dossier pédagogique

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dossier pédagogique
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
WOUAF !
ART
théâtre et art | dès 6 ans
mise en scène Anne-Sophie Erichsen (Grenland Friteater) | avec
Guandaline Sagliocco | musique et création sonore Nadine Estève |
scénographie et décor Silje Steinsvik | costumes Katharina Barbosa Blad
| vidéo et photo Jørn Steen | lumière Jean-Vincent Kerebel | régie son
Eirik Lie | régie lumière Trym Sigurdsen | durée 50 min
DIMANCHE 6 & MERCREDI 9 AVRIL 2014
DIMANCHE À 16H30, MERCREDI À 19H30,
REPRÉSENTATIONS SCOLAIRES
LUNDI 7 AVRIL ET MARDI 8 AVRIL 10H30 ET 14H30
M° LIGNE 13 MALAKOFF-PLATEAU DE VANVES - PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION
THEATRE71.COM SCÈNE NATIONALE DE MALAKOFF
3, PLACE DU 11 NOVEMBRE – 92240 MALAKOFF 01 55 48 91 00
SERVICE RELATION PUBLIQUE [email protected]
Béatrice Gicquel 01 55 48 91 06 | Solange Comiti 01 55 48 91 12 | Émilie Mertuk 01 55 48 91 03
Sagliocco Ensemble
présente
Wouaf ! Art
parfois les chiens ressemblent aux hommes, parfois les hommes ressemblent aux chiens
Jeannette, amatrice dʼart et amie des bêtes, vient nous parler avec enthousiasme de la place du chien
dans lʼhistoire de lʼart.
Cʼest sa toute première conférence dans le cadre du projet artistico-culturel-scolaire: le carton culturel.
Jeannette a choisi parmi les grandes oeuvres, les plus essentielles, celles où figure au moins un chien.
Le thème est captivant, la conférencière passionnée et très documentée, lʼhumour irrésistible.
Des moments surréalistes et décalés nous plongent au centre de lʼimage, à lʼintérieur du cadre,
si proche de lʼartiste.
Un fil sonore et musical traverse la conférence, miroir des émotions de Jeannette.
Il se glisse dans les tableaux, les objets, les mouvements.
Le public est immergé dans un univers sensoriel musical et drôle, intime et magique.
Jeannette nous invite à rencontrer les artistes tel que Munch, Picasso, Turner, Velázquez…
Une approche poétique et délirante, libre de toute contrainte et de toute logique, qui ouvre grand les
portes de lʼhistoire de lʼart et nous permet dʼapprendre et de redécouvrir des œuvres majeures.
production: Sagliocco Ensemble
mise en scene: Anne-Sophie Erichsen (Grenland Friteater)
avec: Guandaline Sagliocco
musique et création sonore: Nadine Esteve
scenographie, decor: Silje Steinsvik
costume: Katharina Barbosa Blad
video, photo: Jørn Steen
èclairage: Jean-Vincent Kerebel
régie son: Eirik Lie
régie lumière: Trym Sigurdsen
producteur: Håkan Islinger
Avec le support de; Norsk Kulturråd, Fond for Utøvende Kunstnere, Norsk Kulturråd – Den Kulturelle Skolesekken, Telemark Fylkeskommune et Porsgrunn Kommune.
Merci à; Vincent Audat, Olav Hanto, Even Bolstad, Grenland Friteater, Teater Ibsen, Kulturavdelingen Porsgrunn Kommune, Rune Gåsodden,Atle Findal et Glenn Henriksen.
photo
: Jørn
Steen
WOUAF ! ART
SAGLIOCCO ENSEMBLE
Aallsgata 15
3922 Porsgrunn
Norway
photo : Jørn Steen
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: Jø
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en
Ste
phone: *47 - 35 55 33 96
Fax : *47 - 35 55 60 66
mobile: *47 - 932 02 209
E-mail: [email protected]
Les oeuvres représentées dans le spectacle:
Pablo Picasso; Variation sur Las Meninas de Velasquez, © Succession Pablo Picasso/BONO 2007, Roy
Blohm; Etter Regn, ©Roy Blohm/BONO 2007, Roy Lichtenstein; GRRRR © Roy Lichtenstein/BONO 2007, Edvard Munch; Hundehode ved rød stamme, © Munch Museet/Munch-Ellingsen-gruppen/BONO 2007, Diego Velázquez; Las Meninas, des variation sur Las Meninas de Irma Gruenholz, Barroso Andres, Crazy Delicious,
Shinji Ogawa et Meninas detrás delespejo de Martin La Spina, Auguste Renoir; Les Dejuner des Canottiers,
Rafel Solbes; Las Meninas, John Peter Wilking; Las Meninas, Michael Newton; Black Dog, GeorgesSeurat; La
Grande Jatte, Landscape with Dog, Adriano Cecioni; Dog Defecating, William Turner; Dawn after the Wreck.
LA PRESSE
Wouaf ! Art 2008-2009
Le Devoir, Montreal, Canada November 22, 2008
Guandaline Sagliocco propose une sorte de folie
douce pour les enfants.
Bizarre, le travail de la Norvégienne dʼorigine Italienne
et qui parle français, difficile à nommer. Du théâtre
clown? Du comique pour les enfants?
:D
photo
ag Jen
sen
Du Ludo burlesque? Du pédago hilarant? On lʼavait tout juste raté à Méli Mômes avec le spectacle qui est
finalement venu aux Coups de théâtre 2006, Les Secrets de la Nuit, mais la voici cette fois avec Wouaf !
Art, un truc qui tient un peu à tout ce que lʼon vient dʼénumérer. Elle est dʼabord irrésistible, la Guandaline,
même si vous ne succombez pas tout de suite à ses gaucheries finement orchestrées, elle vous fera craquer à un moment ou à un autre avec ses airs de Pauline Martin quand elle était plus jeune. Sa façon de
bouger, de sʼauto caricaturer, dʼen mettre et dʼen remettre avec invention.. Les enfants, eux mordent tout
de suite. Une conférence sur la présence du chien dans lʼhistoire de la peinture. Avec beaucoup dʼeffets,
bande son, diapos et propos frôlant les territoires incertains où lʼon relègue souvent nos difficiles rapports
avec les autres. Elle est comme ça sous ses airs simple la Norvégienne.
LʼEst Républicain, Bourogne, France, Février 10, 2009
Des Wouafʼ Art de plaisir
…Avec enthousiasme, pendant une heure, lʼartiste a mis en relief le chien dans lʼhistoire de lʼart, sur fond
sonore et musical. Une conférence drôle et amusante où lʼintervenante a déversé, dans son miroir à émotion, tout son talent…
LʼAlsace, Kingersheim, Momix, France, Février 6, 2009, Gilles Haubensack
Un spectacle qui a du chien
Comme son nom lʼindique, Wouaf ! Art parle de chien et de tableaux: un one woman show porté par
Guandaline Sagliocco, femme orchestre de cette intelligente proposition, présentée mercredi dans le
cadre du festival Momix. La comédienne incarne Jeannette, amie des bêtes qui sʼimprovise conférencière
dʼhistoire de lʼart.. par le petit bout de la lorgnette, puisquʼelle se focalise sur la place du toutou dans la
peinture. Vélasquez, Picasso, Lichtenstein défilent sur un écran tandis que sʼéchafaude un délire subtil et
documenté, qui élève le coq-à-lʼâne au rang des beaux arts. Comédie, mime et images sʼentremêlent
jusquʼà lʼabsurde_ quand une corbeille à papier se met à aboyer ou quʼun boa de plumes joue le chienchien à sa môman. Un collage au poil!
Dagsavisen, Norvège, Juin 18, 2008,
Anette Therese Pettersen
Lʼart du point de vue du chien.
est un one-man-show qui pète le feu.
photo :
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Jørn Ste
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« Ouaff ! ART »
Même si « Ouaff ! ART » est un spectacle pour enfants sur lʼart, cela ne prend jamais un ton
professoral. Au contraire, cʼest un spectacle drôle et intelligent, qui sous la forme dʼune conférence donne
un point de vue personnel et ludique sur lʼart. Et sur les chiens.
Le ludique et lʼartistique vont main dans la main. Cʼest une approche sans prétentions, et lʼart nʼen
devient que plus passionnant, parce que unique et sacré.
Lʼintroduction aux différentes périodes dans lʼhistoire de lʼart et les techniques nous passionne, nous
instruit et surtout : nous divertit.
Que lʼon soit grand ou petit, on rit beaucoup, et le spectacle nous touche à plusieurs niveaux. À la fois
comme une initiation à lʼart et à lʼhistoire de lʼart, mais aussi comme une ouverture sur de nouveaux
horizons. Sagliocco prouve quʼil est tout à fait possible de combiner le stand up, le slap-stick, lʼart et la
pédagogie – sans que pour autant aucun de ces éléments en souffre.
Varden, Porsgrunn, Norvége, Janvier 10, 2008, Morten Lie-Hagen
Un joyeux délire qui fait chaud au cœur...
Je sors tout juste du Friteatret où je viens de me réjouir, de rire et de pleurer durant toute la
représentation de « Wouaf ! Art », pièce créée et jouée par Guandaline Sagliocco.
