Paris, le 25 décembre 2014 Chers toutes et tous, Je

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Paris, le 25 décembre 2014 Chers toutes et tous, Je
Paris, le 25 décembre 2014
Chers toutes et tous,
Je vous envoie tous mes vœux de bonheur pour ce Noël et l’année 2015. Pour les développer, je
recourrai à la perspective finalement logique de l’Inde et du bouddhisme, en vous souhaitant de
trouver les vraies causes du bonheur, de les mettre en pratique, et de trouver les vraies causes de
la souffrance, afin de les éviter…
Ces vœux pour Noël 2014 me rappellent ceux que j’ai rédigés il y a un an : c’était dans
l’ermitage de Dhaulchina en Himalaya, j’étais en retraite d’hiver. Fin janvier, je me suis rendu en
Birmanie, un pays que je voulais découvrir depuis longtemps, en particulier pour la méditation
bouddhiste qui y est très pratiquée. J’ai pu passer une dizaine de jours par exemple dans le grand
monastère de Pa-Awk à 300km au sud-est de Yangoon. C’est une institution qui comptait une
cinquantaine de moines il y a 20 ans, et qui en a maintenant plus de mille, hommes et femmes.
Leur pratique est intéressante, à la fois très enracinée dans la tradition bouddhiste mais proposant
aussi concrètement des exercices de méditation qui font penser au védânta. Ils font partie de
l’Abhidhamma, mais sont peu pratiqués dans les autres monastères, d’où une des raisons de leur
succès. J’ai continué en Thaïlande après la fin de mon visa en Birmanie, pour visiter en
particulier un jeune enseignant spirituel très intéressant, Tridev Krupa, qui est à mi-chemin entre
bouddhisme theravâda et hindouisme, avec une dévotion particulière à Mâ Anandamayî et
Yogânanda.
De retour en Inde en mars, j’ai retrouvé une quarantaine de Français pour une découverte du
Goujarat religieux et spirituel. C’est cette région qui a donné en mai à l’Inde son premier
ministre, Narendra Modi. Nous avons commencé notre périple en méditant sous l’arbre où
Gandhi a pratiqué et chanté tous les jours matins et soirs, sur les bords de la rivière Sabarmati,
dans ce célèbre ashram où le mahâtma avait vécu une douzaine d’années dans la plus grande
simplicité. Nous avons gardé de notre voyage certaines images fortes, comme par exemple
l’ashram de Sher Nath à Girnar, au pied d’une montagne sacrée qui sert de lieu de rassemblement
pour les sâdhus d’Inde. Il est un des successeurs de Gorakshnath, le fondateur du hathayoga, mais
qui, concrètement, pratique plutôt la dévotion et le védânta. Il a beaucoup touché le groupe par sa
sincérité et son contact direct. Nous étions directement en contact avec ce monde de l’Inde
traditionnelle qui n’a guère bougé malgré les évolutions qui touchent surtout les villes. Nous
avons été témoins à l’extrême ouest de l’Inde de la folie dévotionnelle joyeuse qui marque la
période d’Holi, la grande fête de Krishna dans son temple de Dwaraka. Nous avons passé aussi
trois jours de retraite dans le paisible ashram de Mâ Anandamayî sur les bords de la Narmada, où
elle aimait venir se recueillir.
La suite de mes périples m’a emmené avec un groupe de Français au Népal, où nous avons en
particulier fait une retraite forte dans un monastère de 400 nonnes tibétaines, récemment construit
sur une colline au-dessus de Katmandou par le Ngawang Drugpa, le chef d’une lignée tibétaine
qui regroupe plusieurs centaines de milliers de fidèles. Le rituel du tchöd, où chaque moniale
jouait d’un petit tambour, était particulièrement impressionnant. Puis je suis parti au Liban : il me
revient à l’esprit, en particulier, cet imam chiite qui étudiait les religions chez les jésuites de
Beyrouth et qui était traumatisé par les attaques terroristes des sunnites contre ses
coreligionnaires chiites en Irak. Il était venu chercher davantage de paix de l’esprit à notre stage
de yoga, car il avait bien réalisé que son animosité contre les sunnites prenait la dimension d’une
obsession du mental, ce qui le handicapait sérieusement dans sa vie courante.
