Papa, j`ai besoin de toi

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Papa, j`ai besoin de toi
Papa, j’ai besoin de toi
Le guide du père pour aider bébé
à développer son intelligence
Initiative pour l'engagement paternel–Réseau ontarien
Copyright 2008
i n t r o d u c t i o n
Avez-vous remarqué comme c'est actuellement en vogue de parler du
développement de la petite enfance?
On nous montre à la télé des images extraordinaires de l'activité du
cerveau. Les journaux claironnent les dernières découvertes au sujet des
divers facteurs et expériences qui favorisent le développement du
cerveau chez les tout-petits. Les experts répètent: «Ce qu’on apprend
jeune restera pour la vie».
Les entreprises offrent aux parents nombre de produits et de programmes
qui sont censés favoriser le développement du cerveau. Elles désirent
nous vendre des DC pour l'apprentissage de la langue chez les tout-petits,
des jeux d'activités truffés de gadgets «stimulants», ou des vidéos qui
prétendent stimuler le développement du cerveau. On se sert de noms
comme «Brainy Baby», «Bébé Einstein» et «Bright Tots».
C'est vrai que la petite enfance est un stade très important pour la
croissance du cerveau et pour d'autres aspects du développement de
l'enfant. Mais une grande partie de ce que nous entendons est du
battage publicitaire. Si vous ne retenez qu'une seule chose de ce livret,
que ce soit celle-ci: ce qu'il faut vraiment à votre bébé et à son cerveau
en voie de développement, c'est vous-même – les soins et l'interaction
que vous lui apportez – et non des produits spécialisés.
Si vous êtes en train de lire ce texte, vous avez déjà tout ce qu'il faut
pour réussir à aider votre enfant à grandir et à apprendre. Vous n'avez
nul besoin d'être un expert. Les pères ont beaucoup à offrir à leurs
enfants. Et nous avons tous beaucoup à apprendre de nos jeunes.
Ce livret vous aidera à démêler toutes les idées que vous entendrez au
sujet du développement du cerveau dans la petite enfance et il vous
aidera aussi à comprendre le rôle que vous pouvez jouer pour favoriser
le développement de votre enfant. Ne vous inquiétez pas, c'est plus
simple que vous ne le croyez.
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Papa, j'ai besoin de toi
Le guide du père pour aider bébé
à développer son intelligence
Table des matières
Chapitre premier
Le cerveau de votre bébé, une merveille
L'essentiel sur le cerveau de votre bébé; l'importance du toucher et des
autres sens dans le développement du cerveau des bébés; les connexions
cérébrales et leur développement; pourquoi les papas sont importants;
dix données importantes au sujet du développement du cerveau.
Chapitre deuxième
L'interrelation père-enfant
Le rôle des premières relations dans le développement du cerveau;
comment les pères et les bébés créent des liens; les papas et les mamans;
suggestions pour rejoindre de jeunes enfants à divers âges.
Chapitre troisième
L'importance de l’engagement paternel dans les soins quotidiens
Pourquoi c'est important que les pères participent aux soins du bébé; le
lien entre les soins quotidiens et le développement du cerveau; les
différences entre les mères et les pères.
Chapitre quatrième
Comment appuyer le développement des émotions chez votre enfant
Savoir réconforter les bébés; comment les bébés vivent leurs émotions
et apprennent à les connaître; le développement émotif diffère d'un
enfant à l'autre; les crises; le lien entre l'émotion et l'apprentissage.
Chapitre cinquième
Comment favoriser le développement du cerveau en jouant
L'importance du temps au plancher; le rôle du père dans le jeu; le jeu
développe le cerveau de cinq façons; diverses façons pour les pères de
s'impliquer.
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c h a p i t r e
p r e m i e r
Le cerveau de votre bébé,
une merveille
Jamal regarde le petit bébé qui repose dans ses bras. La petite Miriam
semble satisfaite pour le moment, mais son corps bouge constamment.
Ses jambes frappent l'air, ses bras s'agitent et ses yeux regardent de tous
les côtés. «Elle est si petite et absolument sans défense,» se dit Jamal. Il
tend le bras et prend une petite main entre son pouce et son index. Elle
lui enserre le doigt. «Bonjour ma petite, dit-il. Je suis ton papa. Ton
papa te parle.» Elle tourne la tête vers lui une seconde, puis elle regarde
ailleurs. On dirait qu'elle veut tout voir en même temps. «Je donnerais
n'importe quoi pour savoir ce qui se passe dans cette petite tête,» pense
Jamal.
En fait, il se passe des tas de choses dans la petite tête de Miriam.
Le jour de sa naissance, la tête de Miriam était deux fois plus petite que
celle de son papa. Mais le cerveau à l'intérieur de cette tête était encore
plus petit – environ un quart de celui de Jamal.
Ce cerveau minuscule, et toutes les petites cellules et connexions qu'il
renferme, va grandir beaucoup au cours des premières années de la vie.
Quand Miriam aura ses cinq ans, son cerveau aura atteint 90 pour cent
de sa taille adulte.
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Mais, à ce moment-ci, son cerveau et sa capacité de réfléchir et de faire
bouger son corps ne sont pas très développés. C'est une des différences
des humains avec les animaux. Les bébés poissons naissent en nageant.
Les veaux et les poulains peuvent se tenir debout très peu de temps
après leur naissance. À peine quelques jours après leur naissance,
certains animaux sauvages doivent être capables de courir avec le
troupeau. La fille de Jamal ne pourra pas marcher avant presque un an.
D'autres habiletés fondamentales comme parler en phrases complètes
ou se nourrir viendront un peu plus tard.
C'est ainsi parce que la plupart des animaux naissent avec des cerveaux
presque complètement formés, alors qu'une grande partie de la
croissance du cerveau des humains a lieu après la naissance. Dans la
petite enfance, le cerveau humain reçoit donc ce qu'il faut pour grandir,
«en dehors de l'utérus». Des expériences comme être tenu, cajolé,
nourri, entendre les chansons qu'on lui chante et participer à des jeux
aident l'enfant non seulement à survivre et à se sentir en sécurité, mais
aident aussi son cerveau à créer les connexions qui lui permettront de
fonctionner correctement et efficacement. Nous ne voulons pas parler
de faire des choses hors de l'ordinaire ou spéciales, mais simplement du
genre d'interaction et de stimulation qui ont lieu couramment quand
les parents prennent soin de leurs bébés et en tirent du plaisir.
Jamal nourrit des espoirs pour sa fille. Il espère qu'ils auront une
relation spéciale. Il voudrait que Miriam soit une personne honnête et
généreuse qui s'entend bien avec les autres. Il espère qu'elle réussira bien
à l'école. Il se demande si elle trouvera un sport ou une activité
artistique qui lui plaira et où elle excellera.
Jamal aimerait participer à l'éducation de sa fille. C'est un comptable et
il anticipe le jour où il pourra aider Miriam à faire ses mathématiques.
C'est un amateur de cyclotourisme et il se voit déjà en train de montrer
à Miriam comment monter à vélo. Il se demande: «Quand donc sera-telle capable d'apprendre des choses de moi?»
Jamal ne s'en rend pas encore compte, mais sa fille apprend déjà de lui.
De simples situations comme reposer dans les bras de son papa,
ressentir la chaleur de son corps, entendre sa voix et son battement de
cœur, envoient beaucoup d'informations au cerveau de Miriam. Cela
ne ressemble pas à de l'apprentissage, mais c'en est.
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Les connexions cérébrales et leur développement
Une des choses que le cerveau fait en grandissant est de former diverses
connexions. Ces connexions cérébrales sont les réseaux de nerfs dont le
cerveau se sert pour gérer les informations et les expériences et pour
envoyer et recevoir des signaux des divers systèmes du corps. Elles nous
permettent de gérer les diverses situations auxquelles nous devons faire
face, y compris les divers apprentissages et les relations avec les gens. Le
cerveau continue à faire croître et à ajuster ces connexions au cours de
l'enfance et même dans l'âge adulte.
