Les jeunes à la barre
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Les jeunes à la barre
Le journal des PARTENAIRES DE FRANCE ACTIVE Printemps 2014 # Numéro 01 interview Édito Entreprendre : oser se lancer Bientôt le printemps des territoires Christian SAUTTER Président de France Active P. 07 dispositif local d’accompagnement Tout savoir sur le DLA P. 06 Marie-Annick Lhotellier, créatrice d’entreprise ___ Au moment où l’Europe s’essouffle et où l’État s’épuise, tant de projets surgissent des territoires de notre pays. Par milliers, les jeunes veulent créer leur propre entreprise. Par centaines, les associations, coopératives et sociétés à but non lucratif innovent sur le terrain en créant emplois, richesses et affinités sociales. Une “alter-économie” perce dans les fissures de l’économie classique. Elle est locale et non mondiale, solidaire et non solitaire, sociale et non patrimoniale. France Active a été créée il y a vingt-six ans pour rouvrir un avenir à des personnes en difficulté d’emploi, pour accompagner et financer ces jeunes pousses territoriales. En 2013, notre réseau de proximité a permis la naissance de 5 500 entreprises individuelles et le développement de 1 063 entreprises solidaires. 36 200 emplois ont été ainsi créés ou consolidés. Nos 550 salariés et nos 2 200 bénévoles sont fiers de participer à cette belle aventure de l’économie sociale et solidaire. Christian Sautter ENTREPRENeuRIAT P. 04 Les jeunes à la barre 02 ACTIONS DE FOND ACTIONS DE FOND 03 s’engager Bpifrance Le partenariat avec France Active se poursuit France Active, avec l’appui d’OSEO puis de Bpifrance, accompagne plus de 5 000 créateurs de petites entreprises chaque année. Retour sur un partenariat qui se développe en trois dates clés. 1996 : première convention pour faciliter l’accès au financement des créateurs demandeurs d’emploi, avec la garantie d’emprunt bancaire. 2008 : a grément de France Active pour monter des prêts à la création d’entreprise (PCE) en complément de ses garanties. 2014 : élargissement de la garantie au profit de nouvelles structures (reprise de fonds de commerce, entreprise en développement, association avec une activité économique). s’investir Des valeurs communes Alain Tison Président d’Apréva Mutuelle ___ Apréva Mutuelle poursuit son engagement auprès de Picardie Active. En juin dernier, le premier organisme de protection sociale complémentaire du nord de la France lui allouait 60 000 euros. « L’enjeu est d’augmenter les fonds propres de Picardie Active, afin qu’elle aide encore davantage les créateurs d’entreprise de la région, en particulier dans le domaine médico-social, en leur garantissant des prêts bancaires », explique Alain Tison, président d’Apréva Mutuelle. IL EST ESSENTIEL DE DYNAMISER NOTRE TERRITOIRE RURAL Nadine Nadaud Présidente de Limousin Actif femmes. Elle découvre alors Limousin Actif, avant d’en accepter la présidence en 2010. « Je suis bien placée pour savoir ce que peut apporter Limousin Actif, puisque j’ai moi-même bénéficié de son accompagnement. » Aujourd’hui, elle met son expérience au service du réseau. Une démarche qui porte ses fruits : en 2013, 120 entreprises locales ont été financées, créant ainsi 178 emplois. Et, en novembre dernier, Limousin Val-d’Oise Rhône-Alpes / Paris Dans les quartiers dits “sensibles”, l’envie d’entreprendre est souvent plus forte qu’ailleurs. Tout comme les obstacles pour y parvenir. Face à ce constat, l’association Initiactive 95, membre du réseau France Active, qui accompagne et finance les porteurs de projet issus de ces quartiers, mise sur le Service d’amorçage de projet (SAP). L’objectif est de sensibiliser les habitants à l’entrepreneuriat, d’insuffler l’envie de créer “sa boîte” et de détecter les potentialités. Une quarantaine de nouveaux entrepreneurs ont ainsi pu lancer leur activité, sans compter ceux qui ont accédé à un emploi salarié ou à une formation qualifiante après leur passage auprès d’Initiactive 95 et de ses partenaires. Le 20 janvier dernier, le rôle des associations dans le développement des territoires était au centre des discussions à Lyon, avec la rencontre entre la