Téléchargement
Transcription
Téléchargement
N°7 E ditorial SEPTEMBRE 2009 CHERS MEMBRES, CHERS AMIS, J’espère que cet été qui s’achève aura été pour nombre d’entre vous l’occasion de joyeuses retrouvailles en famille ou entre amis, avec le soleil et sa chaleur si bienfaisante en ces temps de crise et d’inquiétude. Lors de notre dernière assemblée générale, nous vous avions fait part de nos préoccupations conMichel SCHELLER, cernant le financement des activités de notre associprésident de la 3AF ation : nécessité impérative de doubler le nombre de nos adhérents en 3 ans, tant personnes physiques que morales. Concernant les personnes morales, notamment les adhésions de PME/PMI, je crois pouvoir dire, après le dernier Salon du Bourget, que nous sommes sur la bonne voie. Quant aux personnes physiques, nous comptons toujours beaucoup sur vous, tant il est vrai que si chacun parrainait un nouvel adhérent, notre défi serait aisément atteint, sinon dépassé. Nous vous avions fait part également de nos craintes concernant des difficultés conjoncturelles de notre trésorerie et cela, malgré des objectifs en passe d’être tenus et des perspectives budgétaires parfaitement saines. Ces craintes se sont confirmées en Dans ce cette fin d’année 2009, mais j’ai le plaisir de vous annoncer que, suite à notre appel aux membres individuels et collectifs, votre réponse généreuse a La vie des groupes donné à la 3AF l’assurance qu’elle disposera du fonds régionaux de roulement nécessaire à la poursuite de l’ensemble de ses activités. Nous avons surmonté cette difficulté grâce à une mobilisation extraordinaire, d’abord de La vie des commissions nos salariés, des membres du bureau et du bureau techniques élargi et du conseil d’administration, mais surtout de vous, adhérents qui avez fait des dons, réglé votre cotisation 2010 en avance, accepté de marquer votre intérêt aux manifestations d’envergure en Chroniques aéronautiques N° p1-7 p9-10 p11-16 cours, par un soutien financier non envisagé auparavant, ou de verser en avance de phase un montant significatif d’un soutien déjà décidé. Au nom de l’Association Aéronautique et Spatiale de France, et en mon personnel, je remercie très chaleureusement tous ceux et celles qui ont bien voulu affirmer avec force leur attachement à la 3AF et leur souci de sa pérennité. S’agissant des membres collectifs, nos principaux soutiens, administrations, institutions, industriels, m’ont fait part de leur volonté d’engager une discussion approfondie sur leur relation avec la 3AF, qui aborderait ses perspectives stratégiques, sa structure et ses sources de financement. Voyant dans cette proposition l’opportunité pour chacune des parties de refonder des relations créées parfois il y a plusieurs décennies, j’ai proposé la tenue d’« Etats Généraux » de la 3AF, qui se tiendront le 17 novembre prochain. Ces « Etats Généraux » permettront de préciser, grâce notamment aux contributions que vous voudrez bien nous faire parvenir1, notre positionnement dans un univers multiforme où coexistent sociétés savantes, pôles de compétitivité et académies. Optimiste de nature, sans être naïf, je peux vous dire, chers amis, que j’ai confiance en l’avenir de notre association. Mais sachez que la 3AF, ses performances, son rayonnement et au fond, la perception qu’en ont ceux et celles sur qui nous comptons, repose en très grande partie sur votre engagement personnel. Aussi, ne risquez de décevoir, engagezvous. La 3AF compte sur vous. Michel SCHELLER, Président de la 3AF 1. Je vous remercie d’adresser vos réflexions à Jacques SAUVAGET, notre délégué général au rayonnement E-mail : [email protected] – Tél : 01 56 64 12 30/06 47 60 94 46 N°7 – SEPTEMBRE 2009 L A VIE DES GROU PES RÉGIONA U X Bordeaux-Aquitaine Le Groupe Bordeaux-Aquitaine a sorti le deuxième numéro de sa nouvelle gazette « L’AQUITAIN ». Nous saluons cet événement en publiant quelques extraits choisis qui témoignent d’une action forte en direction de la jeunesse. Editorial La première édition de l’Aquitain a été un succès et voici, déjà, le deuxième opus… Bordeaux n’a pas été retenue pour être capitale européenne de la culture en 2013, dommage, mais une nouvelle grande manifestation se profile à notre horizon : « 2010, Centenaire de l’aéronautique » ! Le projet « Bordeaux Fête l’Aéronautique et l’Espace », initié par notre groupe Jeunes, s’intègre désormais dans ce projet. Le Comité de pilotage est en place et nous en faisons partie. Le programme, en cours d’élaboration, doit se dérouler sur une année. Par ailleurs, nous accueillerons en 2010, l’Ecole d’été de la Communauté des Villes. Ariane à l’ENSAM de Bordeaux Talence, qui rassemblera pendant un mois des étudiants en provenance des grandes villes européennes sites d’industriels partenaires du programme Ariane 5. Notre action à destination de la jeunesse est de plus en plus forte, et nous répondons avec dynamisme, et toujours avec plaisir, à toutes les sollicitations de l’Education Nationale pour informer, aider les jeunes dans leurs divers projets. C’est une action-clé de notre association. Enfin, comme le souhaite notre groupe Jeunes, nous démarrons une action de parrainage des étudiants par des « anciens » pour renforcer les liens intergénérationnels ! L’opération démarre et fera l’objet d’une nouvelle rubrique dans l’Aquitain… Le Président du Groupe Régional Jean-Louis CULLERIER OPERATION PARRAINAGE Sous l’impulsion de son antenne Jeunes, le groupe Bordeaux Sud-Ouest lance une campagne de parrainage dont le but est de mettre en relation un étudiant 3AF et un membre actif en poursuivant les objectifs décrits dans la charte ci-dessous. Vous êtes étudiant et vous recherchez un parrain : FAITES VOUS CONNAÎTRE, envoyez-nous une lettre de motivation ou contactez le bureau Jeunes. Vous êtes actif et vous souhaitez devenir parrain : FAITES Charte Parrainage étudiants/actifs 3AF Objectif : Guider l’étudiant dans ses choix, le conseiller, lui permettre d’avoir un regard réel sur le marché du travail et la vie en entreprise, approfondir ses connaissances des métiers de l’aéronautique. Missions : 2 • construire une relation durable entre l’étudiant et le parrain ; • développer un réseau dans le but d’être informé des opportunités de stages ou de carrières. Actions : • du filleul : – informer son parrain de son évolution ; – apporter à son parrain une vision sur les formations actuelles en aéronautique, le parcours qu’il a suivi et qu’il suit. • du parrain : – conseiller l’étudiant dans son parcours ; – partager avec son filleul son expérience professionnelle ; – être un référent réseau. VOUS CONNAÎTRE, contactez-nous ou entrez directement en relation avec les étudiants intéressés. Cela vous permettra de mettre votre expérience professionnelle au service des autres et de vivre une expérience humainement très enrichissante. VISITES ET RENCONTRES Rencontre à l’IUT génie mécanique de Bordeaux 1 (29 janvier 2009) Une matinée à la rencontre des étudiants de 1ère année de l’IUT génie mécanique de Bordeaux 1. Au travers d’une conférence retraçant la constitution du pôle balistique et spatial aquitain ainsi que son évolution jusqu’à nos jours, les étudiants ont pu s’imprégner de l’histoire aéronautique et spatiale de notre région. Puis la rencontre entre les jeunes étudiants et des acteurs locaux, anciens de l’IUT, fut l’occasion de découvrir la richesse de notre tissu industriel régional et les métiers auxquels il fait appel. Une matinée constructive qui s’inscrit dans le panel d’actions que la 3AF mène pour accompagner les projets des jeunes élèves et étudiants. Claude MOTEL Dassault-Aviation Mérignac, le 6 novembre 2008 Nous avons commencé par visiter la chaîne d’assemblage Falcon 900EX (tri réacteur, 4500 NM, 8 passagers) : assemblage de toutes les parties de l’aéronef (fuselage, empennage, ailes, moteur, train d’atterrissage, avionique). Nous avons ensuite visité l’assemblage Falcon 2000DX (biréacteur PW308, 3250 NM, 6 passagers), Falcon 7X (tri réacteur PW307, 5950 NM, 8 passagers) et enfin le Rafale (biréacteur M88), plusieurs configurations pour l’Armée de l’Air (biplace, monoplace) et pour la Marine (monoplace avec train d’atterrissage renforcé ainsi que diverses modifications pour les appontages). La visite a été très concluante et nous a permis de découvrir une face cachée de Dassault-Aviation. S. POIRRIER, Antenne Jeunes Sabena Technics, le 5 mars 2009 Nous avons été très chaleureusement accueillis par M. Jean-Cristophe MARIDAT, Vice-Président, Directeur Commercial des projets gouvernementaux internationaux qui nous a tout d’abord fait une présentation du groupe TAT Sabena technics. Sabena technics est le 2ème MRO (Maintenance Repair and Operations) indépendant en Europe. Elle a 80 ans d’expérience. Elle emploie 3300 personnes sur 15 sites dans le monde (Bordeaux, Dinard, Paris, Nîmes, Marseille, Brussels, Monastir, Louisville, Phoenix, Miami, Martinique, Singapore, Jakarta, Papeete, Noumea). tenance de la gamme Airbus. Au cours d’une visite de près de 2 heures nous avons pu mesurer l’ampleur des moyens mis en œuvre tels que les hangars et les outillages, et la gamme très large d’appareils en cours de traitement : A330, A340, Hercules C130, Embraer 145. On ne peut que regretter le très mauvais temps ce jour-là qui a empêché de prendre la traditionnelle photo de groupe. Une visite passionnante et nous remercions encore tout le personnel de Sabena technics. A très bientôt ! Elle propose plusieurs services : • Integrated : tous les services (maintenance, modification…) permettant à une compagnie de ne s’occuper que de l’exploitation commerciale de l’avion ; • Airframe : réparation structurale ; • Component : maintenance de tous les systèmes avions ; • Training : formation du personnel pour des qualifications avions ; Sarah et Mathieu • Military : contrats avec l’armée. Antenne Jeunes Le site de Sabena Technics de Bordeaux est le centre de compétence de la main- Marseille Provence CONCORDE et L’INNOVATION UNE CONFÉRENCE D’ANDRÉ TURCAT, PRÉSENTÉE À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU GROUPE MARSEILLE PROVENCE, LE 27 MARS 20091 André TURCAT évoque ses souvenirs de pilote d’essais de Concorde en prenant comme fil conducteur le haut degré d’innovation de l’appareil et en émaillant son propos de nombreuses et pittoresques anecdotes personnelles. L’innovation lui apparait en effet comme une nécessité pour les grands projets et Concorde en est un excellent exemple. A l’époque de la naissance de cet avion, entre 1950 et 1960, de nombreux prototypes expérimentaux voient le jour et en particulier les premiers appareils à aile delta dont les Gerfaut I et II de la SFECMAS et Nord Aviation, que le conférencier a pilotés. Il convient de se rappeler que le développement de Concorde s’est situé à mi-chemin entre les débuts de l’aviation à 100 Km/h et l’époque actuelle : Il y avait donc une audace certaine à vouloir emporter 100 passagers à travers l’atlantique à MACH 2 ! dinateur, était très difficile d’autant plus qu’on se trouvait en présence de contraintes thermiques sévères dues à l’échauffement cinétique (au moins 120° C à MACH 2) en surface alors qu’à l’intérieur de la structure et le carburant qu’elle contient sont encore froids. A la descente, au contraire, se produit une inversion des températures, chaude à l’intérieur et froide à En 1960, le Président de Sud Aviation l’extérieur. Se posaient également de Georges HEREIL lance le projet d’une redoutables problèmes d’aéroélastiCaravelle supersonique et en 1962 cité et de modes vibratoires qui nécesaprès de nombreuses tergiversations sitèrent de mettre en œuvre des intervient un accord Franco-britannique essais sol très développés avec pour le programme de cet avion, partagé l’Onera, reproduisant les structures pour moitié entre Sud Aviation et British vibratoires et les amortissements ; Aerospace Corporation pour la cellule et – dans le cadre d’une plus grande effiRolls Royce et Snecma pour la motorisacacité en masse, on abandonne les tion. Les innovations nées à l’occasion liaisons rivetées pour des renforts de ce lancement ne manquent pas et le structuraux intégrés, usinés chimiqueconférencier montre qu’elles découlent ment ou usinés sur machines outils à logiquement les unes des autres : copier puis à commande numérique – d’abord, la voilure delta spéciale qui dont c’est une première application est choisie, très élaborée en profil et d’envergure ; évolution de l’épaisseur. Au passage, – un alliage spécial d’aluminium résistant le conférencier rend hommage à particulièrement au fluage est déveLucien SERVANTY, Directeur du loppé : l’AU2 GN, pour mieux s’adapter Bureau d’Etudes de Sud Aviation qui en aux variations de températures : une particulier fit prévaloir auprès des coopresse géante de 650 000 tonnes est pérants britanniques, l’aile «ogivale» ; implantée à ISSOIRE pour mettre en – le calcul des structures par éléments forme les éléments de cette structure en panneaux auto-raidis ; finis, en l’absence, à l’époque, de l’or- 1. article paru dans la gazette de mai-juin 2009 du Groupe Régional Marseille-Provence L A VIE D ES GROU PE S RÉ GIONAUX Merci à Dassault-Aviation Mérignac et à Monsieur LACOMBE pour nous avoir reçu, mais aussi à la 3AF de nous avoir permis de visiter ces entreprises. A quand la prochaine ? 03 N°7 – SEPTEMBRE 2009 L A VIE DES GROU PES RÉGI ONA UX 04 roue par roue a été installée. Enfin un parachute de freinage de secours était destiné à pallier un incident majeur de freins. – des progrès substantiels ont été réalisés dans le domaine des instruments de bord en rassemblant de nombreuses données sur un seul instrument. Concorde devait répondre à la fois aux normes britanniques et aux normes françaises, différentes et, de plus, mal adaptées à ce type d’avion, c’est pourquoi de nouvelles normes plus évoluées ont dû être élaborées. – la visibilité vers l’avant pour les manœuvres au sol s’avérant impossible sans artifice, on essaie au départ une caméra de télévision positionnée sur le train avant mais assez vite abandonnée. La solution trouvée : le nez basculant mais on ne retient qu’un basculement moyen, suffisant pour l’approche et les manœuvres au sol ; – pour contrer l’instabilité aérodynamique longitudinale de l’appareil entre les régimes de vol subsonique et supersonique, Concorde est équipé d’un système de transfert de carburant pour déplacer le centre de gravité de l’appareil en fonction de la configuration de vol et suivre ainsi le recul du foyer aérodynamique en vol supersonique ; – des innovations importantes sont apportées aux commandes de vol : Il y a en effet 50 mètres entre le pilote et les gouvernes. D’où des commandes électro-hydrauliques à transmission électrique et à circuits doublés, en évitant ainsi de nombreuses bielles et renvois mécaniques. Une commande de secours est prévue en cas de blocage des commandes normales. Un pilote automatique très évolué est développé avec la commande à partir d’un mini-manche à travers des «boites noires» pour obtenir le bon braquage des gouvernes ; – pour la sécurité, les deux chaines de commandes de vol sont auto surveillées et il a été nécessaire d’élaborer des lois de pilotage différenciées suivant la configuration de vol en associant des pilotes à leur mise au point ; – pour la motorisation, ce furent 4 réacteurs OLYMPUS 593 développés conjointement par Rolls Royce et Snecma qui furent choisis. Ce type de moteur dérivait du BRISTOL-SIDDELEY OLYMPUS qui équipait les bombardiers AVRO VULCAN et BAC TS R2. Il fournissait une poussée unitaire de 170 KN (avec réchauffe) de telle sorte que Concorde développait une puissance de 338 000 chevaux au décollage. Rolls Royce avait la charge du développement du moteur lui-même et Snecma la responsabilité de la postcombustion et de l’arrière corps avec son système de tuyère à section variable et d’inversion de poussée. Ce moteur possédait des capacités dites de «super croisière» c'est-à-dire le pouvoir de dépasser la vitesse du son, sans l’aide de la réchauffe. Pour la première fois, la commande des moteurs était réalisée au moyen d’une régulation électronique (FADEC). Snecma a développé son propre boitier pour la régulation de la réchauffe tandis que Rolls Royce développa son propre système chargé de la régulation du moteur dont il avait la responsabilité, les deux boitiers travaillant en coopération. Les branchements de ces boitiers ont été particulièrement laborieux en raison des normes différentes utilisées pour les prises ! Finalement, cette régulation a donné satisfaction avec un temps de réponse de remise des gaz en 9 secondes. Par contre, l’adaptation des entrés d’air des moteurs, par des volets mobiles braqués en fonction de nombreux paramètres de vol a été très délicate à mettre au point. – pour le freinage, l’adoption de disques de freins en carbone a fait gagner 600 kg de masse par rapport aux disques acier, soit 6 % de la charge marchande ou 10 passagers. Par ailleurs, une régulation active de freinage La certification a nécessité la réalisation de 1 000 heures d’essais en vol avec campagnes temps chaud au Maroc et dans le Golfe persique et temps froid en Alaska. Le conférencier estime que l’apprentissage de cette coopération franco-britannique avec 50 % de responsabilité de chaque côté a fait perdre 3 ans de temps de développement de l’appareil. Cependant, elle a permis de surmonter une multitude de problèmes techniques et humains (langues différentes, pas les mêmes unités de mesure de part et d’autre de la Manche), et elle a apporté un état d’esprit et un savoir faire de partage des responsabilités, sans parler des très nombreuses retombées technologiques pour