Revue de presse

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Revue de presse
De la fermeture au développement... pour qui aurait manqué un épisode
Revue de presse 2015/2016
La Fin programmée
La gestion de l'aéroport de Rouen vallée de Seine Confiée en 2010 pour une durée de 6 ans à la
SNC Lavallin par la CREA, communauté d'agglomération Rouennaise. En septembre 2014, le
déléguant annonce qu'il ne reconduira pas la Délégation de Service Public à l'issue de la période au
motif que l'aéroport présente un coût de fonctionnement trop élevé au regard du trafic qu'il génère
(3729 passagers en 2014) et que L'aéroport de Deauville, pourtant situé à une centaine de
kilomètres, présente une meilleure alternative.
La CREA devenue Métropole Rouen Normandie en 2015 marche alors main dans la main avec la
région Haute Normandie dont le Président, M,Mayer-Rossignol est aussi président du syndicat en
charge de la gestion de l'aéroport de Deauville. Sans financement et avec une réelle volonté
politique d'en finir, le sort de l'aéroport est confié à une commission ad-hoc chargée d'étudier
3scenarii pour son avenir. Maintient en l'état, déclassement en aérodrome ou fermeture.
Parallèlement, une étude est confiée à la Ste Collet consulting afin de confirmer la meilleure
option. Cette dernière consignera dans son rapport une recommandation : celle de conserver à
minima l'aéroport en l'état ou au mieux de le développer. Ce rapport ne sortira jamais du placard de
la CREA et une nouvelle étude « orientée vers la fermeture » est commandée.
La presse se fera alors écho des propos du président de le CREA affirmant que Rouen possède déjà
4 aéroports, ce dernier faisant référence à Deauville, Beauvais et bien sûr aux aéroports Parisiens.
Les moyens qui ne sont plus alloués à Rouen sont multipliés pour abonder au fonctionnement de
Deauville qui tente de prendre l'ascendant sur l'ensemble des autres plate- formes Normandes, sans
réelle concertation.
Le sort de Rouen semble fixé en ce début d'année 2015 et des réunions de travail avec les services
de la préfecture sont déjà programmées en vue de déclasser, puis de fermer le site.
Une association de défense
Face à l'urgence de la situation et conscients de la menace de fermeture qui se précise, des usagers
de l'aéroport de Rouen mais aussi de simples partisans de son maintien décident de créer une
association dont l'objectif serait de fédérer l'ensemble des acteurs favorables à cet équipement.
Dans le journal Paris-Normandie du 22/02/2015 on pouvait lire : «
Donc, comme annoncé de longue date par le président de feu la CREA, devenue Métropole Rouen
Normandie, l’aéroport de Rouen Vallée de Seine, à Boos, va fermer. Évidemment, le président
Sanchez n’a pas encore sonné officiellement le glas mais, c’est tout comme. Le syndicat mixte (51
% Métropole, 49 % CCI) de gestion de l’aéroport de Rouen n’a pas lancé d’appel d’offres en vue
d’attribuer une nouvelle délégation de service public (DSP). Ce qui signifie que la délégation
attribuée à SNC Lavallin arrivée à échéance le 28 février 2016, plus personne n’assurera la gestion
de l’aéroport passée cette date. Autant dire que le processus de fermeture est tacitement engagé. Ce
délai d’une année laisse toutefois un espoir à une poignée d’usagers réunis cet après-midi pour se
constituer en association de défense de l’Aéroport Rouennais.
L'Association des Usagers et de Partisans de l'Aéroport de Rouen (AUPAR) voit le jour le 28
Février 2015 sur l'aéroport, quelques jours seulement avant une réunion importante des services de
l'Etat (le 6 mars) et alors que la fin de la DSP est alors prévue contractuellement pour Février 2016.
L'arrivée de l'association est annoncée par voie de presse et son président annonce l'objectif :« Le
but premier était de fédérer. C’est fait. Maintenant, nous voulons assurer la défense des intérêts
moraux et matériels des usagers. Et, afin de pallier les défaillances du gestionnaire et de
l’exploitant, nous voulons être une force de proposition pour maintenir et développer cet aéroport. »
L'association entre en action
Sitôt sa mise en place, l'association s'invite dans les réunions alors déjà programmées pour
préparer la fermeture et fait valoir ses arguments. Paris-Normandie rapporte dans son édition du 19
mars 19 mars que « Les défenseurs de l’aéroport, d’un ton très satisfait ont retenu que « la
direction générale de l’aviation civile a demandé une étude complémentaire à la Métropole ».