CPCA(1) Rhône-Alpes et Rhône-Alpes Active. La forte mobilisation des 220 participants et la qualité des échanges ont témoigné de l’envie des associations et de leurs partenaires publics et privés d’agir encore plus collectivement. La participation à cette rencontre de la DRJSCS(2), de la Direccte(3) et du Conseil régional de Rhône-Alpes a enrichi la réflexion et le dialogue. Cette dynamique s’est également ressentie le lendemain à Paris, avec les rencontres nationales CPCA/ France Active, consacrées aux richesses associatives. Quand les quartiers franchissent le cap Les associations au cœur des débats (1) Conférence permanente des coordinations associatives. (2) Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale. (3) Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. En savoir plus : www.initiactive95.fr Mais le partenariat ne s’arrête pas là. En effet, un représentant d’Apréva a été nommé administrateur au sein de Picardie Active. « C’est une façon d’apporter une plus-value spécifique sur la connaissance de la protection des chefs d’entreprise et des salariés. Un aspect souvent négligé lors de la création d’entreprise », poursuit-il. EN BREF Nord-Pasde-Calais France ActiveCCAH LanguedocRoussillon La relation privilégiée entre ces deux acteurs locaux de l’Économie sociale et solidaire dure en réalité depuis dix ans. Pas-de-Calais Actif bénéficie ainsi d’une subvention annuelle de 5 000 euros. Autre exemple : en 2008, Apréva a investi pour un million d’euros dans le fonds commun de placement Insertion Emploi Dynamique de France Active, qui finance les entreprises solidaires des régions Picardie et Nord-Pas-de-Calais. « Nous partageons des valeurs communes d’humanisme et d’équité. Nos investissements sont avant tout au service de nos adhérents et bénéficiaires », conclut Alain Tison. Première enquête sur le financement de l’ESS partenariat en faveur du handicap un fonds pour les coentrepreneurs Le Comité national coordination action handicap (CCAH) et France Active s’engagent pour améliorer l’accompagnement des personnes en situation de handicap. Ce partenariat vise à développer des actions communes : prescription mutuelle d’entreprises d’accueil, cofinancement, partage de bonnes pratiques, etc. En région, les deux réseaux ont d’ores et déjà initié une collaboration dynamique. Par exemple, Lorraine Active et le CCAH ont financé des structures d’accueil et des associations du secteur du handicap. Près de 700 entrepreneurssalariés exercent au sein de coopératives d’activités et d’emploi (CAE) en LanguedocRoussillon. Pour les aider à développer leur activité, l’AIRDIE, représentant de France Active dans la région, et le collectif des CAE locales lancent CAE Performance. Ce nouveau fonds leur permet de bénéficier de prêts à taux zéro pouvant aller jusqu’à 10 000 euros pour investir ou financer leurs besoins en fonds de roulement. Cette initiative inédite a été menée en concertation avec plusieurs partenaires dont la Région Languedoc-Roussillon, la Caisse des Dépôts, la Caisse d’Épargne et le Conseil général des Pyrénées-Orientales. N°01 # PRINTEMPS 2014 ___ Lorsque Nadine Nadaud connaît pour la première fois le chômage, il y a dix ans, elle décide de donner un autre sens à sa carrière. « Depuis longtemps, je souhaitais me tourner vers l’humain et le social », confie cette ancienne directrice commerciale dans la photogravure. En 2003, elle crée l’Atelier 2N, une entreprise d’insertion dans le domaine de l’imprimerie, qui emploie 29 personnes en difficulté, en majorité des Les Chambres régionales de l’Économie sociale et solidaire (CRESS) du Nord-Pas-de-Calais, du Limousin et de Rhône-Alpes ont lancé la première enquête régionale en ligne sur le financement des entreprises solidaires. Cette étude s’est déroulée entre octobre et décembre dernier, en partenariat avec France Active. Les résultats, attendus dans le courant du premier trimestre 2014, alimenteront le débat parlementaire autour du projet de loi ESS. L’objectif de cette enquête est en effet de mieux cerner les besoins de financement des organismes de l’ESS, de comprendre leurs difficultés et leurs problématiques de