« Wouaf ! Art » est un spectacle qui nous réchauffe le cœur, fait travailler nos zygomatiques, et fai tomber
toutes nos défenses. Il faut avoir lʼâme complètement asséchée ou être pathologiquement blasé pour ne
pas se laisser emporter par ce spectacle « pour enfants ».
..Jeannette trébuche, se pavane et fait le clown tout au long de ce voyage initiatique…
On regarde, on rit et on apprend.
On ne peut pas raconter « Wouaf ! Art ». Il faut le vivre.
Si vous avez besoin de rire un bon coup, vous devez vous précipiter et voir ce spectacle. Si vous avez
déjà aimé un chien, allez voir ce spectacle.
Et si vous avez déjà éprouvé le désir dʼavoir un chien, allez aussi voir ce spectacle.
Autrement dit, il nʼy a aucune raison de rester à la maison...
France, et Håkan Islinger de Suède, fondent la
compagnie de théâtre, Sagliocco Ensemble, à
photo : D
En 1988, Guandaline Sagliocco, originaire de
ag Jens
en
S A G L I O CC O E N S E M B L E
Porsgrunn, un petite ville industrielle du sud de
la Norvège.
Le travail du SAGLIOCCO ENSEMBLE se caractérise par la recherche dʼune écriture stylisée construite à
partir dʼimprovisation de textes, du geste et de mise en image. À travers lʼhumour et dans un univers
poétique et visuel, ses spectacles invitent à la rencontre avec des spectateurs de tous âges.
Jouant dans trois langues (français, anglais, norvégien), Guandaline Sagliocco tourne dans plus de
douze pays à travers trois continents.
Durant les cinq dernières années, Sagliocco a été lʼune des compagnies jeune public Norvégiennes qui a
le plus tourné avec « Les secrets de la nuit », inspiré du livre de Michel Tournier (version française : Les
coups de Théâtre à Montréal en Novembre 2006 puis au festival Méliʼmôme à Reims en avril 2007, au
festival « A pas contés » Dijon février 2008) et « Le Prince Heureux» inspiré du conte dʼOscar Wilde.
Le spectacle solo « LʼHistoire du Héros Déchu», basé sur le mythe Grec de la toison dʼor, Jason et
Médéa a reçu en 1997 le Premier Prix du « Festival Fringe » dʼEdinburgh, où par ailleurs, Guandaline Sagliocco a été nommé Meilleure Actrice par le magazine de théâtre « The Stage ».
Guandaline Sagliocco a reçu le prix 2001 de lʼASSITEJ (Association International de Théâtre Pour lʼEnfance et la Jeunesse) pour « Salomé », un spectacle solo où la comédienne, incarne et jongle avec cinq
personnages différents.
La version Française “Wouaf ! Art” a été présentée pour la première fois dans le cadre du festival Les
coups de Théâtre à Montréal en Novembre 2008 puis au festival Momix à Kingersheim en février 2009 et
au festival « A pas contés » Dijon février 2009.
Wouaf ! Art a reçu le prix Momix en France et a été nommé pour le prix Gullsekken 2009 en Norvége.
Des tournées sont prévues jusquʼen 2011 en France, en Grande Bretagne, au Canada dʼEst en Ouest, en
photo : Inge Fjelldalen
Suisse et en Norvège.
En guise d’introduction
Jeannette, amatrice d’art et amie des bêtes, vient nous parler avec enthousiasme … de
chiens et d’art !
« Le premier art de l’homme a donc été l’éducation du chien »
Georges-Louis Leclerc de Buffon Ŕ Histoire générale des animaux
On ne peut plus clairement sceller le destin commun de l’homme et du chien que ne le
fait ici Buffon, démontrant par ailleurs que sans le secours du chien, l’homme ne serait
pas parvenu à grand-chose face à une nature hostile. De fait, le chien est sans doute
notre plus ancien compagnon de route, son ancêtre (dont les origines restent encore
discutées) ayant vraisemblablement été domestiqué aux alentours de 14 000 avant
Jésus-Christ, soit environ 4000 ans avant la chèvre, 5000 ans avant le chat, 8000 ans
avant la vache et plus ou moins 10 000 ans avant le cheval. Un aussi long chemin patte
dans la main justifierait à lui seul pour le chien le titre de « meilleur ami de
l’homme », une place de choix aux côtés de son maître et dans toutes ses
représentations. Ce n’est pas Jeannette qui vous dira aujourd’hui le contraire !
Et pourtant… cela n’a pas toujours été le cas ! Certes nos toutous sont loin d’être les
grands absents de l’histoire de l’art, mais il leur aura fallu du temps pour se glisser
sous la table de la cuisine, puis de là aux meilleures places. Et ce ne fut pas toujours
pour jouer le beau rôle, suffisamment d’expressions en attestent : « ce n’est pas pour
les chiens », « c’est une vie de chien »… Saint-Matthieu ordonnant « ne donnez pas
aux chiens ce qui est sacré », et Jésus lui-même rappelant qu’« il n'est pas bien de
prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens » ! Certes, mais voilà le
chien bien récompensé de 14 000 ans de soumission à son maître ! Si cela peut
toutefois le consoler, le chat aura beau traquer le rat au bénéfice de l’homme, il jouira
plus longtemps encore d’une image épouvantable, traité d’infidèle, voleur, sournois,
égoïste, débauché, auxiliaire de Satan et des sorcières… Vu sous cet angle, le chien
s’en tire à bon compte. Mais ce n’est tout de même qu’au prix d’une infinie patience et
de multiples services rendus dans bien des domaines qu’il réussira à faire une quasi
unanimité et à s’attirer des hommages comme celui de Victor Hugo affirmant : « Le
chien, c'est la vertu qui, ne pouvant se faire homme, s'est faite bête ».
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Attention ! Chien méchant ?
Pour commencer, le chien reste longtemps le grand absent de l’art rupestre, pourtant
peu avare en représentations animalières ! Bovins, chevaux, poissons, oiseaux,
animaux terrifiants se partagent la vedette sur les parois des grottes pendant plusieurs
milliers d’années avant que le chien ne fasse ses premières apparitions aux environs de
6000 ans avant Jésus-Christ : quelques milliers d’années d’anonymat qui ont dû lui
faire regretter de ne pas être resté plus longtemps du côté des prédateurs, qui excitaient
visiblement plus l’imagination humaine. Bon bougre, le chien continue tout de même à
remplir fidèlement son office de chasseur, ce qui lui vaut enfin d’être peint et sculpté !
Le reste du temps, il lèche sagement ses plaies dans son coin, hurle parfois à la lune sa
mélancolie. Chienne de vie ! L’homme, qui n’observe pas toujours que sa propre
personne, s’étonne et s’interroge sur ces deux étranges manies… Et le chien y gagne
son entrée dans le monde divin… d’abord en tant que psychopompe (guide des âmes
vers l’autre monde) ou gardien du monde des morts ! Et oui, s’adresser lugubrement à
la lune, ce n’était pas une si bonne idée : d’Anubis en Egypte à Xolotl au Mexique, le
voici associé à la mort, et cette réputation aura la vie dure. Compagnon d’Hécate dans
la mythologie grecque ou molosse gardant les enfers sous les traits de Cerbère, il est le
redoutable Garm de la mythologie germanique (assumant peu ou prou les mêmes
fonctions que Cerbère). Etant ainsi associé à l’au-delà, il n’y a plus qu’un pas à
franchir pour le lier aux puissances malfaisantes ou diaboliques. Qui sera allègrement
sauté dans les traditions orientales, avec les mauvais Djinns prenant les traits de chiens
noirs, aussi bien que chez les chrétiens, le démon s’incarnant de façon identique à
l’époque médiévale ! Au moins un point commun avec son ennemi félin. Jusqu’à
Goethe qui donne à l’émissaire de Méphistophélès les traits d’un grand barbet noir !
Heureusement pour lui, sa capacité à soigner ses plaies en les léchant lui permet
également de défendre une meilleure image, celle du guérisseur. Il n’est pas rare de le
retrouver aux côtés d’Asclépios, dieu grec de la médecine. Bien plus tard, SainteHildegarde rappelle que « La chaleur qui est dans sa langue nettoie les plaies et les
ulcères ». Et de nouvelles missions vont lui permettre de s’illustrer positivement
auprès de son maître et de se rendre indispensable. De chasseur, il est devenu bon
guerrier et combattant. Un bon point. Mais dès lors que l’homme commence à cultiver
SA terre et à élever SES troupeaux, il a besoin de renfort pour se défendre de la
convoitise des prédateurs… mais aussi de ses propres congénères, la notion de
propriété n’allant pas toujours de soi.
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Le chien excelle dans sa nouvelle tâche : il surveille, guette, garde et défend avec
acharnement. « Cave Canem », « prends garde au chien » lit-on sur le seuil des villas
romaines. Reconnue dès l’Antiquité par des auteurs comme Platon, cette vigilance
mise au service de l’homme parviendra même à le réconcilier peu à peu avec les
religions monothéistes, qui n’avaient de prime abord pas fait de cadeaux à ce
carnassier glouton maléfique accoquiné de longue date avec le monde des morts, et
dont la fidélité même à l’homme était suspecte, car peut-être idolâtre. Saint-Augustin
plaide ainsi sa cause, tout comme Catherine de Sienne. Sainte-Hildegarde va plus loin
encore : « Il a en lui quelque chose de commun avec les usages de l’homme et c’est
pour cela qu’il devine l’homme et le comprend, qu’il aime rester volontiers en sa
compagnie, et qu’il lui est fidèle. » Cette fois, le meilleur ami de l’homme pointe
vraiment le bout de son museau… à un poil près, d’ailleurs, d’intégrer carrément
l’espèce humaine ! Jeannette a encore raison :
Parfois les chiens ressemblent aux hommes,
Parfois les hommes ressemblent aux chiens.