La tournée de séminaires en Italie m’a amené, entre autres, à enseigner dans le grand centre
des féministes de Rome, dans le joli quartier ancien du Trastévère, puis dans une partie moderne
de l’Université de Parme, l’institution existant déjà depuis le Moyen Âge. Il y a eu aussi une
semaine à Milan, la capitale du nord de l’Italie. J’y ai six livres traduits en italien chez ‘MC
Editrice’ et nous en préparons encore deux autres pour mon retour là-bas en mai 2015. En plus
d’une conférence devant le public cultivé de l’Union des lecteurs de Milan, où j’ai fait de mon
mieux pour m’exprimer complètement en italien, nous avons eu une réunion intéressante avec
une douzaine de personnes, surtout des volontaires, qui travaillent régulièrement dans les prisons
de la région. Nous avons essayé de clarifier les axes d’une aide psychologique et spirituelle
adaptée aux détenus.
Depuis longtemps, je souhaitais visiter le ‘Village des Pruniers’ pour recevoir l’enseignement
de Thich Nath Hanh. Cela a pu se faire pendant la première semaine de juin. Je me disais qu’il
fallait me dépêcher, car à 87 ans, il n’était pas éternel. En fait, à l’heure où j’écris ces lignes, il est
depuis un mois plus ou moins dans le coma à la suite d’une hémorragie cérébrale. Nous lui
souhaitons de se remettre complètement, mais les lois du corps sont là.
J’ai animé des stages de méditation de cinq ou six jours pratiquement chaque semaine pendant
l’été. Je les ai mis en bonne partie avec, également, le stage sur la mystique du silence dans le
désert marocain de novembre, sur une clé USB. On peut se la procurer en envoyant un chèque de
15 € au nom de Jacques Vigne à José Sanchez Gonzalez - 10 rue Tibère - 84110 Vaison-LaRomaine : [email protected] (disponible à partir de fin janvier). Ceci pour le paiement. Mais
pour la recevoir, il faudra aviser Geneviève (Mahâjyoti) : [email protected] qui vous la fera
envoyer (même procédé que pour la brochure ‘JAY MA’). Une autre clé de stage plus ancienne,
mais aussi intéressante est déjà disponible pour le prix de 15 € à la même adresse et par le même
procédé. On peut également se procurer la brochure ‘JAY MA’ en s’abonnant, pour 1 Euro
symbolique par exemplaire trimestriel, auprès de Geneviève (Mahâjyoti). C’est un lien avec
Jacques, avec l’Inde et avec Mâ Anandamayî à qui elle est consacrée.
Après une participation au congrès européen de Zinal dans les montagnes suisses vers l’Italie
en août, je me suis retrouvé pour cinq semaines à l’île de la Réunion, où je n’étais pas retourné
depuis deux ans. J’ai eu le plaisir de faire l’interprétariat d’une série de cinq conférences du Dr.
Tulsi, un ami psychothérapeute à Bénarès et grand travailleur social, que nous aidons depuis 25
ans par le biais de l’organisation ‘Déva-Europe’ ou de ses formes précédentes. Ces conférences à
l’invitation de la municipalité de Saint-Denis, la plus grande ville de l’île, ont été suivies par un
entretien en petit comité avec le maire, qui pratique le yoga depuis 30 ans. Il nous a expliqué
qu’il était en train d’organiser un module de 30 heures d’enseignement de yoga pour tous les
enfants en fin de primaire, dans le cadre du périscolaire. Il y en aura ainsi 2500 de formés par an.
C’est la première fois, à mon sens, dans l’histoire de l’Education nationale, qu’une formation
substantielle de yoga –on peut apprendre beaucoup de choses en 30 heures– sera donnée à tous
les enfants d’une promotion. Le Dr.Tulsi sera sans doute réinvité pour aider ce genre de projet, et
le maire a été suffisamment impressionné par son travail pour lui dire que dès qu’il serait en
retraite, ce qui doit venir prochainement, il irait visiter son centre à Bénarès.
