Dossier Peinture à l`huile

Transcription

Dossier Peinture à l`huile
Dossier Peinture à l’huile.
Comme promis, voici quelques trucs et astuces pour s’initier à la peinture à l’huile.
Pour vous faciliter la tâche, une petite table des matières s’impose.
1.
Le lieu
2.
Matériel de base
3.
La peinture – Quelle peinture choisir ???
4.
Les produits
5.
Le support
6.
Techniques
7.
Derniers conseils
8.
ENJOY !!!
I.
Le LIEU
Ca a l’air un peu idiot comme titre, mais vous comprendrez tout au long de votre périple de
peintre qu’avoir un endroit bien à soi pour créer est déterminant pour la qualité de vos œuvres.
Préférez un endroit bien éclairé, ventilé et CALME… Un garage ou une cave est à proscrire, à
moins que vous n’ayez envie de vous offrir des migraines. En effet, la lumière artificielle
(néons p.ex.) conjuguée aux douces senteurs de la térébenthine, White spirit ou huile de lin
vous soignera très vite de votre envie de peindre.
Voilà, vous avez choisi votre lieu de détente, félicitations !
Le lieu par excellence est une véranda (chauffée) ou un grenier avec de grandes fenêtres style
velux. Si vous êtes un oiseau de nuit comme moi, des halogènes et des bougies fourniront la
lumière nécessaire – ATTENTION AUX BOUGIES ! Un feu dans un atelier, ça ne pardonne
pas ! Ayez toujours un extincteur de voiture dans la pièce, on ne sait jamais. Certes, on ne
fabrique pas de nitro, mais les produits sont inflammables. Si vous êtes fumeur comme moi,
méfiez vous des cendres qui tombent par terre, car elles tombent TOUJOURS dans LA flaque
de médium renversée par mégarde une heure plus tôt ;-))
Dans le but de vous éviter des crises à répétition de la part de vos parents (si vous vivez
encore chez eux) ou de votre moitié, veillez à protéger le sol avec du vinyle, tapis, etc… là où
vous peindrez. Placardez aussi des posters sur les murs proche de votre chevalet. Quand on
est lancé dans une création, il arrive parfois qu’un geste ample envoie de la peinture voltiger
dans tous les coins. Ne riez pas, ça m’est déjà arrivé ^^.
Une ou deux étagères pour ranger vos livres, revues, matériel etc… sont nécessaire, croyezmoi. Une publicité pour une marque de cigarettes bien connue disait « Art is everywhere » et
c’est tout à fait vrai. Prenez des photos de lieux qui vous semblent insolites, collectez tout ce
que vous aimeriez bien peindre un jour… Après quelques années, vous retomberez sur des
images ou des objets que vous avez collecté et qui seront du plus bel effet couchés sur une
toile.
Pour finir, ayez une paire de chaussons ou pantoufles exclusivement réservées à votre atelier.
La peinture à l’huile colle très bien à la semelle, et généralement vous vous en rendez compte
quand vous avez fait trois fois le tour de la maison (aie ! aie !).
Un peu de musique pour agrémenter le tout, et vous êtes parés à devenir le nouveau Georges
Braque des temps modernes.
Tout est prêt ? Okay, on y va. Passons au matériel de base.
I.
Matériel de base
Une petite recommandation pour débuter : N’achetez PAS de matériel pro!!! Si vous devenez
accro à la peinture, il sera encore temps de vous le faire offrir pour Noël ou votre anniversaire
(hihihi !!!)
Il y a néanmoins deux ou trois petites choses sur lesquelles il ne faut pas faire d’économies :
les pinceaux – le fusain – le matériel de nettoyage.
J’y reviendrai plus tard.
Pour le reste, achetez le meilleur marché que vous pouvez trouver et faites-vous vos propres
expériences.
Commençons par le début.
a. Le GESSO :
Ce produit est essentiel pour assurer une durée de vie dans le temps à vos œuvres.
C’est la base absolue sur laquelle vous peindrez. Que ce soit sur du bois, de la toile
préparée ou brute, vous devrez toujours commencer par ce produit.
Il s’agit d’une peinture acrylique blanche que l’on étend sur la surface où l’on va
peindre. Son élasticité permettra un bon maintient de la peinture à l’huile sur le
support.
Vous l’étendrez sur votre support avec une brosse
. Achetez la de bonne
qualité, car les modèles bon marché perdent leurs poils et se mélangent au gesso, ce
qui est une catastrophe si on fait de la peinture de précision (cela met du relief sur le
support).
