la carrière des dirigeables « Belgique » peut sembler assez courte. Mais même pour les grandes nations, les dirigeables restaient un moyen très coûteux et de durée de vie parfois faible. Par exemple le prix du km était estimé à 10 fois supérieurs à celui du train. Les nations étaient confrontées à des limites budgétaires et la Belgique ne faisait pas exception. De plus à partir de 1911, les aéroplanes devenant plus fiables ; ils devinrent aussi leurs concurrents pour la reconnaissance (escadrilles Jéro HF-16/20). Peut-être trop tôt en 1909 pour une armée se cherchant, mais sans doute trop tard en 1914. Difficile d’un point de vue rendement économique pour une entreprise privée, il reste néanmoins que le dirigeable « Belgique » a marqué son époque. TECHNIQUE DE L ’AEROSTATION a. Principe L’aérostation - plus léger que l’air - est basée sur le principe d’Archimède. La différence de densité entre le gaz dans le ballon et l’air extérieur le fait monter. Cela revient à dire que « la masse du ballon rempli de gaz est plus légère que si ce dernier était rempli d’air » (voir chapitre sur le dynamique du vol). b. Types de ballon Montgolfière : L’air dans le ballon est chauffé, ce qui diminue sa densité. Cela permet l’ascension. L’avantage de la montgolfière est de pouvoir jouer via la température sur la densité pour le pilotage des montées et des descentes et profiter des différents vents. Elle reste aussi simple d’emploi. Cependant la densité est relativement grande et l’autonomie est faible. Il est à noter qu’il est aussi possible d’utiliser la vapeur d’eau. Cette dernière est plus légère que l’air chauffée, mais demande aussi plus d’énergie. Appareil notamment réalisé concrètement par le suisse A. Liwentaal. Novembre 2012 Charlière : Il s’agit d’un ballon fermé, appelé aussi sphérique, contenant un gaz plus léger que l’air (hydrogène ou gaz d’éclairage). Il fût créé par le physicien Charles en 1783. Si l’hydrogène est le plus léger, il est assez rare et cher. Le gaz d’éclairage a une relative faible densité, mais est (était) surtout disponible et bon marché. Le principe des dirigeables est basé sur la charlière. Rozière : Aussi appelé « Aéro Mongolfière »6 est un ballon hybride entre la montgolfière et la charlière. Il y a une partie chauffée comme une montgolfière et une partie fermée contenant un gaz léger. La partie chauffée communique aussi de la chaleur à l’enveloppe de gaz. Il a été inventé par Pilâtre de Rozier en 17847, mais ce dernier se tua avec ce type un an plus tard, le 15 juin 1785 en voulant traverser la Manche. 6 « Pilâtre de Rozier » - Un Lorrain d’exception – Ph. Buron Pilâtre, Ed. Serpenoise, 2006. 7 Le ballon « Breitling Orbiter III » de 1999, qui fit le premier à avoir fait un tour du monde sans escale, était une « rozière ». 6/19 Les dirigeables « Belgique » c. Dynamique du vol Description simplifiée d’un ballon type « charlière ». Un ballon de 10 m. de diamètre, possède un volume de +/- 520 m3. - Rempli d’air, la masse est de +/-640 kg. Rempli d’hydrogène, la masse est de +/-60 kg. Donc la force ascensionnelle, ou plutôt la masse que le ballon pourra soulever, sera 640-60, soit 580 kg 8. Mais au fur et à mesure de l’ascension plusieurs phénomènes vont se produire : Par exemple, à 1000 mètres, la densité de l’air va diminuer. La température extérieure diminuant, la température du gaz dans l’enveloppe diminue aussi. Cela entraîne une augmentation de la densité de ce gaz. La différence de densité diminuant, la force ascensionnelle sera moindre (soit +/-500 kg au lieu de +/-580 kg au niveau du sol). Si la masse totale du ballon (avec nacelle, équipage, …) est de 500 kg, le ballon va donc s’équilibrer à cette altitude. Cependant, avec l’altitude la pression de l’air (atmosphère) ayant diminuée, la pression à l’intérieur du ballon va augmenter. Ce dernier