theme 3 le siecle des totalitarismes
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THEME 3 LE SIECLE DES TOTALITARISMES QUESTION 2 LA FIN DES TOTALITARISMES CHAPITRE 2 LA SORTIE PROGRESSIVE DU TOTALITARISME EN URSS Définition du sujet : Tandis que l’Allemagne nazie pour laquelle la défaite de la 2nde Guerre mondiale a précipité la fin du nazisme ; au contraire, le régime soviétique sort glorifié par la victoire (notamment par la bataille de Stalingrad et la libération des camps de concentration nazis). Cette différence détermine les modalités de sortie du totalitarisme dans ce pays : un processus progressif d’épuisement interne qui s’inscrit dans le temps long. Il n’aboutit à la chute définitive du régime que dans la dernière décennie du XXème siècle. En effet, même si l’effondrement de l’URSS peu de temps après la chute du mur de Berlin donne l’impression d’une sortie brutale et rapide du totalitarisme ; celle-ci a des racines profondes. Problématique : Comment les reformes de Gorbatchev ont-elles conduit à la fin du système soviétique ? Plan de la leçon : 1. Le poids des facteurs externes 2. Les réformes de Gorbatchev remettent en question les fondements mêmes du régime soviétique. BILAN VIDEO : http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/BMVideos/vvv5.jsp?no=20 1 1. Le poids des facteurs externes A- Retard technologique de l’URSS par rapport aux EUA et au reste du mode occidental en général. A la fin des années 1970, le KGB commande une enquête confidentielle pour évaluer le PNB de l’URSS selon les critères qualitatifs occidentaux et non plus seulement en volume. Les résultats confirment le déclin de l’URSS dont l’économie est désormais dépassée par le Japon et la RFA. Au même moment (à partir de 1978), la Chine met en place les Zones Economiques Spéciales (ZES) qui fonctionnent selon les règles du capitalisme et redynamisent l’économie chinoise. La situation de l’URSS est alors inquiétante. Elle n’est plus capable de soutenir le rythme de la course aux armements. Les EUA y consacrent 8% de leur PIB, tandis que le budget militaire de l’URSS absorbe entre 15 et 20% de son PIB et alors que son économie stagne et n‘est pas en mesure de satisfaire les besoins de sa population. Malgré quelques succès ponctuels de l’URSS dans le domaine de la conquête de l’espace (Spoutnik, Bases spatiales habitées), l’URSS accumule du retard technologique dans trois domaines fondamentaux du développement à la fin du XXème siècle : l’informatique, l’espace et la biochimie. L’accident nucléaire de la centrale de Tchernobyl en 1986 est une des conséquences de ce retard technologique. C’est dans ce contexte que le Politburo porte un représentant de la « nouvelle » génération au pouvoir en la personne de M. Gorbatchev alors âgé de 54 ans en mars 1985. En effet, le Bureau Politique du PCUS compte quelques membres qui croient encore à son idéologie et qui ne supportent plus la corruption croissante à l’intérieur du Parti qui s’est accentuée pendant l’ère Brejnev. En outre, les couches éduquées et techniquement compétentes qui faisaient fonctionner le pays savaient que l’inefficacité et la rigidité du système conduirait inévitablement à son effondrement à moins d’un 2 changement drastique. L’économie soviétique en faillite n’était plus capable de répondre aux exigences d’un statut de superpuissance militaire. B- Multiplication des révoltes dans les Démocraties Populaires d’Europe orientale. Les Démocraties Populaires d’Europe de l’Est étaient devenues le point faible de l’URSS. A cet égard, la situation de la Pologne en est la plus emblématique. Le climat politique et économique s’y est dégradé à partir du début des années 1970 et dans ce pays, plus qu’ailleurs, les ouvriers, les intellectuels et les cadres de l’Eglise catholique y ont été plus solidaires et se sont rejoints à la fois sur les terrains des revendications économiques et du respect des Droits de l’Homme. Ainsi, le 23 septembre 1976, après la répression brutale des grèves ouvrières, les intellectuels fondent le Comité de Défense des Ouvriers (KOR). Au cours des mois suivants, sont créées des organisations indépendantes et des journaux ouvertement opposés aux autorités en place. Dans ce pays trois facteurs se conjuguèrent pour faire perdre toute légitimité au régime communiste : o L’opinion publique y était très largement unie par son hostilité au régime et par un nationalisme très antirusse et catholique. o L’Eglise conservait une organisation nationale indépendante. Le 2 juin 1979, le pape Jean-Paul II (polonais) génère une explosion de ferveur religieuse et d’unité nationale qui démontre le déclin du communisme. o Depuis les années 1950, la classe ouvrière avait régulièrement montré sa puissance politique par des grèves massives. A partir du milieu des années 1970, le mouvement ouvrier devint politiquement organisé (Syndicat Solidarnosc) et soutenu par de nombreux intellectuels et l’Eglise catholique. Vis- à-vis de ces formes d’opposition, le régime avait adopté une attitude de tolérance tacite. 