Cancers familiaux et cancers héréditaires
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Cancers familiaux et cancers héréditaires
N° 3 TR IMESTR I EL – SEPTEMB R E-OCTOB R E-NOVEMB R E 2005 BELGIQUE/BELGIË PP/PB B-714 Bureau de dépôt Bruxelles X Brussel Nouveaux traitements contre les cancers : quelles sont les cibles ? page 3 L’étude HERA : une expérience passionnante et sans précédent dans l’histoire des essais adjuvants pour le cancer du sein page 14 Échoendoscopie : une technique maîtrisée, un standard reconnu et de nouvelles applications page 4 OB RDET-IRI WALLONIE — R Vaccination thérapeutique au moyen d’antigènes spécifiques des tumeurs dans le mélanome page 8 C A U N A C E ER SE Cancers familiaux et cancers héréditaires : indication des analyses d’ADN et place de la consultation de génétique page 24 ASM S — ER E — Éditeur responsable: Harry Bleiberg, 1 rue Héger-Bordet, 1000 Bruxelles – N° d’agréation: P501016 – Autorisation de fermeture B-714 – Ne paraît pas en juillet-août LE JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES Roche soutient la recherche contre le cancer et s’associe à la publication de ce nouveau journal en cancérologie de l’Université Libre de Bruxelles SOMMAIRE ÉDITORIAL COMITÉ DE RÉDACTION Ahmad AWADA Harry BLEIBERG Arsène BURNY Jean KLASTERSKY Vincent NINANE Yaël ROUACH Jean-Luc VAN LAETHEM CONSEILLERS SCIENTIFIQUES Marc ABRAMOWICZ Guy ANDRY Michel AOUN Jean-Jacques BODY Dominique BRON Dominique DE VALERIOLA Olivier DEWITT André EFFIRA Patricia EWALENKO Patrick FLAMEN Thierry GIL Michel GOLDMAN André GRIVEGNEE Alain HENDLISZ Jean KLASTERSKY Denis LARSIMONT Marc LEMORT Dominique LOSSIGNOL Thi Hiyen N’GUYEN Jean-Claude PECTOR Eric SARIBAN Jean-Paul SCULIER Philippe SIMON Alexandre ZLOTA www.jcancerulb.be Le contenu des articles publiés dans ce journal n’engage que la responsabilité de leur(s) auteur(s) PARTICIPEZ À NOTRE CONCOURS “HÔPITAL INSOLITE” ▼ Dans chaque numéro du Journal du Réseau Cancer de l’Université Libre de Bruxelles sera publiée une photo “hôpital insolite”: vue inattendue, particulière, touchante, artistique de votre hôpital. Le gagnant reçoit un bon FNAC d’une valeur de 150 €. Envoyez votre photo à [email protected] Photo gagnante voir en page 7 INFORMATION SCIENTIFIQUE 4 ÉCHOENDOSCOPIE : une technique maîtrisée, un standard reconnu et de nouvelles applications Échoendoscopie bronchique Vincent Ninane 5 Échoendoscopie digestive Pierre Eisendrath, Alain Hendlisz, Jean-Luc Van Laethem 8 Vaccination thérapeutique au moyen d’antigènes spécifiques des tumeurs dans le mélanome Benoît Van den Eynde, Nicolas van Baren 14 L’étude HERA : une expérience passionnante et sans précédent dans l’histoire des essais adjuvants pour le cancer du sein Martine Piccart 20 Le cancer du pancréas : va-t-on vers de nouveaux standards au-delà de la Gemcitabine ? Jean-Luc Van Laethem 24 Cancers familiaux et cancers héréditaires : indication des analyses d’ADN et place de la consultation de génétique (hérédo-oncologie) Marc Abramowicz 26 Highlights of the 2005 ASCO Annual Meeting Gilberto de Castro Jr., Ahmad Awada RECHERCHE 3 Nouveaux traitements contre les cancers : quelles sont les cibles ? Arsène Burny 18 Biology of bronchial precancerous lesions Céline Mascaux, Benoît Martin, Anne Pascale Meert, Francesco Feoli, Vincent Ninane and Jean-Paul Sculier 22 Gene expression profiling of histological grade in breast cancer challenges the existence and clinical relevance of an intermediate grade Christos Sotiriou SERVICE D’ONCOLOGIE MÉDICALE 7 Le nouvel hôpital de jour de l’hôpital Erasme Claire Nouwynck POLITIQUE ET SANTÉ 16 Nouveaux traitements ciblés dans le cancer du côlon. On peut s’attendre à un gain de survie significatif… Mais quel en sera le prix ? Harry Bleiberg INFORMATION GÉNÉRALE 19 Cycle for life: une belle réussite ! Alain Hendlisz, Jean-Luc Van Laethem 19 Le Fonds Heuson : si chacun donne un peu, c’est la vie qui gagne ! 28 Des vacances pour les jeunes patients: l’expérience de la Fondation contre le Cancer Didier Vander Steichel 28 Les nouvelles du réseau cancer RÉGLEMENTATION 13 Clinical Study Methodology: why clinical studies lead to inconclusive data Geneviève Decoster ÉTUDES EN COURS 11 Protocoles de vaccination dans le mélanome à l’hôpital Erasme LES BRÈVES 21 Traitement des cancers bronchiques non à petites cellules résécables : un nouveau standard Thierry Berghmans 1 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 ESEAU CANCE ASSISTANTE À LA RÉDACTION Yaël ROUACH – Tél. 02/541 37 65 [email protected] Recherche Clinique Ahmad AWADA Recherche Translationnelle Fatima CARDOSO Recherche Fondamentale Christos SOTIRIOU Gilbert VASSART Hémato-oncologie Willy FERREMANS Philippe MARTIAT Psycho-oncologie Nicole DELVAUX Darius RAZAVI Spécialistes en oncologie Vincent NINANE Jean-Luc VAN LAETHEM Bordet-IRIS Jean-Pierre KAINS Martine PICCART Wallonie Vincent RICHARD Erasme Thierry VELU 2 Remboursement des nouveaux médicaments anticancéreux : nous devrons changer de modèle ! Ahmad Awada WALLONIE — R RÉDACTEURS EN CHEF Harry BLEIBERG Ahmad AWADA ÉDITORIAL Remboursement des nouveaux médicaments anticancéreux : nous devrons changer de modèle ! L’ amélioration des connaissances en biologie a ouvert la voie à de nouveaux traitements utilisant des médicaments biologiques ciblés. Citons comme exemples, l’Herceptine® dans le cancer du sein (voir l’article du Dr Martine Piccart), l’Erbitux® et l’Avastin® dans le cancer du côlon et du rectum (voir l’article du Dr Harry Bleiberg), le Glivec® dans la leucémie myéloide chronique et les tumeurs stromales de l’intestin (GIST), l’Iressa® et Tarceva® dans les cancers du poumon non à petites cellules et, finalement, les médicaments BAY43-9006 et SU11248 qui se sont avérés actifs dans le cancer du rein très peu sensible à la chimiothérapie. La découverte de ces médicaments est une bonne nouvelle pour nos patients et l’avenir proche va nous amener encore d’autres nouveautés thérapeutiques actives contre le cancer. Apparues sur une courte période de temps, ces découvertes très encourageantes nous posent le problème de faire accéder rapidement nos patients à ces nouveautés. Il est urgent que tous les partenaires impliqués dans ce domaine, à savoir les autorités de la santé, l’industrie pharmaceutique et les oncologues cliniciens, discutent clairement d’une politique de santé pour le remboursement des nouveaux médicaments. Les autorités de santé doivent proposer une politique pour le court terme mais aussi pour le long terme, car on peut s’attendre à ce que les nouveautés thérapeutiques se succèdent rapidement. De son côté, l’industrie pharmaceutique devrait proposer des solutions de façon à réduire les coûts à l’utilisation (par exemple s’assurer qu’une dose moindre ne serait pas aussi efficace ou à mieux cibler les malades qui bénéficieront du traitement). Les oncologues sont aussi invités à plus rationaliser leur prescription, aidés par des marqueurs prédictifs bien validés et à ne prescrire les traitements que s’ils jugent qu’ils offrent à leurs malades une augmentation significative de la survie et/ou de la qualité de vie. Ahmad Awada Rédacteur en chef ESEAU CANCE 2 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 WALLONIE — R RECHERCHE Nouveaux traitements contre les cancers: quelles sont les cibles ? Arsène Burny, Faculté Universitaire de Gembloux et ULB, [email protected] Le cancer est une maladie hétérogène et changeante. Avec quelques exemples, Arsène Burny nous permet d’accéder à cette complexité et nous dit : “La cancérologie est une discipline intégrative alliant beaucoup de ressources du savoir. Biologie et modélisation moléculaire constituent, avec la recherche clinique, l’ossature du progrès à accomplir.” L’apparition de cellules résistantes au traitement atteste de la grande plasticité des cellules cancéreuses. Leur caryotype est souvent profondément modifié, l’aneuploïdie est très fréquente. Il y a, cependant, beaucoup de cas où le nombre et la structure des chromosomes sont normaux. La modification est discrète. Ici, la cancérologie moléculaire fourmille d’exemples découverts récemment et faisant l’objet d’une recherche intense visant à la maîtrise du défaut. Citons, par exemple, la mutation du gène B-raf présente dans 66% des mélanomes. Cette mutation rend la protéine B-RAF constamment active,ce qui oblige la cellule à se multiplier sans arrêt. La mutation est connue, la structure tertiaire de la molécule B-RAF (son mode de reploiement dans l’espace) aussi; l’effort se porte donc du côté de la modélisation moléculaire et de la synthèse chimique de molécules organiques susceptibles de reconnaître l’enzyme mutée et de la bloquer. Quand ce blocage réussit, il ne dure, en général, pas éternellement. Le gène codant pour l’enzyme à bloquer présente de nouvelles mutations qui rendent “Tous les cancers sont des maladies du matériel génétique” D’autres modes d’attaque des tumeurs sont soit déjà en usage, soit en essais précliniques. Citons-en quatre : – le Velcade® est un inhibiteur du protéasome actif dans le myélome. Le protéasome est un assemblage multi-moléculaire dont la fonction est d’hydrolyser les protéines mal repliées. La cellule tumorale est souvent soumise au stress du réticulum endoplasmique. Ce stress aurait pour conséquence une accumulation anormale de protéines dans ce compartiment cellulaire. Les protéines accumulées y sont alors dirigées vers le protéasome. Si celui-ci est bloqué, la mort cellulaire est facilitée. Le Vel- Un cas extrême de mutations ponctuelles vient d’être décrit dans deux cas de LLC. Celles-ci affectent deux microRNAs différents. Elles rendent le microRNA non-fonctionnel. Les techniques actuelles de biologie moléculaire et de bioinformatique vont permettre d’identifier rapidement le RNAmessager, cible du RNA interférant, dérivé du microRNA. Il reste donc à identifier la cascade de réactions impliquées dans ce nouveau mode de cancérogenèse. Cet aperçu illustre combien la cancérologie est une discipline intégrative alliant beaucoup de ressources du savoir. Cytologie, biologie moléculaire, bioinformatique, modélisation moléculaire, synthèse organique constituent avec la recherche clinique l’ossature du progrès à accomplir pour soigner et guérir. ■ 3 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 ESEAU CANCE Tous les cancers sont des maladies du matériel génétique. Dans la majorité des cas, il ne s’agit pas de maladies héritables. En général, il s’agit d’accidents du matériel génétique apparus par hasard dans une cellule non reproductrice, dite cellule somatique. L’accident cancérigène peut avoir une origine soit interne soit externe à la cellule. Celui-ci peut frapper une cellule très jeune, on parlera alors de cellule souche cancéreuse. Ces dernières évoluent vite dans leur malignité et les tumeurs qu’elles forment deviennent rapidement résistantes au traitement appliqué. Quand l’événement cancérigène affecte une cellule plus mature, la descendance de celle-ci est plus stable. Ces considérations sont cependant des généralités souffrant des exceptions. l’enzyme résistante à l’inhibiteur. Il faut donc mettre au point un nouvel inhibiteur. Cette démarche est en train d’être réalisée dans le cas de la leucémie myéloïde chronique où la molécule à bloquer est la protéine ABL (pour Abelson, chercheur américain découvreur de cet oncogène). ABL est une tyrosine kinase, activée par mutation et responsable de cette leucémie. Le médicament Glivec® (Gleevec) ou Imatinib fait merveille, non seulement contre la tyrosine kinase ABL, mais aussi contre plusieurs autres tyrosines kinases impliquées dans l’induction et la prolifération de toute une gamme de tumeurs malignes. Des résistances au Glivec® apparaissent. Le traitement par le Glivec® est alors suivi par le traitement à l’aide d’une molécule apparentée mais moins encombrante, ce qui lui permet de s’insérer dans la gouttière de la kinase mutée où le Glivec® n’a plus accès. Ce second médicament, aujourd’hui en essais cliniques, porte le nom de code AMN-107. Il manifeste de très bons niveaux de réponse contre une série de kinases ABL mutées (une trentaine de mutations causant la résistance au Glivec® sont connues aujourd’hui). On estime que AMN-107 est 20 fois plus actif que le Glivec®. WALLONIE — R a cancérologie a pour thème l’étude des déviations de la vie d’une cellule et la mise au point de méthodes permettant de l’éliminer. L cade® aura des effets synergiques avec de nombreux traitements anti-cancéreux. – les inhibiteurs de BCL-2. Cette recherche est au stade préclinique. BCL-2 (pour B-cell leukemia/lymphoma) exerce des effets antiapoptotiques puissants et est fortement exprimé dans des tumeurs cancéreuses. L’inhibiteur ABT-737 tue des lignées de lymphomes et de carcinomes pulmonaire à petites cellules. Il induit la régression de tumeurs établies chez la souris à partir de tumeurs humaines. – les inhibiteurs d’histones désacétylases et les inhibiteurs de DNA méthyle transférases. De nombreuses molécules de ce groupe sont en essais cliniques. Elles ont manifestement des effets pleiotropes et synergisent avec des traitements plus classiques pour induire la mort spécifique des cellules tumorales. – les inhibiteurs de la voie de signalisation NOTCH. Cette voie est d’importance dans le développement embryonnaire et dans l’ontogenèse des cellules T. L’activation de la voie NOTCH dépend d’une enzyme protéolytique, la g-sécrétase. Un essai clinique de phase 1 utilisant un inhibiteur de gsécrétase vient de démarrer au Dana-Farber Cancer Institute à Boston. Cet essai vise les malades atteints de LLA à cellules T et en rechute ou réfractaires. Une inhibition efficace de la g-sécrétase pourrait avoir un impact positif chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer. INFORMATION SCIENTIFIQUE ÉCHOENDOSCOPIE : une technique maîtrisée, un standard reconnu et de nouvelles applications Le traitement des cancers nécessite une mise au point aussi précise que possible de l’extension de la maladie. La découverte d’un ganglion cancéreux péritumoral peut changer la stratégie thérapeutique. Les techniques d’échoendoscopie digestives et bronchiques avec ponction des ganglions suspects permettent de mieux définir le statut ganglionnaire et de mieux traiter les patients. Échoendoscopie bronchique Vincent Ninane Service de Pneumologie, Hôpital Saint-Pierre [email protected] e diagnostic histologique d’adénopathies médiastinales est principalement requis chez le patient atteint ou suspect de cancer broncho-pulmonaire, pour préciser le stade de la maladie tout en apportant,dans l’hypothèse d’une suspicion seulement, la confirmation diagnostique et le type histologique. Néanmoins, il existe d’autres circonstances cliniques où l’exploration diagnostique histologique des ganglions médiastinaux est parfois requise : il s’agit essentiellement de la sarcoïdose, de maladies infectieuses dont la tuberculose, du lymphome ou de pathologies ganglionnaires métastatiques de cancers extrathoraciques. L’étalon-or de l’exploration du médiastin est l’abord chirurgical, la médiastinoscopie axiale cervicale et ses variantes (médiastinoscopie antérieure, cervicale étendue, …) ou la thoracoscopie. Il s’agit toutefois d’explorations invasives nécessitant un chirurgien thoracique expérimenté, une hospitalisation et qui sont grevées d’une morbidité certaine (et même d’une mortalité) (1). L Une alternative récente consiste à ponctionner les ganglions (hilaires ou médiastinaux) à l’aide d’une aiguille, par voie transbron- Fig. 1: Vue de l’extrémité du nouveau bronchoscope à tête échographique qui permet, sous contrôle en temps réel, la ponction transbronchique des ganglions du médiastin. chique, sous contrôle échographique. Il s’agit d’un examen réalisé sous anesthésie locale, en ambulatoire. Nous disposions depuis plus de deux ans de mini-sondes échographiques que l’on introduisait par le canal opératoire du bronchoscope afin de repérer les ganglions. La mini-sonde était ensuite retirée et l’aiguille à ponction introduite pour obtenir le prélèvement. Depuis quelques mois, un bronchoscope linéaire possédant à son extrémité une tête échographique (figure 1) permet, en plus de la vision classique en lumière blanche à l’intérieur des bronches, une vision échographique des ganglions au-delà de la paroi bronchique, puis leur ponction sous contrôle échographique en temps réel, par une aiguille introduite dans le canal opératoire. Tous les ganglions qui siègent autour de l’arbre trachéobronchique peuvent être détectés et ponctionnés, sans complication (2). “… en plus de la vision classique en lumière blanche à l’intérieur des bronches, une vision échographique des ganglions au-delà de la paroi bronchique…” Nous avons évalué l’apport de l’échographie endobronchique avec ponction ganglionnaire médiastinale dans le contexte particulier d’une captation accrue des ganglions lors de la tomographie à émission de positrons au FDG-F18 (fluoro-déoxyglucose-F18). Cette captation accrue suggère une entreprise néoplasique des ganglions mais une évaluation histologique est requise pour exclure de faux résultats positifs. Les résultats, chez 33 patients investigués prospectivement (3), montrent pour l’échographie endobronchique avec ponction transbronchique une sensibilité, une spécificité, une valeur prédictive ESEAU CANCE 4 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 Fig. 2: Résultats de prélèvements ganglionnaires médiastinaux obtenus avec une aiguille transbronchique après repérage échographique. La présence de granulomes (ellipses) a permis de confirmer un diagnostic de sarcoïdose. positive et négative respectivement de 93%, 100%, 100% et 71%. Un diagnostic exact était obtenu chez 94% des patients. Par cette stratégie initiale peu invasive nous avons calculé qu’un examen plus invasif (médiastinoscopie ou autre procédure d’évaluation histologique des ganglions) était évité dans 25 cas (76% des patients). Sur la base des résultats actuels, il faut considérer l’échographie endobronchique avec ponction transbronchique comme une méthode d’évaluation primaire des ganglions du médiastin, moins coûteuse et grevée d’une morbidité moins élevée que les explorations plus invasives. En dehors des évaluations dans le cadre du diagnostic et/ou du staging du cancer bronchopulmonaire, cette technique convient également pour objectiver des atteintes métastatiques ganglionnaires de cancers extrathoraciques (côlon, sein, …) ou lymphomateuses ou pour confirmer des pathologies non cancéreuses (sarcoïdose, tuberculose) (figure 2). ■ Références 1. Ninane V, et al., Rev Mal Respir 2003; 20: 25-7. 