Il était temps, car le malheureux chien en dépit de ses efforts, sort d’une période de
purgatoire. Les débuts du Moyen Age ne lui réussissent guère… Comme dans toutes
les périodes agitées, surtout les lendemains de guerre, les chiens combattants ou
chasseurs qui ne trouvent plus d’utilité sont livrés à eux-mêmes… les meutes de chiens
errants se multiplient, et comble de bonheur, propagent la rage. Non content de
ressembler à son lointain cousin le loup en retrouvant un instinct grégaire et carnassier,
le chien se fait vecteur de maladie. Bravo, le chien ! Ce n’est pas le souvenir des
services rendus qui empêchera l’homme de te regarder de travers ! Fais-toi tout petit,
petit, continue à travailler en attendant des jours meilleurs. Ce que fit le canidé. Bonne
initiative, car l’homme, à y regarder de plus près, ne peut constater qu’une chose :
après tous ces millénaires, ces brouilles, ces malentendus, le chien est toujours là,
fidèle au service de l’homme. Aussi fidèle que le fut Argus, le chien d’Ulysse qui
attendit patiemment le retour du maître, fut presque seul à le reconnaître, et accepta
enfin de mourir de vieillesse. Certes, il peut être un peu hargneux. Mais puisque cette
hargne sert l’homme, à la guerre comme à la chasse ? En parlant de hargne, l’homme
est également obligé de faire un peu son autocritique, non ? Certes il a parfois
d’étranges comportements. Et l’homme ? Jamais ? Bien vu, Sainte Hildegarde, il faut
se reconnaître des points communs, savoir se regarder au miroir du chien. Et tant que
nous y sommes, autant que le portrait soit flatteur.
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Or le chien, c’est aussi la fidélité, l’obéissance, la soumission, le dévouement, la
vigilance, sans parler du courage, de la combativité (oui, plus question de parler de
« férocité » ou d’« agressivité »)… Et voilà donc le chien en parfaite odeur de sainteté.
Il se glisse aux pieds des gisants médiévaux pour symboliser la fidélité et la loyauté.
Même rôle dans la peinture religieuse qui lui ouvre ses portes. Plutôt pour s’installer
dans les coins, certes. Mais tout de même, le chien, fidèle et soumis, est là pour
rappeler à son devoir l’orgueilleux pécheur. Peut-être parfois exprime-t-il encore la
discorde… Mais c’est souvent parce que ce fripon et maudit chat sournois vient le
narguer ! Il se glisse aux pieds de Saint-Roch (qu’il a, parait-il, sauvé de la peste, tiens,
tiens…), de Sainte Marguerite de Cortone. Ou de Saint-Dominique, fondateur de
l’ordre dominicain, dominicani en latin… Ce qui permet un beau jeu de mots :
« domini canis », « chiens du Seigneur »...
Depuis Clovis, la loi protège à nouveau le fidèle serviteur. Et il ne s’agira plus de
seulement de prétendre que le chien est enragé pour pouvoir le noyer, n’en déplaise à
Monsieur Molière, il faudra encore le prouver. Au milieu de la foule des chiens
fidèles, les chasseurs de grandes lignées se voient accorder privilèges sur privilèges, au
fur et à mesure que l’art de la vénerie passionne de plus en plus de chevaliers, qui y
voient un bon entraînement entre deux guerres. Tel maître, tel chien et inversement : à
haut seigneur, noble canidé. Les races les plus antiques, les lévriers, les mastiffs,
s’imposent jusque dans la chambre seigneuriale ou royale et témoignent dans
l’imagerie de l’époque de la haute dignité de leur maître. Sortant du dessous de la table
de la cuisine, les chasseurs de haut pedigree s’ébattent dans les forêts giboyeuses, se
prélassent sur les étoffes les plus précieuses. De plus en plus, on les trouve se faisant
faire le portrait aux côtés de leur maître, chacun éclairant l’image de l’autre. Signe
extérieur de prestige, le chien de meute s’installe de plus en plus largement sur les
toiles des grands artistes, la Renaissance italienne effaçant carrément le maître. Voilà
enfin monseigneur le chien reconnu à sa juste valeur. Lui aussi peut servir de modèle à
des portraits éloquents. Les peintres de toute l’Europe semblent s’accorder peu à peu
sur ce point. Dans le nord, en France, les portraits de chiens gagnent du terrain.
Mais plus rien n’arrête le chien dans sa conquête de l’image. Après le vaillant
chasseur, le petit chien de compagnie prend lui aussi sa part de la reconnaissance
humaine. Apporter réconfort et chaleur à l’homme, distraire ses enfants, n’est-ce pas
aussi important que garder, défendre et combattre ?
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Presque 5000 ans après Fo-Hi en Chine, les belles dames d’Europe redécouvrent les
vertus du chien de manchon, petit, sage, non salissant, mais qui tient chaud ! Tant qu’à
admettre Monseigneur Toutou dans l’intimité des appartements, autant choisir un
format adapté et qui ne court pas toute la journée dans la boue. Par ici petits bichons et
autres épagneuls nains, soyez-les bienvenus dans l’intimité des dames de qualité.
Venez, vous aussi, poser avec Madame, les époux ou toute la famille, dont vous
symboliserez alors le goût pour la fidélité et la félicité conjugale. Sauf parfois, quand,
oubliant votre devoir de chien à force de douceurs aux meilleures places du foyer,
vous vous laisserez aller à des bassesses de chat, vous alanguissant sur la couche de
votre maîtresse avec une gourmandise qui nuira à sa réputation… Du joli, pendant que
vos rustiques compères des campagnes, immortalisés dans les scènes de genre depuis
la peinture flamande, continuent à travailler dur, gardant maison et troupeau, avant de
venir chercher une maigre pitance à la porte. Tout cela pour maintenir une bonne
réputation enfin acquise fermement ! Bientôt, le chien apprendra d’ailleurs d’autres
métiers pour satisfaire encore un peu plus son compagnon humain et faire la joie des
artistes des XIXe et XXe siècles : acteur, acrobate, sauveteur, policier... Cette idée
n’était pas la meilleure. Voilà certains poètes qui, pour la peine, lui tournent le dos et
s’emploient à redorer le blason du chat. Ecoutez Cocteau ironiser « Si je préfère les
chats aux chiens, c’est parce qu’il n’y a pas de chats policiers ». Pas plus que de chats
sauveteurs et gardiens de troupeau, ne vous déplaise. Mais ces quelques voix
discordantes ne parviennent plus à diminuer l’aura du chien, qui paré dès le XVIII e
siècle des traits et des sentiments les plus nobles de l’humanité, les incarne avec
passion au XIXe siècle. Le chien portraituré pleure sur la tombe de son maître, fait
toujours preuve quand il le faut de courage, de dignité et d’intelligence. S’il faut être
mélancolique, il sait l’être, tout autant que joyeux quand on le lui demande. Il y aura
évidemment toujours quelques mauvais esprits pour parler d’esclavage accepté avec
veulerie et vanter le goût de la liberté de l’éternel concurrent félin. Ingrats. Mais peu
importe quelques ricanements : arpentez le Louvre, regardez autour de vous. Combien
de rois aimeraient se tailler la même part du lion que l’obéissant et discret serviteur ! A
propos de lion, en voilà un qui profite encore un peu trop de ses privilèges. Il faudra
bien qu’un jour le chien y remédie. Mais patience, patience… Les chiens l’ont bien
compris. Et en attendant qu’ils se fassent unanimement sacrer rois des animaux,
laissons l’enthousiaste Jeannette nous convaincre qu’ils ne méritent rien de moins que
cette nouvelle couronne !
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Quelques repères chronologiques
14000 Ŕ 12000 avant J.-C.
Domestication probable du chien ; des squelettes découverts
dans le nord d’Israël montrent qu’un homme et chien ont
partagé la même sépulture vers 12000 avant J.-C.
Vers 6000 avant J.-C. :
Des peintures rupestres font apparaître les plus anciennes
représentations de chiens connues à ce jour.
Le chien assiste surtout
l’homme pour la chasse.
Entre 5000 et 3000 avant J.-C. :
Les représentations de chien se multiplient, sous diverses
formes, en Orient, Mésopotamie… Différentes races sont
reconnaissables.
Les fonctions du chien
commencent sans doute à
se diversifier.
A partir de 2600 avant J.-C. :
Le dieu égyptien Anubis* apparaît dès l’Ancien Empire, et ses
représentations se multiplient peu à peu, que ce soit :
 sous la forme d’un canidé noir allongé (chien ou
chacal).
 sous la forme d’un homme à tête de canidé (chien ou
chacal).
Ainsi divinisé, le chien a droit à bien des égards. On observe
par exemple des momies de chiens, aussi bien que de chats.
