Programme de l`atelier - ECOBIO

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Programme de l`atelier - ECOBIO
Projet de communication, visibilité et sensibilisation sur le thème:
Biodiversité, génétique et maladies infectieuses : quel avenir pour les populations de
gorilles de plaine de l'Ouest ?
Coordonné par
Guillaume Le Flohic, Chef du Service Conservation, Suivi de la Faune & Recherche
Parc National d'Odzala-Kokoua
&
Dr Nelly Ménard & Dr Pascaline Le Gouar, UMR 6553, ECOBIO: Ecosystèmes, Biodiversité, Evolution,
CNRS/Université de Rennes 1, France
12 et 13 mai 2015, Institut Français du Congo
Contexte
Le CNRS/Université de Rennes I, par l'intermédiaire du Dr Nelly Ménard, est impliqué dans la
recherche dans le Parc National d'Odzala-Kokoua depuis les années 2000. Focalisée
initialement sur la dynamique et les caractéristiques génétiques des populations de gorilles
de plaines de l'ouest (Gorilla g. gorilla) fréquentant des clairières naturelles du Parc -sites
idéaux d'observation directe de la faune-, la recherche conduite par l'Université de Rennes
s'est réorienté dans les années 2003-2005 après que deux épidémies d'Ebola ont frappé le
parc d'Odzala et le Sanctuaire de Lossi, décimant plus de 95% des individus de certaines
populations (Bermejo et al. 2006; Walsh et al. 2003; Caillaud et al. 2006). L'une des
clairières suivies, à Lokoué, a souffert d'un crash démographique menant une population
initiale de 377 individus à seulement 38 (Genton et al. 2012). Ce déclin des populations de
gorilles a été tellement catastrophique qu'il a conduit la communauté internationale à classer
le gorille de plaine de l'Ouest en espèce en danger critique d'extinction (Walsh et al. 2008).
Rien qu'à Odzala, il est estimé qu'entre 2003 et 2005, plus de la moitié de la population de
gorilles a disparu (Walsh et al. 2008).
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Du terrain au laboratoire d'analyse génétique, les activités de recherche menées par le
CNRS/Université de Rennes I, en collaboration avec Dr Magdalena Bermejo et l'Université de
Barcelone, mêlent l'observation directe et l'identification individuelle des gorilles (sur des
clairières ou dans des groupes habitués) à la collecte d'échantillons fécaux suivie d'analyses
génétiques approfondies. Puisqu'elles se sont poursuivies après les épidémies à virus Ebola
dans des sites affectés et non affectés, les activités de recherche offrent l'opportunité
d'évaluer la capacité de reconstruction des populations décimées par les épidémies. Plus
spécifiquement, les chercheurs analysent les modes de dispersion des gorilles au sein des
populations et identifient les modifications induites par les effondrements démographiques.
Ils mesurent et comparent les taux de consanguinité et la diversité des gènes impliqués dans
les défenses immunitaires dans les populations selon qu'elles ont souffert ou non
d'épidémies Ebola. Ces mesures sont indispensables pour prédire, via des modèles
mathématiques, le devenir de populations affectées et leur chance de survie ou leur risque
d’extinction. Les modèles créées servent au Parc à orienter ses efforts de conservation.
Ebola, maladie zoonotique émergente, menace également les populations humaines
environnantes (Groseth et al. 2007). Le suivi des populations effectué par le CNRS/Université
de Rennes I à Odzala et par le Dr Magdalena Bermejo au Sanctuaire des gorilles de Lossi a
permis de détecter les épidémies et d'alerter rapidement les services sanitaires habilités qui
sont chargés de localiser l'épicentre des épidémies et de l'isoler des populations humaines
susceptibles d'être infectés par le même virus (Leroy et al. 2004; Rouquet et al. 2005;
Nkoghe et al. 2011). Ces études sont donc primordiales non seulement pour la conservation
des gorilles mais aussi, grâce au suivi continu des populations de gorilles susceptibles, en ce
qu’elles constituent une veille pour la santé humaine.
