Les jeunes à la barre

Transcription

Les jeunes à la barre
Le journal
des PARTENAIRES
DE FRANCE ACTIVE
Printemps 2014 # Numéro 01
interview
Édito
Entreprendre :
oser se
lancer
Bientôt
le printemps
des
territoires
Christian
SAUTTER
Président
de France Active
P. 07
dispositif local
d’accompagnement
Tout savoir
sur le DLA
P. 06
Marie-Annick Lhotellier,
créatrice d’entreprise
___ Au moment où l’Europe s’essouffle et
où l’État s’épuise, tant de projets surgissent
des territoires de notre pays. Par milliers,
les jeunes veulent créer leur propre entreprise.
Par centaines, les associations, coopératives
et sociétés à but non lucratif innovent
sur le terrain en créant emplois, richesses
et affinités sociales.
Une “alter-économie” perce dans les fissures
de l’économie classique. Elle est locale et non
mondiale, solidaire et non solitaire, sociale
et non patrimoniale.
France Active a été créée il y a vingt-six ans
pour rouvrir un avenir à des personnes
en difficulté d’emploi, pour accompagner
et financer ces jeunes pousses territoriales.
En 2013, notre réseau de proximité a permis
la naissance de 5 500 entreprises individuelles
et le développement de 1 063 entreprises
solidaires. 36 200 emplois ont été ainsi créés
ou consolidés.
Nos 550 salariés et nos 2 200 bénévoles
sont fiers de participer à cette belle aventure
de l’économie sociale et solidaire.
Christian Sautter
ENTREPRENeuRIAT P. 04
Les jeunes
à la barre
02 ACTIONS DE FOND
ACTIONS DE FOND 03
s’engager
Bpifrance
Le partenariat avec France Active se poursuit
France Active, avec l’appui d’OSEO puis de Bpifrance, accompagne plus de 5 000 créateurs de
petites entreprises chaque année. Retour sur un partenariat qui se développe en trois dates clés.
1996 : première convention pour faciliter l’accès au financement des créateurs demandeurs d’emploi,
avec la garantie d’emprunt bancaire.
2008 : a
grément de France Active pour monter des prêts à la création d’entreprise (PCE) en complément
de ses garanties.
2014 : élargissement de la garantie au profit de nouvelles structures (reprise de fonds de commerce,
entreprise en développement, association avec une activité économique).
s’investir
Des valeurs
communes
Alain Tison
Président d’Apréva Mutuelle
___ Apréva Mutuelle poursuit son engagement auprès de
Picardie Active. En juin dernier, le premier organisme de
protection sociale complémentaire du nord de la France lui
allouait 60 000 euros. « L’enjeu est d’augmenter les fonds propres
de Picardie Active, afin qu’elle aide encore davantage les créateurs
d’entreprise de la région, en particulier dans le domaine médico-social,
en leur garantissant des prêts bancaires », explique Alain Tison,
président d’Apréva Mutuelle.
IL EST
ESSENTIEL DE
DYNAMISER NOTRE
TERRITOIRE RURAL
Nadine Nadaud
Présidente de Limousin Actif
femmes. Elle découvre alors
Limousin Actif, avant d’en
accepter la présidence en 2010.
« Je suis bien placée pour savoir ce
que peut apporter Limousin Actif,
puisque j’ai moi-même bénéficié de
son accompagnement. »
Aujourd’hui, elle met son
expérience au service du réseau.
Une démarche qui porte ses
fruits : en 2013, 120 entreprises
locales ont été financées, créant
ainsi 178 emplois. Et, en
novembre dernier, Limousin
Val-d’Oise
Rhône-Alpes / Paris
Dans les quartiers dits “sensibles”, l’envie d’entreprendre est souvent plus
forte qu’ailleurs. Tout comme les obstacles pour y parvenir. Face à ce constat,
l’association Initiactive 95, membre du réseau
France Active, qui accompagne et finance les
porteurs de projet issus de ces quartiers, mise sur
le Service d’amorçage de projet (SAP). L’objectif
est de sensibiliser les habitants à l’entrepreneuriat,
d’insuffler l’envie de créer “sa boîte” et de détecter
les potentialités. Une quarantaine de nouveaux
entrepreneurs ont ainsi pu lancer leur activité, sans
compter ceux qui ont accédé à un emploi salarié
ou à une formation qualifiante après leur passage
auprès d’Initiactive 95 et de ses partenaires.