pourrait éclater. Pour cela les ballons sont équipés d’une soupape automatique qui libère du gaz (fig. 03). Pour monter le ballon va devoir s’alléger. Pour cela, il emporte du lest dont il pourra s’en libérer. Pour descendre il devra lâcher du gaz. Cependant, lorsque le ballon descend les conditions initiales (température, pression, …) réapparaissent et, suite à la perte de gaz, le ballon peut devenir « sousgonflé » ou flasque. Il peut donc manquer de force ascensionnelle et la descente peut devenir rapide et dangereuse. La descente est toujours plus compliquée et dangereuse que la montée. C’est pour cela que la descente se fait aussi en lâchant du lest. Il y a aussi une grosse corde d’une dizaine de mètres et de plusieurs kilos appelés « guiderope ». Lors de la descente, ce dernier pend sous la nacelle. A basse altitude, une partie de cette corde entre en 8 Calcul très simplifié et exprimé en kg et non en Newton (N). Calculs faits suivant des données d’époque. Novembre 2012 contact avec le sol et n’est plus « supportée » par le ballon. Elle vient donc « alléger » ce dernier et en trainant sur le sol le ralenti. Le « guiderope » pesait 60 kg pour le « Belgique I » et 100 kg pour le « Belgique II ». d. Principe appliqué aux dirigeables Le principe du dirigeable est similaire au ballon type « charlière ». Généralement vu la masse, le dirigeable est pratiquement toujours rempli d’hydrogène. Même si le principe reste « simple », la dynamique du vol dépend fortement des conditions climatiques (soleil ou pluie influençant la densité du gaz) mais aussi des zones survolées (habitation, forêt ou lac et étang influençant la densité de l’air). Dans le cas du « Belgique I », la surface totale du ballon dépasse les 1.400 m2. Une pluie, même faible, peut devenir une masse supplémentaire importante. La grande différence avec un « sphérique » concerne la présence d’organes de directions et de contrôles. Ces derniers sont constitués d’un empennage vertical et horizontal placés en arrière du ballon. L’empennage vertical possède aussi une partie mobile pour la direction. Un empennage horizontal mobile est positionné soit très en avant (Belgique I et II), soit au niveau du centre de gravité. Cet appendice permet d’incliner l’aérostat et donc de donner une incidence lui permettant d’avoir une direction ascendante. Globalement cette incidence « aide » le ballon dans une direction ascendante, mais c’est le gaz qui permet l’ascension et l’équilibre à une altitude donnée. Le danger principal des dirigeables était le moteur à explosion proche de l’hydrogène hautement inflammable. Mais surtout, la manutention au sol a aussi toujours été compliquée et difficile. Il faudra toujours des dizaines d’hommes pour ces manœuvres. Pas moins de 28 hommes pour sortir le « Belgique III » de son hangar en septembre 1914. Le hangar était aussi grand et donc cher. Un grand nombre d’accident ont eu lieu pendant les phases de sortie et de rentrée dans le hangar. 7/19 Les dirigeables « Belgique » e. Types de dirigeables Dirigeable rigide : Le meilleur représentant est le Zeppelin. Une structure rigide forme une cage dans laquelle se trouve plusieurs ballons remplis de gaz. La forme de ces ballons n’a pas d’importance, car c’est la structure rigide qui donne la forme du dirigeable. Ces dirigeables étant plus lourds seront également plus grands afin de loger un gros volume de gaz. Dirigeable non-rigide : La forme du dirigeable est donnée par la pression dans l’enveloppe du ballon. Pour maintenir une pression constante, les dirigeables sont équipés d’une poche à l’intérieur du ballon qui se rempli ou se vide d’air. Cela évite la perte de gaz par la soupape. Cette poche est appelée « ballonnet » et est alimentée en air par un ventilateur fig. 02. 