La modelisation arena comme outil d`etude de l
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La modelisation arena comme outil d`etude de l
8e Conférence Internationale de MOdélisation et SIMulation - MOSIM’10 - 10 au 12 mai 2010 - Hammamet - Tunisie « Evaluation et optimisation des systèmes innovants de production de biens et de services » LA MODELISATION ARENA COMME OUTIL D’ETUDE DE L’INFLUENCE DU VMI SUR LES NIVEAUX DE STOCKS DES CHAINES LOGISTIQUES S. ROUIBI, P. BURLAT Y. FREIN, Y. OUZROUT Ecole Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne 158, Cours Fauriel 42023 Saint-Étienne cedex 2 - France [email protected], [email protected] Ecole Nationale Supérieure de Génie Industriel 46 avenue Félix Viallet 38031 Grenoble Cedex - France [email protected] IUT Lumière 160 bd de l’université 69676 Bron Cedex - France [email protected] RESUME : Cet article présente une modélisation d’une chaîne logistique multi-échelons. Elle dispose en son amont d’un fournisseur et d’un client en son aval. Les six maillons de la chaîne logistique sont constitués de trois entreprises de production séparées par trois entreprises de transport. La production se fait en MTS (Make to Stock) et la gestion de la production et des approvisionnements en ROP (Reorder Replenishment Point). Les performances des échelons peuvent être identiques (cas des chaînes homogènes) ou elles peuvent varier (cas des chaînes logistiques hétérogènes). Afin de pouvoir étudier l’influence du VMI sur le niveau de stock de ces différentes chaînes, il est nécessaire de passer par une étape de modélisation. Les principes de cette modélisation sont présentés dans cet article. L’outil utilisé pour l’analyse des résultats du modèle est le logiciel de simulation à évènements discrets Arena. MOTS-CLES : VMI, simulation, chaînes logistiques, mécanismes de coordination, partage d’information. 1 cette hétérogénéité1. Le mécanisme de coordination choisi ici est le Vendor Management Inventory (VMI). INTRODUCTION De nombreuses entreprises s’accordent à dire que le développement de la coordination et de la coopération peut améliorer l’efficacité de leur chaîne logistique. Cependant, il est difficile de trouver des études chiffrées qui déterminent les gains atteignables lors de la mise en place de tels mécanismes. Dans ce contexte, notre problématique est d’étudier pertinence de l’ajout de mécanismes de coordination d’échange d’information dans des chaînes logistiques, de quantifier l’impact en termes d’amélioration de performance. la et et la La coordination est très complexe à définir. Il en existe plusieurs définitions, la plus communément utilisée dans la littérature est : ‘‘the act of managing dependencies between entities and the joint effort of entities working together towards mutually defined goals’’ (Malone and Crowston, 1994). Dans cet article, sont étudiées des chaînes logistiques hétérogènes où la performance des différents maillons est inégale, puis est analysé dans quelle mesure la coordination peut rattraper la perte de performance due à Cet article commence par un état de l’art sur les notions du Bullwhip effect, du partage d’information et du VMI. Puis est présentée, dans la troisième section, la chaîne logistique de départ, sur laquelle seront effectués des développements. Dans la quatrième section, est présenté le procédé de modélisation du transport. La cinquième section explique comment ont été construites les différentes classes de performance des chaînes logistiques. L’introduction du VMI dans le modèle de la chaîne logistique fait l’objet de la sixième section. Les différents résultats de simulations sont discutés à la septième section. Et enfin, les perspectives de travail sont données en conclusion. 2 ETAT DE L’ART L’importance grandissante du Supply Chain Management encourage la recherche à trouver des techniques qui permettent de mieux l’analyser. La modélisation ainsi que la simulation fait partie de ces outils. “Simulation is the process of designing and creating a model of a real or proposed system, using abstract objects in an effort to replicate the behaviour of their real-world equivalents” (Kim et al., 2004). La simulation offre la possibilité 1 Ce travail a été réalisé dans le cadre d’une collaboration entre les laboratoires G2I, G-SCOP et LIESP au sein du projet de la région Rhône Alpes Copilotes 2. MOSIM’10 - 10 au 12 mai 2010 - Hammamet - Tunisie d’étudier le comportement de phénomènes complexes. Elle prend en compte des variables stochastiques, et leur évolution dans le temps (Thierry et al., 2008). Elle offre également la possibilité d’étudier des scénarios en faisant varier les paramètres de la simulation. Arena est un puissant logiciel de simulation à évènements discret. C’est celui choisi dans cette étude. Les chaînes logistiques ont tendance à fixer leur niveau de stocks uniquement en fonction de leur demande directe. Cette