Le 20 janvier dernier, le rôle des associations dans le développement
des territoires était au centre des discussions à Lyon, avec la rencontre
entre la CPCA(1) Rhône-Alpes et Rhône-Alpes Active. La forte mobilisation des
220 participants et la qualité des échanges ont témoigné de l’envie des associations
et de leurs partenaires publics et privés d’agir encore plus collectivement.
La participation à cette rencontre de la DRJSCS(2), de la Direccte(3) et du Conseil
régional de Rhône-Alpes a enrichi la réflexion et le dialogue. Cette dynamique s’est
également ressentie
le lendemain à Paris, avec les
rencontres nationales CPCA/
France Active, consacrées
aux richesses associatives.
Quand les quartiers franchissent le cap
Les associations au cœur des débats
(1) Conférence permanente des
coordinations associatives.
(2) Direction régionale de la jeunesse,
des sports et de la cohésion sociale.
(3) Direction régionale des entreprises,
de la concurrence, de la
consommation, du travail et de l’emploi.
En savoir plus : www.initiactive95.fr
Mais le partenariat ne s’arrête pas là. En effet, un représentant
d’Apréva a été nommé administrateur au sein de Picardie
Active. « C’est une façon d’apporter une plus-value spécifique sur la
connaissance de la protection des chefs d’entreprise et des salariés.
Un aspect souvent négligé lors de la création d’entreprise », poursuit-il.
EN BREF
Nord-Pasde-Calais
France ActiveCCAH
LanguedocRoussillon
La relation privilégiée entre ces deux acteurs locaux
de l’Économie sociale et solidaire dure
en réalité depuis dix ans. Pas-de-Calais
Actif bénéficie ainsi d’une subvention
annuelle de 5 000 euros. Autre
exemple : en 2008, Apréva a
investi pour un million d’euros
dans le fonds commun de
placement Insertion Emploi
Dynamique de France Active,
qui finance les entreprises
solidaires des régions Picardie
et Nord-Pas-de-Calais.
« Nous partageons
des valeurs communes
d’humanisme
et d’équité. Nos
investissements
sont avant tout
au service de nos
adhérents et
bénéficiaires »,
conclut
Alain Tison.
Première
enquête sur
le financement
de l’ESS
partenariat
en faveur
du handicap
un fonds
pour les coentrepreneurs
Le Comité national
coordination action
handicap (CCAH) et
France Active s’engagent
pour améliorer
l’accompagnement des
personnes en situation
de handicap. Ce partenariat
vise à développer des
actions communes :
prescription mutuelle
d’entreprises d’accueil,
cofinancement, partage
de bonnes pratiques, etc.
En région, les deux réseaux
ont d’ores et déjà initié une
collaboration dynamique.
Par exemple, Lorraine Active
et le CCAH ont financé
des structures d’accueil
et des associations
du secteur du handicap.
Près de 700 entrepreneurssalariés exercent au sein
de coopératives
d’activités et d’emploi
(CAE) en LanguedocRoussillon. Pour les
aider à développer leur
activité, l’AIRDIE,
représentant de France
Active dans la région,
et le collectif des CAE
locales lancent
CAE Performance.
Ce nouveau fonds leur
permet de bénéficier
de prêts à taux zéro
pouvant aller jusqu’à
10 000 euros pour investir
ou financer leurs besoins
en fonds de roulement.
Cette initiative inédite
a été menée en
concertation avec
plusieurs partenaires
dont la Région
Languedoc-Roussillon,
la Caisse des Dépôts,
la Caisse d’Épargne
et le Conseil général des
Pyrénées-Orientales.
