m oyens d`alerte m odernes
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m oyens d`alerte m odernes
M OYEN S D’ALERTE M ODERN ES * Depuis nos débuts aéronautiques, nous connaissons tous la fréquence d’urgence 121,5 MHz. C’est une fréquence sélectionnable sur toute VHF aéronautique qui permet de dialoguer afin de communiquer sur la nature du problème. Les balises d’urgence ELT embarquées à bord trafiquent sur cette même fréquence et les secours sont dotés de moyens gonio afin de repérer l’aéronef en détresse. * De plus en plus petites, les balises modernes ne pèsent que 300 g. 44 Annonces & Argus Tr op beau pour êt r e vr ai Tout pilote connaît donc ces principes de base qui sont censés permettre d’alerter les secours le jour où tout va mal. Mais entre la théorie et la pratique, la réalité d’aujourd’hui est bien différente. Ceux qui comptent sur la fréquence 121,5 MHz comme seul moyen d’alerte risquent en effet d’avoir un jour une mauvaise surprise. De la petite frayeur à la mort, l’échantillonnage des sanctions est, comme souvent, assez varié. Pour comprendre ces propos, il suffit de réfléchir. Chaque pilote connaît les limites de portée des émissions VHF. Ainsi, tout le monde admettra l’évidence : le dialogue sur 121,5 MHz au fin fond d’une vallée posera rapidement problème. Et les avions de ligne qui nous survolent ? Et les satellites de recherche ? Pour ces derniers, l’histoire est vite vue. Etant donné les limites inhérentes à la transmission sur 121,5 MHz et le grand nombre de fausses alertes, les satellites de recherche et de secours n’interprèteront plus ces signaux à partir de février 2009. Restera donc à partir de cette date le miracle de l’avion de ligne qui doit vous survoler quand vous vous trouvez au plein milieu de nulle part. Il est bien probable qu’à un moment ou un autre, votre message de détresse ou celui de la balise de votre aéronef sera bien détecté. Et il est aussi probable que quelques heures plus tard, des recherches seront en cours qui permettront également de vous retrouver, merci le bon vieux principe de la gonio, encore aidé actuellement par les satellites. Tout cela n’est pas bien grave quand il s’agit d’un AVIATION INTERNATIONAL Janvier 2006 simple atterrissage d’urgence en pleine campagne où tout s’est bien passé. Mais la situation risque d’être dramatiquement différente si des blessés nécessitent une assistance médicale rapide. Même topo si l’incident survient dans des conditions hostiles comme en pleine mer et à basses températures. L’expérience démontre que la mise en œuvre d’un sauvetage classique déclenché suite à un message sur 121,5 MHz requiert en moyenne quatre heures pour localiser le périmètre des personnes en détresse. De plus, les rapports d’accidents sont remplis de compte-rendus indiquant que la présence de la balise standard n’a pas permis de localiser l’aéronef en détresse. Pensez-vous toujours être bien avisé de mettre votre vie entre les « mains » d’une simple balise réglementaire ? Le cadr e légal en aviat ion légèr e En France, tout aéronef certifié doit disposer d’une balise fixe, connue comme ELT, déclenchant automatiquement un signal d’alarme en cas d’impact. Le signal modulé ressemble assez au bruit d’une sirène et peut être écouté sur toute VHF aviation. Sur les balises de dernière génération, il est possible d’encoder en plus un court message alphanumérique, généralement l’immatriculation de l’avion. Le déclenchement manuel est aussi possible. Et le tout se passe, vous l’aurez deviné, sur 121,5 MHz. Bien entendu, ces balises doivent être homologuées, ce qui se traduit par un choix assez maigre et une facture assez salée : comptez 900 € HT hors installation. Ainsi équipé, vous allez espérer l’arrivée des secours qui n’auront comme seul et maigre indice que le « OuiiiiOuiiiiiiii » de votre balise ou vos appels affolés passés par votre VHF portable. Le danger de cette situation est encore renforcé par le fait que la formation du pilote privé ne mentionne nullement les déficiences évidentes de ce système. Peu de clubs ou organismes de formation sont eux-même conscients de ce problème et ne peuvent de ce fait pas sensibiliser les pilotes. Ainsi, celui qui a tendance à faire confiance ne se posera jamais ces questions qui pourtant pourront se révéler essentielles un jour. Bien entendu, la majorité des vols seront couverts par ces fameux moyens rudimentaires, imposés par le législateur. Mais il est important de savoir que le taux des fausses alertes sur 121,5 MHz avoisine les 97 % ! Ainsi, les secours perdent souvent un temps très précieux avant d’intervenir, essayant de comprendre la réalité de la détresse. De plus, ces balises obligatoires déclenchent correctement dans seulement 12 % des crashs. Rajoutons qu’en date du 1er février 2009 les satellites de secours n’interprèteront plus les signaux de détresse sur 121,5 MHz. Vous devez aussi être conscient que seuls certains types de satellites pourront vous localiser par effet Doppler. Ainsi, le temps d’attente pour voir passer un « bon » satellite peut dépasser deux heures. En résumé : oui, la balise 121,5 MHz fera partie de l’équipement de votre aéronef car c’est obligatoire, mais ne lui faites surtout pas confiance ! C’est mieux que rien, mais guère. qu’une béquille de secours, mais qui a l’avantage de faire déjà partie de vos affaires, pour la plupart d’entre vous en tout cas. Si vous voulez être certain de pouvoir alerter les secours dans des délais courts, n’importe où dans le monde, une seule solution s’impose : la PLB. Avec le progrès spectaculaire de l’électronique des dernières années, le matériel est devenu de plus en plus petit et également de plus en plus abordable. Trois cent grammes de technologie pour 700 euros : cela vaut le coup, pour rester en vie ! PLB Le matériel ici présenté est fabriqué par ACR, une entreprise américaine. D’autres firmes comme McMurdo proposent du matériel similaire. Il s’agit d’une balise personnelle (Personal Locator Beacon) à déclenchement manuel. Nous testons pour vous la PLB-200, une balise de secours émettant sur 406 MHz comme sur 121,5 MHz. La PLB-200 dispose d’un GPS intégré. La PLB-201 est identique, mais sans le GPS. La différence de prix étant de seulement 100 €, il convient donc d’acheter la PLB-200, celle avec GPS. Le système Cospas-Sarsat utilise deux types de satellites. Des satellites en orbite terrestre basse altitude (LEO), qui forment le système LEOSAR, et des satellites en orbite géostationnaire (GEO), qui forment le système GEOSAR. Les alt er nat ives Les moyens les plus simples sont souvent les plus efficaces ! Dans notre cas, il s’agit des téléphones GSM. Pesant à peine 100 g et trouvant place dans toute poche de chemise, ces petites prouesses de la technologie moderne permettent de contacter les secours dans de nombreux points du globe. Mais en général, il suffit de s’éloigner de quelques nautiques de son terrain pour trouver des « trous noirs GSM ». L’avantage du téléphone portable réside donc dans le fait qu’il ne nécessite aucun investissement supplémentaire et que la communication est facile à condition de disposer d’un réseau. En composant le 112, numéro d’urgence international, l’opérateur vous met en relation avec les services de secours concernés. A l’aide d’un GPS portable, la transmission de la position est aussi précise que rapide. Cerise sur le gâteau, la possibilité de converser en full duplex permet un réel dialogue avec les secours. L’usage du GSM n’est pas réglementaire, mais cela marche diaboliquement bien à condition d’être dans une zone couverte ! Le côté aléatoire de ce problème de couverture réseau fait que cette solution n’est Annonces & Argus AVIATION INTERNATIONAL Janvier 2006 45 L’enregistrement de la balise au près des autorités peut se faire par un formulaire fourni avec la balise ou directement par Internet. Après enregistrement, vous recevrez un autocollant à apposer sur votre balise. Vous pouvez télécharger votre position à partir d’un GPS. Ainsi, vous réduisez le temps de localisation en cas de détresse. 