Parallèlement, l'association dont l'argumentation s'appuie principalement sur la défense des
missions de service public de l'équipement, va s'entourer de soutiens de poids et à même de
démontrer l'importance de ses missions.
Des professeurs du CHU de Rouen mais aussi l'association Cardio-greffes haute-Normandie
apportent par voie de presse leur pierre à l'édifice. Une polémique s'installe sur le risque pour
l'Hôpital de perdre « son « aéroport comme titre 76 actu le 21 mars qui rapporte que «
Au-delà de la seule chirurgie cardiaque, d’autres transferts d’organes, prélevés à Rouen, sont
réalisés par avion. En 2014, 6 poumons, 6 cœurs, 11 foies et 2 pancréas sont partis vers d’autres
régions depuis l’aéroport. Et, en 2015, l’activité semble déjà encore plus intense, puisque pour ce
seul premier trimestre, ce sont déjà 3 poumons, 4 cœurs, 10 foies et 2 pancréas qui ont été transférés
via l’aéroport de Rouen, auxquels il faut ajouter 15 greffons cardiaques, importés d’autres régions et
implantés à Rouen. »
Alors que l'activité de cardiologie est en plein développement à Rouen, l'absence d'aéroport à
proximité porterait un coup d'arrêt à cette activité. C'est ce que souligne, chiffres à l'appui le
professeur Bessou dans le Paris-Normandie du 24 mars. Le professeur Bessou confirme que « la
fermeture de l’Aéroport Rouennais, ou même son déclassement, aurait un impact majeur sur les
prélèvements d’organes et les greffes réalisées au CHU de Rouen » et conclut sa démonstration par
l'ouverture du Training center du CHU, centre de simulation médicale appelé à recevoir dès 2016
des médecins du monde entier à Rouen en demandant si les horaires des TER, figureront sur la
plaquette ? Une manière de rappeler que Rouen se doit d'être accessible.
Toute cette argumentation est reprise par les personnels de l'aviation civile en poste à Rouen par la
voix de leur représentant syndical CGT qui ajoute une intérêt supplémentaire au maintien de
l'aéroport (PN du30/03/2015) « Il est bien évident que la ville de Rouen perdrait de son
rayonnement si les personnalités en visite étaient obligées d’aller atterrir à Deauville (si l’aéroport
est ouvert, car ils sont fermés la nuit et n’ont pas comme nous un système d’astreinte permettant les
réouvertures nocturnes ponctuelles) puis passer presque 2 h en voiture ».
Les lignes commencent à bouger
Avec cette « agitation » médiatique et en seulement deux mois d'existence, l'association semble
avoir réveillé les consciences et déjà des signes positifs apparaissent. L'aéroport qui, sans
défenseurs encaissait les mauvais coups commence à relever la tête. Dans un article de
Normandinamik du 24 Avril 2015, Christian Hérail alors président de le CCI membre du Syndicat
mixte annonce :
La CCI de Rouen défendra l’existence de l’Aéroport Rouen Vallée de Seine dont la pertinence
économique est remise en cause par la Métropole Rouen Normandie. « Nous souhaitons favoriser
son développement avec la volonté de reconsidérer cet outil d’attractivité pour notre territoire. Les
chefs d’entreprises ont besoin d’une structure de proximité pour développer leur activité », a
indiqué jeudi Christian Hérail président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Rouen et cogestionnaire avec la Métropole de l’aéroport Rouen Vallée de Seine.
Fermer ou rétrograder l’aéroport local reviendrait selon la CCI à faire de Rouen la seule des 14
nouvelles métropoles à ne pas disposer d’un aéroport de proximité. Notamment défendu par la
Région de Haute-Normandie, l’aéroport de Deauville-Normandie, situé à 90 kilomètres et à 60
minutes de Rouen en automobile, « n’est pas une solution pour notre Métropole », a insisté le
président, « que ce soit pour le développement économique ou pour le transport sanitaire »
La CCI, coupant l'herbe sous le pied de son associée devenue entre temps « Métropole Rouen
Normandie » ouvre une porte de sortie tout en pressant son président M. Sanchez toujours en
réflexion.
