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Bulletin Spécial
Juillet 2009
Le château s’ouvre au public du 6 juillet au 16 août 2009.
C’est l’occasion pour nous de faire connaissance avec un site exceptionnel.
Une histoire ancienne,
associée à Chabons
A
u XIIIe siècle, la branche cadette de la famille DE VIRIEU
(installée bien entendu à Virieu)
décida de s’installer 5 km plus loin,
à Chabons, afin d’y construire son
propre château dénommé château
de Pupetières. A la Révolution
française, leurs descendants durent
se réfugier en Suisse, à Coppet
près de Genève, chez des cousins,
suite à la destruction et à la confiscation de leurs biens.
De retour au Grand-Lemps, la Marquise DE VIRIEU,
veuve de François-Henri DE VIRIEU resté toujours fidèle à Louis XVI et mort au combat en
1793, pendant le siège de Lyon, décida de
racheter les terres auxquelles sa famille était
tant attachée, respectant peut-être alors la
devise familiale virescit vulnerus virtus, la blessure
accroît le courage.
Photo Virginie Potdevin
Mais il ne restait que des ruines de Pupetières :
trois tours seulement s’élevaient encore. Le jeune
Aymon DE VIRIEU, fils de la marquise, et son
condisciple et ami d’enfance un certain… Alphonse
DE LAMARTINE eurent l’occasion de savourer,
entre 1803 et 1819, au cours de leurs nombreuses
balades à cheval, un paysage typiquement
romantique, propice aux rêveries de deux Enfants
du Siècle. Le célèbre poème de Lamartine
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« Le Vallon » (1819), illustre, s’il en est besoin,
combien les lieux pouvaient inspirer ces jeunes
gens.
Ce n’est que plus tard, vers 1870, qu’Alphonse
DE VIRIEU (qui portait le prénom de son parrain,
Alphonse DE LAMARTINE), fils d’Aymon, décida de
confier la reconstruction de Pupetières à Etienne
DARCY pour les communs et surtout pour le château lui-même à Eugène VIOLLET-LE-DUC, architecte à qui l’on doit aussi la restauration de Notre
Dame de Paris ou des remparts de Carcassonne.
On le sait, VIOLLET-LE-DUC fut le chef de file du
mouvement néo-médiéval de la fin du XIXe siècle.
Son génie prit toute son ampleur lors de cette
(re)construction. Un ensemble néo-gothique de
7 000 m2 émergea : des murs de galets, bordés
à l’ouest par des douves, enserrent un avant-corps
en saillie de forme hexagonale qui marque
l’entrée ; 7 tours coiffées en poivrière et les célèbres tuiles écailles vernissées - issues de la
tuilerie qui fit d’ailleurs la fortune de la famille achèvent un ensemble harmonieux, écrin d’un
mobilier néo-gothique acheté ou conçu spécialement et d’œuvres d’art, le tout judicieusement
choisi pour occuper un château, mémoire de son
passé médiéval et témoin de la renaissance des
Arts Décoratifs au XIXe siècle.
Stéphanie DE VIRIEU, la tante d’Alphonse (sœur
d’Aymon), peintre et sculpteur, laissa à son tour de
nombreuses œuvres (des peintures, de très beaux
meubles ou la sculpture du manteau de la cheminée) encore conservées au château. Les tapisseries
issues des manufactures royales de Beauvais, les
nombreuses boiseries, les fameuses fresques en
drapé (dans l’escalier) caractéristiques des restaurations de l’architecte, les décors mêlant marbre,
briques et bois, les salons et chambres tous plus
somptueux les uns que les autres, s’ajoutent à une
bibliothèque fournie de plus de 45 000 précieux
ouvrages.
Amateur d’art, de voyages, et de découvertes
scientifiques, la famille DE VIRIEU n’eut de cesse
de compléter, avec un goût très sûr, les collections
de son château conçu en définitive comme un musée. Wilfrid, le fils d’Alphonse, époux d’Elisabeth
DE NOAILLES, se passionna ainsi pour les sciences,
notamment pour le ballon aérostatique et la
photographie, et se procura, à la fin du XIXe
siècle, une surprenante machine, conservée dans
la bibliothèque, permettant déjà de visionner des
images en 3D !