Par ailleurs, en montant animer une retraite de 10 jours de vipassana dans les montagnes de la
Réunion, je me suis arrêté sur le chemin pour rencontrer Hélène de Paolis : il s’agit d’une femme
de 42 ans qui est devenue tétraplégique à la suite d’un accident de voiture à l’âge de 30 ans. Elle
ne s’est pas laissée abattre par cette épreuve qui est l’une des plus difficiles qui puissent arriver
en dehors de la mort complète, et elle a estimé avec son mari que pour son traitement et pour
l’éducation de son fils tout jeune, un séjour prolongé en Inde représenterait une bonne aide. Elle
est donc partie à Pondichéry, elle y a vécu pendant six ans avec sa petite famille dans un village
près d’Auroville et ils ont appris le tamoul. Elle a fait de grands progrès, elle peut se déplacer
dans sa voiture à conduite aménagée et gérer ses courriels. Surtout, elle a trouvé le bonheur
intérieur grâce à la méditation, qui pour elle a été inspirée principalement par Shrî Aurobindo et
Râmana Mahârshi. Sentant que son exemple pourrait être une bonne inspiration en ce début
d’année nouvelle pour nous, qui avons une forte tendance à nous plaindre, alors que nous avons
le libre usage de nos deux bras et de nos deux jambes, je joins l’entretien que j’ai eu avec elle
dans ce courriel.
Juste après l’île de la Réunion est venu le Maroc, dans des programmes organisés en particulier
sous les auspices de l’association marocaine de yoga. J’étais heureux de découvrir ce pays où je
n’avais jamais mis les pieds, bien qu’ayant passé 15 mois de coopération en Algérie juste à côté.
Le yoga a déjà une histoire au Maroc. J’ai pu y apprécier l’ouverture d’esprit et la préparation à la
pratique des élèves, en particulier d’une cinquantaine de participants au week-end dans un joli
endroit de verdure à la sortie de Casablanca. De plus, nous avons effectué une retraite sur
l’écoute du son du silence, sous la tente, dans les dunes du désert sud marocain au-delà
d’Ouarzazate, aux portes du Sahara, à 50 jours de caravane de Tombouctou… Le groupe était
constitué pour moitié de Français, dont certains agnostiques, et pour moitié de marocains. La
pratique nous a réunis. Chacun, en fait, avait ses difficultés avec la méditation, que ce soit dans sa
maison avant de partir au travail, ou, pour un des deux musulmans orthodoxes qui participaient
au stage, durant la bonne heure de méditation qu’il faisait tous les soirs à la mosquée entre la
prière du crépuscule et la première prière de la nuit. L’écoute du silence a contribué à résoudre
ces difficultés et à nous rassembler. La situation était, en fait, calme.
Ma tournée m’a emmené fin novembre à Strasbourg pour l’inauguration de la branche Alsace
de l’Association Terre du ciel. En tant que groupe interreligieux et de méditation, nous avons été
reçus avec honneur à l’Hôtel de Région, à deux pas du Parlement Européen. Celui qui nous
invitait était un pasteur en position unique en France : il représentait les religions auprès du
gouvernement français, l’Alsace étant la seule région qui ait gardé le système du concordat.
Grâce à cela, nous avons été accueillis dans la salle du Conseil de la Région, et la présidente de
notre association, qui est philosophe de formation et ne roule pas sur l’or, a été invitée à s’asseoir
à la place même du Président de la Région. C’était une reconnaissance par rapport à une période
pas si ancienne, où la méditation était considérée comme l’apanage des sectes. Le lendemain,
toujours dans le sens du dialogue interreligieux, il y a eu pour la première fois dans l’histoire de
l’église gothique de St Pierre-le-Vieux, qui date du XVe siècle, une poujâ à Ganesh pour le
lancement de la nouvelle association. Elle a été effectuée par un brahmane bengali, Kaushik
Gupta, qui représentait les 4000 hindous environ qui vivent dans la région Alsace et qui n’ont pas
encore de temple. J’ai aussi animé le lendemain matin pendant 2h30 une méditation
interreligieuse, où je citais aussi bien Maître Eckhart, qui a enseigné pendant plus de 10 ans à
Strasbourg, que Shankarâchârya et le Bouddha. Environ 80 personnes étaient au rendez-vous à
sept heures du matin, malgré la nuit et le froid plutôt rigoureux d’une fin de novembre à
Strasbourg. Ensuite, nous avons passé symboliquement et concrètement la porte qui sépare la
partie protestante et catholique de l’église. Elle avait été murée pendant 330 ans, et ré-ouverte il y
a trois ans avec l’autorisation du pape, en signe de réconciliation, mais elle restait dans
l’ensemble fermée. Nous avons assisté dans la partie catholique, avec la plupart des membres de
l’association, à la messe du premier dimanche de l’Avent, avec le propre en grégorien et le
sermon effectué par le Père Stan Rougier. Auteur d’une trentaine de livres, il intervient souvent
dans les congrès de l’Association Terre du ciel, et il nous avait parlé la veille. Cette association
organise le plus grand congrès français qui tourne autour de l’expérience spirituelle chaque année
en novembre à Aix-les-Bains. J’ai pu aussi dédicacer mon ouvrage La mystique du silence qu’un
des élèves de Bernard Durel lui fera passer. Il aurait voulu me rencontrer mais n’était pas à
l’époque à Strasbourg. Il s’agit d’un dominicain qui donne un enseignement de zen inspiré
également par Maître Eckhart.
