Cours 10 [0.3cm] RMI, RSA, intéressement et emploi
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Cours 10 [0.3cm] RMI, RSA, intéressement et emploi
Cours 10 RMI, RSA, intéressement et emploi Stéphane Gauthier 11 janvier 2011 Bref repère historique L’hôpital général (1656) concerne tous les pauvres « en quelque état qu’ils puissent être, valides ou invalides, malades ou convalescents, curables ou incurables ». C’est la politique du « grand renfermement ». Une distinction commence à se faire à partir de la fin du XVIIème siècle entre les « mauvais pauvres » et les « bons pauvres ». Les premiers vont relever des « dépôts de mendicité ». → Une logique catégorielle dans le traitement de l’assistance ; cf. l’allocation vieillesse, le congé maternité, un arrêt maladie, l’allocation aux adultes handicapés, la pension de retraite, la prise en charge des orphelins, etc. Le RMI, institué en décembre 1988, rompt avec cette logique : il s’agit d’une allocation universelle. Le caractère différentiel du RMI Un « foyer » a droit au RMI (il est « allocataire » du RMI) si ses ressources sont inférieures à un montant prédéfini, le « montant du RMI », qui dépend de la composition familiale. Le RMI pour un foyer isolé est de l’ordre de 450 euros par mois, soit 1/2 SMIC mensuel à temps plein ; il augmente de environ 150 euros par « personne à charge » supplémentaire dans le foyer. Si tel est le cas, on verse à ce foyer une « allocation RMI » qui vient compléter ses ressources jusqu’au montant du RMI ; on dit que l’allocation RMI est « différentielle ». Au final, l’allocation RMI ne représente qu’une partie des ressources des RMIstes. BILA es ressources en décembre 1997 Pour l’ensemble des RMIstes rsonnes déjà allocataires au 31 décembre 1996) allocataires (ou foyers) du RMI Autres 5% Allocation logement 19 % Prestations familiales 9% ersonnesSource isolées: Collin du RMI(2000) Autres Revenus du travail 15 % Allocation chômage 3% RMI 50 % familles monoparentales au R Autres Le caractère différentiel du RMI Le caractère différentiel de l’allocation RMI implique que l’imposition marginale des revenus est égale à 100%, ce qui laisse craindre une moindre incitation à l’emploi. Pour y faire face, le montant du RMI est fixé, non pas en fonction des besoins que les plus démunis devraient pouvoir satisfaire, mais en fonction du salaire minimum (SMIC mensuel à temps plein). La différence entre le montant du RMI et celui du salaire minimum n’est toutefois pas aussi élevée en réalité : un foyer RMI ne voit pas son revenu doubler s’il prend un emploi ! 1. Les salaires mensuels auxquels les RMIstes peuvent prétendre ne coı̈ncident pas avec le SMIC mensuel à temps plein (Gurgand et Margolis, 2001) 2. Les RMIstes bénéficient d’aides locales, parfois associées à l’emploi (elles le sont souvent en pratique ; cf. par exemple les aides de cantines, de crêches, de transport, etc.) (Anne et L’Horty, 2002). L’intéressement On accorde aux allocataires du RMI une prime « d’intéressement » lorsqu’ils sont emploi. I 1989 – 1999 (« loi contre l’exclusion » de décembre 1998), une prime proportionnelle au salaire perçu durant les 750 premières heures de l’épisode d’emploi. I 1999 – 2006 (« loi relative au retour à l’emploi et sur les droits et les devoirs des bénéficiaires de minima sociaux » du 23 mars 2006), une prime proportionnelle au salaire perçu durant les 15 premiers