N°01 # PRINTEMPS 2014
___ Lorsque Nadine Nadaud
connaît pour la première fois le
chômage, il y a dix ans, elle
décide de donner un autre sens
à sa carrière. « Depuis longtemps,
je souhaitais me tourner vers
l’humain et le social », confie cette
ancienne directrice commerciale
dans la photogravure. En 2003,
elle crée l’Atelier 2N, une
entreprise d’insertion dans le
domaine de l’imprimerie, qui
emploie 29 personnes en
difficulté, en majorité des
Les Chambres régionales
de l’Économie sociale
et solidaire (CRESS)
du Nord-Pas-de-Calais,
du Limousin et de
Rhône-Alpes ont lancé
la première enquête
régionale en ligne sur
le financement des
entreprises solidaires.
Cette étude s’est
déroulée entre octobre
et décembre dernier, en
partenariat avec France
Active. Les résultats,
attendus dans le courant
du premier trimestre
2014, alimenteront
le débat parlementaire
autour du projet de loi
ESS. L’objectif de cette
enquête est en effet
de mieux cerner les
besoins de financement
des organismes de l’ESS,
de comprendre
leurs difficultés et leurs
problématiques
de développement.
Ile-de-France
Des créatrices sous le feu
des projecteurs
En Ile-de-France, 27 % des entrepreneurs sont des femmes. Un plan d’action
régional prévoit qu’elles seront 40 % en 2017. Les sept créatrices d’entreprise
primées en décembre 2013 lors de la troisième édition du prix Créatrices d’avenir,
organisée avec Ile-de-France Active, sont le parfait exemple que les femmes ne
manquent pas d’idées pour atteindre cet objectif. La preuve en est la variété de
leurs initiatives : boulangerie, moto, analyse statistique pour les traitements
médicaux, perruques ou sous-vêtements pour femmes atteintes de cancer, salons
de beauté dans les maisons de retraite, application sur tablettes pour traiter des
données de santé. L’art de décliner l’entrepreneuriat sous toutes ses formes…
En savoir plus : http://creatricesdavenir-idf.franceactive.org/
Actif s’est doté d’un Fonds
régional d’investissement
solidaire (FRIS) de 1,25 million
d’euros, destiné en particulier
aux coopératives.
« Il est essentiel de dynamiser notre
territoire rural », assure
Nadine Nadaud, qui continue
de montrer l’exemple : elle a
créé en famille (son fils et son
mari sont à ses côtés) deux
nouvelles entreprises adaptées,
qui emploient 29 personnes
en situation de handicap.
parcours
1958 : naissance à Panazol
(Haute-Vienne)
2003 : création de l’Atelier 2N,
sa première entreprise d’insertion
2007 et 2009 : lancement
de L’Avec 3N et de Creus’EA
2010 : présidente de Limousin Actif
s’associer
Donner du sens
à son épargne
jean-marie Parrenin
Responsable de collecte d’Habitat et Humanisme Doubs
___ Habitat et Humanisme Doubs, qui agit en faveur de l’accès
au logement des personnes en difficulté, et Franche-Comté
Active unissent leurs efforts depuis fin 2012 pour rallier à leurs
causes une partie des fonds de l’épargne salariale solidaire
franc-comtoise. « Franche-Comté Active soutient l’emploi local.
Notre point commun est l’insertion », rappelle Jean-Marie Parrenin.
Ensemble, les deux associations vont à la rencontre des
entreprises locales pour « les inciter à attribuer une partie de
l’épargne de leurs salariés, d’une part, au financement des opérations
d’acquisition et de rénovation des logements sociaux et, d’autre part,
aux entreprises solidaires et aux emplois locaux ». On parle alors
de circuits courts, puisque les fonds collectés en Franche-Comté
sont réinvestis en Franche-Comté.
Cette collecte commune est inédite dans la région. En un an,
cinq partenariats ont été signés. Onze autres sont en instance
de signature, parmi lesquels le Crédit Agricole ou Alstom.