46 Annonces & Argus La balise personnelle est livrée sans réels accessoires à part un clip permettant une fixation sur la ceinture. Mais nous préférons nous fier à la cordelette fournie pour disposer d’un lien solide entre l’homme et la balise. Le matériel se présente sous forme d’une boîte rectangulaire : 8 cm de large, 15 cm de haut pour une profondeur de 5 cm, cela ressemble à la taille d’un ancien téléphone cellulaire. L’ensemble est fabriqué dans un plastique ultrarésistant de couleur fluo permettant un repérage même lorsque la luminosité est très faible. Le boîtier est entouré d’un holster de protection rigide. Nos mesures sont hors tout, donc holster y compris. La balance de notre rédaction indique un poids total de 384 g. L’autre accessoire fourni est un câble spécifique, permettant de télécharger une position GPS dans la balise. Nous y reviendrons. L’antenne souple est en métal et entoure le holster, ce qui participe encore à la rigidité de l’ensemble, c’est ingénieux. Un petit cache en plastique protège les boutons de commande. Le bouton « Test » permet de déclencher le processus de vérification des composants. Le test dure environ deux secondes, le bon fonctionnement de tous les systèmes est confirmé avec deux clignotements d’une LED verte. L’autre bouton permet de vérifier le bon fonctionnement du GPS embarqué. Le fait d’appuyer sur les deux boutons déclenche l’émission du signal de détresse. Un bouton « Off » permet d’arrêter l’émission. Avant le déclenchement, il suffit de déplier l’antenne et de l’orienter vers le ciel. La batterie lithium intégrée a une durée de vie de 11 ans. Pour garantir un parfait fonctionnement de la balise pour au moins 24 h en continu, il est impératif de changer la AVIATION INTERNATIONAL Janvier 2006 batterie tous les cinq ans. Cette intervention, facturée 100 €, comprend également le remplacement des joints, la vérification de l’étanchéité et le contrôle de tous les composants. Une LED rouge et une LED verte renseignent sur le bon fonctionnement de la balise et permettent d’interpréter les tests. La balise est étanche à 5 mètres et flotte. La batterie comme les composants supportent le stockage à des conditions climatiques extrêmes. La présence d’un GPS interne permet donc d’envoyer immédiatement votre position sans qu’il soit nécessaire que le satellite vous localise par effet Doppler. Vous verrez plus loin que selon le lieu et le temps de votre détresse, plusieurs heures peuvent s’écouler avant qu’un satellite pourvu de la fonction Doppler ne passe au-dessus de vous. Mais un GPS qui n’a pas travaillé depuis des années doit d’abord télécharger les éphémérides actuels afin de se lancer dans le calcul de la position. Dans le pire des cas, surtout avec du matériel un peu ancien, cela peut durer plus d’une heure. ACR utilise une technologie propriétaire favorisant particulièrement ces démarrages à froid. Cela permet de réduire le délai d’acquisition de 30 secondes à plusieurs minutes. ACR indique un temps typique bien inférieur à cinq minutes, ce qui est une très bonne valeur. Dès le déclenchement de la balise, votre détresse est immédiatement transmise, mais la position ne sera bien entendu communiquée que lorsque le GPS l’aura précisément déterminée. Pour raccourcir ce délai, une interface optique, fournie avec la balise, permet de télécharger une position GPS récente dans la balise. Cela peut se faire à partir de tout GPS fixe ou portatif disposant d’une sortie à la norme NMEA. Ainsi, vous pouvez télécharger des infos GPS Un petit cache en plastique protège les boutons de commande. récentes dans la balise, par exemple juste avant une longue traversée maritime. De ce fait, en cas de déclenchement, le PLB-200 trouvera bien plus rapidement un point GPS. Comptez une moyenne de 20 secondes. Comment cela fonct ionne-t -il ? Cospas-Sarsat est un système de satellites conçu pour fournir des informations d’alerte et de localisation destinées à assister les opérations de recherches et de sauvetage (SAR), qui utilise des instruments spatiaux et des installations au sol pour détecter et localiser les signaux des balises de détresse émettant sur 406 MHz ou 121,5 MHz. La position de la détresse et les informations pertinentes sont transmises à des Centres de Contrôle de Mission qui alertent et coordonnent les secours. L’objectif du système est d’apporter, dans le monde entier, un soutien à tous les organismes responsables des opérations SAR, qu’elles soient maritimes, aéronautiques ou terrestres. Le système Cospas-Sarsat utilise deux types de satellites. Des satellites en orbite terrestre basse altitude (LEO), qui forment le système LEOSAR, et des satellites en orbite géostationnaire (GEO), qui forment le système GEOSAR. Les systèmes GEOSAR et LEOSAR sont donc complémentaires. Par exemple, le système GEOSAR peut fournir des alertes presque immédiates dans la zone de couverture du satellite GEOSAR, alors que le système LEOSAR fournit une couverture des régions polaires (qui sont hors de portée des satellites géostationnaires) et peut calculer la position des détresses avec une précision de plusieurs kilomètres en utilisant les techniques de traitement Doppler. LEO est aussi moins susceptible d’être affecté par les obstacles pouvant bloquer le signal d’une balise, étant donné le déplacement continuel du satellite par rapport à la balise. Le système Cospas-Sarsat détecte et localise les balises de détresse opérant à 121,5 MHz et à 406 MHz. Il est important de rappeler que la détection de la fréquence 121,5 MHz sera interrompue à partir du 1er février 2009 pour cause de trop nombreuses fausses alertes et de signaux d’une précision trop aléatoire. Les fréquences de la bande 406,0 MHz 406,1 MHz sont réservées exclusivement aux balises de détresse fonctionnant avec des systèmes par satellite. Les balises Cospas-Sarsat à 406 MHz ont été conçues pour être spécifiquement utilisées avec le système LEOSAR en vue d’en améliorer les performances par comparaison aux balises à 121,5 MHz plus anciennes. Elles sont plus perfectionnées grâce à leurs spécifications concernant la stabilité de la fréquence transmise et de l’inclusion d’un message numérique permettant la transmission de données codées telle que l’identification unique de la balise. Une deuxième génération de balises à 406 MHz est apparue dès 1997 permettant d’inclure dans le message à 406 MHz des données de position obtenues à partir d’un GPS. Cette caractéristique présente un intérêt particulier pour les alertes GEOSAR qui, autrement, ne seraient pas en mesure de fournir d’informations sur la position. Notons aussi que de nombreux autres satellites (météo, militaires, scientifiques) sont pourvus de récepteurs 406 MHz. Les satellites géostationnaires sont en orbite équatoriale à une altitude de 36’000 km ; leur période orbitale est de 24 heures, ce qui donne l’impression qu’ils sont fixes par rapport à la terre à une latitude Annonces & Argus L’antenne souple est en métal et entoure le holster, ce qui participe encore à la rigidité de l’ensemble, c’est ingénieux. AVIATION INTERNATIONAL Janvier 2006 47 Rajoutons qu’en date du 1er février 2009 les satellites de secours n’interprèteront plus les signaux de détresse sur 121,5 MHz. d’environ 0 degré (c’est-à-dire au-dessus de l’équateur). Un seul satellite géostationnaire fournit la couverture GEOSAR d’environ un tiers du globe, sauf pour les régions polaires. Par conséquent, trois satellites géostationnaires espacés régulièrement en longitude peuvent fournir une couverture continue de toutes les zones du globe comprises entre des latitudes de 70 degrés nord et 70 degrés sud. Etant donné que les satellites GEOSAR sont fixes par rapport à la terre, la fréquence reçue n’est pas soumise à l’effet Doppler et, par conséquent, la technique de localisation Doppler ne peut pas être utilisée pour localiser les balises de détresse. Pour fournir aux équipes de recherche des informations de position, la localisation de la balise doit être soit acquise par la balise au moyen d’un récepteur GPS et codée dans le message de la balise, soit dérivée du système LEOSAR par traitement Doppler. Cospas-Sarsat a démontré que les capacités de recherches et sauvetage des systèmes GEOSAR et LEOSAR étaient complémentaires. Par exemple, le système GEOSAR peut fournir une alerte presque immédiate dans l’empreinte du satellite GEOSAR : comptez une moyenne de deux minutes. Le système LEOSAR fournit en revanche une excellente couverture des régions polaires (qui sont au-delà de la portée des satellites géostationnaires), mais le temps d’alerte peut être d’une heure, voire un peu plus de deux. Une fois la réalité de la détresse confirmée et la position déterminée, les secours sont alertés et envoyés sur place. Quand les secours sont à proximité de la position, le signal d’urgence de la balise émis sur 121,5 MHz permet un homing précis par gonio. La première utilisation opérationnelle du Système Cospas-Sarsat par les services SAR a eu lieu le 10 septembre 1982 et a permis de sauver trois personnes suite à un accident d’avion survenu au Canada. Depuis lors, le système a été utilisé dans des milliers d’événements SAR et il a contribué au sauvetage de plus de 17’000 vies humaines dans le monde entier. L’enr egist r ement des balises Contrairement à une balise 121,5 MHz analogique qui émet seulement un signal d’alerte, la balise 406 MHz envoie un signal numérique qui comporte aussi l’identification individuelle de la balise. Le signal est complété par la position si la balise est dotée d’un récepteur GPS. Grâce à ce signal individuel de chaque balise, les autorités peuvent contacter le propriétaire de la balise. De cette manière, 95 % des fausses alertes sont immédiatement détectées. Il est donc logique que tout propriétaire de balise doive s’enregistrer auprès de l’autorité concernée. Il s’agit toujours de celle du pays correspondant au lieu de vente de la balise, peu importe le lieu d’utilisation. Dans le cas de la balise de la rédaction, cette dernière a été achetée aux USA. L’enregistrement se fait donc au près des autorités américaines. Cela peut se faire par un formulaire fourni avec la balise ou directement par Internet. Nous recommandons vivement cette dernière solution car elle permet une mise à jour facile des informations. Vous pouvez même indiquer des voyages spécifiques avec informations détaillées comme l’immatriculation de l’appareil, l’identité des personnes à bord ou d’autres éléments qui vous paraissent utiles. Ainsi, en cas 48 Annonces & Argus AVIATION INTERNATIONAL Janvier 2006 de réception du signal de votre balise, les secours peuvent immédiatement analyser la situation et adapter l’intervention en fonction de la situation. En cas de déclenchement accidentel, attendez-vous à un appel rapide de la part des autorités. Prenez le devant et contactez-les immédiatement si vous vous apercevez que votre balise a été activée accidentellement. Avant d’acheter une balise, renseignez-vous sur les démarches à effectuer dans le pays d’achat. Si celles-ci vous semblent compliquées ou dépourvues de bon sens ou si la mise à jour des informations sur Internet n’est pas possible, évitez l’achat de la balise dans ce pays et préférez-en un qui pratique une politique sécuritaire plus adaptée à la réalité. La solut ion des « grands garçons » Il faut savoir qu’ainsi équipé, vous disposez d’un moyen d’alerte similaire à celui utilisé à bord des avions de ligne et des grands avions d’affaires. En général, les avions de ligne sont pourvus de balises fixes à déclenchement automatique émettant sur 121,5, 243 et 406 MHz. Couplé au GPS de bord, la position est mise à jour en permanence. De plus, les avions de ligne sont pourvus de balises portatives comme celle que nous présentons dans notre article. Souvent localisée à l’arrière de l’appareil, c’est un PNC désigné qui est chargé d’emporter cette balise lors de l’évacuation d’urgence de l’avion. Bien entendu, les avions de ligne comme les grands jets d’affaires disposent aussi de liaisons HF, mais également de moyen de communication puissants par satellite. Ce sont des atouts supplémentaires qui ne permettent pas uniquement de donner l’alerte, mais aussi de communiquer sur la nature du problème et éventuellement de trouver des solutions permettant d’améliorer la situation. Mais là encore, depuis la démocratisation des téléphones satellitaires, une technologie similaire est accessible pour le privé voyageant avec son avion à pistons. Notre prochaine parution détaillera les possibilités actuelles. Le choix du mat ér iel dépend de la mission Dans certains cas, l’emport d’une seule balise de détresse peut sembler insuffisant. Un vol de Lille à Paris ne nécessite pas les mêmes précautions que la traversée de l’Atlantique du Nord en monomoteur. Pour nos vols quotidiens à travers le territoire national, la combinaison entre la balise ELT de votre avion et de votre téléphone portable assure un niveau de moyen d’alerte acceptable. Mais cela vaut surtout pour le pilote d’aéroclub ou le pilote occasionnel. Celui qui est propriétaire de son aéronef n’a aucune raison de se priver d’une balise 406 MHz. Ce sont 300 g qui peuvent rester dans l’avion et qui feront la différence le jour où tout ira mal. L’investissement de quelques centaines d’euros doit faire partie de l’équipement de l’avion, comme l’emport de bons casques et d’un GPS portable. En revanche, il serait mal venu de demander de telles dépenses à un jeune qui vient de rejoindre un aéroclub. Par contre, rien n’interdit au bureau du club d’avoir une bonne vision sécuritaire globale pour ses membres et de disposer d’au moins d’une balise mobile. Pour celui qui participe à des raids aériens ou autres aventures impliquant le survol de zones pas toujours hospitalières, l’emport d’une valise de communication de secours plus conséquente s’impose. Vous trouverez dans notre prochaine parution un article détaillant le contenu de cette fameuse « Pelican Case » de la rédaction. Terminons en disant que nous mettons du matériel de survie à votre disposition. Sous certaines conditions, cela peut même être gratuit pour vous ! Les modalités sont détaillées sur notre site www.aviation-international.aero. Dans tous les cas, analysez bien la nature de vos vols, le prix de l’équipement et la valeur de votre vie et de celle de vos proches. Il est vraiment dommage de mourir bêtement après avoir réussi un magnifique atterrissage d’urgence, faute de pouvoir alerter les secours… Ralph Clausson Annonces & Argus Le homig final se fait par gonio sur 121,5 MHz Celui qui est propriétaire de son aéronef n’a aucune raison de se priver d’une balise 406 MHz. Ce sont 300 g qui peuvent rester dans l’avion et qui feront la différence le jour où tout ira mal. AVIATION INTERNATIONAL Janvier 2006 49 e i v r u S Choisissez le bon matériel Dans notre dernière parution, nous évoquions les moyens d’alerte modernes. Il est évident qu’une balise de secours de dernière génération couplée à un GPS est l’arme l’ultime pour déclencher les secours. Mais en associant cette balise à un équipement plus complet, vous disposerez d’une solution globale. Selon votre mission Il va de soi qu’un vol VFR entre Paris et Lille en plein mois d’août ne représente pas les mêmes risques que la traversé de l’Atlantique Nord en monomoteur. Cependant, il ne faut pas croire que seuls les raids extrêmes et autres rallyes au bout du monde justifient un équipement de survie spécifique. La lecture de l’article dans notre précédent magazine a clairement mis en évidence les lacunes incontestables des balises réglementaires qui équipent nos avions. Souvent confrontée à des voyages sortant du cadre de la balade du dimanche, la rédaction dispose de valises de communication spécifiques au cas où... En fonction de nos vols, nous choisissons d’emporter la totalité du matériel, rien du tout ou une partie seulement. Cela dépend de nombreux paramètres comme la spécificité de la mission, mais aussi de la capacité 36 Annonces & Argus AVIATION INTERNATIONAL Février 2006 d’emport de l’aéronef. Inutile de préciser que vous n’emportez pas la même chose dans un biplace de voltige que dans un jet d’affaires. Peu importe la solution retenue : sachez que le contenu de nos valises n’obéit à aucune réglementation. Le choix du matériel est uniquement issu de notre expérience et de ce que nous considérons comme notre bon sens. Ce matériel ne vaut pas très cher, surtout en comparaison de l’investissement global d’un avion et de son coût de fonctionnement annuel. Certes, du matériel bien plus cher existe, mais il ne