Le chien est associé au
monde divin, plus
spécifiquement au monde
des morts dans plusieurs
cultures (Chine, Mexique).
Tradition qui perdure et se
retrouve dans l’Antiquité
grecque ou la mythologie
nordique. On lui prête
également des vertus de
guérison.
12
Vers 800 avant J.-C. :
Le Livre des rites chinois propose une des premières
classifications des chiens selon leur usage :
chien de chasse
chien de garde
chien comestible
Homère, dans l’Odyssée, souligne la fidélité extrême du chien
avec Argus (ou Argos), le chien d’Ulysse qui seul reconnaît
son maître à son retour à Ithaque, et meurt enfin de vieillesse,
soulagé du retour de son maître.
350 avant J.-C. :
Aristote décrit plusieurs races de chiens dans son Histoire des
Animaux, leurs particularités et qualités.
77 avant J.-C. :
Pline l’Ancien consacre une partie de son Histoire Naturelle
aux chiens, leurs différentes races, leur comportement, leurs
Les fonctions du chien
auprès de l’homme sont
multiples ; sa fidélité
devient emblématique, de
même que sa vigilance en
tant que chien de garde.
caractéristiques.
Empire Romain :
Le chien de compagnie et surtout de garde est à l’honneur.
Autour du Ier et IIe siècle : réalisation de mosaïques
représentant des chiens en laisse ou l’inscription « Cave
Canem », comme celles visibles à Pompéï.
De la fin de d’Empire Romain au VIIe siècle :
Période noire pour les chiens. De nombreuses meutes de
chiens errants volent et propagent la rage. En dépit des lois
protégeant les chiens imposées par Clovis (vers 490), ils font
souvent l’objet de mauvais traitements ou de massacres.
Moins de représentations
de chiens, ou négatives.
Il est souvent considéré
comme proche des
puissances maléfiques ou
diaboliques, associé au vol,
à la prédation ou à la folie.
13
A partir du VIIIe siècle :
La pratique de la chasse remet le chien à l’honneur. Les
premiers élevages de chiens de race destinés à la chasse
apparaissent.
XIe siècle :
En Angleterre, toute forêt devient domaine de chasse royale, et
une législation sévère sur les chiens des personnes vivant à
Lent retour en grâce des
proximité est appliquée.
Guillaume le Conquérant exige que tout chien n’appartenant
chiens du fait du
développement de l’art de
pas à sa meute et vivant à proximité des forêts royales ait trois
doigts sectionnés.
la chasse et de
l’engouement des rois et
seigneurs pour cette
XIIIe siècle :
Saint-Louis introduit en France les chiens de chasse à vue
activité.
Le chien de chasse de race
devient un symbole de
venus d’Orient et rapportés des croisades.
prestige et de pouvoir.
e
XIV siècle :
Selon la légende, Jean, duc de Berry, possédait une meute de
1500 chiens.
Gaston de Foix rédige un ouvrage de référence sur la vénerie,
L’Art de la chasse, qui donne de nombreuses indications sur
les chiens et leurs qualités de chasseurs.
XVe siècle :
Les chiens sont de plus en plus souvent représentés :
- auprès des gisants, surtout des femmes comme
symboles de fidélité ;
-
-
dans des portraits, aux côtés de leurs maîtres,
symbolisant toujours la fidélité, mais également le
prestige de leurs propriétaires (1434 : Les époux
Arnolfini par Van Eyck* ; vers 1470 : Mantegna
représente Louis II de Gonzague avec son chien
favori) ;
Dans la peinture religieuse, symbolisant la fidélité, la
soumission et la loyauté.
Symbole de fidélité,
loyauté et vigilance.
14
Le chien devient autant animal de compagnie que compagnon
de chasse. Une légende veut que Louis XI ait fait orner un
collier de rubis pour son chien favori, et que Charles VIII ait
accepté qu’un de ses chiens préférés dorme dans son lit.
A partir de la Renaissance
Le chien est de plus en plus présent dans la vie quotidienne,
chien de chasse ou de compagnie pour la noblesse, chien de
Peinture : Premières
représentations de chiens
comme sujet central,
garde, de berger, ou même travailleur portant des charges dans notamment dans la
les milieux populaires.
peinture vénitienne
Grande vogue des petits chiens de compagnie, notamment des
épagneuls nains, qui connaissent le sommet de leur gloire au
XVIIe siècle en Angleterre avec Charles Ier et Charles II (les
futurs épagneuls « King Charles »).
(Bassano peint Deux
chiens de chasse liés à une
souche vers 1550), puis
dans les écoles du nord.
Les chiens conservent une
signification symbolique,
mais les peintres
s’attachent de plus en plus
à rendre le naturel de leur
morphologie et de leurs
expressions.
Du XVIIIe à nos jours.
Si le chien de race, de chasse ou de compagnie, est toujours à
l’honneur, une forte tendance à reporter sur le chien des
caractères et sentiments humains s’affirme.
Les animaux font l’objet d’études de plus en plus détaillées, et
les chiens sont aux premières loges. (Buffon* leur rend un
vibrant hommage dans son Histoire générale des animaux en
1749).
Un intérêt de plus en plus marqué pour la sélection des races
se fait jour au XIXe siècle, les premiers salons canins
apparaissent, parallèlement aux premières sociétés protectrices
des animaux.
Dès le XXe siècle, le chien comme animal de compagnie a
triomphé et s’est définitivement installé dans notre quotidien,
aussi bien que dans l’art, la publicité ou la littérature.
Les représentations de
chiens tendent à
l’expression de multiples
sentiments « humains » :
compassion, tristesse,
mélancolie, joie… Déjà
perceptible au XVIIIe
siècle, cette tendance
connait son apogée au
XIXe siècle.
15
Le chien et sa symbolique
Ainsi que le laissent entrevoir les quelques repères chronologiques donnés plus hauts,
les représentations du chien dans l’art et leurs significations sont étroitement liées aux
rapports entretenus entre les chiens et l’homme, et aux fonctions attribuées aux chiens
dans l’organisation de la vie quotidienne.
Il faut ainsi distinguer la signification purement symbolique du chien, généralement
liée à ses traits généraux de caractère et de comportements, tels que perçus selon les
époques, et l’usage de la représentation canine pour caractériser son maître, un
milieu ou une situation, souvent fonction du rôle joué par le chien ou de sa race.
Portée symbolique du chien
Le symbolisme porté par le chien à travers les époques et les civilisations est marqué
par une ambivalence réelle, même si les significations positives se sont
majoritairement imposées. Le chien peut en effet, selon les représentations, signifier :
Symbolique positive
La Fidélité
Le Dévouement
L’Obéissance
La Vigilance (surveillance)
Le Courage
Les soins / La guérison
Symbolique négative
L’Envie
La Prédation
Le Mal, le Diable
La Discorde / l’inimitié
(surtout accompagné d’un chat,
notamment dans les scènes religieuses)
La Sournoiserie
16
Cette dualité peut s’expliquer par l’observation des différents traits de caractère et de
comportement du chien, qui peuvent alimenter des perceptions différentes, selon les
circonstances :
Caractère positif
Caractère négatif
Domestication ancienne
Agressivité, force brute, côté carnassier
Fidélité à ses maîtres
Appétit immodéré
Capacité à surveiller, à garder
Grégarité, comportement de meute le
Flair, ouïe, persévérance à la chasse
rapprochant du loup
Capacité à nettoyer ses plaies en se
Attitude face à la mort qu’il semble
léchant
pressentir, hurlements lugubres
Transmission de la rage
Selon les époques, le rôle joué par les chiens dans l’organisation de la société humaine,
certains aspects ont pu prévaloir sur d’autres.
Ainsi, les anciennes civilisations, qui observaient sans doute la proximité des chiens
avec les autres canidés sauvages (loups ou chacals), leur présence près des lieux de
sépulture, ont très vite associé le chien au monde divin par le biais du rapport à la
mort.
Le chien est ainsi associé à des divinités « psychopompes* » (accompagnant le
mort vers l’autre royaume), puis aux Enfers dont il est le gardien :




Anubis en Egypte
Xolotl* dans la mythologie aztèque (homme à tête de chien)
Il accompagne souvent la déesse Hécate* dans la mythologie grecque
Il garde la porte des Enfers dans les mythologies grecque et nordique sous la
forme de Cerbère* et Garm*.
Les religions monothéistes ne sont généralement pas, à l’origine, bienveillantes avec
les chiens. Dans la Bible, ils sont fréquemment associés aux idolâtres, aux mages, aux
prostituées. Peut-être leur soumission aveugle à l’homme les a-t-elle desservis, de
même que leur proximité avec les divinités des religions polythéistes ?
17
Plus tard s’imposeront les croyances selon lesquelles un chien noir serait une
incarnation du démon, rappelant des traditions plus orientales, avec l’existence de
« mauvais djinns* » prenant la forme d’un grand chien noir pour persécuter les
humains.
Le Coran n’est d’ailleurs guère plus tendre, associant les chiens au vol, à la
gloutonnerie et à l’avidité. Là encore, il est probable que l’existence de meutes de
chiens errants ait joué en leur défaveur.