« Les entreprises que nous rencontrons sont sensibles
à notre démarche et au sens donné
à l’épargne salariale, qui contribue
au développement économique
et social de la région, explique
Jean-Marie Parrenin.
Mais le chemin à parcourir
est encore long pour sensibiliser
les salariés à cette épargne
qui ne leur rapporte
pas de rémunération
financière. »
N°01 # PRINTEMPS 2014
04 PLACE DU MARCHÉ
PLACE DU MARCHÉ 05
Entrepreneuriat
Les jeunes à la barre
24 %
des créateurs d’entreprise
ont moins de 30 ans.
Près de
50 %
295 jeunes
des moins de 30 ans souhaitent
créer une entreprise.
ont créé leur entreprise avec Cap’Jeunes
de France Active.
Âgés de 24 ans en moyenne, ces
nouveaux entrepreneurs sont aussi
bien des hommes que des femmes
(49 %). Ils ont principalement créé
dans les secteurs des services (46 %)
et du commerce (20 %), avec
un apport moyen de 5 700 euros.
Ils sont de plus en plus nombreux à se rêver
en entrepreneurs. Mieux : quand les jeunes
se lancent, ils réussissent au moins aussi bien
que leurs aînés.
O
boîte à outils
Le Fonds
de confiance
Il finance jusqu’à 50 % les frais
hors taxes de l’étude de faisabilité
pour la création d’une entreprise
solidaire (salaire du porteur de
projet, frais de déplacement…).
À hauteur de 20 000 euros
maximum par projet, sous forme
de subvention.
Cap’Jeunes
(réservé aux moins
de 26 ans)
• Accompagnement gratuit,
individuel ou collectif, en amont
et en aval du projet, pour faciliter
l’obtention d’un prêt bancaire.
• Prime de 2 000 euros pour
consolider les apports personnels
du créateur et faire effet levier
sur les autres financements.
N°01 # PRINTEMPS 2014
n l’a souvent décrite comme
velléitaire, aussi prompte aux
engouements excessifs qu’à une
démobilisation éclair, soucieuse avant tout
de confort, hermétique à la hiérarchie et
aux codes comportementaux du travail…
La fameuse génération Y, celle des trentenaires, serait donc étrangère aux contraintes
de l’entreprise. Et que dire de la génération Z, appelée aussi génération C pour
“connexion” ou “communication”, c’està-dire celle des 20-30 ans, ces purs digital
natives, inaptes à distinguer réel et virtuel,
forcément à mille lieues de l’esprit d’entreprendre ?
Contre de tels portraits à charge, laissons
parler les faits. La jeunesse, si elle peut parfois se montrer brouillée avec certaines
règles du monde de l’entreprise, n’est en
aucun cas fâchée avec l’entrepreneuriat. De
moins en moins, d’ailleurs. « En 2002, 20 %
des entreprises créées en France l’étaient par
des moins de 30 ans. En 2010, cette proportion
s’est élevée à 24 % », précise Sandrine Plana,
directrice des études à l’Agence pour la
création d’entreprises (APCE), citant l’Insee.
La fibre entrepreneuriale s’exprime même
encore plus tôt. Selon un sondage Ifop de
février 2013, quatre collégiens et lycéens sur
dix envisagent de créer un jour leur entreprise. Et certains n’attendent pas d’être majeurs pour se mettre à leur compte…
Créer son entreprise
pour créer son emploi
Ce goût pour la création tient sans doute
en partie à des facteurs économiques. La
création d’entreprise apparaissant comme
un paravent contre le risque de précarité.
« Aujourd’hui, les moins de 30 ans représentent
un quart des créateurs que nous accompagnons. Nous voulons que cette part augmente
dans les années qui viennent. Parce que l’entrepreneuriat constitue l’une des réponses à l’emploi des jeunes, notamment des jeunes en situation d’exclusion sociale. Mais aussi parce que les
jeunes ont beaucoup à apporter au monde de
l’entreprise », explique Anne Florette, directrice générale de France Active.