3 Même si elle y avait atteint un niveau d’organisation moins abouti, une opposition, souvent née dans les milieux intellectuels avait également réussi à se développer en Hongrie, en Tchécoslovaquie (Cf. rôle de Vaclav Havel) et en RDA. Dans ces pays, en revanche, l’opposition a plus de mal à dépasser les milieux intellectuels qui cristallisent l’essentiel des revendications. Ainsi, en Tchécoslovaquie, 243 intellectuels publient le 1er janvier 1977, la Charte 77, exigeant le respect des Droits de l’Homme. A l’inverse de Solidarnosc en Pologne, qui est devenu un mouvement de masse sur une base syndicale et chrétienne, la Charte 77 demeure limitée aux cercles intellectuels tchécoslovaques. Cependant, dans les deux cas, Solidarnosc et la Charte 77 ont contribué de façon directe à la chute du communisme. 2. Les réformes de Gorbatchev remettent en question les fondements mêmes du régime soviétique A. Des réformes destinées à sauver le régime soviétique. Dès son arrivée au pouvoir en 1985, Gorbatchev proclame une nouvelle orientation politique de l’URSS. Sur le plan économique, ces réformes visent à assoupir le système centralisé et à accorder des marges d’autonomie aux acteurs individuels ou collectifs, comme la concession de baux à très long terme aux paysans, l’autorisation de créer des entreprises unipersonnelles ou des coopératives. Gorbatchev a conscience que le retard économique et technologique de l’URSS est dû à l’extrême centralisme de l’économie soviétique, qui empêche toute initiative individuelle. Ainsi, les entreprises ne peuvent fixer leurs objectifs de production elles-mêmes en fonction des commandes reçues, mais selon les objectifs du plan quinquennal. Glasnost (« Transparence ») Ce terme désigne la politique de libéralisation de la vie politique mise en place par M. Gorbatchev dès 1985. Elle se manifeste par l’instauration du 4 multipartisme, des élections libres, la liberté de la presse, la fin de la censure (ce qui donne alors lieu à la publication de nombreux ouvrages qui avaient jusque là été censurés comme ceux de Soljenitsyne). Des prisonniers politiques furent aussi libérés et des exilés dissidents purent rentrer dans leur pays. Cette politique approfondit la politique de déstalinisation qui avait été initiée par Khrouchtchev. Comme Khrouchtchev, Gorbatchev dénonce les crimes commis par Staline, mais cette fois il le fait publiquement. L’objectif était de moderniser l’URSS, mais aussi de faire pression sur les conservateurs du Parti opposés à la politique de restructuration économique. La Glasnost a provoqué une montée des contestations, notamment parce qu’elle est mise en place en même temps que la politique de reformes économiques (Perestroïka) qui a elle-même entraîné une grave crise économique. Perestroïka (« Restructuration ») C’est le nom donné aux reformes économiques et sociales impulsées et mises en œuvre par M. Gorbatchev en URSS d’avril 1985 à décembre 1991. Dès les années 1960, un économiste soviétique, Evsei Liberman avait averti que l’extrême centralisme de l’économie soviétique ainsi que la rigidité de la planification étaient les causes du retard de l’économie soviétique qui ne laissait aucune place aux initiatives personnelles. Gorbatchev conduit alors une série de reformes structurelles profondes : o Restitution de la terre aux paysans qui bénéficient de baux à long terme (50 ans) pour des exploitations personnelles. o Autorisation pour les particuliers de créer des entreprises unipersonnelles ou des coopératives (restaurants, salons de coiffure, petit artisanat…) o Tentative de libéralisation de l’activité économique des grandes entreprises d’Etat en responsabilisant le personnel. o Diminution du rôle du Parti à partir de 1988 5 L’objectif était de faire de l’économie