LES ActEurS DE bonnE foi - L`Atelier Canopé 78

Transcription

LES ActEurS DE bonnE foi - L`Atelier Canopé 78
Maison
de l'Éducation
des Yvelines
Mise en scène
Jean-Pierre Vincent
Décor
Jean-Paul Chambas
Dramaturgie
Bernard Chartreux
Costumes
Patrice Cauchetier
Lumières
Alain Poisson
LES Acteurs de bonne foi
de Marivaux
MAISON DE L’ÉDUCATION
Dossier
pédagogique
CRDP
Académie de Versailles
LES Acteurs de bonne foi
Mise en scène
Jean-Pierre Vincent
Dramaturgie
Bernard Chartreux
Assistante mise en scène
et dramaturgie
Frédérique Plain
Décor
Jean-Paul Chambas
Assisté de Carole Metzner
Costumes
Patrice Cauchetier
Lumières
Alain Poisson
Générique des Acteurs de bonne foi
Les premiers échos
Les caractéristiques de la pièce
Le contexte historique et littéraire
Composition de la pièce de Marivaux
Synopsis
Analyse des personnages
Analyse des principaux thèmes
La digression de Jean-Pierre Vincent
Analyse de la mise en scène
Scénographie
Madame Argante
Annie Mercier
Madame Hamelin
Laurence Roy
Araminte
Anne Guégan
Lisette
Claire Théodoly
Costumes
Lumières
Son
Jeu des acteurs
Ressources
Les citations de l’œuvre sont extraites de
l’édition Classiques et cie, Hatier poche, n°75
Production – Studio Libre, Théâtre NanterreAmandiers, Théâtre national de
Strasbourg.
Avec la participation du Jeune Théâtre National
et du FIJAD.
Ce dossier pédagogique
destiné aux professeurs a été réalisé par
Caroline Jouffre,
professeur de lettres
relais de l’Inspection académique des Yvelines
auprès de la Scène nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Mars 2011.
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CRDP
Académie de Versailles
Générique des
Acteurs de bonne foi
Les premiers échos
On trouve la première trace des Acteurs
de bonne foi le salon de Mlle Quinault,
dite Quinault Cadette, en 1748. Françoise
Quinault du Frêne, dite Quinault cadette
(1701-1783), était une femme de théâtre
et excellente comédienne, très consultée
par les auteurs. Elle était la fille de Jean
Quinault, de la Comédie-Française, donc
enfant de la balle. Ses soupers étaient célèbres pour leur gaieté et leur esprit. Elle
traitait sur un même pied la noblesse et
les poètes crottés.
Elle possédait à 21 ans une grande réputation de savoir et d’esprit et recevait
deux fois par semaine à dîner chez elle les
personnages les plus cultivés de Paris.
On peut citer parmi eux madame d’Épinay, Marivaux, d’Alembert, Rousseau, Diderot ou encore Claude Crébillon.
On sait qu’en 1731-1732, elle prit l’habitude de réunir sept amis pour des soupers fins agrémentés de représentations
théâtrales sous toutes ses formes (lanterne magique, marionnettes, chiens savants,
satire personnelle …).
Il est donc possible que Les acteurs de
bonne foi ait été lu ou joué dans ce cercle
intimiste de lettrés.
On sait que Marivaux serait parvenu à
faire jouer sa pièce en 1755 au Théâtre
Français.
Or les registres de l’établissement indiquent que le Français faisait relâche ce
jour-là. Si Marivaux a pu donner sa pièce,
elle n’a obtenu que peu de succès car cette
éventuelle représentation n’a pas connu
de suite.
Enfin, Marivaux fait publier son texte
en novembre 1757 dans Le Conservateur.
Nous évoquerons plus loin le contexte littéraire de 1757.
Pistes de travail
Comprendre le rôle des salons au
XVIIIe siècle. On demandera aux élèves de
chercher qui était Mademoiselle Quinault,
puis quels étaient les autres salons en
vogue à la même époque, tenus par des
« dames » (Madame Geoffrin, madame
du Deffand,mademoiselle de Lespinasse,
madame de Tencin par exemple). On leur
demandera qui était reçu dans ces salons, ce
qu’on y faisait et leur rôle social et littéraire.
Les caractéristiques de la pièce
Il s’agit d’une pièce en prose et en un
acte. C’est une œuvre tardive si on la situe
dans la vie et l’œuvre de Marivaux (16881763).
Marivaux est assez familier des pièces courtes en un acte. On peut citer Le
père prudent et équitable (1706), Arlequin
poli par l’amour (1720), Le Dénouement
imprévu (1724), L’île des esclaves (1725),
L’Héritier du village (1725), La Nouvelle Colonie (1729), perdue puis réécrite sous le
titre de la Colonie (1750), La réunion des
Amours (1730), L’École des mères (1732),
La méprise (1734), Le legs (1736), La joie
imprévue (1738), Les Sincères (1739),
L’épreuve (1740), La commère (1741), La
Dispute (1744), Le préjugé vaincu (1746),
La femme fidèle (1755), Félicie (1757)
et La Provinciale (1761). Ces pièces sont
toutes écrites en prose à l’exception de la
première.
Pistes de travail
Découvrir d’autres pièces courtes de
Marivaux. On demandera aux élèves de
choisir, parmi les titres indiqués en rouge
(choisis car ce sont les plus joués et les
plus connus), une autre pièce de Marivaux.
Après une lecture personnelle de l’œuvre,
ils en proposeront une analyse qui résumera
l’intrigue, présentera les personnages et les
thèmes principaux et enfin établira les points
communs avec Les acteurs de bonne foi.
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CRDP
Académie de Versailles
Le contexte historique
et littéraire
Contexte historique
Louis XV, au pouvoir depuis 1723, n’est
plus Louis le Bien-aimé. En 1757, il vient
d’échapper à un attentat fomenté par le
domestique Robert François Damiens qui
lui reproche d’oublier ses devoirs et de
mener une politique trop réformiste. Ces
reproches révèlent le climat de tension en
France dû aux difficultés financières et aux
incessants conflits (guerres de succession
et guerre de Sept ans). Le parlement s’oppose à la fiscalité royale et veut plus de
libertés, influencé par les idées des philosophes des Lumières.
À cela, s’ajoute des conflits religieux
(les jésuites sont sur la sellette et l’on se
querelle encore à propos du jansénisme).
Contexte littéraire
Marivaux fait publier son texte en 1757,
en plein cœur de la querelle à propos du
théâtre, entre Rousseau et d’Alembert.
Dans son article « Genève » de l’Encyclopédie, d’Alembert proposait aux
austères protestants genevois d’introduire dans leur cité un peu de fantaisie en y implantant un théâtre.Il faisait
tout son possible pour donner ses lettres
de noblesse (ou plutôt de morale) à ce
divertissement.
Rousseau, dans sa longue Lettre à
d’Alembert sur les spectacles, souligne les
dangers des spectacles dans les villes qui
ont encore des mœurs.
D’Alembert répondra à son tour à Rousseau dans une « Lettre à Rousseau ».
Pistes de travail
Comprendre l’esprit des Lumières. On
peut donner ce tableau aux élèves comme
point de départ. Outre les noms des principaux philosophes, il leur fournira quelques
œuvres clés. Les élèves pourront par groupe
réaliser des exposés sur chacune de ces œuvres : leur contenu et leur portée.
Le siècle des Lumières, des philosophes
Montesquieu, Lettres Persanes, 1721
Voltaire, Zadig, 1747
Voltaire, Candide, 1759
1750 à 1765 publication de l’Encyclopédie
Rousseau, Discours sur l’origine de
l’inégalité, 1755
Rousseau, Le Contrat Social, 1762
Comprendre la querelle sur le théâtre.