Parmi les grandes forces des jeunes créateurs,
leur capacité d’innovation. En 2010 et 2011,
les moins de 30 ans représentaient respectivement 13,8 % et 11,4 % des lauréats
du concours national d’aide à la création
d’entreprises innovantes, organisé par le
ministère de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche en partenariat avec OSEO
(devenu Bpifrance en 2013).
La maîtrise
des outils digitaux inspire autant l’objet des
entreprises que leurs modes de fonctionnement. « Nous sommes nés avec Internet, avec
les réseaux sociaux, avec les réflexes et les
codes du numérique. C’est d’évidence un atout
que nous avons sur nos aînés », affirme Sarah
Marbach, 27 ans, cogérante d’Evadésens.
Elle a créé ce laboratoire cosmétique il y a
deux ans à Lampertheim, près de Strasbourg,
grâce au programme Cap’Jeunes de
France Active. Sa première commande, d’un
montant de 700 euros, la jeune entrepreneuse la doit à… Facebook. « Nous sommes
très actives sur les réseaux sociaux : Twitter,
Facebook, Instagram… et également très à
l’aise avec ces outils qui, pour nous, n’ont quasiment aucun secret en matière d’utilisation. »
3 questions à
André Renaudin
Directeur général d’AG2R La Mondiale
L’entrepreneuriat
est l’une des
réponses à l’emploi
des jeunes.
Ils ont beaucoup à
apporter au monde
de l’entreprise.”
Une nouvelle manière
d’entreprendre
Mais au-delà de l’innovation technologique,
cette génération de jeunes entrepreneurs,
biberonnée aux problématiques environnementales, à la globalisation, à la diversité,
est également sensible à l’innovation sociale.
Recherche de nouvelles formes de coopération : fablab, entrepreneuriat culturel, entreprise solidaire… « Les jeunes ont moins de
barrières mentales que leurs aînés. Ils expriment
un intérêt très marqué pour les pratiques de démocratie, de limitation des écarts de salaire, de
juste répartition des bénéfices, de solidarité.Tout
ce qui relève de la responsabilité sociétale des
entreprises (RSE) leur semble également très
important », souligne Dominique Mentha, directrice de la section recherche-développement et professionnalisation de l’APCE. En
2011, Mohamed-Ali Boughalmi, ayant fraîchement quitté sa Tunisie natale, crée à 28 ans
CATM Events, entreprise d’insertion spécia-
lisée dans la location d’infrastructures événementielles. Il a pu bénéficier d’un Fonds de
confiance, un dispositif France Active pour
encourager le développement d’entreprises
solidaires. « Pour moi qui n’ai ni formation, ni
diplôme et qui, il y a peu, parlais encore mal le
français, la création d’entreprise, c’est un vrai
pari. Parce qu’on m’a fait confiance et accompagné, j’ai souhaité appliquer à mon entreprise des règles de solidarité et de transparence :
les investissements, les rentrées et les salaires, le
partage des risques et des richesses sont rendus
publics », explique-t-il.
Pour être souvent innovantes, les structures de jeunes créateurs ne sont pas moins
performantes que la moyenne. « 78 % des
entreprises que nous accompagnons passent
le cap des trois ans et ce, quelles que soient
les tranches d’âge des créateurs », confirme
Anne Florette. Selon l’Insee, 43 % des
jeunes créateurs déclarent un chiffre d’affaires annuel hors taxes de 80 000 euros
ou plus ; un résultat dans la moyenne. « En
revanche, les jeunes sont plus nombreux à déclarer avoir enregistré une hausse de ce chiffre
d’affaires », affirme Sandrine Plana. En trois
ans, le nombre de salariés des entreprises
de jeunes créateurs a été multiplié par 3,5.
Que faites-vous pour l’entrepreneuriat
des jeunes ?