mois de l’épisode d’emploi. I 2006 – 2009, les primes sont « forfaitaires » (au sens où elles ne dépendent pas du salaire perçu). (variantes en fonction du nb d’h. travaillées et du contrat de travail.) A partir du 1er juin 2009, le RSA ' variante 1999 – 2006). Doit-on se soucier des incitations à l’emploi ? Selon l’article 1 de la loi du 1er décembre 1988, « l’insertion sociale ou professionnelle des personnes en difficulté constitue un impératif national. » Au regard de cet objectif, le bilan du RMI reste mitigé. I La proportion de RMIstes en emploi est stable, de l’ordre de 20% des allocataires du RMI, et l’emploi reste le principal motif de sortie de l’assistance. I L’emploi des allocataires des caractérisé par une très forte instabilité. I Les allocataires recherchent activement un emploi, qu’ils soient en emploi ou non. I La population RMIste qui occupe un emploi se démarque nettement du reste de la population RMIste. bénéfiaite et 55 ans, herche s com- TABLEAU 1 Motifs de sortie du minimum social es déjà RMI ASS 4 sont qu’en Reprise d'emploi dans le foyer 58,9 51,4 minima Fin de la durée légale de versement de l'API on l’a Retraite ou minimum vieillesse 6,0 16,9 elles a Autre prestation (y.c. AER*) 18,2 13,2 ocation Changement dans la situation familiale 3,2 2,3 sement Problème administratif 5,9 7,4 ociaux. Problème lié à l'application du contrat d'insertion 1,9 MI en Autre raison 2,2 6,0 cinq en Ne sait pas 3,3 2,8 006 et * AER : allocation équivalent retraite. le disSources • DREES, enquête auprès des allocataires de minima sociaux 2006. alloca2004 le Pla (2007) :TABLEAU 2 e l’en- Source is plus Sortie de l'API suivant l'âge du plus jeune enfant tis des API longue en % API 12,7 45,9 17,5 19,9 2,1 1,4 0,6 en % API courte Tableau 2 Les transitions emploi/non-emploi entre janvier 1997 et septembre 1998 En % En % 20,12 5,34 Emploi permanent 8,6 9,24 Une transition entre emploi et non-emploi 19,1 Deux transitions entre emploi et non-emploi 11,4 Trois transitions et plus entre emploi et non-emploi 10,3 Non-emploi permanent 50,6 45,14 20,16 Lecture : 8,6 % des allocataires du RMI du 31 décembre 1996 étaient en emploi sans interruption entre janvier 1997 et septembre 1998. see, en Source : enquête RMI, janvier, septembre 1998, Insee, en avec Cnaf, Cserc, Dares, Dirmi, Drees. Sourcecollaboration : Rioux (2001) re 1996 titulaires d’un minimum social déclarent moins souvent rechercher un emploi que ceux sortis de la prestation, et ce, quelle que soit la catégorie d’allocataires. Enfin, qu’ils perçoivent encore ou non un minimum social, près de la moitié des enquêtés ayant un emploi en recherchent un autre. minima an plus Statut d'activité déclaré et recherche d'emploi Une indique en % Allocation perçue au 31 décembre 2001 API 4 recherche un emploi AS S ne recherche pas d'emploi recherche un emploi RMI ne recherche pas d'emploi recherche un emploi ne recherche pas d'emploi En emploi 43 57 45 55 44 56 Au chômage 80 20 64 36 75 25 Inactif 28 72 21 79 26 74 Ensemble 45 55 55 45 54 46 Lecture : 43 % des allocataires de l' API en 2001 occupant un emploi en 2003 recherchent un autre emploi. Source : Drees, enquête auprès des bénéficiaires de minima sociaux Source : Pla (2007) T •01 emploi et recherche effective d'emploi au premier trimestre 2003 en % Près étaient cial en cherche 2003 (5 2001, 5 ceux de ron en o résultat ciaires Dan recherc fait de date de Ainsi, 4 toujour L’objectif du cours Quel est l’impact du RMI augmenté de l’intéressement sur les incitations à l’emploi ? On peut rendre compte des principaux faits stylisés précédents s’appuyant sur l’offre de travail. Deux propriétés de l’intéressement : 1. « L’inanité » : si la prime est modeste et si elle est versée aux allocataires qui conservent leur droit au RMI ouvert lorsqu’ils rentrent dans l’emploi, elle n’a pas d’effet sur les incitations à l’emploi. 