D’une façon générale, il est remarquable qu’il existe une vraie fracture entre la
représentation d’un chien isolé, généralement positive, et de plusieurs chiens
regroupés, plus volontiers négative. La violence, l’agressivité sont plus généralement
associées à la « meute », tandis que le chien isolé rappelle plus facilement la fidélité et
la soumission. La seule exception intervient dans les représentations de chasse,
quand la force du chien se met au service de l’homme.
C’est peut-être là que se joue la dualité symbolique du chien : dans sa ressemblance
avec l’homme, toujours tiraillé entre ses plus mauvais instincts et les vertus vers
lesquelles il doit tendre. Ainsi le chien, quand il se laisse aller aux instincts qui le
rapprochent de ses sauvages cousins (loup, chacal, hyène…) symbolise la part
condamnable de la nature humaine. Quand en revanche, acceptant l’éducation de
l’homme, il domine ses instincts pour mettre ses qualités au service du bien collectif, il
incarne le triomphe de la tempérance.
Dès le XIIe siècle, Saint-Hildegarde* établit un parallèle entre l’homme et le
chien : « Il a en lui quelque chose de commun avec les usages de l’homme et c’est
pour cela qu’il devine l’homme et le comprend, qu’il aime rester volontiers en sa
compagnie, et qu’il lui est fidèle. » Bien plus tard, au XVIIIe siècle, Buffon exprime
cette idée qui s’est peu à peu imposée, selon laquelle les talents naturels du chien sont
évidents, mais que surtout son « éducation [est] toujours heureuse », puisqu’elle
permet au chien de passer du « naturel ardent, colère, même féroce et sanguinaire » du
chien sauvage aux « sentiments les plus doux, au plaisir de s’attacher et au désir de
plaire » chez le chien domestique. A l’image de l’homme…
18
Certaines qualités du chien lui ont toutefois permis d’incarner plus précocement des
valeurs positives. On lui prête ainsi très tôt des vertus de guérisseur dans plusieurs
cultures, notamment chez les Aztèques, mais également dans la mythologie grecque :
il n’est pas rare de voir le dieu de la Médecine, Asclépios*, accompagné par des
chiens. Une vertu qui sera, là encore, soulignée par Sainte-Hildegarde :
« La chaleur qui est dans sa langue nettoie les plaies et les ulcères, s’il les touche avec
la chaleur de sa langue ».
Mais c’est toutefois à partir du Moyen Age que le chien s’impose en Occident pour
symboliser des vertus vers lesquelles doit tendre l’homme, en tout premier lieu la
Fidélité.
C’est ainsi qu’on le retrouve au pied des gisants ou dans certaines représentations
religieuses, avant qu’il n’incarne cette vertu dans des portraits féminins ou de famille.
Plusieurs saints sont souvent représentés accompagnés par des chiens :
 Saint-Dominique, fondateur de l’ordre dominicain*
 Saint Roch*
 Sainte Marguerite de Cortone*
Ces représentations sont souvent liées à des légendes touchant à la vie de ces saints :
 La mère de Saint Dominique aurait vu en rêve, avant sa naissance, un chien
embrasant le monde avec la torche enflammée qu’il tenait dans sa gueule ;
 Saint Roch, après avoir soigné des pestiférés fut lui-même atteint par la
maladie, et partit se réfugier dans les bois pour ne pas contaminer son
prochain ; un chien le retrouva et vint chaque jour lui apporter de la nourriture
dérobée à son maître, jusqu’à ce que ce dernier, observant le manège du chien,
découvre le saint homme, lui apporte des soins et le sauve ;
 Sainte Marguerite de Cortone, vivant dans le péché, fut prévenue par son chien
de la mort de son amant et comprit la nécessité de revenir à une vie plus sainte.
Mais le rôle du chien est toujours lié à une signification symbolique de fidélité, de
dévouement ou d’humilité.
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Tel chien, tel maître
Une telle proximité de l’homme et de son compagnon canin explique facilement que la
représentation d’un chien puisse également servir à caractériser celui qu’il
accompagne, une situation, une vertu… cela dépendra du rôle joué par le chien, de son
apparence, de sa race…
Les fonctions du chien
Le premier rôle significatif du chien dépend de la fonction qu’il remplit auprès de
l’homme, en tant que :
 Chien de guerre, combat ou chasse : première qualité que l’homme ait
reconnu au chien, comme en témoignent les peintures rupestres ;
Rien d’étonnant ainsi à voir des chiens accompagner les plus célèbres
chasseurs, tels Artémis / Diane, Actéon*…
Lorsque la chasse s’impose comme un art réservé aux rois et seigneurs à
partir du Moyen Age, le chien de chasse de belle race souligne la haute qualité
de son propriétaire, ainsi que sa puissance et son courage.
 Chien de garde : vigilant et fidèle à son maître, il est associé chez les romains
aux Pénates*, divinités domestiques (les mosaïques retrouvées à Pompéi et
représentant des chiens en laisse ou accompagnés de l’inscription « Cave
canem »* : « prends garde au chien » montrent bien combien les romains
étaient sensibles aux qualités de gardien du chien…) ; il n’est pas rare de le voir
apparaître dans les intérieurs bourgeois, à partir de la Renaissance, surveillant
les possessions d’un maître opulent…une situation ambigüe pouvant être
interprétée comme une mise en garde contre la vanité des possessions
matérielles…
 Chien de compagnie : exclusivement destiné au divertissement de son maître
et veillant à lui dispenser de l’affection, il est généralement l’apanage des
milieux privilégiés, et exprime donc un statut social élevé ; sa relation
affective avec son maître, ou souvent sa maîtresse, en font souvent une
incarnation de la tendresse et de la fidélité.
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 Chien de berger / chien de « charge » : ce n’est qu’au XIXe siècle que
l’Angleterre interdit l’usage des chiens pour porter des charges ou tirer des
charrettes…et cette coutume durera encore longtemps dans d’autres pays. Il n’y
a donc rien d’étonnant à ce que des scènes de genre nous montrent des chiens
harnachés. Souvent de rustiques cabots de race indéterminée, ils se retrouvent
également près des troupeaux, dans les tavernes et les intérieurs modestes. Aux
XVIIIe et XIXe siècles, massifs et muselés ou portant de larges colliers, ils sont
prêts pour les combats de chiens. Tous ces forçats canins évoquent
invariablement un milieu populaire paysan, ou citadin et ouvrier.
Chiens « de bonne race » et vulgaires cabots
L’allure d’un chien, sa race, sa morphologie peuvent également, on l’a perçu plus haut,
avoir une signification précise dans les représentations… et tout simplement dans la
vie. Le chien devient facilement un signe extérieur de richesse, de pouvoir, une
expression de l’image que son maître veut défendre.
Son prix, sa valeur, généralement fonctions de la race, sont importants, mais son allure
physique également. Cet usage du chien est encore largement perceptible aujourd’hui,
dans le choix des animaux de compagnie de la maison. En choisissant une race plutôt
qu’une autre, ou un chien sans pedigree, on affiche une image de soi. Qui ne sera pas
la même selon que l’on s’affiche avec un long lévrier russe, un chihuahua, un bichon,
un basset, un rustique chien de berger, un molosse… ou le premier corniaud venu !
Bien des stars l’ont aujourd’hui compris, et le chien des « personnalités » fait les
délices de la presse dite « people ». Montre-moi ton chien, je te dirai qui tu es.
De même, le chien fut et reste l’objet de « modes », généralement lancées par les
personnes les plus en vues avant de se propager plus largement.
Le lévrier règne en maître au Moyen Age, comme chien de chasse ou de compagnie,
même si le petit bichon, par sa rareté, occupe également une place de choix auprès des
dames. L’épagneul nain, connu de longue date comme « chien de tendresse » devient
un incontournable des intérieurs élégants à partir de XVIIe siècle, quand la cour
d’Angleterre lui accorde de telles faveurs qu’une espèce d’épagneuls nains anglais
prend le nom de « King Charles ». Avec la mode de l’orientalisme et des chinoiseries,
les petits chiens à nez plats de type carlin ou pékinois connaissent un engouement tel
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que les croisements avec des épagneuls nains continentaux sont massivement
pratiqués : le King Charles cavalier (plus proche des épagneuls nains du XVII e) va
avoir pour cousin le King Charles Spaniel, au museau plus plat… La Belle époque et
l’entre deux guerre s’entiche du lévrier russe de type Barzoï, non plus pour ses qualités
de chasseur, mais pour sa silhouette longiligne qui accompagne si bien la silhouette
frêle des élégantes de l’époque… Comme toute forme de mode, dès qu’elle s’étend
trop largement, elle cède le pas à une nouvelle mode chez les « initiés ».
Enfin, les caractéristiques morphologiques du chien permettent souvent d’exprimer ou
de mettre en valeur, quand ils accompagnent les représentations de leur maître,
notamment dans les portraits, des traits de caractère ou de statut social.
Ainsi, le lévrier, race connue depuis la plus haute antiquité, fin, élancé, bon chasseur,
exprime-t-il toujours la noblesse, ancienneté des origines, du lignage, l’élégance, la
dignité.
Les molosses, mastiffs, certains chiens de chasse tels les braques, représentent quant à
eux la puissance, la force, le courage ou la ténacité.