développement. Ile-de-France Des créatrices sous le feu des projecteurs En Ile-de-France, 27 % des entrepreneurs sont des femmes. Un plan d’action régional prévoit qu’elles seront 40 % en 2017. Les sept créatrices d’entreprise primées en décembre 2013 lors de la troisième édition du prix Créatrices d’avenir, organisée avec Ile-de-France Active, sont le parfait exemple que les femmes ne manquent pas d’idées pour atteindre cet objectif. La preuve en est la variété de leurs initiatives : boulangerie, moto, analyse statistique pour les traitements médicaux, perruques ou sous-vêtements pour femmes atteintes de cancer, salons de beauté dans les maisons de retraite, application sur tablettes pour traiter des données de santé. L’art de décliner l’entrepreneuriat sous toutes ses formes… En savoir plus : http://creatricesdavenir-idf.franceactive.org/ Actif s’est doté d’un Fonds régional d’investissement solidaire (FRIS) de 1,25 million d’euros, destiné en particulier aux coopératives. « Il est essentiel de dynamiser notre territoire rural », assure Nadine Nadaud, qui continue de montrer l’exemple : elle a créé en famille (son fils et son mari sont à ses côtés) deux nouvelles entreprises adaptées, qui emploient 29 personnes en situation de handicap. parcours 1958 : naissance à Panazol (Haute-Vienne) 2003 : création de l’Atelier 2N, sa première entreprise d’insertion 2007 et 2009 : lancement de L’Avec 3N et de Creus’EA 2010 : présidente de Limousin Actif s’associer Donner du sens à son épargne jean-marie Parrenin Responsable de collecte d’Habitat et Humanisme Doubs ___ Habitat et Humanisme Doubs, qui agit en faveur de l’accès au logement des personnes en difficulté, et Franche-Comté Active unissent leurs efforts depuis fin 2012 pour rallier à leurs causes une partie des fonds de l’épargne salariale solidaire franc-comtoise. « Franche-Comté Active soutient l’emploi local. Notre point commun est l’insertion », rappelle Jean-Marie Parrenin. Ensemble, les deux associations vont à la rencontre des entreprises locales pour « les inciter à attribuer une partie de l’épargne de leurs salariés, d’une part, au financement des opérations d’acquisition et de rénovation des logements sociaux et, d’autre part, aux entreprises solidaires et aux emplois locaux ». On parle alors de circuits courts, puisque les fonds collectés en Franche-Comté sont réinvestis en Franche-Comté. Cette collecte commune est inédite dans la région. En un an, cinq partenariats ont été signés. Onze autres sont en instance de signature, parmi lesquels le Crédit Agricole ou Alstom. « Les entreprises que nous rencontrons sont sensibles à notre démarche et au sens donné à l’épargne salariale, qui contribue au développement économique et social de la région, explique Jean-Marie Parrenin. Mais le chemin à parcourir est encore long pour sensibiliser les salariés à cette épargne qui ne leur rapporte pas de rémunération financière. » N°01 # PRINTEMPS 2014 04 PLACE DU MARCHÉ PLACE DU MARCHÉ 05 Entrepreneuriat Les jeunes à la barre 24 % des créateurs d’entreprise ont moins de 30 ans. Près de 50 % 295 jeunes des moins de 30 ans souhaitent créer une entreprise. ont créé leur entreprise avec Cap’Jeunes de France Active. Âgés de 24 ans en moyenne, ces nouveaux entrepreneurs sont aussi bien des hommes que des femmes (49 %). Ils ont principalement créé dans les secteurs des services (46 %) et du commerce (20 %), avec un apport moyen de 5 700 euros. Ils sont de plus en plus nombreux à se rêver en entrepreneurs. Mieux : quand les jeunes se lancent, ils réussissent au moins aussi bien que leurs aînés. O boîte à outils Le Fonds de confiance Il finance jusqu’à 50 % les frais hors taxes de l’étude de faisabilité pour la création d’une entreprise solidaire (salaire du porteur de projet, frais de déplacement…). À hauteur de 20 000 euros maximum par projet, sous forme de subvention. Cap’Jeunes (réservé aux moins de 26 ans) • Accompagnement gratuit, individuel ou collectif, en amont et en aval du projet, pour faciliter l’obtention d’un prêt bancaire. • Prime de 2 000 euros pour consolider les apports personnels du créateur et faire effet levier sur les autres