2. Yasufuku K, et al., Chest 2004; 126: 122-128. 3. Gavin Plat, et al., Eur Respir J, provisionally accepted. WALLONIE — R Vincent Ninane Pierre Eisendrath Échoendoscopie digestive Pierre Eisendrath 1, 2, Alain Hendlisz 2, Jean-Luc Van Laethem 1 Service de Gastroentérologie, Hôpital Erasme 1 et Service de Médecine, Institut Jules Bordet 2 [email protected] L’obtention d’une information sur l’extension d’une lésion tumorale n’est cependant pas toujours suffisante et la confirmation de sa nature néoplasique est souvent cruciale pour sa prise en charge. Depuis le développement, dans les années 90, de sondes dites linéaires (figure 1), l’introduction d’aiguilles de ponction dans le tissu suspect peut être suivie en temps réel sous contrôle échographique afin d’obtenir une cytologie ou une histologie. L’avantage de cette ponction à l’aiguille fine (PAF) par rapport aux techniques transcutanées est la proximité de la lésion par rapport à la sonde d’échographie. L’aiguille de ponction est Sonde radiale Sonde linéaire Fig. 2 Aiguille de ponction au travers du canal opérateur d’un échoendoscope linéaire Image échoendoscopique de la ponction d’une ADP médiastinale au travers de la paroi œsophagienne 5 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 ESEAU CANCE Les premières indications de l’échoendoscopie (EE) reposaient sur la nécessité de préciser le stade d’infiltration tumorale (T) et la présence de ganglions (N) dans le bilan des tumeurs digestives. Aujourd’hui encore, pour les cancers de l’œsophage, de l’estomac, du rectum et du pancréas, l’EE demeure un élément clef du bilan. Dans le contexte d’adénocarcinome rectal non-métastatique, l’EE permet d’orienter la stratégie thérapeutique vers la réalisation soit d’une chirurgie d’emblée, soit vers une radio (chimio) thérapie. De même dans le cas de cancer de l’œsophage, le choix entre traitement chirurgical, endoscopique ou multimodal s’appuie systématiquement sur le résultat de l’EE. Fig. 1 WALLONIE — R utilisation d’ultrasons associés aux techniques endoscopiques existe en gastroentérologie depuis plus de 20 ans. Constituées initialement d’un cristal en rotation autour de l’axe de l’endoscope à son extrémité, les sondes sont actuellement devenues électroniques et la multiplication des cristaux permet de disposer de l’ensemble des techniques modernes disponibles en échographie transcutanée. L’ Enfin l’apparition des sondes linéaires a favorisé le développement toujours croissant des indications de l’EE thérapeutique. La réalisation d’une neurolyse coeliaque à visée antalgique est une indication bien reconnue et pourrait être supérieure à la voie transcutanée sous contrôle CT (3). L’EE permet également un repérage aisé des structures canalaires dilatées comme les voies biliaires ou le canal pancréatique. Leur proximité avec la cavité gastrique permet la mise en place de système de drainage par ponction transéchoendoscopique, quand l’accès par la voie transpapillaire est impossible. Enfin, des techniques d’injection locorégionale de substances antitumorales (cytotoxique, adénovirus) et de mise en place de sondes de radiofréquence ou de photothérapies par EE sont en cours d’évaluation (4). Fig. 3 : Application de l’élastographie dans le cadre d’un bilan de masse pancréatique; les zones bleues correspondent à du tissu plus rigide faisant suspecter le diagnostic d’adénocarcinome. insérée via un canal opérateur et ressort de l’endoscope juste à côté de la sonde d’écho. Bénéficiant de cette proximité, la PAF via l’échoendoscope permet le ciblage de lésions ≥ à 5 mm de diamètre, situées à proximité et jusqu’à 6 à 7 cm des parois du tube digestif supérieur ou du rectum. Par exemple, la réalisation de PAF et d’EE dans le cadre de masse pancréatique permet de réorienter le diagnostic et le traitement dans plus de 2/3 des cas. On considère actuellement que l’EE associée à la PAF est la technique la plus sensible et la plus spécifique (1) pour le diagnostic des adénocarcinomes pancréatiques. Outre son intérêt dans le bilan de tumeurs œsophagiennes, l’EE trans-œsophagienne, associée à la PAF, permet également, de manière relativement peu invasive, d’explorer le médiastin et de préciser la nature de masses ou d’adénopathies (ADP) médiastinales afin de différencier une maladie inflammatoire d’une maladie métastatique (2). La PAF ne comportant que très peu de complications (≤ à 1%), il est actuellement reconnu que la découverte d’une lésion métastatique hépatique lors d’un examen endoscopique de bilan justifie la réalisation de sa ponction par voie échoendoscopique. Dans le domaine diagnostique, l’application de techniques développées en échographie standard à l’EE fait entrevoir de nouvelles possibilités pour affiner son rendement. Ainsi l’élastographie, qui permet d’évaluer par ultrason la rigidité d’un tissu, et l’utilisation de micro-bulles comme produit de contraste, pourraient permettre d’augmenter les valeurs prédictives de l’EE. Des premiers résultats encourageants ont été obtenus dans le contexte de masses pancréatiques et d’ADP suspectes. ESEAU CANCE 6 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 “Il est également possible, de manière relativement peu invasive, d’explorer le médiastin et de préciser la nature de masses ou d’adénopathies médiastinales” En résumé, l’EE a acquis ses lettres de noblesse ces 20 dernières années. Elle reste un standard de bilan indispensable en oncologie digestive et thoracique et offre des perspectives prometteuses de thérapie locorégionale. ■ Références 1. Agarwal et al. Am J Gastroenterol. 2004 May; 99(5):844-50. 2. Larsen SS et al., Thorax. 2002 Feb; 57(2): 98-103. 3. Gress F et al., Am J Gastroenterol. 1999 Apr; 94(4): 900-5. 4. Fritscher-Ravens A & Swain P., Gastrointest Endosc Clin N Am. 2005 Jan; 15(1):1 89-208. WALLONIE — R SERVICE D’ONCOLOGIE MÉDICALE Le nouvel hôpital de jour de l’hôpital Erasme Claire Nouwynck, Clinique d’Oncologie Médicale, Hôpital Erasme [email protected] n novembre 2004 s’ouvrait à Erasme un Hôpital de jour où se trouvent rassemblées diverses activités tant chirurgicales que médicales, précédemment éparses dans le bâtiment principal, s’adressant à des patients en ambulatoire. C’est à l’occasion du transfert de l’Unité de Chimiothérapie Ambulatoire dans cette structure que de nouveaux progrès dans la prise en charge des patients cancéreux ont pu être réalisés. L’originalité du secteur d’Oncologie du nouvel hôpital de jour réside dans le regroupement des consultations d’oncologues des divers services, d’hématologues, de plusieurs disciplines paramédicales (psychologie, diététique, …), d’un centre de prélèvement, d’une unité de préparation de médicaments cytotoxiques, de l’unité de traitement et du CMETD (Centre Médical d’Évaluation et de Traitement de la Douleur). Cette unité de lieu favorise l’approche pluridisciplinaire en épargnant aux patients de nombreux déplacements, et en favorisant les interactions entre les membres des diverses équipes. L’unité de chimiothérapie ambulatoire, ouverte en 1992 comptait 11 fauteuils, son activité avait triplé en 10 ans. Actuellement les patients sont accueillis dans une unité de traitement comprenant 16 fauteuils et 16 lits. La multiplication par trois de la capacité d’accueil devrait permettre de faire face à l’accroissement d’activité consécutif à l’augmentation de l’incidence globale du cancer. Les 16 lits, équipés de monitorings répartis dans des chambres de 1 à 4 lits permettent d’accueillir des patients qui doivent y recevoir un traitement plus lourd ou plus prolongé ou pour lesquels un acte technique de brève durée doit être réalisé. Grâce aux progrès liés au développement des nouvelles thérapies ciblées, plus de malades atteints d’un cancer localisé pourront être guéris et ceux atteints d’une maladie métastatique auront une survie prolongée. Par le coût des médicaments et la durée des traitements, la prise en charge du cancer deviendra de plus en plus coûteuse. L’intérêt des hôpitaux de jour cancérologiques est de réduire les coûts en évitant les hospitalisations classiques tout en améliorant la qualité de vie des patients. L’équipe de l’hôpital de jour avec le Dr Claire Nouwynck. L’hôpital de jour, Erasme. CONCOURS PHOTO “HÔPITAL INSOLITE” “Aliens” © Delhalle Pascal & Rousseau Christian ESEAU CANCE 7 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 WALLONIE — R E INFORMATION SCIENTIFIQUE Vaccination thérapeutique au moyen d’antigènes spécifiques des tumeurs dans le mélanome Benoît Van den Eynde, Nicolas van Baren, Institut Ludwig pour la Recherche sur le Cancer, Institut de Pathologie Cellulaire Christian de Duve (ICP), Faculté de Médecine, Université Catholique de Louvain [email protected] Le professeur Michel Goldman nous présente Benoît Van den Eynde, médecin-chercheur exemplaire, lauréat d’une chaire Francqui à l’ULB. Âgé de 43 ans, Benoît Van den Eynde a été proclamé Docteur en Médecine en 1986 avec la plus grande distinction et les félicitations du jury et est Agrégé de l’Enseignement Supérieur depuis 1995. Il a réalisé l’entièreté de son parcours académique à l’Université Catholique de Louvain. Il est actuellement membre du Directoire de l’Institut Christian de Duve (ICP), membre de l’Institut Ludwig et chargé de cours à l’UCL. Ses travaux de recherche, menés au sein de l’équipe du professeur Thierry Boon, ont conduit à plusieurs découvertes majeures dans le domaine de l’immunité antitumorale. Après avoir contribué à la caractérisation d’antigènes exprimés par les cellules cancéreuses, Benoît Van den Eynde a démontré un nouveau mécanisme majeur de résistance des cellules tumorales aux défenses immunitaires et un nouveau mode de génération de peptides antigéniques au sein du protéasome. Ces découvertes ont fait l’objet de publications dans les revues les plus prestigieuses (Nature Medicine, Science, Journal of Experimental Medicine). Elles ont été couronnées en 2001 par le Prix du 165e anniversaire de l’Académie Royale Belge de Médecine. En 2005, Benoît Van den Eynde a été titulaire de la chaire Francqui à l’ULB qui souhaitait mettre ainsi en valeur une vision remarquablement intégrée de la recherche à finalité médicale et des talents pédagogiques hors du commun. L’article qui suit synthétise l’exposé que Benoît Van den Eynde a donné dans ce cadre à l’Institut Jules Bordet le 24 mai 2005. ertains types de tumeurs solides expriment des antigènes susceptibles d’être la cible d’une attaque par le système immunitaire. Beaucoup de ces antigènes sont constitués d’un peptide qui résulte de la dégradation intracellulaire d’une protéine cytoplasmique et est exporté et présenté à la surface cellulaire par une molécule HLA de classe I. Ce complexe antigénique peut être reconnu par des lymphocytes T cytolytiques (CTL), qui sont alors capables de lyser la cellule portant cet antigène. C Une catégorie importante d’antigènes tumoraux inclut les antigènes codés par des gènes exprimés spécifiquement dans les cellules germinales et les cellules cancéreuses, tels certains membres des familles de gènes MAGE, BAGE, GAGE et LAGE-1/NY-ESO-1. Ces antigènes sont exprimés principalement par de nombreux mélanomes, par des cancers de la vessie, du poumon, de l’œsophage et de la sphère ORL et par des myélomes multiples. Les cellules germinales, qui sont dépourvues de molécules HLA, ne peuvent présenter les antigènes de type MAGE aux CTL (Figure 1). On peut donc en conclure que ces antigènes sont strictement spécifiques des tumeurs et que leur utilisation en immunothérapie active n’entraîne en théorie pas de risque d’auto-immunité (6). Dans le mélanome, d’autres antigènes proviennent de protéines exprimées sélectivement dans les mélanocytes normaux. Il s’agit en particulier d’enzymes impliquées dans la biosynthèse des mélanines, comme tyrosinase, gp100, TRP-1 et TRP-2. Ces antigènes se retrouvent aussi bien sur les cellules de mélanome que sur les mélanocytes normaux (6). Leur utilisation dans des vaccins contre le mélanome est susceptible d’induire des réactions auto-immunes contre les tissus pigmentés, en particulier du vitiligo. Cet effet secondaire s’est toutefois révélé très rare dans l’expérience actuelle de vaccination par ces antigènes de différenciation mélanocytaire. Depuis une dizaine d’années, nous avons développé, en collaboration avec divers centres en Belgique et en Europe, un programme clinique de vaccination antitumorale essentiellement ciblé sur le méla- ESEAU CANCE 8 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 Benoît Van den Eynde nome, dans lequel ont été testés divers types de vaccins contenant des antigènes définis, surtout des antigènes MAGE. Les essais cliniques s’adressent principalement à des malades atteints de mélanome métastatique. L’expression par la tumeur de l’antigène utilisé dans le vaccin doit être confirmée avant l’inclusion. Ceci se fait par un typage HLA et par une analyse RT-PCR du gène codant à partir d’une biopsie tumorale fraîche, non fixée, qui doit parvenir à notre laboratoire. Après inclusion, le patient reçoit des vaccinations répétées en milieu hospitalier ambulatoire. Les administrations se font principalement par voies intradermique et sous-cutanée car la peau est l’un des tissus les plus riches en cellules présentatrices d’antigène, qui jouent un rôle crucial dans l’induction d’une réponse immunitaire. Les injections sont intramusculaires lorsque le vaccin contient un adjuvant trop irritant. Chaque patient subit un bilan tumoral et une collecte de lymphocytes sanguins avant puis après traitement, pour suivre l’évolution de la maladie et de la réponse immune au vaccin (Figure 2). “Notre effort se porte sur la compréhension des mécanismes immunologiques de la régression de certaines tumeurs” Les vaccins testés jusqu’à présent comprenaient soit un peptide synthétique, soit une protéine recombinante, avec ou sans adjuvant immunologique, soit un virus recombinant appelé ALVAC, capable d’induire l’expression de deux antigènes MAGE dans les cellules qu’il infecte. Nous avons également collaboré avec plusieurs équipes investiguant des vaccins cellulaires, comprenant des cellules dendritiques autologues présentant un ou plusieurs antigènes tumoraux. Tous ces vaccins ont été dans l’ensemble très bien tolérés. Les effets secondaires les plus fréquents sont des réactions inflammatoires aux sites d’injection, bénignes et transitoires. Ils sont associés aux vaccins protéique ou viral ou à certains adjuvants. WALLONIE — R Fig. 1 Fig. 2 ▲ ESEAU CANCE 9 — ERASME — DET R BOR -IRIS WALLONIE — R J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 Fig. 3 Dans l’ensemble, ces vaccins ont montré une activité antitumorale certaine, mais limitée. Des régressions de lésions métastatiques ont été observées chez 10-20% des malades vaccinés. Ce chiffre est significatif, la fréquence de régressions spontanées dans le mélanome métastatique étant estimée à moins de 0,5%. Ces régressions impliquent le plus souvent des métastases cutanées ou ganglionnaires. Elles s’observent surtout chez des malades pas trop avancés dans leur maladie métastatique. Elles peuvent apparaître tardivement après le début des vaccinations, parfois après des mois de traitement, et peuvent être lentes à se dérouler. Les régressions de nodules cutanés ne s’accompagnent quasi pas de signes inflammatoires. Il peut y avoir une réponse mixte ou dissociée : certaines lésions régressent tandis que d’autres augmentent en taille (Figure 3). Le taux de réponses objectives (complètes ou partielles) selon les critères officiels WHO ou RECIST avoisine les 5% des malades vaccinés seulement (4, 5). Un effort important de notre laboratoire a consisté à développer des méthodes performantes permettant de détecter et de quantifier les réponses immunitaires dirigées contre les antigènes vaccinaux. Une méthode récente, basée sur la technique des tétramères HLA,a permis de mettre en évidence, dans le sang, d’un petit nombre de patients vacci- nés, une réponse CTL dirigée contre certains antigènes vaccinaux. Ces réponses CTL se détectent plus souvent chez les patients qui ont montré des régressions tumorales. La plupart des réponses CTL observées sont faibles,ce qui indique que les vaccins testés sont peu immunogéniques. Des réponses plus fortes ont été observées avec les vaccins basés sur les cellules dendritiques et, plus récemment, avec des peptides mélangés à l’adjuvant Montanide ISA51. L’efficacité antitumorale de ces deux types de vaccin reste à investiguer sur un plus grand nombre de patients. Une autre approche qui fait l’objet d’essais en cours est la combinaison, dans un même vaccin, de plusieurs peptides antigéniques, dans le but d’induire des réponses CTL contre de multiples antigènes présents sur la tumeur. Nous testons également un nouvel adjuvant immunologique prometteur, CpG7909. Il s’agit d’un oligonucléotide comprenant des dinucléotides CG non méthylés, qui activent le système immunitaire inné et sont capables secondairement de potentialiser une réponse immunitaire spécifique. Outre le développement de vaccins plus immunogéniques, notre effort se porte sur la compréhension des mécanismes immunologiques de la régression de certaines tumeurs. Les progrès récents indiquent ESEAU CANCE 10 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 que la plupart des patients atteints de mélanome métastatique, si pas tous, présentent des réponses CTL spontanées, dirigées contre certains antigènes présents sur leur tumeur. Des CTL antitumoraux sont présents dans leur sang, mais aussi dans leur tumeur, avant toute vaccination. Ils sont toutefois incapables d’enrayer la progression des métastases. In vitro, ces CTL récupèrent leur capacité de lyse tumorale, indiquant que leur inaction in vivo est induite par l’environnement tumoral (1). Une meilleure connaissance de ces phénomènes d’inhibition par la tumeur, de son rejet par les CTL et la mise au point de méthodes permettant de les contrer devraient permettre d’améliorer les résultats de la vaccination antitumorale. ■ Références 1. Germeau, C., et al., J Exp Med, 2005, 201(2) : 241-248. 