Arguments Bayrou, l`UDF n°4
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Arguments Bayrou, l`UDF n°4
Groupe riposte des sénateurs socialistes Arguments Bayrou, l’UDF Sommaire Bayrou, l’UDF et la réforme des retraites Bayrou, l’UDF et le contrat de travail Bayrou, l’UDF et l’Europe Bayrou, l’UDF et l’exercice du pouvoir local Bayrou, l’UDF, soutiens et ralliements Bayrou, l’UDF, une mystification au profit de la droite n°4 27 mars 2007 Bayrou, l’UDF La réforme des retraites Le soutien de l’UDF à la réforme Fillon En 2003, Bayrou juge nécessaire et courageuse la réforme des retraites qui porte notamment à terme à 42 ans la durée de cotisations nécessaire pour avoir une retraite à taux plein. Bayrou regrette même que cette réforme n’aille pas plus loin encore en terme de flexibilité : « Nous avons soutenu la réforme des retraites. Elle n'est pas exactement celle que nous souhaitions. Nous l'aurions voulue universelle, c'est-à-dire englobant aussi les régimes qu'on appelle " spéciaux ", et nous l'aurions aimée plus souple, ouvrant la voie à une retraite à la carte, par points » (Bayrou, 3 juillet 2003 à l’Assemblée nationale). Critiquant la méthode du gouvernement, le président de l’UDF déclare aussi qu’il aurait préféré la voie référendaire : « faute d’avoir recherché cet appui populaire, on a fait une réforme à moitié ». Mais embarrassé, il ajoute que l’exécutif ne doit pas reculer devant la forte mobilisation sociale suscitée par la loi Fillon: « ça n’est pas passer en force que de discuter un texte et de le voter au Parlement » (Le grand Jury RTL/Le Monde/LCI, 25 mai 2003). Au final, lors des débats, les députés et sénateurs UDF votent à l’unanimité en faveur du texte. Ils refusent également de voter la motion de censure défendue par les socialistes. Le 3 juillet 2003, Hervé Morin, président du groupe UDF à l’AN, débute ainsi son explication de vote : « le groupe UDF votera de bon cœur cette réforme ». Dans les pas de Sarkozy pour enterrer la retraite à 60 ans Sur le fond, le candidat de l’UDF ne remet donc absolument pas en cause la réforme Fillon, qui a pourtant fait les preuves de son inefficacité (le déficit cumulé de la branche vieillesse depuis trois ans dépasse 7 milliards €). Il prône un « système de retraite à la carte », moins solidaire et se situe dans la logique libérale de Sarkozy, qui veut faire travailler le plus longtemps possible après 60 ans, sans garantie sur le niveau de pension. Compte tenu de la difficulté du marché de l’emploi des seniors et de la liberté de choix plus que relative dont disposent les salariés quant à leur âge de départ en retraite, cette idée est, au mieux, une illusion, au pire, un mensonge. Bayrou et le référendum Bayrou a un rapport changeant au référendum. En 1995, Chirac avait étendu le champ du référendum pour saisir les Français d’une réforme de l’éducation nationale, mais Bayrou (ministre de l’Education depuis 1993 et reconduit dans ses fonctions malgré son soutien à Balladur) s’était ensuite farouchement opposé au projet de référendum sur l’éducation défendu par le RPR (« on ne peut pas traiter par référendum les questions les plus complexes de la société française », rapporté par Le Monde, 30 janvier 1993. « Un référendum est forcément passionnel. Cela coupe le pays en deux. Je ne crois pas que l’école ait besoin d’affrontements brutalement antagonistes », interview au Monde, 5 février 1994). Aujourd’hui, le candidat Bayrou ne craint pas de proposer une remise à plat du système de retraites, à soumettre aux Français… par référendum ! Favorable à « l’allongement libre » de la durée de cotisation au-delà de 55 ans et à des « systèmes mixtes » activité/retraite, il prône une « refonte universelle » des régimes, passant par la 2 suppression pure et simple des régimes spéciaux et l’instauration d’un système de retraites par points, dans lequel chacun serait censé pouvoir définir le montant de sa pension et l’âge de son départ. Cette proposition de référendum a déjà suscité l’hostilité de François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, qui souhaite une réforme « négociée puis votée par les députés ». Par ailleurs, il s’agit d’une méthode caricaturale risquant d’opposer artificiellement fonctionnaires et salariés du privé. Au delà, ce procédé s’apparente à une manœuvre visant à passer outre l’opposition éventuelle des partenaires sociaux et à imposer la suppression des régimes spéciaux aux syndicats de fonctionnaires (qui plus est, sans garantie de résultat). Pourtant Bayrou ne déclarait-il pas, au sujet de l’école, qu’il était réfractaire à « la perspective d’un référendum qui serait une manière d’imposer une réforme contre la volonté des intéressés » ? (Le Monde, 9 juin 1995). 3 Bayrou, l’UDF Le contrat de travail L’UDF toujours du coté du moins disant social Si Sarkozy a pour crédo économique « Travailler plus pour gagner plus », l’UDF ne se différencie guère. Sur la loi portant réforme de l’organisation du temps de travail dans l’entreprise, la sénatrice UDF Anne-Marie PAYET déclare que ce texte est une réponse à « l’attente légitime des Français pour exercer leur choix entre repos et rémunération », comme si dans l’entreprise le salarié pouvait effectivement choisir. Libéral s’il en est, BAYROU déclare le 21-02-06 à l’AN « nous proposons d’aider l’entreprise, de la libérer, et non de la lier encore plus, de la contrôler encore plus, de la taxer encore plus, de lui promettre encore plus de punition et de répression ». Parlant du projet socialiste sur les entreprises, il précise « c’est exactement l’inverse que nous préconisons ». Ainsi et de manière emblématique, l’UDF au Sénat a même présenté un amendement autorisant le travail des mineurs dès 13 ans, dans le cadre de la loi « Egalité des chances ». CNE, CPE, les parlementaires UDF se divisent En 2005, Bayrou condamne le CNE, les députés UDF votent contre, les sénateurs se désunissent (25 abstentions, 8 votes pour). Le leader centriste peine donc à rassembler ses propres amis. L’année suivante, Bayrou s’oppose au CPE, mais déclare au Progrès de Lyon, le 28 janvier 