2. « L’effet pervers » : le caractère temporaire de l’intéressement favorise l’instabilité des épisodes d’emploi. Qu’est-ce que le RMI ? Tout foyer a droit au RMI tant que la somme de ses ressources est inférieure à un montant prédéfini µ, le « montant du RMI ». Lorsque cette condition est satisfaite, le foyer reçoit une « allocation RMI » égale à la différence entre le montant du RMI et la somme de ses ressources. Ses ressources sont ventilées entre : 1. des revenus d’activité w , 2. et la somme des autres revenus, ρ, que l’on appelle « ressources propres ». Exemple. un foyer ayant droit au RMI µ et disposant de ressources propres ρ perçoit une allocation µ − ρ qui porte son revenu après transfert à µ, s’il ne travaille pas. Eléments de modélisation : la valeur du non-emploi On utilise une version simple du modèle de recherche d’emploi. La valeur d’être sans emploi s’écrit : Z Vu = µ + βλ max {Ve (ω), Vu } dF (ω) + β(1 − λ)Vu . Ω → Notez qu’il n’y a pas de ’perte de capital humain’ liée à la prolongation de l’épisode de non-emploi. Eléments de modélisation : la valeur de l’emploi Le gain immédiat associé à un emploi au salaire w est µ1[ρ + w ≤µ] + (ρ + w )1[ρ + w > µ], de sorte que la valeur de l’emploi s’écrit Ve (w ) = max {µ, ρ + w } + β max {Ve (w ), Vu } . → Notez également qu’il n’y a pas ’d’acquisition de capital humain’ liée à la prolongation de l’épisode d’emploi. Présupposés Cette modélisation fait des hypothèses implicites fortes : 1. La rupture du contrat de travail ne peut provenir que de l’allocataire lui-même. 2. Un allocataire qui quitte son emploi doit toujours passer par une période de non-emploi avant de se voir proposée une nouvelle offre d’emploi. 3. Incertitude sur le salaire proposé. 4. Il n’y a pas de désutilité au travail ; il n’y a ni gains (autres que financiers) associés à l’emploi, ni pertes (autres que financières) associées au non-emploi. Et conséquences ... → Ce qui s’avère crucial dans ce qui suit : il n’est pas avantageux pour un allocataire d’accepter un contrat de travail dont la rémunération est faible. I Pour un salaire faible, les ressources courantes de l’allocataire sont égales au montant du RMI dans les deux états (emploi, non-emploi). I Si l’allocataire reste dans le non-emploi, il est susceptible de se voir proposé un salaire plus élevé qui le fera sortir du RMI lors de la période suivante, alors qu’il touchera nécessairement le montant du RMI s’il décide de rentrer dans l’emploi dès maintenant. Le comportement d’un RMIste Ve ( w) Vu μ + βVu μ−ρ w w Allocation RMI et emploi Une hausse de l’allocation µ − ρ versée lorsque le foyer ne travaille pas (w = 0) conduit à une hausse du salaire de réserve. Dans l’enquête sur les sortants du RMI de l’INSEE : I un tiers des allocataires qui percevaient une allocation inférieure à 1600 francs par mois en décembre 1997 (premier quartile de la distribution des