2. Kruit, W. H., et al., Int J Cancer, 2005, in press 3. Lurquin, C., et al., J Exp Med, 2005, 201(2) : 249-257. 4. Marchand, et al., Eur J Cancer, 2003, 39(1): 70-77 5. Marchand, et al., Int J Cancer, 1999, 80(2) : 219-230. 6. Van den Eynde, et al., Curr Opin Immunol, 1997, 9(5): 684-93. 7. Van Baren, N., et al., J Clin Oncol, 2005, in press. WALLONIE — R ÉTUDES EN COURS Photo de couverture… Protocoles de vaccination dans le mélanome à l’hôpital Erasme Pour tout renseignement : Unité de Recherche Clinique : 02/555 41 93 1. EORTC 18961 : vaccination adjuvante gangliosides Étude prospective, multicentrique randomisée de phase III évaluant l’efficacité et la toxicité d’une vaccination adjuvante ciblant l’antigène tumoral ganglioside GM2-KLH/ QS-21, par voie SC, chez les patients atteints d’un mélanome de mauvais pronostic (plus de 1,5 mm) après chirurgie adéquate. Fig. 1a 2. EORTC GSK 16032-18031 : vaccination protéine rec MAGE-3 Étude randomisée ouverte de phase II évaluant la toxicité et l’efficacité d’une vaccination sous-cutanée par protéine Mage 3 recombinante, associée à l’adjuvant AS02B ou AS15 chez les patients atteints d’un mélanome métastatique évolutif, exprimant l’antigène tumoral Mage 3. Fig. 1b 3. BRUCELLS 04-002 DC : vaccination par cellules dendritiques Étude séquentielle phase IB/II évaluant une vaccination sous-cutanée par cellules dendritiques autologues pulsées avec une dizaine d’antigènes tumoraux sous forme de peptides chez des patients HLA-A2 atteints d’un mélanome cutané métastatique. 4. PPD MDX 010-20 : vaccination et anti-T régulateur Fig. 1c Étude randomisée, en double aveugle, multicentrique, comparant une monothérapie par MDX-010 (anticorps monoclonal anti-CTLA4), le MDX-010 combiné ou non à un vaccin ciblant un antigène tumoral peptidique de différenciation mélanocytaire, chez des patients HLA-A2, atteints d’un mélanome non résécable de stade III ou IV précédemment traités. Fig. 1a, 1 b, 1c Invasive ductal carcinoma of the breast. The cover figure (1a) shows a volume rendering (VR) view of a breast tumour together with feeding vessels and lymph node (arrow) reconstructed from the first image of a time series from a dynamic contrast enhanced MRI (DCE-MRI) of the breast. The early contrast enhancement followed by washout on DCE-MRI is one of the main characteristics of malignant tumours. Signal enhancement is quantified for each time point (first point colour coded on figure 1 b) and the resulting curve is plotted against time (figure 1c). Note the 25% washout during the 4 last minutes after injection. Source : Marc Lemort, Service d’Imagerie Médicale, Institut Jules Bordet. ESEAU CANCE 11 — ERASME — DET R BOR -IRIS WALLONIE — R J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 Du progrès dans la prise en charge du cancer de la prostate hormono-résistant en situation métastatique U n homme sur six sera diagnostiqué au cours de sa vie d’un cancer de la prostate. Près d’un tiers des patients traités initialement à visée curative récidiveront sous forme d’une maladie systémique, essentiellement à localisation osseuse. Dans un premier temps, le cancer de la prostate métastatique est sensible à la privation androgénique. Cette thérapeutique permet généralement de contrôler la maladie pendant plusieurs années (médiane : 1 an et demi), mais la plupart de ces patients échapperont un jour au traitement hormonal. Les métastases osseuses sont la principale source de douleur et de morbidité. Les options thérapeutiques pour un patient atteint de cancer de la prostate hormonorésistant sont limitées. L’hormonothérapie dite de seconde ligne, le kétoconazole, l’hydrocortisone, … produisent une amélioration des symptômes chez approximativement 25% des patients. Cependant, celles-ci ne dépassent pas quelques mois (médiane 4 mois) et la survie de ces patients n’est pas augmentée. La chimiothérapie, quant à elle, est également une option. Le schéma classique associant la mitoxantrone et la prednisone permet de diminuer les douleurs associées aux localisations secondaires osseuses mais il n’améliore pas la survie globale de ces patients. Récemment, deux larges études randomisées ont démontré que le docetaxel était supérieur en terme d’efficacité à l’association mitoxantrone/prednisone. En particulier, l’étude TAX327 (1) a randomisé 1006 patients en 3 groupes : (1) docetaxel 75mg/m2 donné toutes les 3 semaines avec de la prednisone (5 mgr, 2 fois par jour), (2) docetaxel 30 mg/m2 toutes les semaines (5 semaines sur 6) en association également avec une faible dose de prednisone et (3) le traitement standard de l’époque combinant mitoxantrone (12 mg/m2, toutes les 3 semaines) et la prednisone. Le docetaxel administré toutes les 3 semaines a permis d’augmenter la survie médiane de 2,4 mois comparé au groupe mitoxantrone, ce qui signifie pour ce groupe une réduction relative du risque de décès de 24% (p=0.009). La réponse PSA, la qualité de vie et le contrôle antalgique étaient également meilleurs pour les patients recevant du docetaxel. La deuxième étude (SWOG 9916) (2) a aussi montré un avantage en survie pour l’association docetaxel/estramustine comparé à la mitoxantrone/prednisone. L’intérêt d’associer l’estramustine au docetaxel est controversé car il pourrait augmenter la toxicité. Néanmoins, certaines études de phase II suggèrent un synergisme thérapeutique entre ces deux molécules par action sur les microtubules. Une étude multicentrique, conduite dans une vingtaine de centres belges, compare une association classique de docetaxel/prednisone versus docetaxel/ estramustine/prednisone. La seule différence entre les deux bras de l’étude est la prise d’estramustine. Cette étude permettra donc de répondre définitivement à la question de l’intérêt de l’estramustine ajouté au docetaxel dans cette indication. Pratiquement, nous considérons les patients hormono-résistants pour une chimiothérapie à base de docetaxel lorqu’ils présentent des métastases, qu’elles soient symptomatiques ou non, en accord avec les deux études pré-citées. Dans notre expérience, nous observons les meilleures réponses chez des patients hormono-résistants avec un bon état général et qui n’ont pas reçu plus de deux lignes d’hormonothérapie d’après les recommandations classiques (castration et anti-androgènes). En dehors de protocoles de recherche clinique, une élévation seule du PSA sans métastase à distance ne constitue pas une indication de chimiothérapie, puisque seulement un tiers de ces patients développeront des métastases osseuses dans les deux ans, signant une ESEAU CANCE 12 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 évolution relativement lente de la maladie à ce stade. Le temps de doublement du PSA est un des moyens qui peut être utilisé pour identifier les patients présentant une maladie plus agressive. Le docetaxel constitue donc la pierre angulaire des avancées dans ce domaine sur laquelle il faut bâtir des stratégies innovantes visant à améliorer le pronostic de ces patients. Différentes nouvelles approches sont aussi testées. Elles incluent l’étude de nouveaux agents cytostatiques, d’inhibiteurs de tyrosine kinase ou de facteurs de croissance ou de nouvelles approches d’immunothérapie. Les inhibiteurs du récepteur à l’endothéline ou les anti-sens contre l’oncogène bcl-2 sont également des thérapeutiques prometteuses. Le cancer de la prostate hormono-résistant métastatique porte un pronostic réservé. Ces patients sont souvent âgés et peuvent présenter des co-morbidités importantes. L’administration de chimiothérapie doit donc se faire de façon prudente, en pesant rigoureusement les avantages et les inconvénients d’une telle médication. Vu qu’il s’agit d’une maladie incurable, une attention toute particulière doit également être accordée au traitement symptomatique (radiothérapie, antalgie, thérapie métabolique…). Professeur Jean-Pascal Machiels, Unité d’Oncologie Médicale, Cliniques Universitaires Saint-Luc [email protected] DOC 050801 Références 1. Tannock et al, N Engl J Med 351, 15, Oct 7 2004. 2. Petrylak et al, N Eng J Med 351, 15, Oct 7 2004. WALLONIE — R RÉGLEMENTATION Clinical Study Methodology: Why Clinical studies lead to inconclusive data Genevieve Decoster, Director, IT & GCP Consulting sprl [email protected] Unreliable data sources: – Unreliable data are those that cannot be trusted or are inaccurate. Common sources of unreliable data are the failure to recruit the required number of patients to achieve reliable results (e.g. insufficient power, too few patients), inappropriate statistical methods and misinterpretation of the study. – Poor study design, confusing protocols, use of too many assessment methods or invalidated methods also induce a high proportion of unreliable data. – Case report forms with overcrowded pages or inadequate instructions for completing the data fields lead to many inconsistencies. – In multicenter studies, lack of coordination between investigators, the sponsor, or any third party involved in clinical trial process yields to misinterpretation of the study requirements. What to do: – A biostatistician must always be involved in the development of a protocol and can support: 1. the determination of the number of patients 2. the study design 3. the identification of the data to be collected 4. the definition of the population to be in the intent-to-treat or per protocol analysis 5. the statistical analysis plan – The clinical study protocol must always be simple and consistent. Redundancies must be avoided.The study protocol must also be realistic and fall within the current standards of medical practice. Eligibility criteria must target existing patient populations, and methods of disease assessments must be validated and available in all participating investigational sites. – It is recommended that the following expertise be involved in the development of a protocol: (1) a disease specialist, (2) a product expert, (3) a clinical study methodologist, (4) a drug safety specialist, and (5) a biostatistician as well as a study coordinator in multi-center studies. La survie et la qualité de vie de votre malade atteint d’un cancer peuvent dépendre de traitements disponibles dans les programmes de recherche: Contacts: Hôpital Erasme: Dr Thierry Velu: 02/555 41 93 – [email protected] Bordet-Iris: Dr Tatiana Besse-Hammer: 02/541 31 48 – [email protected] ESEAU CANCE 13 — ERASME — DET R BOR -IRIS WALLONIE — R J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 INFORMATION SCIENTIFIQUE L’étude HERA : une expérience passionnante et sans précédent dans l’histoire des essais adjuvants pour le cancer du sein Martine Piccart, Service de Médecine, Institut Jules Bordet [email protected] Martine Piccart a créé le Breast International Group (BIG) qui, de ses bureaux localisés à l’institut Jules Bordet planifie, organise et gère de grandes études adjuvantes dans le cancer du sein. L’étude HERA montre qu’un traitement à base d’Herceptine® réduit de 8% le risque de voir se développer une récidive dans les deux ans. Avec près de 6000 patientes recrutées dans le monde entier (sauf États-Unis), en trois ans, elle a développé un modèle efficace pour tester l’activité des médicaments et permettre à ces patientes d’accéder rapidement à de nouveaux traitements. our les superstitieux, l’acronyme HERA (HERceptine® Adjuvant) ne pouvait que porter bonheur à la plus grande étude adjuvante cancer du sein jamais réalisée avec un agent “biologique” ciblé ! P Fille de Cronos et de Rhea, sœur et épouse de Zeus, Hera est devenue par son mariage la plus grande déesse olympienne. Elle est la protectrice des femmes, du mariage légitime et de la fécondité. Elle est représentée sous les traits d’une belle jeune femme aux traits sévères, aux cheveux longs retenus par un diadème, vêtue d’une tunique et enveloppée d’un long voile. Elle est devenue en 2005 un symbole d’espoir pour la communauté oncologique et plus particulièrement pour les femmes atteintes d’un cancer du sein surexprimant HER-2/neu. Elle est devenue également l’emblème de la force que représente la collaboration à travers le monde. En effet, l’étude HERA est un modèle d’accélération du développement de médicaments innovateurs qui sont susceptibles d’améliorer sensiblement le pronostic de cancers biologiquement agressifs. Il faut espérer que les procédures bureaucratiques d’enregistrement de la molécule par la Food and Drug Administration (FDA) et l’European Agency for the Evaluation of Medicinal Products (EMEA) et les instances nationales seront, elles aussi, accélérées, permettant à toutes les femmes susceptibles de bénéficier du traitement d’y accéder. Quelle est l’originalité de l’étude HERA ? L’Herceptine® est remboursée en Belgique depuis 2002, mais uniquement dans le cadre d’une récidive d’un cancer du sein HER-2 positif. Si elle montre dans ce contexte une activité déjà remarquable,avec de longues rémissions et peu d’effets secondaires (on parle d’une perfusion de 90 minutes toutes les trois semaines sans nausées, sans perte de cheveux et sans fatigue), elle n’offre à ce stade de la maladie que des chances minimes de guérison. “L’étude HERA pose la question de l’efficacité du médicament en situation dite adjuvante” L’étude HERA pose la question de l’efficacité du médicament à un stade beaucoup plus précoce de la maladie – en situation dite adjuvante. Elle compare le traitement classique (chirurgie – chimiothérapie – radiothérapie et éventuelle hormonothérapie), sans Herceptine® au même traitement suivi d’une année ou de deux années d’Herceptine® sous forme de perfusions toutes les trois semaines. Elle complète de manière élégante trois études américaines au design quelque peu différent. Ces études ont choisi d’administrer l’Herceptine® plus précocement et en combinaison avec des régimes de chimiothérapie populaires aux États-Unis. L’étude HERA, réalisée grâce à la participation de 478 centres répartis dans 39 pays (en- ESEAU CANCE 14 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 dehors des USA), se révèle d’application beaucoup plus large puisqu’elle autorisait toute une liste de régimes de chimiothérapie d’usage courant dans les pays concernés. Elle est aussi la seule étude qui investigue un traitement de deux années d’Herceptine®: il faudra toutefois attendre deux à trois ans pour connaître l’efficacité comparative de deux versus une année de traitement. En quoi les résultats de l’étude HERA sont-ils impressionnants ? C’est la première fois,dans l’histoire des essais cliniques adjuvants du cancer du sein, qu’un médicament nouveau montre, au travers de trois essais randomisés (HERA et deux des trois essais américains du tableau 1 présentés simultanément, un impact profond et précoce sur le cours naturel de la maladie : à savoir une réduction de moitié des rechutes tout venant et plus particulièrement une réduction de moitié des rechutes à distance du sein, réputées non guérissables (tableau 1). Une amélioration de survie est déjà décelée dans les deux études américaines qui ont été “poolées” pour augmenter la puissance statistique et qui ont un suivi médian plus long que l’étude HERA (deux ans au lieu d’une année). Dans un langage plus accessible à nos patientes, on peut dire que le traitement à base d’Herceptine® augmente de 8% les chances de ne pas avoir de rechute à deux ans de la maladie (étude HERA), ce chiffre étant de 17% à 4 ans dans les études américaines un peu plus “matures”. Le prix à payer pour ce progrès thérapeutique marquant est un risque d’insuffisance cardiaque sévère, chiffré aux alentours de 0.5% dans l’étude HERA et 3.3 à 4% dans les études américaines. Le rapport bénéfice/risque est favorable au vu du risque vital que représente une rechute “à distance” du sein et il faut espérer qu’il ne s’altèrera guère avec un plus long suivi. L’émotion, en tout cas, était à son comble WALLONIE — R dans la salle de congrès à Orlando (meeting de l’ASCO 2005) lorsque ces résultats furent communiqués aux participants ! En quoi l’étude HERA est-elle un “modèle” de collaboration ? HERA est la plus vaste étude adjuvante jamais réalisée dans le cancer du sein avec un agent biologique. À son rythme de croisière, elle enrôlait chaque mois 200 femmes “éligibles” et ce malgré la relative rareté des cancers du sein HER-2 positifs (environ 15 à 20% des cancers du sein). Bien que débutée plus tardivement que les études américaines, elle a accompli l’enrôlement de ses 5982 patientes en 3 années ! HERA, c’est aussi la mise en place, difficile mais pleinement réussie, d’un nouveau modèle de collaboration avec l’Industrie phar- maceutique : ce “modèle” garantit l’indépendance