financements. N°01 # PRINTEMPS 2014 n l’a souvent décrite comme velléitaire, aussi prompte aux engouements excessifs qu’à une démobilisation éclair, soucieuse avant tout de confort, hermétique à la hiérarchie et aux codes comportementaux du travail… La fameuse génération Y, celle des trentenaires, serait donc étrangère aux contraintes de l’entreprise. Et que dire de la génération Z, appelée aussi génération C pour “connexion” ou “communication”, c’està-dire celle des 20-30 ans, ces purs digital natives, inaptes à distinguer réel et virtuel, forcément à mille lieues de l’esprit d’entreprendre ? Contre de tels portraits à charge, laissons parler les faits. La jeunesse, si elle peut parfois se montrer brouillée avec certaines règles du monde de l’entreprise, n’est en aucun cas fâchée avec l’entrepreneuriat. De moins en moins, d’ailleurs. « En 2002, 20 % des entreprises créées en France l’étaient par des moins de 30 ans. En 2010, cette proportion s’est élevée à 24 % », précise Sandrine Plana, directrice des études à l’Agence pour la création d’entreprises (APCE), citant l’Insee. La fibre entrepreneuriale s’exprime même encore plus tôt. Selon un sondage Ifop de février 2013, quatre collégiens et lycéens sur dix envisagent de créer un jour leur entreprise. Et certains n’attendent pas d’être majeurs pour se mettre à leur compte… Créer son entreprise pour créer son emploi Ce goût pour la création tient sans doute en partie à des facteurs économiques. La création d’entreprise apparaissant comme un paravent contre le risque de précarité. « Aujourd’hui, les moins de 30 ans représentent un quart des créateurs que nous accompagnons. Nous voulons que cette part augmente dans les années qui viennent. Parce que l’entrepreneuriat constitue l’une des réponses à l’emploi des jeunes, notamment des jeunes en situation d’exclusion sociale. Mais aussi parce que les jeunes ont beaucoup à apporter au monde de l’entreprise », explique Anne Florette, directrice générale de France Active. Parmi les grandes forces des jeunes créateurs, leur capacité d’innovation. En 2010 et 2011, les moins de 30 ans représentaient respectivement 13,8 % et 11,4 % des lauréats du concours national d’aide à la création d’entreprises innovantes, organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en partenariat avec OSEO (devenu Bpifrance en 2013). La maîtrise des outils digitaux inspire autant l’objet des entreprises que leurs modes de fonctionnement. « Nous sommes nés avec Internet, avec les réseaux sociaux, avec les réflexes et les codes du numérique. C’est d’évidence un atout que nous avons sur nos aînés », affirme Sarah Marbach, 27 ans, cogérante d’Evadésens. Elle a créé ce laboratoire cosmétique il y a deux ans à Lampertheim, près de Strasbourg, grâce au programme Cap’Jeunes de France Active. Sa première commande, d’un montant de 700 euros, la jeune entrepreneuse la doit à… Facebook. « Nous sommes très actives sur les réseaux sociaux : Twitter, Facebook, Instagram… et également très à l’aise avec ces outils qui, pour nous, n’ont quasiment aucun secret en matière d’utilisation. » 3 questions à André Renaudin Directeur général d’AG2R La Mondiale L’entrepreneuriat est l’une des réponses à l’emploi des jeunes. Ils ont beaucoup à apporter au monde de l’entreprise.” Une nouvelle manière d’entreprendre Mais au-delà de l’innovation technologique, cette génération de jeunes entrepreneurs, biberonnée aux problématiques environnementales, à la globalisation, à la diversité, est également sensible à l’innovation sociale. Recherche de nouvelles formes de coopération : fablab, entrepreneuriat culturel, entreprise solidaire… « Les jeunes ont moins de barrières mentales que leurs aînés. Ils expriment un intérêt très marqué pour les pratiques de démocratie, de limitation des écarts de salaire, de juste répartition des bénéfices, de solidarité.Tout ce qui relève de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) leur semble également très important », souligne Dominique Mentha, directrice de la section recherche-développement et professionnalisation de l’APCE. En 2011, Mohamed-Ali Boughalmi, ayant fraîchement quitté sa Tunisie