l’industrie aéronautique européenne des cellules, des moteurs et des équipements. De nombreuses questions ont été posées au conférencier à l’issue de son exposé, en particulier sur la ressemblance de Concorde avec le TUPOLEV 144 et les soupçons d’espionnage industriel à ce sujet ainsi que les problèmes de mise en service de l’appareil franco-britannique aux USA avec les rapports tumultueux avec la FAA. André TURCAT s’est ensuite livré à une séance de dédicace de son récent ouvrage : « Pilote d’essais, mémoires II » (Edition Le Cherche Midi). Paul LEMUHOT Normandie ASSEMBLÉE Sur ce dernier point, Patrick GIRAULT contacte le président de la filière Normandie AéroEspace (NAE) pour une présentation de la 3AF par Jacques Sauvaget lors d’une prochaine réunion des dirigeants, fin juin ou à la rentrée, en septembre. Manifestations 2008 Une seule manifestation a été organisée en 2008, le 29 avril : la conférence de M. Frédéric FORT à l’INSA de Rouen sur « Les matériaux pour structures aéronautiques : évolutions et perspectives ». Projets 2009/2010 Constats : • en Haute Normandie, 3 pôles (le Havre, Rouen, Vernon) géographiquement éloignés constituent un handicap à l’organisation de manifestations ; • en Basse Normandie, l’absence de grande société aéronautique constitue également un handicap ; l’absence d’école d’ingénieur du domaine aéronautique explique l’absence de jeunes dans le groupe Normand. Situation financière 3AF Claude HANTZ fait un bilan de la situation financière de la 3AF et rappelle le courrier reçu par les adhérents annonçant des problèmes passagers de trésorerie. De ces constats est née l’idée de cycle de 3 à 4 conférences sur un même thème destiné à un public réduit mais « expert », chacun des 4 pôles (Vernon, Rouen, Le Havre, Caen) accueillant une conférence. ELECTION Un établissement concerné par le sujet servirait de support logistique et pourrait proposer une visite du site. Pour 2009/2010, le bureau propose de retenir le bruit comme thème principal, avec les déclinaisons suivantes pour 4 conférences : • « La physique du bruit », au CEVAA de Rouen ; • « La réduction du bruit pour l’aéronautique » à Aircelle (le Havre) ; • « Le bruit dans le spatial (qualification au bruit des moteurs fusée, protection des satellites au bruit) », à Vernon ; • « Les conséquences physiologie/médicale du bruit, et comment s’en prémunir », à Caen ; BILAN 2008 DU BUREAU Claude HANTZ n’ayant plus d’attache en Normandie, fait part de son souhait de rejoindre le groupe parisien. Faute de nouveaux candidats, le bureau reste le même, Patrick GIRAULT acceptant de remplir également le rôle de trésorier : PRESIDENT : Patrick GIRAULT, ([email protected]) ; VICE-PRESIDENT : Michel MUSZYNSKI, Snecma Vernon, ([email protected]); TRESORIER : Patrick GIRAULT ; SECRETAIRE : Christian VANPOUILLE, LRBA Vernon, ([email protected]); SECRETAIRE ADJOINT : Paul Marie THIEBOT, Snecma Vernon, ([email protected]); Secrétariat : Sabine RIEU, Snecma Vernon, ([email protected]) PERSPECTIVE 2009 Orientations générales Le groupe régional a intégré les orientations générales de l’association concernant son statut de société savante et les objectifs d’augmentation du nombre de membres et de sociétés adhérentes de la 3AF. Une visite du bassin d’essais des carènes de Val de Reuil, spécialiste du bruit dans les propulseurs marins pourrait clore ce cycle de conférences. Les thèmes seront confirmés et précisés avec les intervenants. Michel MUSZYNSKI démarche auprès du CEVAA pour définir et préciser ce projet qui débuterait en octobre 2009 avec une conférence tous les trimestres. L A VIE D ES GROU PE S RÉ GIONAUX GÉNÉRALE DU GROUPE NORMANDIE L’assemblée générale du groupe régional a eu lieu le 4 juin dernier dans les locaux de Snecma Vernon. Etaient présents : Patrick GIRAULT, Claude HANTZ, Paul Marie THIEBOT, Michel MUSZYNSKI, Philippe BUFFET, Dominique GUILLAUME, Christian VANPOUILLE. Christian VANPOUILLE 05 N°7 – SEPTEMBRE 2009 L A VIE DES GROU PES RÉGI ONA UX 6 Toulouse Midi-Pyrénées LÉOPOLD EYHARTS EN VISITE À LA CITÉ DE L’ESPACE PAR LAURENT MANGANE Laurent MANGANE Après son duplex du 4 mars 20081, Léopold EYHARTS est cette fois-ci physiquement présent dans la grande salle IMAX, quasiment pleine, du bâtiment Astralia de la Cité de l’Espace pour nous offrir un bilan de sa mission et répondre aux questions des scolaires venus nombreux à l’invitation de CnesEducation, dans le cadre de l’opération ArgoNAUTES traitant de la vie et du travail à bord de l’ISS2. En attendant son arrivée, la nombreuse assemblée présente a pu revoir en boucle les moments du duplex de mars ainsi qu’un film sur le travail des astronautes de l’Agence Spatiale Européenne. LA MISSION STS-122 A son arrivée, Léopold, abondamment applaudi, commente en compagnie de Philippe DRONEAU les images du lancement de la navette spatiale puis un film d’une demi-heure résumant la mission STS-122 et la mise en service de Colombus. On peut voir sur le film du tir de nombreux nuages, les incertitudes de la météo ont failli conduire à un nouveau report du tir. La phase la plus critique jusqu’à la séparation des boosters ne donne que peu d’échappatoires en cas de problème. Au-delà, il est toujours possible d’interrompre le lancement et de reposer la navette de l’autre côté de l’Atlantique. Du lancement jusqu’à la séparation, la communication se fait directement avec le sol. La navette entame ensuite une manœuvre de roulis de 180° qui lui permet de communiquer par l’entremise des satellites (e.g. TDRS). A l’issue d’une approche de 48 heures, elle entame sa manœuvre de rendez-vous avec la station. Celle-ci comprend une manœuvre en tangage de 360° permettant à l’équipage de l’ISS d’inspecter à son tour l’extérieur de la navette et de prendre des photos à l’aide de caméras munies de téléobjectifs. Steve FRICK, le commandant de bord, réalise alors manuellement l’approche finale, à une vitesse inférieure à 10 cm/s. Léopold rappelle que les belles images de la caméra située sur le réservoir principal de la navette ont une finalité tout autre qu’esthétique : il s’agit de surveiller le revêtement inférieur du ventre et des ailes de la navette dont l’endommagement lors du lancement avait conduit au tragique accident de la navette Columbia lors de sa rentrée dans l’atmosphère en 2003. Comme le prévoit la procédure instaurée depuis, une extension du bras situé dans la soute permet également, dès l’ouverture de celle-ci en orbite, de poursuivre l’inspection du revêtement. Les images d’animation présentant le module Colombus et plus particulièrement ses deux plateformes extérieures le conduisent à rappeler que deux expériences (sur quatre possibles) ont été installées sur ces plateformes à l’occasion de sa mission. Il donne quelques chiffres sur les dimensions de Colombus3 et signale, fait remarquable, que l’équipage de la mission STS-122 comprenait pour l’occasion deux Européens, Hans SCHLEGEL et lui-même. Installés dans le Mid-Deck lors du lancement, ils ne pouvaient voir l’extérieur qu’au travers d’un petit hublot peu visible depuis les sièges. Philippe DRONEAU signale que Léopold a eu, pendant son séjour, le privilège de faire partie de trois équipages différents : STS-122 à l’aller, ISS-16 pour l’essentiel de sa mission sans véhicule de desserte arrimé et STS-123 lors du retour sur Terre. Trois sorties extra-véhiculaires La mission STS-122 a comporté trois sorties extra-véhiculaires. La première, réalisée par deux astronautes américains, a permis de préparer Colombus en installant la prise permettant au bras de la station de saisir Colombus et les poignées facilitant les déplacements à la surface. Au 4ème jour de la mission, Leland MELVIN, aux commandes du bras manipulateur, a saisi Colombus dans la soute de la navette et l’a arrimé au Node-2 de la station, manœuvre particulièrement délicate qui a duré plusieurs heures. Léopold EYHARTS s’est ensuite chargé du boulonnage permettant de pressuriser l’interface entre Colombus et le Node2. De nombreux câbles sont alors passés entre Colombus et la station pour l’alimentation électrique du module, la boucle fluide de contrôle thermique, la communication dans une partie de la bande de fréquences et la vidéo. Vient alors le moment symbolique important pour l’Europe de l’entrée à bord du module qui implique des protections par lunettes et masques contre d’éventuels débris métalliques en suspension. En préambule de ce moment fort de la mission, quelques mots sont prononcés à l’intention de tous ceux qui ont participé à la construction de Colombus. Léopold a le privilège d’être le premier à pénétrer dans la partie européenne de la Station Internationale et d’allumer la lumière, clôturant ainsi l’une des phases les plus critiques de la mission STS-122. Un gros travail de reconfiguration du module a lieu alors : déplacement des armoires