Les connexions cérébrales les plus développées chez Miriam à ce
moment-ci sont celles qui ont trait à ses sens – le toucher, la vue, l'ouïe,
l'odorat et le goût. Son cerveau doit développer des façons d'assimiler
et de gérer les renseignements apportés par les sens, avant de pouvoir
développer les formes plus sophistiquées de la pensée nécessaires pour
parler, pour lire ou pour résoudre des problèmes.
Être avec papa et maman est donc exactement ce dont Miriam a le plus
besoin à ce moment-ci.
Jamal et sa femme ne peuvent pas contrôler tous les aspects du
développement de Miriam. Elle est née avec un ensemble
impressionnant de gènes, environ 24,000 dans chaque cellule de son
corps. La moitié de ses gènes proviennent de sa mère et l'autre moitié
de son père, et ils auront une forte influence sur ce qu'elle deviendra.
Ses gènes vont affecter certaines caractéristiques, telles la couleur de ses
yeux et de ses cheveux, sa hauteur, si elle sera timide ou extrovertie, les
habiletés et compétences qu'elle pourra développer, et même si elle sera
sujette à certaines maladies.
Mais les gènes ne décident pas de tout. Tous les éléments du milieu où
grandit un enfant – sa famille, son école, ses amis, ses expériences
d'enfance – contribueront à former la sorte de personne qu'elle
deviendra. C'est du connu. Mais, chose fascinante, les chercheurs ont
découvert au cours des dernières années que, en fait, l'expérience de
vie, surtout celle de la petite enfance, influence le fonctionnement des
gènes.
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Par exemple, les personnes qui naissent avec un certain gène courent un
plus grand risque de connaître une dépression en tant qu'adultes. Mais
des chercheurs ont découvert que si les personnes porteuses de ce gène
reçoivent de l'affection et de bons soins parentaux, le gène fonctionnera
différemment et elles ne développeront pas de dépression.
Vous trouvez ça intimidant? Peut-être croyez-vous que chaque fois que
vous faites quelque chose avec votre bébé, il faudrait que ce soit fait
parfaitement, car l'avenir de sa santé et de son intelligence est en danger?
N'exagérons pas. Les difficultés réelles dans le développement du
cerveau apparaissent quand des enfants naissent avec des difficultés
physiologiques ou s'ils sont privés de soins et d'interaction avec leurs
parents. Les expériences les plus importantes pour le développement du
cerveau du bébé sont bien ordinaires: être porté, nourri, lavé, changé de
couche; faire des coucous, faire une marche en porte-bébé ou en
poussette, ou bien se faire dire par les gens: «Allô, cocotte. Quel beau
bébé tu es!»
Jamal visionne en ligne un catalogue de jouets. «Il y a tellement de
superbes jouets d'enfants de nos jours, dit-il. Ils promettent tous d'aider
le développement du cerveau d'une façon ou d'une autre. Comment estce que je sais lequel choisir?»
Les jouets, les livres, les gadgets spécialisés et les activités d'apprentissage
structurées comme la gymnastique pour bambins ou la musique pour
les enfants préscolaires sont une source d'expériences agréables et
enrichissantes. Mais les jouets de luxe, les vidéos et les mobiles à
conception spéciale ne sont pas ce qui compte vraiment pour le
développement du cerveau de bébé. Les cerveaux des bébés sont
particulièrement bien conçus pour capter de l'information à partir de
personnes. Il n'y a rien de plus important pour un jeune enfant que
d'être avec des parents ou gardes d’enfants affectueux et dévoués.
Pourquoi les papas sont importants
Dans le passé, on considérait que prendre soin des enfants était surtout
le travail des mères. C'est certain que les mères ont un rôle crucial à
jouer lors de la petite enfance. Mais les pères aussi sont importants –
surtout dans le monde actuel, où la plupart des femmes travaillent à
l'extérieur du foyer et où les pères doivent nécessairement prendre une
plus grande part du travail parental quotidien.
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Pensez-y bien. N'est-il pas préférable, quand c'est possible, d'avoir
plusieurs personnes aptes à prendre soin du tout-petit? N'importe lequel
parent sera probablement meilleur s'il a l'appui d'un partenaire sur
lequel il peut compter pour faire sa part. La plupart des mères
d'aujourd'hui ne bénéficient pas du réseau de grands-mères, de sœurs et
d'amies qui, dans le passé, apportaient leur appui à son rôle maternel. Il
faut maintenant que les pères fournissent une bonne part de ce soutien
essentiel.
Ce n'est donc pas une surprise de constater que des études reconnaissent
aujourd'hui diverses façons où l'engagement paternel est bienfaisant
pour les enfants. Par exemple, l'engagement paternel a été mis en
relation avec une meilleure santé mentale, avec une meilleure capacité
de résister au stress, aux déceptions et aux frustrations, et même avec de
meilleures réussites scolaires.
Les enfants peuvent réussir à bien s'en sortir dans une grande diversité
de structures et de circonstances familiales. Il reste toutefois que
l'engagement actif d'un père dévoué offre aux enfants une source riche
et sans pareille de la sorte de soins, d'interactions et de stimulations qui
sont nécessaires au développement de jeunes cerveaux.
En résumé
À bien des égards, le développement du cerveau des enfants est une
chose complexe. Les scientifiques commencent seulement à comprendre
ce qui se passe «dans cette petite tête». Nous en savons toutefois assez
pour comprendre que les principales façons dont les pères et les mères
contribuent au développement des tout-petits sont relativement simples.
L'élément clef est l'interaction et les soins nourriciers qui ont lieu
pendant la vie de tous les jours, alors que nous nous occupons de nos
enfants, que nous les réconfortons, que nous jouons avec eux.
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Dix données intéressantes
sur le développement du cerveau
• Le cerveau peut envoyer des signaux à diverses parties du corps à une
vitesse de 200 milles à l'heure.
• Normalement, le cerveau d'un bébé arrive tout fin prêt à établir les
connexions qui lui permettront de gérer presque toutes les situations
auxquelles il a normalement à faire face.
• Tout dans le milieu d'un bébé contribue au développement de son
cerveau d'une façon ou d'une autre – le son, la lumière, le toucher, la
voix et l'odeur d'un parent, les variations de température, même les
sensations de faim ou de douleur.
• À la naissance, la faculté de voir d'un bébé n'est pas pleinement
développée. Un bébé voit mieux les objets qui sont de 10 à 18 pouces
de lui, ce qui correspond à la distance entre son visage et le vôtre
quand vous le tenez dans vos bras.
• Des études ont démontré que le chant attire l'attention d'un bébé plus
que le font des paroles normales.
• Vers l'âge de trois mois, la plupart des bébés vont faire un son ou un
geste et attendre votre réaction. C'est la première étape vers une
conversation en règle.
• Une étude récente n'a constaté aucun avantage au visionnement de
vidéos visant à «développer» l'intelligence des bébés. De fait, les bébés
qui ne regardaient pas de vidéos ont développé leur langage un peu
plus tôt que les bébés qui regardaient des vidéos ou la télévision.
• Vers l'âge de huit mois, un bébé va chercher à trouver un jouet que
vous cachez derrière votre dos. Un bébé plus jeune ne fera pas cela, car
il ne peut pas garder à l'esprit l'image d'un objet sans le voir.
• À l'âge de trois ans, le cerveau d'un enfant a deux fois plus de
connexions que le cerveau d'un adulte. Une partie primordiale du
développement du cerveau au cours de l'enfance est de se débarrasser
des connexions dont le cerveau n'a pas besoin.
• Le développement du cerveau d'un enfant se poursuit jusqu'au début
de l'âge adulte.
