EXCALIBUR, film de John Boorman.

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EXCALIBUR, film de John Boorman.
Journée médiévale du collège Saint Joseph- 16 janvier 2014
EXCALIBUR, film de John Boorman.
Note : Certaines scènes du film non adaptées à des élèves de 5ème ont été
supprimées.
Objectif : Comparer l’histoire avec la véritable légende arthurienne et
visualiser la vie des chevaliers et du peuple au Moyen Âge.
Excalibur est un film américano-britannique, d'aventures fantastiques et de chevalerie, réalisé
par John Boorman et sorti sur les écrans en 1981.
Basé sur Le Morte d'Arthur (1485) de Thomas Malory, il raconte la légende du roi Arthur,
interprété par Nigel Terry, et de son épée Excalibur, qui a donné son titre au film.
L'histoire commence avec les origines d'Arthur, se poursuit par ses débuts en tant que roi sous
la protection de son conseiller Merlin l'Enchanteur (joué par Nicol Williamson), la création de
la Table ronde, la quête du Graal, et se termine avec l'affrontement final entre Arthur et
Mordred, fruit de sa relation incestueuse avec sa demi-sœur, Morgane (interprétée par Helen
Mirren).
Le film a été entièrement tourné en Irlande. Il est désormais considéré, pour son aspect visuel,
sa bande originale et sa symbolique, comme un film culte des années 1980.
Fiche technique
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Titre original : Excalibur
Réalisation : John Boorman
Scénario : Rospo Pallenberg et John Boorman, d'après le livre de Thomas Malory
Décors : Anthony Pratt
Costumes : Bob Ringwood
Photographie : Alex Thomson
Montage : John Merritt
Musique : Trevor Jones
Production : John Boorman
Société de production : Orion Pictures Corporation
Sociétés de distribution : Orion Pictures Corporation et Warner Bros. Entertainment
Budget : Entre 11 000 000 $1 et 12 000 000 $
Pays d'origine :
États-Unis,
Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Formats : Couleur - 1,85:1 - son Monophonique - 35 mm
Genre : fantasy
Durée : 140 minutes
Dates de sortie :
o
États-Unis : 10 avril 1981
o
France : 27 mai 1981
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Musique
La bande originale a été composée par Trevor Jones et inclut des extraits d'œuvres de musique
classique. O Fortuna, tiré de la cantate Carmina Burana de Carl Orff, est utilisé lors des
scènes héroïques, comme lorsque le jeune roi Arthur part délivrer Léodegrance, assiégé, ou
lorsque, une fois le Graal retrouvé, Arthur part pour sa dernière bataille.
Pour composer Carmina Burana, Orff s'est appuyé sur des chansons du Moyen Âge retrouvées
dans un couvent. Certains des thèmes de ces chansons sont communs avec Excalibur, comme
l'impossibilité d'échapper au destin. O Fortuna, qui constitue à la fois l'introduction et la
conclusion de Carmina Burana, est un hommage à la déesse du destin romaine. Orff y utilise
différentes techniques comme la répétition des enchaînements d'accords parfaits parallèles,
une simplicité mélodique et rythmique, le refus de la dissymétrie ou encore la domination des
chœurs, ce qui permet de « recréer l’esprit « païen » des genres dramatiques primitifs ».
La musique de Richard Wagner, qui était lui-même passionné par les légendes, arthurienne
entre autres, est utilisée à plusieurs reprises. Sa Marche funèbre de Siegfried, tirée du
Crépuscule des Dieux, est jouée lors des génériques de début et de fin, ainsi qu'à chaque
passage où l'épée Excalibur est mise en avant : lorsque Uther Pendragon la plante dans le
rocher, lorsqu'Arthur la retire, puis lorsqu'il est adoubé ou encore quand il fonde les chevaliers
de la Table Ronde.