Juillet 2009
Lamartine et Stéphanie DE VIRIEU ne furent pas
les seuls artistes à être inspirés par les lieux. Le
peintre pré-impressionniste, Jongkind, à plusieurs
reprises (de 1873 à 1877) chez M. FESSER,
cuisinier à Pupetières et fils de sa compagne,
Joséphine, dans la maison désormais appelée « la
maison Jongkind ».
Anna DE NOAILLES, poétesse et romancière,
rendit aussi souvent visite à Wilfrid et Elisabeth
DE VIRIEU, dont elle était la belle-sœur. Son
recueil Les Eblouissements (1907), rend compte de
ses séjours en Isère. Quant à Paul CLAUDEL qui
avait acheté le château de Brangues à la famille
DE VIRIEU, il venait lui aussi à Pupetières et
pouvait d’ailleurs y admirer les tapisseries qui
autrefois décoraient Brangues.
Savez-vous que les cartes de notre territoire
gardent en mémoire le passage de Lamartine à
Pupetières puisqu’on peut encore y lire la mention suivante « Vallon de Lamartine » rendant
ainsi hommage à son célèbre poème ?
L’ouverture au public :
entre tradition et modernité
L’
histoire du château de Pupetières connaît
un tournant en 2006 lorsque par le
Comte Jacques DE VIRIEU, son neveu, Aymar
DE VIRIEU, déjà gestionnaire de patrimoine historique et culturel pour l’Institut de France, hérite du
domaine.
Une première ouverture au public à l’occasion des
Journées du Patrimoine de 2008 s’avère un véritable succès.
Aymar et Isabelle DE VIRIEU se lancent alors,
comme l’ont toujours fait les différents proprié-
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taires des lieux, soucieux de protéger le domaine
des injures du temps, dans d’importantes restaurations, nécessaires même lorsque l’état général
reste satisfaisant. Le Pays de Bièvre-Valloire a
d’ailleurs subventionné en partie la restauration
de l’ancienne tour-chapelle.
Une nouvelle ouverture au public est programmée
pour l’été 2009 et les prochaines journées du
patrimoine. C’est avec lucidité que M. DE VIRIEU
justifie sa démarche: « Je ne suis que le dépositaire de ce château, nous explique-t-il, et je me
dois certes de le préserver, comme l’ont fait mes
ancêtres, mais il me faut aussi permettre à tous, et
notamment aux jeunes générations, de découvrir
et de s’approprier un lieu si chargé d’histoire. »
Il n’est pas question pour l’actuel propriétaire,
attaché à un patrimoine vivant, de pétrifier son
domaine. Il fourmille de projets : la collaboration
avec une école d’architecture, la restauration des
communs en salle de réception et d’exposition,
l’organisation d’une fête des plantes, et l’élaboration d’un jardin romantique, …accompagneront
de régulières manifestations culturelles.
Ainsi, Aymar DE VIRIEU, poète du patrimoine « un
peu fou » (selon ses propres termes, mais il en
faut de la folie pour se lancer dans une telle
entreprise), conciliant respect du passé et goût
pour la modernité, se veut bien entendu acteur de
la vie culturelle et patrimoniale sur notre territoire
de Bièvre Est mais aussi partenaire de l’activité
économique d’une région à laquelle sa famille est
liée depuis plus de 10 siècles.
Finalement, le tournage à Pupetières en 2006 du
film de Pascal THOMAS, Le Crime est notre
affaire (avec Catherine Frot, André Dussolier,
Claude Rich et Chiara Mastroianni) adapté d’un
roman d’Agatha Christie, n’illustre-t-il pas, à sa
façon, cette nouvelle dynamique culturelle et économique ?
Alors, n’hésitez pas à venir découvrir au
plus vite le Château de Pupetières, situé sur
la commune de CHABONS, et ses multiples
trésors.
Venez admirer son parc, écrin de verdure, dans
lequel se dresse une tour-chapelle non loin d’un
étang.
Venez à votre tour flâner près des collines boisées et du Vallon…
Vous ne regretterez pas votre visite !