académique, la qualité des données en vue de l’enregistrement et l’efficience dans la prise des décisions. Cette dernière fut illustrée par un parcours olympique, hors du commun: révélation des résultats positifs par le Comité indépendant de Surveillance de l’Étude fin avril, présentation à l’ASCO le 16 mai, soumission du manuscrit au New England Journal of Medicine le 16 juin, acceptation du manuscrit par le New England le 19 juillet ! En tant qu’investigateur principal de cette étude, j’aimerais exprimer à tous ceux et celles qui ont contribué à son succès ma plus vive reconnaissance; aux femmes courageuses qui ont accepté de participer, j’aimerais exprimer mon profond respect. Quelles sont les conséquences de l’étude HERA pour la Belgique ? Un programme “compassionnel” de mise à disposition de l’Herceptine® devrait être initié par la firme ROCHE dans un avenir proche. Il serait souhaitable que notre Ministère de la Santé se penche sur un mécanisme accéléré d’accès au médicament, tel celui imaginé par l’Institut National du Cancer en France : ce dernier mettra le produit à disposition des oncologues français dans des conditions précises et ceci en attendant la fin de la procédure d’enregistrement au niveau européen. L’Herceptine® va représenter un coût important pour les soins de santé : il est peut-être temps pour les oncologues belges de repenser leurs modalités de prescription des agents anticancéreux et de rencontrer le Ministre de la Santé. ■ Tableau 1 : Rapports préliminaires des études Herceptine® adjuvantes (H) présentées à l’ASCO 2005 Études américaines (NSABP-B31/NCCTG N9831) Études HERA • Bras de contrôle AC P (toutes les 3 semaines ou par semaine) Tout régime de chimiothérapie acceptable (principalement à base d’A) • Bras de recherche inclus dans l’analyse AC P+H (concomitant) 1 an de H après chimio • Bras de recherche non inclus AC P Deux ans de H après chimio Bras de traitement H (en séquence) Nombre de patientes incluses 3551 3387 Status HER-2 Centralement confirmé (N9831) Approuvé par lab de réf. (B31) Centralement confirmé Status ganglionnaire Principalement ganglions positifs Ganglions positifs et négatifs (mais taille de la tumeur > 1cm) Fraction d’éjection ventriculaire gauche Normale après chirurgie et 4 cycles d’AC Normale après chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie Statuts récepteurs d’oestrogènes négatifs ~48% ~58% Début de la prise d’H En moyenne, 4 mois après le diagnostic En moyenne 8 mois après le diagnostic Follow up moyen 2 ans 1 an Décompensation cardiaque congestive NYHA classe 3-4 Bras H (3.3 à 4%) Bras contrôle (0 à 0.6%) Bras H 0.5% Bras contrôle 0 DFS hasard ratio (HR) 0.48 0.54 Bénéfice absolu en DFS 17% après 4 ans 8% après 2 ans Temps jusqu’à la rechute à distance HR 0.47 0.49 Survie globale HR 0.67 0.76 AC = Adryamycine Cyclophosphamide P = Paclitaxel ESEAU CANCE 15 — ERASME — DET R BOR -IRIS WALLONIE — R J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 POLITIQUE ET SANTÉ Nouveaux traitements ciblés dans le cancer du côlon. On peut s’attendre à un gain de survie significatif… Mais quel en sera le prix ? Harry Bleiberg, Service de Médecine, Institut Jules Bordet [email protected] Dans cet article, Harry Bleiberg résume l’extraordinaire progrès réalisé dans l’approche l’un après l’échec de l’autre. Pour les groupes de patients qui peuvent recevoir la séquence, la survie dépasse 20 mois (6,7). Peut-on faire mieux ? Une meilleure connaissance de la biologie moléculaire a permis le développement de deux médicaments touchant une cible cellulaire directement impliquée dans le processus cancéreux. Il s’agit d’un anticorps monoclonal (mAB ciblant le ’Vascular Endothelial Growth Factor’ (VEGF), le bévacizumab (Avastin®; Genentech, Inc, South San Francisco, CA) et un mAB ciblant le ’human Epidermal Growth Factor Receptor’ (EGFR), le cétuximab (Erbitux®; Imclone Systems, Inc, New York, NY). Ces deux médicaments ont été approuvés par la Food and Drug Administration (FDA) et sont disponibles aux USA. Ils pourraient être bientôt disponibles en Europe si leur coût ne rend thérapeutique du cancer du côlon. Il soulève également un point très important concernant l’accessibilité rapide et le remboursement de ces médicaments actifs et propose des pistes intéressantes à étudier pour faciliter ce remboursement auprès des autorités de la santé. a plupart des patients atteints d’un cancer disséminé du côlon mourront de leur maladie. Seuls ceux qui présentent des métastases hépatiques limitées en nombre et situées loin du hile pourront être soumis à une résection à visée curative et envisager la guérison. La survie médiane (valeur de la survie en deçà de laquelle la moitié des patients sont décédés) des patients a évolué d’une manière spectaculaire en dix ans. Non traité, la survie médiane d’un patient atteint d’un L cancer du côlon métastatique est de 6 mois (1). L’administration de 5-Fluoruracile (F, FU) et de leucovorin (FOL) selon des schémas différents a permis d’augmenter la survie médiane à 12-14 mois (2,3). Deux médicaments cytotoxiques, l’irinotécan (IRI) et l’oxaliplatine (OX) combinés au FUFOL ont permis d’augmenter la survie à 16-18 mois (4,5). La stratégie couramment utilisée consiste à administrer ces deux combinaisons de médicaments, FUFOLIRI et FUFOLOX, séquentiellement, Survie médiane des patients atteints d’un cancer colo-rectal (1995-2005) 5 Soins supportifs (Scheitauer 1993) 1 12,6 FUFOL b (Poon 1995) 2 13,6 FUFOL c (de Gramont 1997) 3 14,8 FUFOL IRI b (Saltz 2000) 4 16,2 FUFOL OX c (de Gramont 2000) 5 19,5 FUFOL OX c (Goldberg 2004) 6 21,5 FUFOL IRI + FUFOL OX c* (Tournigand 2004) 7 20,3 FUFOL IRI b + AVASTIN® (Hurwitz 2004) 8 29 **FUFOL IRI c + FUFOL OX c + AVASTIN® + ERBITUX® 0 5 10 15 b 5FU bolus c 5FU continu * Dans cette étude, les 2 combinaisons sont systématiquement administrées séquentiellement ** Traitement hypothétique optimal ESEAU CANCE 16 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 20 25 30 mois WALLONIE — R pas les négociations avec les autorités de santé difficiles. Quel est le bénéfice attendu de ces traitements en terme de survie ? En première ligne, l’addition du bévacizumab à un schéma de FUFOLIRI résulte en une augmentation de la survie médiane de près de 5 mois (20.3 mois versus 15.6 mois; p<.001) (8). En deuxième ligne, après échec du FUFOLIRI, l’addition du bévacizumab à un schéma FUFOLOX résulte en une augmentation de la survie médiane de deux mois (12.5 mois versus 10.7 mois; p=.0024) (9). Le cétuximab a été administré en 2e voire en 3e ligne après échec du FUFOLIRI, soit en combinaison avec l’irinotecan (le cétuximab semble rendre la cellule tumorale à nouveau sensible à la chimiothérapie), soit seul. Bien que cette étude n’ait pas été conçue pour comparer les 2 groupes, le taux de réponse (22% vs 10.8%; p=.007) et le temps jusqu’à la progression (4.1 mois vs 1.5 mois; p<.001) sont significativement supérieurs dans le bras combiné irinotécan/cétuximab. La survie médiane est également en faveur du bras combiné (8.6 mois vs 6.9 mois; p=.48, non significatif) (10). Notons que, dans notre expérience, les malades qui n’étaient pas éligibles dans cette étude et ne recevaient pas de traitement ont évolué en moins de 2 mois. Ces données indiquent que le bénéfice, exprimé en terme de survie médiane, si les deux médicaments (bévacizumab et cétuximab) étaient administrés, serait de 7 mois, amenant la survie médiane de 21 mois (7) à 29 mois. Ceci n’est qu’une hypothèse, mais même s’il faut revoir ces gains à la baisse, ils resteront substantiels. Le coût de ces médicaments issus de technologies nouvelles et développés selon les nouvelles réglementations, pourrait atteindre 12000 euros par cure et un patient pourrait recevoir plus d’une cure. Ces montants devront être additionnés au coût des chimiothérapies traditionnelles qui sont toujours administrées en même temps. “En première ligne, l’addition du bévacizumab à un schéma de FUFOLIRI résulte en une augmentation de la survie médiane de près de 5 mois” La sécurité sociale et les malades pourrontils assumer ces coûts ? C’est peu probable. Il est impératif de réfléchir aux solutions qui s’offrent à nous pour tenter de les réduire. Dans les études susmentionnées, les médicaments ont été administrés à tous les malades, sans tenir compte de l’expression du VEGF, pour le bévacizumab et chez ceux exprimant l’EGFR ≥ à 1% pour le cétuximab. Pour ce dernier, on s’est rendu compte que des patients EGFR négatifs pouvaient aussi répondre, suggérant que le cétuximab touche une autre cible que l’EGFR ou bien qu’il s’agisse d’EGFR “faussement” négatifs. Il est urgent de développer des programmes de recherche permettant d’identifier les patients porteurs de la cible réellement sensibles au médicament. Ceci permettrait de mieux identifier les patients qui ont le plus de chance de tirer bénéfice du traitement et ne pas traiter les autres. D’autres questions relatives à la dose et au schéma optimal pourraient encore influer sur l’activité et le coût. L’industrie pharmaceutique ne réalisera pas spontanément les études destinées à réduire les coûts. C’est aux autorités de santé à explorer ces questions soit en imposant, dès le début du développement, par le biais de leurs agences d’enregistrement, des études qui y apportent des réponses, soit en organisant, elles-mêmes, les études nécessaires. Dans l’avenir, il ne leur suffira plus de refuser un médicament parce qu’il est trop cher, elles devront faire preuve d’imagination et prendre des initiatives. Les médecins prescripteurs doivent savoir que traiter un malade, c’est mettre en place une stratégie gérant à la fois activité et coût. La planification des traitements va nécessiter une collaboration effective, étroite, entre oncologue, médecin généraliste et spécialiste, de façon à offrir aux patients la meilleure chance de survie. ■ Références 1. Scheithauer W et al. British medical Journal 1993; 306:752. 2. Poon MA et al. J Clin Oncol 1991; 9: 1967. 3. de Gramont A et al J Clin Oncol 1997. 4. Saltz LB et al. NEMJ 2000; 343: 905; 15: 808. 5. de Gramont A et al J Clin Oncol 2000; 18: 2938. 6. Goldberg RM et al. J Clin Oncol 2004; 22: 23. 7. Tournigand C et al. J Clin Oncol. 2004; 22; 229. 8. Hurwitz HI et al. J Clin Oncol 2005; 23: 3502. 9. Giantonio BJ et al. Proc ASCO 2005; 23: abstr 2. 10. Cunningham D et al. N Engl J Med 2004; 351 337. Meet the Oncology Expert Institut Jules Bordet October till December 2005 Friday October 7, 2005 Functional approaches to the molecular understanding of breast cancer DR. R. BERNARDS, PhD Head of Molecular Carcinogenesis Division, The Netherland Cancer Institute, Amsterdam Friday November 4, 2005 The therapeutic landscape in pancreatic cancer DR. M. TEMPERO, MD Deputy Director, UCSF Comprehensive Cancer Center, Medical Oncology, San Francisco Friday December 2, 2005 New developments in melanoma: the facts rather than the fiction Prof. M. GORE, MD, PhD Prof. of Cancer of Medicine, Royal Marsden Hospital, London ESEAU CANCE 17 — ERASME — DET R BOR -IRIS WALLONIE — R J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 RECHERCHE Biology of bronchial precancerous lesions Céline Mascaux 1, 4, Benoît Martin 1, Anne Pascale Meert 1, Francesco Feoli 2, Vincent Ninane 1, 3, and Jean-Paul Sculier 1 Department of Oncologic Intensive Care and Thoracic Oncology 1 and Department of Pathology, Institut Jules Bordet 2, Chest Department, CHU Saint-Pierre 3 Research Fellow FNRS (Fonds National de la Recherche Scientifique) 4 [email protected] La plupart des cancers du poumon sont diagnostiqués à un stade avancé. Les auteurs tentent de mieux comprendre les mécanismes moléculaires conduisant au cancer du poumon. Ils montrent que l’expression de la protéine p53 (un gène suppresseur de tumeur) de l’antigène Ki 67 (un marqueur de la prolifération) et l’EGFR (le récepteur du facteur de croissance épidermique) augmentent en fonction de la sévérité de la dysplasie sur les biopsies des lésions prénéoplasiques détectées par photodétection. ung cancer remains an important public health problem with less than 10% of patients being cured. Despite progress in diagnosis and treatment during the last 20 years, only patients with early-stage disease achieve long-term survival (80% and 95% 5 year survival for stages IA and radio-occult lung cancers, respectively). Unfortunately the large majority of cases are diagnosed at advanced stages. The bad prognosis of lung cancer could be improved by early detection and by new specific targeted treatments. A better knowledge of the molecular basis of bronchial carcinogenesis is necessary in order to achieve the above objectives. At the Jules Bordet Institute, we use fluorescent bronchoscopy, a recent technique also called photodetection (1), which allows the detection of preneoplastic lesions with higher sensitivity than classic white light bronchoscopy (2, 3). This test is indicated in cases of patients at high risk for lung cancer, such as heavy smokers or patients with synchronous or prior history of lung, head and neck tumours. Knowledge of the molecular events asso- ciated with malignant transformation of lung epithelial cells is still limited. Tumour development results from sequential and/or additive genetic and molecular alterations, including proto-oncogenes, tumour suppressor genes, proliferation factors, angiogenesis and apoptosis. These biological abnormalities are early events and are already present in preneoplastic lesions (hyperplasia, metaplasia, mild, moderate and severe dysplasia and in situ carcinoma [CIS]) as well as in the normal appearing bronchial epithelium of smokers, before the appearance of any morphological abnormality. Using a tissue bank obtained by photodetection oriented biopsies and immunohistochemistry, we investigated the expression of different factors in preinvasive lung lesions. We first showed that overexpression of the protein p53 (a tumour suppressor gene) appears at early stages and increases with the severity of the lesions (4). The expression of Ki-67 (a proliferation factor) (5) and EGFR (the Epithelial Growth Factor Receptor) (6) also progressively increases from low to higher grade lesions. A statistically significant difference in the expression of these markers is observed between the groups of low, moderate, severe dysplasia and CIS. Another marker, COX-2, which is a potential target for chemoprevention, was only expressed from the stage of severe dysplasia and never before (7). The above data suggest that severe dysSevere dysplasia plasia is a key step in lung carcinogenesis, separating preneoplastic L Comment: Expression of Ki-67 in bronchial preneoplastic lesions. Ki-67 expression is increased at the stage of severe dysplasia and CIS as compared with mild dysplasia helping us to discriminate high grade lesions from low grade ones. Mild dysplasia In situ carcinoma (CIS) ESEAU CANCE 18 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 Céline Mascaux lesions into two grades (low and high). This finding offers possible practical consequences for clinicians. We are now assessing the expression of different factors related to angiogenesis and apoptosis in the pre-invasive lesions of the bronchial mucosa in order to better characterize the implication of these pathways in lung carcinogenesis. “The above data suggest that severe dysplasia is a key step in lung carcinogenesis, separating preneoplastic lesions into low and high grades” We are also trying to improve our understanding of lung tumour development through molecular biology and, particularly, with microarrays. Indeed, this promising technology allows us to screen the expression of thousands of genes with one single test. The application of microarray technology to the study of the molecular alterations of lung preneoplasia is thus very promising because very small lesions generate scanty tissue samples that allow only two or three immunohistochemical analyses. Microarrays should also enable us to identify the chronology of gene expression changes during lung carcinogenesis. In conclusion, the study of the biology of preneoplastic lung lesions through immunohistochemistry and molecular biology tools such as microarrays should improve our understanding of the molecular mechanisms leading to lung cancer. This is necessary in order for us to be able to develop early detection strategies and new preventive and therapeutic approaches. ■ Références 1.Lam S, et al., J Thorac Cardiovasc Surg, 1993:105(6):1035-1040. 2.Vermylen P, et al., Lung Cancer, 1999:25(3):161-168. 3. Pierard P, et al., Chest, 2000:117(3):779-785. 4. Martin B, et al., Oncol Rep, 2002:9(2):223-229. 5. Meert AP et al., Histopathology; 2004:44(1):47-53. 6. Meert AP, et al., Eur Respir J 2003: 21(4):611-615. 