J’ai pu donner une journée de formation près de Strasbourg chez Richard Meyer. Il pratique et
enseigne depuis plus de trente ans les thérapies psychocorporelles et a fondé une méthode appelé
la ‘somatoanalyse’. Il vient de publier un ouvrage de synthèse dont j’ai rédigé la postface, La
pleine présence. Il voulait que j’intervienne pour ouvrir ses élèves, psychothérapeutes en
formation, à la dimension méditative.
Ma tournée m’a aussi emmené au moins deux fois dans de petits villages, ou des associations
de yoga dynamiques qui d’habitude ne faisaient pas venir d’intervenants extérieurs m’ont invité :
les gens se sont déplacés nombreux pour avoir une expérience nouvelle, à la fois à travers la
conférence et le stage qui suivait le lendemain. Une révolution silencieuse dans les campagnes
françaises est le fait que les femmes se prennent en main. Dans la génération d’avant, elles ne
sortaient guère de la maison, même pas pour aller à la messe dans de nombreux cas, car la
pratique religieuse avait déjà diminué. Maintenant, elles s’occupent activement de leur
développement personnel, et en pratique, les cours de yoga servent de lieu de réunion pour
discuter de façon plus vivante de tous ces sujets. Bien qu’étant ouvert aux hommes, ces groupes
comprennent en général une majorité de femmes, en particulier ceux qui se déroulent pendant la
journée.
À Caen, pour la première fois depuis 30 ans que je fais des séminaires de méditation, le jeune
professeur de psychiatrie du CHU est venu s’asseoir avec nous pour pratiquer. J’avais dîné avec
lui la veille, il conduit des études scientifiques bien menées pour montrer l’efficacité de la
méditation en psychiatrie. Celle-ci a déjà été prouvée sur certains points. La méditation de pleine
conscience, par exemple, limite grandement les rechutes dépressives, mais notre professeur
s’aperçoit que son impact est beaucoup plus large dans les maladies bipolaires et au fond dans
toutes sortes d’autres pathologies. Il travaille avec un professeur de psychologie anglais, Paul
Gilbert, et vient d’effectuer une traduction de son livre sur ‘psychothérapie et compassion’, qui
va paraître en janvier chez Masson. Il s’agit de l’éditeur qui a fait la collection des Abrégés, une
référence pour les étudiants en médecine. Le fait que cette maison accepte de publier un ouvrage
sur la méditation et la compassion en psychiatrie, est en soi une révolution ‘cognitivocomportementale’ si l’on peut dire.
Du point de vue de mes écrits, mon livre paru en 2013 Ouvrir nos canaux d’énergie par la
méditation est souvent pris par les participants à mes conférences et séminaires. Le dernier paru
en octobre 2014, Guérir anxiété – dépression et spiritualité touche encore plus de gens, à cause
de la fréquence de cette atteinte dans la population, en particulier sous forme de burnout. Je crois
à Internet dans la diffusion d’idées innovantes et quelque peu à contre-courant.
Notre monde se globalise aussi au niveau des croyances. Il y a une demande certaine, l’offre est
nombreuse et variée, cela crée beaucoup plus qu’avant la question du changement de conviction.