1. Dirigeable non-rigide : semi-souple Le ballon porte dans la partie inférieure une structure rigide donnant une partie de la forme. Mais la forme est toujours donnée par la pression à l’intérieur de l’enveloppe. 2. Dirigeable non-rigide : souple Le dirigeable est composé de deux parties indépendantes : l’enveloppe entièrement souple et une structure comprenant la nacelle, organes, … . Généralement cette structure doit couvrir la longueur de l’enveloppe, ce qui est parfois gênant et limite la taille du dirigeable. Par contre, il est plus simple à construire et meilleur marché. Les dirigeables « Belgique » sont de ce type. 01. Coupe de la structure d’un Zeppelin. (Les Aéromobiles) 02. Fig. 02 : Principe du ballonnet alimenté en air. (Les Aéromobiles) 03. Fig. 03 : Soupape automatique pour éviter les surpressions dans le ballon. Photo : Musée de Bruxelles dans la section Aérostation Novembre 2012 8/19 Les dirigeables « Belgique » DESCRIPTION TECHNIQUE ET PLAN 9 a. Le « Belgique I » Le « Belgique I » fut construit par Louis Godard, en France. La partie mécanique et la nacelle furent construites par la société Vivinus. Volume 2700 m3 dont un ballonnet : Dimension Longueur : Diamètre : Surface : Nacelle 625 m3 54 m. 80 09 m. 75 1.400 m2 14 m. Propulsion 6 m. 2 Hélices 2 Vitesse Masse totale Equipage 39 km/h 3.000 kg 3+1 Gonflé à l’hydrogène. La force ascensionnelle est de 3000 kg. Gonflé à l’air via un ventilateur Farcot (1m3/s.) Maître-couple au 2/5 vers l’avant. Tissu caoutchouté Continental à fil droit de 330 gr. du m2. Soit une masse total est de +/-462 kg. En bois de section rectangulaire 1,10 m de large et 1,20 m. de haut, pour une masse de 142 kg Partie centrale Moteur Vivinus de 50cv, 4 cylindres (112 x 130) refroidi par eau. Diamètres de 5 m. 20 et 160 tours par minute. Il y a une hélice à chaque extrémité de la nacelle et tournant en sens inverse. Avec un réserve en essence pour 10h. autonomie. 1 pilote, 2 mécaniciens + 1 passager 04. Plan détaillé du « Belgique I » A : Enveloppe B : Soupape Air C : Soupape Gaz D : Quille E : Perche en bambou (33 métres) F : Etrave G : Etambot 9 H : Ralingue I : Empennage J : Gouvernail direction K : Gouvernail profondeur L : Suspente (en patte d’oie) M : Nacelle en bois N : Moteurs Vivinus O : Arbre P : Réducteur Q : Arbre R : Hélice S : Ventilateur Les chiffres repris sont extraits du livre « Les Aéromobiles ». D’autres revues, comme l’Aérophile, en donnent parfois d’autres. Novembre 2012 9/19 Les dirigeables « Belgique » 05. - 07. Plan 3 vues du Belgique I (Aérophile) 08. Détail de la nacelle « Belgique I» avec l’emplacement des membres d’équipage. Les hélices semblent assez « archaïques », surtout en 1909. Novembre 2012 10/19 Les dirigeables « Belgique » b. Le « Belgique II » et « Belgique III » Le « Belgique II » et le « Belgique III » furent construits par Louis Godard, en France. La nacelle fut construite par la société Lembecq. Partie commune «Belgique II » et Belgique « III » Volume 4000 m3 Gonflé à l’hydrogène. 4200 m3 Volume porté à 4200 m3 en 1914 sur le Belgique III. dont un ballonnet : 800 m3 Gonflé avec de l’air chauffé par le moteur. Dimension Longueur : 65 m. Maître couple au 2/5 vers l’avant. Diamètre : 11 m. Même tissu que le « Belgique I ». Nacelle 22 m. Métallique de section triangulaire 17 m. Partie centrale Equipage 3+2 1910 1 pilote, 2 mécaniciens + 2 passagers (pas confirmé) 2+2 1914 1 pilote, 1 mécanicien + 2 passagers Partie spécifique « Belgique II » Propulsion 1 2 Moteurs Vivinus de 60cv accouplés et refroidis par eau. Au salon de janvier 1910, 2 moteurs sont bien visibles. Le livre « Les Aéromobiles » parle aussi de l’utilisation d’un moteur Germain de 120 cv pour le « Belgique II ». Erreur ou le moteur changea au cours de l’année 1910 ? Hélices 1 Chauvière en bois de 5 m. de diamètre à une vitesse de 350 tr/min et de 3,50 m. de pas. Placée à l’avant de la nacelle. Type inconnu pour 1914. Vitesse 43 km/h Avec une réserve en essence pour 10h. autonomie. Partie spécifique « Belgique III » Propulsion 1 Moteur Germain de 120 cv, 4 cylindres (155 x 165) refroidi par eau. 1 Second moteur peut-être placé (type ?) – (1910) Hélices 1 Idem « Belgique II » ? Placée à l’avant. 