Le prélude de Tristan et Isolde, également de Wagner, est utilisé autour de l'amour entre
Lancelot et Guenièvre ; le prélude de Parsifal, toujours de Wagner, peut être entendu lors de
la quête du Graal de Perceval : lorsqu'il se débarrasse de son armure sous l'eau et lorsqu'il
trouve le Graal.
Époque
Les romans traditionnels sur la légende arthurienne datent du XIIe siècle, avec les écrits de
Geoffroy de Monmouth et Chrétien de Troyes, au XVe siècle avec Thomas Malory. Dans tous
ces romans, l'action se situe au VIe siècle, mais dans un cadre qui correspond à
l'environnement contemporain des auteurs. Ainsi, le principe de chevalerie, les tournois et les
joutes n'existaient pas au VIe siècle, et les armures décrites dans les romans, entièrement en
métal, ne sont créées que plus tard. Boorman ne déroge donc pas à la règle, et les
anachronismes, notamment au niveau des armures, qu'on peut noter dans le film sont présents
dans le reste de la légende arthurienne.
Fusion de personnages
Compte tenu de la longueur de l'ouvrage de référence, Boorman et Pallenberg sont contraints,
outre des raccourcis chronologiques, de fusionner des personnages : selon le réalisateur, c'est
« une solution à un problème dramatique ». Dans le roman, c'est sur l'armure de Pellinore et
non celle de Lancelot qu'Arthur brise Excalibur. Les personnages de Perceval et Galahad, le
réel vainqueur du Graal selon Malory, sont aussi mélangés.
Par ailleurs, dans Le Morte d'Arthur, Malory raconte l'histoire du Roi pêcheur qui, à la suite
d'une blessure, voit son royaume dépérir et devenir infertile avant que Galahad ne vienne le
sauver. Boorman l'associe au personnage du roi Arthur58, qui est sauvé par Perceval.
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Photographie et travail visuel
Le travail des couleurs réalisé dans Excalibur a permis au film d'avoir une évolution visuelle.
Dans la première partie, l'atmosphère est sombre, les armures sont ternes, et beaucoup de
scènes se déroulent dans la forêt. Après l'arrivée de Lancelot, les couleurs sont plus claires, les
armures étincellent, alors qu'à partir de la chute de Camelot et l'arrivée de Mordred, les
couleurs retournent vers le sombre, notamment pendant les batailles finales qui se déroulent la
nuit. Selon Claudine Glot, historienne et spécialiste de la légende arthurienne, ces transitions
représentent l'évolution du Soleil pendant une journée. Pour le critique Jean-Marc Elsholz, il
s'agit surtout d'un travail des états du métal et du reflet métallique.
Un autre effet visuel notable du film est l'utilisation fréquente de filtres vert vif, notamment
lorsqu'on voit l'épée Excalibur ou lors des scènes en forêt. Selon Boorman, ces filtres ont deux
fonctions : tout d'abord, ils renforcent le lien avec la nature dans les scènes en extérieur, en
faisant ressortir les feuilles et la mousse. D'autre part, la teinte choisie rend la scène plutôt
irréelle, ce qui donne un aspect magique au rendu.
L'épée Excalibur
Excalibur apparaît dès les premières minutes du film lorsque Merlin l'obtient de la Dame du
Lac pour la transmettre à Uther Pendragon. Selon Michael Open, du magazine Film
Directions, Excalibur n'a pas un rôle bon ni mauvais, tout dépend de l'usage que les
personnages en font ; sa symbolique varie ainsi suivant les situations. Au début du film, elle
est dressée vers le haut, lorsque Uther la brandit, en symbole d'espoir. À sa mort, il la fiche
dans le roc, vers le bas. L'espoir renaît avec Arthur qui la pointe vers le ciel immédiatement ;
plus tard, elle est à nouveau tournée vers le sol lorsque l'amour de Lancelot et Guenièvre est
découvert ou lorsque Mordred est tué.