7. Mascaux CM, et al., Eur Respir J, 2005: 26(2): 198-203. WALLONIE — R INFORMATION GÉNÉRALE Cycle for life : une belle réussite ! Alain Hendlisz, Jean-Luc Van Laethem, Clinique de Gastro-entérologie, Institut Jules Bordet et Hôpital Erasme [email protected] e dimanche 26 juin 2005, une agitation inhabituelle et atypique régnait sur et autour du Campus Erasme. L Et pour cause, près de 500 cyclistes s’étaient donnés rendez-vous pour cette 2e édition du Cycle for Life organisée conjointement par la firme Roche et les différents sites universitaires, au bénéfice de la recherche contre le cancer. Le projet présenté cette année par l’ULB visait à améliorer la prise en charge du cancer colo-rectal qui touche annuellement environ 6200 nouveaux patients en Belgique. Ce projet, proposé par les 2 cliniques d’Oncologie Digestive de l’Hôpital Erasme et de l’Institut Jules Bordet, va permettre de détecter ou suivre des cellules tumorales circulantes dans le sang des patients porteurs de métastases (avant et après résection chirurgicale et pendant la chimiothérapie) et améliorer ainsi leur approche et suivi thérapeutique. Cette journée fut un grand succès sur tous les plans, chaque participant a contribué (5 euros versés comme don au projet) à obtenir une bourse totale de 17500 euros. Ce jourlà, près de 5000 personnes auront roulé pour la lutte contre le cancer autour des différents sites universitaires du pays. L’événement fut largement couvert par les différents médias radiotélévisés. Il est vraiment réconfortant d’avoir constaté une mobilisation aussi sympathique que généreuse associant des membres du personnel d’Erasme et Bordet, des amis, des familles, des patients, des vrais mordus du vélo, des cyclotouristes… le tout dans une ambiance amicale et bon enfant et sous un soleil lui aussi très généreux. Les parcours de 25 et 50 km passaient par des coins charmants et retirés du Pajottenland et ont offert un moment de détente très apprécié. Grâce à la mobilisation du public et des médias, ce genre d’événement est important pour sensibiliser la population et les pouvoirs publics à la nécessité de mieux financer la De gauche à droite : Jean-Luc Van Laethem, Martine Piccart, Pierre Eisendrath et Alain Hendlisz. recherche contre le cancer. Sa réussite montre aussi qu’une collaboration inter-sites autour d’un projet commun est possible et en appelle à d’autres initiatives... Nous fixons donc rendez-vous l’année prochaine, encore plus nombreux pour pédaler pour la lutte contre le cancer. Le Fonds Heuson : si chacun donne un peu, c’est la vie qui gagne ! [email protected] Aussi la récolte de ces moyens financiers constitue-t-elle le souci permanent et l’action des collaborateurs bénévoles du Fonds Heuson. Ceux-ci se dévouent pour recueillir des dons et pour organiser de nombreux événements philanthropiques, culturels et sportifs (voir photo : course pour la lutte contre le cancer du sein, mai 2005). Le Fonds Heuson se préoccupe également de l’encadrement psychologique des patients et de leur famille par la diffusion gratuite de deux ouvrages :“La voix de la sérénité en réponse à celle des inquiétudes” de E.L. Gevenois et “Ce que vous aimeriez savoir à propos du cancer du sein” de E.L. Gevenois et M.J. Piccart-Gebhart. Prochaines activités 5/10/2005 à 20 heures Conférence de Paule Salomon “Faire de sa blessure une perle” Salle Dupréel, 44 avenue Jeanne 1050 Bruxelles 7/10/2005 à 20 heures Soirée jazz Théâtre de la Valette, Ittre 8/10/2005 à 17 heures Récital de piano, Elzbieta Dedek Chapelle des Carmes, rue de la sucrerie, Brugelette 15/10/2005 à 20 heures Festival van Vlaanderen Sint Martinuskerk, Zaventem Pour toute info : 02/541 30 89 19 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 ESEAU CANCE En 1993, le Fonds Jean-Claude Heuson devient une asbl dont le but est de soutenir la recherche clinique, translationnelle et fondamentale sur le cancer du sein. La recherche fondamentale se concentre sur les récepteurs d’œstrogène et les facteurs génétiques dans le cancer du sein. La recherche translationnelle se focalise sur les marqueurs biologiques qui pourront prédire une sensibilité spécifique d’une tumeur à un traitement donné. Son but est de parvenir à mettre au point un traitement individualisé au patient cancéreux. L’Unité de Recherche Translationnelle collabore étroitement avec le laboratoire de Microarray dirigé par le Dr Sotiriou. Créé en 2001, ce laboratoire est à la pointe de la recherche et de l’identification des marqueurs de l’ADN et de la définition du profil génétique des tumeurs. Chaque année, le Fonds Heuson apporte une contribution de 125.000 à 150.000 euros pour aider ces recherches. Cet appui permet notamment l’octroi de bourses à de jeunes chercheurs cancérologues. WALLONIE — R e professeur Jean-Claude Heuson créa en 1960 un laboratoire de recherche sur le cancer du sein à l’Institut Jules Bordet. Son décès inopiné en 1986 amena sa famille et ses amis à créer une association pour soutenir financièrement la recherche sur le cancer du sein à l’Institut Jules Bordet. L INFORMATION SCIENTIFIQUE Le cancer du pancréas : va-t-on vers de nouveaux standards au-delà de la Gemcitabine ? Jean-Luc Van Laethem, Clinique d’Oncologie Digestive, Gastro-entérologie, Hôpital Erasme [email protected] La survie globale à 5 ans des cancers du pancréas est inférieure à 5%. De nouveaux cytostatiques et des médicaments biologiques ciblés sont à l’étude. Jean Luc Vanlaethem nous montre des voies de recherche prometteuses. Introduction L’incidence du cancer du pancréas est croissante et son pronostic demeure gravissime. La survie globale à 5 ans est inférieure à 5% et, même après résection curative, celle-ci reste décevante, aux environs de 10-15%. La survie médiane aux stades de maladie localement avancée et métastatique est, respectivement, de 10 et 6 mois. “On évolue progressivement vers l’idée d’administrer une chimiothérapie adjuvante de manière standardisée” Depuis 1997 et la publication de Burris, la gemcitabine est le traitement de choix, offrant un taux de réponse de 10-15% et une survie médiane de 6 mois. Le mérite principal de cette étude fut d’introduire le bénéfice clinique comme un des paramètres-clés pour évaluer de nouveaux traitements. Traitement adjuvant après la chirurgie, la gemcitabine seule à l’abstention thérapeutique. Trois cent soixante huit patients ont été randomisés. La survie sans progression est passée de 7 à 14 mois (2). Les résultats définitifs, notamment en terme de survie sont attendus pour 2006, mais d’ores et déjà, on évolue progressivement vers l’idée d’administrer une chimiothérapie adjuvante de manière standardisée. La place et le bénéfice réel d’adjoindre encore une radiothérapie adjuvante demeurent incertains et l’étude EORTC 40013 (www.eortc.be) devrait y répondre puisqu’elle compare la chimiothérapie standard (gemcitabine) seule à une radiochimiothérapie continue à base de gemcitabine. Traitement du stade métastatique La gemcitabine seule a été comparée à de nombreux médicaments utilisés seuls ou en combinaison dans des études phase III. Ces dernières se sont révélées négatives en terme de bénéfice de survie. Ce fut encore le cas cette année à l’ASCO, où 2 études de phase III évaluant la gem- Jusqu’à récemment, la chirurgie était le seul traitement de référence. Aucune étude n’avait montré un bénéfice en survie d’un traitement adjuvant par chimiothérapie, radiothérapie ou radiochimiothérapie. Malgré des faiblesses méthodologiques Protocole indéniables, l’étude ESPAC-1 a monEORTC 40013 tré un bénéfice de la chimiothérapie (phase II-III) (5FU + ac. folinique) sur la survie à 5 (1) ans qui est passée de 10 à 20% . Renforçant ces données, l’étude allemande CONKO 001 a comparé, CERTAIN (phase I-II) citabine seule versus la gemcitabine plus du 5FU infusionnel (3) et versus la capecitabine plus la gemcitabine (4) se sont révélées négatives. Deux autres études apportent des données susceptibles de faire évoluer le traitement standard du cancer du pancréas. À l’heure actuelle, l’oxaliplatine semble le seul agent chimiothérapique pouvant renforcer l’effet de la gemcitabine (5). “Il est encore trop tôt pour défendre dans ce cas un nouveau standard thérapeutique” Le régime GEMOX a montré une supériorité par rapport à la gemcitabine seule en terme de taux de réponse clinique objective, bénéfice clinique et survie sans progression mais n’a pu démontrer un bénéfice en survie. Ceci pourrait être dû à des problèmes dans la conception et le suivi de l’étude. On devra aussi attendre les résultats de l’étude US (protocole ECOG 6201) pour connaître la place réelle de l’oxaliplatine dans le cancer du pancréas. Les régimes GEMOX et 5FU-oxali après échec de la gemcitabine standard sont également étudiés (6). M. Moore, au nom du NCI-Canada, a présenté les résultats de l’association de Protocoles en cours Erasme – Bordet AVITA-Roche (phase III) Indication adjuvant résection R0 Traitement Gemcitabine x 4 cycles R Gemcitabine x 2 cycles puis Gem + RT (50.4 Gy) loc. avancé non résécable RT (36 45 50.4 Gy) + Gemcitabine + cetuximab hebdomadaire métastatique Gemcitabine + Tarceva® + placebo R Gemcitabine + Tarceva® + bevacizumab ESEAU CANCE 20 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 WALLONIE — R l’erlotinib (Tarceva®, inhibiteur oral de la tyrosine-kinase du récepteur à EGF) à la gemcitabine (7). Cette étude a montré un gain statistiquement significatif en survie médiane et à 1 an en faveur de l’association (5.9 vs 6.4 mois et 17 vs 24%, respectivement). On se rend compte que le bénéfice est plus que modeste et on peut se poser la question de sa réelle signification clinique. Il est encore trop tôt pour défendre dans ce cas un nouveau standard thérapeutique, mais cette étude donne certainement un signal positif sur l’usage des thérapies ciblées dans le cancer du pancréas. Une large étude de phase III va évaluer cette combinaison avec ou sans le bevacizumab (Avastin®) qui, par la voie de l’inhibition de l’angiogenèse, est susceptible d’améliorer la survie du cancer du pancréas. Traitement du stade localement avancé Dans cette situation, on en est encore au stade des hypothèses. Un traitement par chimiothérapie seule peut se justifier mais pourrait être complété, après un traitement initial, par une radiochimiothérapie, notamment chez les patients répondeurs à la chimiothérapie et en bon état général (8). De nombreux essais sont en cours évaluant des combinaisons entre radiothérapie + cytotoxiques + agents biologiques (Protocole CERTAIN, A. Demols). Conclusions La gemcitabine reste le traitement standard de base dans les formes avancées et pourrait être confirmée comme bénéfique en adjuvant. Les autres voies de recherche sont prometteuses mais rien encore ne nous permet d’utiliser l’oxaliplatine et les agents biologiques en dehors des études cliniques. ■ Contacts: J.-L. Van Laethem [email protected] A. Demols [email protected] A. Hendlisz [email protected] Références 1. Neoptolemos, NEJM 2004. 2. Neuhaus, Proc ASCO 2005, abs 4013, www.asco.org). 3. Riess, Proc ASCO 2005, abs 4009). 4. Hermann, Proc ASCO 2005, abs 4010. 5. Louvet, JCO 2005). 6. Van Laethem and Oettle, respectively, Proc ASCO 2005. 7. Proc ASCO 2005, abs 1. 8. Huguet, Proc ASCO 2005. Traitement des cancers bronchiques non à petites cellules résécables : un nouveau standard Thierry Berghmans Département des Soins Intensifs et Oncologie Thoracique Institut Jules Bordet [email protected] e nouvelles avancées dans la prise en charge thérapeutique des cancers bronchiques non à petites cellules résécables (stades I-III) ont été réalisées ces dernières années. La chimiothérapie préopératoire ou en adjuvant à la chirurgie a permis d’améliorer le pronostic des patients traités. Plusieurs essais multicentriques récents (1-5) ont montré l’intérêt de la chimiothérapie adjuvante à base de dérivés du platine, essentiellement dans les stades IB et II. D “L’approche multidisciplinaire par chimiothérapie et chirurgie du traitement du cancer bronchique non à petites cellules résécables, du moins pour les stades IB et II, est devenue un nouveau standard thérapeutique” Une seule étude suggère un effet similaire pour la chimiothérapie préopératoire. Cet effet favorable n’est pas clairement démontré dans les stades III pour lesquels se pose la question de l’efficacité de la chirurgie Références 1. Mineo TC, et al., Eur J Cardiothorac Surg., 2001:20:378-384. 2. Arriagada R, et al., N Engl J Med., 2004:350:351-360. 3. T.L.Winton, et al., J Clin Oncol., 2004:22. 4. Strauss GM, et al., J Clin Oncol., 2004:22. 5. Berghmans T, et al., Lung Cancer, 2005:49:13-23. 6. Depierre A, et al., J Clin Oncol., 2002:20:247-253. ESEAU CANCE 21 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 WALLONIE — R française (6) dans le contexte des nouvelles approches combinées de radiothérapie et de chimiothérapie, ni dans les stades IA, par manque de données disponibles sur le sujet. Peu d’études ont utilisé dans leurs schémas thérapeutiques des agents de seconde génération (gemcitabine, vinorelbine, taxanes) dont l’intérêt reste à déterminer. L’approche multidisciplinaire par chimiothérapie et chirurgie du traitement du cancer bronchique non à petites cellules résécables, du moins pour les stades IB et II, est devenue un nouveau standard thérapeutique. ■ RECHERCHE Gene expression profiling of histological grade in breast cancer challenges the existence and clinical relevance of an intermediate grade Christos Sotiriou, Micro Array Unit, Institut Jules Bordet [email protected] Dans ce travail, Christos Sotiriou identifie 97 gènes associés à des différences entre les tumeurs histologiquement gradées 1 ou 3. Il démontre que le grade 2 histologique se divise, d’une manière tout à fait claire, en grade génomique 1 ou 3 qui ont le même pronostic vital que les grades histologiques correspondant 1 et 3. Le grade 2 histologique n’est pas une entité distincte. Cette découverte aidera probablement à traiter plus efficacement les patients sur base de leur grade génomique. istological grading (HG) of breast carcinomas has long been recognized to provide prognostic information. However, despite recommendations by the College of American Pathologists for use of tumor grade as a prognostic factor, the latest Breast Task Force serving the American Joint Committee on Cancer (AJCC) did not include it in its staging criteria, citing inconsistencies between institutions and lack of data. For clinicians, knowledge of histological grade (HG) may significantly influence treatment decision-making, especially for small invasive tumors. Nevertheless, whilst grade 1 (low risk) and 3 (high risk) are clearly associated with diametric clinical outcomes, the prognosis of tumors classified as intermediate grade (or grade 2) is less clear. Furthermore, their proportion is the largest (40%-60%), despite the advent of standardized methods and even when grading has been performed in a central laboratory by a single pathologist. H Our recent study explored the possible contribution of gene expression profiling to the improvement of the subtyping of tumors according to biological grade. We showed that the expression of a panel of genes can be used to define a “gene-expression grade index” (GGi). Specifically, we were able to define a two class “genomic grade”(GG) that improves the association between grade and outcome, in particular by effectively recognizing tumors with very different risks of relapse among the HG2 population, while strongly agreeing with HG in the HG1 and HG3 populations. This improved the overall association between grade and survival significantly. Using Affymetrix U133A Genechips, we generated expression profiles for 193 primary operable invasive breast cancer patients. A subset of 64 was used exclusively for selecting genes significantly associated with differences between the 33 tumors that had been classified by the local pathologist as histological grade 1 and the 31 as grade 3. Statistical analysis revealed a group of genes the expression of which was very strongly associated with grade. We obtained 128 Affymetrix probe sets corresponding to 97 unique genes using a conservative selection threshold, so likely none was a false positive. The expression of these genes is fairly homogenous, as can be seen in Figure 1. The majority of these genes are overexpressed in grade 3 and in many cases their function has been previously associated with cell cycle progression and proliferation (in the top 20 there are, for example UBE2C, KPNA2 TPX2, FOXM1, STK6, CCNA2, BIRC5 and MYBL2). We also applied the same gene selection algorithm to contrast HG2 with HG1 with HG3 or the pool of HG1 and HG3 tumors, respectively. We found no evidence that the HG2 population as a whole has unique characteristics of its own that were independent of the described gradient of expression existing between HG1 and HG3. (Fig. 1) This observation above led us to test, whether histological grade 2 could be replaced by low and high grade based on gene expression. For this purpose, we used breast cancer samples derived from a pool of our own patients and additional published datasets totaling over 650 tumor samples. Using the GGi, patients were classified as GG1 (low grade) if their GGi values were negative or as GG3 (high grade) otherwise. In figure 2, we then examined the association between ESEAU CANCE 22 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 histological grade, genomic grade and relapse-free survival (RFS). As expected, HG3 tumors had significantly worse RFS than HG1 while HG2 tumors had an intermediate risk and constituted 38% of the population (fig. 2a). To examine how this discordance between GG and HG was related to prognosis, we looked in detail at how GG splits each of the histological categories. The most striking result was that GG split HG2 into two groups with expression patterns similar to either HG1 or HG3 tumors, called HG2/GG1 and HG2/ GG3 respectively, and for which the RFS were also similar to those of HG1 and HG3 respectively (fig. 2b). This lends support to the remarkable possibility of a two-category grading system in which all tumors are classified as either low or high grade, but without any “contamination” of the risk levels of the traditional HG1 and HG3 classes (fig. 2). “We found no evidence that the HG2 population as a whole has unique characteristics of its own that were independent of the described gradient of expression existing between HG1 and HG3” In summary, our study has investigated gene expression profiles and their association with HG. The two category grading system proposed in this study may have important clinical applications in the future for the prognostic assessment of breast cancer. ■ Références Sotiriou et al., Proc