2006 : « Si l’on avait dit : on va proposer un contrat durable avec six mois à l’essai, j’aurais été d’accord. Mais deux ans et renouvelable ! ». A l’AN, l’UDF refuse de prendre part au vote sur la motion de censure déposée par le PS. Au Sénat, Michel MERCIER, président du groupe centriste, observe une position bienveillante vis-à-vis du CPE, approuvant le principe de « plus de flexibilité pour l’entreprise » et demandant en retour « plus de droits pour le salarié » pour rendre le dispositif « équilibré et acceptable ». Il défend deux amendements visant notamment à réduire la période d’essai de 2 à 1 an et à imposer une justification écrite de la rupture du CPE. Lors des débats, Philippe NOGRIX, sénateur UDF, déclare le 5 mars 2006 : « l’angle de lecture du CPE change, pour peu que l’on accepte de considérer que les intérêts de l’employeur sont ceux de l’entreprise et que ceux de l’entreprise sont ceux de l’employé auquel elle propose un travail » Il ajoute, au sujet des relations employeur/jeune salarié : « je te donne, tu me donnes, on échange un savoir faire contre des conditions de travail ». Gisèle GAUTIER, à l’époque sénatrice UDF et depuis ralliée à l’UMP, estime le 5 mars 2006 que « la rigidité de notre code du travail favorise la précarisation de ceux qu’il est censé protéger ». Elle ajoute au sujet du CPE : « il flexibilisera le marché du travail grâce à la période de consolidation qu’il institue. Il me semble que c’est un élément très positif, d’un message de confiance adressé aux entreprises. (…) S’il apporte d’avantage de flexibilité, le CPE est en même temps très protecteur ». Puis conclut par cette envolée : « le CPE est l’un des contrats les plus protecteurs qui soient ». Au final, les sénateurs UDF se partagent entre 20 abstentions et 11 votes pour. Ce qui semble motiver l’opposition de l’UDF au CPE, c’est donc plus la méthode et les modalités que le principe lui-même de précarisation des jeunes salariés. 4 Bayrou favorable au maintien du CNE Courtisant les PME, Bayrou veut maintenir le CNE. Il déclare le jeudi 15 mars : « Je n'ai jamais dit que j'allais supprimer le CNE ». Pour le moment, il s’en tient à l’évaluation légale prévue au bout des deux ans d’expérimentation. Le 15 mars dernier, devant la CGPME, il ose déclarer que le CNE « n’a pas les mêmes inconvénients » que le CPE car ce dernier « était concentré sur les plus jeunes ». Dans son livre Projet d’espoir, il affirme que « la hantise de ne pouvoir mettre un terme au contrat de travail est un frein puissant à la création d’emploi ». Le MEDEF ne dit pas autre chose. Pour preuve, après la crise du CPE, Laurence Parisot se déclarait convaincue, d’après le Figaro, de la « nécessité de réduire les risques de contentieux pour favoriser l’embauche ». Dès lors, souhaitant simplifier le droit du travail, Bayrou prône la création d’un CDI universel à droits progressifs « avec une période d’essai suffisante pour permettre de la souplesse en conservant de la sécurité » (interview à l’Usine nouvelle, 15 mars 2007). Il se caractérise par « une période d’essai raisonnable et clairement délimitée, par exemple de 6 mois » (intervention à L’AN le 21-02-06), ce qui porterait la durée potentielle de la période d’essai à 1 an compte tenu de son caractère renouvelable. Ce contrat s’apparente donc au dangereux « contrat de travail unique » défendu par Sarkozy et présenté par ce dernier comme moins contraignant. Bayrou pour un contrat de travail unique précaire Enfin Bayrou vient de se déclarer favorable au principe de la « rupture par consentement mutuel » du contrat de travail, sans toutefois en préciser les modalités. Ceci fait écho au concept de « séparabilité à l’amiable », développé à plusieurs reprises par Laurence Parisot, et déjà repris à son compte par Sarkozy lors d’un meeting (le 6 mars, à Cormeilles-en-Parisis : «il faut prévoir dans l'entreprise une procédure de rupture par consentement mutuel, comme dans les familles il y a désormais un divorce à l'amiable »). Si elle était appliquée, cette proposition mettrait tout salarié à la merci de son employeur. En effet, la réalité démontre que la relation employeur-employé est un rapport de subordination. Elle est même définie comme telle par le code du travail. On ne saurait donc l’assimiler à la situation des époux souhaitant divorcer d’un commun accord. En outre, la rupture amiable du contrat de travail existe déjà en droit français, avec comme conséquence que le salarié ne peut percevoir l’assurance-chômage. Dès lors, cette proposition ne peut reposer que sur l’objectif de faciliter les voies de licenciement en remplaçant l’actuel droit de licenciement (aujourd’hui équilibré par un droit à indemnités et un droit de recours) par une rupture brutale et expresse du contrat de travail, sans possibilité de contestation devant le juge, sans possibilité de réintégration ni dommages intérêts. L’extension de la logique du CNE à tous les salariés a suscité une levée de boucliers chez les leaders syndicaux Jean-Claude Mailly (FO) : « Notre objectif est bien de lutter contre la précarité des contrats de travail tout en refusant le concept de séparabilité ou de divorce par consentement mutuel entre le salarié et l’employeur. Ce dernier point suppose en effet l’égalité de droit entre salarié et employeur. ». François Chérèque (CFDT) : « Se séparer, même à l'amiable, c'est toujours douloureux. Si l'on entame les discussions patronat-syndicats sous l'angle de la séparabilité, on risque d'aller assez vite vers un échec ! ». Bernard Thilbault (CGT) : « le MEDEF veut rendre le contrat de travail moins contraignant, il parle de séparabilité pour licencier plus facilement selon les intérêts des entreprises » Seule Laurence Parisot semble prête à décerner un satisfecit au candidat de l’UDF en matière de droit du travail : le 9 février, à l’issue de leur rencontre, elle estimait que « François Bayrou est très ouvert au débat ». 