On peut placer en parallèle les différentes
querelles littéraires (querelle des modernes
et des anciens au XVIIe siècle et querelle
au sujet du drame romantique par exemple
au XIXe siècle) et constater à quel point
elles ont marqué des ruptures dans la création littéraire. On demandera aux élèves de
compléter les informations sur la querelle
autour du théâtre en lisant des extraits des
lettres de Rousseau et d’Alembert. L’objectif
est de leur faire prendre conscience des
idées philosophiques et politiques qui
sont derrière cet échange épistolaire.
Réaliser un travail d’écriture. Un journaliste observe la querelle entre Rousseau et d’Alembert et rédige après coup un
pamphlet sur leurs relations épistolaires.
Composition de la pièce
écrite par Marivaux
Synopsis
La pièce se décompose en 13 scènes. La
didascalie initiale évoque « une maison
de campagne de madame Argante ». Merlin donnera sa comédie dans « une salle »
qu’il faudra mettre en état et qui sera le
lieu unique de toute l’intrigue. Le divertissement est prévu pour « trois heures après
midi », la pièce commence donc dans la
matinée.
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CRDP
Académie de Versailles
Scène 1 : lors de la scène d’exposition, assez traditionnelle, Merlin s’entretient avec
Éraste. Deux informations essentielles sont
données : Éraste va épouser Angélique,
fille de madame Argante. C’est un mariage
d’amour ; Éraste bénéficie des grâces de
sa tante madame Hamelin, il s’unit à une
jeune fille riche.
Ils mettent au point le divertissement
donné à l’occasion du mariage pour plaire à madame Hamelin ; madame Argante
ignore tout de ce projet. Les acteurs seront Merlin lui-même et des gens de madame Argante. Par ailleurs, il s’agit d’un
impromptu, seul le canevas sera fourni aux
comédiens qui inventeront.
Scène 2 : Merlin accueille ses comédiens,
donne des conseils à chacun sur son rôle.
Le canevas proposé consiste à ce que Colette, une coquette promise à Blaise, se
laisse conter fleurette par Merlin, luimême promis à Lisette. On devine déjà
des réticences chez les uns et les autres à
jouer les dupés.
Scène 3 : la répétition commence avec
Lisette et Merlin tandis que Blaise et Colette y assistent en tant que spectateurs.
Le ton monte : Lisette frotterait bien la
joue de l’impertinente qui fait de l’œil à
son promis.
Scène 4 : dans la scène suivante, Merlin
se trouve face à Colette qui se montre trop
vite entreprenante au grand désespoir de
Blaise et sous le regard courroucé de Lisette.
Scène 5 : Blaise ne comprend plus rien et
confond théâtre et réalité. Il prend pour
argent comptant ce qui se joue sur scène.
Colette, complice de Merlin, assure qu’elle
est prête à rompre ses fiançailles pour partir avec Merlin. S’en suit force dispute.
Scène 6 : madame Argante, alarmée par le
bruit, vient aux nouvelles. Merlin et Éraste
sont bien obligés de lui avouer leur « petit dessein …. Une bagatelle … Une petite
pièce … Une comédie ». Mais madame Argante s’oppose vivement à ce projet « chez
une femme de son âge ». Elle est persuadée que madame Hamelin se rangera à son
avis.
Scène 7 : madame Hamelin revendique la
paternité de cette idée mais plie cependant devant madame Argante, contrariée.
Scène 8 : madame Hamelin expose son
nouveau dessein à son amie Araminte :
« c’est qu’au lieu de la lui donner, il faudra
qu’elle me la donne ». Elle feindra de refuser Éraste à Angélique et de lui préférer
Araminte, riche et encore jeune. Nul, en
dehors d’Araminte, ne saura le rôle qu’il
joue. Le metteur en scène a changé, le canevas aussi mais nous assistons toujours
à un impromptu joué par des acteurs de
« bonne foi ».
Scène 9 : Éraste rejoint sa tante et Araminte. On lui apprend qu’il épousera Araminte et ses trente mille livres de rentes.
Il est désespéré.
Scène 10 : madame Argante est à son tour
informée des nouveaux projets de madame
Hamelin. La situation lui échappe : elle est
prête à faire donner cette comédie, à jouer
dedans …. Mais que ce mariage ait lieu !
Scène 11 : dans la confusion la plus totale, madame Argante tente de faire jouer
l’impromptu de Merlin. Elle dispute même
Araminte de son peu de raison et de sa
courtoisie : elle vole le fiancé d’une autre
en affichant le double de son âge.
Scène 12 : madame Argante attend la comédie de Merlin. Les comédiens reviennent
sur scène mais Blaise ne veut plus jouer,
sa mère le lui ayant défendu. Il n’apprécie
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Académie de Versailles
pas non plus le rôle qu’on lui fait tenir.
Tous se rebellent et madame Argante a
bien du mal à faire avancer l’intrigue.
Scène 13 : un notaire arrive apportant
le contrat de mariage. Madame Argante,
pensant qu’il s’agit du contrat d’Éraste et
d’Araminte, refuse de le signer. L’homme
de loi révèle les noms des promis : Éraste
et Angélique. Tout le monde signe dans un
soupir de soulagement et dans un rire parfois jaune.
C’est donc une intrigue simple rendue plus
complexe par le jeu de mise en abyme que
nous étudierons plus loin dans la partie
consacrée aux thèmes.
Analyse des personnages
Madame Argante
Mère d’Angélique, elle est une riche propriétaire terrienne. Elle représente le monde rural par opposition à madame Hamelin
qui renvoie à la ville et à ses plaisirs. On
voit en elle une maîtresse femme qui a
l’habitude de commander et d’être obéie
(scène 6). Elle se considère comme la mère
de tous ces gens : « je lui défends de vous
défendre : je vous sers de mère ici, ici c’est
moi qui suis la vôtre ».
Elle est jugée « trop sérieuse » par madame
Hamelin.
Elle semble désemparée face à la rupture
du contrat de mariage : elle lui semble
disproportionnée par rapport à la cause,
l’interruption du divertissement. Elle sera
alors dans une démesure totale qui l’entraîne loin de la raison et de la réserve
d’une « femme de son âge » : « qu’on y
joigne l’opéra, la foire, les marionnettes,
et tout ce qu’il vous plaira, jusqu’aux parades » (scène 10).
Araminte
Amie des deux femmes, sans doute plus
proche de madame Hamelin que de madame
Argante, de part ses goûts, elle est veuve,
trois fois plus riche qu’Angélique. Elle joue
parfaitement son rôle et sait se montrer
autoritaire et cruelle : « Oh ! Puisque vous
le prenez sur ce ton-là, vous m’aimerez, s’il
vous plait. » (scène 9). Elle se montre assez coquette quand on parle de son âge et
qu’on lui parle de ses quarante ans ; elle
n’en a que trente-neuf !
Madame Hamelin
Tante d’Éraste, elle vient de Paris et représente la ville comme on l’a dit plus haut.
Elle dirige la pièce dans laquelle madame
Argante joue malgré elle. Elle se montre
plutôt espiègle et vive, très grande dame,
sûre d’elle.
Angélique
Elle est la fille de madame Argante et joue
le rôle de la jeune épousée, naïve et pure.
Elle aime sincèrement Éraste. Ce n’est pas
un rôle important, même si le personnage
est étoffé par la première scène, tirée de
L’épreuve.
