La cuisson solaire au service du développement
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La cuisson solaire au service du développement
ARGENTINE / PRODUCTION D’ENERGIE La cuisson solaire au service du développement Utiliser les rayons du soleil pour la cuisson des aliments pour réduire le budget « cuisine » des familles à faibles revenus tout en limitant leur empreinte environnementale Etat des lieux – Enjeux Dans le Nord-ouest de l’Argentine, les habitants des villages de Salinas Grandes vivent de l’extraction du sel et de l’élevage de lamas. Les conditions de vie y sont difficiles (vent, froid, altitude) et l’ensoleillement est intense. A cause d’une raréfaction du bois et des herbes servant à la cuisson des aliments et chauffage, les villages de Pozo Colorado et de Tres Pozos complètent avec des bombonnes de gaz. La charge énergétique pour la cuisson est lourde pour ces communautés (10 à 30% de leur salaire mensuel, BISS, 2008). d’aluminium d’imprimeries usagées et isolé de laine de lama. 4 réflecteurs augmentent la quantité de rayons lumineux réfléchis vers le centre de la caisse où les aliments à cuire sont placés. Un ensoleillement minimum de 20 min/h monte la température à 150/190°C (hiver/été) à Salinas Grandes La formation comprend des cours théoriques sur l’énergie solaire, la fabrication des cuiseurs, et des travaux pratiques de cuisson avec des recettes enseignées pendant les cours. La région de Salinas Grandes est pourvue d’une végétation rase et à croissance lente Solution Depuis juin 2008, l’association française Bolivia Inti-Sud Soleil (BISS) a impulsé un nouveau projet, Solar Inti, dans le nord-ouest argentin. Solar Inti forme à la construction et à l’utilisation des cuiseurs solaires. De juin à décembre 2008, 81 cuiseurs ont été construits avec les populations andines. Le cuiseur solaire est une caisse en bois sur pied, fermée par une fenêtre à double vitrage. Le cuiseur s’oriente face au zénith du soleil (selon la latitude du cuiseur, 30° en Argentine ou 40° en France). L’intérieur est tapissé de plaques Les habitants construisent eux-mêmes leur cuiseur avec les kits préparés par les membres de l’équipe Solar Inti Ainsi, les futurs utilisateurs réalisent le cuiseur solaire de leurs propres mains et prennent conscience de leur capacité à mener un projet. Cette cuisson apporte beaucoup d’avantages. En cuisant lentement et uniformément, les qualités des aliments sont conservées. Comme l’énergie du soleil est gratuite, les gens peuvent économiser ou acheter des aliments plus nutritifs à cuisson lente (légumineuses). La cuisson solaire améliore l’hygiène des familles : pas de fumée, de suie, les aliments ne collent pas aux plats, pas besoin de produit vaisselle pour les laver. La cuisson solaire permet de réduire des maladies respiratoires et des yeux dues aux fumées. Les familles font chauffer de l’eau pour se laver, faire la vaisselle, la lessive, boire le maté. La cuisson solaire ne consomme pas d’énergies fossiles, n’émet pas de CO2 et participe à la préservation de la végétation de la région. L’amélioration des conditions de vie des habitants leur permet de rester dans leur village plutôt que d’aller dans les villes. Ce cuiseur au coût total moyen de 170€ est financé à 50% par les bénéficiaires et 50% par le projet Solar-Inti (soutenu par Bolivia-Inti Sud Soleil). Grâce à l’économie de gaz réalisée, le cuiseur solaire est rentabilisé en 4 à 5 mois. 125 g de brindilles ou plaquettes de bois suffisent à porter 1 litre d’eau à ébullition, contre 1 kg en section plus importante sur un feu classique Freins La cuisson solaire demande une modification des habitudes de vie, il faut anticiper la cuisson des aliments (double de temps que cuisson au gaz) et à cause des jours de pluie, la complémentarité avec le gaz est nécessaire. En Afrique, les cuiseurs solaires doivent faire face à des freins culturels car les populations sont très attachées au feu, malgré l’abondance du soleil. Le cuiseur à bois économe les séduit plus. Seulement, cette cuisson a les mêmes inconvénients que la cuisson au feu de bois (dépôt de carbone, fumée, etc.) Pour ces deux types de cuisson, il faut du temps et des financements pour les formations. Des formations nécessaires pour que les utilisateurs s’approprient l’objet et en comprennent le fonctionnement. Perspectives L’émission d’1 tonne de CO2 est évitée pour chaque cuiseur solaire fonctionnant dans les Andes (ActionCarbone 2008) Un travail d’accompagnement de 4 mois permet d’assurer le bon changement d’habitudes des populations, apprenant notamment à utiliser le cuiseur les jours sans soleil (pré cuisson avec combustible, fin de cuisson dans cuiseur où la température baisse lentement). Pour aller plus loin : Optimiser la consommation de bois les jours de pluie ou le soir Sans soleil, les cuiseurs solaires sont inutiles. Solar Inti prévoit pour l’année 2009 un module de formation et de financement de cuiseurs à bois économes en Argentine. En 10 ans, Bolivia Inti-Sud Soleil, à construit près de 10 000 cuiseurs solaires dans le monde. En 2008, 2 milliards de personnes dépendent du bois pour cuire les aliments, et 800 millions de personnes n’utilisent que des déchets de bois, l’herbe sèche ou les bouses, (FAO, 2008) or la plupart de ces personnes vivent avec un soleil abondant. 1.5 milliards d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable (PNUD, 2006), avec un cuiseur solaire, 12 L/j d’eau sont pasteurisables (BISS, 2008). Contacts : Bolivia Inti-Sud Soleil : www.boliviainti-sudsoleil.org Solar Inti : www.solarinti.blogspot.com Béatrice Louis et Guillaume Mouton Projet EcoAmerica – Nov. 2008 www.nature-propre.org
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