5 Bayrou, l’UDF L’Europe Quand Bayrou voulait faire revoter les Français sur le même texte en cas de « non » Avant le 29 mai 2005, Bayrou n’a pas eu de mots assez durs pour dénoncer la tentation du vote Non. Le 23 mars 2005, devant les élèves de l’ESSEC, il expliquait qu’ « après le non il y a la falaise ». Dans une interview au Journal du Dimanche du 15 mai 2005, il expliquait également qu’en cas de vote non : « soit tout s'arrête et il n'y a plus de Constitution européenne puisque l'unanimité est requise. Soit on nous demandera de voter une seconde fois, dans quelques mois, mais sur le même texte, comme cela avait été fait pour l'Irlande qui avait voté "non", puis revoté "oui" au traité de Nice ». En mai 2005, Bayrou était donc prêt à faire revoter les Français sur le même texte. Pas de quoi être rassuré quant au contenu du texte que Bayrou envisage aujourd’hui de soumettre à nouveau aux Français par référendum. Un revirement complet dans l’analyse du non du 29 mai 2005 Au soir du 29 mai 2005, François Bayrou explique que le non des Français ne s’explique pas en raison du texte de la constitution et que leur vote ne portait pas sur l’Europe mais sur la politique intérieure française : « ce vote sanctionne d’abord et avant tout une gravissime crise française (...) cette crise de confiance sanctionne tout le gouvernement (...) La crise est devenue raz de marée, crise morale, crise économique, crise sociale. » (Bayrou, déclaration au soir du 29 mai 2005 depuis le QG de campagne de l’UDF) Pourtant, moins de deux ans plus tard, lors de son déplacement à Strasbourg le 12 février 2007, il explique exactement l’inverse. Voici comment l’agence Reuters et le site LeMonde.fr rapportent alors ses propos : « Selon lui, le "non" français, le 29 mai 2005, ne s'explique pas par des raisons de politique intérieure, mais bien par le texte de la Constitution "absolument illisible pour tout citoyen normalement constitué". » Il en rajoute dans son discours au palais des congrès de Strasbourg le 12 février : « tout cela a été proprement, purement, simplement incompréhensible pour un citoyen même pour un citoyen de bonne volonté. […] À cause de cela, les Français ont eu le sentiment, l'impression qu'il y avait un piège, qu'il y avait un loup, que s'il ne pouvait pas comprendre c'était qu'on ne voulait pas qu'ils comprennent ». L’Europe de Bayrou : l’Europe de la droite et de l’ultra-libéralisme Les messages adressés depuis peu par Bayrou en direction des électeurs du Non tranchent avec son soutien constant depuis des années à la vision de l’Europe défendue par la droite et les libéraux. Dans une interview à la Tribune le 23 mai 2005, il défend même littéralement la notion d’ « Europe libérale » : « l’obsession antilibérale de la France est une impasse. Jamais dans le monde une société de liberté n'a été générée par une économie contrainte. Arrêtons le délire obsessionnel dans lequel se plongent beaucoup d'esprits contre une économie libre. […] Cette mode d'hystérie contre l'Europe libérale est fascinante et désespérante. » Il a aussi été un des principaux invités des congrès du Parti Populaire Européen, qui regroupe l’essentiel de la droite européenne, en 1997 et en 2002. De même pendant sa campagne pour le Oui à la Constitution, Bayrou n’a pas caché ses convergences avec l’UMP et Sarkozy sur la question européenne. Au point d’ailleurs de faire un meeting commun avec le leader de l’UMP le 16 mai 2005 à Rouen. Quelques mois plutôt, le 23 mars 2005, le premier ministre Raffarin était même intervenu devant le groupe UDF à l’Assemblée nationale pour que tous soient en phase dans leur campagne pour le Oui. 6 Le grand défenseur de l’austérité monétaire et de la banque centrale européenne Alors que la politique de rigueur de la banque centrale européenne est dénoncée de toutes parts, Bayrou est quasiment le seul homme politique à continuer à défendre la politique ultralibérale de la banque centrale et son indépendance. Le 23 février 2007, il affirme dans son discours de politique économique et sociale : « Je ne partage pas les critiques et les affirmations négatives qui ont été faites autour de la BCE par Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. […] La banque centrale est indépendante et il est heureux qu’elle le soit. ». Et au lendemain d’un nouveau relèvement aberrant des taux par la BCE le 9 mars 2007, il est le seul candidat à la présidentielle à ne pas condamner cette hausse qui fait peser de graves risques à l’économie européenne et qui plombe nos exportations, dont celles d’Airbus. Bayrou est en fait un véritable intégriste de l’orthodoxie monétaire libérale. Dans son grand discours sur l’Europe à Strasbourg le 12 février 2007, il affirme à propos du statut de la banque centrale indépendante que « tout changement signifierait hausse des prix et hausse des taux. Nous en mourrions. ». Concernant le pacte de stabilité budgétaire, dont tout le monde s’accord aujourd’hui pour l’assouplir, y compris son ami Romano Prodi qui a qualifié le pacte de « stupide », Bayrou refuse aussi toute évolution du Pacte. La complaisance de l’UDF à l’égard de la directive Bolkestein Pendant la campagne référendaire sur la Constitution européenne, Bayrou n’a cessé d’affirmer que si la Constitution était adoptée, la directive Bolkestein serait empêchée : «Si la Constitution est adoptée, le 'non' de la France, le 'non' de l'Allemagne, le 'non' de la Belgique qui sont tous tous opposés au projet de directive Bolkestein, suffisent à créer un veto qui empêchera une directive de cet ordre d'être adoptée». (Bayrou le 19 mars 2005). Bayrou fait donc mine de partager la réprobation massive des Français pour la directive Bolkestein. Il n’a pourtant jamais dit clairement ce qu’il pensait de cette directive de dumping social. Ou plus exactement, s’est contenté d’appréciations très ambiguës comme le 23 mars 2005 où il explique : « pour éviter Bolkestein il faut voter "oui". À supposer que cette directive soit mauvaise » Or, lors du vote final sur la directive Bolkestein le 15 novembre 2006 au Parlement européen, les députés UDF ont tous voté pour la directive bolkestein avec les députés UMP, tandis que les députés français de gauche, socialistes, communistes et verts, votaient contre. Un député européen…..