Lisette
C’est la femme de chambre de mademoiselle Angélique. Elle est plus éduquée et
cultivée que Colette. Son langage est plus
maîtrisée, plus correct. Cependant, elle se
laisse abuser par Merlin, prend les propos
de l’impromptu pour argent comptant et
est même prête à battre Colette. On sent
un personnage entier, vite en colère et qui
laisse voir ses origines simples lors de ses
emportements.
Colette
C’est la fille d’un jardinier. Elle appartient
au même milieu social que Blaise et use du
même patois. Elle n’est qu’une « petite villageoise » aux yeux de Lisette. Elle joue la
coquette amoureuse d’un valet, supérieur à
elle qui lui offrirait une promotion sociale.
Elle se montre cruelle, comme Blaise, en
faisant souffrir et pleurer son fiancé ; elle
est vive et maligne. Elle reste lucide sur
son propre jeu : « il n’y a pas de danger,
puisqu’ils nous aiment tant » (scène 5).
Éraste
C’est un jeune homme prêt à tout pour
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CRDP
Académie de Versailles
plaire à sa tante qui le fait bénéficier de
ses largesses. Il apparaît sur la scène en
organisateur de cette comédie mais s’avérera dépassé par la situation. Il sera un comédien malgré lui et perd vite son aplomb
et la parole face à Araminte et à Angélique, elle-même.
C’est un personnage timide donc, sans
grande envergure par rapport aux personnages féminins.
Merlin
C’est un valet rusé, cultivé qui connait les
règles du théâtre et se plait aux impromptus comme aux « anacréontiques » (I,1).
Il parle de son génie avec une certaine fatuité : « du passable, Monsieur ? Non, il
n’est pas de mon ressort ; les génies comme
le mien ne connaissent pas le médiocre »
(I,1). Il est cependant attachant car lucide : « j’excelle ou je tombe, il n’y a jamais de milieu ». Il se montre paternaliste
vis-à-vis de ses comédiens « Allons mes
enfants » (I,2). Il est le metteur en scène
et organise la première partie du jeu. C’est
pour lui un emploi lucratif et amusant en
même temps.
On le sent rusé, à l’aise dans les jeux doubles ; c’est pourquoi il invente un scénario
qui rendra Lisette jalouse, ce qui ne manque pas de cruauté.
Blaise
C’est le fils du fermier de madame Argante.
Il est présenté comme un nigaud et se singularise par son patois : « Voyez en effet
comme alle se presse : an dirait qu’alle y
va de bon jeu, je crois que ça m’annonce
du guignon ». Son langage en fait déjà un
personnage comique qui se démarque des
autres. Quand il ne veut plus jouer à la
scène 12, il invoque la figure maternelle
comme un enfant : « noute mère m’a défendu de monter sur le théâtre ».
Par ailleurs, il confond théâtre et réalité et
ne sait plus si ce qu’ils jouent est vraiment
un jeu.
Une pièce avec six personnages féminins
est assez peu fréquente. Certains attribuent le peu de succès de la pièce en 1757
à cette forte féminisation de la scène.
Analyse des principaux thèmes
Le mariage : un contrat
Le mariage qui est au centre de nombreuses comédies de Marivaux, est ici un mariage d’amour : « vous savez que j’adore
Angélique, qu’il m’est impossible d’aimer
ailleurs » (scène 9). Éraste joue le rôle du
jeune homme « forcé » dans la comédie inventée par sa tante. On lui impose Araminte, plus âgée mais très fortunée. « Trente
mille livres de rente » doivent faire oublier
tous les mariages d’amour. Araminte, elle,
donne « deux cent mille écus » pour le
cœur d’Éraste.
Et on parle souvent d’argent : Éraste
ne doit ce mariage qu’à la générosité de
sa tante, on ne parle pas de ses biens propres, Araminte est un parti riche qui doit
faire oublier son âge … On assiste à une
surenchère entre les femmes. Madame Argante pour faire jouer l’impromptu de Merlin est prête à rajouter 10 pistoles.
La mise en abyme
La pièce joue sur plusieurs niveaux. Ainsi
Merlin donne une comédie dans laquelle
lui et ses comparses tiendront les rôles et
ne sortiront pas de leur caractère : « toi
[à Lisette], tu joues une maligne soubrette
à qui l’on n’en fait point accroire, et te voilà ; Blaise a l’air d’un nigaud pris sans vert
et il en fait le rôle ; un petite coquette de
village et Colette c’est la même chose ; un
joli homme et moi, c’est tout un ». Chacun
sera lui-même tout en jouant un rôle. Les
dialogues mêleront alors des propos sur la
vie réelle, les répliques de la répétition et
les indications du metteur en scène sur le
jeu lui-même. Pour Blaise, Colette et Lisette, tout finira par s’embrouiller. D’autant
plus que Merlin et Colette ont convenu de
jouer, dans leur pièce, un autre rôle, de
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CRDP
Académie de Versailles
©Pascal Victor
façon à rendre jaloux leur promis réciproque : « J’oublie encore de vous dire une
finesse de ma pièce ; c’est que Colette qui
doit faire mon amoureuse et moi qui doit
faire son amant, nous sommes convenus
tous deux de voir la mine que feront Lisette
et Blaise à toutes les tendresses naïves que
nous prétendons nous dire … ». On obtient
ainsi trois niveaux de jeu : nous regardons
une pièce dans laquelle s’en joue une seconde dans laquelle deux personnages en
jouent un autre.
Pendant la répétition (scènes 3, 4 et
5), les acteurs seront tour à tour spectateurs et acteurs.
Le procédé sera repris à la fin de la
pièce avec un changement de metteur en
scène : de Merlin, on passe à madame Hamelin. Celle-ci propose un autre scénario,
connu d’elle seule et d’Araminte. Tous les
autres seront les dupes et joueront malgré
eux une comédie. Madame Argante veut
même jouer sans savoir qu’elle fait déjà
partie de la distribution.
On a donc deux comédies dans une :
dans le premier cas, les acteurs sont volontaires (même si deux seulement sont
de bonne foi, Blaise et Lisette) tandis que
dans la seconde les acteurs seront promus
comédiens sans le savoir et sans le vouloir.
Ils seront donc tous « de bonne foi ». Ce
procédé de mise en abyme révèle l’importance de l’illusion théâtrale.
On pourra s’appuyer, en outre, sur la
photo ci-dessus et sur celle qui présente
Merlin en étourdi. Les élèves proposeront
une analyse du dispositif scénique et montreront comment il met en lumière cette
mise en abyme.
Pistes de travail
Réfléchir sur la thématique de l’illusion
théâtrale. Après avoir lu la pièce, les
élèves s’interrogeront sur les différents
niveaux de jeu de celle-ci. On pourra par
exemple leur demander pourquoi on parle ici de mise en abyme. On pourra aussi
leur proposer des lectures complémentaires sur la même thématique : L’Illusion
comique de Corneille ou Six personnages
en quête d’auteur de Luigi Pirandello.
Le théâtre : réalité et illusion
On remarque le champ lexical du théâtre dans la bouche de Merlin : « donner
la comédie… mes acteurs… le coup d’art
qu’il y a dans ma pièce… l’impromptu…
le canevas… les dialogues… répétons …
le plan de ma pièce… jouer… nous sommes la première scène… ». Dans celle de
madame Hamelin, on note encore « on
la jouera pourtant … qu’elle la joue …
Jouera-t-elle bien son rôle ? …de bons acteurs... » ; elle reprendra, dans la scène 8,
la même expression que Merlin « c’est ici la
première scène ».
Éraste veut une comédie pour plaire à
sa tante et pour la divertir, Merlin recherche à la fois l’argent et la confirmation des
sentiments de sa belle, madame Hamelin
veut donner une leçon à madame Argante.