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c h a p i t r e
d e u x i è m e
L'interrelation père-enfant
À peu près tout ce que vous voudriez accomplir comme parent se
rattache à la relation que vous avez avec votre enfant. Si vous désirez
encourager de bons comportements et de bons jugements chez votre
enfant, lui apprendre certaines habiletés ou lui transmettre de bonnes
valeurs, vous n'irez pas bien loin si vous et votre enfant n'avez pas un
lien privilégié.
Et savez-vous quoi? Des études démontrent que les relations des toutpetits, surtout celles avec leurs parents, jouent un rôle très important
dans le développement du cerveau lors de la première enfance. Les petits
cerveaux ont besoin de pouvoir interagir avec les personnes et le monde
qui les entourent. Et ils le font bien mieux avec les personnes qu'ils
aiment, en qui ils ont confiance, sur qui ils peuvent compter.
L'établissement d'une relation commence dès que votre enfant devient
bien réel pour vous. Certains pères disent ressentir un lien avec leur
enfant dès avant sa naissance. Toutefois, pour forger une vraie relation,
les pères et les enfants doivent apprendre à se connaître, et, pour cela, il
faut du temps et des contacts. Rappelez-vous que les premières
connexions cérébrales à se former sont celles qui concernent les sens. Le
toucher est particulièrement important, pas seulement pour les petits,
mais aussi pour les parents. Une raison pour laquelle les mères créent si
rapidement des liens avec leurs bébés est qu'elles touchent et tiennent
leurs enfants plus souvent que les pères. Tout ce que vous faites qui vous
permet de toucher votre bébé, le changer de couche, par exemple, vous
aidera à apprendre à vous connaître tous les deux.
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Au tout début
«Avant la naissance de Gabriel, je me sentais très mal à l'aise auprès
d'un bébé. Jamais je n'aurais voulu prendre le bébé d'un autre dans mes
bras. La première fois que j'ai pris Gabriel, je ne voulais pas me servir
seulement de mes mains et de mes bras. Je me suis aussi servi de mon
corps. Je fus surpris que cela devienne tout naturel en un rien de temps.
Ordinairement, je tenais Gabriel à peu près comme un ballon de
football. Il était couché le long de mon bras, la joue sur mon avant-bras,
le visage tourné vers l'extérieur. J'avais une main entre ses jambes et
l'autre sous son dos. Très souvent, mon autre main entourait en quelque
sorte son visage et il suçait un de mes doigts. Il semblait vraiment aimer
avoir ma main sur sa joue.»
Trouver la meilleure façon de tenir son bébé est aussi important pour
Justin que pour le petit Gabriel. La création de liens dépend autant de la
façon que vous apprenez à être avec votre bébé, que de sa façon à lui de
s'attacher à vous.
Les papas et les mamans
Les pères sont tout à fait capables de faire la plupart des choses que les
mères font avec les bébés et les enfants, mais les mères et les pères sont
différents, surtout au début de leur carrière de parent. Les mères ont
quand même une bonne longueur d'avance, la grossesse, la naissance et
l'allaitement favorisant l'établissement d'une relation physiologique
entre les mères et leurs bébés. Les mères passent ensuite plus de temps
avec les bébés. Elles acquièrent ainsi des habiletés dans les soins du bébé
plus vite et deviennent ainsi celles qui prennent les décisions au sujet de
l'enfant. Les nouveaux pères qui veulent établir une relation avec leurs
petits et développer leurs habiletés parentales ont donc du rattrapage à
faire.
Autrefois, cela était sans conséquence, car c'était surtout les femmes qui
s'occupaient des enfants. Mais, aujourd'hui, la plupart des pères veulent
participer aux soins de leurs enfants et, dans les familles qui comptent
un père et une mère, l'engagement de leur conjoint est pour les femmes
un besoin et une attente. C'est là une bonne chose pour les hommes,
mais le partage du territoire parental n'est pas toujours facile.
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«Le moins qu'on puisse dire est que Carole et moi avions différentes
priorités quand il s'agissait d'habiller les enfants. Généralement,
j'attrapais la première chemise et paire de pantalons que je trouvais, sans
trop me préoccuper de la façon que ça s'agençait. Carole ne faisait pas
toujours de commentaires. Parfois, elle se contentait de regarder Adam
en secouant la tête. Je me souviens de la fois où elle m'a dit: "Comment
peux-tu avoir si peu le sens de la mode? Personne ne porte un vêtement
rayé horizontalement avec un vêtement rayé verticalement."»
La plupart des couples qui veulent partager les soins des jeunes enfants,
y compris les couples de même sexe, devront trouver leur façon à eux de
négocier les petites décisions comme la manière «correcte» d'habiller un
bébé ou de le nourrir à la cuillère, mais, en général, il faut que les
hommes gardent certaines idées en tête:
• Lorsqu’elles deviennent mères, les femmes s'attendent à être
pleinement «responsables». Elles ressentent la pleine charge de la
responsabilité parentale plus fortement que les pères et, lorsque
quelque chose doit être fait avec un enfant, les mères sont
normalement les premières à réagir.
• La paternité est moins automatique que la maternité. Les pères
doivent faire un effort plus conscient pour s'engager avec les enfants.
• Les mères ont une assez forte influence sur les relations entre les pères
et les enfants. L'engagement paternel est plus facile avec l'appui de la
mère.
• Cela peut prendre un certain temps pour que votre partenaire
s'habitue à laisser une autre personne – que ce soit vous ou quelqu’un
d’autre – prendre soin de son bébé. Vous avez besoin d'occasions pour
développer vos propres habiletés, mais tâchez de respecter les capacités
et le jugement de votre femme au sujet des soins du bébé et soyez prêt
à vous mettre à son école.
• Les relations mère-enfant sont très importantes pour les mères et les
enfants. Appuyez leur relation, mais assurez-vous de passer assez de
temps avec les enfants pour forger votre propre relation.
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Céline grimpe sur son père. La petite de trois ans fait cela presque chaque
jour. Ils sont debout l'un en face de l'autre, se tenant par les mains.
Céline pose ses pieds sur les pieds de son père, se laisse aller en arrière et
commence à marcher en montant sur ses jambes. Gaétan tient
fermement les mains de sa fille et se dresse solidement à mesure qu'elle
grimpe. Elle continue de monter jusqu'à son cou, puis se renverse en
restant suspendue quelques secondes, jusqu'à ce qu'il la fasse descendre
doucement vers le plancher. Elle se redresse avec un sourire, attrape les
mains de son papa et dit: «Encore!»
Plusieurs croient que ce genre de jeu physique vigoureux entre père et
enfant est bon pour les enfants. Cela leur fait réaliser les capacités et les
limites de leur corps, cela leur apprend à évaluer les risques, et cela leur
apporte une stimulation d'un genre qu'ils ne reçoivent pas aussi souvent
de leur mère. La chose la plus importante à savoir au sujet des jeux
physiques et actifs entre père et enfant est que les papas et les enfants
aiment ça tous les deux et que ça les aide à se sentir proches. Tout ce
que vous et vos enfants aimez faire ensemble aide à forger votre relation
– faire de la peinture, jouer à la balle, faire des marches, laver la voiture,
magasiner, vous coller l'un à l'autre sur le sofa avec une brassée de livres.
Et si vous aimez vous tirailler et vous bousculer, ne vous gênez pas!
Créer des liens
Le secret pour établir une relation père-enfant solide est de faire des
activités ensemble. Voici quelques façons de rejoindre les enfants, selon
leur âge.
Les bébés (de 0 à 1 an)
Le temps des soins: Prendre soin de votre bébé est la chose la plus
importante que vous puissiez faire pour apprendre à le connaître. Les
soins quotidiens occupent une grande partie de la journée de bébé. Il est
clair qu'au cours de la première année, le père qui ne s'engage pas dans
les soins journaliers ne passera pas grand temps avec son bébé.