La façon dont Excalibur apparaît et est transmise à Arthur est une originalité apportée
par Boorman. Dans les différentes versions de la légende, et notamment dans Le Morte
d'Arthur, l'épée apparaît par magie le soir de Noël, déjà plantée dans un rocher. Dans
Excalibur, c'est la Dame du Lac qui la donne à Merlin, et c'est ensuite Uther Pendragon
qui la plante dans le rocher avant de mourir.
Merlin
Tout comme dans les différentes légendes écrites, Merlin est un personnage central dans
Excalibur. C'est lui qui guide Arthur, qui l'aide à reconstruire le royaume. Il est à l'origine des
principales actions de l'histoire, comme la naissance d'Arthur ou la défaite de Mordred .
Malgré le fait que Merlin soit omniscient dans les légendes, il échoue à apporter la paix au
royaume. Selon Claudine Glot, cela vient du fait que Merlin ne comprend pas les instincts et
les sentiments humains, comme l'amour et la haine ; Boorman met cela en avant dans diverses
scènes, par exemple quand Arthur combat Lancelot et qu'Excalibur est brisée : Merlin est
étonné qu'une haine puisse aboutir à cette destruction. De même, Merlin n'avait pas prévu
l'adoubement surprise d'Arthur, et ne comprend pas pourquoi il tombe amoureux de
Guenièvre. Boorman explique que Merlin « est à la fois moins humain et plus humain que les
gens ordinaires. Il a un savoir et des pouvoirs extraordinaires, et pourtant il y a des choses
simples qu'il ne saisit pas ».
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Le dragon
Symboles de la Terre, les dragons ennemis blancs et rouges sont présents dans plusieurs
légendes arthuriennes.
Le concept du « dragon » apparaît à plusieurs reprises dans Excalibur. Toujours lié à Merlin,
il est le support de ses pouvoirs magiques, comme lors de la transformation d'Uther. Arthur
comprend qu'Excalibur « fait partie du dragon ». Merlin explique plus tard à Morgane
lorsqu'il lui fait découvrir le dragon : « Ici, toutes les choses sont possibles, et chaque chose
rencontre son opposé ».
La spécialiste en littérature arthurienne Claudine Glot explique que dans les légendes, les
dragons sont présents sous deux aspects : d'un côté, il s'agit du monstre que les chevaliers
combattent dans leurs quêtes, et de l'autre, il représente la Terre, la force du sol. Le dragon de
Boorman est plus proche du second aspect. En plantant l'épée dans la terre, Arthur provoque
une scission avec le dragon, et donc son lien avec la terre : c'est cela qui provoque l'infertilité
du royaume.
La chevalerie
La chevalerie apparaît tout d'abord sous la forme du tournoi auquel participe Kay, puis
lorsqu'Arthur est adoubé par Urien. C'est alors une version symbolique de la chevalerie : le
rituel est effectué sans préparatif, ni témoin religieux, et aucune épée ni éperon ne lui est
donné ; il ne s'agit pas d'une chevalerie institutionnelle.
Le héros chevalier n'est introduit qu'avec Lancelot, qui, suivant les règles du récit
merveilleux, apparaît sans explication, tout comme Perceval dans la forêt, quelques scènes
plus tard. Boorman, en n'expliquant pas les origines de Perceval, montre que le statut de
chevalier n'est pas lié à la naissance, et revient à l'idée que la chevalerie est un moyen de
promotion sociale, le héros accédant ainsi au statut mythique. Néanmoins, dans Excalibur,
tous les chevaliers savent monter à cheval, même Perceval, ce qui montre que le changement
de statut est tout de même lié à certaines conditions.
Une fois la Table Ronde créée par Merlin, ses membres ne sont plus des chevaliers errants en
quête d'aventure, mais sont à la recherche de l'unité. Paradoxalement, c'est ce qui va amener
un déséquilibre, et, si l'idée de quête et d'aventure resurgit avec le Graal, il est trop tard :
l'amour de Guenièvre et Lancelot est découvert, Merlin est enfermé sous terre et Mordred est
conçu. Les chevaliers échouent un à un, et seul Perceval s'en sort.
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