LE HIBOU DES MARAIS ou HIBOU BRACHYOTE

Transcription

LE HIBOU DES MARAIS ou HIBOU BRACHYOTE
LE HIBOU DES MARAIS ou HIBOU BRACHYOTE
Asio flammeus
(Pontoppidan, 1763)
Code Natura 2000 : A222
En Petite Beauce
Est présente dans la ZPS de fin avril
à fin septembre
Statut de conservation
Non chassable
Annexe I Directive CEE Oiseaux
Annexe II de la Convention de Berne
Annexe II de la convention de Washington
er
Article 411-1 du code de l’environnement et article 1
de l’arrêté modifié du 17/04/1981
Statut :
•
En France : Nicheur rare, Migrateur et hivernant rare.
•
En Loir-et-Cher : Nomade, migrateur et hivernant rare, nicheur occasionnel
•
En Petite Beauce : Nomade, migrateur et hivernant rare, nicheur occasionnel.
• Description de l’espèce :
Ce rapace nocturne, voyageur et excellent voilier, est plutôt crépusculaire mais devient actif diurne
en période de reproduction. Il est d’une taille légèrement supérieure au Hibou moyen duc. (Poids 260425 g, longueur : 37-39 cm, Envergure : 95-110 cm). Son visage est, de suite, impressionnant avec un disque
facial complet blanc autour des zones d’ombre qui encadrent des yeux à l’iris jaune soufre. Son dos
est roux fauve à jaune roussâtre pâle. Le corps, vu d’en dessous, est jaunâtre ou blanc, fortement
rayé à la poitrine, plus finement au ventre. Les aigrettes frontales très courtes et rabattues sont
presque invisibles, érigées, elles se présentent sous la forme de petites cornes arrondies et
rapprochées. Les ailes longues, assez étroites, nettement coudées, sont presque blanches dessous,
marquées d’un peu de noir à l’extrémité et surtout pourvues d’une virgule sombre très nette au
poignet. Sa queue courte accentue son envergure. Son vol ; léger et soutenu peut le porter à de
grandes hauteurs, poussé par des battements réguliers, élastiques et de forte amplitude. Il peut
aussi planer en orbes comme un rapace diurne.
Photographie LCN : Gérard FAUVEL Aérodrome du Breuil 01/03/08
Photographie LCN : Augustin TRICOT Mulsans 10/10/07
235
• Distribution et effectif
Au niveau mondial, c’est une des rares espèces dont la distribution est presque totale d’où
l’impossibilité de chiffrer la taille des population. . Largement répandu en Europe du Nord, l’aire de
reproduction de la forme nominale s’étend largement sur l’Eurasie, le Canada et l’Amérique du Nord,
au nord du 40ème parallèle. D’autres sous espèces peuplent l’Amérique centrale et australe.
En Europe ( Russie exceptée), l’estimation serait comprise entre 13300et 26300 couples. (Fiche Hibou
des marais DIREN 45 LPO Touraine 2002 Conférence Régionale de l’Environnement 2000 Orléans La Source). En Europe de
l’ouest, il est très clairsemé et serait sédentaire en Grande Bretagne, aux Pays bas, en Ukraine.
(www.oiseau libre.net)
.
Guide encyclopédique des Oiseaux du paléarctique occidental Mark
Beaman et Steve Madge (Nathan).
La France qui se trouve sur la limite sud-ouest de son aire de reproduction héberge, généralement,
moins d’une centaine de couples, principalement dans les terroirs littoraux du nord. C’est un habitant
répandu dans les toundras de l’Eurasie d’où proviennent les oiseaux visibles en France en migration
et en hiver. Certaines années, de véritables « invasions » se produisent et les oiseaux nomadisent
alors au gré des ressources alimentaires, se fixant pour un temps et allant même jusqu’à nidifier
ensuite ( A. Perthuis 2009).
Nidification : Atlas des oiseaux nicheurs de France
Yeatman Berthelot Jarry 1985 1989
Hivernage : Atlas des oiseaux de France en Hiver
Yeatman Berthelot Jarry 1977 1981
En Région Centre, la reproduction de l’espèce est irrégulière. Il peut être présent sur l’ensemble des
départements de la région, en petit nombre.
236
En Loir-et-Cher, il est régulièrement observé en Petite Beauce et en Champagne Berrichonne. Les
pics de passage sont à la mi-octobre puis de la mi-mars à mi-avril. Il s’agit souvent d’oiseaux
solitaires. En hiver, les rencontres sont plus rares avec des observations de mini-dortoirs de 6 à 12
individus. Dans les trente dernières années, il y a eu moins de 10 preuves certaines de nidification.
La saison postnuptiale 2007 et l’hiver 2007-2008 ont vu un nombre record de hiboux des marais
fréquenter la Beauce.
Dans la ZPS, Petite Beauce, depuis 1975, 86 observations ont été réalisées sur les 141 recensées
en Loir-et-Cher. Il y a niché de façon certaine en 1993 à Rhodon avec trois jeunes à l’envol et l’avait
probablement déjà fait à Maves en 1979.
Photographie : F Bourdin 1993 Rhodon
Au regard des communes concernées, on note une nette attirance hivernale pour les abords de la
Haute Cisse et de ses affluents.