Chacun cherche par le théâtre à atteindre
un but, parfois qui apparaît comme une
forme de vérité. De là à dire que le théâtre,
monde de l’illusion, permet de dévoiler la
vérité des êtres, il n’y a qu’un pas.
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CRDP
Académie de Versailles
Les scènes de répétitions brouillent
particulièrement les pistes car on trouvera mêlé les répliques des comédiens :
« Quoi ! Chère Colette, votre cœur, vous dit
quelque chose pour moi ? » ; indications
du metteur en scène « Entre amants, les
mains d’une maîtresse sont toujours de la
conversation » encore des propos de la
vie quotidienne : « ce n’est pas moi qui le
prends ; c’est mon père et ma mère qui me
le baillent ». Où est la réalité ? L’illusion ?
Les comédiens s’y perdent : Blaise se met
à pleurer « pour de vrai » quand Colette
lui dit que ce n’est pas elle qui l’a choisi.
Colette elle-même, à force de jouer la coquette amoureuse, le devient : « je sis bien
obligée d’en sentir pisque je sis obligée d’en
prendre dans la comédie. Comment voulezvous que je fasse autrement ? ».
Quant à madame Argante, elle ne
comprend plus rien, et tout n’est qu’un
« rêve ».
La digression de
Jean-Pierre Vincent
Jean-Pierre Vincent découvre la pièce en
1970. Elle est souvent accompagnée d’une
autre pièce en un acte, plus connue.
Le metteur en scène décide cette foisci de la monter seule en l’étoffant un peu.
L’idée est de lui donner plus de corps par
une réflexion philosophique sur le théâtre. Jean-Pierre Vincent songe alors aux
échanges épistolaires de Rousseau et de
d’Alembert sur ce sujet. Ces échanges seront repris en partie dans un dialogue entre mesdames Argante et Hamelin.
Jean-Pierre Vincent s’explique en ces
termes le 26 mai 2009, au lendemain de
la première d’Ubu (mise en scène à la Comédie-Française) « L’ajout de la scène «
Rousseau/D’Alembert » (voir ci-dessous,
NDLR) comporte déjà une sorte d’ « effet scénario ». Mais peut-être n’est-il pas
inutile de songer à un « récit second ». Il
permettrait peut-être de densifier le propos. Et à moi, il permettrait de prendre un
peu de recul par rapport à ce texte que je
connais (ou crois connaître) sur le bout des
doigts, et qui peut me devenir trop familier.
Verfremdung (qu’on pourrait traduire ici
par mise à distance, NDLR) comme disait
Brecht ! ».
En Janvier 2010, il écrit encore : « Si
Mme Argante se met à emprunter et incarner – plus ou moins – les idées de JeanJacques Rousseau, ses raisons de refuser
le théâtre prennent corps et du sérieux
(pas même besoin de parler de « protestantisation »). Elle n’est plus la ridicule de
campagne, celle qui n’aurait qu’une lubie
phobique. Elle est une personne réellement
agressée par la présence du théâtre dans
son mode de vie (choix de vie). Elle exprime alors une vraie résistance à la culture
mondaine. Elle défend une vision de la société moderne telle qu’elle la veut : morale
et économique. »
« Alors, aussi, le différend Paris/Province prend de la hauteur et s’élève audessus de la sphère privée. Et le différend
également entre deux fractions de la classe
possédante : les bosseurs et les jouisseurs,
les riches arrivés et ceux qui font tout pour
arriver. Ne sait-on pas que, dans la bourgeoisie française moderne, l’élu local est
plus soucieux de l’ordre au quotidien que
le responsable central, surtout dans le domaine culturel ? ».
Il cite encore la Lettre à d’Alembert de
Rousseau : « Jamais dans une monarchie
l’opulence d’un particulier ne peut le mettre au-dessus d’un prince ; mais dans une
République elle peut le mettre au-dessus
des lois. Alors le gouvernement n’a plus de
force et le riche est toujours le vrai « souverain ».(Garnier-Flammarion, page 171).
« C’est bien avant « les eaux glacées du
calcul égoïste » de Karl Marx, dira JeanPierre Vincent. Mais devant cette Mme
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CRDP
Académie de Versailles
Argante-là, on peut penser qu’elle défend
(encore…) la fameuse « idylle » dont Marx
dit qu’elle a été brisée par l’avènement de
la bourgeoisie et la suprématie de l’argent.
En tout cas, elle le vit ainsi, son paternalisme productiviste, à la fois passéiste et
réformateur… »
Ce débat entre Mme Argante et Mme
Hamelin sur le théâtre apparaîtra sous la
forme d’une digression qui intervient comme un arrêt sur image, comme une pièce
dans la pièce. Le metteur en scène donne
à entendre ce que les personnages de Marivaux ne diront jamais : ce qui sous-tend
tous leurs dires.
Jean-Pierre Vincent ajoute encore une
autre scène, jouée en guise de prélude. On
y découvre au lever du jour Éraste alangui
qui se presse vers Angélique, à son entrée.
Ce préambule nous plonge dans un univers campagnard et amoureux. Cette scène
vient, cette fois, de L’épreuve de Marivaux,
une scène entre les jeunes fiancés pour
que ce mariage ne soit pas seulement un
contrat, ou une phase obligée de la comédie, mais un vrai moment de vie pour les
principaux intéressés…
Pistes de travail
Découvrir la scène préambule. Après
l’avoir lu, les élèves pourront débattre
de l’intérêt de cette scène au début de
la pièce. On peut aussi leur faire comparer la scène réécrite de Jean-Pierre Vincent et l’originale de L’épreuve insistant
sur le travail de réécriture (quels sont
les changements apportés et pourquoi).
PROLOGUE POUR
UN MARIAGE À LA CAMPAGNE
D’après L’épreuve, scène VIII
Une grange, ou quelque chose comme ça,
un matin ensoleillé.
Éraste paresse dans le foin, ou quelque
chose comme ça. Entre Angélique, avec un
bouquet. Il la regarde. Silence.
ANGÉLIQUE – À quoi songez-vous donc en
me regardant si fort ?
ÉRASTE – Je songe que vous embellissez
tous les jours.
ANGÉLIQUE – À propos, je sais que vous
aimez les fleurs, et je pensais à vous en
cueillant ce petit bouquet ; tenez, Monsieur, prenez-le.
ÉRASTE – Je ne le prendrai que pour vous
le rendre, j’aurai plus de plaisir à vous le
voir.
ANGÉLIQUE, le reprend – Et moi, à cette heure que je l’ai reçu, je l’aime mieux
qu’auparavant.
ÉRASTE – Vous ne répondez jamais rien
que d’obligeant.
ANGÉLIQUE – Ah ! cela est si aisé avec
de certaines personnes. Silence. Il est tout
près d’elle.
Mais que voulez-vous donc ?
ÉRASTE – Vous donner des témoignages
de l’extrême amitié que j’ai pour vous, à
condition qu’avant tout, vous m’instruisiez de l’état de votre cœur.
ANGÉLIQUE – Hélas, le compte en sera
bientôt fait, je ne vous en dirai rien de
nouveau ; ôtez notre amitié que vous savez bien, il n’y a rien dans mon cœur, que
je sache, je n’y vois qu’elle.
ÉRASTE – Vos façons de parler me font
tant de plaisir, que j’en oublie presque ce
que j’ai à vous dire.
ANGÉLIQUE – Comment faire, vous oublierez donc toujours, à moins que je ne me
taise ;
je ne connais point d’autre secret.
