Engagement durable pour un plan lumière cohérent
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Engagement durable pour un plan lumière cohérent
Solutions LUMIÈRE Arras Avec ses multiples places et ses nombreux bâtiments historiques, Arras est un joyau d’histoire au cœur du nord de la France. Un joyau qui commence à briller de tous ses feux, grâce à une mise en lumière cohérente et de grande ampleur. Engagement durable pour un plan lumière cohérent «C’ Le Beffroi reçoit une lumière chaude issue de 40 projecteurs 150 W. EST comme un phare au milieu d’une mer de toits… J’ai voulu en faire une flamme, un beffroi qui flambe de lumière », raconte Pierre Bideau, qui vient porter la lumière dans le nord de la France. Comme dans la plupart des cités flamandes, le beffroi d’Arras est massif, imposant, et, tel un phare en effet, il domine les bâtiments religieux. Quant à l’expression “grande flamme” choisie par le concepteur lumière, elle prendra tout son sens lors de l’inauguration, le 4 septembre 2005. Alors, pour clôturer les fêtes de la ville, l’ancien éclairage du beffroi sera éteint. Comme le veut la tradition arrageoise, un feu d’artifice embrasera l’édifice. Puis, lorsque les dernières étincelles se seront évanouies dans leur tourbillonnante chute, un nouveau dispositif entrera en action, révélant toutes les subtilités architecturales de ce bâtiment néogothique. Bilan positif à mi-parcours PHOTO BIDEAU & LIGHTEC Ce moment marquera une étape importante dans la mise en lumière ambitieuse de la ville d’Arras. La cité, en effet, forte d’un patrimoine historique remarquable, met en œuvre depuis 5 ans une refonte complète de son éclairage, public et d’illumination. Profitant de vastes travaux de réfection de la ville, tous ses quartiers bénéficient de cette amélioration. Se basant sur une étude délivrée en 1998 par la société du concepteur lumière Louis Clair, LightCibles, la ville organise en 2000 un concours pour l’attribution de la maîtrise d’œuvre pour l’ensemble des chantiers. Il est remporté par un groupement composé de Pierre Bideau S.A., Lightec, Acte et B & S. Sa mission consiste à concevoir les mises en lumière en harmonie avec l’éclairage public de sites remarquables. Pierre Bideau s’occupera des bâtiments emblématiques de la ville, comme l’hôtel de ville et le beffroi. Lightec prend en charge les places et le reste des édifices, par exemple certaines églises. Tout pour les iodures métalliques M M M « Notre but était de cibler les lieux remarquables d’Arras, de la fontaine aux places, en passant par les bâtiments historiques », indique Philippe Rapeneau, adjoint du maire délégué 32 LUX N° 233 MAI/JUIN 2005 lumière SOLUTIONS Un Poème pour Arras PHOTO COMATELEC « Un mât intemporel à la facture XVIIIe. » A partir de cette consigne de l’architecte des Bâtiments de France, Comatelec a réalisé un candélabre spécifique pour Arras. La conception de ce luminaire a été faite en collaboration avec le designer Michel Tortel. « C’est une passerelle entre l’histoire et la modernité. J’ai voulu un produit qui ne s’impose pas, qui respecte l’architecture de la place », résume ce dernier. Le mât fin et élancé laisse filer deux consoles – la première à mi-hauteur, la seconde au sommet. Y sont suspendues des lanternes à 6 faces, entièrement transparentes. La source, grâce à un réflecteur miniaturisé qui se niche dans la partie supérieure, est invisible le jour. Ce produit s’adapte aussi bien aux architectures modernes que classiques. Il peut être décliné en version console ou suspendue. MAI/JUIN 2005 Démarrés en 2001, les travaux s’achèveront en 2008. La place Victor-Hugo, la fontaine Neptune, la place AdolpheLenglet (Palais des Etats d’Artois), l’église Notre- Damedes-Ardents, la place SaintEtienne, la place d'Ipswich, la Grand Place et la cathédrale sont terminées. En septembre, rendez-vous pour l’inauguration de la mise en lumière du beffroi et de l’hôtel de ville. LUX N° 233 33 Solutions au cadre de vie et au domaine public. « Le tout de façon harmonieuse. » En termes de conception lumière, cela s’est donc traduit par l’homogénéité des sources : des lampes iodures métalliques. L’ensemble des installations présente ainsi une cohérence colorimétrique et visuelle. Ensuite, un important travail a été réalisé sur les puissances et les implantations des luminaires. L’hôtel de ville, duquel s’élance le beffroi, en est un bon exemple. « Il fallait à la fois mettre en valeur les façades et suggérer la vie dans le bâtiment », indique Pierre Bideau. Pour éclairer les façades, des sources iodures métalliques à brûleur céramique ont été installées, en applique sur les murs, ou sous forme d’encastrés de sol, au pied du bâtiment. Les températures de couleur sont de 2 500 K et 3 000 K, la