d’expérience vers leurs emplacements définitifs. Pour les besoins du lancement, elles avaient été installées au plafond du module mieux adapté pour le chargement et le centrage de la navette. Lors de la seconde sortie extra-véhiculaire, Hans SCHLEGEL avait réalisé un certain nombre d’opérations de maintenance de la station dont le remplacement d’un réservoir d’azote sous la supervision d’Alan POINDEXTER, pilote de la navette et « chorégraphe » des sorties, chargé de lire les procédures et d’aider les astronautes lors de leurs sorties. La troisième et dernière sortie, dans laquelle Léopold EYHARTS était directement impliqué, avait pour but de déplacer les expériences externes de la soute de la navette vers les plateformes extérieures de Colombus. Deux modules d’expériences, l’un, Solar, d’astrophysique ; l’autre, EuTEF, concernant l’environnement spatial, sont mis en place. Un usage intensif d’un perchoir fixé à l’extrémité du bras télémanipulateur permet aux astronautes en scaphandres de se déplacer plus facilement à l’extérieur de la navette. Les modules externes sont d’abord prépositionnés à l’aide de pics de centrage et maintenus grâce à des aimants puis vissés au moyen d’un pistolet visseur-dévisseur. Cette dernière sortie a également permis de récupérer un gyromètre (CNV) de la station tombé en panne, pour analyse et réparation au sol. 1. Voir La Lettre N°6-2008 2. Cette visite de Léopold EYHARTS à la Cité de l’Espace qui a eu lieu le 6 novembre 2008, ne date pas d’hier. La qualité des informations, toujours d’actualité, contenues dans cette chronique de la Gazette 3AF/TMP N°… de … 2009, justifie néanmoins que la rediffusions ici. 3. Voir le dossier paru dans la gazette 3AF/TMP N°13 de mai 2008 LA MISSION ISS-16 Il commente ensuite les images des exercices physiques (tapis roulant, appareil de musculation…) indispensables au maintien en forme à bord de la station. Le plus clair de son temps durant ses trois semaines de mission ISS-16 a néanmoins été consacré au travail dans le module Colombus, l’expérience de physique des fluides ayant notamment rencontré des difficultés résolus depuis et sur laquelle il continue de travailler depuis son retour sur Terre. L’expérience BIOLAB a pu, quant à elle, démarrer sans problème ; on peut le voir manipuler le PC portable d’interface permettant de contrôler le module ainsi que la boite à gants de l’expérience BIOLAB dans laquelle on a pu voir croître de petites plantes en apesanteur. Les duplex avec le sol occupent aussi une bonne partie du film commenté, y compris celui réalisé avec la Cité de l’Espace en mars 2008. Des moyens radio-amateurs situés dans l’un des modules russes permettent aussi ce genre de contacts, en particulier avec des écoles. Dans le public, un représentant du Lycée de Clermont-l’Hérault évoquera, lors des questions, l’un de ses contacts avec Léopold via le réseau radio-amateur international, relayé jusqu’en Australie. Léopold commente enfin avec plaisir les images de la Terre prises depuis la station, en particulier celles de la côte basque, dont Biarritz et son aéroport, qui lui tiennent particulièrement à cœur. Depuis l’espace, on se rend compte qu’il y a plus de mer que de terre, d’où la difficulté de telle prise de vue en 400 mm, renforcée très souvent par la présence de nuages ou bien gênée par les 15 passages nocturnes intervenant chaque jour. La plupart des hublots de l’ISS étant ouverts sur la Terre, la contemplation des étoiles, bien que possible, n’est par contre pas aussi aisée que depuis la navette. LA MISSION STS-123 A l'arrivée de STS-123, mission impliquant le Canada et le Japon, dont un astronaute, Takao DOI, participe au vol, on voit débarquer un petit module logistique japonais – 1er élément japonais de la station – complétant le laboratoire Kibo qui arrivera 2 mois plus tard et un robot canadien nommé DEXTRE complétant, une fois assemblé, le bras télémanipulateur de la station. Toutefois, c’est le bras de la navette qui est utilisé pour la mise en place du petit module japonais. L’équipage ayant eu droit pour l’occasion à un repas japonais, Léopold confirme que les baguettes sont plus faciles à utiliser dans l’espace. Puis, une armoire d'expérience américaine est déplacée dans Columbus conformément aux accords ESA-NASA. Enfin arrive le moment du retour sur terre de STS- 123 avec Léopold EYHARTS à bord. L’atterrissage, retardé d’une orbite à cause de la météo, a lieu finalement de nuit pour la première fois depuis 5 ans : manœuvre parfaite du Commandant de Bord Dom GORIE, Léopold témoigne avoir à peine senti les roues du planeur toucher le sol. Seul est perceptible, le bruit de l’APU avant que ne se déploient les parachutes de freinage. QUESTIONS/REPONSES Léopold complète sa présentation par des images de la mission ATV et des vues de l’ISS dans sa configuration finale, qui doit accueillir à partir de cette année jusqu'à 6 membres permanents d'équipage. Longuement applaudi à l’issue de cette présentation qu'il a réalisée avec plaisir, Léopold dédie aussi sa mission à tous ceux qui, en Europe, ont participé à cette magnifique aventure, parfois indirectement. Les premières questions portent sur la sécurité, sur les filins reliant les astronautes en sortie EVA à la station, les risques et les peurs au moment du lancement, les risques d'impact avec d'autres objets en orbite... Le public non plus ne s'y trompe pas, « Safety First ! ». Ces risques, Léopold dit les bien connaître, mais pour lui, la peur principale reste de ne pas réussir sa mission, les autres peurs s'effaçant devant cette motivation pour un vol spatial longtemps attendu. Léopold exprime l'impression d'avoir beaucoup de place dans la station surtout lorsque l'on vient de la navette occupée par 7 membres d'équipage. Il compare la vie dans la navette à du camping : bien que plus grande que Soyouz, on y est aussi plus nombreux. La joie des retrouvailles avec les astronautes confinés depuis plusieurs mois dans la station reste aussi un sentiment inoubliable. Il apporte ensuite quelques précisions sur la séquence d'arrimage de la navette à l'ISS et tente de répondre simplement à une question sur le protocole d'expérience sur le gravitropisme faisant l'objet de WAICO (4 boites dont une partie est soumise à une pesanteur artificielle grâce à la centrifugeuse de BIOLAB) : il reconnaît avoir eu du mal à manipuler tout cela en apesanteur dans la boite à gants de ce laboratoire. Léopold EYHARTS confie ensuite ses projets pour le futur (il continue à travailler à Houston pour le compte de l’ESA en aidant notamment à préparer puis à servir de support à la mission de 6 mois de Frank de WINNE, sa doublure lors de la mission Columbus. En rentrant en Europe, il travaillera au COL-CC à Oberpfaffenhofen, en avouant que même si sa décision n'est pas encore prise, il est peu probable qu’il reparte, pour diverses raisons : l'Europe n'a notamment pas accès à assez de vols et il faut laisser la place aux jeunes. CONCLUSION Pour conclure sur l’avenir, Léopold disait alors compter beaucoup sur la conférence de La Haye notamment pour décider d’un futur moyen de transport des Européens vers l’espace rappelant que lors de sa sélection en 1990, il existait déjà le projet Hermès. Il a alors offert à la Cité de l’Espace en la personne de son Directeur Bernard BUREL, la combinaison qu’il portait lors du duplex de mars 2008 avec la Cité. M. BUREL, au nom de toute son équipe, remercie chaleureusement Léopold EYHARTS pour ce geste hautement symbolique qui permet d’entretenir de très bonnes relations entre l’Agence et la Cité de l’Espace ainsi que pour le temps passé avec le public de la Cité en mars et à nouveau en novembre 2008 (10 ans après sa première visite en 1998) malgré un emploi du temps extrêmement chargé. M. BUREL rappelle l’intérêt porté par le public aux vols habités plus qu’à toute autre activité. Chez les jeunes, cet engouement se traduit par le succès jamais démenti des opérations comme « Passe ton diplôme d’astronaute junior » (plus de 20 000 en 2008). Léopold conclut en remerciant le public et en particulier les enfants pour leurs questions et par des mots d’encouragement pour leurs carrières futures dans le spatial pour ceux qui le choisiront. Laurent MANGANE, Secrétaire du groupe de travail Observation et Exploration Spatiale, OES. L A VIE D ES GROU PE S RÉ GIONAUX Répondant à une question de Philippe DRONEAU, Léopold précise que, durant sa mission, il a dormi dans sa cabine située dans le module de service russe dont l’environnement sonore est favorable, puis dans une autre partie russe de la station beaucoup plus bruyante, à l’arrivée de son remplaçant et en attendant son retour sur Terre. 