à tiers temps Député européen pendant trois ans (1999-2002), il a siégé aux côtés de l’UMP. Membre de la Commission des affaires constitutionnelles, peu de sujets européens ont mobilisé son intérêt. Il n’a pris aucune initiative sur les autres dossiers européens essentiels tels que l’emploi ou l’environnement. Un homme politique qui se dit « européen convaincu » au niveau national, mais qui s’est finalement peu impliqué dans son mandat d’eurodéputé. Sur un mandat de 5 ans, ses interventions se sont concentrées sur moins de 2 ans, de septembre 1999 à mai 2001. Il a déposé, en une législature, une seule proposition de résolution sur la liberté de la presse dans le monde (14 mai 2001). On peut noter qu’après les élections législatives de 2002, François Bayrou a définitivement déserté l’hémicycle de Strasbourg. 7 Bayrou, l’UDF L’exercice du pouvoir local Pour l’UMP, l’UDF fait toujours partie de la majorité de droite, y compris en vue des prochaines élections législatives : « La position reste celle qui a été arrêtée lors du bureau politique du 5 juillet 2006 : nous ne présenterons aucun UMP face à un UDF sortant. Nous considérons que l’UDF fait toujours partie de la majorité » Alain MARLEIX, secrétaire national aux élections de l’UMP, cité dans la lettre de Profession politique, mars 2007. L’UDF de François Bayrou et l’UMP de Nicolas Sarkozy gèrent en effet ensemble 30 Conseils généraux et 71 communes de plus de 30 000 habitants. A commencer par leurs propres départements d’élection, puisque le Conseil général des Hauts de Seine présidé par Sarkozy a accordé 3 vice-présidences à l’UDF et que de même le Conseil général des Pyrénées atlantiques présidé par un UDF a accordé 5 vice-présidences à l’UMP. Dans les départements Il y a 8 présidents de conseil général UDF. Ils gouvernent TOUJOURS avec l’UMP et ont tous des vice-présidents de la majorité gouvernementale : • Dans le CALVADOS (14), depuis 1991, la présidente est Anne d’ORNANO, femme de l’ancien président Michel d’ORNANO. Sa suppléante de l’époque à l’Assemblée nationale, Nicole AMELINE, a été ministre UMP de JUPPE et de RAFFARIN (3 fois). Sur 49 Conseillers généraux, la majorité est composée de 17 DVD, 8 UDF, 5 UMP. Sur 14 vice-présidents, tous de droite, 3 sont UMP dont Ambroise DUPONT, sénateur. • Dans le LOIR ET CHER (41), le président, Maurice LEROY, député UDF, est porteparole du candidat François BAYROU. L’UDF a la majorité presque à elle seule avec 14 CG sur 30. Les 6 UMP se font appeler « indépendants dans la majorité ». « Indépendants », peut-être, mais ils bénéficient de 2 vice-présidences dont une pour Patrice MARTIN-LALANDE, député UMP, rapporteur du budget des médias à l’Assemblée nationale. A noter que Nicolas PERRUCHOT, maire de Blois, député UDF, s’est abstenu pour la motion de censure contre le gouvernement votée par BAYROU. Dans sa ville, Les adjoints RPF (parti de Charles Pasqua) ont en charge l’éducation, la jeunesse, la politique de la ville, le logement… Les jeunes UMP du Loir et Cher ont interpellé l’UDF le 28 février dernier dans le quotidien régional la Nouvelle République. Ils rappellent que les élus UDF dans le département l’ont été grâce aux voix de l’UMP. Ils leur demandent de « rentrer au bercail » de la droite. • Dans la MAYENNE (53), le président Jean ARTHUIS est un proche de BAYROU, président de la commission des finances du Sénat, ancien ministre. Sur 32 conseillers généraux, 24 sont de la majorité départementale (5 UDF / 5 UMP, le reste divers droite). 2 vice-présidents UMP, dont le député Marc BERNIER. Nom du groupe : Union pour une majorité Départementale … UMD. • Dans le MORBIHAN (56), le président, Joseph KERGUERIS, est sénateur UDF. Il a hérité cette présidence de Raymond MARCELLIN, 16 fois ministre, ministre de l'intérieur de DE GAULLE puis POMPIDOU de 1968 à 1974, responsable des écoutes du Canard enchaîné en 1973. Le Conseil général compte 10 vice-présidents dont 6 UMP. Aimé KERGUERIS, cousin du président est député UMP. Il est aussi vice-président. La famille ne se déchire pas vraiment… 8 • Dans les PYRENEES ATLANTIQUES (64), le président est Jean-Jacques LASSERRE. Il y a 29 conseillers généraux (sur 52) de majorité : 19 sont UDF et le plus célèbre est François BAYROU lui-même. Il n’est d’ailleurs intervenu qu’une seule fois en séance sur les questions locales depuis 2002. Les 10 UMP qui font partie de la majorité (dont Daniel POULOU député UMP) ont 3 viceprésidences et 2 présidences de commission : Infrastructures / transports et Aménagement du territoire / politiques contractuelles. Le groupe de la gauche plurielle, avec pourtant 21 élus, est placardisé. • Dans le HAUT-RHIN (68), le président est Charles BUTTNER. Il peut compter sur 5 UDF sur 31, mais aussi sur 2 vice-présidents UMP qui bénéficie aussi de 4 présidences de commission, dont la première : Finances. Le conseil Général a une politique très à droite : aucune critique contre la décentralisation RAFFARIN mais attaques contre l’APA, peu de soutien aux entreprises en difficulté, arrêt de la politique de délégation de service social à certaines associations. • Dans le RHÔNE (69), le président Michel MERCIER, sénateur, est très actif dans la campagne de BAYROU. Sur 54 Conseillers généraux, 20 sont UDF, 11 sont UMP dans la majorité. Sur 15 vice-présidents (+ 2 vice-présidents délégués), il y a 6 UMP dont Dominique PERBEN, ministre des transports. L’UMP bénéficie de 2 présidences de commission : Finances et affaires sociales. • Dans la SOMME (80), le président Daniel DUBOIS, sénateur, est de la mouvance de ROBIEN, seul ministre UDF dans le gouvernement. Il dirige une majorité départementale fragile, 24 conseillers sur 46, avec des UDF, des UMP des DVD et 2 élus Chasse Pêche Nature et Tradition qui font la différence. On peut noter certains vice-présidents marquants : Pierre MARTIN, sénateur UMP, Jérôme BIGNON député UMP, Yves BUTTEL ancien député européen villiériste, élu CPNT. Pas de vagues, toute la droite est sous la tutelle de de ROBIEN qui n’a toujours pas apporté de soutien officiel. Dans les départements gérés