allocations versées) étaient sortis du RMI en août 1998, I et seulement 10% des allocataires percevant une allocation supérieure à 2200 francs par mois en décembre 1997 (dernier quartile de la distribution des allocations) étaient sortis du RMI en août 1998. Décomposer la hausse du montant du RMI On décompose l’effet d’une (petite) hausse du montant du RMI en : 1. maintenant la valeur du non-emploi à son niveau initial, 2. et en faisant ensuite varier cette valeur. A l’issue de l’étape 1, la valeur du non-emploi étant toujours à son niveau initial, le salaire de réserve n’est pas affecté par une (petite) modification du montant du RMI. → La raison est évidente : l’allocataire qui prend un emploi quitte nécessairement le RMI, et ne bénéficie donc pas d’une hausse du RMI lorsqu’il est en emploi ... L’étape 1 : (une première version) de l’inanité Veμ 0 ( w) Vuμ 0 μ0 μ1 + β Vu μ 0 + β Vuμ ρ Veμ1 ( w) 0 μ 0 − ρ μ1 − ρ w w L’étape 2 : la valeur du non-emploi augmente Veμ 0 ( w) Veμ1 ( w) Vuμ1 Vuμ 0 μ1 μ1 + β Vu μ 0 + β Vuμ ρ Veμ1 ( w) 0 μ0 μ 0 − ρ μ1 − ρ w w μ1 w Prime perpétuelle forfaitaire On verse p aux allocataires en emploi en « abattant » son revenu d’activité : un foyer a droit au RMI si et seulement si ρ + w − p ≤ µ, de sorte qu’en emploi, le gain courant est (µ + p) 1[ρ + w ≤ µ + p] + (ρ + w )1[ρ + w > µ + p]. La valeur de l’emploi devient : Ve (w ) = max{µ + p, ρ + w } + β max {Ve (w ), Vu } . → Une (petite) prime est équivalente à une (petite) hausse du montant du RMI sur la valeur de l’emploi, mais elle ne concerne pas la valeur du non-emploi : le salaire de réserve reste inchangé ! Pour une prime plus élevée, toutes les propositions d’emploi sont acceptées. Revenu de Solidarité Active Le RSA est égal à max {0, µ − ρ − tw } où t est le « taux de prélèvement implicite » sur les revenus d’activité. Le revenu après transfert du foyer s’écrit w + ρ + (µ − ρ − tw ) = µ + (1 − t)w si ρ + tw ≤ µ ; sinon, il est égal à ρ + w . La valeur de l’emploi devient : Ve (w ) = max {µ + (1 − t)w , ρ + w } + β max {Ve (w ), Vu } . Inanité du RSA Ve (w) Vu μ + ρ + βVu μ /t μ / t' w w Ciblage Si prime p > 0 est versée aux allocataires qui perdent leurs droit au RMI lorsqu’ils prennent un emploi, la valeur de l’emploi devient Ve (w ) = max{µ, ρ + p + w } + β max {Ve (w ), Vu } . Ve p >0 ( w) Ve p =0 ( w) Vup =0 μ + β Vup =0 ρ+p ρ p μ−ρ w Exercice d’intéressement temporaire L’allocataire peut cumuler intégralement le RMI et ses revenus d’activité durant la première période d’emploi ; ensuite, le régime de base du RMI s’applique. La valeur de la première période d’emploi s’écrit Ve1 (w ) = (µ + w ) + β max{Ve2 (w ), Vu }, et au-delà de cette période, Ve2 (w ) = max{µ, ρ + w } + β max{Ve2 (w ), Vu }. Intéressement temporaire : profils d’activité On a : 0 < w̄ 1 < w̄ 2 = w̄ 1 + (µ − ρ). → Deux profils d’activité se dégagent : 1. D’un côté, les allocataires qui sont peu aidés en l’absence de revenu d’activité qui connaissent des épisodes d’emploi stable. 