7 N°7 – SEPTEMBRE 2009 C A LEND RIER Annonces des groupes régionaux et des commissions techniques 2009 Date Lieu Manifestation TOULOUSE MIDI-PYRÉNÉES 25 nov. Toulouse (Tél. : 05 56 16 47 44 ; courriel : [email protected]) « Le futur des intérieurs des avions », une conférence de Bob LANGE, Airbus Central Entity à 18h MARSEILLE-PROVENCE 27 nov. IFURTA à 18h Aix-en-Provence COMMISSIONS STRUCTURE 12 nov. Toulouse ET Airbus COMMISSIONS PROPULSION 24 nov. Paris « Du terrorisme à la piraterie aérienne : les réponses apportées par la communauté Internationale », une conférence de M. Bernard PESTEL, Directeur de l’IFURTA MATÉRIAUX Journée : « Conception robuste des structures par la simulation », organisée par la Commission Stucture avec la Commission Matériaux de la 3AF. « Programmes européens : projets de propulsion lapcat & apcat2 », une conférence de Y. STILENT. Colloques nationaux et internationaux 8 Date 2009 Lieu Organisateur Manifestation 5-7 oct. BIARRITZ France GR BEARN-GASCOGNE Commission Energétique HEM 2009, High Energy Materials 7-8 oct. PARIS AAE Email : [email protected] « Les aéroports face à leurs défis » 26-29 oct. MANCHESTER UK CEAS ceas2009.org CEAS 2009 European Air and Space Conference 3-4 déc. PARIS www.ssde2009.com Maison des Arts et métiers « Space for Security and Defence in Europe ». 3rd International Conference on Military Space 7-8 déc. PARIS SAGEM Colloque Matériaux et Structures Commission Matériaux [email protected] Aérodynamique À l'initiative de la Commission Aérodynamique de la 3AF, une visite technique a été organisée le jeudi 2 juillet 2009 aprèsmidi au centre Onera de Palaiseau. Vingt-cinq personnes ont ainsi pu découvrir les activités en mécanique des fluides et énergétique menées par le DEFA (Département d'Énergétique Fondamentale et Appliquée). Ce centre, qui regroupe 330 personnes, s’intéresse aussi aux thèmes suivants : optique/ optronique, radars, matériaux, performances des missiles et des lanceurs. Son effectif devrait presque doubler d’ici 2011 avec la construction, déjà bien avancée, d’un nouveau bâtiment permettant l’accueil d’environ 300 personnes du centre Onera de Châtillon. Le centre Onera de Palaiseau a une histoire originale : il a été bâti sur un des forts militaires construits après la guerre franco-prussienne de 1870 pour constituer une seconde ceinture en vue de protéger Paris. Les progrès réalisés sur les poudres à canon le rendirent vite obsolète. Une partie de la visite était d’ailleurs consacrée à la Grande Caponnière, une part des fortifications entre le mur d'escarpe et le mur de contre-escarpe. Après une présentation générale du centre par sa directrice, Bénédicte FIGHIERA, la visite a débuté avec deux présentations au Laboratoire des Écoulements Réactifs et de leurs Techniques d'Etude (LAERTE) : – une expérience prospective de combustion assistée par plasma présentée par Axel VINCENT dont l’objectif est d'améliorer la stabilité de la combustion en milieu pauvre. Pour cela, on cherche à stabiliser la flamme par un actionneur plasma cylindrique, de manière à retarder le débit critique pour lequel elle est soufflée. Les résultats encourageants de cette expérience fondamentale devraient se poursuivre par Les visiteurs sont stupéfaits par la taille des micro-composants de la future micro-machine thermique présentés par Joël GUIDEZ Cryocombustion dans l'Oxygène et Toutes Techniques Expérimentales), présenté par Lucien VINGERT, pour la recherche en combustion oxygène liquide / hydrogène gazeux, dans des conditions de fonctionnement proches des conditions réelles des moteurs fusées (rapport de mélange, pression). Les visualisations de flamme et la caractérisation grâce à la DRASC du radical OH ont permis de réaliser des avancées significatives sur la connaissance des processus mis en jeu dans les chambres cryotechniques à injection coaxiale. Depuis peu, le banc a été adapté au couple oxygène liquide / méthane (CH4) liquide ou gazeux, pour lequel un double front de flamme est observé. L'objectif est de contribuer à la préparation d'un futur moteur réutilisable haute performance, le méthane offrant de bonnes performances et de bonnes capacités de refroidissement du moteur ; – le banc M1, présenté par Christian GUIN, est actuellement utilisé pour la recherche sur les chambres à combustion à des fins environnementales en vue de réduire les émissions d'oxyde d'azote, ceci à la demande des motoristes, de façon à tendre vers les objectifs pour 2020 de l'ACARE. Des premiers essais ont été réalisés sur l'injection à deux têtes (ralenti, plein gaz) visant au final à réduire la richesse et donc les émissions de NOx. Cette présentation se faisait l'écho d'une conférence pilote donnée par Gilles ROLLIN (Snecma) sur la maîtrise des émissions polluantes lors du 43ème colloque d'aérodyna- 9 Axel VINCENT décrit l'expérience de combustion assistée par plasma. des expérimentations à plus grande échelle ; – une présentation de micro-machines thermiques par Joël GUIDEZ pour une application sur micro-drones. L'objectif est de développer et caractériser les différents composants: micro-chambre, micro-turbine et micro-compresseur (en matériaux céramiques dans un premier temps, puis titane ou acier), puis de tester la micro-machine assemblée. La seconde partie de la visite était axée sur la présentation de deux grands bancs de combustion : – le banc MASCOTTE (Montage Autonome Simplifié pour la L ’ A VIE D ES CO MMISSIONS TE CHN IQ UE S Visite du centre Onera de Palaiseau : études de combustion au service de l’environnement et de la Défense Banc de combustion M1 décrit par Christian GUIN mique appliquée de la 3AF à Poitiers en mars 2008. Au milieu de la visite, Pierre GICQUEL a donné des explications historiques dans le souterrain de la Grande Caponnière, ce qui a constitué une halte rafraîchissante dans une journée de forte chaleur. N°7 – SEPTEMBRE 2009 L ’ A VIE DE S COMM ISSIONS T ECHNIQU ES 10 La Commission Aérodynamique de la 3AF remercie encore vivement l'Onera Palaiseau pour son excellent accueil, ainsi que ses chercheurs qui ont su faire partager à l’ensemble des visiteurs, l'espace d'un après-midi, leur passion et les enjeux de leur recherche. Jean-Pierre ROSENBLUM, Laurent CAMBIER, Commission Aérodynamique Une halte historique et rafraîchissante dans la Grande Caponnière du fort de Palaiseau RENDEZ-VOUS Chers membres 3AF, En cette rentrée 2009 je voudrais mettre en exergue deux rendez-vous, cet automne, importants pour notre association : une série de rencontres avec le président de l’AIAA, David W. THOMPSON (également président d’Orbital Sciences Corporation), et les Etats Généraux de la 3AF qui auront lieu le 17 novembre prochain et qui feront l’objet d’une annonce détaillée dans la prochaine Lettre 3AF. La visite de David W. THOMPSON en France doit beaucoup à Pierre BETIN que nous remercions, au passage, pour tout ce qu’il apporte à notre association. Le président SCHELLER recevra le président de l’AIAA à Paris le 12 octobre en réunion restreinte puis le 15, en fin d’après-midi, pour un échange très ouvert en présence de membres de la 3AF et/ou de l’AIAA. David W. THOMPSON donnera, à cette occasion, une conférence sur l’industrie spatiale américaine vue et vécue par une société à taille humaine. Ces rencontres sont l’occasion de nous comparer avec notre homologue américaine, d’en tirer des idées pour nous améliorer, et de renforcer notre coopération. Je forme le vœu que nous serons nombreux pour cet événement exceptionnel. Je compte sur vous pour honorer notre hôte de votre présence1. Des Bordelais et des Toulousains auront aussi l’opportunité de rencontrer David W Thompson le 12 et le 13 respectivement2. Jacques SAUVAGET, 3AF, Délégué général au rayonnement 1., 2. Merci de signaler dès que possible votre éventuelle participation à la rencontre du jeudi 15 octobre au secrétariat exécutif de la 3AF Chroniques Aéronautiques Transport aérien et risque aviaire after departure and maintain a 360 deg heading. About a minute later, controller instructs crew to contact New York Departure Control. 