Am Soc Clin Oncol, Vol. 23:5s, 2005, abstract 506, paper submitted for publication. WALLONIE — R Grade 3 GG3 0 2 1 0 -1 -2 0 5 10 15 GGI GG1 1 0.5 0 -0.5 -1 Figure 1: Heatmap showing the pattern of gene expression. The horizontal axis corresponds to the tumors sorted first by HG and then by GGi as the secondary criterion. The vertical axis corresponds to the genes. The GGi value of each tumor and the relapse free survival are indicated underneath (grey: censored, red: relapsed). There are two distinct groups of genes are found: those that are highly expressed in HG1 (16 probe sets) and, reciprocally, those highly expressed in HG3 (112 probe sets). High expression is in red, low in green. The GGi values for HG2 tumors cover the range of values for HG1 and HG3, and those with high GGi tend to relapse earlier (red dots). follow-up (year) Grade 2 Grade 1 • relapse • censored fig. 2 b) 100 100 80 80 release free survival (%) release free survival (%) fig. 2 a) 60 40 20 HG3 vs HG1: HR = 3.48 [CI 2.26 – 5.36] p < 0.0001 (logrank) 5-year survival: 53% {CI 46-60%} 89 {CI 84-95%} 0 60 40 20 HG3 vs HG1: HR = 3.49 [CI 2.14 – 5.69] p < 0.0001 (logrank) 5-year survival: 55% {CI 45-60%} 66 {CI 80-93%} 0 0 number at risk HG1 135 HG2 217 HG3 220 total 572 2.5 5 123 175 137 435 107 137 100 344 7.5 10 59 80 66 205 22 41 36 99 12.5 15 8 16 20 44 4 6 6 16 17.5 1 2 3 0 2.5 number at risk GG1 125 109 GG3 92 66 total 217 175 5 7.5 10 12.5 15 17.5 92 45 137 55 25 80 29 12 41 13 3 16 5 1 6 1 1 Figure 2: Kaplan-Meier analysis of relapse free survival for data pooled from several validation series, grade and survival information was available for 572 tumors. Panel a): survival curves by histological grade group (HG1, HG2 and HG3) with statistical analysis of the differences between HG1 and HG3 and a table with the number of surviving patients at 2.5 years intervals. Figure 2b shows the 217 HG2 cases (38%) split into low and high risk subsets by GG. The HG2/GG1 and HG2/GG3 survival curves look remarkably similar to the HG1 and HG3 curves in Fig. 2a. ESEAU CANCE 23 — ERASME — DET R BOR -IRIS WALLONIE — R J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 INFORMATION SCIENTIFIQUE Cancers familiaux et cancers héréditaires: indication des analyses d’ADN et place de la consultation de génétique (hérédo-oncologie) Marc Abramowicz, Génétique, Hôpital Erasme et Institut Jules Bordet [email protected] Si un patient présente un cancer héréditaire, comme la polypose adénomateuse par exemple, il y a 50% de risques que les enfants portent la même mutation. Le test génétique présymptomatique peut être pratiqué chez chacun d’eux à condition que la mutation familiale soit préalablement identifiée chez le sujet malade. Marc Abramovitz nous explique comment approcher ces situations. es analyses d’ADN permettent de déterminer, chez des sujets asymptomatiques, le risque de développer au cours de sa vie certains cancers. De tels tests génétiques présymptomatiques, i.e. avant l’apparition des symptômes, ne se pratiquent pas (encore) d’emblée dans le cadre d’un dépistage général. Il faut au préalable évaluer, sur base clinique, la probabilité d’une forme héréditaire de cancer en se basant sur l’histoire familiale étendue et la nature des tumeurs chez les malades de la famille du consultant et identifier la mutation responsable chez un apparenté malade. L Voici quelques données générales relatives aux prédispositions génétiques aux cancers. Il faut distinguer les cancers familiaux des cancers héréditaires. Ces derniers sont une minorité. On estime que 5-10% des cancers du sein, comme 5-10% des cancers colo-rectaux et probablement une fraction similaire de n’importe quel type de cancer, résultent d’une prédisposition héréditaire, monogénique, c’est-à-dire causée par la mutation d’un seul gène. L’hérédité de cette prédisposition sera donc simple, typiquement dominante autosomique. Les exemples classiques du rétinoblastome ou de la polypose adénomateuse illustrent bien ce concept. Un sujet porteur d’une mutation responsable de polypose adénomateuse (mutation héréditaire du gène APC) présentera un risque de cancer colorectal >99%, avec un âge médian de début des symptômes d’environ 40 ans. Les enfants d’un tel patient auront chacun 50% de ris- que de porter la même mutation. Le test génétique présymptomatique peut être pratiqué chez chacun d’eux à condition que la mutation familiale soit préalablement identifiée chez le sujet malade. La moitié des apparentés non porteurs de la mutation pourront ainsi éviter des colonoscopies de surveillance itératives. L’autre moitié pourra bénéficier d’une chirurgie prophylactique. Sans que des études aient été menées sur ce sujet dans notre population, il semble que des sujets dont le risque est a priori de 50% pourraient être réticents à se soumettre à une surveillance colonoscopique, alors qu’ils l’accepteraient pleinement s’ils se savaient à risque >99% de cancer colo-rectal précoce. “Il faut au préalable évaluer, sur base clinique, la probabilité d’une forme héréditaire de cancer en se basant sur l’histoire familiale étendue et la nature des tumeurs chez les malades de la famille” La polypose colique héréditaire (présence de plus de 100 polypes adénomateux synchrones) est assez facile à reconnaître et l’immense majorité des cas résulte de la mutation d’un même gène, APC (Adenomatous Polyposis Coli). Cependant, chaque famille portera une mutation différente de ce gène et la mise en évidence de cette mu- ESEAU CANCE 24 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 tation demande une étude systématique du gène, qui est longue et coûteuse. Une fraction encore importante des mutations (20-30%) échappe aux techniques d’analyse de l’ADN : ceci explique pourquoi la mutation familiale doit d’abord être recherchée et identifiée chez le malade, avant de pouvoir proposer un conseil génétique avec test génétique présymptomatique à ses enfants et neveux, sous peine de résultats faussement négatifs. Toujours dans l’exemple du cancer colo-rectal, la polypose n’en représente que 1% des cas. La forme dite non-polyposique de cancer colo-rectal héréditaire, HNPCC (Hereditary Non-Polyposis Colorectal Cancer), en représente 5-10%.La difficulté sera de reconnaître de tels cas. En effet, l’anatomie du côlon et l’histologie des tumeurs y sont banales. Contrairement à la polypose qui est presque toujours causée par le même gène APC, trois gènes différents peuvent causer l’HNPCC. De plus, la pénétrance en est incomplète, c’est-à-dire qu’une fraction des sujets porteurs de la mutation ne développera pas le cancer, ce qui peut masquer l’histoire familiale. Certains porteurs de la mutation familiale développeront au contraire des cancers d’autres sites (endomètre, ovaire, bassinet rénal, cerveau)… Vu le coût et la durée des analyses génétiques, qui sont encore alourdis ici par le fait que n’importe lequel des 3 gènes peut causer cette prédisposition (donc trois analyses génétiques indépendantes à pratiquer), il est impossible de proposer l’analyse d’emblée à tout nouveau cas de cancer colo-rectal. En pratique, deux types de critères, cliniques et biochimiques, peuvent guider l’indication de l’analyse génétique. Les critères cliniques, dits d’Amsterdam, évaluent la probabilité d’une forme héréditaire dans la famille : au moins trois apparentés atteints, sur au moins deux générations, dont au WALLONIE — R moins 1 âgé de moins de 50 ans au moment du diagnostic de cancer invasif. D’autres critères cliniques ont étés proposés. Une fois ces critères présents, il sera justifié de pratiquer une prise de sang pour recherche de la mutation chez un sujet atteint de la famille considérée. Le critère biochimique se recherche dans la tumeur elle-même. Il se caractérise par un type particulier d’instabilité globale du génome qui représente la voie de tumorigenèse typique des tumeurs résultant de la prédisposition HNPCC : l’instabilité des microsatellites*. Cette analyse consiste à extraire l’ADN de la tumeur (prélèvement frais !) et à le comparer à l’ADN leucocytaire du patient. Une approche immunohistochimique est également disponible mais est un peu moins sensible. De nombreux autres types de prédispositions héréditaires, monogéniques, du cancer sont reconnaissables : cancer héréditaire du sein et de l’ovaire (Breast Cancer Gene; BRCA), syndrome de néoplasies héréditaires multiples (Multiple Endocrine Neoplasia; MEN), syndromes de Li-Fraumeni, de Cowden, de Peutz-Jeghers, … En pratique, la consultation d’hérédo-oncologie permettra de poser ou confirmer le diagnostic de tels syndromes héréditaires et de lancer l’analyse d’ADN adéquate chez les malades. Dans un second temps, la même unité d’hérédo-oncologie pratiquera le conseil génétique chez les apparentés asymptomatiques à risque, selon la procédure résumée dans l’encadré ci-dessous. De nombreux cas de cancers sont familiaux (plus d’un cas dans une même famille) sans être héréditaires. Ils résultent d’une prédisposition génétique réelle mais plus discrète, complexe et multigénique. Dans de tels cas, les risques pour la descendance des malades sont moindres que dans les formes véritablement héréditaires et seront abordés de façon empirique car les causes multigéniques ne sont pas encore accessibles aux analyses génétiques de routine. La consultation de génétique (hérédooncologie) pourra bien entendu aider à distinguer ces formes familiales des formes héréditaires. ■ Patient asymptomatique avec antécédents familiaux de cancers : étapes de l’approche génétique 1. Évaluer la probabilité de cancer héréditaire (histoire familiale, histologie des tumeurs, …) en consultation de génétique – hérédo-oncologie 2. Si le cancer parait héréditaire : recherche de la mutation causale chez un apparenté malade, si possible après conseil génétique chez ce dernier. 3. Quand une mutation est identifiée : revoir le consultant asymptomatique en consultation de génétique. Proposer un test génétique. Confirmer sa demande et recueillir son consentement éclairé. Prélèvement sanguin (double). Suivi psychologique adéquat. 4. Revoir le patient en consultation de génétique pour l’annonce du résultat. Suivi psychologique. Si la mutation est présente, référer le patient aux consultations adéquates pour mettre en place une stratégie de surveillance du cancer. Glossaire *Instabilité microsatellite diques, altérations acquises et touchant l’ensemble du génome. Il est dû à un défaut du système de détection et de réparation des mésappariements (système MMR pour MisMatch Repair) qui corrige les erreurs survenues lors de la replication de l’ADN. Ce phénotype MSI est observé dans les syndromes HNPCC (Hereditary Non Polyposis Colon Cancer) mais également dans les cancers colo-rectaux sporadiques. ESEAU CANCE 25 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 WALLONIE — R Environ 15% des cancers colo-rectaux présentent une instabilité des séquences microsatellites. Ce phénotype MSI (autrefois appelé RER pour Replication ERror) est caractérisé par des altérations de longueur des répétitions nucléoti- ASCO 2005 HIGHLIGHTS OF THE 2005 ASCO ANNUAL MEETING Gilberto de Castro Jr., Ahmad Awada, Clinique d’Oncologie Médicale, Institut Jules Bordet Among the more than 9500 abstracts published in the Proceedings of the 2005 Annual Meeting of the American Society of Clinical Oncology, we present those who represent a new standard of care of solid tumors. The first author and the number of each abstract are mentioned. The reader is invited to consult the original abstracts published in J Clin Oncol 23 (16S). Breast Cancer Leach (520): Magnetic resonance imaging (MRI) was found to be more sensitive than conventional mammography in breast cancer (BC) detection in high-risk patients (pts) and specifically in the subgroup of BRCA1 carriers, suggesting that MRI must be added to the screening of BC in this group of pts. Baxter (516):The rate of invasive ipsilateral BC at 8 years in 10,034 women diagnosed with ductal carcinoma in situ (DCIS) submitted to lumpectomy only was 6.2% versus (vs.) 2.7% in those treated also by radiation therapy (RT, HR 0.43), supporting the routine use of RT after lumpectomy for DCIS. Paik (510): Using the 21-gene recurrence score (RS) assay Oncotype DX, it was showed that the benefit of adjuvant treatment with tamoxifen in terms of better 10-year distant-recurrence free survival in the study NSABP B-14 was confined to the pts with low (RS<18) and intermediate risk (RS 18-30). Brufsky (533): The Z-FAST trial investigated the effect of upfront zoledronic acid (ZA, 4 mg every 6 months), vs. delayed ZA (when either postbaseline T-score< -2 or bone fracture developed) in 602 postmenopausal women with early BC treated by adjuvant letrozole. The authors concluded that upfront ZA can prevent cancertreatment induced bone loss in these pts. Miller: The addition of bevacizumab 10 mg/kg days 1 and 15, to paclitaxel 90 mg/m2 days 1, 8 and 15, in a 28-day cycle, in previously untreated metastatic breast cancer (MBC), showed a statistically significant benefit in terms of overall response rate (28.5 vs. 14.2%), progression-free survival (PFS) and overall survival (OS), in favor of the combination arm. This strategy opens a new and interesting alternative for MBC patients due to the favorable outcome and toxic profile of the new combination. Budd (503): The monitoring of circulating tumor cells (CTC) in blood samples in non-measurable MBC pts by the CellSearch Kit, at the first follow-up using 5 CTC/sample as a cut-off was shown to be a good surrogate marker for PFS and OS. Cancer prevention Price (1003): Toremifene was studied as a chemopreventive agent in men with high-grade prostatic intraepithelial neoplasia: 514 pts were randomized to oral toremifene (20 to 60 mg/day) or placebo for 12 months and rebiopsied at 6 and 12 months. Toremifene 20 mg/d was shown to be effective in reducing the incidence of prostate cancer. Central Nervous System tumors Attiyeg (6): Using a panel of microsatellite markers and with a median follow-up of 2.7 years, loss of heterozigozity (LOH) at chromosome arm 11q and unbalanced 11q LOH were present in neuroblastomas with no MYCN amplification and were associated to shorter event-free survival and OS, independently of other known prognostic factors. It is especially useful for those patients without MYCN amplification, as they can benefit from more intensive systemic treatments. Buckner (1502): 1p and 19 q deletions were associated with better OS and PFS in pts with low-grade gliomas. Probably those pts with absence of these deletions can benefit from adjuvant treatments. Gastrointestinal cancers Wollmark (3500): The addition of oxaliplatin to weekly 5-FU/LV significantly improved 3-year disease-free survival (DFS) in pts with stage II and III colon cancer, in comparison with 5-FU/LV alone (76.5% vs. 71.6%, p=0.004). Giantonio (2): 829 pts with advanced colorectal cancer (CRC), previously treated with a fluorpyrimidine and an irinotecan-containing regimen, were randomized between bevacizumab (10 mg/kg biweekly), either alone or in combination with FOLFOX-4, compared to FOLFOX-4 alone. In the median follow-up of 18.7 months, better OS (12.5 vs. 10.7 months, p=0.0024) and PFS (7.4 vs. 5.5 months, p=0.0003) were seen in the bevacizumab-containing arm. Arkenau (3507): The CAPOX regimen (capecitabine/oxaliplatin) was compared to the FUFOX (5-fluoruracil/folinic acid/oxaliplatin) in 476 pts with metastatic CRC. PFS of 30 and 35 weeks ESEAU CANCE 26 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 were observed in these pts, respectively, with also comparable toxicity profiles and response rates. Nehaus (4013): 368 pts were included in a phase III trial comparing surgery alone vs. 6 months of adjuvant chemotherapy with gemcitabine. A better median DFS was shown in pts treated with adjuvant chemotherapy (14.2 vs. 7.5 months, p<0.05). Longer follow-up is needed to detect a difference in OS between these groups. A second confirmatory trial is needed. Moore (1): The NCIC-CTG group presented the phase III trial in which erlotinib plus gemcitabine was compared to gemcitabine alone in 569 pts with advanced pancreatic carcinoma, no previously treated by systemic chemotherapy. There was a difference in OS between the two arms (6.37 vs. 5.91 months, HR 0.81, p=0.025) in favor of the erlotinib-containing arm. The 1-year survival rates were 24% versus 17%. Rash, diarrhea and hematological toxicity were more common in the erlotinib-containing arm. Despite these promising results, the absolute difference in OS between the two arms (14 days) cannot be considered as clinically relevant. Cunningham (4001): 503 pts with operable adenocarcinoma of the stomach, œsophagogastric junction or lower esophagus were randomized to perioperative chemotherapy (3 preoperative and 3 postoperative cycles of epirubicin 50 mg/m2 day 1, cisplatin 60 mg/m2 d1 and 5-FU 200 mg/m2/day continuous, every 3 weeks) and surgery, versus surgery alone. In a median follow-up of more than 3 years, the survival hazard ratio was 0.75 (95%CI 0.60-0.93, p=0.009) and the 5-year survival rates were 36% and 23% respectively. These data when added to previous presentations of this trial show improved resecability,better PFS and OS for those pts treated with preoperative chemotherapy. Moiseyenko (4002): The study TAX 325 evaluated the combination docetaxel/5-fluoruracil/cisplatin (TCF) versus cisplatin/fluoruracil (CF) in 457 pts with metastatic gastric adenocarcinoma. Response rate to TCF was superior to CF (37% vs. 25%, p=0.0106) and better OS was found in pts treated with TCF (risk reduction of death 23%, p=0.0201). Grade 3/4 adverse events occurred in 81% (TCF) and 75% (CF) of pts, and the most common were diarrhea and stomatitis. TCF