ÉRASTE – Je vois quelquefois bien des
jeunes gens qui vous font la cour ; lequel
distinguez-vous parmi eux ? Confiez-moi
ce qui en est comme au meilleur ami que
vous ayez.
ANGÉLIQUE – Je ne sais, Monsieur, pour-
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Académie de Versailles
quoi vous pensez que j’en distingue ; estce que je les remarque ? Est-ce que je les
vois ?
ÉRASTE – Je vous crois, Angélique.
ANGÉLIQUE – Je ne me souciais d’aucun,
quand vous êtes venu ici, et je ne m’en
soucie pas davantage, depuis que vous y
êtes, assurément.
ÉRASTE – (Ma chère Angélique,) Quand je
ne vous vois pas, vous me manquez, et je
vous cherche.
ANGÉLIQUE – Vous ne cherchez pas longtemps, car je reviens bien vite.
ÉRASTE – Quand vous êtes revenue, je suis
content.
ANGÉLIQUE – Et moi je ne suis pas mélancolique.
ÉRASTE – Adieu, ma chère Angélique ;
mais avant que je ne vous quitte, acceptez
de moi ce petit présent de noce, que j’ai
droit de vous offrir, suivant l’usage ; ce
sont de petits bijoux que j’ai fait venir de
Paris.
ANGÉLIQUE – Et moi, je les prends parce
qu’ils y retourneront avec vous, et que
nous y serons ensemble ; mais il ne fallait
point de bijoux, c’est votre amitié qui est
le véritable.
ÉRASTE – Adieu, belle Angélique.
Ils vont pour s’embrasser, musique, ils vont
s’embrasser. Éraste sort en courant..
ANGÉLIQUE – (d’abord pétrifiée, puis violemment) Courez donc !
NOIR.
Pistes de travail
Analyser un texte argumentatif. Figure ci-dessous le texte modifié par JeanPierre Vincent avec la « digression sur le
théâtre ». Les passages indiqués en rouge
marquent la scène VII originelle. On peut
analyser les arguments des deux femmes
et travailler sur le dialogue argumentatif.
Dans un second temps, on peut fournir aux
élèves des extraits des lettres de Rousseau
et de D’Alembert, voire même son article
« Genève » figurant dans l’Encyclopédie,et
leur demander de repérer les arguments repris par les deux personnages de Marivaux.
SCÈNE VII
MADAME HAMELIN, MADAME ARGANTE,
ANGÉLIQUE, ÉRASTE, MERLIN
Puis
ARAMINTE
MADAME ARGANTE – à madame Hamelin.
Vous ne devinerez pas, Madame, ce que ces
jeunes gens nous préparaient ? Une comédie de la façon de monsieur Merlin : ils
m’ont dit que vous le savez, mais je suis
sûre que non.
MADAME HAMELIN – C’est moi à qui l’idée
en est venue.
MADAME ARGANTE – À vous, Madame !
MADAME HAMELIN – Oui, vous saurez que
j’aime à rire, et vous verrez que cela vous
divertira ; mais j’avais expressément défendu qu’on vous le dit.
MADAME ARGANTE – Je l’ai appris par le
bruit qu’on faisait dans cette salle : mais
j’ai une grâce à vous demander, Madame,
c’est que vous ayez la bonté d’arrêter le
projet.
MADAME HAMELIN – Mais, Madame…
ARAMINTE – entrant (Madame Hamelin et
Araminte très chic, claires et vaporeuses)
Eh bien, ma chère, où en est notre comédie, va-t-on la jouer ?
MADAME HAMELIN – Non, madame Argante veut qu’on rende l’argent à la porte.
ARAMINTE – Comment ! Elle s’oppose à ce
qu’on la joue ?
Et pourquoi, Madame, s’il vous plaît ?
MADAME ARGANTE – Mon âge, Madame,
mon caractère…
MADAME HAMELIN – Mais encore ? Quel
est le fond de votre pensée là-dessus ?
MADAME ARGANTE – La vérité, Madame,
est que le théâtre est un amusement.
MADAME HAMELIN – Sans doute, et des
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Académie de Versailles
plus plaisants qui soient. C’est une honnête récréation.
MADAME ARGANTE – Mais s’il est vrai qu’il
faille des amusements à l’homme, vous
conviendrez au moins qu’ils ne sont permis qu’autant qu’ils sont nécessaires, et
que tout amusement inutile est un mal.
MADAME HAMELIN – Assurément.
MADAME ARGANTE – Je ne vous demande, Madame, qu’un moment d’attention.
Contemplez, s’il vous plaît, notre belle
campagne, toute entière couverte d’habitations dont chacune fait le centre des
terres qui en dépendent. Ces heureux paysans, tout à leur aise, cultivent des biens
pour lesquels ils reçoivent une équitable rétribution ; et ils emploient le loisir
que cette culture leur laisse à faire mille
ouvrages de leurs mains. L’hiver surtout,
chacun renfermé bien chaudement, avec
sa nombreuse famille, dans sa jolie et
propre maison, s’occupe de mille travaux
amusants. Jamais menuisier, serrurier, vitrier, tourneur de profession n’entra dans
le pays : tous le sont pour eux-mêmes…
Eh bien, Madame, supposons qu’au milieu
de ce paysage, au centre des habitations,
on établisse un spectacle fixe et peu coûteux, sous prétexte, comme vous dites, de
leur offrir une honnête récréation. Qu’adviendra-t-il ?
Je vois d’abord que, leurs travaux cessant
d’être leurs amusements, aussitôt qu’ils en
auront un autre, celui-ci les dégoûtera des
premiers. Il y aura chaque jour un temps
réel de perdu pour ceux qui assisteront à
votre spectacle ; et l’on ne se remet pas à
l’ouvrage, quand on a l’esprit rempli de ce
qu’on vient de voir : on en parle, ou l’on
y songe. Par conséquent, relâchement du
travail : premier préjudice.
Quelque peu qu’on paie à la porte, on
paie enfin quelque chose, c’est toujours
une dépense qu’on ne faisait pas. Il en
coûte pour soi, pour sa femme, pour ses
enfants ; il faut prendre plus souvent ses
habits de dimanche, tout cela coûte du
temps et de l’argent. Augmentation de dépense : deuxième préjudice.
Un travail moins assidu et une dépense
plus forte exigent un dédommagement. On
le trouvera sur le prix des ouvrages qu’on
sera forcé de renchérir. Plusieurs marchands, rebutés par cette augmentation,
iront se pourvoir ailleurs, là où il n’y a pas
de spectacle. Diminution du débit : troisième préjudice.
Dans les mauvais temps, les chemins ne
sont pas praticables : il faudra que la
troupe vive, elle n’interrompra pas ses représentations ; l’hiver, il faudra faire des
chemins dans la neige, peut-être les paver.
Voilà des dépenses publiques : établissement d’impôts : quatrième préjudice.
Les femmes des fermiers voudront être parées pour être vues. Introduction du luxe :
cinquième préjudice…
ARAMINTE sortant de sa réserve – Chimères, madame Argante, chimères !... Vous
voyez le mal partout.
MADAME ARGANTE – Ne vous récriez point,
Madame. Il n’y a point là de chimère.
ARAMINTE – Mais, Madame, les spectacles
ne sauraient être mauvais en eux-mêmes,
et en tous lieux !