natale, crée à 28 ans CATM Events, entreprise d’insertion spécia- lisée dans la location d’infrastructures événementielles. Il a pu bénéficier d’un Fonds de confiance, un dispositif France Active pour encourager le développement d’entreprises solidaires. « Pour moi qui n’ai ni formation, ni diplôme et qui, il y a peu, parlais encore mal le français, la création d’entreprise, c’est un vrai pari. Parce qu’on m’a fait confiance et accompagné, j’ai souhaité appliquer à mon entreprise des règles de solidarité et de transparence : les investissements, les rentrées et les salaires, le partage des risques et des richesses sont rendus publics », explique-t-il. Pour être souvent innovantes, les structures de jeunes créateurs ne sont pas moins performantes que la moyenne. « 78 % des entreprises que nous accompagnons passent le cap des trois ans et ce, quelles que soient les tranches d’âge des créateurs », confirme Anne Florette. Selon l’Insee, 43 % des jeunes créateurs déclarent un chiffre d’affaires annuel hors taxes de 80 000 euros ou plus ; un résultat dans la moyenne. « En revanche, les jeunes sont plus nombreux à déclarer avoir enregistré une hausse de ce chiffre d’affaires », affirme Sandrine Plana. En trois ans, le nombre de salariés des entreprises de jeunes créateurs a été multiplié par 3,5. Que faites-vous pour l’entrepreneuriat des jeunes ? Nous agissons en particulier au travers de notre Fondation, qui a engagé fin 2010 une démarche globale “Agir ensemble pour l’emploi et l’autonomie des jeunes”. Son approche repose sur quelques idées simples : l’autonomie des jeunes se prépare très en amont ; l’accès à l’emploi se construit par étapes et dans la durée ; tout est bon pour aider des jeunes à acquérir une expérience de la vie sociale et du travail. En trois ans, plus de 500 000 euros ont été versés à une trentaine de partenaires associatifs. Cet entrepreneuriat appelle-t-il des dispositifs d’accompagnement spécifiques ? De nombreux dispositifs existent. Il faut commencer par renforcer et articuler les méthodes qui fonctionnent. Les vertus des parcours hybrides devraient être mieux reconnues : l’entrepreneuriat, le travail temporaire, la mobilité internationale, l’engagement volontaire sont de bons leviers pour aider les jeunes à construire leur parcours vers l’emploi. Il faut créer le cadre qui leur permettra d’enchaîner les expériences, d’apprendre en travaillant ou en créant leur entreprise. C’est le sens de notre partenariat avec France Active. En quoi les jeunes créateurs sont-ils susceptibles de changer l’entreprise ? Un jeune qui a d’abord été créateur peut apporter beaucoup à l’entreprise : son sens de l’adaptabilité et des responsabilités. A contrario, ses aptitudes peuvent aussi déranger. Les managers ont un rôle à jouer pour l’accompagner. Cette confrontation des cultures est importante ; elle permet aux entreprises de se transformer. pour En savoir plus + www.franceactive.org POUR ALLER + LOIN N°01 # PRINTEMPS 2014 06 LA PREUVE PAR 4 FACE À LA QUESTION 07 Accompagnement Dispositif Local d’Accompagnement LE B.A.-BA du DLA Créé en 2002 par l’État et la Caisse des Dépôts et piloté par l’Avise (agence d’ingénierie et services pour entreprendre autrement), le Dispositif local d’accompagnement (DLA) aide les entreprises d’utilité sociale créatrices d’emploi à se développer. 1 POUR QUI ? Le DLA s’adresse à des entreprises d’utilité sociale qui créent et consolident des emplois : 2 POUR QUOI FAIRE ? Le DLA audite, conseille et accompagne gratuitement les entreprises d’utilité sociale pour leur permettre de : associations ; coopératives ; s tructures d’insertion par l’activité économique. Il s’agit d’entreprises volontaires, qui ont le plus souvent identifié des difficultés nécessitant un appui professionnel externe pour consolider leur projet ou pérenniser leurs emplois. Définir une stratégie Pérenniser leurs emplois 42 000 ENTREPRISes d’utilité sociale, représentant 530 000 emplois. Consolider leur situation économique et leur assise financière. Renforcer leurs compétences et leurs outils (communication, gestion…). 