J’en ai parlé dans un article assez détaillé Comment changer de croyance de façon juste qu’on
trouvera sur mon site www.jacquesvigne.com . Dans ce sens, il y a une controverse à propos
d’Amma qui passe chaque année en tournée en France. Son assistante personnelle principale
pendant 20 ans, Gail Tredwell, a publié un livre qu’on peut se procurer en version électronique en
ligne, Holy Hell, où elle critique Amma sur de nombreux points, qui, sans être criminels en euxmêmes, montrent qu’elle a une série de traits psychologiques plutôt très ordinaires. Il se trouve
que je connais ce mouvement depuis 27 ans – j’étais présent lors du premier passage d’Amma à
Paris à la Chapelle de la Salpêtrière en 1987– et que je suis un ami personnel de celui qui l’a
lancée en Europe, et qui confirme ce qui est dit dans le livre de Gail. Comme elle, il parle le
malayalam et fait partie du premier noyau d’occidentaux auprès d’Amma. Ma propre analyse
psychologique me conduit à penser que la majorité de ce que dit Gail est vrai. En partant de cette
hypothèse, j’ai fait une interprétation psychologique finalement assez claire de la personnalité
d’Amma. La majorité de ceux auxquels j’ai envoyé ces textes et qui, à la fois, ont eu le courage et
ont pris le temps de le lire, l’ont trouvé instructif, et ont senti qu’il était bien meilleur de retrouver
leur autonomie spirituelle en prenant leur indépendance d’Amma. Bien sûr, comme je m’y
attendais, certains fidèles ne sont pas contents qu’on « leur change la religion ». Il s’agirait
pourtant pour eux d’un bien, sans doute, à long terme. Certains fidèles ont répandu la rumeur que
Gail ou moi-même nous nous étions dédits et avions retiré nos critiques contre Amma. On pourra
voir sur son blog www.gailtredwell.com que ce n’est pas le cas, et la publication même de ce
petit livre montre que ce n’est pas le cas non plus en ce qui me concerne. Ce texte est écrit dans
un esprit au fond démocratique, où, quand un parti représente un bon nombre de gens, il y a
d’autres partis d’opposition qui se mettent, eux aussi, à exprimer des vues différentes. Dans ce
sens, ce n’est pas de trop d’avoir une formation de psychiatre et d’avoir passé 25 ans, proche d’un
grand ashram de l’Inde, pour réussir à démêler les sérieuses contradictions de la personnalité
d’Amma. C’est donc ce que j’ai fait dans ce petit livre de 125 pages qu’on trouvera sur un site
qui mérite aussi la lecture en tant que bon travail de journalisme d’investigation,
www.embezzlingtheworl.blogspot.com, mon livre correspondant au blog du 15 octobre 2014. Il
est précédé d’un résumé en français de 15 pages du livre de Gail Tredwell qui en fait 300.
J’avais écrit il y a déjà un an une étude sur la vie et l’enseignement de Tenzin Palmo, que je
rencontre maintenant assez régulièrement dans le monastère de 75 nonnes tibétaines, qu’elle a
fondé en Himachal Pradesh. Je la visite aussi avec des groupes de Français. Elle forme ces
moniales pour devenir enseignantes du dharma, ce qui est une révolution silencieuse dans un
bouddhisme tibétain qui a toujours été très patriarcal, comme la plupart des religions
traditionnelles, à part sans doute le chamanisme. Cette étude est maintenant publiée dans le N°1
de ‘Question de’ : ‘Méditation, l’aventure incontournable’, une nouvelle collection qui est la reprise
d’une ancienne série de revues de bibliothèque, éditées par Marc de Smedt. J’en ai reçu des
exemplaires d’auteur il y a trois jours. Ce numéro est consacré à la méditation, et c’est une bonne
synthèse des évolutions actuelles d’un domaine qui bouge beaucoup en Occident, en ce sens, il
mérite d’être lu. Mon article s’intitule ‘Tenzin Palmo : méditer pour sauver le monde’.