Nous agissons en particulier au travers de notre Fondation,
qui a engagé fin 2010 une démarche globale “Agir ensemble
pour l’emploi et l’autonomie des jeunes”. Son approche
repose sur quelques idées simples : l’autonomie des jeunes
se prépare très en amont ; l’accès à l’emploi se construit
par étapes et dans la durée ; tout est bon pour aider
des jeunes à acquérir une expérience de la vie sociale
et du travail. En trois ans, plus de 500 000 euros ont été
versés à une trentaine de partenaires associatifs.
Cet entrepreneuriat appelle-t-il des dispositifs
d’accompagnement spécifiques ?
De nombreux dispositifs existent. Il faut commencer
par renforcer et articuler les méthodes qui fonctionnent.
Les vertus des parcours hybrides devraient être mieux
reconnues : l’entrepreneuriat, le travail temporaire,
la mobilité internationale, l’engagement volontaire sont
de bons leviers pour aider les jeunes à construire
leur parcours vers l’emploi. Il faut créer le cadre qui leur
permettra d’enchaîner les expériences, d’apprendre
en travaillant ou en créant leur entreprise. C’est le sens
de notre partenariat avec France Active.
En quoi les jeunes créateurs sont-ils susceptibles
de changer l’entreprise ?
Un jeune qui a d’abord été créateur peut apporter
beaucoup à l’entreprise : son sens de l’adaptabilité
et des responsabilités. A contrario, ses aptitudes peuvent
aussi déranger. Les managers ont un rôle à jouer pour
l’accompagner. Cette confrontation des cultures est
importante ; elle permet aux entreprises de se transformer.
pour En savoir plus +
www.franceactive.org
POUR ALLER + LOIN
N°01 # PRINTEMPS 2014
06 LA PREUVE PAR 4
FACE À LA QUESTION 07
Accompagnement
Dispositif Local d’Accompagnement
LE B.A.-BA du DLA
Créé en 2002 par l’État et la Caisse des Dépôts et piloté par l’Avise (agence d’ingénierie
et services pour entreprendre autrement), le Dispositif local d’accompagnement (DLA) aide
les entreprises d’utilité sociale créatrices d’emploi à se développer.
1
POUR QUI ?
Le DLA s’adresse
à des entreprises
d’utilité sociale qui
créent et consolident
des emplois :
2
POUR QUOI FAIRE ?
Le DLA audite,
conseille et
accompagne
gratuitement
les entreprises d’utilité
sociale pour leur
permettre de :
associations ;
coopératives ;
s tructures d’insertion par l’activité
économique.
Il s’agit d’entreprises volontaires,
qui ont le plus souvent identifié des
difficultés nécessitant un appui
professionnel externe pour consolider
leur projet ou pérenniser leurs emplois.
Définir une stratégie
Pérenniser leurs emplois
42 000 ENTREPRISes d’utilité sociale,
représentant 530 000 emplois.
Consolider leur situation
économique et leur assise
financière.
Renforcer leurs compétences
et leurs outils (communication,
gestion…).
3
4
de développement adaptée
à leur projet.
Depuis 2003,
ont bénéficié du DLA :
COMMENT ?
Le DLA est mis en œuvre par un chargé
de mission départemental ou régional.
Il se déroule en 4 étapes.
1
2
Accueil et
orientation
Diagnostic
pour déterminer
la pertinence de la mise
en œuvre du DLA.
3
Accompagnement
avec la définition d’un plan dont
la mise en place implique une
ou plusieurs missions de conseil
réalisées par des prestataires
et financées par le DLA.
N°01 # PRINTEMPS 2014
pour évaluer les atouts
de la structure, les pistes
d’évolution, les difficultés,
les orientations prioritaires
et les besoins en
accompagnement.
4
Suivi
avec évaluation des objectifs
atteints. Si besoin,
un nouvel accompagnement
peut être lancé.
Oser entreprendre
À 33 ans, Marie-Annick Lhotellier lance son entreprise
de distribution de cosmétiques et de produits d’entretien
écologiques à Pleurtuit, en Bretagne. Un rêve devenu réalité
pour cette mère de deux enfants, grâce notamment
au soutien de Bretagne Active et de sa responsable TPE,
Marie Le Gall. Interview croisée.