3 4 de développement adaptée à leur projet. Depuis 2003, ont bénéficié du DLA : COMMENT ? Le DLA est mis en œuvre par un chargé de mission départemental ou régional. Il se déroule en 4 étapes. 1 2 Accueil et orientation Diagnostic pour déterminer la pertinence de la mise en œuvre du DLA. 3 Accompagnement avec la définition d’un plan dont la mise en place implique une ou plusieurs missions de conseil réalisées par des prestataires et financées par le DLA. N°01 # PRINTEMPS 2014 pour évaluer les atouts de la structure, les pistes d’évolution, les difficultés, les orientations prioritaires et les besoins en accompagnement. 4 Suivi avec évaluation des objectifs atteints. Si besoin, un nouvel accompagnement peut être lancé. Oser entreprendre À 33 ans, Marie-Annick Lhotellier lance son entreprise de distribution de cosmétiques et de produits d’entretien écologiques à Pleurtuit, en Bretagne. Un rêve devenu réalité pour cette mère de deux enfants, grâce notamment au soutien de Bretagne Active et de sa responsable TPE, Marie Le Gall. Interview croisée. Depuis ce début d’année, vous êtes une entrepreneuse indépendante. Qu’est-ce qui vous a décidé à franchir le cap ? Marie-Annick Lhotellier : Le commerce, la vente, c’est ce que j’aime faire. Ces derniers temps, je ne m’épanouissais plus dans mon travail d’hôtesse de caisse dans un supermarché de Pleurtuit. Un jour, une amie m’a présenté Marie Presse, qui souhaitait céder son entreprise de distribution de cosmétiques et de produits d’entretien écologiques de la marque Hakawerk, après plus de vingt ans d’activité. Le projet m’a séduite, même si j’avais peur de me lancer. C’est une décision importante. du DLA au niveau national. et favoriser la création de nouveaux postes. 128 DLA sont mis en place par différentes associations locales: Fonds d’expansion, etc. les chargés de mission DLA sont appuyés par des comités locaux (collectivités, banques, réseaux associatifs…). Trouver un DLA : rendez-vous sur www.avise.org/DLA Responsable du pôle TPE chez Bretagne Active 2003 : rejoint Auvergne Active en tant que chargée de mission 2010 : devient responsable du pôle TPE de Bretagne Active, à Rennes M.-A. L. : En effet, j’ai entendu parler du Fonds de garantie à l’initiative des femmes*, que je ne connaissais pas auparavant. Après m’avoir aidée à monter un dossier, Bretagne Active m’a apporté une garantie sur mon prêt bancaire de 25 000 euros. L’accompagnement de Bretagne Active perdure-t-il une fois l’activité démarrée ? M. Le G. : Une fois la garantie bancaire accordée, nous suivons le projet durant deux années, lors de rendez-vous organisés deux fois par an ou à la simple demande du créateur d’entreprise. Si besoin, nous allons sur place pour le conseiller. Le Centre de Ressources territoriaux France Active (40 DLA), Ligues DLA Financement, confié à France de l’enseignement, BGE, Comités Active, accompagne les DLA sur les questions économiques et financières (formations, guides, outils…). Marie Le Gall Est-ce plus difficile pour une femme de créer son entreprise ? M. Le G. : Oui, indéniablement. Les femmes rencontrent davantage de freins, notamment familiaux. Marie-Annick est un exemple parfait de ces entrepreneuses qui ont un projet pertinent, mais qui ont peur de se lancer pour ne pas faire courir un risque financier à leur famille, ou par crainte de ne plus avoir assez de temps à lui consacrer. Un dispositif comme le Fonds de garantie à l’initiative des femmes les incite à tenter l’aventure et leur permet d’emprunter sans que leur conjoint ou une personne tierce ne se porte caution. AVEC QUI ? L’Avise assure l’animation Bretagne Active soutient ce projet depuis plusieurs mois. Comment se passe cet accompagnement ? Marie Le Gall : Nos premières rencontres remontent à octobre dernier. Marie-Annick Lhotellier nous a sollicités sur les conseils de son banquier et de son conseiller à la chambre de commerce et d’industrie de Saint-Malo. Nous avons longuement répondu à ses questions, échangé sur son parcours et son envie de créer sa propre activité. Nous l’avons aussi rassurée sur la viabilité de son projet. Marie-Annick Lhotellier Créatrice d’entreprise M.