Par ailleurs, depuis ses débuts au Parc National d'Odzala-Kokoua, le CNRS/Université de
Rennes I s'est engagé à former des assistants de recherche et à valoriser les compétences et
connaissances des écomoniteurs impliqués dans les activités de recherche. Ces compétences
sont capitales pour renforcer les capacités de Parc à gérer le suivi de la faune, seul moyen
de mesurer l'évolution de la taille et de la santé des populations animales, et par
conséquent, d'évaluer les potentialités de développement touristiques au Parc et la pérennité
des projets. Leur protocole de terrain est aujourd'hui implémenté sur plusieurs clairières par
les équipes du Parc.
Références
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Bermejo, M. et al., 2006. Ebola Outbreak Killed 5000 Gorillas. Science, 314(5805), p.1564.
Caillaud, D. et al., 2006. Gorilla susceptibility to Ebola virus: the cost of sociality. Current
Biology, 16(13), pp.R489–91.
Genton, C. et al., 2012. Recovery Potential of a Western Lowland Gorilla Population following
a Major Ebola Outbreak: Results from a Ten Year Study. PLoS one, 7(5), e37106.
Groseth, A., Feldmann, H. & Strong, J.E., 2007. The ecology of Ebola virus. Trends in
Microbiology, 15(9), pp.408–16.
Leroy, E.M. et al., 2004. Multiple Ebola Virus Transmission Events and Rapid Decline of
Central African Wildlife. Science, 303, pp.387–391.
Nkoghe, D. et al., 2011. A limited outbreak of Ebola haemorrhagic fever in Etoumbi, Republic
of Congo, 2005. Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene,
105, pp.466–472.
Rouquet, P. et al., 2005. Wild animal mortality monitoring and human Ebola outbreaks,
Gabon and Republic of Congo, 2001-2003. Emerging Infectious Diseases, 11(2),
pp.283–90.
Walsh, P.D. et al., 2003. Catastrophic ape decline in western equatorial Africa. Nature,
422(April), pp.611–614.
Walsh, P.D. et al., 2008. Gorilla gorilla. In IUCN 2012. The IUCN Red List of Threatened
Species. Version 2012.2. Available at: www.iucnredlist.org/details/9404/0.
Principales publications du CNRS/Université de Rennes I à Odzala
Caillaud D, Levréro F, Cristescu R, Gatti S, Dewas M, et al. (2006) Gorilla susceptibility to
Ebola virus: the cost of sociality. Curr Biol 16: R489–91.
Douadi M, Gatti S, Lévrero F, Duhamel G, Bermejo M, et al. (2007) Sex-biased dispersal in
western lowland gorillas (Gorilla gorilla gorilla). Mol Ecol. doi:10.1111/j.1365294X.2007.03286.x.
Gatti S, Levréro F, Ménard N, Gautier-Hion A (2004) Population and group structure of
western lowland gorillas (Gorilla gorilla gorilla) at Lokoué, Republic of Congo. Am J
Primatol 63: 111–123.
Genton C, Cristescu R, Gatti S, Levréro F, Bigot E, et al. (2012) Recovery Potential of a
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Western Lowland Gorilla Population following a Major Ebola Outbreak: Results from
a Ten Year Study. PLoS One 7: e37106.
Genton C, Pierre A, Cristescu R, Lévréro F, Gatti S, et al. (2014) How Ebola impacts social
dynamics
in
gorillas:
A
multistate
modelling
approach.
J
Anim
Ecol.
doi:10.1111/1365-2656.12268.
Le Gouar PJ, Vallet D, David L, Bermejo M, Gatti S, et al. (2009) How Ebola impacts genetics
of Western lowland gorilla populations. PLoS One 4: e8375.
Levréro F, Gatti S, Gautier-Hion A, Ménard N (2007) Yaws disease in a wild gorilla population
and its impact on the reproductive status of males. Am J Phys Anthropol 132: 568–
575.
Objectifs de la communication
La communication autour du thème principal de la "Biodiversité, génétique et maladies
infectieuses : quel avenir pour les populations de gorilles de plaine de l'Ouest ?", se propose
d'intégrer trois volets.