fonctionne pas forcément mieux pour autant. Il est d’ailleurs à noter que pour un budget très raisonnable, vous serez bien mieux équipé que les avions long-courriers des compagnies aériennes comme Air France. Donner l’alerte n’est que le premier pas Admettons que vous disposiez d’une balise portable 406 MHz avec GPS intégré comme décrite dans notre dernière parution. Il est donc fort probable que les services officiels seront au courant de votre détresse avec indication géographique précise dans les minutes qui suivront son déclenchement. Vous aurez donc les meilleures chances du monde pour que des secours soient à votre proximité dans des délais raisonnables. En effet, en tenant compte du nombre de véhicules terrestres, maritimes et aériens sous contrôle privé ou militaire, peu de régions vraiment désertiques existent encore sur notre planète. Même au fin fond de la glace arctique ou au milieu du désert, vous aurez de bonnes Survie La valise Pelican en plastique très résistant est étanche. chances de trouver une base militaire ou scientifique. Rien de plus frustrant alors que de voir les secours s’éloigner simplement parce que la localisation des derniers mètres a échoué. Une simple lampe torche fait des miracles en pleine nuit ou un petit miroir de signalisation de jour. A peut-être un euro pièce, dommage de s’en priver, non ? Imaginons un autre scénario. Votre avion a amerri, vous êtes dans le canot et vous avez déclenché la balise. La probabilité que votre signal soit intercepté et que vous soyez secouru est quasi totale. Mais selon l’endroit, tout cela peut prendre du temps, plusieurs jours dans le pire des cas. Et pendant que vous attendez, vous n’avez aucune certitude que les secours sont bien en route car, souvenezvous, la balise est un simple émetteur qui signale votre détresse mais ne permet pas aux secours d’entrer en contact avec vous. Et il n’est pas rare que tout cela se passe tout proche d’ une route maritime fréquentée. Forte de toutes ces réflexions, la rédaction s’est constitué une valise de secours. Aucun contexte légal, mais le simple bon sens et des considérations budgétaires ont abouti à un équipement que nous considérons à la pointe de la technologie actuelle sans pour autant être inabordable. Pelican Case Du matériel de détresse spécifique comme une balise de secours est robuste et étanche par définition et ne nécessite donc aucun emballage spécifique. Cela n’est en revanche pas le cas de tout notre équipement. Ainsi, l’acquisition d’une valise « indestructible » était inévitable. Nous avons opté pour une valise Pelican de taille moyenne, couleur jaune. D’un plastique très résistant, les valises Pelican sont étanches. Une mousse prédécoupée permet d’adapter l’intérieur Pour 20 € vous pouvez acheter une petite valise étanche comportant fusées de détresse comme pistolet de signalisation. aux dimensions de vos objets. Pour 60 €, ces valises sont disponibles un peu partout ; nous avons acheté la nôtre chez un shipchandler. Pour ne pas nous éparpiller, tout le matériel de communication se loge dans cette unique valise. Cela commence donc par notre fameuse balise 406 MHz. Vient un emplacement pour notre VHF aviation portable. Ce n’est donc pas une dépense supplémentaire mais un excellent moyen d’alerter des secours et surtout d’ entamer un dialogue dans l’ étape finale d’un sauvetage. Dans la même optique, nous avons dépensé 150 € pour acquérir une VHFmarine. C’est un moyen d’alerte Annonces & Argus AVIATION INTERNATIONAL Février 2006 37 simple et efficace pour celui qui est régulièrement confronté au survol maritime. Imaginez que vous soyez dans votre canot, balise déclenchée, puis vous voyez un cargo passer à quelques miles mais sans moyen de l’alerter : râlant, non ? Nos deux VHFsont étanches et résistent à une immersion d’ une demi-heure à un mètre de profondeur, ce qui convient bien à une situation de détresse en aviation. Souvent en voyage à des endroits où le GSM ne passe pas ou dans des pays où l’opérateur local n’a pas conclu un accord de roaming avec nos opérateurs français, la rédaction dispose de téléphones Iridium. De la taille des anciens portables, les téléphones Iridium s’appuient sur une technologie de 66 satellites en basse orbite initialement lancés par Motorola. Depuis un dépôt de bilan fracassant, le système a été repris par le Pentagone et par Boeing : l’avenir est donc assuré. Iridium est le seul système de communication satellitaire qui permet de communiquer en tout point sur le globe. Mais attention, quelques pays particulièrement désagréables comme la Pologne brouillent ces fréquences. Mais nous partons rarement en vacances en Pologne, ne faisons jamais des essais d’avions en Corée du Nord ; donc pas de problème pour nous ni pour la majorité de nos lecteurs... De nos jours, un téléphone Iridium vaut 1’ 500 €. Différentes formules d’abonnement sont proposées ainsi que des cartes prépayées. Mais le minimum 1 Le téléphone Iridium est le seul système de communication satellitaire qui permet de communiquer en tout point sur le globe. est fixé à 500 minutes, valables pendant 12 mois. C’est donc une option chère, mais qui vous permet le luxe de communiquer où que vous soyez sur le globe. Ainsi, vous serez donc en mesure de parler et il peut donc s’avérer utile de pouvoir communiquer oralement sa position où de communiquer par exemple des particularités médicales aux secours. Rien de plus facile car notre Pelican case contient aussi un emplacement pour notre GPS portable. Quasiment tout aviateur en dispose déjà, ce n’est donc pas non plus une dépense supplémentaire. Avec une valise ainsi garnie, il devient très difficile de ne pas pouvoir alerter et communiquer avec les secours. Mais il restait encore un peu de place dans notre valise Pelican et nous avons décidé de l’optimiser. Une petite découpe accueille notre PDA et une autre une antenne GPS Bluetooth. C’est du matériel qui habituellement nous permet de trouver notre chemin à bord des voitures que nous louons, merci le logiciel TomTom. Une fois de plus, pas de dépense supplémentaire, mais la sécurité d’un deuxième GPS et surtout l’accès à la totalité de nos carnets d’adresses, agendas et autres informations personnelles. Etant donné la taille des GSM actuels, quelques petits carrés de mousse en moins et voilà notre téléphone portable aussi à bord de notre valise de communication. Nous complétons les trous restants par deux petites torches LED et un miroir de 2 Balise 406 MHz. 5 GPS portable. 3 4 PDA et antenne GPS Bluetooth. 38 Annonces & Argus AVIATION INTERNATIONAL Février 2006 Survie 6 9 8 5 7 2 1 4 3 6 La VHF aviation portable, un excellent moyen d’alerter des secours et surtout d’entamer un dialogue dans l’étape finale d’un sauvetage. 7 Petite torche LED. 8 Téléphone GSM portable. signalisation. Il serait en effet bête qu’une splendide opération de secours déraille pour un simple problème de localisation des derniers mètres. Bien entendu, un tel équipement a un certain prix, mais personne ne vous oblige à disposer de l’ensemble de ce matériel. Une valise étanche avec un GPS portable, votre téléphone GSM et votre VHF portable et voilà déjà une petite valise de secours à investissement supplémentaire proche de zéro. Et même en optant pour une valise complète, le budget sera plus que raisonnable compte tenu des possibilités offertes. Il est aberrant de constater que la majorité des avions de ligne et autres grands jets d’affaires sont loin de disposer des mêmes possibilités. A méditer ! 40 € en plus ! Petite torche et miroir de signalisation, nous avons déjà évoqué le besoin de pouvoir signaler sa détresse. Dans cette optique, nous nous sommes à nouveau rendu chez le shipchandler. Pour 20 € pièce, nous avons acheté deux petites valises étanches comportant fusées de détresse comme pistolet de signalisation. Un sachet pour colorer l’eau est aussi compris tout comme des sifflets. Bien entendu, ce matériel n’est nullement homologué pour un usage aéronautique. Mais c’est justement cette nuance qui explique le tarif plus qu’abordable. La durée de validité est généralement de plusieurs années. Chaque valise est assez petite (30x20x6 cm) et de poids raisonnable. Notre balance affiche Annonces & Argus 9 VHF marine. AVIATION INTERNATIONAL Février 2006 39 1,6 kg pour les deux valises. Une solution idéale pour s’assurer d’être vu, que ce soit de jour ou de nuit. Boire et manger Pour 20 € pièce, nous avons acheté deux petites valises Orion étanches comportant fusées de détresse comme pistolet de signalisation. Un sachet pour colorer l’eau est aussi compris tout comme des sifflets. 