15:25:51 Pilot contacts departure controller and advises aircraft was passing through at 700 ft. and climbing to 5,000 ft. Controller instructs aircraft to climb to 15,000 ft. Crew acknowledges. Controller instructs flight to turn left to heading 270 deg. Jean BELOTTI Le 15 janvier 2009, à la suite de l’arrêt de deux moteurs, dû à l’ingestion d’oiseaux, un A320 d’US Airways a amerri sur l’Hudson River. Ses 150 passagers et membres d’équipage sont indemnes. Interviewé par la rédaction de Tourmag, Jean BELOTTI relate et commente cet événement exceptionnel dans ses chroniques aéronautiques de février et mars 20095 dont nous publions ici, avec sa permission, une version abrégée. LE FILM DES EVÉNEMENTS6 Sequence of Events – US Airways Flight 1549 Date: Jan. 15, 2009' Origination : New York LaGuardia Airport Planned Destination : Charlotte, N.C. Actual Destination: New York Hudson River Passengers : 150 Crew : 2 Flight, 3 Cabin flight Duration: Five minutes According to NTSB Member Kitty Higgins, spokesperson at the on-site investigation, the timeline is based on FAA radar and audio relays of air traffic control communications related to “AWE1549,” according to NTSB Member Kitty Higgins, official spokesperson at on-site investigation. [Ed: note: “AWe” refers to -America West, parent company of US Airways] Times are local EST as reported to NTSB. A ’ ÉRONAU TIQU E Par Jean Belotti A 15h 27mn 01s, le pilote fait part de l’ingestion d’oiseaux et la perte des deux moteurs 15:27:01 “Ahhh, this is 1549. Hit birds. We lost thrust in both engines. We’re turning back towards LaGuardia.” ATC acknowledges problem and instructs flight to turn left on a 220deg heading. Crew acknowledges Radar data from Newark and JFK sites indicate that at 15:27:01-- about 90 sec. after Flight 1549’s departure from LGA--the Airbus A320-200 intersected a “string of primary targets” between 2,900 ft. and 3,000 ft. These targets [interpretation: birds] were not depicted on the departure controller’s radar screen. 15:27:49 Departure controller advises LGA tower to halt further departures because an “emergency airplane is returning to the airport.” When queried which flight was returning, departure control advises, “It’s 1549. Birdstrike. He lost all engines, 15:24:54 LaGuardia (LGA) tower controller clears Flight he lost the thrust in the engines. He is returning immediately.” 1549 for takeoff from Runway 4, with instructions to turn left 11 Le vol 1549 d’US Airways décolle à 15h 24mn 54s de l’aéroport LaGuardia à New-York, pour Charlotte (Caroline du Nord) avec 150 passagers à bord. 15h 28mn 05s : le pilote prend la décision de se poser sur l’Hudson 5. Chroniques publiées notamment sur le site HYPERLINK "http://www.tourmag.com" www.tourmag.com 6. Source: http://ea58.free.fr/plus/crash_a320_hudson_ny.htm N°7 – SEPTEMBRE 2009 A ’ ÉRONA U TI QU E located about six mi. off the right side of the aircraft. Pilot responds, “We can’t do it.” When asked on which runway he would like to land, pilot responds: “We’re gonna be in the Hudson” – the last communiqué from the aircraft. 15:30:30 Radar data shows aircraft touchdown in the Hudson River. Radar and tower personnel notify U.S. Coast Guard, New York City Police Dept. and other search and rescue groups. Coast Guard replies, “We launched the fleet.”The safety board’s Air Traffic Control Group had completed interviews with seven controllers and air traffic management personnel from New York Terminal Radar Approach Control (TRACON) and LaGuardia (LGA) tower. La procédure d’atterrissage d’urgence qui se déroule en temps normal à 35 000 pieds est entamée ici à 3 000 pieds 15:28.05 Controller asks if pilot wants to land at LaGuardia’s Runway 13. Pilot responds: “We are unable. We may end up in the Hudson.” According to the NTSB, discussion followed as to whether the flight could land at Teterboro (N.J.) airport, Trajectoire suivie par l’avion du décollage à l’amerrissage sur l’Hudson : le vol aura duré 5 minutes ! Jean BELOTTI Jean BELOTTI est ancien élève de l’Ecole Nationale de l’Aviation Civile (ENAC), il a mené une carrière de pilote à Air France : instructeur, chef pilote et chargé des relations extérieures de la Direction des Opérations Aériennes. Docteur es-sciences économiques, diplômé du Centre Français du Management, il a été responsable d’enseignement à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne. Conférencier sollicité par divers organismes et associations, il a rédigé de nombreux articles et ouvrages traitant de l’économie des transports et de la sécurité aérienne. Désireux tout au long de sa carrière de mieux faire connaître ce monde passionnant de l’aviation, il rédige depuis 1999 une chronique aéronautique publiée par plusieurs websites et dont de nombreux membres de la 3AF sont également destinataires. Ces chroniques, « bien ciblées, calées sur l’actualité, bien documentées » ont fait l’objet de deux ouvrages édités en 2003 et 2009 par les éditions VARIO (ISBN : 2-913663-22-2). 12 LE RISQUE AVIAIRE 15h 30mn 30s : l’avion amerrit sur l’Hudson River « De très nombreuses rencontres d’oiseaux avec des avions sont enregistrées chaque année, dont seulement 15% environ sont classées “significatives” c'est-à-dire ayant donné lieu à des retards de trafic (interruption du décollage, atterrissage de prudence, endoscopie des moteurs avant de redécoller) ou à des dommages de toute nature. » La cause annoncée de l’accident du vol 1549 d’US Airways est bien « une collision avec une nuée d’oies qui a détruit les Des dommages de toute nature Des dommages peuvent être causés, de toute nature : « radômes et bords d'attaque des ailes enfoncés, antennes arrachées, verrières opacifiées, moteurs plus ou moins endommagés. Plus grave : au fil des années, une vingtaine d'avions civils, de tous types, ont été totalement détruits dans le monde. Le plus spectaculaire étant celui d'un DC10 qui s'est écrasé au décollage de l'aéroport de Kennedy (New York) en 1975, après avoir ingéré plusieurs goélands dans les moteurs, le moteur 3 ayant explosé. La gravité du phénomène repose sur le fait que la plupart des collisions ont lieu pendant les phases d'atterrissage et de décollage et à une faible hauteur. Même si l’on sait qu’il est rarissime qu’un vol d’oiseaux percute en même temps les deux moteurs, il n’en reste pas moins que c’est ce qui s’est produit pour cet A320 d’US Airways. » La lutte contre le risque aviaire « Depuis juillet 1989, la lutte contre ce risque est réglementée en France par un arrêté ministériel. Il l’est également dans les autres pays. Malheureusement, malgré toutes les méthodes d'effarouchement mises en œuvre, le risque n'a pas encore pu être complètement éliminé. Le serait-il dans les axes d’approche et décollage que cela ne pourrait être efficace que très près du sol, mais pas à 1 000 mètres, hauteur atteinte ici par l’avion au moment de l’impact. » Bien sûr, de nombreux systèmes de lutte contre le risque aviaire ont été imaginés. « On peut imaginer d’installer des grilles devant les réacteurs pour éviter l’ingestion des volatiles, « mais si ce système de protection n'a pas été installé c'est parce que la présence de grilles suffisamment solides et larges pour stopper un oiseau de plus de deux kilos, arrivant à 300 km/h aurait trop fortement perturbé le flux d'air alimentant les réacteurs. De plus ces grilles devraient être équipées, à l'intérieur, de systèmes électriques de réchauffement pour éviter le givrage. » « De très nombreux systèmes d'émetteurs de bruits divers ont également été essayés pour éloigner les oiseaux des aéroports, mais aucun n'a été totalement efficace, car les oiseaux s'y accoutument rapidement. Quant au passage dans un vol d'oiseaux, il est imprévisible. On ne peut pas s'y pré- parer en déclenchant un émetteur de bruit en provenance de l'avion... sauf à imaginer qu'il serait déclenché à chaque décollage ! De toute façon, cela serait inutile car les moteurs, eux-mêmes, émettent un bruit très élevé de plusieurs décibels (bien connu des habitants à proximité des aéroports...) ce qui n'éloigne pas pour autant les oiseaux de la trajectoire de décollage. Indépendamment des vols d'oiseaux, de nombreux cas ont été relevés d'impacts avec un seul ou deux oiseaux... qui sont invisibles pour les pilotes étant donné la vitesse de l'avion. D'ailleurs, même si le pilote voyait un oiseau en face de l'avion, il serait trop tard pour l'éviter. De toute façon, l’oiseau n’aurait pas le temps de s’écarter de la trajectoire de l’avion étant donnée la vitesse de rapprochement. Sans qu'il y ait eu impact, cela m'est arrivé plusieurs fois et on voit simplement, en une fraction de seconde, passer quelque chose au dessus ou sur les cotés de l’avion. » LES « AMERRISSAGES » Amerrissage ou atterrissage ? De nombreuses images ont montré que l’on cassait la glace sur l’Hudson, on peut se poser la question : y avait-il de la glace ou de l’eau sous l'Airbus au moment du contact avec la surface de l’Hudson ? Si c'était de la glace, c’était un début d'atterrissage sur le ventre – donc moins destructeur qu'un contact avec l’eau à 200 à l’heure – puis rupture de la glace dans un second temps. Alors, amerrissage ou atterrissage ? A ’ ÉRONAU TIQU E deux réacteurs qui cessent de fonctionner. L’avion ne peut continuer à voler qu’en perdant de l’altitude. Il s’agit d’une manifestation de ce que l’on nomme le “risque aviaire”. » « Deux cas sont à considérer : au sol et en vol. Lorsqu’un moteur s’étouffe par ingestion d’oiseaux, alors que sa vitesse avant le décollage n’est pas encore élevée, il peut interrompre le décollage et, en utilisant tous les moyens à sa disposition (freins, aérofreins, reverses), s’arrêter avant l’extrémité de la piste. Lorsque la