□ Le premier, destiné aux professionnels de la recherche, de la santé et de la conservation,
sera un atelier de restitution des travaux effectués par le CNRS/Université de Rennes
I au Congo suivi d'une table ronde.
□ Le second volet sera une conférence-débat organisée conjointement entre African Parks
et les chercheurs du CNRS/Université de Rennes I autour du thème principal, ouvert au
public et destiné prioritairement aux étudiants congolais.
□ Le dernier volet, ouvert au public, consistera en une exposition photographique
centrée cette fois sur la biodiversité du Parc National d'Odzala-Kokoua, et, plus
secondairement, sur les recherches dans le parc. Seront présentées des photographies de
la faune, des paysages, et des hommes et femmes œuvrant pour la conservation dans le
parc; des posters informatifs sur les menaces pesant sur certaines espèces phares ainsi
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que des éléments de leur biologie.
Organisation & contenu des présentations
1. Atelier professionnel de restitution des travaux
le 12 mai 2015, de 9h à 16h, salle André GIDE, Institut Français du Congo
□ Présentation 1 : La faune des salines du Parc National d’Odzala-Kokoua à travers la lunette
du chercheur
Par Dr Nelly Ménard, Directrice de recherche au CNRS
Unité mixte de recherche ECOBIO : « ECOsystèmes – BIOdiversité – Evolution »
CNRS/Université de Rennes
Depuis 1995, les salines du parc d'Odzala (depuis 2001, officiellement Parc National
d’Odzala-Kokoua) fascinent les chercheurs par la richesse de leur faune, dont certaines
espèces phares (gorilles, éléphants) sont des attracteurs touristiques en même temps
qu’objets de convoitises au devenir fragile. Les salines sont des clairières naturelles de la
grande forêt du Bassin du Congo qui sont riches en ces sels minéraux abondamment
consommés par les animaux. Ce sont par conséquent aussi des lieux d’observation
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exceptionnels.
Nous présenterons la communauté des mammifères (notamment gorilles, éléphants, buffles,
sitatungas) qui fréquentent ces salines avec un focus particulier sur les gorilles. Déjà menacé
par le braconnage et la dégradation des forêts, le gorille est en danger critique d'extinction à
cause des épidémies à virus Ebola.
Nous montrerons comment un recensement et dénombrement systématique de tous les
individus sur le long terme permet de préciser le fonctionnement des populations; comment
une analyse fine de la structure et de la dynamique de ces populations peut nous apporter
des informations sur leur passé épidémique et sur leur résilience face aux épidémies Ebola.
□ Présentation 2 : Les maladies infectieuses émergentes : facteur de l’évolution des
populations socialement structurées ? Le cas du système Ebola-Gorille.
Restitution des travaux du projet ANR Jeune Chercheur 2012-2016 (ANR IDiPop)
Par Dr Pascaline Le Gouar, Maitre de conférences à l’Université de Rennes I
Unité mixte de recherche ECOBIO : « ECOsystèmes – BIOdiversité – Evolution »
CNRS/Université de Rennes
Ce projet, à la croisée entre écologie de la santé, biologie de la conservation et écologie
évolutive, vise à mieux comprendre les conséquences des maladies émergentes sur la
dynamique démo-génétique des populations de primates sauvages. Nous travaillons en
particulier sur l’impact des épizooties de virus Ebola sur le fonctionnement des populations
de gorilles des plaines de l’Ouest (Gorilla gorilla gorilla). Les données observationnelles et
génétiques, récoltées lors du suivi à long terme des populations du Parc National d’OdzalaKokoua, offrent une opportunité exceptionnelle d’étudier l’impact à long terme d’une maladie
infectieuse émergente sur le potentiel évolutif et sur la viabilité des populations sauvages.
Nos suivis avant et après épidémies, menés sur des populations affectées et d’autres non,
représentent un jeu de données unique. A l’aide d’approches de génétique et de
modélisation, nous nous intéressons particulièrement (i) à l’impact de l’épizootie sur la
diversité des gènes du Complexe Majeur d’Histocompatibilité (CMH) impliqués dans la
réponse immunitaire et (ii) aux changements socio-démographiques des suites d'épidémies
d'Ebola et leurs impacts sur la dynamique à long terme de la population.