Juillet 2009
Alphonse de Lamartine à Chabons
Voici comment Alphonse
DE LAMARTINE raconte
lui-même une anecdote
concernant le village de
CHABONS :
C
e vallon est situé
dans les montagnes
du Dauphiné, aux environs
du Grand-Lemps ; il se creuse entre deux collines
boisées, et son embouchure est fermée par les
ruines d'un vieux manoir qui appartenait à mon
ami Aymon DE VIRIEU.
Nous allions quelquefois y passer des heures de
solitude, à l'ombre des pans de murs abandonnés
que mon ami se proposait de relever et d'habiter
un jour.
Nous y tracions en idée des allées, des pelouses,
des étangs, sous les antiques châtaigniers qui se
tendaient leurs branches d'une colline à l'autre.
Un soir, en revenant du Grand-Lemps, demeure
de sa famille, nous descendîmes de cheval, nous
remîmes la bride à de petits bergers, nous ôtâmes
nos habits, et nous nous jetâmes dans l'eau d'un
petit lac qui borde la route. Je nageais très-bien,
et je traversai facilement la nappe d'eau ; mais,
en croyant prendre pied sur le bord opposé, je
plongeai dans une forêt sous-marine d'herbes et
de joncs si épaisse, qu'il me fut impossible, malgré
les plus vigoureux efforts, de m'en dégager.
Je commençais à boire et à perdre le sentiment,
quand une main vigoureuse me prit par les cheveux et me ramena sur l'eau, à demi noyé. C'était
Virieu, qui connaissait le fond du lac, et qui me
traîna évanoui sur la plage. Je repris mes sens
aux cris des bergers.
Depuis ce temps, Virieu a rebâti en effet le
château de ses pères sur les fondements de
l’ancienne masure. Il y a planté des jardins, creusé
des réservoirs pour retenir le ruisseau du vallon !
Il a inscrit une strophe de cette méditation sur
un mur, en souvenir de nos jeunesses et de nos
amitiés ; puis il est mort, jeune encore, entre les
berceaux de ses enfants.
Spécial Patrimoine
Juillet 2009
Le célèbre poème « Le Vallon », inspiré par Pupetières
est extrait des Premières Méditations poétiques :
« Le Vallon »
Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance,
N'ira plus de ses vœux importuner le sort;
Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
Un asile d'un jour pour attendre la mort.
Voici l'étroit sentier de l'obscure vallée:
Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais,
Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée,
Me couvrent tout entier de silence et de paix.
Là, deux ruisseaux cachés sous des ponts de verdure
Tracent en serpentant les contours du vallon;
Ils mêlent un moment leur onde et leur murmure,
Et non loin de leur source ils se perdent sans nom.
La source de mes jours comme eux s'est écoulée;
Elle a passé sans bruit, sans nom et sans retour:
Mais leur onde est limpide, et mon âme troublée
N'aura pas réfléchi les clartés d'un beau jour. […]
Dans son recueil Les Eblouissements paru en 1907,
Anna De Noailles répond à Lamartine :
Dans ce vallon tintant de fraîcheur argentine,
J’ai mis mes faibles pas dans vos pas, Lamartine,
Et je vais, le cœur grave et le regard penché,
Sur les chemins étroits où vos pieds ont marché.
Infos pratiques
sur l’ouverture du château
Dates :
Du 6 juillet au 16 août 2009
de 11 heures à 17 heures
Les 19 et 20 septembre
lors des Journées du Patrimoine
Accès :
Sortie de Chabons - direction Grenoble
au rond-point direction Burcin et
Virieu (D73)
Tarif entrée :
Gratuit pour les enfants de - 12 ans
Tarif unique : 6 €
Tarif réduit : 5 €
(groupes, étudiants…)
Editeur : Mairie de CHABONS
Directeur de Publication : Didier RAMBAUD - Mairie de CHABONS
Docume ntation - Rédaction : José NICKEL, Christine MAINGUENAUD, Isabelle RIVAL, René DELLA-FLORA,
Philippe CHARLETY, Gilbert VEYET et Pascale GUY
Collaboration Technique : Sylvie VIAL
Imprimerie : Mairie de CHABONS - 9, rue de l’église - 38690 CHABONS
Dépôt Légal : à parution