MADAME HAMELIN – Je tiens qu’en certains lieux, ils sont utiles pour attirer les
étrangers ; pour augmenter la circulation
des espèces ; pour exciter les artistes ;
pour varier les modes ; pour occuper les
gens trop riches, ou aspirant à l’être ; pour
les rendre moins malfaisants ; pour distraire le peuple de ses misères ; pour lui
faire oublier ses chefs en voyant ces baladins…
MADAME ARGANTE – En d’autres lieux, ils
ne servent qu’à détruire l’amour du travail ; à décourager l’industrie ; à ruiner
les particuliers ; à leur inspirer le goût de
l’oisiveté ; à leur faire chercher les moyens
de subsister sans rien faire ; à rendre un
peuple inactif et lâche ; à tourner la sa-
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gesse en ridicule ; à travestir les citoyens
en beaux esprits, les mères de famille en
petites maîtresses, et les filles en amoureuses de comédie.
MADAME HAMELIN – Quoi, Madame, vous
niez que le théâtre rende la vertu aimable.
Les méchants ne sont-ils pas haïs sur la
scène ?
MADAME ARGANTE – Sont-ils aimés dans
la société, quand ils y sont connus pour
tels ? Si tout l’art du théâtre consiste à
nous montrer des malfaiteurs pour nous
les rendre odieux, je ne vois point ce que
cet art a de si admirable.
MADAME HAMELIN – Au moins vous m’accorderez que le théâtre instruit en amusant. Sous l’apparence du plaisir ce sont
des leçons utiles qu’il nous donne. Nous
entrons au théâtre pour rire ou pour pleurer : la tragédie nous offre les malheurs
produits par les vices des hommes, la comédie les ridicules attachés à leurs défauts ; l’une et l’autre nous mettent sous
les yeux ce que la morale nous montre de
façon abstraite et dans un espèce de lointain. Elles développent et fortifient par les
mouvements qu’elles excitent en nous les
sentiments dont la nature a mis le germe
dans nos âmes.
MADAME ARGANTE – Vous vous moquez,
Madame. Plus une comédie est agréable
et parfaite, plus son effet est funeste aux
mœurs. Le plaisir qu’on y prend est incompatible avec une vie morale. Avec quelle
avidité la jeunesse ne s’y livre-t-elle point
à des idées auxquelles elle n’a déjà que
trop de penchant ? Voilà le sujet de mes
alarmes, voilà le mal que je voudrais prévenir.
ARAMINTE – Quoi ! Ne faut-il donc aucun
spectacle dans une société ?
MADAME ARGANTE – Au contraire, Madame, il en faut beaucoup.
MADAME HAMELIN – Mais alors quels seront les objets de vos spectacles ? Qu’y
montrera-t-on ?
ARAMINTE – Rien, peut-être…
MADAME ARGANTE – Rien, si l’on
veut. Plantez au milieu d’une place un
piquet couronné de fleurs, rassemblez-y
le peuple, et vous aurez une fête. Faites mieux encore: donnez les spectateurs
en spectacle ; faites que chacun se voie
et s’aime dans les autres afin que tous en
soient mieux unis. Pourquoi, sur le modèle
des fêtes militaires, ne fonderions-nous
pas d’autres prix de gymnastique, pour la
lutte, pour la course, pour le disque, pour
divers exercices du corps ? Pour moi, loin
de blâmer de si simples amusements, je
voudrais au contraire qu’ils fussent publiquement autorisés, et qu’on y prévint tout
désordre particulier en les convertissant
en bals solennels et périodiques, ouverts
indistinctement à toute la jeunesse. Je
voudrais que les pères et mères y assistassent pour veiller sur leurs enfants. Je
voudrais qu’on formât dans la salle une
enceinte commode et honorable destinée
aux gens âgés de l’un et l’autre sexe…
MADAME HAMELIN – Ma foi, Madame,
vous pouvez arrêter là ; me voilà convaincue tout à fait. On ne résiste pas à un piquet couronné de fleurs. Ne vous alarmez
donc point, Madame.
C’en est fait de notre comédie, n’y pensons
plus.
ARAMINTE – Puisque madame Hamelin
vous le dit, Madame, ne vous alarmez
point.
MADAME ARGANTE – Je vous en rends
mille grâces, Mesdames, et je vous avoue
que j’en craignais l’exécution.
MADAME HAMELIN – Je suis fâchée de
l’inquiétude que vous en avez prise.
MADAME ARGANTE – Je vais rejoindre la
compagnie avec ma fille ; n’y venez-vous pas ?
MADAME HAMELIN – Dans un moment.
ANGÉLIQUE – à part, à Madame Argante
Madame Hamelin n’est pas contente, ma
mère.
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Académie de Versailles
MADAME ARGANTE – à part, le premier mot.
Taisez-vous.
Adieu, Madame, venez donc nous retrouver.
MADAME HAMELIN – Oui, oui.
Mon neveu, quand vous aurez mené madame Argante, venez me parler.
ÉRASTE – Sur-le-champ, Madame.
MERLIN – J’en serai donc réduit à l’impression, quel dommage !
Madame Argante sort, avec Angélique,
Éraste et Merlin.
Analyse de
la mise en scène
Scénographie
Jean-Pierre Vincent fournit de précieuses
indications sur le lieu dans ses notes : « Extérieur ou intérieur ? La cause semble
entendue, pour Marivaux, dès la première
réplique : il faut « mettre la salle en
état ». Salle ? Grand salon ? Mais à côté de
cela, la répétition peut avoir lieu n’importe
où ailleurs que dans le lieu où la chose
sera présentée… Marivaux imaginait sans
doute un grand salon (rez-de-chaussée de
la demeure), dont on bouleverse l’ordonnance pour les besoins du divertissement :
la scène y serait un tapis débarrassé de son
mobilier habituel.
Préparation pour un impromptu de salon avec des chaises regroupées/rangées
pour l’assistance ; par les portes-fenêtres,
ce salon donne sur la nature, le jardin
d’abord, puis la campagne et le village
(et le clocher !) au loin… Salon réel, envahi par comédies et tragédies tout aussi
réelles, par les paysans, etc. »
« En 1970, l’enjeu pour le lieu était politique (sic) : trouver par exemple un détournement (pour les besoins du loisir des
riches) des « outils de production » agricoles… J’aurais voulu que la scène – le
théâtre dans le théâtre de Merlin – soit
constituée de bottes de paille remisées
pour l’hiver.
Dans une grange, ou un auvent en plein
air, il y aurait eu un amoncellement de bottes en parallélépipèdes (cela existait-il à
l’époque ? Moissonneuses). Et l’on aurait
sacrifié une vingtaine de ces bottes pour en
faire un praticable en paille, monter dessus
et jouer, d’où gaspillage des produits du
labeur, etc. Mais nos moyens ne nous permettaient pas d’ignifuger tout ça, ni d’imaginer de fausses bottes en déco. Il fallut
donc trouver autre chose. Et ce fut, en plein
air, au pied d’un saule mort, une série de
praticables/étendoirs mis côte à côte pour
fabriquer une scène de fortune. Les pommes (rouges !) étaient dans deux grands
paniers. Dans sa révolte finale, Blaise
bazardait toutes les pommes (la récolte
!) sur le plateau gris clair qui devenait …
ROUGE ! Tout juste si Mao n’entrait pas à
cet instant !
« Pas question, évidemment, de reprendre cette vieille idée. Mais l’idée de détournement de la nature, ou des éléments du
travail, peut rester sous-jacente. Marivaux détournait un salon, nous détournions
une récolte. »
« Mon premier sentiment, il y a un an,
était de partir de l’idée de grange, d’une
écurie, d’une salle dans les communs ;
l’intérêt étant la beauté rustique du lieu,
des lumières entrant par les portails et
les lucarnes, la paille et le sol de terre
battue, le soleil qui change… »
« Puis est venue (le 16 avril 2009) l’idée de
repartir de notre Jeu de l’amour et du hasard, qui se déroulait donc dans une salle
de bal de château, désertée depuis la mort
de la mère, désaffectée.
