160811 livre numerique

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Note de veille, 16 août 2011
Le marché du livre numérique en plein essor
La révolution tant attendue du livre numérique est-elle en train de se produire ? Aux ÉtatsUnis, il se vend désormais plus de ebooks que de livres papiers. La croissance du marché est
facilitée par la baisse des prix et la diversification des supports de lecture, mais reste
cependant beaucoup plus lente en Europe.
Aux États-Unis, le livre papier est-il condamné à disparaître ? Selon l’Association des
éditeurs américains, en février 2011, les ventes de livres numériques ont dépassé les ventes de
tous les autres formats de livres 1. Entre février 2010 et février 2011, les ventes de ebooks ont
augmenté de plus de 200 %, et ont représenté 90 millions de dollars US en février 2011,
contre 440 millions pour les ventes de livres imprimés (en baisse de 25 % en un an). Si les
évolutions des ventes ne sont pas tout à fait symétriques, la tendance est en tout cas très nette,
et surtout très rapide.
Évolutions des ventes totales de livres aux États-Unis (2009-2010)
Source : Association des éditeurs américains.
1
« Popularity of Books in Digital Platforms Continues to Grow, According to AAP Publishers
February 2011 Sales Report ». Communiqué de presse AAP, 14 avril 2011,
http://www.publishers.org/press/30/
© Futuribles, Système Vigie, 16 août 2011
1
Le géant Amazon a lui aussi annoncé qu’au cours de l’année 2010, aux États-Unis, les ventes
de livres numériques sur son site Internet avaient dépassé celles de livres papier (grand format
et poche), sachant que toutes les ventes sont en hausse 2. Au cours des six premiers mois de
l’année 2011, Amazon a vendu trois fois plus de livres électroniques qu’au cours de la même
période en 2010. La boutique ebooks du site compte presque un million de références, dont
800 000 à moins de 10 dollars US, ainsi que plusieurs millions d’ouvrages gratuits (car libres
de droits d’auteur).
Les livres numériques d’Amazon peuvent être lus sur des Kindle, la tablette d’Amazon dédiée
à la lecture de livres numériques, mais aussi sur les supports Apple (iPhone, iPad, Mac...), les
PC et de nombreux smartphones.
Selon le cabinet de recherche Forrester, la boutique d’Amazon représenterait actuellement la
moitié des ventes de livres électroniques dans le monde, même si la boutique d’Apple,
iBookstore, gagne aussi des parts de marché : un an après son lancement, 100 millions de
livres y ont été vendus 3.
En 2011, selon l’Association américaine des bibliothèques, les deux tiers des bibliothèques
américaines permettent à leurs usagers de « louer » gratuitement un ebook, contre 38 % en
2008. Cette offre est plébiscitée à la fois par les lecteurs et par les bibliothécaires, pour des
questions de coût et d’espace de stockage 4.
Le site Kindle Direct Publishing permet à tout internaute de publier son propre livre
électronique et de le mettre en vente au prix de son choix 5. Un auteur américain indépendant,
John Locke, a ainsi réussi à vendre un million d’exemplaires de ses livres dans leur version
numérique en cinq mois, sans passer par un éditeur 6. Pour cela, il a volontairement fixé le
prix d’achat à 0,99 dollar US.
La pénétration des livres numériques pourrait s’accélérer au cours des prochaines années
grâce à la baisse des prix des livres et des supports. Le Kindle coûte actuellement 114 dollars
US (80 euros) dans sa version la plus basique, contre 359 dollars US en 2009. Et les livres
électroniques sont vendus en moyenne deux fois moins chers que les livres papier.
Selon une étude du Pew Research Center, en mai 2011, 12 % des adultes américains
déclaraient posséder un appareil dédié à la lecture de livres électroniques (tels que le Kindle),
contre 6 % en novembre 2010 7.