2. De l’autre, les allocataires plus aidés en l’absence de revenu d’activité, qui connaissent des épisodes d’emploi plus heurtés, plus souvent interrompus. Intéressement temporaire : l’effet pervers Soient β < 1 et βλ > 0. Alors on a w̄ 1 < w̄ < w̄ 2 , où w̄ est le salaire de réserve en l’absence de possibilité de cumul temporaire, et aussi d w̄ 1 <0 d(µ − ρ) et d w̄ 2 > 0. d(µ − ρ) Une intuition I A l’issue de la première période d’emploi au salaire w , l’allocataire se retrouve dans une situation similaire à celle d’un allocataire à qui l’on propose w dans le régime de base : w̄ et w̄ 2 réagissent de façon analogue à une modification de µ − ρ (ils augmentent avec µ − ρ). I Pour w = w̄ 1 , l’allocataire est juste indifférent entre entrer dans l’emploi et refuser l’offre qui lui est faite. Supposons dρ > 0. Si l’allocataire opte pour l’emploi, il n’en bénéficie ni aujourd’hui, ni demain (puisque w̄ 1 < w̄ 2 ) ; il peut en bénéficier demain s’il opte pour le non-emploi. Plus ρ est élevé, plus l’attrait du non-emploi est fort (w̄ 1 est grand). Une prédiction de ’dualisme’ 1. Les allocataires peu aidés en l’absence de revenus d’activité rentrent moins facilement en emploi (leurs salaires sont plus élevés lorsqu’ils sont en emploi), mais ils poursuivent plus souvent leur épisode d’emploi, et finissent par quitter le RMI lorsque l’intéressement prend fin (puisque w̄ 2 > µ − ρ). 2. Les allocataires plus aidés rentrent plus facilement en emploi (leurs salaires sont (en moyenne) plus faibles lorsqu’ils sont en emploi), mais interrompent aussi plus souvent l’épisode d’emploi → Il est difficile de prédire les volumes de l’emploi pour ces deux ’classes’ : la plus grande exigence en matière de rémunération s’accompagne d’une plus grande stabilité de l’épisode d’emploi ... Le dispositif d’intéressement ’Aubry-Guigou’ Loi ’contre l’exclusion’ (juillet 1998) → loi ’relative au retour à l’emploi et sur les droits et devoirs des bénéficiaires de minima sociaux’ (mars 2006). La période est un trimestre. (Règles de révision du RMI pour les ’ressources propres’ et les salaires.) Ce qui est annoncé (et en partie fictif) pour la variante ’Aubry’ : 1. Le cumul du salaire et de l’allocation RMI est intégral durant le trimestre d’entrée dans l’emploi (’Aubry’ versus ’Guigou’). 2. Ils peuvent cumuler la moitié de leur salaire et l’allocation RMI durant les 4 trimestres suivants (’Aubry’ versus ’Guigou’). 3. L’intéressement prend fin. Un nouvel épisode d’intéressement peut être initié si les revenus d’activité déclarés sont nuls durant au moins un trimestre (fraude, enchaı̂nement de plusieurs contrats différents, reconstitution des droits à l’intéressement). Eléments de modélisation Sans emploi : Z Vu = µ + βλ max Ve1 (ω), Vu dF (ω) + β(1 − λ)Vu . Ω En emploi : Ve1 (w ) = (µ + w ) + β max Ve2 (w ), Vu , Ve2 (w ) = max{µ + aw , ρ + w } + β max Ve3 (w ), Vu , Ve3 (w ) = max{µ, ρ + w } + β max Ve3 (w ), Vu . → Le taux d’abattement a est laissé libre pour avoir une première idée d’une réforme type ’Guigou’. Quelques intuitions ’Inanité’ et ’effet pervers’ de l’intéressement ’Aubry-Guigou’ ? Salaires de réserve : 1. Pour w = 0, le cadre se confond par le cadre de base sans intéressement. On aura Ve1 (0) = Ve2 (0) = Ve3 (0) < Vu . Les propositions d’emploi mal rémunérées seront refusées. 