Nous préparons deux livres en italien pour ma visite à Milan en mai 2015, le premier étant sur
la méditation. Je viens d’en terminer l’introduction. Il y aussi un petit livre sur l’apprentissage des
langues, qui sera un développement de mon article déjà en ligne depuis longtemps, Les mots
ouverts.
Je suis intervenu tout récemment, le 21 décembre, pour donner la conférence du dimanche
après-midi au Centre Védântique de Gretz. Elle sera retransmise (voir ci-dessous) le dimanche 25
janvier à 15 heures, et l’interview de présentation de 15 minutes passera le lendemain lundi 26 à
9 heures. Après cela, les deux dossiers seront disponibles en podcast sur le site de la radio
internet, Gandharva gana qui compte environ 4000 auditeurs : www.rggweb.fr . Le nom signifie
en sanskrit « les troupes d’anges musiciens ». Par ailleurs, j’aurai l’honneur d’être enregistré le
17 février à Liège pour la célèbre émission belge Noms de dieux. Elle approche de son 200e
épisode, et le Dalaï-lama a été parmi les personnes interviewées.
Après 10 mois en dehors de l’Inde, je recommencerai à accompagner des voyages spirituels. Le
premier de trois semaines en février-mars est déjà plein. Le second sur le même itinéraire du Sud
se déroulera du 14 mars au 5 avril, et comprendra une petite retraite près de l’ashram de Ramana
Maharshi, ainsi qu’une brève cure ayurvédique au Kérala. Il sera suivi par un autre voyage du 11
au 27 avril où nous irons voir Chandra Swami et Tenzin Palmo dans le nord de l’Inde. Entre les
deux, je retournerai en France pour intervenir sur la psychologie spirituelle du yoga dans le grand
congrès sur ‘Yoga et Ayurvéda’ organisé par Boris Tatzky et l’Académie du Yoga d’Aix-enProvence. Ce sera du 3 au 6 avril, le week-end de Pâques, à Voguë près de Montélimar.
La suite de ma tournée 2015 me ramènera au printemps au Liban et à Rome, où j’animerai
trois jours de séminaire de méditation dans le centre de dialogue indo-européen fondé par Alain
Daniélou. Je continuerai par différentes activités en Italie, puis par une grande retraite vipassana
entre le 8 et le 18 juin dans la Haute Vallée du Var, au centre Le Tardoun, construit
principalement en bois par un maître de ‘kyudo’ (le tir à l’arc japonais) et sa femme dans une
forêt profonde près d’un gros torrent plein de force qui descend des alpages. J’effectuerai de
nouveau des stages à Terre du ciel, puis en Bretagne dans l’abbaye de St Gildas-de-Rhuys et je
participerai au Congrès de l’Union Européenne du Yoga à Zinal, en Suisse, du 15 au 22 août
2015 dont le thème est cette année ānanda, la joie. Ayant passé 25 ans, baigné par
l’enseignement de Mâ Anandamayî, je me suis dit qu’il n’était pas hors de propos que je participe
à cette manifestation. Le mois de septembre me reverra de nouveau au Maroc, et à partir de début
octobre, je commencerai, sauf imprévus, une retraite de plus d’un an dans l’Himalaya. C’est le
cadeau que je m’offre en quelque sorte pour mes 60 ans, qui arriveront en avril 2016.
Ces 18 mois de tournée, où je change d’endroit en moyenne tous les trois jours, me font penser
à la phrase de Maître Eckhart, qui lui-même s’était beaucoup déplacé quand il était Provincial de
la région de Saxe, et où il allait visiter à pied la soixantaine de monastères dominicains qui
dépendaient de lui, comme on le faisait à l’époque. « La personne qui court et court mais reste en
paix est un être céleste ». De mon côté, il est certain que je cours, mais je ne prétends pas pour
autant être toujours en paix… Les difficultés, surtout pratiques, rencontrées de temps à autre dans
cette tournée me font aussi penser à l’un des cinquante aphorismes des ‘Sept points de
l’entraînement de l’esprit’, (recueil dont j’ai mis une traduction sur mon site) : « Dans ce monde
adonné à toutes sortes de défauts, faire de chaque obstacle une occasion de progrès spirituel ».
Je vous souhaite une bonne lecture des textes quand vous en aurez le temps !
Vigyananand (Jacques Vigne)