Le temps de détente: Les pères doivent parfois prendre leurs bébés parce
qu'ils sont malheureux. Comme les bébés demandent souvent du
réconfort, faites votre part. Assurez-vous toutefois de profiter des
occasions de tenir votre bébé quand il est calme et content. C'est une
tout autre expérience, qui vous aidera à voir que prendre soin de bébé
n'est pas toujours une charge. C'est souvent gratifiant.
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Le temps spécial de papa: Parfois, les mères deviennent tellement
expertes dans le soin des bébés que les pères ont de la difficulté à trouver
leur place. Vous vous demandez peut-être: «Comment m'y prendre pour
faire aussi bien qu'elle?» Trouvez un domaine où vous pourrez prendre
la totale responsabilité. Certains pères sont les spécialistes du bain,
d'autres s'occupent de bébé au petit matin, et il y en a qui enfilent
ordinairement le porte-bébé lors des sorties en famille.
Les bambins (de 1 à 2 ans)
Le temps au plancher: Installez-vous par terre pour jouer avec bébé.
Aidez-le à ériger un château avec les coussins du sofa et des couvertures,
jouez à la cachette, construisez une ferme pour ses animaux, ou faites
tout simplement ce qu'il veut faire.
Le temps de la lecture: Blottissez-vous l'un contre l'autre pour faire la
lecture. Prenez votre temps et commentez les illustrations. Les enfants
auxquels on lit beaucoup deviennent souvent de bons lecteurs. De toute
façon, le temps de la lecture est une excellente façon de se rapprocher.
Le temps des câlins: Les bambins vivent souvent des journées difficiles où
tout semble aller mal et ils sont alors facilement de mauvaise humeur.
Une des meilleures façons de gérer ce genre de journée est de consacrer du
temps à votre bambin. Portez-le ou prenez-le si c'est ce qu'il veut. Votre
présence et votre contact physique pourront l'aider à se détendre.
Les enfants d'âge préscolaire (de 2 à 4 ans)
Le temps du jeu: Du temps de qualité avec votre enfant ne signifie pas
nécessairement une sortie ou une activité spéciale. Les petits enfants
s'amusent tout autant à creuser dans le sol ou à jouer avec papa que s'ils
allaient au cinéma ou à un événement spécial, surtout s'ils peuvent euxmêmes choisir l'activité.
Le temps à l'extérieur: Jouer dehors permet aux enfants de prendre
l'exercice dont ils ont besoin et de dépenser leur énergie sans déranger
personne. De plus, la plupart des pères aiment le grand air. Allez donc
au terrain de jeu, collectionnez des cailloux ou des fleurs sauvages, ou
amusez-vous dans la cour avec un ballon de soccer.
Le temps pour jouer à faire semblant: La plupart des enfants d'âge
préscolaire aiment jouer à faire semblant. Ayez une boîte de costumes
pour le déguisement, que ce soit ceux qui ont servi à l'Halloween ou de
vieux vêtements de maman et papa. Costumez-vous et jouez un sketch
avec eux. Ils vous trouveront drôle à mourir.
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c h a p i t r e
t r o i s i è m e
L'importance de l'engagement
paternel dans les soins quotidiens
Yuan vient de changer sa première couche. «Ce n'était pas la fin du
monde,» se dit-il. Mais mettre le pyjama une pièce à Lily fut une tout
autre histoire. Il n'en revenait pas combien c'était difficile d'enfiler les
jambes qui gigotaient dans le pyjama. Puis son petit bras ne semblait pas
vouloir plier de la bonne façon pour entrer dans l'ouverture de la
manche. «Je me demande à quel point je puis le plier sans lui faire mal,»
se dit Juan. Il a finalement réussi à faire entrer une main. Mais les
doigts grands ouverts s'accrochaient dans le tissu! Il a essayé d'entrer sa
main dans la petite manche par le poignet afin de tirer la main de Lily.
«Comment donc est-ce que Maria fait ça si vite?»
Il n'y a qu'une seule façon de devenir expert dans le soin des bébés.
Vous avez beau lire toute la documentation et tous les articles que vous
voulez, en fin de compte il s'agit de se relever les manches et de s'y
mettre.
Au début, tout ne sera pas fait parfaitement. Pas de problème! C'est le
cas de tout le monde. Même les mères, qui semblent avoir des doigts de
fée, doivent apprendre à prendre soin d'un bébé. Ça vient avec
l'habitude.
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Photo de Jessica Ball. Merci à la famille Bruyère.
Prendre soin, c'est interagir
C'est évident que recevoir de bons soins est l'élément primordial du
bien-être constant d'un bébé. Mais il y a plus. Quand vous mettez un
pyjama propre à votre fillette au moment du coucher, vous ne faites pas
seulement cela. Des fois peut-être… Mais, la plupart du temps, vous la
regardez dans les yeux, vous lui parlez, vous faites des grimaces et de
drôles de sons – tout pour la faire réagir. Vous lui souriez et elle vous
sourit. Voilà que vous établissez un va-et-vient de communication
continue entre vous et le cerveau de votre enfant.
Manuel et sa partenaire ont deux enfants de moins de trois ans. L'heure
du bain exige la présence des deux parents. Après le bain, Manuel
enroule Miguel (âgé de dix mois) dans une serviette à capuchon et le
porte dans la chambre à coucher pour le préparer pour son dodo.
Manuel sort une couche propre et la place sur la tête de Miguel. «Est-ce
que c'est là que je mets la couche?» Miguel fixe son papa un instant.
Manuel sourit et Miguel se met à glousser et agiter les bras. Plus tard,
Manuel place le pyjama de Miguel sur sa propre tête en relevant les
jambes. «Je suis un lapin,» dit-il, en se mettant à sautiller. Miguel rit
encore.
Ce genre de petites interactions vient tout naturellement lorsque nous
prenons soin d'un bébé. C'est pour les enfants une façon d'apprendre à
communiquer avec les gens. Ces rencontres fournissent une partie de la
stimulation des sens qu'il faut aux petits cerveaux pour se développer.
Prendre soin, c'est toucher
Une chose remarquable à propos du soin des enfants est que quoi que
vous fassiez – un bain, un câlin réconfortant, un repas – cela implique
toujours le toucher. Le contact physique avec les enfants est très
important, non seulement pour les bébés, mais aussi pour les plus
grands. Vous avez sûrement remarqué que même un grand de 10 ans
sent parfois le besoin de se coller sur papa ou maman.
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Il n'y a pas si longtemps, les experts croyaient qu'il était important
d'habituer les bébés à n'être pas trop dépendants des parents. Ils
conseillaient aux mères de ne pas réagir trop rapidement lorsque bébé
pleurait et ils affirmaient que les bébés deviendraient gâtés si on les
prenait trop.
Il y a une trentaine d'années, les gens ont commencé à réaliser que cette
approche était fausse et ils ont développé le slogan: «On ne peut pas
gâter un bébé.» Des études récentes ont démontré que c'est encore plus
vrai qu'on ne le croyait. C'est vrai que les enfants qui se font tenir
beaucoup aiment souvent ça et en redemandent. Tant mieux, puisque
c'est bon pour eux. Être touchés, tenus, portés, caressés, massés, ou
simplement couchés sur votre poitrine apporte aux bébés une
stimulation qui contribue directement au développement des
connexions cérébrales. Spécifiquement, le toucher influence la
croissance des connexions cérébrales qui permettent aux gens de gérer
leur stress et leurs émotions intenses tout au long de leur vie.
«Sarah a toujours semblé aimer avoir ma main collée sur sa joue,
raconte Misha. Des fois, je la tenais en avant de moi, assise sur mon
bras, sa face vers l'extérieur. Je lui tenais le menton avec ma main, les
doigts montant le long de sa joue. Lorsqu'elle commençait à s'agiter,
souvent cela la calmait. J'étais toujours étonné qu'une technique aussi
simple puisse aider à la réconforter.»