Nous avons développé une méthode pour séquencer les gènes du CMH de gorilles à partir
des échantillons de fèces prélevées sur le terrain. L’analyse de la diversité du CMH dans les
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populations avant et après épidémie permet de détecter un éventuel effet sélectif. Nos
résultats révèlent que 10 ans après l’épidémie, la diversité génétique des populations reste
élevée mais la composition génétique des populations est modifiée après le passage d’Ebola.
Cette modification s’explique par la formation de nouveaux groupes et l’immigration de
nouveaux individus reproducteurs. Ces résultats sont confirmés par l’analyse des histoires de
vie individuelle qui révèle également que pendant les épidémies les taux de transfert entre
unités sociales augmentent pour les deux sexes. Dix ans après l’épidémie, la structure
sociale, la dynamique sociale et les paramètres démographiques sont revenus à des niveaux
pré-épidémiques, hormis pour les taux d’immigration des mâles non reproducteurs. A l’aide
d’un modèle de dynamique des populations prenant en compte la structure sociale et
l’impact des épidémies sur les paramètres démographiques nous pouvons montrer qu’il faut
au moins 80 ans sans aucune perturbation supplémentaire pour retourner à des effectifs
similaires à ceux connus avant l’épidémie.
2. Conférence débat
le 13 mai 2015, de 10h à 12h, salle André GIDE, Institut Français du Congo
Les enjeux de la recherche et son importance pour la conservation de la biodiversité à
Odzala
Par Dr Pascaline Le Gouar, Maitre de conférences à l’Université de Rennes I & Dr Nelly Ménard,
Directrice de recherche au CNRS
Unité mixte de recherche ECOBIO : « ECOsystèmes – BIOdiversité – Evolution »
CNRS/Université de Rennes
La forêt dense du Parc National d’Odzala-Kokoua abrite une macrofaune exceptionnelle dont
le gorille de plaine, l'éléphant de forêt, le chimpanzé, le buffle, le bongo ... Grâce aux
nombreuses clairières, le parc offre des opportunités uniques d’observer cette richesse
faunistique au cœur de l'une des plus grands bassins forestiers du monde. Les observations
effectuées sur ces clairières apportent des informations précieuses sur les populations à
préserver. La collaboration étroite entre le parc et les chercheurs permet d’identifier les
menaces sur la biodiversité et leurs impacts sur le fonctionnement des écosystèmes. En
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prenant l’exemple de la collaboration avec l’Université de Rennes I, France, nous illustrerons
comment on peut expliquer le fonctionnement des populations grâce au recensement et
dénombrement systématique de tous les individus sur le long terme; ce qu’apporte l’étude
de la démographie et de la génétique pour la gestion d’espèces en danger d’extinction
comme le gorille; ce que fait un chercheur sur le terrain; comment une population de gorilles
décimée à plus de 95% par des épidémies d’Ebola en 2004 peut se reconstruire et retrouver
sa taille de la période pré-épidémique.
3. Exposition photographique
les 12 et 13 mai 2015, Institut Français du Congo
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4. Programme des activités
Activités
Horaires
Lieu
Présentation du programme
09:00 - 09:30
Salle
Présentation 1
09:30 - 10:30
Institut
Pause café
10:30 - 11:00
Congo, Brazzaville
Présentation 2
11:00 - 12:00
Discussion & Conclusion
12:00 - 13:30
Atelier professionnel (12 mai 2015)
André
Gide,
Français
du
Conférence débat (13 mai 2015)
Accueil
09:00 - 09:30
Salle
André
Gide,
Présentation des intervenants
09:30 - 09:45
Institut
Conférence
10:00 - 11:30
Congo, Brazzaville
Débat
11:30 - 12:30
Clôture des activités
12:30 - 13:00
Français
du
Exposition photographique (12 et 13 mai 2015)
Exposition
10
selon
les
d'ouverture
heures
Hall
Institut
d'exposition,
Français
Congo, Brazzaville
du