Si vous n’avez pas envie d’acheter du gesso, qui est assez coûteux parfois (selon le
vendeur), il suffit d’acheter dans un Mr Bricolage (ou magasin du genre) un pot de 20
litres de peinture acrylique blanche (murs et plafonds p.ex.) et 200ml de colle à bois
blanche. Mélangez bien le tout et zou, du gesso tout neuf… Je l’ai déjà utilisé sur des
grandes surfaces et ça marche du tonnerre.
b. Le FUSAIN :
Toute toile commence par un dessin. Si vous voulez peindre un modèle ou faire
une copie, c’est à partir d’un dessin au fusain qu’il faudra procéder. NO PANIC!
Il ne faut pas être un dessinateur hors pair pour réussir sa toile ! Il faut juste
dessiner les « cases » où vous mettrez les couleurs de base de votre peinture.
Ca a l’air compliqué dit comme ça, mais c’est simple, regardez l’exemple suivant :
Je veux faire une copie de « glass on a table », de Georges Braque. Voilà
l’original :
Mon travail au fusain (j’ai indiqué les étapes) :
Je n’ai pas encore terminé le travail au fusain, car j’étais pressé de tester un
nouveau mélange… C’est exactement l’exemple qu’il ne faut pas suivre ^^lol^^
Prenez votre temps. Plus le dessin est complet, plus facile vous aurez à suivre les
bonnes teintes de l’original.
c. Les PINCEAUX :
Il existe deux types principaux de pinceaux. Les brosses et les pinceaux.
Je vous présente la
BROSSE (ou pinceau plat) :
Comme vous le constatez, les poils forment un plat. Différentes tailles existent. Inutile de
prendre toute la gamme, vous verrez que vous n’en utiliserez régulièrement que deux ou trois
tailles (à vous de tester ce qui vous convient). La matière qui compose les poils sont soit du
porc (poils blancs), de la martre (noirs ou bruns) soit du synthétique (poils oranges) ou de la
soie. Il y a toute une panoplie pour les différentes techniques (huile, aquarelle, acrylique,
etc…). A ce sujet, je ne vous dirais qu’une chose : Rien à battre ! Utilisez ce qui vous
convient, testez et faites-vous plaisir !!! Si vous avez envie de peindre avec vos orteils, c’est
vous et vous seul qui le décidez. Mélangez les couteaux, pinceaux, brosses, peu importe leur
forme ou taille.
La deuxième famille est le PINCEAU proprement dit. Se caractérise par sa forme pointue :
Les puristes diront : Mais c’est un pinceau à aquarelle ! Oui, c’est vrai. Et bien tant pis si ça
ne vous plait pas, mais je ne fais pas de différence, et connaître l’emploi officiel d’un type de
pinceau ne fera jamais de vous un bon peintre ^^. A chaque situation son pinceau, en fonction
de l’envie et du goût de l’artiste.
Il faut juste les tester pour voir avec lequel on arrive au résultat que l’on désire.
Pour l’anecdote, j’ai déjà utilisé de la peinture à l’huile (super diluée) avec un AIRBRUSH,
c’est dire si les enclaves d’utilisation d’un matériel ou un autre sont surfaites.
Une troisième sorte d’outil est aussi à mettre en avant : les COUTEAUX.
Ils servent aussi à peindre ;-) Faites une petite recherche « peintures au couteau » sur google
(images), et vous verrez les résultats qu’on peut obtenir avec cet outil. C’est rapide et
pratique.
III.
La peinture – Quelle peinture choisir ?
Nous voilà déjà arrivés à la troisième partie.
C’est ici que je vais me faire des ennemis. Les peintres sont généralement attachés à leur
marque, et toutes les autres selon eux sont de mauvaise qualité (pour rester poli).
Rassurez-vous ! En général, elles se valent.
Evidemment, si vous achetez un kit débutant pour enfants, vous risquez d’être
désagréablement surpris. Evitez aussi les peintures retrouvées dans le grenier qui
appartenaient à bon papa. Leur emballage en plomb est NOCIF, et la peinture sera sèche ou
en très mauvais état (petits morceaux durcis). C’est la meilleure façon de se dégoûter de la
peinture.
Pour un débutant (et même un non débutant d’ailleurs), une marque comme Georgian est
excellente. Elle ne coûte pas cher et est de bonne qualité, bien que je regrette parfois que la
concentration en pigments ne soit pas supérieure dans certaines teintes.
Pour faire vos fonds de base (je vous expliquerai ça dans les techniques, un peu plus loin), elle
est parfaite. D’autres marques sont du même genre, tels que pebeo, amsterdam, etc.
Achetez-les de préférence en tube de 200ml. Si vous devez sortir un billet de 20€ pour un
tube, laissez tomber.