D’autres chiens de meutes, les épagneuls, setters…, incarnent la fougue, la vivacité,
l’énergie, l’agilité et la persévérance.
Le petit chien, généralement de compagnie, exprime généralement la douceur, la
fidélité, le luxe quand il s’agit d’une race rare ou recherchée.
Il est également le signe de l’entrée dans une intimité, et peut être introduit pour
atténuer la dimension trop conventionnelle ou même institutionnelle d’un portrait,
pour introduire l’idée de naturel.
Cependant, ainsi lié à l’intimité et la tendresse, il peut, selon le contexte, et au même
titre que le chat, dénoncer certaines formes de sensualité, de légèreté,
d’inconstance…
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Pour se repérer :
Quelques races telles que connues aujourd’hui…
Lévrier nain dit « italien »
Lévrier de type « Whippet »
Mastiff
Autre molosse bien connu : le Rottweiler
Braque de Weimar
Braque d’auvergne
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Epagneul Breton
Epagneul nain
Epagneul nain « King Charles »
Bichon frisé
Pékinois
Carlin
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Les chiens de Wouaf ! Art
Diego Velázquez (Séville, 1599- Madrid, 1660)
Las Meninas (Les Ménines), 1657
Musée du Prado à Madrid
Diego Rodríguez de Silva y Velázquez, dit Diego Vélasquez en français, est
généralement considéré, avec Francisco Goya et Le Greco, comme l’un des plus
grands artistes de l’histoire espagnole. Ayant eu une influence considérable à la cour
du roi Philippe IV, son style s’inscrit résolument dans le courant baroque de cette
période. Ses deux visites effectuées en Italie, attestées par les documents de l’époque,
eurent un effet décisif sur l’évolution de son œuvre. Outre de nombreuses peintures à
valeur historique ou culturelle, Diego Vélasquez est l’auteur d’une profusion de
portraits représentant notamment la famille royale espagnole.
À partir du premier quart du XIXe siècle, le style de Vélasquez fut pris pour modèle
par les peintres réalistes et impressionnistes, en particulier Édouard Manet. Depuis, des
artistes plus contemporains comme Pablo Picasso et Salvador Dalí ont rendu hommage
à leur illustre compatriote en travaillant à des variations de plusieurs de ses œuvres les
plus célèbres.
« Les Ménines » (littéralement « Les demoiselles d’honneur »), dont il est question ici,
demeure l’un de ses chefs-d’œuvre les plus connus, sans doute le plus commenté et
exploré par des artistes ultérieurs. Ce tableau dépeint une pièce du palais de l'Alcázar à
Madrid. La jeune infante Marguerite-Thérèse est entourée de demoiselles d'honneur,
d'un chaperon, d'un garde du corps, de deux nains et d'un chien. Derrière eux
Vélazquez se représente lui-même en train de peindre. Un miroir à l'arrière plan
réfléchit les images de la reine et du roi en train d'être peints par Vélazquez. Par le jeu
de miroir le couple royal semble être placé hors de la peinture, à l'endroit même où un
observateur se placerait pour voir celle-ci. Au fond Nieto Velázquez, un possible
parent du peintre, apparaît à contre jour sur une courte volée de marches, tenant d'une
main un rideau qui s'ouvre sur un mur ou espace vide.
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Si la complexité de la composition, la présence symbolique du miroir, du peintre au
travail (forme encore de jeu de miroir) ont fait couler beaucoup d’encre et engendré de
nombreuses analyses esthétiques et stylistiques, le regard de Jeannette sur le chien est
pour le moins original… mais mérité, car le seigneur canidé est de fort belle facture !
En tous les cas, si le titre de chef-d’œuvre doit quelque chose à l’enthousiasme de la
postérité, « Les Ménines » font sans le moindre doute partie des chefs-d’œuvre parmi
les chefs-d’œuvre, à en juger par la multiplicité de relectures produite par les artistes
les plus divers, et dont Jeannette nous offre un bel aperçu.
Sans doute les plus célèbres :
Pablo Picasso (Malaga 1881- Paris, 1973)
Variations sur Las Meninas de Velasquez, 1957
En effet, entre août et décembre 1957, Picasso peint 58 toiles différentes sur le thème
des « Ménines ». Un grand nombre d'entre elles sont présentées au Musée Picasso de
Barcelone. Picasso n'a pas fait varier les personnages de la toile mais a très largement
retravaillé la scène au travers du jeu de la décomposition cubiste, explorant nombre de
possibilités liées à la forme, au rythme, à la couleur et au mouvement
Mais grâce à Jeannette, nous découvrons l’extraordinaire passion du XXe siècle pour
cette scène familiale et royale du XVIIe siècle, qui se retrouve aussi bien :
 Chez des peintres espagnols, comme Picasso, tel Rafael Solbes (Valence,
1940 – 1981) qui donne sa propre version de Las Meninas.
Mais également argentin, avec Martin La Spina (1973) et ses Meninas detrás
delespejo ou japonais comme Shinji Ogawa (1959) avec sa propre variation sur
Las Meninas.
 Des photographes, avec l’étrange Las Meninas de Joel Peter Witkin en 1987.
 Des artistes plasticiens comme l’artiste contemporaine Irma Gruenholz qui
propose des illustrations en volume en « plastiline » (forme de pâte à modeler)
et a également exploré l’univers des Ménines, qui prend avec elle une couleur
enjouée et naïve.
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Jeannette nous invite également à découvrir bien d’autres chiens qui se cachent
dans les détails de toiles que nous croyons bien connaître :
Auguste Renoir (1841-1919)
Les Déjeuner des Canotiers, 1880-1881
De cette œuvre emblématique de la période impressionniste de Renoir, tout a été dit,
comme de son célèbre et prolixe peintre (plus de toiles à lui seul que Manet, Degas et
Cézanne réunis !) : la représentation de proches de l’artiste (sa future épouse, le peintre
Caillebotte, le baron Raoul Barbier, l’actrice Jeanne Samary…), la vigueur des
contrastes, la composition, le talent pour la nature morte qui transparait dans les reste
du repas. Mais si l’on sait que la dame au chien est Aline Charigot, future épouse du
peintre, qui s’est intéressé à son petit compagnon ?
Heureusement que Jeannette est là !
Georges Seurat (1859-1891)
Un dimanche à la Grande Jatte, 1884-1886
Landscape with Dog, 1884
Georges Pierre Seurat, peintre français, fut un pionnier du pointillisme et du
divisionnisme. Très influencé par Rembrandt, Francisco Goya et Pierre Puvis de
Chavannes, ainsi que par Ingres, dont son professeur, Henri Lehmann avait été un
disciple, il participe à la formation de la Société des artistes indépendants, ouverte,
sans jury ni récompenses, et prend la tête du néo-impressionnisme (ou pointillisme),
qui réunit entre autres Paul Signac, Henri-Edmond Cross, Charles Angrand,
Maximilien Luce et pendant un certain temps Camille Pissarro.
Le pointillisme est une technique inspirée des études sur la décomposition de la
lumière, qui consiste à peindre par juxtaposition de petites « taches » de peinture de
couleurs primaires (rouge, bleu et jaune) et de couleurs complémentaires (orange,
violet et vert). On perçoit néanmoins des couleurs secondaires, par le mélange optique
des six différents tons seulement. Il s’agit donc pour chaque œuvre de concevoir une
composition détaillée de l’agencement des couleurs primaires et complémentaires telle
que l’œil du spectateur, à une certaine distance, puisse recomposer les couleurs
secondaires… On imagine aisément la difficulté de ce travail…
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L’œuvre principale de Seurat, Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte, lui
demande par exemple plus de deux ans de travail acharné, plusieurs dizaines dessins
préparatoires et esquisses. La toile de lin est enduite d'une couche de blanc de plomb.
Cet apprêt mince sur un tissage assez grossier produit une surface granuleuse qui
participe à l'effet général du tableau.
Dans sa courte vie – il meurt brutalement à 31 ans - Georges Seurat a produit sept
grands tableaux, soixante plus petits, des dessins, cinq cents schémas et de nombreuses
esquisses, ce qui est beaucoup si on tient compte de l'énorme labeur qu'entraînait son
procédé.
William Turner (1775-1851)
Dawn after the Wreck, 1841
Joseph Mallord William Turner est un peintre, aquarelliste et graveur britannique.
Initialement de la veine romantique anglaise, son œuvre est marquée par une recherche
novatrice audacieuse qui lui vaut le surnom de « peintre de la lumière » et le fera
considérer comme un précurseur de l'impressionnisme, avec son contemporain John
Constable. Son passage d'une représentation plus réaliste à des œuvres plus
lumineuses, à la limite de l'imaginaire comme ce Dawn after the Wreck, se fit après un
voyage en Italie en 1819 (Campo Santo de Venise). Turner s’attache alors au pouvoir
suggestif de la couleur plutôt qu’au caractère narratif des sujets. D’où une prédilection
pour les paysages déserts, couchers de soleils, incendies ou tempêtes…
C’est ici l’aube au lendemain d’un naufrage que nous dépeint Turner avec une
mélancolie poignante. Nulle âme qui vive, si ce n’est ce petit chien, minuscule, écrasé
par des éléments naturels immenses et une lumière flamboyante, indifférente au drame
qui s’est joué dans la nuit. Il est là, impuissant face à la mer… Qu’est-il venu
chercher ? Un maître disparu dans les flots ? Sera-t-il ainsi seul à jamais, aussi
impuissant que son ami l’homme face à la fureur du monde ? La simple présence de ce
tout petit chien, infime détail de l’aquarelle, est lourde de sens et change radicalement
la portée de l’œuvre. Sans ce chien, nous ne serions que face à un retour au calme
après la tempête, une belle et apaisante aube lumineuse effaçant doucement l’horreur
de la veille. Avec lui, l’œuvre s’empreint d’une mélancolie, voire d’une profonde
détresse exprimant la fragilité et la solitude du mortel humain face à la puissante
éternité de la nature.