soviétique une économie de marché décentralisée, mais toujours sous l’égide du PCUS afin de sauver l’URSS. B. Des résultats décevants. C’est globalement un échec. La croissance est négative en 2012 et l’inflation s’élève de +10%. L’arbitraire domine et de nombreux cadres du Parti entravent les reformes. CAUSES DE L’ECHEC : Absence de législation encadrant les réformes. Contrairement à ce qui se passe en Chine, les reformes ne s’accompagnent pas de la mise en place d’un Etat de Droit (pas de législation précise respectée par l’Etat) ni d’une législation clairement capitaliste (comme en Chine). Cette absence de législation permet à l’arbitraire des cadres du Parti de s’exprimer. Ceux-ci font tout pour entraver les réformes car ils ne veulent pas perdre leurs privilèges et leur pouvoir. En outre, le système de planification est démantelé sans qu’aucune autre structure économique de marché efficace ne soit mise en place. En fait, le problème est de nature idéologique car Gorbatchev, attaché aux valeurs du communisme, ne veut pas vraiment mettre en place des structures capitalistes, contrairement à la Chine qui met en place une législation clairement capitaliste. C’est pourquoi, les réformes mises en place par Gorbatchev semblent incomplètes. La dérive mafieuse du PCUS Les cadres du parti se transforment en « hommes d’affaires » et profitent des lacunes du droit des affaires pour s’accaparer des richesses du pays. Au même moment, l’inflation très élevée appauvrit les citoyens. 6 La crise politique Gorbatchev entre en conflit avec Boris Eltsine, ancien secrétaire du PCUS pour la région de Moscou qui exige le pluripartisme et le pluralisme dans les élections. Aux élections organisées au début des années 1990 dans les pays baltes et en Ukraine, les forces nationalistes hostiles au pouvoir central, l’emportent. Gorbatchev est alors confronté à la fois aux conservateurs qui l’accusent de vouloir liquider l’Union et aux partisans du démantèlement de l’URSS dirigés par Boris Eltsine. C. L’URSS fragilisée (Réveil des nationalismes et fin de l’Union). A partir des années 1990, Gorbatchev ne maîtrise plus les conséquences des changements qu’il a portant impulsés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieure de l’URSS. o Dans les Démocraties Populaires d’Europe orientale, il reconnaît à partir de 1989 le droit de chaque nation à décider librement de sa politique, ce qui provoque la sortie du communisme et du Pacte de Varsovie. Ainsi, au moment de la célébration des 40 ans de la RDA en 1989, Gorbatchev n’envoie pas les chars soviétiques réprimer les manifestants et quelques semaines plus tard il les laisse détruire le mur de Berlin. Un an plus tard, la RDA a disparu et l’Allemagne est réunifiée. o Gorbatchev est critiqué à la fois par les réformateurs qui veulent aller plus loin dans les reformes et par les conservateurs du Parti qui lui reprochent de mettre fin au système, ce qui lui fait perdre son soutien interne. o L’émancipation des Démocraties Populaires réveille les revendications d’indépendance dans les Républiques soviétiques. Gorbatchev n’est pas prêt à accepter le démantèlement de l’URSS. Le 21 décembre 1991, les chefs d’Etats de 11 Républiques soviétiques signent leur adhésion à la Communauté des Etats Indépendants (CEI). Gorbatchev démissionne le 25 décembre 1991. 7 CONCLUSION La fin du totalitarisme soviétique est donc le résultat d’un long processus amorcé par la politique de déstalinisation de Khrouchtchev, suivi d’une période de résistance au changement pendant le gouvernement de Brejnev. Cette ère de stagnation a accru le retard de l’URSS par rapport au monde occidental et par conséquent a amplifié la nécessité d’une reforme du système, que Gorbatchev a entreprise. Tandis qu’elles étaient destinées à sauver l’URSS de la sclérose, les réformes de Gorbatchev ont en réalité précipité le pays vers sa fin. C’est pourquoi, le souvenir de Gorbatchev est très ambivalent. Certains, surtout en dehors de l’URSS, voient en lui un libérateur, tandis que d’autres, notamment en Russie le tiennent pour le liquidateur d’une grande puissance. 8
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Analyse de deux documents en histoire
Caricature de Plantu publiée dans Le Monde, 9 décembre 1991.
En tête du cortège, on reconnaît Mikhaïl Gorbatchev, suivi par Boris Eltsine, président
de la Russie.
CORRECTION
INTRODUCTION (Présenta...