Sarah est bien chanceuse que son père ait pu déceler ce qu'il lui fallait et
comment le lui donner. C'est un élément important dans
l'apprentissage de l'art de prendre soin d'un enfant. Plus ce père réussira
à reconnaître les besoins, meilleur il sera à prendre soin d'elle et plus il
trouvera ça agréable. Et s'il peut apprendre à interpréter les signaux de
Sarah et à y répondre, il est probable qu'il apportera à sa fille une
multitude d'interactions et de stimulations propices au développement
de son cerveau, sans même avoir besoin de s'y attarder.
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Les mamans et les papas sont-ils différents?
Ram et Marla ont tous les deux l'habitude de jouer avec Vijay en
changeant sa couche. Marla aime chanter des comptines et faire marcher
ses doigts en montant le long du bedon de Vijay et en finissant par le
chatouiller sous le menton. Parfois, Ram frotte son nez sur le ventre de
Vijay. Comme il a des poils sur le visage, cela chatouille. Quand Vijay
était tout petit, il trouvait cela presque trop intense. Il retenait son
souffle et s'accrochait à la tête de son père et la serrait de toutes ses forces.
Marla avait parfois l'impression que c'était un peu violent, mais elle a
remarqué que Vijay ne pleurait jamais quand son père faisait cela.
«J'imagine qu'il est en train d'apprendre à faire affaire à deux individus
différents,» disait-elle.
Quand les mères et les pères partagent les soins de leurs enfants, ils
découvrent plutôt rapidement qu'ils ont deux façons de faire les choses.
Les études confirment ces différences. Les mères ont tendance à être
plus verbales (elles parlent davantage et tiennent plus de conversations)
et elles sont portées à être plus couveuses que les pères. De leur côté, les
pères ont tendance à être moins verbaux, plus actifs et plus enclins à
encourager les enfants à explorer et à prendre de petits risques.
Cela ne veut pas dire que les pères ne peuvent pas être verbaux ou «papa
poule» avec leurs petits ou que les mères ne sont jamais turbulentes ou
bouffonnes. Mais ces différences sont présentes à un certain degré chez
la plupart des couples. Est-ce que c'est significatif?
Il semblerait qu'avoir à gérer une diversité de stimuli venant d'un papa
et d'une maman (ou de deux papas ou de deux mamans) est un exercice
bénéfique à l'apprentissage chez les enfants, mais personne ne peut
trancher si ces différences sont «nécessaires» ou «très importantes» pour
le développement du cerveau. Ce qui importe, c'est que chaque
partenaire comprenne et respecte le style parental de l'autre, afin de bien
exercer ensemble leur rôle de parent.
21
En fin de compte
Que votre style et celui de votre partenaire soient semblables ou très
différents, votre enfant bénéficiera du fait de pouvoir compter sur plus
d'une personne pour répondre à ses besoins. Voilà une raison
importante pour devenir un bon pourvoyeur de soins.
Un autre avantage est que votre participation aux soins de vos enfants
allège la tâche de votre partenaire. Les mères qui ne sont pas stressées et
surchargées sont probablement meilleures dans leur rôle de mère, ce qui
est assurément bon pour le développement du cerveau d'un enfant.
Être un bon père pourvoyeur de soins est important de bien des façons.
Mettez-vous-y dès maintenant. N'attendez pas que votre enfant doive
apprendre à attacher ses lacets ou à pelleter l'entrée de cour pour
commencer à faire votre part.
22
c h a p i t r e
q u a t r i è m e
Comment appuyer
le développement des émotions
chez votre enfant
Jamais Fernand n'oubliera la première fois où Sylvie l'a laissé seul avec
Chantal, leur bébé âgé de dix semaines environ. Vingt minutes après le
départ de Sylvie, Chantal s'est mise à pleurer – à vraiment pleurer – si
fort qu'elle en perdait le souffle à certains moments. «Il n'y avait rien à
faire, se rappelle Fernand. J'ai essayé de lui faire sucer mon doigt. Je l'ai
bercée. J'ai mis de la musique et j'ai marché de long en large. J'ai essayé
de la laisser seule dans son berceau. Je l'ai promenée partout dans la
maison dans son landau. À la fin, je la balançais de haut en bas en la
tenant collée tout contre moi. Tout à coup, elle s'est arrêtée de pleurer et
est devenue toute relâchée contre moi. C'est arrivé si vite que, pour une
seconde, j'ai eu peur. Mais je me suis rendu compte qu'elle était tout
simplement tombée endormie.»
Les parents doivent sans cesse recommencer à réconforter les bébés et les
jeunes enfants. Ce n'est pas toujours facile – parfois, cela semble
impossible – mais aider les enfants à gérer leurs émotions est une des
choses les plus importantes que les parents aient à faire.
Voici d'emblée les deux principes importants de ce chapitre. Le premier
s'impose très rapidement à la plupart des parents. Les jeunes enfants ont
besoin de beaucoup d'appui pour gérer leurs émotions.
Fondamentalement, ils ne peuvent le faire sans nous.
23
Le deuxième principe est que les connexions que le cerveau construit
pour nous aider à gérer les émotions sont une fondation pour d'autres
connexions cérébrales qui gouverneront plus tard les pensées plus
avancées, telles savoir lire, maîtriser diverses habiletés, apprendre à
distinguer le bien et le mal et savoir se mettre à la place des autres.
En d'autres mots, des gestes parentaux tout simples comme réconforter
les bébés, leur sourire, les rassurer quand ils sont craintifs, non
seulement aident les petits à bien se sentir, mais ils appuient aussi
l'ensemble du développement de leur cerveau de bien des façons.
Les bébés ne peuvent gérer
leurs émotions par eux-mêmes
Avez-vous déjà observé un bébé de cinq mois sourire de tout son corps?
Ses bras s'agitent, son estomac se tortille, ses jambes remuent et un
grand sourire traverse son visage. Comment s'empêcher de lui sourire?
Mais quand un bébé est vraiment bouleversé, son corps se tend et il
semble investir chaque once d'énergie dans sa lamentation. Il n'a pas la
capacité de démêler ses émotions. Vous savez qu'il ne pleurera pas
éternellement, mais lui ne le sait pas. Vous devez lui apprendre que les
sensations négatives ont une fin et que les bonnes sensations reviennent.
Vous lui apprenez ceci en le réconfortant très souvent.
Tout ce que les enfants apprennent au sujet des émotions – comment
récupérer quand on se sent mal, comment maîtriser ses émotions s'il le
faut et comment composer avec les émotions des autres – dépend de
leur interaction avec d'autres personnes. Pensez-y. Presque toutes les
premières interactions d'un bébé sont émotives. Votre petite fille est
bouleversée, vous la prenez, elle se sent mieux. Elle vous regarde dans les
yeux, ce qui vous fait sourire. Même si elle est trop jeune pour vous
répondre par un sourire, elle va tout de même remarquer un
changement d'expression faciale qui indique ce que vous ressentez. Les
jeunes enfants captent aussi des signaux émotifs dans notre langage
corporel et dans notre ton de voix. Avec le temps, ils font le lien entre
les paroles que nous disons et ces signaux. C'est ainsi que les enfants
apprennent de leurs parents au sujet des émotions.
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25
Les émotions font partie de la vie
Les deux filles de Prakash attendent. Tabitha (trois ans) vole la poupée
de Vandi, alors Vandi frappe Tabitha, qui se met à pleurer. La
partenaire de Prakash tire Vandi (deux ans) de côté et Prakash prend
Tabitha et l'amène dans une autre pièce. Elle enfonce son visage dans sa
poitrine pendant qu'il lui parle doucement et lui frotte le dos. «Ça fait
vraiment mal, n'est-ce pas?» Après quelques minutes, Tabitha se calme et
Prakash la ramène dans la salle de jeux, «Voyons ce que Barney est en
train de faire,» dit-il. (Barney est le dinosaure en peluche de Tabitha.)