Les couleurs qu’il FAUT avoir dans sa musette sont :
Bleu outremer (ou de prusse) + brun ombre brûlée pour faire du noir. Vous avez obtenu un
bon mélange quand, en lui ajoutant un peu de blanc sur une feuille de test, un beau gris
apparaît. Si trop de bleu -> bleu clair en résultat. Si trop de brun -> brun clair en résultat.
Terre de sienne
Bleu ciel (ceruleum)
Jaune de Naples (pour les effets de lumière) + un jaune de votre choix (citron, c’est très bien)
Rouges (cadmium et permanent)
Verts (deux ou trois sortes, selon votre palette)
Blanc de titane
Vous voilà bien armés pour faire vos débuts.
En plus de ces couleurs, vous pouvez acheter (ou vous faire offrir) des couleurs plus flash,
dans le genre violet, turquoise ou autres de base pourquoi pas. Pour ces couleurs
« spéciales », il faut passer à un niveau supérieur de qualité. Personnellement, j’utilise de
l’ISARO (www.isaro.be). Je n’ai encore trouvé aucune autre peinture de cette qualité sur le
marché, et j’ai utilisé un bon paquet de marques. Une pointe sur le pinceau et elle pigmente
vraiment très fort. Pour exemple, j’ai fait une toile de 100x100 cm avec du bleu de Prusse en
fond, et je n’en ai utilisé qu’un quart de tube de 38ml. Rapport qualité/prix exceptionnel.
Van Gogh ou Rambrant sont pas mal non plus, mais ça ne vaut pas de l’Isaro.
Ceci dit, c’est à vous et votre portefeuille à gérer vos achats. Quand on peint par pur plaisir
(sans les vendre), c’est comme tout autre passe temps, ça a un coût.
IV.
LES PRODUITS
C’est le gros point négatif de la peinture, je trouve. On est obligé d’utiliser des produits qui,
dit franchement, ne sentent vraiment pas bon.
D’expérience, je vous assure qu’il faut avoir la main légère avec ces produits, c’est plus sain
pour votre santé et pour l’environnement. Hé oui, quand on a fini de rincer les pinceaux, il
faut bien se débarrasser des déchets, et mère nature déteste le chimique…
Nous achèterons donc dans une grande surface (ou de bricolage) :
De l’essence de térébenthine (1 litre)
De l’huile de lin (1 litre)
Du White Spirit (5 litres)
Avec ça, vous tiendrez 2 ans, et ce n’est pas vraiment cher. Le WS servira aussi à nettoyer
vos pinceaux. Ne lésinez pas ! Au prix de ceux-ci, un peu de WS en plus est une petite
dépense...
Nous allons faire notre premier mélange, le plus important de tous : le MEDIUM.
Dans une bouteille vide (genre Vittel à capuchon 50cl), versez ¼ d’huile de lin. Ajoutez ¾
d’essence de térébenthine.
Félicitations, vous avez votre médium. Si vous oubliez un jour vos pinceaux, c’est pas grave,
vous pourrez toujours peindre avec vos doigts. Mais n’oubliez jamais votre médium ! ^^
A QUOI CA SERT ?
Le médium permet de diluer la peinture tout en conservant sa teinte, contrairement au White
Spirit qui dilue la peinture ET la teinte. Je vous conseille de faire un test sur une feuille
cartonnée. Essayez avec à gauche du médium et à droite du WS. Vous comprendrez la
différence et ne l’oublierez plus. L’explication complète est un peu plus loin dans le dossier
(techniques).
V.
LE SUPPORT
Les toiles :
Coton ou lin (préparées ou non),
Mix entre les deux,
Cartonnées (toiles collées sur un carton rigide de + 5mm)
Autres supports :
Carton, papier cartonné, bois, toiles brutes (jute)…
Vous pouvez essayer sur d’autres supports. Gardez à l’esprit que la peinture doit « tenir », ne
pas se décoller. Si vous désirez peindre sur de la toile brute sans Gesso, c’est possible. Il
faudra alors faire une préparation de colle de peau (vendue au kilo, sous forme de granules)
qu’il faut chauffer au bain-marie avant de l’étendre sur la toile. Cela permettra d’utiliser la
couleur de la toile (brune) comme fond.
On peut acheter des rouleaux de toile non préparées. Le problème, c’est qu’il faudra les
tendre sur un cadre, et ce n’est pas facile du tout.
Au sujet de la palette, vous en trouverez de toutes tailles et de toutes formes dans le
commerce, autant en bois qu’en plastique. Moi, j’utilise des assiettes en carton (vendues par
paquet de 100 en grande surface). Je n’aime pas passer mon temps à gratter les palettes après
emploi.
VI.
TECHNIQUES
Si vous espérez que je vous enseigne le surréalisme ou l’impressionnisme, désolé ! Je n’en ai
aucune envie… Rien de tel qu’apprendre par soi même.
