Leda Papaconstantinou Vidéo August Figs at Christmas « La
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Leda Papaconstantinou Vidéo August Figs at Christmas « La
Leda Papaconstantinou Vidéo August Figs at Christmas « La cuisine en tant qu’espace organisé à l’intérieur duquel la pensée aléatoire peut évoluer. Une caméra passive enregistre le flux simultané de deux activités distinctes. Faire la cuisine et parler. La parole devient l’agent liant de la performance. » Leda Papaconstantinou August Figs at Christmas est une performance vidéo qui a été présentée pour la première fois au State Museum of Contemporary Art à l’occasion de la Biennale d’art contemporain de Thessalonique en 2015. Leda Papaconstantinou est l’une des artistes majeures – et rares – à avoir utilisé la performance en tant que moyen d’expression artistique dans les années 70 et 80 en Grèce, et elle fait partie intégrante de la scène artistique en continu depuis les années 60. En-dehors de ses performances, son oeuvre comprend des installations, vidéos et films, la peinture et la sculpture. Texte – August Figs at Christmas Ce sont des figues de mon figuier, de mon jardin. Des figues du mois d’août. La plupart ont été ramassées à terre, elles étaient tombées, elles étaient complètement mûres et étaient tombées. De celles qui poussent haut dans l’arbre, et que je n’ai pas le temps de manger, ni de partager avec les amis, les voisins. Je les ai donc ramassées en août. Je les ai mises dans le frigo, dans mon laboratoire, et il y a de cela un peu moins d’un mois, je l’ai ai retrouvées, je les avais oubliées car j’ai donné le frigo à Katerina, la femme de Louka, pour qu’ils le mettent chez eux. Les figues patientaient ainsi dans mon frigo, dans la maison, ici. Je les regardais et je réfléchissais, j’avais toujours eu envie de déshydrater des figues, mais l’hygiène de la chose m’angoissait… En ce sens que… qu’en est-il de ces figues qui sont tombées par terre, car vous savez… Hier je les ai donc sorties, je les ai mises dans une casserole, dans un petit panier métallique, j’ai mis de l’eau dans la casserole, assez peu pour que les figues ne soient pas en contact avec l’eau, un bain-marie donc. Et j’ai laissé bouillir pendant une demi-heure, dans la vapeur, et lorsqu’il m’a semblé qu’elles avaient… Parce que normalement, une demi-heure est suffisante pour détruire les bactéries, c’est ce que me disait ma mère qui était infirmière pendant la seconde guerre mondiale. Elle était infirmière à l’hôpital de Larissa. Elle me disait donc qu’en portant les choses à ébullition pendant une demi-heure, la plupart d’entre elles se stérilisent. J’ai donc bouilli les figues pendant une demi-heure et après, ça m’a semblé une bonne idée de verser du Porto sur les figues juteuses. C’est ce que j’ai fait, j’ai pris un grand verre de Porto, refermé la casserole avec son couvercle et j’ai laissé bouillir avec le Porto pendant une dizaine de minutes. Les figues ont ainsi bu le Porto. Leur goût est formidable, formidable ! Formidable, vraiment, je n’avais jamais goûté une chose pareille ! Et ce que je fais maintenant… je les farcis avec des noix. Et je pense que les noix, après deux-trois jours passés dans la chair des figues, vont s’imprégner de leur saveur et vont s’attendrir, elles seront comme fraîches. Par contre, outre le fait que je fais quelque chose que j’ai toujours eu envie d’essayer, c’est déjà Noël parce ce qu’aujourd’hui c’est vendredi. Non ! C’est samedi, le 22 décembre 2012! Donc, un jour avant la fin du monde, mais bon, ça, ce n’est pas réel! Ne pensez pas que c’est réel, ça ne l’est pas! Donc c’est la fin du monde… Et parce que c’est la fin du monde, moi je prépare ces formidables figues aux noix, des noix de Chine – non, ce sont des noix d’Inde. Je n’avais jamais même pensé qu’ils ont des noix en Inde. Et bien sûr il y a ce film que j’ai réalisé, où je marche entre les tombes des indiens, la tombe de l’indien, superbe film. Là où j’avais marché, c’était le cimetière des soldats indiens de la première ou de la seconde Guerre Mondiale – je ne sais plus très bien – à Thessalonique. Au final, voilà comment les choses se lient entre elles, pour vous prouver que rien n’est ce que nous pensons être. N’est-ce-pas ? On pourrait dire qu’avec la fin du monde, quoi ? C’est à dire qui peut dire qu’est-ce que ce sera, comment ça sera ? Comment sera le jour suivant la fin du monde ? On ne sait rien ! On sait bien sûr que nous sommes en contradiction totale avec un grand, un très grand groupe de personnes. Non, pas un groupe, plutôt une portion de gens dans le monde, nous sommes contre le fascisme et contre la xénophobie. Et contre le fait de brutaliser des indiens pour le plaisir car c’est tout ce qui leur reste pour se considérer comme des êtres humains, la démonstration de force sur l’autre, passer à tabac. Comme me le disait mon père, qui avait fait de la prison et avait lui aussi été tabassé, c’est l’acte le plus indécent que peut commettre l’homme sur l’homme, cette affirmation de supériorité dont use l’aube dorée. Maintenant imagines, tu te réveilles le matin à 6 heures, tu as mal dormi, mais ça n’a pas d’importance. Tu te réveilles quand même et tu te dis « Ahhh », c’est une nouvelle journée ! Et tu regardes le soleil qui brille et l’aube est dorée… Est-il possible d’associer cela à ces quelques tondus, rasés ? Ceux même qui ont fréquenté je ne sais combien de salles de sport pour développer leur masse et qui ont mangé des centaines d’anabolisants pour avoir ces muscles de gros ? Pour leurs gros corps, parce que la plupart sont gros ! Moi je n’ai aucun problème avec les gros ! Ok ? Aucun ! J’ai plein d’amis et d’amies qui sont gros, je n’ai aucun problème ! Alors imagines que ceux là passent à tabac un pauvre gaillard qu’on a presque jamais vu, presque jamais, hein ! Et ils considèrent que ça a quelque chose à voir avec ce magnifique phénomène naturel qu’est l’aube du soleil… Je ne sais plus comment j’en suis arrivée là… Je veux vous présenter ce superbe plat, avec des figues de mon figuier, des figues du mois d’août, oubliées par l’arbre luimême… Plus tard, dans le frigo, et peu avant, il y a 24 heures, cuisinées avec du vin dans ma cuisine. Un cadeau pour tous, de moi, pour tous, pour ce Noël, pour le 25 décembre 2012.