C’était l’endroit secret de Silvia, son endroit
des larmes solitaires, où tout le monde venait l’envahir. »
« À propos de détournement, on pourrait
ainsi prolonger/renverser le jeu. La salle
de bal (avec mur/miroir piqueté, fres-
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Académie de Versailles
la maison de maître : la demeure de Mme
Argante peut aussi bien se situer dans le
village. En tout cas, une impression de
vide quand cela commence : un lieu qui
va devoir être habité, arrangé, nettoyé
(…). Watteau est fascinant, mais c’est une
poésie, une imagerie beaucoup plus « Régence » qui pourrait avoir un lien très fort
avec les premières pièces, les « fééries » de
Marivaux. Ici, des années ont passé.
Même si Marivaux n’est pas naturaliste,
le temps et l’espace théâtraux se sont rapprochés du réel. »
« Une salle vide et pas très clean, donc.
Avec un peu, très peu de gravas par terre
(chute de staff ou de plafond). Ligne rouge
ou bleue Chambas courant sur le mur à un
mètre de haut. Bout de fresque à peine encore visible ? (Pas compliqué !) Cheminée
cassée avec miroir fendu au-dessus ?
Et au fait, un PLAFOND ? Chiant en
tournée, mais… ça change tout.»
Piste de travail
Lire des notes de travail. On donnera à
lire les notes du metteur en scène sur le
lieu qu’il imagine et le dispositif scénique.
On les comparera à la maquette réalisée
par Jean-Paul Chambas en s’interrogeant
sur les éléments repris par le créateur du
décor des notes de Jean-Pierre Vincent.
©Pascal Victor
que, petite scène…) serait si désaffectée cette fois qu’on y aurait remisé des
outils, récents ou vieux, des bouts de
charrue, voire des parts de récolte.
« Nous servirons-nous de la petite scène
qui existait dans le décor du Jeu de l’amour
et du hasard ? Si l’on s’en sert pour la scène
de répétition, elle risque d’être un peu éloignée, sauf si le décor est moins profond.
Mais alors il sera moins fort. De plus, durant la scène de répétition, cela dispose de
dos les deux personnages qui assistent et
ne sont pas sur scène. Solution possible : il
y a une scène (encombrée) ; on ne s’en sert
pas pour la répétition ; on ne s’en occupe
pas, sauf Mme Argante qui monte en scène
et bazarde tout ce qui traîne… Pour la répétition on jouerait sur le tapis central :
si tout est au même niveau, les moments
de jeu et de hors-jeu, cela peut renforcer les effets de confusion entre réel et
fiction.
« Si l’on revient à la simple grange
– qu’il faudrait débarrasser de son naturalisme – j’ai repéré dans L’Encyclopédie des
gravures de granges ou d’ateliers dont un
côté est ouvert, sans mur. Il faudrait aussi
penser à désaxer un tel décor : pas les trois
murs bébêtes. Mais alors on tombe sur un
problème de cyclorama (qu’est-ce qu’on voit
par cette béance ?). Et nous devons penser
à l’élasticité nécessaire de notre espace ».
Après la première réunion en janvier
2010, Jean-Pierre Vincent notera : « Grande légèreté, simplicité, ne pas compliquer
», dixit Jean-Paul Chambas (qui signe les
décors et les scénographie de Jean-Pierre
Vincent depuis longtemps). Ici, Jean-Pierre
Vincent note : « C’est juste ! » et développe : « Il faut que cela estomaque d’évidence
limpide, de beauté plastique à partir de
presque rien et d’élégance coloristique. »
« Un lieu inhabité, pas utilisé depuis un
certain temps. Vide, en tout cas. Cela pourrait être, après tout, comme une salle paroissiale aux usages épisodiques, jouxtant
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Costumes
Jean-Pierre Vincent spécifiait à Patrice
Cauchetier, concepteur des costumes, en
février dernier : « Bien sûr, tout cela au
plus près de l’époque. Cette histoire nous
intéresse et nous concerne aujourd’hui en
tant qu’historique : en tant qu’un morceau
de l’Histoire qui nous constitue, quoique
nous en pensions ».
Les costumes sont donc ceux du XVIIIe
siècle. Chaque personnage fait l’objet de
quelques notes de Jean-Pierre Vincent.
Voici des extraits :
Éraste — « Enfant gâté. Plutôt très clair,
costume d’été. Campagne de luxe à deux
pas du fumier. Du lin ou de la soie, du satin ? Blanc cassé. Il peut se déshabiller et se
rhabiller, se mettre à l’aise et se reprendre,
rapidement. Y compris une perruque « sans
façon ». Le garnement est le chouchou de
ses dames. »
Merlin — « Curieux personnage. Chansonnier à la noix, dragueur du trottoir parisien, s’est décrété « joli homme », ne se
prend pas pour de la crotte. « Intermittent
et précaire » de l’époque, louvoyant d’un
petit boulot à l’autre, plutôt vers « l’artistique », mais il faut croûter. Il s’est fait un
budget, un « projet » où il compte ramasser
trois sous … en fait, il a peut-être été engagé pour l’occasion ; ou encore il s’est casé
chez la milliardaire comme factotum (ou
fainéant) pour assurer le minimum vital.
Idée à partir de L’indifférent de Watteau,
et son bras que Jean-Paul a inscrit dans le
décor… et si (fictionnons…) Merlin était
un copain – de bistrot – de Watteau ? Et
s’il lui avait emprunté pour l’occasion un
de ses vieux costumes de théâtre dont le
peintre affublait les gens de son quartier
pour les immortaliser ? Et si, donc, Merlin
devenait L’indifférent ?????!!!! Grosse différence entre le maître et les autres, « joli
homme », etc. ». comparera le costume
de Merlin avec celui de L’indifférent cidessous.
©Pascal Victor
Au final, on distingue sur scène, à jardin, des bottes de foin, des chaises ouvragées, très XVIIIe siècle, une corde et un
broc à lait. À l’avant scène, est jetée sur
une botte de foin une nappe sur laquelle
repose un service pour le petit-déjeuner.
Toujours à jardin mais plus à l’arrière-scène
se dresse une palissade. À cour, se trouvent
un tas de fumier, une brouette et une fourche ainsi que des cagettes de pommes.
Le fond de la scène est occupé par un vaste drap sur lequel est peint un bras gauche
revêtu d’une manche floue et blanche d’où
apparaît une main gracieuse, ce bras est celui
de L’indifférent d’Antoine Watteau.
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Watteau, L’indifférent.
Costume Merlin
Lisette — « La jeune femme de chambre parisienne : son origine provinciale est lointaine
– s’il y en a une. Pas la bonne XIXe en noir et blanc, mais on doit y penser ».
Lisette
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Colette et Blaise — « Il faut clairement marquer la différence entre parisiens et ruraux :
c’est important pour la fable. Les pieds nus, je pense. Sabots qu’ils laissent à l’entrée (potins d’enfer à l’approche …), ou petites chaussures plates. Blaise, gros tricot sur une vaste
chemise. Culottes et bas qui ne descendent pas en dessous des chevilles. »
Costume de Blaise
« Colette. Petite coiffe mignonne + chapeau de paille de travail qu’elle retire en entrant. « Coquette de village », dit Merlin : ces filles draguent pour se chercher un fiancé et
se retirer de leur patelin. Donc, un peu apprêtée, mais sans luxe : elle veut se sortir du trou
où elle moisit. De la couleur, du décolleté.