approche possède des inconvénients, l’un des plus notables est l’effet coup de fouet, appelé par les anglophones « The Bullwhip Effect ». Cet effet est le phénomène de l’amplification de la demande le long de la chaîne logistique. Disney & Towill le définissent comme suit : “the bullwhip effect refers to the scenario where the orders to the supplier tend to have larger fluctuations than sales to the buyer and the distortion propagates upstream in an amplified form” (Disney and Towill, 2003). Lee et al. expliquent qu’il existe cinq causes fondamentales de l’effet Bullwhip : le processus de communication de la demande, les délais non nuls, la fluctuation des prix, les phénomènes de pénuries et de spéculations ainsi que les contraintes de production par lots (Lee et al., 1997). Dans leur article, Wu & Cheng (Wu and Cheng, 2008) présentent les disfonctionnements que peut engendrer l’effet Bullwhip chez le fournisseur. Ils citent les prévisions de la demande inexactes, les faibles capacités d’utilisation des ressources, le surstockage et un faible taux de service. Moyaux et al. (Moyaux et al., 2007), proposent des solutions pour remédier à l’effet Bullwhip. La solution qu’ils présentent est la séparation de la commande en demande originale et ajustements. Le fournisseur a ainsi connaissance de la demande du client final et des ajustements opérés par son client direct. De part cette traçabilité, le fournisseur obtient quelques avantages de la prise de décision collaborative. En effet, la prise de décision décentralisée est aussi une cause de l’effet Bullwhip, elle aboutie à des chaînes logistiques moins performantes. Afin de coordonner les actions des partenaires d’une chaîne logistique et d’éliminer cet effet, le partage d’information peut représenter une solution adéquate (Fiala, 2005). Lau et al. (Lau et al., 2008), soutiennent qu’un bon moyen d’arriver à une meilleure coordination des chaînes logistiques et d’éliminer l’effet Bullwhip est un choix approprié des politiques de gestion de stock, une vulgarisation du partage d’information ainsi qu’une gestion des commandes en « Early Order Commitment » (EOC) (Lorsque le client utilise du EOC il s’engage à acheter une certaine quantité, pour une date fixée avant que ne soit créé le besoin réel). Dans leur article, Lau et al., analysent l’effet du partage d’information et du EOC sur la performance de quatre politiques de gestion de tailles de lots différentes. Bourland et al. (Bourland et al., 1996) montrent que le partage d’information sur la demande en temps réel améliore la performance de la livraison des produits. L’étude de Zhou & Benton (Zhou and Benton, 2007) stipule que les pratiques de partage d’information au sein des chaînes logistiques ont une influence significative sur les performances de livraison. Plus le niveau de partage d’information est élevé, meilleure sera l’efficience des chaînes logistiques. Zhang & Zhang (Zhang and Zhang, 2007) ont utilisé la simulation d’une chaîne logistique à trois échelons afin de quantifier le profit généré par le partage d’information sur la demande. Lors du partage d’information sur la demande chaque échelon a connaissance de la demande du marché. Cette information est utilisée pour réaliser des prévisions sur la demande future. Stein and Sweat (Stein and Sweat, 1998) ont trouvé que le partage de certaines informations telles que le niveau des stocks, les prévisions, les tendances des ventes, permet aux compagnies de réduire leur temps de cycle, de répondre aux commandes plus rapidement, d’économiser sur les coûts de sur-stockage et d’améliorer le taux de service. Dans leur article, Wu & Cheng (Wu and Cheng, 2008), définissent trois niveaux du partage d’information. Au premier niveau le fournisseur et le distributeur appartiennent à différentes organisations et opèrent de manière décentralisée. Au second niveau, le fournisseur et le distributeur coordonnent leur politique de gestion de stock et le fournisseur connaît la demande subie par le distributeur. Au troisième niveau, le fournisseur et le distributeur coopèrent de manière centralisée. Ils pratiquent alors le VMI. Le VMI est l’une des initiatives les plus largement étudiée pour l’amélioration de l’efficience des chaînes logistiques. Il est aussi connu sous le nom de Gestion Partagée des Approvisionnements, il fut vulgarisé dans les années 1980 par Wal-Mart et Procter & Gamble (Waller et al., 1999). Lors du VMI c’est le fournisseur qui assume la responsabilité de la gestion des stocks de son client. Plusieurs avantages de l’application du VMI ont été reportés dans la littérature. Comme par exemple, la réduction des stocks, la réduction des délais de réponse à la demande, et des livraisons plus fréquentes (Arshinder et al., 2008). Southard & Swenseth (Southard and Swenseth, 2008) examinent l’efficacité du VMI dans un contexte de multi destination, multi décision, grande