«Est-ce qu'il veut regarder un livre?» Tabitha dit oui de la tête en serrant
Barney. Elle prend un livre et ils s'installent pour lire une histoire.
Aider vos enfants à gérer leurs émotions négatives ne veut pas dire que
vous devez tout faire pour que vos enfants ne soient jamais malheureux
ou que si cela arrive vous devez régler ça sur-le-champ. Et cela ne veut
pas dire que les parents ne doivent jamais rien faire qui puisse
bouleverser leurs enfants. Les émotions négatives – la colère, la tristesse,
la frustration, la peur et l'inquiétude – font toutes partie de la vie.
Toutes les émotions ont une raison d'être. La peur peut empêcher les
enfants de se faire mal (parfois). Le remords nous dit que nous avons
fait quelque chose de mal. Notre mission est d'être là pour aider les
enfants à comprendre leurs émotions négatives, pour leur apporter du
réconfort, et, graduellement, pour les aider à apprendre à se débrouiller
tout seuls. Les connexions cérébrales qui aident les gens à gérer leur
stress et leurs émotions continuent de se développer tout au long de
l'enfance.
Différents enfants, différentes émotions
Tous les enfants n'ont sûrement pas été créés identiques lorsqu'il s'agit
de gérer leurs émotions.
Certains réagissent émotivement – ils sont plus facilement et plus
souvent bouleversés et ils sont plus difficiles à calmer que les autres.
Personne ne sait exactement pourquoi certains enfants sont ainsi, alors
que d'autres font moins de crises et sont plus faciles à calmer. Des
chercheurs ont cependant démontré que les enfants naissent avec des
tempéraments différents – des ensembles de traits de caractère – qui
semblent se maintenir dans le temps. Par exemple, les personnes faciles
à vivre auront tendance à le demeurer toute leur vie, et il en est de
26
même pour les personnes qui réagissent émotivement. Cependant, le
soutien qu'elles reçoivent dans la petite enfance peut faire une
différence. La négligence et les mauvais traitements peuvent transformer
un enfant en un adolescent anxieux ou colérique. Et les enfants qui
réagissent émotivement peuvent apprendre à maîtriser leurs émotions,
ou non, selon la nature des expériences vécues dans leur enfance.
Il est important de savoir que les enfants qui sont facilement bouleversés
ne sont pas «méchants» (même s'ils peuvent être très exaspérants par
moments). Mais ça leur prend plus de temps pour développer les
connexions cérébrales qui les aident à gérer la frustration, la colère et les
autres émotions fortes. Ils ont donc besoin de plus d'aide de notre part
– de plus de patience, de plus de réconfort, de plus de soutien émotif.
Notre responsabilité n'est pas de changer la personnalité des enfants,
mais de leur apporter les soins, le soutien et la discipline qui sont
appropriés à leur tempérament.
Les crises
Les accès de colère sont un défi majeur du développement émotif des
enfants. La plupart des enfants font des crises, certains plus souvent que
d'autres. Voici certaines idées maîtresses au sujet des crises.
• Une crise est une débâcle émotive causée par un excès de frustration,
de stress ou de fatigue. Ce n'est pas un enfant qui essaie d'être
manipulateur. Parfois, une charge émotive est trop forte pour qu'un
cerveau manquant de maturité puisse la maîtriser.
• Les crises elles-mêmes ne sont pas une question de discipline. En
pleine crise, un enfant a besoin de compréhension et de réconfort, non
de punition ou de colère. S'il y a un problème de comportement,
parlez-en après que l'enfant se soit calmé.
• La meilleure façon de gérer les crises est de les prévenir. Essayez
d'éviter les longues périodes de magasinage quand votre enfant est
fatigué et affamé. Soyez aux aguets, pour détecter les indices de
frustration, de surexcitation ou de perturbation chez votre enfant, à la
suite d'un changement de routine ou à cause d'une maladie qui
approche, afin de prévenir les difficultés avant que votre enfant
n'éclate.
• La plupart des enfants dépassent graduellement le stade des crises.
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L'appui émotif peut être amusant
Les enfants doivent aussi apprendre au sujet des émotions positives. De
bien des façons, les enfants apprennent au sujet des émotions en se
servant de nous comme de miroirs. Ils perçoivent dans les expressions
de notre visage et le ton de notre voix le reflet de leurs propres
émotions.
Cela ne veut pas dire que nous devons rendre nos enfants heureux en
tout temps et que nous ne devons jamais leur montrer un visage triste
ou fâché. Essayez de partager les émotions heureuses de votre fillette. Si
elle exprime de la joie, de l'intérêt ou de l'excitation, portez-lui
attention. Écoutez-la et réjouissez-vous avec elle.
Une gratification cachée
Voici une découverte récente remarquable au sujet du développement
émotif des enfants. Dans le passé, les gens considéraient l'émotion et
l'intelligence comme des facultés différentes. Ils croyaient que les
émotions bloquaient la pensée rationnelle. Toutefois, à mesure que les
chercheurs comprennent mieux le fonctionnement du cerveau, il
devient évident que l'émotion et l'intelligence sont interreliées. À bien y
penser, chaque idée a une composante émotive. En voici un exemple:
Papa lit son journal. Chad, qui a onze mois, peut marcher, mais il ne
sait pas encore parler. Il arrive et se met à tirer sur les pantalons de papa.
Ce dernier dépose son journal et demande: «Hé, mon ami, que veuxtu?» Chad baragouine et pointe de la main. Il tire encore plus fort sur la
manche de son papa, qui se lève. Chad commence à le tirer en direction
de la cuisine. Le père suit jusqu'à ce que Chad s'arrête devant l'armoire
où on range les biscuits. Il regarde l'armoire, puis son père, tout en
continuant de jargonner. Finalement, papa rit, ouvre l'armoire et en
retire la boîte à biscuits. L'expression du visage de Chad est un mélange
étonnant de fierté et de joie.
Chad avait certainement une idée, n'est-ce pas? La composante émotive
est qu'il aimait les biscuits. C'était agréable d'en manger. Cette
sensation l'a poussé à agir, à trouver une façon de faire comprendre à
son père, sans paroles, ce qu'il voulait. Ce genre d'émotions fait partie
de ce qui pousse les enfants à vouloir apprendre et explorer des idées
nouvelles.
28
C'est ainsi qu'en appuyant la croissance émotionnelle de votre enfant,
vous forgez aussi sa capacité d'apprendre et de penser avec son
intelligence.
Cinq façons d'appuyer le développement émotionnel
• Réconfortez les enfants quand ils sont bouleversés, sans oublier que
vous ne pouvez contrôler leurs émotions.
• Permettez-leur de vivre les émotions qu'ils ressentent. Tâchez de ne
pas dire des phrases comme: «N'agis pas stupidement!» à un enfant
qui est fâché, qui a peur ou qui est triste.
• Quand les enfants sont sous le coup de l'émotion, servez-vous de mots
qui reflètent leurs émotions: «Tu es vraiment frustré, n'est-ce pas?» «Je
constate que tu es vraiment excitée de revoir tes cousines.»
• Soyez patient. Les enfants apprennent à maîtriser leurs émotions très
graduellement. De plus, ils sont inconstants. À certains moments,
leurs réactions émotives semblent être très matures. À d'autres
moments, elles seront immatures.
• Soyez des modèles d'une bonne maîtrise émotionnelle. Les enfants
apprennent beaucoup de la façon dont nous gérons nos émotions. Si
vous êtes en colère contre votre enfant, dites: «Cela m'a vraiment
fâché. Je ne peux pas te parler pour quelques minutes,» plutôt que:
«Regarde ce que tu viens de faire, petit imbécile!»