vitesse à partir de laquelle l’avion ne peut plus ralentir, est dépassée, il faut alors pouvoir continuer à accélérer pour atteindre la vitesse permettant de décoller, sinon c’est une sortie en bout de piste avec toutes les conséquences connues. En vol, si les moteurs cessent de fonctionner dès décollage, le pilote n’a pas le choix et il doit se poser quasiment dans l’axe de la piste. À une hauteur plus élevée comme c’est le cas ici - il peut avoir le choix de la zone vers laquelle il va diriger son avion (pour atterrir ou amerrir). En vol de croisière,… Il y a très peu de risques de rencontre de vols d’oiseaux lorsque l’avion continue sa montée après avoir quitté la zone de l’aéroport. Cela étant, en survolant l’Ethiopie, j’ai croisé, plusieurs fois, un énorme rapace, alors que nous volions à 3.000 mètres ! » « La vidéo de l’amerrissage de l’avion montre bien l’existence de vaguelettes, donc l’eau n’était pas gelée, ce que j’ai d’ailleurs pu constater, ayant roulé, ce jour là, le long de l’Hudson River. D’ailleurs plusieurs bateaux se déplaçaient sur la rivière (et ce n’étaient pas des “brise-glace”). De plus, lors de l’amerrissage, la vidéo montre la projection d’écume de sillage et non pas de blocs de glace. L’eau était certes froide, mais pas gelée. Les glaçons autour de l’avion sont visibles sur des photos prises trois jours plus tard, au moment des ultimes opérations de relevage de l’épave, près du quai, dans une zone sans courant. Donc, il s’agit bien d’un amerrissage et non pas d’un atterrissage. De toute façon, amerrissage ou atterrissage, ce qu’il convient de retenir c’est l’exploit réalisé par l’équipage dans sa très rapide décision et dans la parfaite exécution de l’approche, à la bonne vitesse et à la bonne configuration (on dit “assiette”). » Les autres cas d’amerrissage Les cas d’“amerrissage” sont « extrêmement rares. Je me souviens d’un amerrissage de nuit d’un Constellation d’Air France, survenu le 3 août 1953, en pleine mer, au sud de la Turquie. Dans une situation tout à fait exceptionnelle, le Commandant de bord (Raymond TERRY), grâce à son sangfroid, sa parfaite connaissance de l’avion et la qualité de sa formation, réussit en quelques secondes une manœuvre d’amerrissage extrêmement délicate à effectuer, de surcroît, en pleine nuit. Seuls 4 passagers n’ont pu être sauvés. Le seul autre cas en mémoire est celui de cet avion qui, en novembre 1996, étant à court de carburant, avait été contraint d’amerrir à proximité de l'aéroport de Moroni (Comores) où 123 des 175 passagers et membres d'équipage trouvèrent la mort. » « Mes lecteurs m’ont signalé d’autres cas d’amerrissage : celui d'un 707 de la JAL (compagnie japonaise) en baie de San Francisco où tous les passagers ont été sauvés ; celui d’un DC8, au début des quadriréacteurs, en approche à Los Angeles et également des cas où les avions ont terminé leur 13 N°7 – SEPTEMBRE 2009 A ’ ÉRONA U TI QU E course dans l'eau à la suite d’atterrissages longs (Caravelle Alitalia à Marignane ; B 747 Air France à Tahiti) ; celui d’un Tupolev 124, le 21 août 1963, dans la Neva près de Saint Petersbourg ; celui, en plein Pacifique à proximité d'un bateau, d'un Stratocruiser, vers les années 50/55. Tous les occupants ont été sauvés. La consultation des statistiques en révélerait probablement quelques autres. En ce qui concerne les avions de ligne, ce qu’il convient de retenir, c’est que les cas cités d’amerrissages sont anciens et restent tout à fait exceptionnels. De plus, les équipements de secours (gilets de sauvetage, rampes d’évacuation, canots équipés de matériel de survie,...) sont, de nos jours, au point et le PNC (Personnel Navigant Commercial - Hôtesses et stewards) en connaît parfaitement le fonctionnement et l’utilisation, ce qui a d’ailleurs été démontré lors de l’amerrissage de l’A320 dans l’Hudson River. » LA REUSSITE DE L’AMERRISSAGE DE L’A320 D’US AIRWAYS Le rôle des pilotes La réussite de cet amerrissage est d’abord « due au sangfroid, à l’expérience, à la compétence et au savoir faire du commandant de bord, assisté de son copilote (au sujet duquel les médias n’ont soufflé mot !). Alors que l’avion venait d’atteindre 1 000 mètres, le commandant de bord a pris plusieurs décisions en un temps record (3 minutes 30) : choix d’amerrir ; dialogue avec le contrôleur aérien en l’informant de sa décision d’amerrir ; annonce aux passagers ; tentative de remettre les moteurs en marche ; décision de ne pas les "couper", afin de conserver une poussée résiduelle le plus longtemps possible, ce qui a facilité le contrôle de la descente et surtout de l’arrondi final ; réduction de la vitesse ; présentation de l’avion dans une configuration parfaite, comme cela a été vu à la télévision… La chance est qu’il y ait eu un plan d’eau disponible, sinon l’avion se serait écrasé sur les habitations très denses autour de l’aéroport. » 14 « Des dizaines de milliers de vol se déroulent normalement, grâce aux décisions prises, en temps réel, par les pilotes. Bien sûr, elles ne sont pas connues, ni des passagers, ni du public. En effet, ne sont jamais dévoilées les situations potentiellement dangereuses déjouées par les équipages »…, « car il est inutile de faire "peur". Cela étant, j’ai cité dans un récent ouvrage "Indispensables pilotes", de nombreux cas où les pilotes sont intervenus dans des situations sortant de l’ordinaire, voire exceptionnelles, en trouvant la solution salvatrice, évitant ainsi l’accident. » Malgré la panne des moteurs, les instruments de bord ont continué à être alimentés, « car l’alimentation électrique est fournie par une turbine (RAT -Ram Air Turbine) fixée sur un mât déployé à l’emplanture de l’aile gauche. Sur l’A320, cette turbine sort automatiquement lorsque les deux alternateurs arrivent en sous-vitesse, notamment en cas de panne ou d’arrêt des deux moteurs en vol. Ses ailettes, mues par le vent relatif, font tourner une pompe hydraulique de secours qui entraîne un petit alternateur produisant un courant électrique de modeste puissance, mais suffisant. La sortie de cette turbine peut aussi être commandée manuellement par le pilote. J’ajouterai que le copilote a pris l’initiative, en un temps record, de démarrer l’APU (Auxiliary Power Unit) dès le début des « bird strikes », ce qui a permis de conserver toutes les servitudes électriques et hydrauliques. » LES QUALITÉS DE L’AVION « Bien que les caractéristiques retenues par des acheteurs potentiels d’un avion ne soient pas celles de ses qualités d’être insubmersible, il n’en reste pas moins que les qualités de l’A320 ont été mises en exergue par les commentateurs américains. Comme tous les avions pressurisés, l’A320 est étanche, donc il peut flotter. Cela étant - et sans pouvoir, ici, entrer dans les détails - ce sont ses qualités aérodynamiques qui ont permis un pilotage précis dans les dernières secondes avant l’impact, évitant ainsi un choc brutal avec rupture de la cellule. » LE RÔLE DU PERSONNEL NAVIGANT COMMERCIAL « Après y avoir consacré une chronique en février 2006, je me permets d’insister, ici, sur l’importance du rôle du PNC (Personnel Navigant Commercial). Ses compétences ont été démontrées à plusieurs occasions : évacuation au sol après, par exemple, une sortie de piste, ou un "crash" (en français, on dit "écrasement"). Effectivement, si les médias ont, à juste titre, insisté sur le rôle du commandant de bord, ils ont quasiment occulté celui du PNC... (et aussi celui du copilote). Le premier à l’évoquer a été le commandant s, dans sa première interview. « Les pannes répertoriées - surtout les plus graves - sont reproduites lors des séances de simulateur auxquels les équipages participent régulièrement. Grâce à cet entraînement périodique, ils sont donc entraînés à réagir à l’effet de surprise et à prendre les décisions appropriées. » Dans le cas présent « tous les passagers ont pu être évacués de la carlingue qui flottait encore sur les eaux glacées, grâce à l’efficacité du personnel de bord et à la rapide intervention des services de secours, entre autres, des "ferries" déroutés pour contribuer au sauvetage des passagers et de l’équipage. Il a également été annoncé que les autorités de New York sont intervenues rapidement pour prendre en charge non seulement des passagers, mais également les familles des rescapés. » LE RÔLE DES CHECK-LISTS « Pour toutes les pannes pouvant être envisagées, il est prévu une série d’actions à faire dans un ordre précis. Elles font l’objet de ce que l’on nomme des “check-lists”. En fait, il y en a trois sortes : celles qui sont lues et effectuées dans toutes les phases classiques du vol (exemples : check-lists avant mise en route ; après mise en route ; avant décollage ; après décollage, etc...) ; celles qui sont lues et effectuées en cas de dysfonctionnement ou panne d’un système (exemple : fumée en