40 Annonces & Argus AVIATION INTERNATIONAL Février 2006 Bien entendu, la gestion d’une éventuelle détresse ne se limite pas à la seule organisation de prévenir les secours. Selon les cas, plusieurs heures voire jours peuvent s’écouler avant de retrouver une table mise et un lit douillet. En attendant, le corps humain a besoin de boissons et de nourriture, tout en restant dans un environnement propice à son fonctionnement. Selon le lieu et le climat du point de détresse, le besoin en matériel varie donc grandement. Bon sens est donc encore une fois le mot clef pour gérer l’assurance des besoins primaires. Là aussi, il est très facile de faire dans l’efficace à petits frais. De l’eau en bouteilles, quelques barres de céréales ; cela se trouve partout et dépanne parfaitement pendant quelques jours. Rares sont les situations de détresse qui s’éternisent au-delà d’une semaine, surtout en considérant que vous disposez de tout le matériel nécessaire pour alerter les secours. Trouvables dans des magasins de sport mais également téléchargeables gratuitement sur Internet, vous trouverez des petits ouvrages traitant de la survie en milieu hostile (nous nous sommes procuré le nôtre chez notre shipchandler). Une bonne lecture pendant que vous attendez qu’on vienne vous chercher ! Survie Bon sens On ne le dira jamaisassezsouvent ! L’organisation des moyens d’alerte et de secours est surtout une affaire de bon sens. Notre article ne prétend pas donner réponse à chaque cas individuel. Mais il semble évident qu’avec un peu d’organisation et en se servant des moyens déjà existants, le niveau sécuritaire peut être considérablement augmenté. Avec des investissements très raisonnables, vous disposerez d’un équipement qui vous garantit les meilleures chances de raconter plus tard cet épisode à vos petits-enfants, tranquillement installé devant la cheminée un soir d’hiver. Mais pour que vous soyez paré au pire, n’oubliez pas d’inclure les procédures relatives à votre équipement de secours dans votre checklist d’urgence. Si au moment de la panne vous êtes en liaison radio avec le contrôle aérien, indiquez le matériel dont vous disposez. Il est également judicieux de communiquer ces informations sur le plan de vol. Si vous disposez d’ un logiciel éditant les plans de vol, vous pouvez par exemple préprogrammer l’identifiant de votre balise ou les numéros de votre GSM et de votre Iridium afin de lever le doute et d’optimiser l’ o rganisatio n des seco urs. Un peu de bon sens, un zest d’organisation et le tour est joué. Pour finir, indiquons qu’Aviation International met du matériel de secours à disposition de ses lecteurs. Il suffit de vous connecter sur notre site Internet www.aviation-international.aero pour réserver le matériel pour votre prochain voyage. Des gilets et canots sont également disponibles à la location, le tout à des tarifs préférentiels couvrant juste l’amortissement et l’entretien du matériel. Pour nos abonnés, la location est même gratuite pour des allers retours dans la journée. Philippe Bavière Spécifications et prix du matériel utilisé pour l’article. Produits Marque Téléphone Satellitaire Motorola Référence 9500 Largeur (mm) Profondeur (mm) Poids (en grammes) Prix moyen constaté (€) 157 65 62 406 1’500 Balise de détresse ACR 156 82 49 389 480 Téléphone portable Sony - Ericsson K750i 100 46 21 100 450 GPS Garmin 145 87 54 434 660 VHF M arine Uniden Voyager 114 68 42 259 150 VHF Aviation Vertex Vertex Standart Pilot 132 64 52 344 250 SiRFIII 72 43 24 68 135 #1930 L1 67 28 20 24 12 Antenne GPS Bluetooth SysOnChip PLB-200 Longueur (mm) 196 M ini Lampe Pelican Ordinateur de poche Palm Tungsten T5 120 76 16 162 300 Valise Pelican #1400 CASE 340 295 152 1’212 60 Valise Orion 302 204 55 983 20 302 204 55 843 20 Valise Orion Coastal Alert Locate Marine Signal Kit Cruiser 12-Gauge Marine Signal Kit ± 4’000 Valeur totale Annonces & Argus AVIATION INTERNATIONAL Février 2006 41 ENQUÊTE LES MOYENS DE SECOURS Nos dernières parutions avaient traité le sujet des balises de détresse et autres moyens de communication pour alerter les secours. Notre enquête voulait aussi montrer le « bon exemple » des grandes compagnies aériennes comme des entreprises de charter. Notre constat laisse songeur ! 32 Annonces & Argus La réglementation et le bon sens Quand nous avons débuté notre série d’articles relative aux moyens d’alerte des secours, nous avons commencé à présenter la technologie des petites balises portatives modernes. Peu onéreuses, très fiables, elles permettent de donner l’alerte dans les meilleurs délais. Mais rapidement, nous nous sommes aperçus que la présence d’une de ces balises n’est qu’un premier pas dans la bonne direction. Il est vrai que le signal numérique encodé est un moyen aussi simple qu’efficace de donner l’alerte, mais il ne permet en aucun cas d’établir une réelle communication avec les secours. Ce constat a débouché sur un deuxième article, traitant des divers moyens de communication. VHFportables, téléphones satellitaires, nous avons fait le point sur la situation. Il en ressortait que pour un budget compris entre 2’ 000 et 4’ 000 €, vous po uvez dispo ser d’ une valise de seco urs vous permettant de donner l’alerte puis de communiquer avec les secours. Et cela 24h sur 24, 365 j sur 365 et bien entendu partout dans le monde, régions du pôle y compris. Il convient de rajouter que de nombreux pilotes disposent déjà d’une bonne partie du matériel compris dans cette valise : la facture sera donc en réalité bien inférieure. AVIATION INTERNATIONAL Mars 2006 entendu, la réglementation en vigueur pour les privés n’impose que le strict minimum, à savoir la présence d’une balise fixe, émettant sur 121.5 MHz. C’ est une bonne chose car aucune loi n’est censée imposer le bon sens. C’ est donc certainement avec naïveté que no us avo ns suppo sé que les co mpagnies aériennes comme les ténors du transport à la demande disposaient de matériel à la pointe de la technologie. Mais nenni ! Nous avons donc voulu savoir, car vous êtes nombreux à voyager aussi avec des avions de ligne ou à affréter des jets privés. Air France et Co Magazine français, il est évident que nous nous sommes en priorité adressés à Air France. Et là, stupéfaction. Après plus d’un mois et de nombreuses relances, la compagnie nationale est incapable d’indiquer le matériel présent à bord de ses avions. Les réponses du service presse sont aussi nébuleuses que visiblement fausses. On nous parle de « balises 406 MHz, dont la fiabilité n’est pas prouvée ». En revanche, Air France est formelle en indiquant qu’aucun autre moyen de communication de secours n’est présent à bord de ses avions. Les balises dont ils sont équipés sont d’ancienne génération et n’intègrent pas de GPS. Après plusieurs mois d’enquête, la société Air France n’est pas capable de fournir des informations cohérentes, ce qui nous réduit à des spéculations. En interrogeant plusieurs commandants de bord, le brouillard se dissipe un peu. Il semblerait que les avions d’Air France DES GRANDES COMPAGNIES disposent de balises émettant sur les trois fréquences d’urgence internationales ; l’absence de GPS est confirmée. Les pilotes indiquent que ces balisent se trouvent à l’arrière de l’appareil et que c’est le chef de cabine qui doit veiller à ce qu’elles trouvent leur chemin à l’extérieur de l’avion dans le cas d’une évacuation d’urgence. Le personnel navigant indique n’avoir jamais reçu de formation concrète par rapport à ce matériel, pas plus qu’il n’en a eu sur le principe de fonctionnement des satellites Cospas-Sarsat. Une fois de plus, la manière française de former des pilotes est sévèrement mise en cause. Même le simple examen du pilote privé comporte des formules mathématiques dépourvues de tout intérêt dans la pratique. Dans la formation du pilote de