2. Les valeurs de l’emploi sont strictement croissante avec le salaire pour w suffisamment élevé ; la valeur du non-emploi est indépendante d’un salaire particulier. → La propriété de salaire de réserve s’applique. Les valeurs de l’emploi sont ’ordonnées’ : Ve1 (w ) > Ve2 (w ) ≥ Ve3 (w ) pour tout w > 0. Donc : 0 < w̄ 1 < w̄ 2 ≤ w̄ 3 . → Les allocataires se retirent progressivement de l’emploi. L’inanité A l’issue de la deuxième période d’emploi, la situation est celle d’un allocataire qui doit choisir s’il travaille ou non en l’absence d’intéressement (modèle de base). On a w̄ 3 > µ − ρ : tous les allocataires qui restent ’durablement’ en emploi doivent perdre le droit au RMI. Lorsque a = 0, Ve2 (w ) = Ve3 (w ) pour tout w . Donc w̄ 2 = w̄ 3 > µ − ρ. Par continuité, pour a suffisamment petit, on aura encore w̄ 2 > µ − ρ : les allocataires qui décident de prolonger l’épisode d’emploi au-delà de la période de cumul intégral (perçoivent des salaires suffisamment grands et) perdent le droit au RMI. Ils ne bénéficient pas de l’intéressement ... Lorsqu’ils rentrent dans l’emploi, les allocataires anticipant qu’ils sortiront du RMI s’ils restent en emploi au-delà du 1er trimestre, le salaire w̄ 1 ne dépend pas non plus de a. → Inanité si l’abattement est trop peu généreux : da est sans effet sur w̄ 1 , w̄ 2 et w̄ 3 . L’inanité de l’intéressement ’Aubry-Guigou’ Ve1 ( w) Ve3 ( w) Vu Ve2 ( w) μ + βVu w1 μ − ρ w2 = w3 w L’effet pervers Quelles sont les conséquences d’une hausse de l’abattement, lorsque a est suffisamment proche de 1 ? 1. Au-delà de la phase d’intéressement, w̄ 3 s’élève ; les allocataires sont plus incités à quitter l’emploi à ce stade (pour amorcer un nouvel épisode d’emploi). 2. Au début de la phase d’intéressement (abattement au taux a), les allocataires sont plus incités à rester en emploi : w̄ 2 baisse. 3. Pour w proche mais supérieur à w̄ 1 : les allocataires ne resteront pas en emploi au-delà de la première période (puisque w̄ 1 < w̄ 2 ). Donc, ils ne bénéficieront pas d’une hausse de a. La hausse de la valeur du non-emploi ⇒↑ w̄ 1 ! Les allocataires rentrent moins facilement en emploi ; la hausse de la valeur espérée de l’emploi les rend plus ’patients’. → Réforme Guigou ? Plus généralement, w 3 (a) w 2 ( 0) = w 3 ( 0) w 2 (a) w 1 (a) w 1 ( 0) a 1 a Les profils d’activité selon les allocataires pour a < ā Effet d’une hausse des ressources propres : 1. En fin de période de cumul intégral, tous les allocataires qui restent en emploi perdent le droit au RMI. La valeur d’un emploi augmente de dρ dès la période ’courante’ ; la valeur du non-emploi augmente de moins que dρ (préférence pour le présent + incertitude sur l’offre d’un contrat et sur le salaire). Les deux salaires w̄ 2 = w̄ 3 baissent. 2. Pour ceux qui sont rémunérés à w proche de (mais supérieur à) w̄ 1 , la valeur courante de l’emploi ne dépend pas de ρ, et comme ils sortent de l’emploi dès la fin de la période, la valeur d’une première période d’emploi réagit à une hausse de ρ comme celle du non-emploi, mais escomptée. La valeur du non-emploi augmente. Donc w̄ 1 augmente. Au total, pour a ’petit’ (a < ā) Ceux qui sont le moins aidés (µ petit ou ρ grand) 1. ont des épisodes d’emploi plus stables (moins fréquemment interrompus), 2. rentrent moins facilement en emploi (w̄ 1 grand), 3. et sortent aussi moins facilement de l’emploi à l’issue de la période de cumul intégral (w̄ 2 et w̄ 3 petits). → Mais il est difficile de faire une prédiction sur le volume de l’emploi en fonction du ’degré d’assistance’ (mesuré par µ − ρ). Les ’petits’ µ − ρ rentrent moins facilement dans l’emploi, mais restent plus longtemps ... (rôle de la distribution des salaires proposés). Les profils d’activité pour a ≥ ā L’analyse est similaire, sauf pour w̄ 2 . Si l’allocataire bénéficie encore du RMI lorsqu’il est en emploi (c’est le cas pour des salaires