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Avec Jeannette, voici aussi venir les chiens stars, ceux qui se sont imposés comme
sujet à part entière d’une œuvre :
Adriano Cecioni (1836-1886)
Dog Defecating
Déjà au XVIe siècle, dans les tapisseries des “Chasses de Maximilien” que l’on peut
voir au Louvre (département des Objets d’art), dans un souci de réalisme, certains
chiens apparaissaient dans des positions pour le moins spontanées, n’hésitant pas à
satisfaire leurs besoins naturels au premier plan de la scène de chasse représentée…
Quatre siècles plus tard, le chien ne fait pas nécessairement preuve de plus de retenue
et de pudeur dans l’œuvre de ce peintre et sculpteur italien du groupe des Macchiaioli.
Ce qui n’est pas si étonnant, puisque ce mouvement florentin de la seconde moitié du
XIXe siècle se voulait anti-académique et a participé au renouveau vériste de la
peinture italienne. Un vérisme que l’on peut rapprocher des mouvements naturalistes
et réalistes observables dans le reste de l’Europe à la même époque.
Edvard Munch (1863-1944)
Hundehode ved rød stamme
Les chiens du peintre expressionniste norvégien se sont plusieurs fois invités dans son
œuvre, ici au pied d’un arbre.
Roy Lichtenstein (1923-1997)
GRRRR, 1965
Plus inquiétant, le chien méchant version pop art nous rappelle que le chien n’est pas
toujours le meilleur ami de l’homme…
Roy Blohm (1922)
Etter Regn, 1970
Origine de Jeannette oblige, nous revoici en Norvège… Avec un chien qui nous parle
davantage de détresse et de solitude, comme le petit chien de Turner, plus que de la
bonhommie du compagnon de Munch. Mais cette fois, c’est la solitude urbaine, celle
des grandes villes anonymes contemporaine qui s’impose.
29
Michael Newton
Black Dog, 2005
Encore une exploration des décors urbains, finalement presque aussi écrasants que les
éléments naturels quand des tours s’élancent vers le ciel et nous dominent de leurs
silhouettes imposantes. Monuments de verre dans lesquels la vie se cache, se
recroqueville, coupée de l’extérieur. Chacun chez soi… et la solitude pour tous.
© Michael Newton
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Quelques livres et sites pour aller plus loin
Histoire du chien, descriptions
Il existe de très nombreux ouvrages sur les chiens, les différentes races, leurs
origines…
Pour quelques informations synthétiques :
www.chiensderace.com/
Pour les enfants à partir de 8 ans :
Dans la collection « 100 infos à connaître » des éditions Piccolia, l’ouvrage consacré
aux « Chiens », 2006, 48 p.
TAYLOR David, Chiens, Gallimard jeunesse, Poche Vu junior, 2005.
Documentaire à partir de 8 ans pour tout savoir sur les chiens, leur anatomie, leur
mode de vie, la classification des races…
Le chien est évoqué dans plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire naturelle depuis
l’Antiquité, mais le texte de Buffon reste un incontournable. Vous pouvez le
retrouver dans :
SALVI Claudia, Le grand livre des animaux de Buffon, Tournai : Renaissance du
Livre, 2002, 215 p.
Chapitre sur les chiens
disponible à la médiathèque du musée
Le petit Buffon illustré, collection « Regard croisés », La Tour d’Aigues : Editions de
l’Aube, 2007, 251 p.
Chapitre sur les chiens
31
Représentations et symbolique, légendes et superstitions
BRAUN Suzanne, Le symbolisme du bestiaire médiéval sculpté, Dijon : Faton, 2003,
122 p. (Dossier de l’art ; 103)
disponible à la médiathèque du musée
IMPELLUSO Lucia, FERAULT Dominique (trad.), La nature et ses symboles, Paris :
Hazan, 2004, 382 p.
disponible à la médiathèque du musée
MIQUEL Pierre, Dictionnaire symbolique des animaux, Paris : Editions Léopard d’Or,
1991, 286 p.
Epuisé, disponible à la médiathèque du musée
MOZZANI Eloise, Le livre des superstitions, collection « Bouquins », Paris : Robert
Laffont, 1995, 1822 p.
disponible à la médiathèque du musée
Les Chiens et l’art
FOUCART-WALTER Elisabeth, NOURISSIER François, Chiens, collection
« Carnets du Louvre », Paris : Musée du Louvre éditions – Flammarion, 2007, 79 p.
disponible à la médiathèque du musée
PICKERAL Tamsin, Le chien dans l’art, Paris : Citadelles et Mazenod, 2009, 287 p.
ZACZEK Iain, Les chiens – dans l’art, la photographie et la littérature, Cologne :
Evergreen, 2000, 400 p.
A consulter également sur internet :
lechiendanslart.free.fr/
Quelques activités autour du chien :
Legendre Philippe, Dessiner et peindre les chiens, collection « Coups de crayon » n°3,
éditions Fleurus, 2002
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Des albums qui ont du chien :
DRIESSEN Paul, La fin du chien saucisse et autres petits contes, Les 400 coups,
Carrément petit, 2005.
Paul Driessen, célèbre réalisateur de dessin animé et artiste polymorphe, nous raconte en images la fin
tragique d'un chien-saucisse qui cherche à se mordre la queue, l'histoire de deux dunes de sable qui
rivalisent, celle d'un drap ou d'un fil, la chute et le regard sur le monde d'un paresseux, la vision d'un
canard en plein vol, autant d’histoires qui suscitent le rire. L'auteur réussit à installer de vraies
situations comiques grâce aux jeux de cadrage, réponses texte-image, changement de points de vue,
éléments absurdes,...et ce, sur des illustrations minimalistes. Des petits contes loufoques pour tous !
KERILLIS Hélène, Un Noël noir et blanc, Magnard Jeunesse / RMN, 2003.
Hélène Kérillis s'inspire d'un tableau et de tous les éléments qui le composent pour écrire une histoire,
elle le fragmente à la manière d'un puzzle de façon à illustrer chaque page du roman, et le lecteur
découvre l'œuvre dans son intégralité à la fin. C'est le tableau de Claude Monet, La Pie, qui a été ici
choisi pour illustrer cette histoire qui se déroule à l'époque de Noël. Camille s'inquiète car son vieux
chien Sasko a disparu dans la forêt où tout est blanc, recouvert de neige…
POULIN Stéphane, Bestiaire, Les 400 coups, 2003, album
Un univers surréaliste, entre peinture, conte et dérision (on trouvera d’ailleurs un hommage appuyé à
Magritte et à Saint-Exupéry) : d’un côté 33 illustrations à l’huile, de l’autre un détail souvent au trait
accordé à un mot ou une expression. Les animaux pourront se changer en humain, en voiture ou en
violon. Les enfants joueront au chat et au chien, les chèvres iront sur la lune et les chasseurs n’auront
pour seul terrain qu’une assiette de soupe. Ces univers fantastiques nous conduisent dans une aventure
où le moindre détail est une référence, littéraire, musicale ou picturale.
Le chien dans les textes
Pas question de recenser ici tous les textes littéraires, des Fables de La Fontaine à Victor Hugo, qui
mettent en scène des chiens.
Juste quelques références de la littérature jeunesse, et des textes littéraires qui peuvent être abordés
avec les plus jeunes (les références indiquées sont généralement celles des éditions / adaptations
destinées à la jeunesse).
AYME Marcel, SABATIER Roland (illustrations), Le Chien, Gallimard Jeunesse,
Folio Cadet, 1990
D’après les Contes du chat perché
Au détour d'un chemin, Delphine et Marinette bousculent un chien et s'aperçoivent qu'il est aveugle.
Les deux fillettes le prennent sous leur protection.
BARBARA Diane, TRUONG Marcelino (Illustrations), Et le chien devint l'ennemi du
chat, Actes Sud junior, Contes à plusieurs voix, 2002.
Un conte chinois où le chat apparaît comme le grand vainqueur et le chien le grand perdant. Une
histoire qui nous plonge dans la Chine profonde, avec une morale déroutante.
BEN KEMOUN Hubert, Chien le chien, Thierry Magnier, Petite Poche, 2003.
Hubert Ben Kemoun signe un mini roman qu’on pourrait qualifier de promenade canine. « Chien-le
chien » est à la recherche du maître idéal, il n’est ni perdu ni abandonné, mais il veut trouver
quelqu’un qui l’aimera pour ce qu’il est vraiment, et non pour ce qu’il sait faire…
33
BOURDIER Emmanuel, Entre chiens et nous, Thierry Magnier, Petite Poche, 2005.