puissance s’étageant entre 20 W et 100 W. A l’intérieur, 16 sources de même type, puissance 70 W et température de couleur de 4 200 K, soulignent les fenêtres de la façade sud. Pour le toit ardoisé, le choix s’est porté sur des sources à 4 000 K. Le beffroi, récemment ravalé, reçoit une lumière chaude (3 000 K) provenant de 40 projecteurs 150 W disposés sur la toiture de l’hôtel de ville et sur 7 niveaux différents. Les balcons sont éclairés par 100 projecteurs (70 W et 35 W). L’intérieur du beffroi est équipé de 7 projecteurs 70 W. PHOTO BIDEAU & LIGHTEC M M M LUMIÈRE d’études ; Monchel, installateur ; Comatelec, fabricant de luminaires... Un candélabre spécifique, « Poème », a été dessiné par le designer Michel Tortel (voir photo). Placé à 6,5 m des maisons, il est chargé d’éclairer la voirie, le trottoir et les façades. Il est équipé de 3 sources iodures métalliques (3 000 K) placées à différentes hauteurs. La plus haute, à 9 m, d’une puissance de 150 W, éclaire la voirie. Le trottoir est éclairé par une source de 35 W placée à 4,5 m. Un projecteur de 150 W fixé au mât à 5 m éclaire les façades. Au total, 48 candélabres sont implantés sur la Grand Place et la place des Héros. Mobilier multisources pour les places Tapis de lumière et tapis rouge Le péristyle qui court autour de ces places est mis en valeur à la fois directement et indirectement. « Des appareils à double émission envoient un faisceau puissant vers le haut et un filet de lumière vers le bas, explique Michel Charrance, directeur de prescription chez Comatelec. Nous créons ainsi un tapis de lumière sur le plafond, qui est renvoyé sur le sol. » Pas moins de 289 appliques iodures métalliques (3 000 K) de 100 W double émission à réflecteur ont été utilisées. Sur la place des Héros, 106 projecteurs (1) à réflecteur type 1 691 et verre correcteur L1 illuminent les pignons flamands (130 pour la Grand Place). Les deux places possèdent des esplanades qui peuvent être éclairées occasionnellement. 12 projecteurs (2) 250 W iodures métalliques (3 000 K) ont été installés. « Nous avons développé le projet en suivant les indications données par Lightec et par l’architecte des Bâtiments de France, Catherine Maroni », indique Isabelle Perche, chef de service chez ETDE. L’utilisation de sources iodures métalliques obéit aux exigences d’homogénéité fixées dès le départ. Sans doute la principale réussite de ce projet vient d’une démarche amont très importante, aussi bien politique que technique. La ville d’Arras a pu alors confier la réalisation de son plan lumière à une seule équipe, et s’engager dans la durée. Cela a donc permis aux intervenants de réaliser un travail cohérent et performant. Si bien que le projet se déroule sans accroc majeur. De cette valorisation, la ville tire bénéfice en termes d’image : en février 2005, le président de la République avait choisi Arras pour organiser le premier sommet franco-polonais. On peut penser I Maîtrise d’ouvrage : Ville d’Arras que les travaux de mise en valeur I Maîtrise d’œuvre : Bideau S.A. – Lightec engagés par la ville, dont fait partie – Acte – B & S ; ETDE – Comatelec. l’éclairage, ont pesé dans ce choix. I Installateurs : Pouchain Delec; Monchel PHOTO COMATELEC L’ensemble domine deux places emblématiques d’Arras, la place des Héros (au pied même de l’hôtel de ville) et, un peu plus loin, la Grand Place. Ces deux places, entièrement pavées, présentent une succession ininterrompue de façades de style baroque flamand. Sur tout le pour- tour, court un vaste péristyle abrité par l’avancée des bâtisses ; plus de 300 colonnes de grès soutiennent cette avancée. Ces deux places sont reliées par une courte voie, la rue de la Taillerie. Deux contraintes ont présidé à leur mise en lumière. D’abord, il fallait à la fois mettre en valeur les façades et le péristyle, et respecter les niveaux d’éclairement prescrits : 25 lux sur la voirie et les trottoirs, 20 lux sous le péristyle et sur les façades. Ensuite, le site étant classé, il fallait l’accord de la DRAC, de la DIREN et des Bâtiments de France. Les propositions de mobilier et de luminaires de la ville n’ont pas convaincu Catherine Madoni, l’architecte des Bâtiments de France. En 2003, un appel d’offre sur performance a donc été lancé pour l’équipement de ces lieux et de la place Wetz d’Amain. Catherine Madoni demandait l’utilisation « d’un matériel au dessin discret, à la facture contemporaine ou XVIIIe, et un graphisme intemporel adapté aux places ». Un groupement remporte encore une fois la mise. Il réunit ETDE, bureau 34 LUX N° 233 MAI/JUIN 2005 Les intervenants FRÉDÉRIC TOURNEUR 1. Comatelec : Projecteur « Focal ». 2. Comatelec : NEOS 3 250 W IM. I Fournisseurs : Agabekov, Comatelec, Ludec, Mazda, Philips, Simes, Targetti, Thorn