represents a new option in pts with metastatic gastric adenocarcinoma, but as stated by the authors, tolerance was limited in this group of pts. Dank (4003): In this randomized phase III study, the irinotecan/5-fluoruracil/folinic acid (IF) combination was compared to cisplatin/5-fluoruracil (CF) in 337 pts. A better time to failure was found in the IF group (4.0 vs. 3.4 months, HR 1.43, p=0.018), but IF was not superior to CF in terms of OS. The toxic profile favored the IF group. WALLONIE — R Motzer (4508): In 169 patients with metastatic renal cell carcinoma, SU11248, an oral multi-targeted tyrosine kinase inhibitor of VEGFR and PDGFR, was studied at 50 mg daily dosing, continuously for 4 out of 6 weeks, as a second-line therapy. In the first trial (that enrolled 69 pts), 40% of pts presented partial response to the treatment, 33% presented stable disease, the median time to progression was 8.3 months and the OS, 16 months. The anti-tumor activity and their good tolerance make BAY 43-9006 and SU11248 new options for these pts with advanced renal cell carcinoma. Wiegel (4513): In this study, 385 men diagnosed with pT3 R0 or R1 prostate cancer were randomized to postoperative 60 Gy RT or “wait and see” policy before achieving an undetectable serum PSA. In the median follow-up of 40 months, a better biochemical disease control was achieved in pts treated with adjuvant RT (81%) vs. 60% in those pts randomized to the “wait and see” policy (HR 0.4, p<0.0001). In conclusion, adjuvant RT reduced the risk of biochemical progression after radical prostatectomy for pT3 pts. Head and neck cancer Vermorken (5505): The results of 3 phase II studies, in which 330 pts were treated with cetuximab as monotherapy, or combined with platinum compounds, indicated that cetuximab was well tolerated and the median OS time of around 6 months observed favorably compared with that of platinum-refractory historic control pts (around 3.5 months). Cetuximab seems to be a good option in this setting. Lung cancer Douillard (7013): The results of the ANITA study, in which 4 cycles of adjuvant cisplatin-vinorelbine were administered for pts with resected NSCLC stages I (T2N0) to IIIA, also confirmed the value Van Meerbeeck (7015): In the EORTC 08491 study, 333 pts with NSCLC staged IIIA N2 responding to platinum-based induction chemotherapy, were randomized between radical surgery or thoracic RT and no difference was shown between these two arms in terms of PFS and OS. The standard of care for the Lung Cancer Group in the EORTC is radiotherapy,in case of response to induction chemotherapy in these pts. Sandler (4):The results of the E4599 trial represent one step forward in the care of advanced non-small cell lung cancer (NSCLC). In this study, 878 pts with stage IV or IIIB (pleural effusion) non-squamous NSCLC were randomized to receive carboplatin AUC=6 and paclitaxel 200 mg/m2 (day 1, every 3 weeks), or the same chemotherapy plus bevacizumab (a monoclonal antibody anti-VEGF) 15 mg/kg (day 1, every 3 weeks). Better response rate (27% vs. 10%, p<0.0001), PFS (6.4 vs. 4.5 months, p<0.0001) and OS (12.5 vs. 10.2 months, p=0.0075) were observed among the patients treated with the antiangiogenic agent. Melanoma Morton (7500): 2001 pts with primary melanoma were randomized to wide excision followed by observation or to wide excision plus lymphatic mapping and sentinel node biopsy (SNB) followed by complete lymph node dissection (CLND) only in case of positive SNB, by conventional histology or immunostaining.5-year DFS rate was 78% (SNB) vs. 73% (excision only, HR 0.74, p=0.01). 5-year OS was significantly higher after immediate CLND for SNB + than delayed CLND for clinical nodal recurrence (71% vs. 55%, p=0.0033) and the SNB tumor status was the most powerful factor for 5-year OS in SNB pts: 88% for SNB negative vs. 71% for SNB+ (p<0.001). It emphasizes the importance of routine lymphatic mapping and SNB followed by CLND only in case of SNB + in the staging and assessment of prognosis in primary melanoma, and also for identifying those who may benefit from immediate CLND. Sarcomas 6 months) have enrolled on a continuation protocol and were treated with SU11248 50 mg daily for 4 weeks,in a 6-week cycle.The treatment is well tolerated. Remarkably, with a median time treatment over 1 year, 26 pts remain on study, and for the 22 pts with RECIST evaluable disease, neither median time to progression, nor the median OS were reached. In a fraction of pts with GIST, pretreated with imatinib, SU11248 can be effective and predictive factors of response to this agent must be identified. Patient care Chlebowski (10):The dietary fat influence on breast cancer outcomes was evaluated. 2,437 postmenopausal women with resected early stage breast cancer were randomized between an intensive dietary intervention designed to reduce dietary fat intake, or control. The strategy was effective in reducing the dietary fat intake in these pts and after a 60-month follow-up, relapse-free survival rate was greater in pts submitted to the dietary intervention (HR 0.76, p=0.034). Bairati (3017):540 stage I or II head and neck cancer treated by RT were randomized between supplementation with alpha-tocopherol (400 IU/day) and beta carotene (30 mg/day) or placebo during RT and 3 years thereafter. Pts in the supplement arm had less severe acute side effects related to the RT, without impact on quality of life, but the rate of local recurrence tended to be higher in the supplement arm (HR 1.37, 95%CI 0.93-2.02), compromising the efficacy of the anticancer treatment. Young (8004): In the WARP trial, 1589 pts receiving chemotherapy via central venous catheters (CVC) were randomized between control and warfarin, either 1 mg daily or dose adjusted to maintain INR between 1.5 and 2.0. No apparent benefit in using low dose warfarin for prophylaxis of symptomatic CVC-related thrombosis was seen in these pts. Dose-adjusted warfarin seem superior but at a cost of an increased bleeding diathesis. Aapro (8007): In pts submitted to cisplatin-containing chemotherapy, an aprepitant combination antiemetic regimen was compared to 4-day ondansetron + dexamethasone for prevention of acute and delayed nausea/vomiting. The aprepitant regimen was superior in terms of no vomiting and no use of rescue therapy for the 0-120 hours ■ after chemotherapy. Maki (9011) and Demetri, (4000): As resistance to imatinib emerges in most pts with metastatic GIST (gastrointestinal stromal tumors), SU11248 – an oral multi-targeted tyrosine kinase inhibitor – was studied in 97 pts resistant to or intolerant of imatinib in a phase I/II trial. 32 pts with continued benefit (partial response or stable disease > 27 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 ESEAU CANCE Escudier (4510): BAY 43-9006 is an oral inhibitor of Raf-kinase and also has important antiangiogenic activity, inhibiting VEGFR-2, PDGFR, Flt-3 and c-kit receptors. 769 pts with renal cell carcinoma (MSKCC low or intermediate risk groups) with one previous treatment were enrolled in a phase III randomized, placebo-controlled trial evaluating BAY 43-9006 400 mg twice a day, continuously. Median PFS was 24 weeks for BAY vs. 12 weeks for placebo (p<0.00001). The main side effects related to BAY were diarrhea, hand and foot syndrome and cutaneous rash, mostly well tolerated. of adjuvant chemotherapy in these pts. Median overall survival was 65.8 months in the group treated with chemotherapy vs. 43.7 months in pts submitted to observation only (HR 1.264, p=0.0131). WALLONIE — R Genitourinary cancer INFORMATION GÉNÉRALE Des vacances pour les jeunes patients : l’expérience de la Fondation contre le Cancer Didier Vander Steichel, Directeur Scientifique [email protected] es cancers sont heureusement relativement rares chez l’enfant. Globalement, les chances de guérison sont meilleures que chez l’adulte mais au prix de traitements souvent longs et intenses. Pendant cette période, les petits malades sont particulièrement fragiles et nécessitent une surveillance médicale et psychologique rigoureuse. D’où l’idée d’organiser pour eux un camp de vacances annuel, avec toute l’infrastructure requise pour leur permettre de quitter l’hôpital en toute sécurité… Depuis 1989, la Fondation contre le Cancer offre chaque année, gratuitement, une semaine de joie au grand air à ces enfants. En 2005, le camp s’est déroulé à Spa, du 25 juin au 1er juillet. L Une étroite collaboration avec les centres de traitement : Héberger une cinquantaine d’enfants en cours de traitement, âgés de 4 à 18 ans, cela ne s’improvise pas ! Il faut s’assurer qu’ils sont médicalement aptes à participer au camp, faire en sorte que leurs traitements puissent se poursuivre sans perturber leur séjour, tenir compte des particularités de chaque petit pension- naire (régime, types d’activités autorisées…). Une étroite collaboration avec les centres de traitement (Citadelle, HUDE, Montegnée et Verviers) rend possible le respect de toutes ces conditions. D’ailleurs, médecins et infirmières en provenance de ces centres de traitement participent bénévolement aux camps. C’est pour eux l’occasion de vivre des moments heureux avec les petits patients, ils leurs donnent Des enfants comme les autres : des souvenirs qui leur seront bien utiles Équitation, bricolage, sports, excursions, spectacles, soirées, surprises, fous rires… une fois rentrés à l’hôpital. Pour les enfants, un camp est avant tout l’occasion de reprendre goût à la vie, de La confiance des parents : Laisser partir pendant une semaine un refaire le plein d’énergie, bref, de redeenfant malade suppose, pour les parents, venir des enfants comme tous les autres. une totale confiance dans l’organisation À les voir, on ne croirait jamais avoir du camp. Cette confiance est fondée sur à faire à des malades. Pourtant, d’année la présence constante des soignants en année, le camp accueille des enfants auxquels ils confient le traitement de de plus en plus gravement atteints. leur enfant. Pour les parents, un camp c’est aussi l’oc- L’objectif est donc pleinement atteint et casion de se retrouver, de “souffler” pen- ce succès s’explique par une organisation dant quelques jours, ou de s’occuper un rigoureuse, la présence vigilante des peu plus des frères et sœurs qui,eux aussi, soignants,l’attention des nombreux bénévoles et le dévouement du personnel en ont parfois bien besoin. des centres qui nous hébergent. LES NOUVELLES DU RÉSEAU CANCER • Retrouvez le journal sur le net : www.jcancerulb.be • Des séminaires de haut niveau “Meet the Oncology Expert” sont prévus à l’institut Jules Bordet, à partir d’octobre 2005. L’objectif est de réunir, les premiers vendredis de chaque mois (entre 8 et 9 heures), un grand nombre de médecins et chercheurs du réseau cancer de l’ULB autour d’un cancérologue de renommée internationale (clinicien ou chercheur).Voir programme en page 17. • Nomination du Dr Christos Sotiriou • Le Dr Martine Piccart recevra égale(institut Jules Bordet) comme chercheur ment, le 1er décembre prochain, à Tel qualifié depuis le 1er octobre 2005. Aviv, un Grant de la Jaqueline Seroussi Memorial Foundation for Cancer • Le Dr Martine Piccart (Chef de service Research, pour ses avancées en recherde Médecine, Institut Jules Bordet) et che clinique et translationnelle sur le son équipe ont été récompensés pour cancer du sein. leurs travaux de recherche en cancérologie par l’Institut de la Recherche Pharmaceutique de la Compagnie Faites-nous part des nouvelles qui Bristol-Myers Squibb. Ils bénéficieront témoignent de la vie de notre réseau du grant “Freedom to Discover” pour (nominations, grants, thèses, une durée de 5 ans. publications, etc.) à [email protected] ESEAU CANCE 28 — ERASME — DET R BOR -IRIS J O U R N A L D U R É S E A U C A N C E R D E L’ U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L LE S N ° 3 – S E P T E M B R E 2 0 0 5 WALLONIE — R P.P. P.P. P.P. P.P. 10.000IU 10.000IU 40.000IU 40.000IU 107,45a 106,26a 382,10a 380,33a Ahf Ahf Ahf Ahf RÉSUMÉ DES CARACTÉRISTIQUES DU PRODUIT • NOM DU MÉDICAMENT: EPREX, 1.000 UI/0,5 ml, solution injectable en seringues préremplies EPREX, 2.000 UI/0,5 ml, solution injectable en seringues préremplies EPREX, 3.000 UI/0,3 ml, solution injectable en seringues préremplies EPREX, 4.000 UI/0,4 ml, solution injectable en seringues préremplies EPREX, 5.000 UI/0,5 ml, solution injectable en seringues préremplies EPREX, 6.000 UI/0,6 ml, solution injectable en seringues préremplies EPREX, 8.000 UI/0,8 ml, solution injectable en seringues préremplies EPREX, 10.000 UI/1,0 ml, solution injectable en seringues préremplies • COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE: Époétine alfa : 2.000, 4.000 ou 10.000 UI (16,8 ; 33,6 ou 84 microgrammes) par ml Chaque seringue préremplie EPREX de 1.000 UI/0,5 ml contient 1.000 UI ou 8,4 microgrammes d'époétine alfa Chaque seringue préremplie EPREX de 2.000 UI/0,5 ml contient 2.000 UI ou 16,8 microgrammes d'époétine alfa Chaque seringue préremplie EPREX de 3.000 UI/0,3 ml contient 3.000 UI ou 25,2 microgrammes d'époétine alfa Chaque seringue préremplie EPREX de 4.000 UI/0,4 ml contient 4.000 UI ou 33,6 microgrammes d'époétine alfa Chaque seringue préremplie EPREX de 5.000 UI/0,5 ml contient 5.000 UI ou 42 microgrammes d'époétine alfa Chaque seringue préremplie EPREX de 6.000 UI/0,6 ml contient 6.000 UI ou 50,4 microgrammes d'époétine alfa Chaque seringue préremplie EPREX de 8.000 UI/0,8 ml contient 8.000 UI ou 67,2 microgrammes d'époétine alfa Chaque seringue préremplie EPREX de 10.000 UI/1,0 ml contient 10.000 UI ou 84 microgrammes d'époétine alfa Liste des excipients : Dihydrogénophosphate de sodium dihydraté Hydrogénophosphate de sodium dihydraté Chlorure de sodium Polysorbate 80 Glycine Eau pour injections • FORME PHARMACEUTIQUE: Solution injectable en seringues préremplies Solution injectable Solution limpide, incolore • Indications Thérapeutiques: Traitement de l'anémie consécutive à une insuffisance rénale chronique chez les patients pédiatriques et adultes hémodialysés et les patients adultes traités par dialyse péritonéale. - Traitement de l'anémie sévère d'origine rénale accompagnée de symptômes cliniques chez les patients adultes insuffisants rénaux non encore traités par dialyse. - Traitement de l'anémie et réduction des besoins transfusionnels chez les patients adultes recevant de la chimiothérapie pour une tumeur solide, un lymphome malin ou un myélome multiple, et présentant un risque de transfusion selon l'évaluation de leur état général (p.ex. situation cardio-vasculaire ou anémie préexistante au début de la chimiothérapie). - EPREX peut être utilisé pour augmenter le rendement du don de sang autologue chez des malades participant à un programme de transfusions autologues différées. L'utilisation dans cette indication doit tenir compte du risque signalé d'accidents thrombo emboliques. Le traitement doit seulement être administré aux malades présentant une anémie modérée (Hb 10-13g/dl soit 6,2-8,1 mmol/l et sans carence martiale) si on ne dispose pas de méthodes d'épargne du sang ou si celles-ci sont insuffisantes lorsqu'une intervention chirurgicale majeure programmée nécessite de grandes quantités de sang (4 unités de sang ou plus chez les femmes et 5 unités de sang ou plus chez les hommes). - EPREX peut être utilisé pour réduire l'exposition aux transfusions de sang homologue chez des patients adultes, sans carence martiale, devant subir une intervention chirurgicale orthopédique majeure programmée, ayant un risque présumé important de complications transfusionnelles. L'utilisation devra être réservée aux patients ayant une anémie modérée (par exemple Hb 10-13 g/dl) qui n'ont pas accès à un programme de prélèvement autologue différé et chez qui l'on s'attend à des pertes de sang modérées (900 à 1800 ml). Les bonnes pratiques de gestion du sang (Good Blood Management Practices) doivent toujours être appliquées dans le cadre d'interventions chirurgicales programmées. • Posologie et mode d'administration: Mode d'administration: Comme c'est le cas pour tous les médicaments administrés par voie parentérale, il convient d'inspecter visuellement la solution injectable avant l'administration pour vérifier qu'il n'y a ni particules en suspension ni changement de coloration. a) injection intraveineuse : cette injection doit être administrée pendant au moins 1 à 5 minutes, en fonction de la dose totale. Chez les patients en hémodialyse, une injection bolus peut être pratiquée pendant la session de dialyse par un port veineux approprié dans la ligne de dialyse. L'injection peut aussi se faire après la dialyse dans l'aiguille à fistule, et sera alors suivie de l'injection de 10 ml de solution salée isotonique pour rincer la ligne de dialyse et assurer le passage correct du produit dans la circulation. Une injection plus lente est préférable chez les patients qui réagissent au traitement par des symptômes pseudo grippaux. Ne pas administrer en perfusion intraveineuse ou combiné à d'autres médicaments. b) injection par voie sous cutanée : on ne doit généralement pas excéder un volume maximal de 1 ml par site d'injection. En cas de volume plus important, utiliser plus d'un site d'injection. Les injections se font au niveau des membres ou de la paroi abdominale antérieure. Patients présentant une insuffisance rénale chronique: Chez les patients atteints d'insuffisance rénale chronique, EPREX doit être administré exclusivement par voie intraveineuse (voir rubrique 4.3 et 4.4 - Érythroblastopénie) Le taux d'hémoglobine cible se situe entre 10 et 12 g/dl (6,2 - 7,5 mmol/l), sauf pour les enfants, chez qui le taux d'hémoglobine doit être compris entre 9,5 et 11 g/dl (5,9-6,8 mmol/l). Chez les patients insuffisants rénaux