par l’UMP, l’UDF est TOUJOURS dans la majorité, souvent dans les vice-présidences : • Dans les HAUTS DE SEINE (92) présidé par le ministre d’Etat ministre de l’intérieur président de l’UMP candidat à l’élection présidentielle Nicolas SARKOZY il y a trois vice-présidents UDF et apparentés : Odile FOURCADE, Philippe LAURENT et Hervé MARSEILLE. MARSEILLE a été suspendu de l’UDF pour s’être rallié à la candidature SARKOZY. Pierre Christophe BAGUET, député, président de la commission des finances, est TOUJOURS président du groupe UDF et apparentés malgré son exclusion du groupe UDF de l’Assemblée nationale. • Dans la LOIRE (42), François ROCHEBLOINE, député UDF, est vice-président du Conseil général dont le président est l’UMP… Pascal CLEMENT, ministre de la justice, garde des Sceaux. L’UDF soutient le candidat sortant UMP, Yves NICOLIN, dans la 5e circonscription aux prochaines législatives. Dans le même département, une cantonale partielle a été convoquée en catastrophe les 25 mars et 1er avril pour remplacer l'UMP Georges BERNE, condamné définitivement le 24 janvier par la cour de Cassation pour trafic d'influence et harcèlement sexuel. Son remplaçant putatif, candidat de la droite unie, soutenue par la majorité départementale UMP s'appelle Jean-François BARNIER. Il est ... UDF. 9 • En COTE D’OR (21), présidée par le sénateur sarkozyste Louis de BROISSIA, François SAUVADET, député UDF, porte parole du candidat BAYROU, est premier vice-président ET co-président du groupe de la majorité. • En VENDEE (85), présidée par Philippe de VILLIERS, un sénateur UDF, JeanClaude MERCERON, est membre de la majorité et vice-président. • Dans l'AIN (01), le président du Conseil Général est UMP, la majorité est UMP (17)DVD (6)-UDF (2), l'exécutif est composé de 8 UMP et 2 DVD. Aucun problème de cohabitation pour l'instant. Lors d'une cantonale partielle qui s'est déroulée les 25 février et 4 mars 2007, l'UMP et l'UDF ont soutenu dès le premier tour la même candidate DVD, Mme Ginette FRAPPE, élue face à la socialiste Christine GONNU dans le Canton de Saint-Trivier-sur-Moignans. • Dans l’ALLIER (03), ce n'est pas à proprement parler l'UDF qui siège, mais sa déclinaison départementale, l'URB, l'Union République Bourbonnaise qui vote des deux mains tous les textes de l'UMP présidée au conseil général par le Sénateur Gérard DERIOT. Pas de vote dissocié de la majorité jusqu’à présent. Amusante coïncidence, le responsable des jeunes UDF de l'Allier, Claude RIBOULET, conseiller général, est aussi attaché parlementaire de Yves SIMON, député UMP… Dans les départements gérés par le PS, l’UDF est TOUJOURS dans l’opposition. Dans les régions Aux régionales de 2004, c'est dès le premier tour qu'UMP et UDF ont fait liste commune dans 6 régions : Alsace, Auvergne, Picardie, Provence Côte d'Azur, Rhône-Alpes, PoitouCharentes (UMP + UDF + de VILLIERS). Au 2ème tour, dans 16 régions il y a eu des listes communes UMP – UDF, élargies au parti de de VILLIERS en Poitou-Charentes, en Champagne Ardennes et en Haute Normandie. Il n’y a plus qu’une seule région métropolitaine dirigée par la droite depuis 2004, l’Alsace. Son président est UMP, Adrien ZELLER. Son premier vice-président est UDF, Bernard STOESSEL. Dans les communes Du côté des mairies, cette alliance entre UMP et UDF est solidement enracinée, y compris dans les communes gérées par le parti de François BAYROU : Amiens, Annecy, Rouen, Saint-Brieuc… • A Valenciennes (59), le maire successeur de Jean-Louis BORLOO est UMP. Dominique RIQUET, jusqu’en février 2004, tout en étant à l’UMP, était président du groupe UDF au conseil régional. Depuis 2004, il a été réélu sur la liste UMP, et préside le groupe UMP… • A Romainville (93), lors de l’élection municipale partielle des 11 et 18 février 2007, en pleine campagne présidentielle, l’UDF et l’UMP ont fait liste commune, avec un positionnement très clair CONTRE LA GAUCHE (http://www.romainvilleavenir.typepad.com/ ). Ils ont perdu ensemble, mais entrent au conseil municipal. 10 Bayrou, l’UDF Soutiens et ralliements Le candidat préféré des ultra-libéraux François Bayrou est le candidat qui réunit le plus grand nombre d’économistes libéraux et de militants du néo-libéralisme parmi ses soutiens. On trouve par exemple : Michel CAMDESSUS : du FMI au Vatican Economiste français néo-libéral, Michel Camdessus est aujourd’hui consultant financier de l’Etat du Vatican, auprès duquel il a été recruté par Jean-Paul II comme membre du Conseil pontifical Justice et Paix, chargé de la promotion de la doctrine sociale de l’Eglise. Michel CAMDESSUS est surtout tristement célèbre pour avoir présidé le Fonds monétaire international de 1987 à 2000 et pour lui avoir donné une impulsion très libérale et brutale à l’égard des pays les plus pauvres. Partout où M. Camdessus est passé, à coup de privatisations, de réductions des budgets sociaux et d’austérité monétaire, les économies émergentes ont trépassé. Les effets de sa thérapie de choc libérale ont été tellement dévastateurs pour les populations, que sa présence à la tête du FMI a fini par être une menace pour l’avenir de l’institution elle-même. Camdessus fut ainsi contraint de démissionner en 2000, un an avant la fin de son mandat. Il faut dire qu’en 13 ans, sous sa direction, le FMI a aggravé ou même parfois directement déclenché une dizaine de crises financières majeures : Mexique (1994), Asie du Sud Est (1997-1998), Russie (1998), Brésil (1999), Argentine (2000-2001). Fin 1998, il vante ainsi au siège du FMI sa politique à l’égard de l’Argentine comme un véritable laboratoire : « L’Argentine a une histoire à raconter au monde : une histoire sur l’importance de la discipline fiscale, des changements structurels et une politique monétaire rigoureusement maintenue ». Au lieu de ça, l’Argentine offre quelques mois plus tard le spectacle d’une économie complètement ruinée par les crises financières et les recettes libérales. En à peine quelques mois, sous l’effet des mesures préconisées par le FMI, le taux de pauvreté va bondir de 25 % à près de 70 % de la population. De toute cette période de