Par ailleurs, les tablettes multifonctions telles que l’iPad sont de plus en plus utilisées comme
support de lecture des livres électroniques. Si elles sont plus chères à l’achat et a priori moins
2
« Amazon now Selling more Kindle Books than Print Books ». Communiqué de presse Amazon, 19
mai 2011. http://phx.corporate-ir.net/phoenix.zhtml?c=176060&p=irolnewsArticle&ID=1565581&highlight
3
YUDU. The Rise of the Ebook. New Yor : Yudu, 2011.
http://content.yudu.com/A1sk09/EbookReport/resources/index.htm?referrerUrl=
4
« Restrictions on library e-book lending threaten access to information ». Communiqué de presse
ALA
(American
Library
Association),
14
mars
2011,
www.ala.org/ala/newspresscenter/news/pr.cfm?id=6517
5
Site Internet : https://kdp.amazon.com/self-publishing/signin
6
Voir la notice du livre : http://www.amazon.com/gp/product/B0056BMK6K
7
PURCELL Kristen. « E-reader Ownership Doubles in Six Months », 27 juin 2011,
http://pewresearch.org/pubs/2039/e-reader-ownership-doubles-tablet-adoption-grows-more-slowly
© Futuribles, Système Vigie, 16 août 2011
2
adaptées à la lecture (autonomie de la batterie plus faible, écran moins agréable...), elles ont
cependant l’avantage de ne pas être uniquement des supports de lecture.
Selon le cabinet Forrester, les lecteurs de ebooks privilégieraient de plus en plus les tablettes
de type iPad, au détriment des lecteurs de type Kindle. D’ici 2015, les premières pourraient
ainsi être deux fois plus nombreuses que les seconds. Depuis noël 2010, il se vend deux fois
plus d’iPad que de Kindle aux États-Unis.
En Grande-Bretagne, les ventes de livres électroniques ont augmenté de 20 % entre 2009 et
2010, et représentent désormais 4 % de l’ensemble des ventes de livres dans le pays.
Mais, dans les autres pays européens, le marché du livre numérique est plus balbutiant, et
l’offre souvent très limitée. Début 2011, Amazon a ouvert une boutique pour les livres
numériques en langue allemande, et se dit prêt à faire de même pour le marché français 8.
L’offre pourrait ainsi s’élargir considérablement, à condition que les éditeurs français soient
prêts à accepter les conditions d’Amazon. Ce qui n’est pas le cas pour l’instant, les éditeurs
cherchant au contraire à protéger au maximum leur secteur pour éviter qu’il ne se retrouve
confronté aux mêmes difficultés que celui de la musique. En mai 2011, le parlement a ainsi
voté une loi qui oblige les sites Internet étrangers (notamment Amazon) à respecter le prix
unique du livre en France 9. Ce choix risque de freiner les investissements d’Amazon en
France, puisque le géant considère au contraire qu’il faut « casser les prix » des livres
numériques pour faire décoller le marché 10. Actuellement, en France, les livres numériques
ne coûtent que 20 % de moins que les livres papier (50 % aux États-Unis), et représentent à
peine 1 % des ventes totales de l’édition 11.
Cécile Désaunay
Champs de veille : Sciences et techniques / Dynamiques sociales et modes de vie
Mots clefs : Édition / Multimédia
8
Voir l’interview de Jeff Bezos, président d’Amazon.com, 27 juin 2011,
http://www.idboox.com/ebook/infos-ebooks/jeff-bezos-amazon-kindle-ouvrir-en-france-est-importantpour-nous/
9
Dans le cadre de la loi sur le prix unique du livre, dite loi Lang, les éditeurs fixent le prix auxquels
leurs livres seront vendus sur le territoire français. Ils peuvent fixer un prix différent pour un livre
papier et sa version numérique. Concernant la loi sur le prix du livre numérique, voir :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=5FCE807C0F14EC072B890FAC8353D3E7.t
pdjo12v_1?cidTexte=JORFTEXT000024079563&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id
10
Voir l’interview de Xavier Garambois, PDG d’Amazon France,
http://www.lefigaro.fr/medias/2010/11/08/04002-20101108ARTFIG00436-xavier-garambois-invitedu-buzz-media-orange-le-figaro.php
11
« Pourquoi le livre numérique ne décolle pas en France ». La Tribune, 13 mars 2011,
http://www.latribune.fr/journal/edition-du-1703/technos-medias/1134208/pourquoi-le-livrenumerique-ne-decolle-pas-en-france-.html
© Futuribles, Système Vigie, 16 août 2011
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