chroniques et présentant des signes cliniques d'ischémie myocardique ou d'insuffisance cardiaque, le taux d'hémoglobine durant la phase d'entretien ne doit pas dépasser la limite supérieure des intervalles cibles. Le statut martial devra être évalué avant et pendant le traitement et une supplémentation en fer doit être administrée en cas de besoin. Par ailleurs, avant de commencer le traitement par l'époétine alfa, il faut exclure d'autres causes d'anémies, telles qu'un déficit en vitamine B12 ou en folate. L'absence de réponse au traitement par l'époétine alfa doit faire rechercher la cause. Des causes possibles sont : carences en fer, folate ou vitamine B12 ; intoxication par l'aluminium ; infections supplémentaires ; états inflammatoires ou traumatiques ; saignements occultes ; hémolyse et fibrose médullaire, quelle qu'en soit l'étiologie. Patients adultes en hémodialyse : - Phase correctrice: 50 UI/kg 3 fois par semaine, par voie intraveineuse. Si un ajustement des doses est nécessaire, il est recommandé de procéder par paliers d'au moins 4 semaines. A chaque palier, l'augmentation ou la diminution de dose préconisée est de 25 UI/kg 3 fois par semaine. - Phase d'entretien: Adaptation de la dose pour maintenir le taux d'hémoglobine au niveau désiré, c'est-à-dire entre 10 et 12 g/dl (6,2-7,5 mmol/l). La dose totale recommandée par semaine est comprise entre 75 et 300 UI/kg. Les données cliniques disponibles indiquent que les patients dont le taux d'hémoglobine de départ est très bas (inférieur à 6 g/dl ou 3,75 mmol/l) peuvent avoir besoin de doses d'entretien plus importantes que ceux dont l'anémie initiale est moins sévère (taux d'Hb supérieur à 8 g/dl ou 5 mmol/l). Enfants en hémodialyse: Chez les enfants en hémodialyse, EPREX doit être administré exclusivement par voie intraveineuse (voir rubrique 4.3 et 4.4 - Érythroblastopénie). Le traitement est divisé en deux phases : - Phase correctrice: 50 UI/kg 3 fois par semaine par voie intraveineuse. Si un ajustement de dose est nécessaire, il est recommandé de procéder par paliers de 25 UI/kg 3 fois par semaine en respectant un intervalle d'au moins 4 semaines entre chaque ajustement, jusqu'à l'obtention du résultat visé. - Phase d'entretien: Adaptation de la dose pour maintenir le taux d'hémoglobine au niveau désiré, c'est-à-dire entre 9,5 et 11 g/dl (5,9-6,8 mmol/l). Chez les enfants de moins de 30 kg, il faut généralement administrer une dose d'entretien plus élevée que chez les enfants de plus de 30 kg ou chez les adultes. Les doses d'entretien suivantes ont été utilisées dans les essais cliniques, après 6 mois de traitement. Dose (UI/kg/3 fois par semaine) Poids (kg) Dose d'entretien moyenne Dose d'entretien habituelle < 10 100 75-150 10-30 75 60-150 > 30 33 30-100 Les données cliniques disponibles indiquent que les patients dont le taux d'hémoglobine initial est très bas (inférieur à 6,8 g/dl ou 4,25 mmol/l) ont besoin de doses d'entretien plus importantes que ceux dont le taux d'hémoglobine initial est plus élevé (supérieure à 6,8 g/dl ou 4,25 mmol/l). Patients adultes insuffisants rénaux non encore traités par dialyse: EPREX doit être administré exclusivement par voie intraveineuse (voir rubrique 4.3 et 4.4 - Érythroblastopénie). Le traitement est divisé en deux phases : - Phase correctrice: La posologie initiale est de 50 UI/kg 3 fois par semaine, suivie si nécessaire d'une augmentation de dose de 25 UI/kg (3 fois par semaine) jusqu'à l'obtention du résultat visé (les adaptations doivent avec des intervalles d'au moins 4 semaines). - Phase d'entretien: Adaptation de la dose pour maintenir le taux d'hémoglobine entre 10 et 12 g/dl (6,2-7,5 mmol/l) (dose d'entretien entre 17 et 33 UI/kg 3 fois par semaine). La posologie maximale ne peut pas excéder 200 UI/kg 3 fois par semaine. Patients adultes en dialyse péritonéale : EPREX doit être administré exclusivement par voie intraveineuse (voir rubrique 4.3 et 4.4 - Érythroblastopénie). Le traitement est divisé en deux phases. - Phase correctrice: La posologie initiale est de 50 UI/kg 2 fois par semaine. - Phase d'entretien: Adaptation de la dose pour maintenir le taux d'hémoglobine au niveau désiré, c'est-à-dire entre 10 12 g/dl (6,2 7,5 mmol/l) (dose d'entretien entre 25 et 50 UI/kg 2 fois par semaine, à répartir en 2 injections identiques). Patients cancéreux adultes recevant de la chimiothérapie: L'administration doit se faire par voie sous-cutanée. L'époétine alfa doit être administrée chez les patients présentant une anémie (par exemple Hb 10,5 g/dl [6,5 mmol/l]). La valeur cible du taux d'hémoglobine est d'environ 12 g/dl (7,5 mmol/l). Le traitement par l'époétine alfa doit être poursuivi jusqu'à un mois après la fin de la chimiothérapie. La dose initiale est de 150 UI/kg par voie sous-cutanée 3 fois par semaine. Une autre possibilité consiste à administrer EPREX à raison d'une dose initiale de 450 UI/kg par voie sous-cutanée, une fois par semaine. Si après 4 semaines de traitement, le taux d'hémoglobine a augmenté d'au moins 1 g/dl (0,62 mmol/l), ou si le nombre de réticulocytes a augmenté d'au moins 40.000 cellules/µl par rapport aux valeurs initiales, la dose doit être maintenue à 150 UI/kg trois fois par semaine ou 450 UI/kg, une fois par semaine. Si l'augmentation de l'hémoglobine est inférieure à 1 g/dl (< 0,62 mmol/l) et si le nombre de réticulocytes a augmenté de moins de 40.000 cellules/µl par rapport aux valeurs initiales, il faut augmenter la dose à 300 UI/kg trois fois par semaine. Si après 4 semaines supplémentaires de traitement à 300 UI/kg trois fois par semaine, l'hémoglobine a augmenté d'au moins 1 g/dl (< 0,62 mmol/l) ou si le nombre de réticulocytes a augmenté d'au moins 40.000 cellules/µl, la dose de 300 UI/kg trois fois par semaine doit être maintenue. Si le taux d'hémoglobine a augmenté de moins de 1 g/dl (moins de 0,62 mmol/l) et si le nombre de réticulocytes a augmenté de moins de 40.000 cellules/µl par rapport aux valeurs initiales, une réponse au traitement est improbable et celui-ci doit être arrêté. Ajustement de la dose: On doit éviter une augmentation de l'hémoglobine de plus de 2 g/dl (1,25 mmol/l) par mois ou un taux d'hémoglobine supérieur à 13 g/dl (> 8,1 mmol/l). Si le taux d'hémoglobine augmente de plus de 2 g/dl (1,25 mmol/l) par mois ou s'il approche 12g/dl (7,4 mmol/l), il faut réduire la dose d'époétine alfa d'environ 25 - 50 % selon la vitesse d'augmentation du taux d'hémoglobine. Si le taux d'hémoglobine dépasse 13 g/dl (8,1 mmol/l), il convient d'interrompre le traitement jusqu'à ce que le taux s'abaisse à 12 g/dl (7,4 mmol/l), après quoi le traitement par l'époétine alfa doit être réinstauré à une dose de 25 % inférieure à la dose précédente. Patients adultes participant à un programme de prélèvement autologue différé en vue d'une intervention chirurgicale: L'administration doit avoir lieu par voie intraveineuse. Pendant le programme de prélèvement autologue, l'époétine alfa doit être administrée après la fin du prélèvement de sang. La posologie d'époétine alfa chez les patients ayant une anémie modérée (hématocrite entre 33 et 39 %) et qui doivent donner au moins 4 unités de sang, est de 600 UI/kg 2 fois par semaine pendant 3 semaines avant l'intervention. En utilisant cette posologie, il a été possible d'obtenir au moins 4 unités de sang chez 81 % des patients traités par l'époétine alfa, par comparaison à 37 % des patients du groupe placebo. Le traitement par époétine alfa a réduit les risques d'exposition à du sang homologue de 50 % par comparaison aux patients ne recevant pas d'époétine alfa. Tous les patients traités par l'époétine alfa doivent recevoir une supplémentation en fer appropriée (par exemple 200 mg par jour de fer élément per os) pendant le traitement. La supplémentation en fer devra commencer le plus tôt possible, voire même plusieurs semaines avant le début du prélèvement autologue, afin d'atteindre des réserves en fer importantes avant de commencer le traitement par l'époétine alfa. Patients adultes chez qui une intervention chirurgicale orthopédique majeure est programmée: L'administration doit se faire par voie sous-cutanée. La dose recommandée est de 600 UI d'époétine alfa par kg par semaine pendant les 3 semaines (jour -21, -14 et -7) précédant l'intervention chirurgicale et le jour de l'intervention. Dans le cas où la période de préparation préopératoire doit être écourtée à moins de 3 semaines pour des raisons médicales, l'époétine alfa doit être administrée à la dose de 300 UI/kg tous les jours, pendant 10 jours consécutifs avant l'intervention, le jour de l'intervention et pendant les 4 jours suivant l'intervention. Si un examen sanguin pendant la période préopératoire révèle que le taux d'hémoglobine est de 15 g/dl ou plus, l'administration d'époétine alfa doit être arrêtée et aucune dose supplémentaire ne peut plus être administrée. Il faut s'assurer que les patients n'ont pas de déficience en fer à l'instauration du traitement. Tous les patients traités par l'époétine alfa doivent recevoir une supplémentation en fer suffisante (par exemple 200 mg/jour de fer élément per os) pendant le traitement. Si possible, la supplémentation en fer devra être commencée avant le traitement par l'époétine alfa, pour constituer des réserves en fer suffisantes. • Contre indications: La voie d'administration sous-cutanée est exclusivement contre-indiquée chez les patients atteints d'insuffisance rénale chronique (voir rubrique 4.4 - Érythroblastopénie et rubrique 4.8). Les patients qui développent une érythroblastopénie après un traitement par une érythropoïétine ne peuvent plus être traités par l'époétine alfa ni par une autre érythropoïétine (voir rubrique 4.4 - Érythroblastopénie). Hypertension non maîtrisée. Toutes les contre-indications associées à un programme de prélèvement autologue différé doivent être respectées chez les patients qui reçoivent de l'époétine alfa au cours d'un tel programme. Hypersensibilité au principe actif ou à un des excipients. L'utilisation d'époétine alfa chez les patients devant subir une intervention chirurgicale orthopédique majeure programmée et qui n'ont pas participé à un programme de prélèvement autologue différé, est contre indiquée chez les sujets présentant une atteinte grave des artères coronaires, des artères périphériques, de la carotide ou des vaisseaux sanguins du cerveau. Le traitement est également contre-indiqué chez les patients ayant des antécédents récents d'infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral. Patients qui - quelle qu'en soit la raison - ne peuvent pas recevoir une prophylaxie antithrombotique appropriée. • Effets indésirables • Généralités: Une éruption cutanée aspécifique a été décrite lors de l'utilisation d'époétine alfa. Des symptômes grippaux tels que céphalées, douleurs articulaires, sensation de faiblesse, vertige et fatigue peuvent survenir, en particulier en début de traitement. Très rarement, des cas de thrombocytose ont été observés (voir aussi rubrique 4.4. "Mises en garde et précautions particulières d'emploi"). Des affections vasculaires thrombotiques telles que : ischémie myocardique, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux (hémorragie cérébrale et infarctus cérébral), accidents ischémiques transitoires, thromboses veineuses profondes, thrombose artérielle, embolie pulmonaire, anévrysme, thrombose rétinienne et coagulation dans un rein artificiel, ont été mentionnées chez des patients traités par des médicaments contenant de l'érythropoïétine, parmi lesquels EPREX. Dans de rares cas, des réactions d'hypersensibilité, parmi lesquelles des mentions isolées d'œdème de Quincke et de réactions anaphylactiques, ont été mentionnées avec l'époétine alfa. • Patients adultes et pédiatriques en hémodialyse, patients adultes traités par dialyse péritonéale et patients adultes insuffisants rénaux non encore dialysés L'effet secondaire le plus fréquent lors du traitement par l'époétine alfa est une augmentation proportionnelle à la dose de la tension artérielle ou l'aggravation d'une hypertension préexistante. Cette augmentation de la tension artérielle peut être traitée par des médicaments. Une surveillance de la tension artérielle est dès lors recommandée, en particulier en début de traitement. Chez des patients isolés ayant une tension artérielle normale ou basse, les réactions suivantes ont été observées : crise hypertensive avec symptômes de type encéphalopathique (p. ex. céphalée et confusion mentale) et crises tonico cloniques généralisées, nécessitant la consultation immédiate d'un médecin et un traitement médical intensif. Une attention particulière doit être accordée aux patients présentant soudainement des céphalées lancinantes de type migraineux car il peut s'agir d'un signe avant-coureur des symptômes susmentionnés. Un shunt peut se thromboser, en particulier chez les patients qui ont tendance à l'hypotension ou qui présentent des complications des fistules artérioveineuses (p. ex. sténoses, anévrysmes, etc.). Une vérification régulière du shunt et une prophylaxie antithrombotique par administration d'acide acétylsalicylique, par exemple, sont recommandées chez ces patients. Une érythroblastopénie a été mentionnée dans de rares cas chez des patients souffrant d'insuffisance rénale chronique après des mois, voire des années de traitement par l'époétine alfa ou d'autres érythropoïétines. Chez la plupart de ces patients, des anticorps anti-érythropoïétine ont été observés (voir rubrique 4.3 et 4.4 Érythroblastopénie). • Patients cancéreux adultes anémiques recevant une chimiothérapie Une hypertension peut survenir chez les patients traités par l'époétine alfa. De ce fait, le taux d'hémoglobine et la tension artérielle doivent être suivis de près. Une incidence accrue d'affections vasculaires thrombotiques (voir rubriques 4.4 Mises en garde et précautions particulières d'emploi, et 4.8 Généralités) a été observée chez des patients traités par des médicaments contenant de l'érythropoïétine. Une étude a été effectuée chez des femmes atteintes d'un cancer du sein métastasé dans le but de vérifier si un traitement par l'érythropoïétine pouvait, outre la correction de l'anémie, améliorer également la réponse au traitement. Dans cette étude, la mortalité globale, la mortalité imputée à la progression de la maladie et l'incidence d'affections thrombo-emboliques fatales ont toutes été plus élevées chez les sujets traités par l'époétine alfa que dans le groupe placebo. • Patients participant à un programme de prélèvement autologue différé avant chirurgie. Indépendamment du traitement par l'époétine alfa, des effets indésirables thrombo-vasculaires peuvent survenir après phlébotomie répétée chez des patients subissant une intervention chirurgicale et présentant des affections cardio-vasculaires sous-jacentes. C'est pourquoi il est conseillé, chez ces patients, de compenser systématiquement le volume prélevé. • Patients devant subir une intervention chirurgicale orthopédique majeure programmée Chez les patients devant subir une intervention chirurgicale orthopédique majeure programmée et ayant un taux initial d'hémoglobine de 10 à 13 g/dl, l'incidence des affections thrombotiques/vasculaires (dont la plupart étaient des thromboses veineuses profondes), dans l'ensemble de la population des essais cliniques, s'est avérée similaire dans les différents groupes traités par l'époétine alfa et dans le groupe placebo. L'expérience clinique est cependant encore limitée. De plus, chez les patients ayant une hémoglobine initiale supérieure à 13g/dl, la possibilité que le traitement par l'époétine alfa soit associé à une augmentation du risque d'affections thrombotiques/vasculaires postopératoires n'est pas exclue. • Nature et contenance du conditionnement: 0,5 ml (1.000 UI) de solution dans une seringue préremplie (verre de type I) avec piston (caoutchouc recouvert de téflon) et aiguille - conditionnement de 6 pièces; 0,5 ml (2.000 UI) de solution dans une seringue préremplie (verre de type I) avec piston (caoutchouc recouvert de téflon) et aiguille - conditionnement de 6 pièces; 0,3 ml (3.000 UI) de solution dans une seringue préremplie (verre de type I) avec piston (caoutchouc recouvert de téflon) et aiguille - conditionnement de 6 pièces; 0,4 ml (4.000 UI) de solution dans une seringue préremplie (verre de type I) avec piston (caoutchouc recouvert de téflon) et aiguille - conditionnement de 6 pièces; 0,5 ml (5.000 UI) de solution dans une seringue préremplie (verre de type I) avec piston (caoutchouc recouvert de téflon) et aiguille - conditionnement de 6 pièces; 0,6 ml (6.000 UI) de solution dans une seringue préremplie (verre de type I) avec piston (caoutchouc recouvert de téflon) et aiguille - conditionnement de 6 pièces; 0,8 ml (8.000 UI) de solution dans une seringue préremplie (verre de type I) avec piston (caoutchouc recouvert de téflon) et aiguille conditionnement de 6 pièces; 1,0 ml (10.000 UI) de solution dans une seringue préremplie (verre de type I) avec piston (caoutchouc recouvert de téflon) et aiguille - conditionnement de 6 pièces. • TITULAIRE DE L'AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ : Janssen-Cilag s.a. - Roderveldlaan 1 - B2600 Berchem • NUMÉRO DE L'AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ: 1028 IS 60 F 12; 1028 IS 61 F 12; 1028 IS 62 F 12; 1028 IS 63 F 12; 1028 IS 104 F 12; 1028 IS 105 F 12; 1028 IS 107 F 12; 1028 IS 64 F 12; • MODE DE DÉLIVRANCE : Sur prescription médicale • DATE DE LA PREMIÈRE AUTORISATION / DU RENOUVELLEMENT DE L'AUTORISATION: Renouvellement de l'enregistrement le 4 août 2003. • DATE DE LA RÉVISION DU TEXTE: Octobre 2004 Des informations complémentaires sont disponibles sur demande E.R.: Henri Deckx • Roderveldlaan 1, 2600 Berchem When time matters