2 Hélices de coté si second moteur positionné (1910). Vitesse 45 km/h. 1 moteur 52 km/h. 2 moteurs (uniquement 1910) Masse du lest 1.500 kg. Jean Dablon site 1.200 kg pour le modèle 1914. 09. Plan du « Belgique II » Novembre 2012 11/19 Les dirigeables « Belgique » 10. « Belgique III » (avec 2 moteurs) Sources - Les Aéromobiles, R. Goldschmidt, 1910 Souvenirs de Jean Dablon – Documents divers, Dr P. Cryns Quand le « Belgique » survolait Watermael-Boitsfort, J-P Hut. Ballons Dirigeables Aéroplanes, A Berget. Conquête de l’Air (CQA) 1909, 1910. Aérophile 1909, 1910. L’année aéronautique Belge – 1911, A. Bracke. La Belgique Sportive et Mondaine Pilâtre de Rozier - Un Lorrain d’exception ; Ph. Buron Pilâtre, Ed. Serpenoise, 2006 Alexandre Liwentaal, Pionnier Suisse de l’Aéronautique Européenne, J-C Cailliez, Ed. Secavia, 2004 11. Publicité pour la Maison Louis Godard. Une succursale exista à Bruxelles en 1909 (Aérophile). Novembre 2012 12/19 Les dirigeables « Belgique » « Belgique I » 12. « Belgique I » : Vue de la forme pisciforme de l’enveloppe. (Carte postale) 13. « Belgique I » : Détail de l’empennage et du gouvernail de direction. Le gouvernail horizontal mobile est positionné différemment de la photo 12. (Carte postale) 14. Détail de la nacelle. Visible également à michemin entre le moteur et l’hélice, le réducteur. L’axe de transmission est « décalé ». Novembre 2012 13/19 Les dirigeables « Belgique » 15. et 16 : Détails. Le « tube » reliant la nacelle à l’enveloppe sert à alimenter le ballonnet en air. Visible aussi, la perche en bambou placée sous le ballon. La taille des hélices est aussi significative. Novembre 2012 14/19 Les dirigeables « Belgique » 17. Le dirigeable dans son hangar. Afin de limiter la hauteur, une fosse a été creusée pour y loger la nacelle. Détail de l’hélice et du gouvernail horizontal mobile placé au-dessus de la nacelle. (L’année aéronautique Belge, 1911) 18. Le hangar (Col. Perso.) 19. Série de photos de mauvaises qualités montrant la sortie du dirigeable. (Col. perso.) Novembre 2012 15/19 Les dirigeables « Belgique » 20. Fig. 20 : Parcours du « Belgique I » lors de sa première sortie, le 28 juin 1909. (Aérophile, 15 juillet) 21. En 1999, pour fêter les 100 ans du « Belgique I », un dirigeable survolant un hangar fut représenté sur le pignon d’une maison de l’avenue Van Horenbeeck, dans la commune bruxelloise d'Auderghem. Novembre 2012 16/19 Les dirigeables « Belgique » « Belgique II » 22. « Belgique II » visible au cinquantenaire lors « Salon Automobile, du Cycle et de l’Aviation » en janvier 1910. Pour des raisons de sécurité, il était gonflé avec de l’air. (Conquête de l’Air) 23. Nacelle métallique du « Belgique II » (Carte postale) 24. En vol …. (Les Aéromobiles) Novembre 2012 17/19 Les dirigeables « Belgique » « Belgique III » 25. « Belgique III » : La forme du ballon est plus oblongue que pour le « Belgique I ». L’empennage vertical (direction) est aussi agrandi. (Les Aéromobiles) 26. Photo gauche : « Belgique III » dans son hangar lors de l’Exposition Universelle de Bruxelles 1910. L’empennage « boudin » a disparu au profit d’un empennage plat. 27. Photo de droite : « Belgique III » en 1914. L’empennage vertical fut modifié. (Conquête de l’Air) (Les Aéromobiles) Novembre 2012 18/19 Les dirigeables « Belgique » 28. Détail de la nacelle et du poste de pilotage. Le ventilateur est visible à l’extrémité de la nacelle, à droite. (Les Aéromobiles) 29. Le « Belgique III » dans son hangar à Wilrijck (Wilrijk) en 1914. (Conquête de l’Air) Novembre 2012 19/19