Le même article poursuivant :
« Il est donc clair que la CCI n’entend pas laisser la Métropole décider seule de l’avenir d’un outil
qui lui est cher... Par son entretien (250 000 € pour la CCI et 750 000 € pour la Métropole, par an),
mais cher aussi pour maintenir à Rouen une activité d’affaires qui représente 28 614 mouvements
aériens en 2014. C’est bien cet axe que la CCI souhaite développer, avec pour argument - outre les
vols sanitaires et ceux liés aux activités du CHU - qu’il semble bien compliqué pour une métropole
de ne pas disposer d’un pré où poser les jets des investisseurs qu’elle cherche à séduire. Toujours
discret, Frédéric Sanchez envisageait une décision avant l’été »
Alors que la saison estivale arrive avec son lot de vols vacances habituel, c'est au tour des
professionnels du voyage, opérateurs touristiques au départ de Rouen Vallée de Seine de faire
entendre leur point de vue (PN du 11/05/2015) :
Alors qu’il se positionnait sur la place de Rouen, Tony Lesaulnier (Rond Point Évasion) annonçait
alors son envie de « pérenniser la destination », alors même que s’ouvrait le débat sur l’avenir de
l’Aéroport Rouennais. Il se disait confiant et assuré que « cet aéroport à un avenir ». Pas pour des
lignes régulières, s’accordent les professionnels, mais pour ces vols saisonniers qui ont leur
clientèle d’habitués.
Corsicatours en est persuadé. De Porto-Vecchio, siège de l’agence de voyage, Sylvie Taras analyse
seize années d’exploitation de la ligne Rouen-Figari, destination saisonnière ouverte de mai à
septembre depuis 1999. « Et ça marche plutôt bien », constate Sylvie Taras, responsable du service
transport de l’agence. Les premières années, Corsitcatours affrétait des avions de 150 places.
Aujourd’hui, les Avro de Brussels Airlines en compte 97. Mais, pour Corsicatours, « c’est une ligne
qui roule ». Mieux : « Les réservations sont plutôt meilleures cette année », confie Sylvie Taras,
même si « cela a été long à démarrer avec ces rumeurs de fermeture qui ne nous ont pas aidés ».
Ce serait en fait le problème principal de cet aéroport avec d’une part « des gens qui ne savent
même pas qu’il existe et d’autres qui croient qu’il est fermé ».
La dernière phrase de la responsable de de Corsicatours résumant bien la situation de Rouen dont
les échos toujours « défavorables » plombent inéluctablement l'activité. C'est d'ailleurs faute de
visibilité suffisante sur la saison 2016 que cet opérateur décidera de suspendre ses vols au départ de
Rouen.
Les pistes sont étudiées et le dossier est remis régulièrement sur la table. Le 5 juin PN titre :
Aéroport de Rouen Vallée de Seine : l’activité pourrait être maintenue sous réserve d’une
participation financière des entreprises. Discutée lors d'un conseil municipal la fermeture ne semble
plus si évidente alors que les élus de l'opposition (J.F Bures) montent au créneau .
L'association maintient la pression
Elle dénonce en Novembre la gestion du dossier par la Métropole et la volonté de laisser « pourrir la
situation » (76 actu du 25/11/2015)
« Absence de concertation avec les usagers, déclarations du syndicat mixte de gestion
de l’aéroport de Rouen, que le président juge « mensongères » quant à la poursuite des
activités de l’aéroport, au-delà de la date de fin de la délégation de service public (DSP),
« immobilisme, déloyauté, travail de sape »… Alain Stéphanopoli de Comnene n’y va
pas par quatre chemins pour dénoncer une situation qu’il juge inacceptable ».
Ainsi, après l’annonce de la prolongation de la DSP, le président affirme que « non seulement
aucune étude n’a été entreprise et encore moins lancée et le contrat de DSP n’a toujours pas été
prolongé. Tout au contraire, la Métropole, persistant dans sa volonté de fermer l’aéroport, a
entrepris le démantèlement de celui-ci ».
Elle reproche toujours dans cet article de à la métropole de manoeuvrer contre l'aéroport :
En se rapprochant des autorités militaires et notamment de la Base aérienne 105 d’Évreux, pour y «
déporter les missions d’État, sanitaires et de protection civiles assurées à Rouen, puis vers la
direction générale de l’aviation civile, pour que cette administration se désengage de l’aéroport de
Rouen, en n’assumant plus, depuis celui-ci, le contrôle des espaces aériens, la protection et la
sécurité de l’aéroport », argumente le président de l’association, qui voit là des manœuvres,
conduisant à la fin programmée de l’aéroport.
De fausses annonces de baisse du trafic passagers à Rouen sont effectuées, alors qu’une
progression de plus de 50 % du trafic d’affaires est observée. Faute de recevoir
l’assurance qu’une assistance aéroportuaire lui serait fournie en 2016, le Tour opérateur
Corsicatours s’est vu contraint de renoncer à poursuivre son exploitation depuis
l’aéroport de Rouen », déplore encore Alain Stéphanopoli de Comnene.