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c h a p i t r e
c i n q u i è m e
Comment favoriser
le développement du cerveau
en jouant
Jorge est assis sur le plancher de la salle familiale en train de jouer à la
poupée avec sa fille Rosa. Il n'a pas tellement d'expérience avec les
poupées, mais il apprend. Une façon pour lui de participer est de poser
des questions à Rosa.
«Où est-ce que Chloe a dormi hier soir? Avec toi ou dans sa maison de
poupée?» demande-t-il. «Elle aime dormir dans la maison de poupée,
papa,» dit Rosa. Jorge demande: «Comment se porte Chloe
aujourd'hui?» Rosa répond: «Elle a un petit rhume. Maintenant, c'est le
temps pour elle de s'habiller.»
«Quelle jupe veut-elle porter aujourd'hui?» demande Jorge. Rosa choisit
une jupe rouge. Jorge examine la sélection de vêtements de poupée. «Estce qu'elle voudrait une chemise jaune aujourd'hui?» Rosa rit: «Papa,
c'est une blouse, pas une chemise!» «Ah, d'accord,» dit George. Il regarde
sa fille mettre la «blouse» à sa poupée. «Penses-tu qu'il lui faut un
chandail aujourd'hui?» L'échange se poursuit jusqu'à l'heure du petitdéjeuner.
Ce père fait ici beaucoup de bonnes choses. Pour commencer, il joue
avec sa fille. C'est une excellente façon d'interagir avec elle et cela
renforce leur relation.
De plus, Jorge est assis sur le plancher, impliqué dans une activité que
Rosa a choisie. Il l'aide à s'amuser et – voici l'élément principal – il
laisse Rosa prendre l'initiative du jeu. Il porte attention et il réagit à ce
31
qu'elle semble intéressée à faire. Cette façon pour les pères de participer
au jeu permet aux enfants de développer l'habileté de prendre des
initiatives dans leur apprentissage, ce qui leur sera utile toute leur vie.
Voici quelques façons de favoriser de développement du cerveau des
enfants par le jeu.
Le jeu active le cerveau
André accompagne Scott (âgé de quatre mois), alors qu'il est sur le
ventre. André tend un hochet et l'agite pour attirer l'attention de Scott.
Ce dernier relève la tête et regarde le hochet. Il essaye de l'attraper, mais
il ne peut pas aller très loin. Scott se fatigue et baisse la tête. André agite
encore le hochet. Quand Scott regarde, André dépose le hochet sur le
plancher et le tient en place à la portée de Scott. Ce dernier tend le bras,
enroule les doigts autour du hochet et le porte à sa bouche.
Un élément important du jeu est qu'il suscite l'intérêt des enfants.
Quand Scott voit et entend le hochet, cela active son cerveau. Cet
intérêt pousse les enfants à tendre la main vers un mobile, à faire rouler
une balle ou à ouvrir un livre pour en examiner les illustrations. Ils
veulent voir de quoi les images ont l'air. Qu'arriverait-il s'ils laissaient
tomber la balle sur le plancher? Ce genre de réflexion semble simple,
mais c'est une amorce de ce qu'ils feront plus tard à l'école.
Le jeu aide au développement du langage
Nous savons tous que la lecture et l'écriture sont des habiletés
déterminantes pour le succès à l'école et dans la vie. C'est donc
important de faire découvrir les livres aux enfants dès leur première
année de vie. Mais saviez-vous qu'une partie du premier développement
de l'alphabétisation n'a rien à faire avec les livres, les lettres ou les mots
sur une page? Il a lieu quand un bébé ou un bambin regarde ses parents
parler. Progressivement, sans s'en rendre compte, son cerveau
commence à établir des liens entre les sons qu'il entend et le
mouvement des lèvres de ses parents.
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Avant d'apprendre à lire, les enfants doivent entendre tous les sons de
leur langue encore et encore. C'est pourquoi les petits jeux de chatouille
et jeux de rimes que les parents ont joués avec leurs enfants au cours des
années sont si excellents. Un jeu comme «Menton fourchu, Bouche
d'argent…» attire l'attention du bébé ou du bambin et l'amuse
tellement. Ces jeux aident aussi l'enfant à établir un lien entre les sons et
les mots, ce qui les prépare à la lecture.
Joe a découvert que sa fille de trois ans aime les rimettes. Ils jouent un
petit jeu où Jennifer dit un mot et Joe compose une rimette avec celui-ci.
Jennifer pointe son ventre et Joe dit: «Mon bedon est rond!» Jennifer
pointe sa tête. «Mes cheveux sont bleus comme les cieux.» Jennifer se
touche le nez et elle dit «Nez!» «Mon nez écrasé est bloqué.» Jennifer rit
et crie «Épaule!» Joe fait la grimace. «Mon épaule est … est…
schnépaule!» Jennifer répète en riant: «Schnépaule, schnépaule,
schnépaule!»
Les livres aussi sont importants
«J'ai trois façons de lire à Armin, dit Matthias. Parfois, son but est de se
rapprocher de moi. Quand il est stressé, il aime se coller à moi avec un
livre, me sentir près de lui. À un autre moment, il voudra montrer les
images du doigt, en parler, poser des questions. On peut passer 15
minutes à regarder le même livre. En d'autres occasions, il arrive avec
une brassée de livres et il veut qu'on les dévore l'un après l'autre.»
C'est magnifique que Matthias lise avec Armin, mais ce qui l'est encore
plus est qu'il a appris à lire de diverses manières selon les besoins de son
fils à ce moment-là.
Le jeu est parfois pour un enfant
une façon de participer à la vie
Les enfants ont une soif naturelle d'expérimenter et de comprendre le
monde. Imiter ou aider les adultes est une sorte de jeu pour les enfants
d'âge préscolaire. Cela les aide à apprendre en expérimentant ou en
essayant différentes idées. Cela les aide aussi à sentir qu'ils font partie du
«vrai» monde.
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Steve essaie de planter des arbustes. Ça avance à pas de tortue, car
Madeline, sa petite boule d'énergie, tient à l'aider en tout. Il réussit à peine
à la garder en dehors des trous qu'il creuse. Il la soulève et la porte pour
aller chercher sa brouette-jouet. «Maddie, j'ai besoin de ton aide avec ces
pierres.» Steve dépose deux pierres – assez petites pour que Maddie puisse
les soulever – dans la brouette. «Pourrais-tu apporter ces pierres près de la
porte de la clôture,» dit-il, en pointant en direction de l'autre côté de la
cour. Maddie livre ses pierres avec entrain et revient de son pas hésitant,
mais l'air satisfait. «Bravo! dit Steve. Maintenant, pourrais-tu aller porter
celles-ci là-bas.» Il indique le coin le plus éloigné de la cour. Steve tient
Maddie occupée «utilement», jusqu'à ce qu'il ait terminé de planter ses
arbustes.
Le jeu favorise la résolution de problèmes
et l'apprentissage
Une de nos responsabilités parentales est d'enseigner. Nous enseignons
aux enfants comment se vêtir, comment se brosser les dents, comment
traverser la rue sans danger et comment être polis. Nous leur montrons
comment faire et puis nous leur disons: «C'est à ton tour, vas-y.» Nous les
regardons alors essayer, nous applaudissons leurs succès et nous corrigeons
leurs erreurs.
Mais les enfants apprennent beaucoup par eux-mêmes. Plus ils
grandissent, plus cela prend de l'importance. Même si nous leur
montrons quelque chose, la plupart des apprentissages exigent des enfants
un petit «saut cognitif». Il leur faut combiner des idées, y trouver un sens,
tirer une conclusion ou prendre une décision. Nous pouvons aider et
guider les enfants dans leurs apprentissages, mais nous ne pouvons pas
faire ces sauts à leur place.