ligne, le nombre de formules explose, mais des sujets d’un réel intérêt pratique sont royalement ignorés. L’Etat avec son système de formation est clairement montré du doigt, mais même des entreprises réputées comme Air France ne semblent pas capables de déceler ces lacunes flagrantes. Plus que déçus par la performance de la compagnie nationale, nous décidons de faire appel à la rigueur germanique. Dring dring, téléphone, la Lufthansa à Francfort est au bout du fil. Même pas une heure après, nous sommes impressionnés, un email d’Allemagne apporte une réponse à nos questions. La Luft dispose donc de deux balises par avion, ce qui est d’ailleurs requis par la réglementation. Il s’agit d’un matériel britannique de l’entreprise Techtest. Il s’agit du modèle 500-12, un engin ancien que nous allons encore rencontrer dans d’autres compagnies. C’est également une balise trifréquence et la Lufthansa indique qu’elle est pourvue d’un moyen de communication radio intégré. La réponse est juste et nous précisons que cela fonctionne sur 121.5 comme 243 MHz. Aussi lucide qu’honnête, le transporteur germanique précise la portée limitée de ce moyen de communication. Mais visiblement, aucun autre matériel n’est présent à bord des Airbus et Boeing de l’entreprise allemande. En revanche, il est à noter que la rédaction d’Aviation International a réussi à instaurer un véritable dialogue avec la Lufthansa et nous avons l’impression que les personnes concernées se penchent sérieusement sur la question. Mais qu’il s’agisse d’American Airlines ou d’Ibéria, il est impossible d’obtenir des informations sérieuses. Tout laisse donc penser que la grande majorité des transporteurs aériens se satisfait des contraintes réglementaires régissant le domaine du transport public. « La balise est obligatoire, donc nous l’emportons », semble être la devise du métier. Il est hallucinant de constater qu’aucune compagnie questionnée ne s’est sérieusement souciée du problème. Nous décidons donc d’étendre nos investigations dans le milieu du transport à la demande. Notre premier appel va chez NetJets. Par définition, l’entreprise vend des avions en propriété partagée, mais il faut admettre que la majo rité des clients ne sont pas familiarisés avec le milieu aéronautique. Pour eux, acquérir 1/16 d’un jet n’ est qu’ un autre terme po ur Annonces & Argus Les balises dont les avions d’Air France sont équipés sont d’ancienne génération et n’intègrent pas de GPS. AVIATION INTERNATIONAL Mars 2006 33 Les Falcon sont pourvus de série de canots de survie qui contiennent des balises Elta ELT ADT 406. Au moins deux balises sont présentes à bord de chaque avion. désigner leur engagement à utiliserun avion pendant une période annuelle prédéfinie. L’entreprise de Warren Buffet déclare haut et fort que ses standards de sécurité élevés sont bien supérieurs à ceux de nombreux opérateurs de charter : c’est un véritable argument commercial de NetJets. Soit, mais en ce qui concerne le matériel de communication en cas d’urgence, nous retrouvons la fameuse balise Techtest 500-12, déjà connue par la Lufthansa. Visiblement, le fabricant britannique semble bien implanté dans le milieu du transport commercial. Mais une énième lecture des caractéristiques techniques de cette balise nous fait toujours aussi froid dans le dos. L’engin ne dispose même pas d’une flottabilité positive, il suffit donc d’une petite maladresse pour le voir disparaître à tout jamais au fin fond de l’océan. En revanche, NetJets prouve que l’organisation est bien structurée et les dossiers suivis. L’accès à l’information est facile. Notons aussi que NetJets met ses techniciens en rapport avec nos journalistes, le dialogue se fait donc entre gens qui parlent le même langage. D’ailleurs, nous sommes persuadés que des entreprises comme Air France emploient du personnel parfaitement capable d’analyser une telle problématique. Mais le service presse ne semble pas pouvoir les trouver et en tout cas ne réussit pas à nous fournir des informations cohérentes. Cela laisse supposer qu’à de nombreux autres niveaux,la communication interne ne fonctionne pas non plus, ce qui peut expliquer certains désastres qu’Air France a connus ces dernières années. Nous décidons d’ interroger Flying Group. D’origine belge, l’entreprise a connu une grande expansion ces dernières années et a su s’imposer comme poids lourd sur le marché européen de l’affrètement de jets à la demande. La réponse est une véritable histoire belge. Flying Group indique que leur service technique n’a pas de temps à consacrer à une recherche dans les manuels d’avions et sur le site web des constructeurs. Flying Group indique qu’il aurait 34 Annonces & Argus AVIATION INTERNATIONAL Mars 2006 été plus simple pour nous de nous informer en premier lieu chez les constructeurs des avions et des balises et de consulter tous leurs « parts numbers » et configurations. L’opérateur indique que ses avions volent dans le monde entier et de ce fait, il n’est certes pas évident d’aller vérifier à bord ce que nous demandons. Nous restons pantois et préférons croire à une farce, car il semble inconcevable qu’un opérateur doive consulter des sites Internet ou fouiller dans les entrailles de ses appareils pour connaître le type de matériel embarqué. En conclusion, les Belges ne sont pas capables de nous informer du type de matériel qu’ils utilisent et, faute de le connaître, cela ne nous permet pas d’aller chercher l’information chez les constructeurs, comme ils le suggèrent... Mais Flying Group enfonce le clou et indique : « Non, nos balises ne disposent pas d’un GPS intégré (le but étant d’être retrouvé (ELT) et non pas de savoir où l’on se trouve). » Visiblement, nos braves Belges ignorent tout de l’intérêt d’une balise de secours pourvue d’un GPS interne, qui permet de transmettre la position géographique exacte de la détresse aux secours. Mais ce n’est pas fini, car l’opérateur indique ne pas être sûr que son matériel transmette sur les 3 fréquences (121.5, 243, 406 MHz), « mais de toute façon, dans quelque temps 406 MHz restera la seule fréquence de secours globale. 121.5 et 243 vont disparaître. » Erreur grave à nouveau ! Il est parfaitement exact qu’à partir de 2009, les satellites de la constellation CospasSarsat interpréteront uniquement les signaux 406 MHz, mais cela n’empêche pas que la localisation finale, le homing sur les derniers mètres, se fera encore pendant longtemps sur 121.5 MHz par simple principe de gonio. Disons que d’autres opérateurs comme TAG Aviation n’ont pas été en mesure de nous répondre et cela vaut aussi pour Airbus dont le service presse à Blagnac n’a pas été capable de nous fournir les réponses quant à un éventuel équipement d’origine des avions. Cela est désolant car le consortium européen ne vend pas seulement des avions de ligne mais essaye aussi de s’implanter sur le marché des avions privés. Pour poursuivre dans cette logique, nous consultons également Dassault. L’accès à l’information est facile et le service presse a l’excellente idée d’organiser une conférence téléphonique avec un spécialiste. Ainsi, l’information est claire et précise. Les Falcon sont pourvus de série de canots de survie qui contiennent des balises. Au moins deux balises sont présentes à bord de chaque avion. Dassault précise qu’il s’agit de balises Elta ELT ADT 406, mais n’est pas en mesure de confirmer le modèle exact embarqué à bord de ses appareils. Mais quoi qu’il en soit, les deux références chez Elta (406 S et 406 AP) sont trifréquence et ne disposent pas de GPS interne. Aucun autre moyen de communication n’est fourni de série, mais Dassault est tout à fait capable de s’adapter aux demandes particulières des o pérateurs. Il est à noter que Dassault a été la seule entreprise visiblement consciente des possibilités des équipements disponibles sur le marché à ce jour. L’avionneur a parfaitement raison en indiquant que son rôle est de fournir un avion complet et de pouvoir proposer toutes options utiles. La décision d’emport de matériel mobile est plus du ressort de l’opérateur, nous partageons ce point de vue de Dassault sans aucune réserve. La confection d’une valise de secours doit dépendre des spécificités opérationnelles