variabilité de la demande. Ils ont trouvé que l’application du VMI améliorait le profit. Dong & Xu (Dong and Xu, 2002) se sont intéressés à l’évaluation de l’impact du VMI sur les niveaux de stocks à court et à long terme. Quant à Disney et al. (Disney et al., 2003), l’objectif de leur article est d’étudier le transport sur des modèles génériques de chaînes logistiques suivant trois scénarios. Un premier scenario représente une chaîne logistique standard, un autre modélise les approvisionnements selon un processus de commande par lots, le troisième scenario est une représentation du VMI. Ils ont présenté une quantification des coûts et des profits de ces trois scénarios. Ils concluent que, grâce au VMI, des économies sur les coûts de transport sont possibles à court comme à long terme. MOSIM’10 - 10 au 12 mai 2010 - Hammamet - Tunisie Dans notre recherche bibliographique, nous avons constaté que les auteurs qui s’intéressaient à l’influence des mécanismes de coordination considéraient des chaînes logistiques constituées d’entreprises homogènes au sens où ces entreprises avaient des niveaux individuels de performance comparables. Pourtant, il est fréquent que les chaînes logistiques réelles soient constituées de maillons montrant des performances hétérogènes en termes de stock ou de taux de service, et même en termes de paramètres structurels caractérisant les processus de production : temps de changement de série, taux de rebut, taux de pannes des machines, … Dans ce contexte, notre article a donc pour ambition de comparer des chaînes constituées de maillons hétérogènes, c'est-à-dire d’entreprises qui n’ont pas le même niveau de performance industrielle. Naturellement, ces chaînes auront une performance dégradée par rapport à une chaîne idéale constituée d’entreprises performantes et homogènes. Pourtant de telles configurations existent bel et bien dans le monde industriel, et c’est pour cette raison qu’il nous a paru intéressant de les modéliser et de les étudier. Notre objectif est ensuite de voir si la coordination permet à ces chaînes logistiques hétérogènes d’atteindre – ou au moins de se rapprocher de- la performance des chaînes homogènes. 3 MODELISATION DE LA CHAINE LOGISTIQUE Figure 2 : Les quatre processus des entreprises de production Ei. Sous le modèle Arena, différentes stations sont définies : Le fournisseur : il est modélisé sous forme d’un stock infini. Le client : Modélisé sous forme d’une demande qui suit une loi normale N(50,5) et dont la fréquence est de 24h. Les centres de gestion : la gestion des approvisionnements et de la production se fait en point de commande (ROP). A chaque fois que le stock atteint un seuil défini, le système déclenche le processus amont à ce stock afin de remonter son niveau. Sur notre modèle de simulation Arena, cela se traduit par un routage vers un numéro de station prédéfini. La production est un processus de fabrication par lots. Si le stock disponible est au moins égal à une taille de lot, et que le centre de gestion envoie un ordre de fabrication, la production se déclenche. A partir de la matière première (MP, stockée au niveau du Stock 1 (S1)) le processus 1 génère des produits semis finis (PSF, stockés au niveau du Stock 2 (S2)) qui sont à leur tour transformés en produits finis (PF, stockés au niveau du Stock 3 (S3)) via le processus 2. Le premier processus de production est choisi comme étant le goulot d’étranglement de la production. Lambert et al. (Lambert et al., 1998), stipulent que les chaînes logistiques peuvent être définies suivant une dimension horizontale et/ou verticale. La structure horizontale fait référence aux nombres de maillons de la chaîne. La structure verticale se réfère au nombre de fournisseurs et de clients de chaque maillon. La chaîne logistique modélisée par Essaid (Essaid, 2008a) était constituée d’un fournisseur en amont, un client final en aval et de trois maillons qui représentent les trois entreprises de production en série. Dans ce modèle, les entreprises de production fabriquent en MTS. 4 MODELISATION DU TRANSPORT Afin de mieux correspondre aux chaînes logistiques du monde industriel, nous avons voulu introduire la notion de transport. Le nouveau modèle ainsi construit est constitué de trois entreprises de production séparées par des entreprises de transport. Figure 1 : La chaîne logistique initiale Un maillon de la chaîne logistique est constitué de différents processus. Deux types de produits différents sont fabriqués, leur flux physique passe par la réception, puis par deux processus de production, puis se retrouve en livraison. Figure 3 : Intégration du transport dans la chaîne logistique Les entreprises de transport sont considérées comme parfaites (pas de pannes, pas de rebuts). En effet, ces hypothèses n’ont pas d’influence sur les résultats qui MOSIM’10 - 10 au 12 mai 2010 - Hammamet - Tunisie nous intéressent pour le moment, le