-A. L. : Je sais que je peux compter sur Bretagne Active dès que j’ai une question sur mon circuit de distribution, ma comptabilité ou des investissements à réaliser. C’est très précieux de se savoir accompagnée. Et je n’oublie pas que c’est grâce à eux que j’ai obtenu un prêt bancaire, sans lequel je n’aurais certainement pas pu reprendre cette activité. 1998-2002 : premières expériences dans la vente de prêt-à-porter à Saint-Malo 2007 : hôtesse de caisse à Pleurtuit Début 2014 : lance son activité de distribution de produits d’entretien et de cosmétiques écologiques * Le FGIF est destiné à toutes les femmes qui souhaitent créer, reprendre ou développer une entreprise de moins de cinq ans, quels que soient le statut professionnel ou la forme juridique et le secteur d’activité. Ce dispositif permet à l’État de garantir le prêt bancaire en se portant caution. N°01 # printemps 2014 08 LA VEILLE POUR DEMAIN vu d’ici… Les MOOC, pour se former à l’entrepreneuriat Les MOOC prennent leur envol en France. Acronyme anglais de Massive Open Online Courses (cours en ligne ouverts à tous), les MOOC sont gratuits et ouverts à tous, quel que soit le niveau d’études. Pour les créateurs d’entreprise et les demandeurs d’emploi, il s’agit d’une nouvelle opportunité de se former et de développer des compétences professionnelles. Par exemple, l’EMLYON Business School a mis sur pied un MOOC d’initiation à l’entrepreneuriat, qui s’appuie sur le partage d’expériences. Il a réuni plus de 9 000 participants et offre même la possibilité d’une certification pour bonifier son curriculum vitae. Pour ses concepteurs, ce MOOC défend l’idée d’un entrepreneuriat accessible à tous. Le CNAM propose également un cours intitulé “Du manager au leader” sur la nouvelle plate-forme numérique FUN (France Université Numérique), lancée en janvier 2014. L’École centrale de Lille, quant à elle, propose un cours sur la gestion de projets, tandis que HEC a lancé un cours consacré à l’évaluation financière de l’entreprise. vu sur le web Dans les quartiers, les créateurs d’entreprise mieux accompagnés L’Agence pour la création d’entreprises (APCE) lance www.entreprisesdesquartiers.fr. Ce nouveau site simplifie l’information aux entrepreneurs issus des quartiers, pour les aider à lever les obstacles qu’ils sont amenés à rencontrer. Ils y trouveront des conseils pour se lancer, des outils, comme le Guide pratique du créateur 2013, ou encore les bons interlocuteurs, près de chez eux, qui les accompagneront dans leur projet. pour En savoir plus + www.entreprisesdesquartiers.fr www.france-universite-numerique.fr PUBLICATIONS Pour des emplois aidés durables Vu d’ailleurs PREMIER forum européen de l’entrepreneuriat social Une entreprise sur quatre nouvellement créée en Europe serait une entreprise solidaire. Pour débattre et échanger sur ce secteur en pleine émergence, plus de 2 000 acteurs européens de l’entrepreneuriat social, dont France Active et Alsace Active, se sont réunis lors de la conférence “Entrepreneurs sociaux : prenez la parole !” les 16 et 17 janvier, à Strasbourg. À l’issue de l’événement, organisé par la Commission européenne, les participants ont lancé un appel pour inciter les acteurs publics et privés à soutenir et à promouvoir le développement de l’entrepreneuriat social. Le guide Association & emploi aidé. Dirigeant associatif, comment pérenniser votre emploi aidé ?, coréalisé par France Active, s’adresse aux associations qui souhaitent recourir à des emplois aidés. Il décrypte les bonnes questions à se poser au moment de l’embauche et explique comment faciliter la pérennisation des postes aidés, notamment les emplois d’avenir portés par le gouvernement. pour commander ce guide : www.guidescnarf.fr http://ec.europa.eu/social-entrepreneurs retrouvez le fonds territorial le plus proche de chez vous sur www.franceactive.org WALTER est une publication de FRANCE ACTIVE. Directeur de la publication : Anne Florette. Rédaction en chef : Grégoire Lechat. . Crédits photo : Contextes, Thierry Pasquet/Signature, Antoine Meyssonnier, Philippe Schuller/Signature, Conception et réalisation : Riot House Production, DR. Imprimé sur papier certifié FSC. Avec le soutien de :