individuelles de chaque exploitant : il ne s’agit pas de matériel fixe lié à la conception de l’avion. Dassault indique que le niveau sécuritaire de ses triréacteurs est très élevé, donc les besoins en matériel de secours ne sont pas les mêmes que pour celui qui traverse l’Atlantique Nord en monomoteur. Une fois de plus, nous sommes d’accord. Mais Dassault abonde dans notre sens en indiquant que la présence de matériel complémentaire comme un téléphone satellitaire ou un GPSportable ne pourra qu’aller dans la bonne direction. Beaucoup de bon sens donc de la part du constructeur français, qui prouve que sa vision de l’aviation est bien globale et ne se limite pas seulement à la conception de machines fabuleuses. Techtest 500-12 C’est bien ce modèle qui est souvent cité. Nous faisons donc un rapide point sur ce matériel. Nous sommes en présence d’ une balise de détresse étanche de classe 2. Cela veut dire que ce matériel est homologué pour émettre pendant au moins 24 heures à des températures pouvant descendre jusqu’à -40° C. Cette balise est homologuée JTSO & C126 Cospas-Sarsat. Mais comme déjà indiqué, ce matériel ne flotte pas, ce qui est plutôt gênant. Autre point négatif, l’absence d’un GPS intégré. De ce fait, en cas de déclenchement, la balise se contente de diffuser le code numérique propre à chaque appareil. La localisation se fait donc obligatoirement par satellite Leosar utilisant l’effet doppler. Selon la position et l’heure de la détresse, plusieurs heures peuvent s’écouler avant qu’un Leosar survole l’endroit sinistré. En optant pour une balise avec GPS intégré, la position de la détresse est immédiatement communiquée et récupérée par les satellites géostationnaires (Geosar), on parle d’une localisation qui se fait généralement en quelques minutes. Disons aussi que de nombreux satellites autres (météo, communication, recherche) écoutent sur 406 MHz et transmettent les signaux d’urgence, mais toujours sans fonction de recherche doppler. Notons que Techtest propose également un matériel similaire, cette fois pourvu d’un module GPS : il s’agit de la 500-27 GPS, légèrement plus chère mais dont les compagnies ne semblent par comprendre l’intérêt évident. Bon point en revanche pour la 500-12 : sa capacité à établir des communications radio. Mais cette fonction voix est limitée aux fréquences 121.5 et 243 MHz. Il n’est donc pas possible d’entrer tout de suite en contact avec les secours, une fois la détresse signalée par la balise. Mais au moins, cette fonction de la Techtest 500-12 permet d’alerter navires ou avions qui se trouvent à proximité. C’est moins bien qu’un téléphone satellitaire, mais bien mieux qu’un sifflet... Le tarif public affiché pour ce matériel approche les 3’000 €. Cela est environ quatre fois plus cher que certaines balises modernes qui intègrent un GPS. La prétention ne se substitue pas au matériel Notre petite enquête nous a laissés bien perplexe. Dans leur grande majorité, les compagnies aériennes comme les opérateurs charter se bornent à fournir des réponses du style « nos avions sont équipés du meilleur matériel disponible et le haut niveau de nos équipages garantit une utilisation sans faille de ces dispositifs de haute technologie ». Ce ne sont pas des réponses humbles, adaptées au milieu aéronautique, mais plutôt des informations prétentieuses. Ce n’est pas avec de telles chevilles qu’un pilote privé a de grandes chances de devenir vieux pilote ! Dans tous les cas, nos reporters ont cherché un véritable dialogue. Il n’était nullement question d’enfoncer telle ou telle entreprise. Mais là aussi, Des opérateurs comme TAG Aviation n’ont pas été en mesure de nous répondre et cela vaut aussi pour Airbus dont le service presse à Blagnac n’a pas été capable de nous fournir les réponses quant à un éventuel équipement d’origine des avions. le fonctionnement des structures de ces grandes entreprises laisse à désirer. Par définition, le service presse est une fenêtre vers l’extérieur. Si une firme ne souhaite pas dialoguer avec l’extérieur, le risque de s’enfermer dans l’autosatisfaction est grand. Non, les journalistes ne sont pas tous des imbéciles et la presse spécialisée peut tout à fait initier des débats constructifs. Bien entendu, notre rédaction compte aussi le fameux « pilote du dimanche » Annonces & Argus AVIATION INTERNATIONAL Mars 2006 35 Pour moins de 700 €, vous trouvez des balises modernes avec GPS intégré, homologuées Cospas-Sarsat. dans ses rangs, mais d’autres membres sont des pilotes de ligne en activité ou à la retraite. Gammes Airbus, Boeing mais aussi Focker, Dash et même Concorde : notre rédaction est bien variée. Mais tous ont un point commun : ils aiment l’aviation, pratiquent l’aviation générale et souhaitent participer à la pérennité d’une passion commune. Le dialogue n’est donc pas le point fort des compagnies, mais heureusement, il y a aussi des exceptions. Chez NetJets, il était bien visible que notre interlocuteur avait parfaitement analysé la situation et était bien au courant des possibilités offertes par le matériel divers proposé sur le marché. Bien aussi la Lufthansa où les différents services ont donné l’impression de véritablement s’intéresser au sujet et excellente réaction de Dassault qui prouve une fois de plus sa position dominante sur le marché. Bon sens et réglementation Un autre trait caractéristique des compagnies est de se réfugier derrière le règlement. « Nos avions comme le matériel de secours sont conformes aux no rmes en vigueur. Voyez do nc avec la direction de l’aviation civile si vous estimez que le matériel est insuffisant », fut une autre perle relevée au fil de la conversation avec Air France. Nous restons sans voix. Si l’aviation se limitait au seul respect de la réglementation, des centaines de morts seraient à déplorer tous les jours ! Heureusement qu’au quotidien, pilotes, mécaniciens comme ingénieurs font preuve de bon sens, ce qui permet d’aboutir à une situation globalement satisfaisante. Il faut aussi relativiser : avec le haut degré de fiabilité des avions actuels, la probabilité de se retrouver un jour dans un canot de sauvetage au milieu de l’Atlantique est devenue extrêmement faible. Mais faible ne signifie pas pour autant nulle, ce qui explique d’ailleurs la présence de canots et de balises à bord des avions. Dans notre dernière parution, nous vous avons présenté la valise de secours de la rédaction. Avec un budget similaire à celui d’une balise Techtest 500-12, nous disposons d’un matériel bien plus performant. Bien entendu, le privé n’est pas soumis aux mêmes contraintes réglementaires que les transporteurs publics. Certaines 36 Annonces & Argus AVIATION INTERNATIONAL Mars 2006 balises homologuées Cospas-Sarsat ne disposent pas « du tampon qui va bien » pour se trouver à bord d’un avion de ligne. Cela vient du fait que le fabricant n’a tout simplement pas tenu à investir des sommes colossales dans une certification sans réelle issue commerciale vu les accords historiques entre opérateurs et fabricants. Ainsi, il faut souligner que la majorité des avions commerciaux volent avec du matériel certifié mais obsolète, ne voulant pas investir dans du matériel moderne. Comparaison avec résultat couru d’avance Imaginons donc le cas où équipage et passagers se trouvent dans les canots, l’avion ayant sombré suite à l’amerrissage. L’équipage pourvu d’une balise Techtest 500-12 ou similaire actionne le signal. Celui-ci est immédiatement détecté par les satellites, mais la localisation peut durer plusieurs heures en l’absence d’un GPS interne. Dans le cas de balises comme l’ACR PLB200 homologuée Cospas-Sarsat utilisée par la rédactio n, la lo calisatio n se fait généralement en moins de cinq minutes car le signal numérique émis ne contient pas seulement l’identifiant de la balise, mais également la position calculée par le GPS intégré. Mais rien de plus bête que d’attendre des secours se trouvant à des milliers de milles si, au même instant, vous voyez un navire filer à l’horizon ! L’équipage pourvu d’ une 500-12 peut donc contacter ce navire sur 121.5/243 MHz. Une fois le contact établi, la localisation finale se fait par des indicatio ns du style « no us so mmes dans vos neuf