Ce que je veux vous donner, c’est un chemin à suivre. A vous de tracer la route.
Qu’est-ce que je vais bien pouvoir vous apprendre alors ? La technique de base pardi !
Allons-y.
Vous avez mis le Gesso ou la colle de peau sur votre toile. Le dessin au fusain est terminé.
Maintenant, il va falloir mettre la couleur de base sur votre future Œuvre majeure ^^.
Prenez du White Spirit, et mélangez-le avec la peinture choisie.
Dans les « cases » correspondantes à la couleur que vous avez dilué, badigeonnez sans avoir
peur de déborder. C’est de la peinture légère, quasi une eau forte. Vous pourrez peaufiner
avec de la peinture dite « grasse » (ou non diluée) une fois que toute la toile sera peinte avec
la peinture diluée.
Ceci fait, le travail de longue haleine va commencer.
Imaginez que votre fond de base dilué est l’esquisse du travail. Gardez toujours cette teinte de
fond comme référence à la peinture grasse, c’est plus facile.
Vous pouvez diluer la peinture sur la toile même, grâce au médium. Faites vos mélanges sur
votre palette (avec un couteau p.ex.), et prévoyez-en assez pour l’entièreté de la toile, car une
fois qu’un mélange est fait, il est assez difficile, voire impossible d’avoir exactement le même
mélange de couleur. Vous pouvez conserver ce mélange dans des petits pots à capuchon, tels
que les boites à film photo ou les pots à gélules vitaminées. Mettez toujours un peu de
médium (quelques gouttes) dans le pot, histoire que la peinture ne durcisse pas. Evidemment,
il ne faut pas rêver, cette manière de procéder ne vous permettra pas de conserver votre
mélange pendant des mois…
Avoir du relief dans la toile, c’est normal. Une couche de peinture peut-être plus épaisse à
certains endroits et plus fine à d’autres. Si vous faites ça avec du bleu de Prusse par exemple,
les couches fines auront la couleur bleu de Prusse, mais les couches épaisses seront noires…
Cela vous donne une infinité de possibilités.
Les peintures que j’appelle « planes », autrement dit sans relief, sont souvent faites par
« glacis ». La technique du glacis prend un temps considérable. En fait, ce sont des dizaines
de couches de médium (parfois moins) légèrement pigmenté qui se superposent sur une base
de peinture opaque et sèche. Cela donne un magnifique effet de profondeur à la peinture.
Par exemple, un fond sec de rouge de cadmium avec un glacis vert émeraude donne un très
beau gris. Je vous conseille de le tester au moins une fois, histoire d’être convaincu ou
dégoûté ;-)
Le médium utilisé pour le glacis est un peu plus riche en huile de lin que le médium normal.
Faites un mélange de 1/3 huile pour 2/3 d’essence de térébenthine.
Je pense qu’il y a moyen d’en parler pendant des pages et des pages, mais il faut bien s’arrêter
à un moment. De toute manière, on aura le temps d’en discuter sur le forum…
VII.
Derniers conseils
Mon professeur me disait : « Se conformer à l’art académique, c’est élever des barrières à la
création ». Autrement dit, l’Académie et les cours ne sont là que pour vous permettre de
comprendre et de tester des techniques qui pourront vous aider dans la création de vos
œuvres. J’ai été autodidacte pendant près de 15 ans, et les techniques que j’ai apprises plus
tard à l’Académie m’ont seulement ouvert à d’autres points de vue, d’autres manières
d’appréhender la peinture et l’utilisation du matériel.
Apprenez donc les grandes lignes, mais ne vous laissez pas diriger comme un mouton. Ce
que vous couchez sur la toile est l’expression de votre liberté, et l’enfermer dans des règles
strictes n’aura comme effet qu’une castration de la création, qui, pour finir, semblera
incomplète et peu convaincante. Je ne dis pas que les œuvres qui sortent de l’académie sont
mauvaises ou nulles, mais quand une école ou académie réussit à apposer sa « touche » dans
les œuvres des peintres qui les ont fréquentées c’est, à mon avis, dommageable pour la libre
création.
Ne vous inquiétez pas de savoir quel courant est important ou pas. Peignez comme vous êtes,
sans fioritures ni but. Ce n’est pas la critique qui fait l’art ou l’artiste, mais le temps qui
passe. Laissez une trace de votre passage, intéressez-vous à ceux qui l’ont fait avant vous,
discutez avec d’autres artistes (Internet est une source inépuisable), laissez-vous emporter par
le flot créatif qui explose dans tous les coins de la planète et SURTOUT :
VII.
A m u s e z – v o u s !!!
Bonne amusement à tous et toutes.
Steff Lambrecht
[email protected]
http://users.belgacom.net/steffsart