Le Sacre de Napoléon - Portail du Collège Sismondi

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Le Sacre de Napoléon
Le Sacre de Napoléon, musée du Louvre.
Artiste
Jacques-Louis David
Date
Entre 1805 et 1807
Type
Huile sur toile
Dimensions (H × L)
6,21 × 9,79 m paysage
Localisation
Musée du Louvre, Paris
Numéro d'inventaire
INV 3699
Le Sacre de Napoléon (titre complet Sacre de l'empereur Napoléon Ier et
couronnement de l'impératrice Joséphine dans la cathédrale Notre-Dame de
Paris, le 2 décembre 1804) est un tableau peint entre 1805 et 1807 par JacquesLouis David, peintre officiel de Napoléon Ier, qui représente une des cérémonies du
couronnement. Imposante par ses dimensions, presque dix mètres sur plus de six, la
toile de David est conservée au Louvre. Une réplique quasiment identique
commencée en 1808 par David et terminée lors de l'exil du peintre à Bruxelles est
accrochée au musée du château de Versailles dans la salle du Sacre. Le
couronnement et le sacre ont eu lieu à Notre-Dame de Paris.
Historique de l'œuvre
L'œuvre est commandée oralement par Napoléon Ier en septembre 1804. David
commence sa réalisation le 21 décembre 1805 dans l'ancienne chapelle du collège
de Cluny, près de la Sorbonne, qui lui sert d'atelier. Assisté par son élève Georges
Rouget, il met la touche finale en novembre 1807. Du 7 février au 21 mars 1808,
l'œuvre est exposée au Salon de peinture annuel ; en 1810, elle est présentée au
concours des prix décennaux. Le tableau reste la propriété de David jusqu'en 1819,
année où il est cédé aux musées royaux. Ceux-ci l'entreposent dans les réserves
jusqu'en 1837. Il est alors installé dans la salle du Sacre du musée historique du
château de Versailles sur ordre du roi Louis-Philippe. En 1889, il est expédié au
musée du Louvre, et remplacé à Versailles par une réplique de la main du peintre
commandée par un groupe d'hommes d'affaires américains en
18071, commencée en 1808 et achevée en 1822 pendant son exil à
Bruxelles2.
Contexte
David vient d'être nommé premier peintre de l'empereur. Il est chargé par Napoléon
de réaliser quatre tableaux de cérémonie relatant les grandes étapes de la
cérémonie : L'intronisation, le couronnement, La Distribution des aigles et l'arrivée à
l'hôtel de ville.
La cérémonie du sacre est organisée par un ancien élève de David, Jean-Baptiste
Isabey, qui réalise aussi le livre du Sacre.
Composition
Le tableau est parcouru par plusieurs lignes directrices et reprend les règles du
néoclassicisme. L'une des principales est celle qui passe par la croix et qui a une
orientation verticale. Tous les regards semblent converger vers Napoléon qui est au
centre de la composition. Un axe diagonal va du pape à l'impératrice.
La représentation de la cérémonie
L'empereur Napoléon se couronnant lui-même. Dessin de David, conservé au Louvre
La scène se déroule le 2 décembre 1804, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Or les sacres des rois de France avaient lieu habituellement à la cathédrale de
Reims. Au moment où le pape allait prendre la couronne, dite de Charlemagne, sur
l'autel, Napoléon la saisit et se couronna lui-même. Joséphine reçut de lui la
couronne et fut sacrée solennellement impératrice des Français, alors que le pape
Pie VII, assis à droite, tend la main en signe de bénédiction. Napoléon prend ici ses
distances avec le protocole monarchique et veut rompre avec l'héritage Bourbon.
Néanmoins, les différents objets rappellent les regalia royales : couronne et sceptre
sont présents. L'empereur est sacré et devient un monarque de droit divin auquel on
doit obéissance au nom de Dieu comme l'exige le Catéchisme impérial imposé par
décret impérial du 4 avril 1806 dans toutes les églises de l'Empire. Le décor
antiquisant, le globe et la couronne de lauriers dénotent la fascination de Napoléon
pour l'empire romain. La présence de hauts dignitaires ainsi que de la famille
Bonaparte révèle les soutiens du nouveau régime. Ils composent la nouvelle
noblesse d'empire (officiellement fondée en 1808), une noblesse fondée sur le
mérite. Napoléon rétablit une cour avec une étiquette et réside dans les palais de la
monarchie française (Tuileries).