heures à environ 10 nm ». Pas très académique et peu réalisable pendant la nuit. Dans le cas de notre valise, nous disposons de deux VHF portables, dont une marine. Canal 16 sélectionné et nous voilà aussitôt en contact avec le navire. Mais en attendant, nous avons sorti notre GPS portable de la valise étanche et sommes en mesure de donner une position précise. Voyons maintenant la même situation, mais sans le navire à l’horizon. L’équipage avec sa Techtest est donc réduit à attendre l’arrivée des secours. Sans moyen de communication à longue portée, ils ne peuvent pas communiquer sur les détails de leur mésaventure. Pour notre part, nous sortons notre téléphone satellitaire Iridium de notre valise et nous voilà en contact avec l’ interlocuteur de notre choix. Ainsi, nous pouvons donner des informations spécifiques comme « malade à bord nécessitant un médicament précis ». Le résultat de la comparaison n’est donc pas comme à Vincennes car il n’y pas photo ! Pour un investissement comparable, nous disposons d’une véritable solution de communication d’urgence, tandis que les « grands » travaillent souvent avec du matériel désuet depuis longtemps. Il faut se souvenir que les premières balises avec GPS sont sorties en 1997 ! L’argument du coût pour renouveler toute une flotte n’est pas non plus valable, sachant que même des avions flambant neufs sont toujours dotés de ce matériel de technologie ancienne. De plus, il faut savoir que de nombreux opérateurs commerciaux ne disposent que d’une seule balise, qui, je vous le rappelle, ne flotte même pas. Donc, si celle-ci vient à tomber à l’eau suite à une maladresse, les naufragés se voient amputés de leur seul moyen d’alerte ! Cela vaut aussi si ce machin unique tombe simplement en panne. Rajoutons l’effet psychologique : disposant seulement d’une balise qui émet, aucune information n’est disponible pour savoir si le signal a bien été capté et si les secours sont en route. Ce n’est pas le cas si un moyen de communication vous permet d’avoir confirmation que le processus de secours est bel et bien enclenché. A ce titre, il faut savoir que les balises 406 MHz disposent d’ une fonction test, permettant d’envoyer un signal de vérification aux satellites. Les constructeurs des balises conseillent d’actionner ce test une fois par mois. Un petit voyant vous informe que la procédure s’est bien déroulée, mais rien ne permet de vérifier si le signal a bien été capté. L’autorité Cospas-Sarsat prévoit en revanche de développer une fonction sur son site Internet permettant à l’utilisateur enregistré de vérifier si le signal encodé « Test » a bien été reçu. En attendant, il est possible de placer un récepteur radio calé sur 99.5 MHz à quelques centimètres de la balise. Tout essai même sans codage test est autorisé pendant les cinq premières minutes de chaque heure. Mais ce bricolage indique seulement que votre balise émet, il n’y a pas d’accusé de réception. Il est donc désolant de constater que notre rédaction, disposant de moyens bien plus modestes que les grandes compagnies, a su s’équiper plus efficacement, le tout à un budget raisonnable. Bien entendu, notre fameuse valise jaune n’est pas adaptée pour un usage dans une compagnie aérienne et certains composants ne sont pas homologués pour une utilisation commerciale. Mais il serait facilement possible de décliner ce principe pour créer une solution industrielle vu les milliers d’avions commerciaux en service. Il ne faut pas beaucoup pour disposer d’une solution réellement opérationnelle : balise moderne avec GPS, VHF émettant sur bande aéro comme maritime avec GPS et téléphone satellitaire type Iridium. Vu l’immense marché, il est tout à fait envisageable de fabriquer du matériel intégrant plusieurs fonctions. Mais même avec un tas de composants séparés et pas toujours pourvue du matériel le plus adapté (nous avons aussi puisé dans nos stocks pour ne pas exploser notre budget), notre valise Pelican plus que complète ne pèse que 3 kg pour des dimensions modestes. Sa place, juste à côté du canot de survie, permet une évacuation facile. Avant chaque vol un peu critique, nous sortons la balise de la valise pour la mettre dans notre blouson, tout en fixant sa lanière à notre vêtement. En cas de problème, nous aurons donc dans tous les cas la balise et, si tout va bien, le canot et la valise aussi. Tout notre matériel est étanche et flotte. C’est du simple bon sens, ni plus, ni moins. Vous êtes donc prévenu Après lecture de notre article, vous êtes donc renseigné sur le matériel présent à bord des avions commerciaux. C’est donc ainsi que votre sécurité sera assurée si votre Piper est en révision et que vous prenez Air France ou si vous affrétez un Challenger 604 parce que votre CitationJet a de trop courtes pattes pour une mission définie. Le très haut niveau de sécurité à bord de ces vols est réel, mais n’est certainement pas procuré par l’équipement de communication d’urgence. Mais en attendant, vous pouvez tout à fait vous poser la question sur votre propre équipement. A chacun de choisir quelle voie il souhaite emprunter. La rédaction, particulièrement soucieuse de la sécurité des aviateurs et souhaitant participer à cette sécurité, a décidé de mettre tous les articles de cette série gratuitement sur notre site Internet www.aviation-international.aero Tous ceux qui n’auront donc pas pu lire les précédentes éditions consacrées à ce sujet pourront télécharger ces articles sans frais sur leur ordinateur. Ces fichiers sous format PDF peuvent être lus sur tout ordinateur. Tenant compte de la particularité de ce dossier, Aviation International vous autorise aussi à transmettre ces fichiers à d’autres pilotes, dépassant ainsi le cadre de la copie privée autorisée par la loi. Ceci ne vaut bien entendu que pour les trois articles de cette série, parus dans nos éditions de janvier, février et mars 2006. Peut être ce sujet donnera-t-il envie à un ingénieur talentueux de se pencher sur la question afin de proposer une solution cohérente aux intéressés. Notre valise « bricolée » montre que c’est clairement possible. Pays d’ingénieurs, la France devrait bien être capable de développer un tel outil. Accessoirement, cela pourra générer la création d’une entreprise et de quelques emplois. Avec un peu de chance, l’administration se montrera coopérative, car il faut savoir que de nombreuses belles inventions n’ ont jamais vu le jour à cause des coûts et procédures d’homologation prohibitifs. Mais rien n’interdit de se doter d’un matériel homologué puis de le compléter par quelques autres « bricoles de bon sens ». La vie de vos passagers en dépend et accessoirement la vôtre aussi ! La Lufthansa dispose de deux balises par avion, ce qui est d’ailleurs requis par la réglementation. Il s’agit du modèle 500-12, matériel britannique de l’entreprise Techtest, un engin ancien que nous avons aussi rencontré dans d’autres compagnies. Philippe Bavière Annonces & Argus La DGAC, questionnée à ce sujet, renvoie à l’arrêté du 12 mai 1997 dont voici un extrait : (b) Des canots de sauvetage en nombre suffisant pour transporter l’ensemble des personnes se trouvant à bord. A moins de transporter un nombre supplémentaire de canots de sauvetage d’une capacité suffisante, la flottabilité et la capacité au-delà de la capacité nominale des canots doit permettre d’accueillir l’ensemble des occupants de l’avion en cas de perte d’une des embarcations ayant la plus grande capacité nominale. Les canots de sauvetage doivent être équipés de : (1) une balise lumineuse de survie ; (2) et un équipement de survie, comprenant également les moyens de se maintenir en vie, adapté à la nature du vol qui doit être entrepris (Voir AMC OPS 1.830(b)(2)). (c) Au moins deux émetteurs de localisation d’urgence de survie (ELT(S)), capables d’émettre sur les fréquences prescrites par l’annexe 10 de l’OACI, Volume V, Chapitre 2 (Voir AMC OPS 1.830(c)). La DGAC précise : « Les fréquences prescrites sont : 121.5 et 406 MHz » et ne fait donc pas mention de la 243 MHz. Obligatoire ou pas, peu importe, il est vrai que le bon sens vo udrait que l’ alerte so it do nnée sur 406 MHz et que 121.5 MHz subsiste pour le homing final. AVIATION INTERNATIONAL Mars 2006 37