Depuis ce début d’année, vous êtes une
entrepreneuse indépendante. Qu’est-ce
qui vous a décidé à franchir le cap ?
Marie-Annick Lhotellier : Le commerce,
la vente, c’est ce que j’aime faire. Ces derniers
temps, je ne m’épanouissais plus dans mon
travail d’hôtesse de caisse dans un supermarché
de Pleurtuit. Un jour, une amie m’a présenté
Marie Presse, qui souhaitait céder son entreprise
de distribution de cosmétiques et de produits
d’entretien écologiques de la marque Hakawerk,
après plus de vingt ans d’activité. Le projet m’a
séduite, même si j’avais peur de me lancer. C’est
une décision importante.
du DLA au niveau national.
et favoriser la création de
nouveaux postes.
128
DLA sont mis en
place par différentes
associations locales: Fonds
d’expansion, etc.
les chargés de mission DLA
sont appuyés par des
comités locaux (collectivités,
banques, réseaux associatifs…).
Trouver un DLA :
rendez-vous sur
www.avise.org/DLA
Responsable du pôle TPE
chez Bretagne Active
2003 : rejoint Auvergne Active en tant
que chargée de mission
2010 : devient responsable du pôle TPE
de Bretagne Active, à Rennes
M.-A. L. : En effet, j’ai entendu parler
du Fonds de garantie à l’initiative des femmes*,
que je ne connaissais pas auparavant.
Après m’avoir aidée à monter un dossier,
Bretagne Active m’a apporté une garantie
sur mon prêt bancaire de 25 000 euros.
L’accompagnement de Bretagne Active
perdure-t-il une fois l’activité démarrée ?
M. Le G. : Une fois la garantie bancaire
accordée, nous suivons le projet durant
deux années, lors de rendez-vous organisés
deux fois par an ou à la simple demande
du créateur d’entreprise. Si besoin, nous allons
sur place pour le conseiller.
Le Centre de Ressources
territoriaux France Active (40 DLA), Ligues
DLA Financement, confié à France de l’enseignement, BGE, Comités
Active, accompagne les DLA sur les
questions économiques et financières
(formations, guides, outils…).
Marie Le Gall
Est-ce plus difficile pour une femme
de créer son entreprise ?
M. Le G. : Oui, indéniablement. Les femmes
rencontrent davantage de freins, notamment
familiaux. Marie-Annick est un exemple parfait
de ces entrepreneuses qui ont un projet
pertinent, mais qui ont peur de se lancer pour
ne pas faire courir un risque financier à leur
famille, ou par crainte de ne plus avoir assez
de temps à lui consacrer. Un dispositif comme
le Fonds de garantie à l’initiative des femmes
les incite à tenter l’aventure et leur permet
d’emprunter sans que leur conjoint ou une
personne tierce ne se porte caution.
AVEC QUI ?
L’Avise assure l’animation
Bretagne Active soutient ce projet depuis
plusieurs mois. Comment se passe cet
accompagnement ?
Marie Le Gall : Nos premières rencontres
remontent à octobre dernier. Marie-Annick
Lhotellier nous a sollicités sur les conseils de son
banquier et de son conseiller à la chambre de
commerce et d’industrie de Saint-Malo. Nous
avons longuement répondu à ses questions,
échangé sur son parcours et son envie de créer
sa propre activité. Nous l’avons aussi rassurée
sur la viabilité de son projet.
Marie-Annick
Lhotellier
Créatrice d’entreprise
M.-A. L. : Je sais que je peux compter sur
Bretagne Active dès que j’ai une question sur
mon circuit de distribution, ma comptabilité ou
des investissements à réaliser. C’est très
précieux de se savoir accompagnée. Et je
n’oublie pas que c’est grâce à eux que
j’ai obtenu un prêt bancaire, sans
lequel je n’aurais certainement
pas pu reprendre cette activité.