thérapie de choc libérale, la CNUCED conclura qu’elle a « provoqué le chaos en extrême orient et en Russie et neutralisé les progrès accomplis en Amérique latine ». En dépit de ce bilan désastreux, Michel Camdessus va rester un économiste courtisé par la droite française. En 2004, Nicolas Sarkozy ministre des finances lui confie la rédaction d’un rapport sur la croissance. Considéré par Sarkozy lui-même comme son « livre de chevet », ce rapport théorise le « décrochage français » et propose pèle mêle de démanteler les 35h, ne remplacer qu’un fonctionnaire sur 2 partant en retraite, remplacer le CDI par un contrat de travail unique plus souple ou encore ne plus augmenter le SMIC. Autant de propositions qui ont directement alimenté les programmes du MEDEF, de Sarkozy et de Bayrou. Michel Camdessus est enfin considéré comme proche de l’Opus Dei. A ce titre il est membre du conseil consultatif de l’école de commerce de l’Université de Navarre qui est directement gérée par l’Opus Dei. Il a également fait appel de 1996 à 1998 à un universitaire de l’Opus Dei, le professeur Juan José Torribio, pour l’assister comme directeur exécutif du FMI qu’il présidait. Le soutien discret d’Alain MADELIN Officiellement toujours engagé à l’UMP, l’ultra-libéral Alain Madelin ne cache pas depuis quelques semaines sa proximité de pensée et de programme avec François Bayrou. Dans une interview à La Croix le 22 février 2007, il délivre des bons points au programme de Bayrou : « son projet institutionnel est libéral. Sa vision européenne est libérale. Il ne cède pas à l’antilibéralisme primaire. » Le 23 février, il affirme carrément qu’il « se sent plus proche, sur bon nombre de points, du candidat de l’UDF que de celui de l’UMP. » (Le Monde) 11 Le 3 mars, Le Figaro affirme cette fois-ci que « Bayrou entretient des contacts téléphoniques réguliers avec Alain Madelin, qui lui soumet, avec plaisir, quelques idées. » Edouard FILLIAS et la galaxie d’Alternative libérale Edouard Fillias s’est fait connaître comme président fondateur de l’association Liberté chérie, une bruyante association anti-grèves, qui organisa un rassemblement Place de la Concorde en 2003 pour dénoncer le mouvement social contre la réforme des retraites. Depuis Fillias a fondé un petit parti, Alternative libérale, sur les ruines de Démocratie libérale d’Alain Madelin. Faute de signatures, il a annoncé son ralliement à Bayrou. Il mise sur François Bayrou pour appliquer les recettes les plus libérales et pour réduire drastiquement le rôle de l’Etat, y compris en allant vers « la fin du statut de la fonction publique » (Le Monde, réponses à un chat 7 mars 2007). Le programme d’Alternative libérale (extraits tirés du site Internet www.alternative-liberale.fr) « Alternative Libérale est une jeune force politique qui assume avec audace et fierté son identité libérale. » Morceaux choisis : « La France est gouvernée par un monopole aux deux visages, socialiste et conservateur qui se succèdent au pouvoir en reproduisant les mêmes schémas coupables de l’immobilisme et de la jouissance des avantages acquis, marqués au coin de l’antilibéralisme. » Et ils proposent pèle mêle la suppression du SMIC, la fin de l’obligation de cotiser à la sécurité sociale ou encore la suppression de tous les impôts progressifs qui seraient remplacés par un impôt à taux unique, sur le modèle de la flat tax imaginée dans les années 1980 par Reagan (et ensuite abandonnée). Jean-Claude CASANOVA : disciple de Raymond Aron et de Raymond Barre Autre intellectuel bien connu de la droite française, Jean-Claude CASANOVA figure lui-aussi parmi les soutiens de Bayrou. Fondateur de la revue Commentaires avec Raymond ARON, Jean-Claude Casanova est une figure de l’anticommunisme et de l’atlantisme intellectuel des années 1970 et 1980. Bien que s’affichant volontiers désormais comme un modéré, il continue à l’occasion d’exprimer l’anti-communisme le plus primaire. Par exemple, invité sur France Culture le 24 décembre 2000, il s’insurgea que des établissements scolaires portent le nom de Paul Eluard ou de Louis Aragon et lança cet appel aussi sectaire que ridicule : "J’attends qu’on débaptise les collèges Aragon et Eluard ". Politiquement, il fut conseiller économique du premier ministre Raymond Barre de 1978 à 1981, auprès duquel l’application des recettes libérales fut particulièrement désastreuse pour l’économie du pays (montée rapide du chômage). Logiquement, il fut ensuite dans les années 1990 un des dirigeants de la Fondation Saint Simon, laboratoire décrié de la « pensée unique ». Christian SAINT ETIENNE, pourfendeur de l’exception antilibérale française A l’image de Michel Camdessus, Christian Saint Etienne a fait lui aussi le parcours d’un parfait économiste néolibéral. Il débuté comme universitaire à l’université Carnegie avant d’être économiste au FMI en poste à Washington, puis de devenir administrateur de la très libérale OCDE. De 1987 à 1995, il exerce ensuite d’importantes responsabilités financières au Crédit lyonnais, notamment comme contrôleur général des engagements du groupe, alors dans la tourmente. 12 Fondateur du Club France Stratégie, il y prône les solutions libérales les plus classiques, notamment de nouvelles baisses massives d’impôt sur le revenu et d’impôt sur les sociétés. Il est notamment l’auteur d’un ouvrage de politique fiction intitulé « Principe de réalité -Scène de vie en 2024 », dans lequel il fustige l’anti-libéralisme des Français. Extraits choisis : « La haine exprimée des élites politico-administratives et syndicales françaises envers les entreprises familiales et les réussites individuelles conduisait les experts à toujours attribuer les succès allemands et italiens à tel ou tel programme d'intervention publique, au niveau des Lànder ou des régions italiennes, qu'il fallait immédiatement copier en France, ce qui justifiait chaque fois une nouvelle augmentation de la dépense publique dans notre pays. Mais, l'impact direct et colossal des réformes fiscales et le recul de l'âge de la retraite, fixé à soixante-sept ans en Allemagne puis en Italie, en 