Et reproche ses méthodes à l'exploitant soupçonné d'agir pour « couler l'équipement »
contestant du même coup le choix du délégataire dont la réputation a été entachée par diverses
affaires :
le président de l’association regrette que la Métropole de Rouen ait pu « initialement confier
l’exploitation de son aéroport à la sulfureuse SNC Lavalin, étant rappelé que la Banque
mondiale a prononcé une interdiction de marchés publics pour ladite société et ses filiales ».
La SNC Lavallin s'en défend par la voix de son responsable :
Pour l’économie de l’aéroport, on ne peut que se réjouir de la bonne santé économique de
l’exploitation. SNC-Lavalin a réussi en quelques années à diminuer par deux le déficit
d’exploitation. Depuis le début du contrat de DSP, la société a reversé près de 800 000 euros
au Syndicat mixte de l’aéroport », argumente Jérôme Arnaud.
« L’aéroport de Rouen-Boos enregistre près de 35 000 mouvements par an. Il a une vraie
vocation, différente de celle de Deauville (Calvados) ou Le Havre. C’est un aéroport où il y a
beaucoup d’activités. Pour améliorer l’équilibre financier de la structure, le syndicat mixte de
gestion travaille actuellement sur la participation économique d’une ou plusieurs entreprises
privées. C’est un gage supplémentaire de pérennisation du site », conclut le directeur
d’exploitation »
Changement de cap officiel
Le 27 janvier 2016 le Président de la métropole confie au journal Paris Normandie que :
Après avoir étudié l’hypothèse de sa fermeture, puis les conditions de son maintien, en
prolongeant notamment d’un an la délégation de service public à SNC-Lavalin, il s’avère
aujourd’hui que le syndicat mixte qu’elle forme avec la CCI peut confirmer « dans les
prochaines semaines » la poursuite d’activité du site
Une annonce officielle qui ne se fera pas trop attendre puisque le 1er mars de nombreux titres
de presse annonçaient la nouvelle, reprenant le communiqué officiel du syndicat mixte
désormais composé de la Métropole, la CCI et la Matmut, partenaire privé entrant.
Et après...
Confirmé dans sa place à Rouen, l'aéroport doit maintenant affirmer sa vocation régionale
dans un contexte où d'autres, notamment Caen et Deauville ont eu le loisir de prendre un peu
d'avance comme le souligne justement le site Normandie14 Actu :
« Dans la « bataille des airs », entre les aéroports de Normandie, celui de Deauville-SaintGatien (Calvados), continue de tirer son épingle du jeu. En 2015, avec 149 300 voyageurs, il
affiche un record de fréquentation (+ 29% par rapport à 2014), devant celui de CaenCarpiquet (Calvados), qui enregistre lui-même son propre record (129 100 voyageurs, +
12,2 %). Loin en tout cas devant les autres aéroports normands (Rouen, Le Havre et
Cherbourg), qui ne jouent pas dans la même catégorie »
Si la Métropole en plein revirement, défend finalement son aéroport, Paris Normandie titrant
le 2 mars au lendemain même de l'annonce de la relance de l'aéroport « L’aéroport Rouen
Vallée de Seine s’inscrit dans un schéma régional » et continuant :
En rejoignant le syndicat mixte de gestion de l’aéroport Rouen Vallée de Seine, la Matmut
donne un souffle nouveau à la plateforme aéroportuaire de Boos, menacée un temps de
disparaître. Avec elle, Métropole et CCI, réconciliées autour d’un même projet, reprennent
aussi la main sur l’équipement qu’elles entendent développer au sein de la grande région
normande
Le nouveau président de région, M. Morin, faisant front commun avec les élus de Caen
Deauville et Le Havre lui étant politiquement plus proches, a très vite posé les cartes du jeu
aéroportuaire Normand. Le site Tendance Ouest rapporte le 10 mars le contenu d'une réunion
organisée par M.Morin avec les 3 responsables des grandes agglomérations. Parlant de
l'aéroport de Rouen :
« il n'est pas question d'exclure ce dernier du projet de gouvernance commune des aéroports
porté à l'échelle normande »
et rapporte que « L'élu régional a cependant refusé l'hypothèse d'une réouverture de lignes
régulières touristiques à Rouen, une piste pourtant esquissée dans un communiqué de presse
par la Métropole et la CCI Seine Mer Normandie, qui conditionnent la création de lignes
régulières à l'arrivée d'exploitants privés »
Ceci confirmant que l'Association des Usagers et des Partisans de l'Aéroport de Rouen a
encore de beaux jours devant elle avec peut être cette fois une action à mener aux côtés de
ceux dont elle a combattu les idées il y a peu. Affaire à suivre donc.