1998-2002 : premières expériences
dans la vente de prêt-à-porter à Saint-Malo
2007 : hôtesse de caisse à Pleurtuit
Début 2014 : lance son activité
de distribution de produits d’entretien
et de cosmétiques écologiques
* Le FGIF est destiné à toutes les femmes
qui souhaitent créer, reprendre ou
développer une entreprise de moins
de cinq ans, quels que soient le statut
professionnel ou la forme juridique
et le secteur d’activité. Ce dispositif
permet à l’État de garantir le prêt
bancaire en se portant caution.
N°01 # printemps 2014
08
LA VEILLE
POUR DEMAIN
vu d’ici…
Les MOOC, pour se former
à l’entrepreneuriat
Les MOOC prennent leur envol en
France. Acronyme anglais de Massive
Open Online Courses (cours en ligne
ouverts à tous), les MOOC sont gratuits
et ouverts à tous, quel que soit le niveau
d’études. Pour les créateurs d’entreprise
et les demandeurs d’emploi, il s’agit
d’une nouvelle opportunité de se former
et de développer des compétences
professionnelles. Par exemple, l’EMLYON
Business School a mis sur pied un
MOOC d’initiation à l’entrepreneuriat, qui
s’appuie sur le partage d’expériences.
Il a réuni plus de 9 000 participants et offre
même la possibilité d’une certification pour bonifier son curriculum vitae. Pour ses concepteurs, ce MOOC
défend l’idée d’un entrepreneuriat accessible à tous. Le CNAM propose également un cours intitulé
“Du manager au leader” sur la nouvelle plate-forme numérique FUN (France Université Numérique), lancée
en janvier 2014. L’École centrale de Lille, quant à elle, propose un cours sur la gestion de projets, tandis
que HEC a lancé un cours consacré à l’évaluation financière de l’entreprise.
vu sur le web
Dans les quartiers,
les créateurs
d’entreprise mieux
accompagnés
L’Agence pour la création
d’entreprises (APCE) lance
www.entreprisesdesquartiers.fr.
Ce nouveau site simplifie l’information
aux entrepreneurs issus des quartiers,
pour les aider à lever les obstacles
qu’ils sont amenés à rencontrer.
Ils y trouveront des conseils pour se
lancer, des outils, comme le Guide
pratique du créateur 2013, ou encore
les bons interlocuteurs, près de chez
eux, qui les accompagneront dans
leur projet.
pour En savoir plus +
www.entreprisesdesquartiers.fr
www.france-universite-numerique.fr
PUBLICATIONS
Pour des emplois
aidés durables
Vu d’ailleurs
PREMIER forum européen
de l’entrepreneuriat social
Une entreprise sur quatre nouvellement créée en Europe serait une entreprise solidaire.
Pour débattre et échanger sur ce secteur en pleine émergence, plus de 2 000 acteurs européens
de l’entrepreneuriat social, dont France Active et Alsace Active, se sont réunis lors de la conférence
“Entrepreneurs sociaux : prenez la parole !” les 16 et 17 janvier, à Strasbourg. À l’issue de l’événement,
organisé par la Commission européenne, les participants ont lancé un appel pour inciter les acteurs
publics et privés à soutenir et à promouvoir le développement de l’entrepreneuriat social.
Le guide Association & emploi aidé.
Dirigeant associatif, comment
pérenniser votre emploi aidé ?,
coréalisé par France Active,
s’adresse aux associations qui
souhaitent recourir à des emplois
aidés. Il décrypte les bonnes
questions à se poser au moment
de l’embauche et explique comment
faciliter la pérennisation des postes
aidés, notamment les emplois
d’avenir portés par le gouvernement.
pour commander ce guide : www.guidescnarf.fr
http://ec.europa.eu/social-entrepreneurs
retrouvez le fonds territorial le plus proche de chez vous sur
www.franceactive.org
WALTER est une publication de FRANCE ACTIVE. Directeur de la publication : Anne Florette. Rédaction en chef : Grégoire Lechat.
. Crédits photo : Contextes, Thierry Pasquet/Signature, Antoine Meyssonnier, Philippe Schuller/Signature,
Conception et réalisation :
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