2004, étaient toujours mentionnés rapidement, comme des mesures techniques de peu d'intérêt et qui n'auraient aucun impact en France, compte tenu des différences de structures économiques et sociales. À la suite de l'erreur conceptuelle qui ne leur avait pas permis de comprendre la nature de la globalisation, les élites françaises avaient commis une erreur politique classique dans ce pays. Face à un phénomène incompris et toujours dénoncé, le grand enjeu n'était pas d'analyser le processus à l'oeuvre, mais de débattre savamment pour savoir si l'on était pour ou contre la globalisation. […] Cette double erreur conceptuelle et politique n'avait donc pas permis à ceux qui gouvernaient la France de comprendre l'importance des fonds de pension, des banques, des compagnies d'assurances et du capital-risque dans la structuration du capitalisme mondial... » (pages 48 à 50). Nicolas MIGUET, Président fondateur du Rassemblement des contribuables français. Homme d’affaire controversé, Nicolas MIGUET a été plusieurs fois entendu par la justice, il a été interdit de gestion d’entreprise pour 5 ans après avoir fraudé le fisc, journaliste, il a lancé plusieurs hebdomadaires, dont Capital, il a aussi tenté de relancer Minute, alors en cessation de parution, en tentant d’en racheter le fichier des abonnés. Il a fait la une des médias en 2004, lorsqu’il a réussi à renverser la direction d’Eurotunnel, grâce à plus de 20 000 pouvoirs. Son dernier fait d’arme l’a amené en garde à vue le 6 mars 2007. Le Conseil Constitutionnel a mis en garde les élus contre de « faux documents officiels » envoyés par son organisation. Son discours est régulièrement poujadiste : « sauver la France de la faillite financière, de l'enarchie et de la corruption généralisée avant qu'il ne soit trop tard, c'est urgent... »« Je trouve que Nicolas Sarkozy a commis une très lourde erreur en cédant à l’idéologie “bien pensante” qui domine la presse gaucho-soixantehuitarde, ce qui l’a conduit à supprimer la “double peine” et à promettre, s’il est élu président, d’accorder le droit de voter aux étrangers. » Son programme est en fait une longue diatribe poujadiste, dans lequel il ne fait qu’avancer de grandes vérités ou des idées loufoques : « Pour valoriser le stock d’or de la Banque de France, on doit frapper des pièces de 20 “francs or” de 5,801 grammes d’or fin, qui vaudront 200 euros (circulation libre à l’intérieur de nos frontières) et des pièces de 1/2, 1, 2 et 5 francs “or” en argent, qui vaudront 5, 10, 20 et 50 euros... Une telle opération peut apporter plus de 100 milliards d’euros de plus-value aux finances publiques qui en ont bien besoin, vu la dette actuelle. » La seule chose sur laquelle il s’avance, c’est « Il me semble naturel que nous soyons -dans le futur- des alliés de l’UMP, sans illusion, mais sans aucun état d’âme non plus, car c’est l’intérêt de la France qui primera toujours. Je demanderai donc que cette alliance en vue d’éviter le pire (c’est à dire l’application du projet socialiste) nous permette de constituer un groupe parlementaire. » Des ralliés venus pour la plupart de droite Corinne LEPAGE, ancienne ministre du Gouvernement Juppé, a d’abord prétendu se présenter elle-même à la présidentielle au nom de la défense des questions 13 environnementales maltraitées à ses yeux dans la campagne. La surprise est donc grande de la voir s’engager derrière Bayrou dont le programme est pourtant l’un des plus mal notés sur le plan écologique par l’Alliance pour la planète qui regroupe les principales associations de défense de l’environnement. Bayrou n’obtient en effet que 9 sur 20, à peine devant l’UMP qui ne décroche que 8,5 sur 20 (le programme de Ségolène Royal de son côté à obtenu 13 sur 20). François GOULARD, ministre UMP de l’enseignement supérieur, n’entretient aucune illusion « centriste » sur les raisons de son ralliement à Bayrou. Se qualifiant lui-même d’ « homme de droite », il est en effet issu du parti Démocratie Libérale d’Alain Madelin. En parfait défenseur de l’orthodoxie monétaire libérale, Il s’est notamment réjoui que Bayrou soit « le seul qui ne désigne pas l’euro comme bouc émissaire ». Gérard PELLETIER, Maire divers gauche, Président de l’Associations des Maires ruraux de France. Pour lui, la volonté affichée par le centriste de dépasser le clivage gauche-droite correspond à la sensibilité des maires ruraux. "C'est l'utopie que nous, maires, vivons tous les jours, dans nos conseils municipaux, dans les réunions d'intercommunalité. La véritable démocratie, c'est quand il n'y a pas de majorité automatique." Avec autant d’ultra-libéraux autour de Bayrou, cette utopie promet d’être bien ancrée à droite. 14 Bayrou, l’UDF Une mystification au profit de la droite François BAYROU n’est pas un barrage à Nicolas SARKOZY : c’est une impasse politique. François BAYROU dans une démarche purement électorale, s’est fait le champion du « ni droite ni gauche ». Or, au regard de son parcours personnel mais aussi des positions politiques de son groupe nous constatons qu’il est et demeure un véritable homme de Droite. Comme N Sarkozy, F BAYROU a été ministre des gouvernements Balladur et Juppé. F BAYROU et l’UDF ont voté la quasi-totalité des textes de loi proposée par l’UMP durant cette législature notamment ceux de régression sociale (retraite, assurance maladie, droit du travail, loi de finances…) Au niveau institutionnel, Après avoir longtemps été opposé à un changement institutionnel d’importance, F BAYROU propose désormais une VI° République qui demeure bien floue. Comme N Sarkozy, il veut un pouvoir présidentiel fort et l’effacement du 1er Ministre. (réforme de l’article 20 de la constitution) Un gouvernement exécutant les décisions présidentielles Une dose de proportionnelle qui varie du simple au double et donc peu crédible Un ralliement tardif au non cumul des mandats Bayrou à l’Elysée, la crise assurée : Bayrou élu devrait une grande partie de sa légitimité à l’électorat de gauche. Pour autant il est le seul homme politique dont chacun peut être sûr qu’il n’aura jamais de majorité politique pour gouverner. Une