légèrement supérieurs à w̄ 2 dans cette configuration), il ne perçoit plus le bénéfice d’une hausse de ses ressources propres. Le seul effet de ce mouvement est d’élever la valeur du non-emploi. Et donc : w̄ 2 s’élève. → Corollaire : Une hausse des ressources propres rend l’allocataire moins susceptible de réagir à une variation du taux d’abattement (ā est grand). w 2 ( 0) = w 3 ( 0) w 1 ( 0) a a' 1 a L’intéressement ’Borloo’ Depuis octobre 2006, l’intéressement est organisée autour : 1. de primes mensuelles accordées aux allocataires tant que dure l’épisode d’emploi ; ces primes sont ’forfaitaires’ pour des durées de travail élevées, et proportionnelles sinon. 2. d’une ’prime de retour à l’emploi’ versée au 4ème mois d’emploi (après le trimestre de cumul intégral). Le point important : cette prime n’est pas conditionnelle au maintien du droit au RMI lorsque l’allocataire est en emploi. → L’inanité disparaı̂t ! Dans ce qui suit, on s’intéresse uniquement à la ’prime de retour à l’emploi’ (l’analyse des primes mensuelles est analogue à celle de l’intéressement ’Aubry’). Représentation du dispositif ’Borloo’ Sans emploi : Z Vu = µ + βλ max Ve1 (ω), Vu dF (ω) + β(1 − λ)Vu . Ω En emploi : Ve1 (w ) = µ + w + β max Ve2 (w ), Vu , Ve2 (w ) = max {µ, ρ + w } + π + β max Ve3 (w ), Vu , Ve3 (w ) = max {µ, ρ + w } + β max Ve3 (w ), Vu . Salaires de réserve et prime de retour à l’emploi On ne peut tjrs plus ordonner les valeurs de l’emploi. On a Ve3 (w ) ≤ Ve2 (w ). Mais Ve1 (w ) ≶ Ve2 (w ) en fonction du montant de la prime. → Il devient possible que w̄ 2 ≤ w̄ 1 : alors, tous les allocataires en première période d’emploi prolongent l’épisode d’emploi pour une période supplémentaire (pour percevoir la prime) : une hausse de la prime influence non seulement w̄ 2 mais aussi le salaire w̄ 1 qui implique l’entrée dans l’emploi. Permet de rendre compte d’une propriété intuitive : une hausse de la prime incite les allocataires à rentrer dans l’emploi (et à y rester jusqu’à perception de la prime) ! Inanité et effet pervers w3 w1 w μ−ρ w2 μ − ρ π * π ** π Selon les types d’allocataires Lorsque ρ augmente, 1. la valeur d’un emploi ’perpétuel’ augmente : w̄ 3 baisse ; 2. si w̄ 2 > 0, alors w̄ 2 = w̄ 3 − π : w̄ 2 baisse ; 3. si w̄ 1 < w̄ 2 , alors µ + w̄ 1 = ρ + w̄ 3 , et l’on a : w̄ 1 augmente (cf. ci-dessus) ; idem si w̄ 1 ≥ w̄ 2 , w̄ 1 (w̄ 1 > 0). Analogue au cas de l’intéressement ’Aubry-Guigou’ : les allocataires qui sont les moins aidés (au sens où µ − ρ est faible) sont ceux qui rentrent le moins facilement en emploi, mais ils connaissent des épisodes d’emploi plus stables que les autres allocataires. Et les seuils π ∗ et π ∗∗ sont décroissants avec µ et croissants avec ρ. Perception et déclaration des revenus d’activité Il existe un décalage temporel entre le moment où les revenus d’activité sont perçus et celui où ils sont déclarés et pris en compte par l’administration dans le calcul des droits au RMI : ces revenus sont déclarés trimestriellement, et sont donc pris en compte avec un trimestre de retard. Retarder le moment où les revenus d’activité sont effectivement imposés incite les allocataires, s’ils manifestent une préférence pour le présent, à rentrer plus facilement dans l’emploi. Ce retard permet de rendre compte de l’emploi en-dehors de l’intéressement. → Intuition : forme de ’sanction’ financière en cas de sortie de l’emploi.