cabine ; dépressurisation ; panne moteur en vol ; etc...) ; et celles qui, devant être connues par cœur, sont effectuées d’urgence et vérifiées une fois les opérations terminées (exemple : feu moteur dès le décollage). Bien sûr, il existe une "check-list" amerrissage. Elle permet de mettre l’avion dans la configuration appropriée et de préparer les occupants à l’amerrissage. » QUESTIONS/REPONSES Quel est l’apport des « boîtes noires » ? Les informations recueillies au niveau des boîtes noires « permettent aux enquêteurs de reconstituer la trajectoire du vol (en trois dimensions) et d’analyser l’évolution des paramètres relevés en vue de rechercher des causes de l’accident. Deux principales “boîtes noires” ont, dès les premiers modèles, enregistré des informations sur bande magnétique : le CVR (Cockpit Voice Recorder) enregistre les bruits émis dans le cockpit - donc les conversations entre les pilotes et les messages radio émis et reçus - pendant les 30 dernières minutes du vol. Le DFDR (Digital Flight Data Recorder) enregistre de nombreux paramètres de vol (altitude, vitesse, température, accélérations, etc.) pendant les 25 dernières heures de vol. Ces types d’enregistreurs équipent encore certains avions de ligne. À partir de 1985 environ, l’évolution des technologies numériques a amené le remplacement du support magnétique par une carte mémoire, à base de mémoires non volatiles de type FLASH, d’où l’appellation de SSFDR (Solid State Flight Data Recorder). L’enregistrement sur un support numérique apporte une fiabilité de restitution nettement supérieure à l’enregistrement sur bande magnétique. La miniaturisation de la capacité mémoire a permis d’augmenter le nombre de paramètres enregistrés (plusieurs centaines), les fréquences d’échantillonnage ou la durée d’enregistrement (certains modèles offrent une capacité d’enregistrement de cinquante heures ou plus). L’enregistreur phonique a bénéficié lui aussi de cette évolution technologique, avec non seulement l’enregistrement du son en format numérique, mais aussi une durée d’enregistrement pouvant être portée à deux heures. » Et l’âge du capitaine ? Est-il vrai que le commandant de bord avait 67 ans et non 57 ans comme annoncé d’abord dans la presse ? « Peu importe son âge, 57 ou 67. Ce qu’il convient de retenir c’est que son ancienneté (19 000 heures de vol) signifie une longue expérience qui a grandement contribué à la réussite de cet amerrissage. Les faits montrent que jusqu’à 70 ans de très nombreux pilotes ont exercé leur métier en toute sécurité. J’en connais plusieurs qui, ayant dépassé 70 ans, continuent à exercer leur fonction d’instructeur ou à piloter leur propre avion, en toute sécurité, ce qui montre que l’expérience et l’âge sont des éléments de sécurité et de compétence supplémentaires et non pas un handicap, dès lors que les contrôles médicaux sont satisfaisants. Après ces commentaires, la réponse : Le commandant Chesley Burnett SULLENBERGER est né le 23 janvier 1951 à Danville (Californie). » Avec tous ses moteurs en panne, l’avion est-il ramené à un simple planeur ? « Oui, en ce sens qu’il n’a plus de moyen de propulsion. Mais la comparaison s’arrête là. Lorsqu’un planeur de performance (par exemple, le Nimbus IV, de 25 mètres d’envergure) dont la finesse est de l’ordre de 50, est lâché à une hauteur de 1 000 mètres, il peut, en maintenant la vitesse dite de “finesse max” (de l’ordre de 95 à 100 km/h) parcourir une distance de 50 fois la hauteur, soit 50 kilomètres. Mais on sait également que le planeur peut (grâce aux ascendances thermiques et dynamiques) continuer à voler en prenant même de l’altitude. L’avion, quant à lui, doit, pour continuer à voler, impérativement perdre de l’altitude. La distance qu’il pourra parcourir dépend, entre-autre, de sa hauteur initiale, de la force et de la direction du vent et aussi de sa vitesse. La distance la plus élevée est atteinte, en configuration lisse (c’est-à-dire train d’atterrissage et volets rentrés) en maintenant la vitesse de “finesse max” (soit environ 175 nœuds sur A320). » Parmi les qualifications du commandant de bord, mises en exergues par les médias, figure celle du vol à voile. Quel lien y a-t-il entre piloter un planeur et piloter un avion de ligne de plusieurs dizaines, voire centaines de tonnes ? A ’ ÉRONAU TIQU E Les lecteurs des chroniques de Jean BELOTTI ne se sont pas privés de lui poser de nombreuses questions, dont nous reproduisons ici quelques exemples, … avec les réponses. « La réponse ne peut porter que sur l’approche finale. Alors que le pilote de ligne modifie son taux de descente en faisant varier la puissance de ses moteurs, le pilote de planeur, lui, est habitué à jouer sur sa vitesse pour modifier sa pente de descente afin de se poser exactement à l’endroit choisi. Il est donc évident qu’un pilote de ligne possédant une qualification planeur est un atout non négligeable. C’est ainsi qu’un commandant de bord (20.000 heures ce vol et brevet planeur “F”, distance supérieure à 500 km et gain d’altitude supérieur à 5 000 mètres) confirme que le commandant Chesley SULLENBERGER (breveté instructeur planeur), habitué au pilotage des planeurs de grande envergure, savait combien il est dangereux – lors d’un atterrissage forcé – de laisser un saumon d’aile toucher le sol, l’eau ou du blé en herbe, ce qui entraîne a aussitôt un brutal « cheval de bois » (demi-tour de 180 ou plus), pouvant entraîner la rupture des ailes et celle du fuselage, c’est-à-dire la destruction du planeur. Il a donc particulièrement veillé et réussi à se poser les ailes parfaitement horizontales, avec une “"assiette de cabré modérée”. Les enregistrements des caméras de sécurité ont montré un amerrissage parfaitement rectiligne, une manœuvre très délicate qui a évité que l'appareil ne se brise en deux. » Il a été répété que le succès de cet amerrissage était dû à un pilote ancien et qualifié vol à voile. Est-ce à dire qu’un jeune pilote qui n’a pas fait de vol à voile n’aurait pas réussi le même exploit ? « La comparaison entre “jeune” et “ancien” pilote n’a pas lieu d’être pour ce type d’accident, qui est exceptionnel. Il est rassurant de savoir que tout jeune commandant de bord – nouvellement promu ou ayant une certaine ancienneté – est en mesure de réagir face à la survenance d’une panne grave, appelant une décision salvatrice rapide, en appliquant la ou les check-lists appropriées à la nature de la panne, capacité et réactivité qui sont vérifiées régulièrement lors d’entraînements sur simulateurs. Sur ce vol Airways 1549, l’intervention du copilote qui a pris l’initiative de démarrer l’APU montre qu’il a été très efficace et que "la valeur n’attend pas le nombre des années ! ». 15 N°7 – SEPTEMBRE 2009 A ’ ÉRONA U TI QU E De toute façon, sachant que le comportement des pilotes dépendra de très nombreux autres facteurs (fatigue, constitution de l’équipage, nature de la formation initiale, conditions météorologiques, altitude de l’avion, temps disponible avant de prendre la décision et de la mettre en œuvre, etc...), il convient donc d’être prudent quant à l’interprétation des décisions prises, comme je l’ai rappelé à plusieurs reprises, ainsi que dans un de mes récents ouvrages. En effet, en cas de survenance d’une panne grave, l’équipage prend sa décision en fonction des informations dont il dispose instantanément, alors qu’il est facile a posteriori, de démontrer qu’elle n’était pas forcément la meilleure. Cela étant dit, il est certain que l’expérience acquise et le fait d’être pilote de planeur ont été des facteurs contributifs qui ont permis au commandant Chesley SULLENBERGER, assisté de son copilote, d’éviter que l'appareil ne s'écrase sur une zone très densément peuplée ce qui a permis, à la suite d’un amerrissage parfait, le sauvetage rapide des 150 passagers et 5 membres d'équipage. » Relevage de l’épave de l’A320 d’US Airways des eaux glacées de l’Hudson River, trois jours après l’accident Jean Belotti Pour en savoir plus : http://www.tourmag.com 16 Editeur Rédaction • Association Aéronautique et Astronautique de France 3AF – 6, rue Galilée, 75016 Paris Tél. : 01 56 64 12 30 Fax : 01 56 64 12 31 www.aaaf.asso.fr Tél. : 06 81 88 98 51 E-mail : [email protected] Crédits Photos : Directeur de Publication Imprimerie • Michel SCHELLER • Bialec, Nancy Rédacteur en chef Réalisation • Khoa DANG-TRAN • Sophie BOUGNON Comité de rédaction Dépôt légal : Onera. Ont notamment contribué à ce numéro : Conception • Khoa DANG-TRAN, Sophie BOUGNON Jean BELOTTI, Laurent CAMBIER, JeanLouis CULLERIER, Paul LEMUHOT, Laurent MANGANE, Claude MOTEL, Jean-Pierre ROSENBLUM, Sarah & Matthieu, Michel SCHELLER, Christian VANPOUILLE ISSN 1767-0675 / Droit de reproduction, texte et illustrations réservés pour tous pays • Michel de la BURGADE, Jean LIZONTATI, Jean TENSI 3ème trimestre 2009