Les acteurs
Les protagonistes de la scène
1. Napoléon 1er (1769-1821) est debout, en tenue de sacre.
2. Joséphine de Beauharnais (1763-1814) : est agenouillée. Elle reçoit la
couronne des mains de son mari, et non du pape. Sa robe est décorée de
soieries d'après des dessins de Jean-François Bony.
3. Maria Letizia Ramolino (1750-1836), mère de Napoléon, a été placée dans les
tribunes par le peintre. En réalité, elle n'a pas assisté à la cérémonie pour
protester de la brouille de Napoléon avec son frère Lucien. Maria Letizia
demanda au peintre de lui attribuer une place d’honneur. En 1808, quand
Napoléon découvrit la toile achevée dans l’atelier de David, il fut transporté, et
dit toute sa gratitude au peintre qui avait su rendre hommage pour la postérité
à l’affection qu’il portait à une femme qui partageait avec lui le fardeau de sa
fonction.
4. Louis Bonaparte, (1778-1846) ; au début de l'Empire, il reçut le titre de grand
connétable. Roi de Hollande en 1806. Il épousa Hortense de Beauharnais, la
fille de Joséphine.
5. Joseph Bonaparte (1768-1844) : après le couronnement, il reçut le titre de
prince impérial. Puis il fut roi de Naples en 1806 et d'Espagne en 1808.
6. Le jeune Napoléon-Charles (1802-1807), fils de Louis Bonaparte et
d'Hortense de Beauharnais.
7. Les sœurs de Napoléon (Élisa, Pauline et Caroline)
8. Charles-François Lebrun (1739-1824) : troisième consul aux côtés de
Napoléon Bonaparte et de Cambacérès. Sous le Premier Empire, il occupe la
place de prince-architrésorier. Il tient le sceptre.
9. Jean-Jacques-Régis de Cambacérès (1753-1824) : prince-archichancelier de
l'empire. Il tient la main de justice.
10. Louis-Alexandre Berthier (1753-1815) : ministre de la guerre sous le Consulat
puis maréchal d'Empire en 1805. Il tient le globe surmonté d'une croix.
11. Talleyrand (1754-1838) : grand chambellan depuis le 11 juillet 1804.
12. Joachim Murat (1767-1815) : maréchal d'empire, roi de Naples après 1808,
beau-frère de Napoléon et époux de Caroline Bonaparte.
13. Le pape Pie VII (1742-1823), se contente de bénir le couronnement. Il est
entouré par les dignitaires ecclésiastiques, nommés par Napoléon depuis le
Concordat. Afin de ne pas compromettre le nouvel équilibre entre l’Église et
l'État, le pape accepta bon gré mal gré d'assister au couronnement, ce que
David représente clairement dans le tableau : on reconnaît quelques évêques
à leurs mitres et, au premier plan, l’archevêque de Paris tenant une croix dans
la main. Pie VII est à peine visible, assis sur son faldistoire derrière Napoléon,
sa main droite esquissant un geste de bénédiction. Il ne porte ni mitre ni tiare,
mais le pallium sur les épaules, cette bande de laine blanche brodée de six
croix noires qui était l’un des attributs de la souveraineté des métropolites de
l’Église romaine. C’est à cela qu’on l’identifie.
14. Le peintre Jacques-Louis David se trouve dans les tribunes.
Une œuvre de propagande
Jacques-Louis David, Napoléon en costume de sacre, 1805
L'art est mis au service de la propagande napoléonienne : il doit former les esprits et
préparer la postérité de l'empereur. Il s'agit d'une œuvre de commande et le tableau
fut exposé au musée Napoléon (futur musée du Louvre).
Napoléon rendait des visites régulières à l'atelier de David pour contrôler l'exécution
du tableau. Le pape est représenté assis, moins haut que l'empereur. Ce dernier lui
tourne le dos. Sa présence au couronnement est contrainte ; il n'a qu'un rôle de
second plan.
La première version du tableau aurait dû représenter l'empereur se couronnant luimême.
Le peintre cherche à montrer l'union des Français autour de l'empereur. En réalité,
les sœurs Bonaparte avaient refusé de tenir le manteau de Joséphine.