Madame Hamelin — « Richissime veuve de financier. Elle donne tout à son neveu, mais
elle en a de côté tout de même … Genre la dame de dos dans l’Enseigne de Watteau, version estivale, plus vaporeuse. Large chapeau de paille avec moustiquaire de mousseline.
Prévoir, ainsi que pour Araminte, quelque chose pour matérialiser son (faux) départ pour
Paris. Manteau anti-poussière… » Araminte sera « peut-être la dame de face dans L‘Enseigne : noire et claire ».
Watteau, L’Enseigne de Gersaint (1720 )
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tumes qu’ils choisiraient pour ceux-ci. On
leur fera remarquer que deux personnages
(Blaise et Colette) ne trouveront pas leurs
« costumes » dans l’univers de Watteau.
Lumières
La pièce commence dans le noir, avant le
lever du jour. On achève la scène initiale,
réécriture d’une scène de L’épreuve à nouveau sur un noir.
Son et musique
Costume madame Hamelin
Madame Argante — « Veuve d’un gros
propriétaire céréalier campagnard. Austère.
Femme patron. Elle fait marcher l’exploitation : les fermiers, les métayers… Robe,
(« tailleur d’époque »), sobre, pas salissante, brun foncé. Canna ou cravache. »
L’impression d’ensemble est à la fois élégant et très gai : Merlin porte en-dessous
de son manteau un ensemble bleu ciel garni de plumes et de fleurs roses assorties
à ses bas ; Colette a un côté Colombine
avec sa robe rayée et son tablier ; madame Argante est en bleu nuit, les manches
ourlées de velours, armée d’une cravache ;
madame Hamelin illumine la scène par sa
cape bleu turquoise, sa robe rose, Araminte porte elle aussi une robe rose masquée
en partie par un manteau marron glacé.
La pièce commence par des sons qui renvoient directement au monde rural : le
chant du coq. Ce chant, en plus d’un indicateur social, est un indicateur de temps :
la pièce commence au lever du soleil et
finira bien avant. On entendra encore un
vrai concert de ferme (mouton, canards
et vaches). Suivra le son d’un clocher qui
marque le début du texte. La pièce sera
ponctuée de ces cris d’animaux qui nous
rappelleront jusqu’au bout que l’on se
trouve à la campagne.
Par ailleurs, plus urbain, le son d’un violon
ponctue quelques sorties de scène.
Jeu des acteurs
Certaines scènes sont directement inspirées de tableaux du XVIIIe siècle. Ainsi
lorsqu’Éraste s’élance sur Angélique et la
renverse sur les bottes de foin, on peut
penser au Verrou de Fragonard.
Pistes de travail
Imaginez les costumes à partir des tableaux du XVIIIe siècle. On offrira aux élèves
une série de tableaux de Watteau ainsi que
la liste des personnages de la pièce. On
leur demandera ensuite d’imaginer les cos-
Le Verrou de Fragonard
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Un peu plus loin, la scène fait penser à
L’angélus de Millet (loin d’être un peintre
du XVIIIe siècle) : une brouette, une fourche, un clocher au fond et une lumière du
jour.
L’angelus de Millet
D’une manière plus générale, les comédiens mènent l’intrigue tambour battant,
le rythme est alerte. Les deux femmes,
mesdames Hamelin et Araminte, s’amusent de la situation qu’elles créent et nous
rendent complices. On assiste, avec une
certaine cruauté, aux souffrances d’Éraste,
d’Angélique, de madame Argante, de Blaise
et Lisette et même de Merlin quand il pense sa pièce perdue.
Pistes de travail
Lire une scène. On donnera aux élèves une
des trois scènes de la répétition (4 comédiens) et on leur demandera de lire la scène
en articulant et en enchaînant les répliques.
L’objectif de l’exercice est de leur faire prendre
conscience du rythme nécessaire à la pièce.
Jouer une scène. On proposera la scène 4
dans laquelle Colette se montre très entreprenante suscitant la jalousie et la colère de
Lisette. On travaillera ici plus particulièrement les rapports entre les comédiens et les
tensions dans les corps. On peut commencer
par un travail de mime : Blaise marchant, Colette attirant son attention et lui faisant des
avances, Lisette s’interposant et se fâchant.
Analyser des attitudes de jeu. On montrera aux élèves cette photo qui présente
le jeune Éraste aux prises avec Araminte
et madame Hamelin. On leur demandera de
décrire dans un premier temps l’attitude
des trois personnages (corps, expression du visage), puis d’interpréter ces attitudes et enfin de faire des hypothèses
sur le moment du jeu correspondant à
la photo en argumentant sa réponse.
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Ressources
Internet
Sur le décor
– Site qui renvoie à l’Encyclopédie de Diderot. Dans les planches sur l’agriculture, vous
découvrirez des dessins de granges (planche 14 en particulier) qui ont pu inspirer JeanPierre Vincent :
http://diderot.alembert.free.fr/index.php?option=com_wrapper&view=wrapper&Itemid=107
Sur le spectacle de Jean-Pierre Vincent
– Site où l’on trouvera des photos du spectacle :
http://www.spectacles.fr/les-acteurs-de-bonne-foi-3/photos?numphoto=499223#photoAnchor
– Site où on trouvera une vidéo de Jean-Pierre Vincent sur sa pièce :
http://www.celestins-lyon.org/index.php/Menu-thematique/Saison-2010-2011/Spectacles/
Les-Acteurs-de-bonne-foi/(vue)/Complete
– Extraits et bandes-annonces :
http://www.dailymotion.com/video/xessoz_les-acteurs-de-bonne-foi-marivaux-j_creation
La querelle sur le théâtre
– L’article « Genève » de d’Alembert:
http://membres.multimania.fr/urnantes/Cadres%20Dossiers%20en%20Ligne/Dossiers_en_ligne/Philosophie/Encyclopedie/Encyclopedie_geneve.html
– Lettre de d’Alembert à Rousseau :
http://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_de_d%E2%80%99Alembert_%C3%A0_M._J.-J._Rousseau_sur_l%E2%80%99article_Gen%C3%A8ve
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Watteau, L’indifférent (1717).
L’œuvre d’art représentée dans cette image et sa reproduction sont dans le domaine public mondialement.
La reproduction fait partie des 10 000 peintures compilées par le Yorck Project. Cette compilation est gérée par
Zenodot Verlagsgesellschaft mbH et mise sous licence GNU Free Documentation License.
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Iconographie
Watteau, L’Enseigne de Gersaint (1720).
Ceci est une reproduction photographique fidèle d’une œuvre d’art originale en deux dimensions. L’œuvre d’art ellemême est dans le domaine public pour la raison suivante :
Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
Ceci est valable aux États-Unis d’Amérique, en Australie, ainsi que dans l’Union européenne et dans les pays où le
copyright a une durée de vie de 70 ans ou moins après la mort de l’auteur.
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CRDP
Académie de Versailles
Iconographie
Fragonard, Le Verrou (circa 1776-79)
L’œuvre d’art représentée dans cette image et sa reproduction sont dans le domaine public mondialement.
La reproduction fait partie des 10 000 peintures compilées par le Yorck Project. Cette compilation est gérée par
Zenodot Verlagsgesellschaft mbH et mise sous licence GNU Free Documentation License.
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CRDP
Académie de Versailles
Iconographie
Millet, L’Angelus (1857-1859).
Ceci est une reproduction photographique fidèle d’une œuvre d’art originale en deux dimensions. L’œuvre d’art ellemême est dans le domaine public pour la raison suivante :
Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
Ceci est valable aux États-Unis d’Amérique, en Australie, ainsi que dans l’Union européenne et dans les pays où le
copyright a une durée de vie de 70 ans ou moins après la mort de l’auteur.
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