Nelson se souvient avoir essayé de montrer à Gareth comment patiner à
reculons. «J'ai passé beaucoup de temps à travailler la technique avec lui,
mais ça n'aboutissait pas. Il se tenait debout faisant aller ses patins, mais il
ne reculait pas d'un pouce. Il faut dire qu'il ne semblait pas tellement
intéressé. Mais, l'année suivante, Gareth a commencé à jouer au hockey
organisé. Un jour, quand je suis revenu à la maison après le travail, il m'a
traîné à la patinoire de notre cour arrière. "Regarde, papa," dit-il. Eh bien,
oui, il savait patiner à reculons. J'imagine que ça ne lui disait pas grandchose avant qu'il commence le hockey et qu'il voie d'autres jeunes le faire.»
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Afin de franchir le dernier pas vers le patinage à reculons, Gareth devait
intégrer tout ce qu'il savait et s'élancer. Jouer pendant qu'il était petit
l'avait préparé à cela. Quand les enfants d'âge préscolaire jouent, ils
prennent toutes sortes de petites décisions: «Où est-ce que je devrais
essayer de placer cette pièce de casse-tête?» «Comment est-ce que je
peux voir quel jouet papa cache derrière son dos?» «Quelle couleur de
crayon-feutre est-ce que je vais employer pour colorier ma fleur?» Ce
sont les premiers «sauts cognitifs» d'un enfant, effectués alors qu'ils font
des activités comme bâtir un zoo pour leurs animaux-jouets, faire des
bulles, grimper sur les structures des terrains de jeu, ou jouer à lancer
une balle.
N'oubliez jamais que jouer, c'est avoir du plaisir
Même si les enfants apprennent en jouant, cela ne veut pas dire que
nous devons transformer le temps de jeu en une série d'occasions
d'apprentissage. N'auriez-vous pas détesté ça quand vous étiez petits?
La vie de certains enfants est plutôt programmée: la garderie, les
programmes après-classe, les leçons, les sports et les autres activités. Les
enfants ont besoin de temps où ils peuvent faire absolument ce qui leur
plaît, même si c'est quelque chose de totalement idiot comme faire
percuter deux voitures-jouets encore et encore. Ils apprennent à partir
de tout ce qu'ils voient, entendent et font, y compris le jeu. Mais, pardessus tout, le jeu est une des occupations qui rendent l'enfance
agréable et intéressante. On dit que jouer est le métier de l'enfant. C'est
vrai, mais c'est aussi leur plaisir.
35
Quelques réflexions pour conclure
Les personnes sont aussi importantes que les jouets
Avez-vous remarqué qu'au cours de cet exposé sur le développement du
cerveau pendant la petite enfance, il fut très peu question d'ordinateurs,
de vidéo, de jouets éducatifs et de classes pour les enfants d'âge
préscolaire! La plupart des enfants d'aujourd'hui sont exposés à ces
produits. C'est pour les enfants une source de plaisir et d'apprentissage.
Mais les produits et les gadgets ne comptent pas parmi les facteurs les
plus critiques du développement du cerveau des enfants. Les personnes,
surtout les parents, viennent en premier lieu.
La quantité n'est pas toujours la qualité
Si quelque chose est bon pour un enfant, il ne s'ensuit pas que du plus
et du pareil au même est encore meilleur. Il en est ainsi pour
l'interaction parent-enfant. Il n'est pas nécessaire que vous soyez
attentifs à chaque instant du jour. De fait, votre enfant ne voudrait pas
de cela. Il faut aux enfants des interactions ordinaires plutôt que du
spécial en grande quantité. Il leur faut aussi du temps pour jouer par
eux-mêmes. De même, les parents ont besoin de temps pour vaquer à
des activités pour adultes. C'est parfois acceptable de lire le journal ou
de regarder le hockey à la télé pendant que votre enfant s'occupe à autre
chose. Parfois, vous allez magasiner en amenant votre enfant parce que
c'est nécessaire d'y aller. Les enfants ont besoin d'expérimenter la vraie
vie, et cette dernière est rarement étonnante, fascinante ou hautement
éducative. La vie est souvent bien ordinaire.
Les enfants ne sont pas seulement des cerveaux
Nous avons ici mis l'accent sur le développement du cerveau, mais
savez-vous quoi? Même s'il s'était tout simplement agi d'un livret sur la
façon d'être un bon papa bien ordinaire, nous aurions exprimé
beaucoup d'idées semblables. Si vous savez forger des liens avec vos
enfants, en prendre soin, leur apporter un soutien émotif, jouer avec
eux, il est probable que vous soyez partie prenante de toutes sortes
d'activités enrichissantes pour la croissance du cerveau. Et vous serez de
plus un père engagé et attentionné.
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37
Remerciements:
Fernand Lozier, Agence de santé publique du Canada, région de
l'Ontario, et Tim Paquette, président de l'Initiative pour l'engagement
paternel–Réseau ontarien (l'IEP–RO), pour leur supervision et leur
appui au développement de ce projet.
Le Dr Stuart Shanker, directeur du Milton and Ethel Harris Research
Initiative de l'Université York, pour le partage de ses connaissances
professionnelles et personnelles, ainsi que de sa sagesse.
Les membres du réseau IEP–RO et le personnel de l'Agence de santé
publique du Canada, pour la révision des versions successives de ce
livret et pour leurs réactions et suggestions fort utiles.
Brian Russel, pour avoir référé des pères formidables à interviewer; Steve
Burke, Dave Curcio, Mark MacDonald, Greg Macdonell, Vijay Shah et
Pat Truax ont accepté de partager leurs histoires avec John.
Holly Bennet, pour son appui éditorial expert.
Mary Beth Zeeman et Leigh Gibson, de Connections, à Carleton Place,
pour les services de gestion et d'administration apportés à l'IEP–RO.
Le texte Early Years Study 2 (du Council for Early Child
Development, 2007, écrit par l'Honorable Margaret McCain, le
Dr Fraser Mustard et le Dr Stuart Shanker) a apporté à l'auteur une
documentation de référence essentielle sur le développement du cerveau
des bébés.
La production de ce livret a été rendue possible grâce à une subvention
de l'Agence de santé publique du Canada.
Les points de vue exprimés ici ne représentent pas nécessairement les
politiques officielles de l'Agence de santé publique du Canada.
38
Disponibles chez l'IEP–RO
L'engagement paternel
Le guide du père d'aujourd'hui
Père à part entière avec enfant à temps partiel
Le guide des pères nouvellement divorcés ou séparés
Papa, viens jouer avec moi
Le guide des pères pour jouer avec leurs enfants
Des enfants solides
Le guide du père qui veut forger le caractère de ses enfants
Un pas à la fois
Le guide des pères vivant dans une famille recomposée
Pour obtenir des exemplaires de ces livrets:
www.cfii.ca
(613) 257-2779
39
Responsabilités:
Texte: John Hoffman.
(John, auteur primé par le National Magazine Award et chroniqueur
pour le magazine Today’s Parent, est le principal écrivain canadien sur
la paternité. Il a signé plus de 50 articles sur les pères et pour les pères.
Papa, j'ai besoin de toi est son septième livret sur la paternité, et son
sixième pour l’IEP–RO. John habite Peterborough, Ontario, avec sa
femme et son plus jeune fils.)
Maquette: Louis Taylor, North George Studios
Adaptation française: Éditions Capax Dei, Ottawa, Ontario
Impression: Imprimerie Gauvin Ltée, Gatineau, Québec
Pour obtenir des exemplaires de ces livrets: www.cfii.ca (613) 257-2779
Toute notre reconnaissance s'adresse au Comité directeur du Council of
Human Development (CHD), qui a vérifié la précision du manuscrit.
L'IEP–RO accueille avec gratitude l'aval scientifique de ce projet par le
CHD.
www.councilhd.ca/
Copyright 2008
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