Le Hibou des marais dans la ZPS Petite Beauce de 1979 à 2008 : Total des observations par communes
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Villerbon
Villefrancoeur
Talcy
Suèvres
Selommes
Saint Léonard en Beauce
Saint Bohaire
Rhodon
Pray
Mulsans
Maves
Marchenoir
Le Plessis l'Echelle
Saint Lubin
Landes le Gaulois
Lancôme
La Chapelle Vendomoise
Conan
Champigny
Boisseau
Averdon
Au regard des 30 années passées, ce sont le printemps 1993 et l’hiver 2007–2008 qui ressortent. Le
premier correspond à l’année où il nicha et le second aux dortoirs hivernaux. Durant ces deux
périodes les micrommamifères pullulaient.
237
Le Hibou des marais dans la ZPS Petite Beauce : Total des observations par année
35
30
25
20
15
10
5
0
79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08
• Habitat
Il affectionne les paysages ouverts plutôt humides comme la toundra, les estuaires, les marais
salants, les marécages, les tourbières, les roselières, les polders, les landes, les dunes côtières …
En plaine, on peut le trouver dans les friches et dans les cultures de céréales.
• Biologie/écologie
Cycle annuel dans la ZPS Petite Beauce :
En 30 ans, on l’a rencontré presque tous les mois de l’année dans la ZPS sauf durant les deux mois
de fin d’été, même l’année ou il a niché.
le H ib o u d e s m a r a is d a n s la Z P S P e t it e B e a u c e d e 1 9 7 9 à 2 0 0 8 : t o t a l d e s
o b s e r v a t io n s p a r m o is
25
20
15
10
5
0
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Biologie de reproduction :
« Nomade qui campe où la table est garnie » (P. Géroudet), le Hibou des marais choisit son lieu de
reproduction selon la densité et la facilité de capture des proies disponibles. Dès la fin de sa
238
première année, il est à maturité sexuelle. Les vols nuptiaux s’observent de mars à juin. Le nid
sommaire ou élaboré, est dissimulé au sol dans la végétation dense. La ponte est de 5 à 7 œufs
voire plus selon les ressources alimentaires. L’incubation dure de 24 à 27 jours. Le mâle assure le
ravitaillement, très territorial, il défend fermement son territoire contre tout intrus et peut même
attaquer l’homme. Les petits se dispersent à deux semaines et s’envolent vers cinq semaines après
l’éclosion. Exposées aux prédateurs, aux intempéries, aux hommes, les nichées connaissent de
nombreux échecs.
Régime alimentaire :
Le Hibou des marais chasse en volant lentement à très faible hauteur ou perché sur un poste de
guet. Sa nourriture est à 90% constituée par le Campagnol des champs (ou le Lemming dans le
Nord) Il s’attache en tant que spécialiste aux pullulations de ces micromammifères. S’y ajoutent le
rat, la souris et quelques insectes. Il consommerait peu d’oiseaux, peu de reptiles.
• Conservation
Le Hibou des marais est mentionné dans toutes les grandes conventions internationales :
Annexe I Directive CEE Oiseaux
Annexe II e la Convention de Berne
Annexe II de la convention de Washington
En France, comme tous les rapaces, il figure sur la liste des espèces intégralement protégées
(Article L 411-1 du code l’environnement et article 1er modifié de l’arrêté du 17/04/1981) :
Son niveau de vulnérabilité est classé « vulnérable » dans la liste des oiseaux menacés et à
surveiller en France.
Il est classé dans la catégorie « en danger » de la liste rouge du Loir-et-Cher.
Il fait aussi partie des espèces déterminantes qui permettent de classer un secteur géographique
en ZPS.
En France, depuis 1970, on a assisté à un déclin des nicheurs compris entre 20 et 50 % tandis que
la situation des hivernants est restée stable. Selon les canadiens, la population du Hibou des marais
a dramatiquement chuté à travers le monde entier. C’est le résultat d’une agriculture intensive qui se
généralise partout avec la diminution incidente des marais et zones humides.
• Menaces liées à l'activité humaine dans la ZPS
¾
Le boisement du marais faute d’entretien,
¾
La moisson peut être, mais plus précoce que les busards, il semble moins menacé,
¾
Le broyage, appliqué avant l’été, en cas de nid installé dans une jachère ou dans une friche favorable. Leur
raréfaction voire leur inexistence actuelle ne permet même plus d’envisager cette éventualité,
¾
Les rodendicides.
• Mesures envisageables dans la ZPS
¾
Préserver le marais,
¾
Créer des friches ou des jachères pérennes avec hautes herbes sèches,
¾
Restaurer les mares qui sont des points d’eau appréciés des espèces fourrages et des zones de chasse
pour le Hibou des marais,
¾
Eviter les rodendicides.
Il reste encore quelques hiboux des marais en Petite Beauce. L’existence de dortoirs
hivernaux, les passages migratoires et l’éventualité de quelques nids, ici ou là, au
printemps font qu’il importe de prendre en compte, dans la gestion de la ZPS, cette
espèce originale et rarissime dans notre pays.
François BOURDIN Loir et Cher Nature
239