chambre bleue claire UDF-UMP émergerait des législatives, au sein de laquelle les centristes seront très probablement minoritaires du fait de l’impossibilité de réformer le scrutin entre le 6 mai et le 1er tour des législatives. Dès lors le Gouvernement ne peut être que de Droite. Cela rend impossible la mise en œuvre de la proposition centrale de Bayrou de constituer un gouvernement d’union nationale qui transcenderait les clivages politiques. En outre, F Bayrou ne pourra nommer un 1er ministre de gauche. Ce dernier n’aurait aucun intérêt de gouverner avec une telle chambre. F Bayrou sera donc contraint de revenir aux fondamentaux de la séparation gauche/droite et de nommer une personnalité susceptible de voir son discours de politique générale accepté par la majorité parlementaire, elle sera donc nécessairement de droite. Reste que dans cette éventualité il se coupera d’une partie de sa légitimité et son action apparaîtra donc comme une escroquerie électorale. Après une campagne démagogique, la mise en œuvre de la stratégie Bayrou peut avoir comme effet redoutable d’accentuer le fossé entre citoyens et politiques et, in fine, très certainement de renforcer les extrêmes. BAYROU candidat antisystème de salon En matière économique et sociale F BAYROU incarne la continuité dans la précarisation. Dans ce secteur comment être surpris par la très forte imprégnation libérale du candidat centriste quand on sait que F Bayrou a été conseillé par Alain MADELIN qui « se sent plus proche, sur bon nombre de points, du candidat de l’UDF que de celui de l’UMP. » le monde du 23 février 2007. 15 F BAYROU : Un bilan libéral et des propositions libérales : quelques exemples En matière de Service Publics : Comme l’UMP et N.Sarkozy, F Bayrou et l’UDF ont accéléré le mouvement de la libéralisation et le démantèlement des services publics via la libéralisation des télécommunications et la privatisation de France Telecom, la libéralisation totale du secteur de l’énergie, l’ouverture du capital des opérateurs historiques (EDF et GDF) et leur transformation d’établissement public en société anonyme la privatisation d’Air France. Les propositions de F Bayrou en matière d’emploi et de politique salariale F BAYROU se situe dans la continuité de la politique économique et sociale menée par l’UMP depuis 5 ans. Il lui arrive même de prendre pour modèle M Thatcher et R Reagan. Comme N Sarkozy qui dit « travailler plus pour gagner plus » F Bayrou propose au salarié le « jeu libre des heures supplémentaires pour gagner plus » Comme N.Sarkozy et le MEDEF F Bayrou ne parle jamais des 1,5 millions de salariés qui voudraient travailler plus et sont contraints d’accepter des temps partiels. (ces salariés sont pour 80% des femmes) Comme N Sarkozy et le MEDEF, F Bayrou veut un contrat de travail unique plus souple pour les employeurs notamment en matière de licenciement. C’est la généralisation de la précarisation du CNE Comme N Sarkozy, F Bayrou ne veut pas abroger le CNE (qui n’a que très peu créé d’emploi et qui s’est substitué au CDI) Comme le veut le MEDEF, F Bayrou veut privilégier la « rupture de contrat par consentement mutuel » ce qui affaiblira les salariés et réduira leur indemnisation en cas de licenciement. Comme N Sarkozy et le MEDEF, F Bayrou est opposé à la RTT et entend donc finaliser son démantèlement. Comme N Sarkozy, et le MEDEF, F Bayrou n’entend pas augmenter le SMIC. Bayrou le chantre de l’injustice sociale F Bayrou là encore se situe dans le credo libéral, où la solidarité avec les plus fragiles n’est pas de mise. Comme N Sarkozy, F Bayrou n’entend pas augmenter les retraites et ce alors que les effets injustes de la réforme commencent à se faire sentir notamment sur les populations les plus fragiles (tout particulièrement les femmes.) Comme N Sarkozy, F Bayrou veut continuer la politique d’exonération de cotisations aux entreprises (son programme en prévoit pour 8 milliards) sans contrepartie en matière de création ou de sauvegarde de l’emploi. .. La cour des comptes a émis un avis très sévère sur cette logique F Bayrou veut réduire les impôts et donc continuer à assécher les recettes de l’Etat pour mieux l’affaiblir. Il poursuit donc l’œuvre de précarisation de l’Etat que le RPR et l’UMP se sont toujours attachés à mettre en œuvre. Comme N Sarkozy, F Bayrou n’entend pas remettre en cause les niches fiscales qui bénéficient aux plus aisés. F Bayrou veut élargir l’assiette de l’ISF pour mieux diminuer la contribution des plus riches…. La connivence entre l’UDF et l’UMP durant l’ensemble de cette législature alliée aux similitudes programmatiques des candidats F Bayrou et de N Sarkozy, démontre à quel point F BAYROU ne constitue pas une alternative crédible au programme de l’UMP et encore moins un barrage contre N Sarkozy. 16 F Bayrou incarne bien une version démagogique et populiste au service de son propre intérêt. Il se veut l’incarnation de l’homme providentiel issue des terroirs et de la France éternelle et entretient une image conservatrice que stigmatise cette belle envolée « la France elle veut qu’on mette les choses à leur place » conseil national de l’UDF en 2006 Au mieux « la révolution pacifique » qu’appelle F-BAYROU de ses vœux se soldera par une « révolution de palais » et une crise politique forte et nécessairement par une accentuation de la décrédibilisation du politique laissant à la logique économique libérale au moins un mandat présidentiel pour se renforcer. Ainsi « voter Bayrou » quand on veut rompre avec la logique libérale de l’UMP notamment, quand on veut plus de Justice et un vrai changement, est à tout point de vue, une escroquerie et une lapalissade. L’alternative c’est Ségolène ROYAL qui la propose et c’est son programme qui l’organise réellement. 17 Coordinateurs : Jean-Luc Mélenchon et Jean-Pierre Bel Autres arguments à venir : Bayrou, l’UDF et les questions de société Fiche de lecture « Manifeste pour éviter la langue de bois » de G. de Robien Fiche de lecture « Au nom du tiers-état » de F. Bayrou Bayrou, l’UDF, le programme caché Bayrou, l’UDF, l’union nationale 18