Roman à partir de 8 ans
Un petit texte choc, entre laisse et attente, entre désespoir et envie de vivre. Voici cette vie banale et
froide comme la pluie. Cette vie de chien, derrière les barreaux et la cage en béton. On le nomme
Renaud, mais cela n’a pas beaucoup d’importance. Ce sont surtout les yeux lassés de solitude, des
aboiements désespéré, que l’ont retiendra. Une captivité que l’on voudrait meilleure, une mort que l’on
espère le plus tard possible… pour qu’enfin un maître vous adopte. Un texte qui se lit aisément et qui
assume sa froideur pour mieux dire l’innommable.
COLETTE, Dialogues de bêtes, Gallimard jeunesse, Folio Junior, 2007.
CONAN DOYLE Arthur, Le chien des Baskerville, Gallimard Jeunesse, Folio Junior,
2008, 264 p.
 A noter : une adaptation théâtrale pour la jeunesse :
VIENOT Pierre, GOUSSE Jean-Louis (illustrations), Le chien des Baskerville, Les
éditions de Quatre heures, collection « Goût de théâtre », 2008.
Une pièce adaptée d’un extrait et illustrée par une bande dessinée qui sert de support à la mise en
scène. Des résumés pour suivre le fil de l’intrigue complètent l’ouvrage. Cette nouvelle approche
offre plusieurs angles de lecture tout en restant fidèle au texte original.
CURWOOD James Oliver, Kazan, Hachette jeunesse, Livre de poche jeunesse, 2004,
385 p.
Dans le Grand-Nord, Kazan, mi-loup, mi-chien de traîneau est le chef d'une horde libre, avec Louve
Grise pour compagne. Il sera bientôt confronté aux hommes.
HOMERE, L’Odyssée, traduction de Philippe Jaccottet, Paris : La découverte, 2004,
450 p.
(Retour d’Ulysse à Ithaque et mort d’Argus)
 Plusieurs adaptations de l’Odysée pour la jeunesse, dès 9 ans :
o Classiques abrégés de l’Ecole des Loisirs, traduction de Bruno Rémy,
1987, 165 p.
o Ulysse et l’Odysée, Hachette, Livre de poche jeunesse, traduction de
Martine Laffon, 2007, 288 p.
o Gallimard Jeunesse, Folio Junior, 2009, 160 p.
 Un superbe album dédié spécialement à Argos, le chien d’Ulysse :
MIGLIOLI Jean-Pierre, GUCUET Anne (ill.), Argos, Le Rocher Jeunesse,
collection « Lo Païs d’enfance », 2007
LONDON Jack, Croc Blanc, Gallimard Jeunesse, Folio Junior, 2008, 351 p.
LONDON Jack, L’appel de la forêt, Nathan Poche, 2007, 172 p.
LONDON Jack, Construire un feu, Actes Sud junior, 2000.
34
KIPLING Rudyard, Histoires comme ça.
Deux versions, en Folio Cadet (dès 6 ans) et Junior pour les plus grands (dès 9 ans).
A noter également le récit « Ce chien, ton serviteur », uniquement dans les œuvres compètes de
Kipling, en collection « Bouquin ».
KNIGHT Erich, Lassie chien fidèle, Hachette Jeunesse, 2006, 320 p.
MEDDAUGH Susan, Martha Blabla, Mango Jeunesse, 2003.
Depuis que Martha, la chienne de la famille, a avalé un bol de soupe aux pâtes alphabet, elle s'est mise
à parler, ce qui amuse beaucoup ses maîtres: ils lui font dire toutes sortes de choses pour épater la
galerie. Mais Martha se met à parler de plus en plus, sans cesse, et à dire des choses très gênantes en
public…
PERGAUD Louis, Le Roman de Miraut, chien de chasse, Gallimard, Folio, 2001,
372 p.
PERGAUD Louis, De Goupil à Margot, Gallimard, Folio, 1982.
Récits animaliers par l’auteur de La Guerre des Boutons.
PLENARD Marilyn, STRASSMAN Susanne (Illustration), Histoires de chiens, Flies
France, collection Caravane des contes, 2003.
Après les Histoires de chats, Marilyn Plénard a collecté toute une série de récits de diverses origines
mettant en scène le meilleur ami de l'homme. Merveilleuses, amusantes, philosophique, les histoires
qu'elle nous rapporte sont divertissantes et riches d'enseignement. Comme dans les autres titres de la
collection, les récits sont agrémentés d'anecdotes, légendes ou devinettes sur le chien, qui stimulent la
curiosité du lecteur.
TCHEKHOV Anton, Front Blanc et autres nouvelles, Gallimard Jeunesse, Folio
Junior, 2005.
TOLSTOI Léon, MUTH Jon J. (illustration), Les trois questions, Circonflexe, 2003,
32 p.
Conte - Album
35
En bonus…
Un album pour les plus jeunes :
ZOBOLI Giovanna, BAZZURRO Giovanna (illustrations), Mondocane, La Joie de
Lire, 2004
Album à partir de 6 ans
Lillo, huit mois, semble être un chien des plus heureux. Un jour pourtant, Lillo découvre, au détour
d'une conversation, qu'il est un bâtard ! Et là, quelle déception ! Il en perd son insouciance, sa joie de
vivre et s'inquiète même de la réaction de ses maîtres…Cet ouvrage nous fait entendre, par la bouche
d'un chien, une réflexion sur la différence et la manière de la vivre, et ce, avec ironie et légèreté.
Une collection qui fait réfléchir :
La collection « Humanistes en verve » aux Editions Le Verger des Héspérides se veut
une porte ouverte sur le monde contemporain, et aborde des thèmes tels la dépendance,
de la drogue, les relations humaines en général, la justice, la presse, ou encore la
philosophie… dans un langage adapté aux plus jeunes.
De nombreux ouvrages y mettent en scène des chiens, tels :
Attila, le chien qui avait une vocation de guérisseu
Petit filou, le chien qui savait lire le journal
Casimodo, le chien qui était garanti féroce
Samy le chien qui était complètement idiot….
36
ÉCLAIRAGE AUTOUR DE
WOUAF ! ART
Notre théâtre et notre saison se construisent autour de spectacles qui questionnent le monde
d’aujourd’hui et interrogent l’humain. Ce théâtre que nous voulons engagé et sensible va au-delà
des seules représentations ; c’est aussi un lieu vivant, bruissant d’échanges et de réflexions, en
résonance avec d’autres formes d’arts et de pensées. Nous vous proposons ainsi de nombreux
rendez-vous : les “Éclairages” où ateliers, rencontres, promenades, expositions et films font écho
aux spectacles de la saison. Les Éclairages sont autant d’opportunités pour prendre le temps de
débattre, d’approfondir ses connaissances, de se divertir ou de poser un regard nouveau sur un
auteur, une œuvre, une pratique artistique, une culture. ils sont imaginés au foyer-bar, au cinéma
mais aussi hors les murs en collaboration avec de nombreux partenaires.
› les Éclairages étant établis longtemps à l’avance, ils sont susceptibles d’évoluer en cours
de saison, retrouvez tous les détails des Éclairages sur www.theatre71.com.
ÉCLAIRAGES › PROMENADE
LE MUSÉE DU LOUVRE, DES COLLECTIONS QUI ONT DU CHIEN
› mer 9 avril, 15h au Musée du Louvre
À l’occasion de Wouaf ! Art, le spectacle-conférence loufoque mais pas moins documenté sur la
place du chien dans l’histoire de l’art, le Louvre ouvre ses collections pour découvrir bien d’autres
chiens qui se cachent dans les détails de toiles ou en sont les stars. Une visite guidée (à partir de
10 ans), en partenariat avec le Pont des Arts et la complicité de l’Auditorium du Louvre.
› Musée du Louvre, Paris 1er, Mº Palais-Royal – Musée du Louvre | 12 € tarif adulte | 5 € tarif enfant
› retrouvez le dossier pédagogique de la visite sur theatre71.com
ACCÈS
La salle du théâtre est accessible aux personnes à mobilité réduite. Pour mieux vous accueillir
et faciliter votre placement, pensez à réserver 48h au plus tard avant la date choisie et à vous
signaler à l’accueil lors de votre venue.
métro 10 min de Montparnasse, ligne 13 station Malakoff-Plateau de Vanves
(à 3 min à pied du théâtre)
bus 126 de la Porte d’Orléans – arrêt Gabriel Péri-André Coin
bus 191 de la Porte de Vanves – Gabriel Péri-André Coin
vélib à la sortie du métro Malakoff-Plateau de Vanves - face au théâtre rue Jean Jaurès
voiture périphérique porte Brancion puis direction Malakoff centre ville
parking VINCI rue Gabriel Crié, entre le théâtre et la Poste
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Ouvert avant et après les représentations, on peut y boire un verre et y déguster tartines, petits
plats et desserts aux saveurs inspirées et cuisinés maison. Un endroit convivial
où retrouver ses amis, les équipes artistiques et l’équipe du théâtre, assister aux brunchs,
aux Jazzamalak !, à certains éclairages autour des spectacles et aux goûters ludiques MIAM !
Miam ! des dimanches de représentations jeune public
› si vous êtes nombreux, n’hésitez pas à réserver – Émilie Baboz 06 09 59 83 04
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