transport n’étant pas le premier objectif de notre analyse. Par ailleurs, la capacité du transport est considérée comme infinie, ce qui revient à relâcher la contrainte sur le nombre de camions disponibles. le processus de livraison attend le délai nécessaire à la production de ce B/O. Le schéma ci-dessous décrit le processus de gestion des livraisons au niveau des entreprises Ei : Figure 4 : Constitution des entreprises de transports Ti Conceptuellement, toutes les entreprises de transport (Ti, i = 1, 2, 3) ont la même modélisation. A chaque fois qu’une entreprise (Ei) désire se réapprovisionner, elle lance une commande (Ces commandes sont modélisées grâce aux flux d’informations). L’entreprise en amont (Ei-1) lance alors la production et stocke sa production dans ce qui est appelé sur la figure 4 le quai de chargement. Le transport est périodique : à chaque période P1(i-1), l’entreprise Ti-1 scrute son quai de chargement. Si de la marchandise y est présente, cela correspond donc à une commande et Ti-1 lance alors son premier processus de transport. Après un premier délai de transport D1(i-1), la marchandise arrive à l’entrepôt avancé. De nouveau, à chaque période P2(i-1), le deuxième processus de transport, de durée de D2(i), se lance entre l’entrepôt avancé jusqu’au quai de déchargement. La marchandise qui arrive à ce quai de déchargement est directement acheminée vers le processus de réception de l’entreprise Ei qui a lancé la commande. On considère que le client final est directement livré depuis E3, sans passer par un entrepôt avancé. Pour cela, il suffit de calibrer P1(i) et P2(i) de manière à avoir un simple transfert de marchandise. Ainsi, il est préférable d’affecter à T3 une période d’une heure par exemple, de manière à satisfaire rapidement le client final. Dans l’exemple numérique qui sera appliqué lors des simulations, P1(3) = P2(3) = 1h, D1(3) = D2(3) = 0, P1(i) = 5h, et P2(i) = 8h, D1(i) = 3h, D2(i) = 1h, pour i = 1,2. Afin de minimiser les ruptures de stocks et les délais de retards, le concept de TAOL (Taux d’Acceptation de l’Ordre de Livraison) a été introduit au nouveau modèle. Si le stock disponible en livraison chez les entreprises Ei est supérieure à la commande, le processus de livraison démarre, et la marchandise est transférée au quai de chargement afin d’être expédiée périodiquement. Cependant, si le stock disponible, est inférieur à la commande mais reste tout de même supérieur à un certain taux (TAOL*Q), la marchandise disponible est livrée, et le reliquat est lancé en production et reste en attente de livraison. C’est ce qui est appelé Back Order Reliquat (B/O-R). Enfin, si le stock est inférieur à TAOL*Q, dans ce cas un Back Order (B/O) est lancé et Figure 5 : Concept du TAOL Il est à remarquer concernant les entreprises de transport, qu’avant l’application du VMI, ce sont les mêmes quantités de produits qui sont expédiées. Il est donc naturel d’avoir une égalité entre les stocks S1, S2 et S3. Nous reviendrons ultérieurement, sur le niveaux de ces stocks après application du VMI. 5 MODELISATIONS ET SIMULATIONS DE CHAINES LOGISTIQUES HETEROGENES Afin de classer les entreprises, le modèle utilise l’indicateur d’efficience OEE (Overall Equipment Effectiveness). Ce dernier est défini comme suit : OEE = Disponibilité × Performance × Qualité. La Disponibilité est mesurée en temps d’arrêt de production. La Performance est évaluée à partir des pertes de productivité. Enfin, la Qualité est définie en pourcentage de rebuts. Classe d’Entreprise A B C D OEE 85% 73% 62% 44% Disponibilité 90% 86% 81% 72% Performance 95% 90% 86% 76% Qualité 99,90% 95% 90% 80% Tableau 1 : OEE par classe d’entreprise L’OEE est un indicateur généralisé, facile à calculer pour les entreprises et offre une évaluation globale du processus de production. De plus, il peut être implémenté facilement en paramètres de simulation. Plusieurs données d’entrées permettent au modèle de prendre en compte différents paramètres caractérisant notre chaîne logistique (tailles de lots, seuils, etc). En faisant varier ces données d’entrées, les quatre classes d’entreprises ont pu être générées. Ces classes correspondent à différentes performances d’entreprises. La classe d’entreprise la plus performante est appelée classe A. A partir de cette classe sont obtenues les MOSIM’10 - 10 au 12 mai 2010 - Hammamet - Tunisie classes B, C et D en dégradant les temps de setup, les temps de changements de série, le MTBF (Moyenne des Temps de Bon Fonctionnement), le MTTR (Moyenne des Temps de Réparation), le TQL (Taux de Qualité) ainsi que la taille des lots. Les différences entre ces classes sont résumées sur le tableau 2. Pour plus de détails sur la construction de ses classes se référer aux travaux de (Essaid et al., 2008b). Il est à souligner que quelques modifications sur la classification de (Essaid et al., 2008b) ont été apportées. Notamment, des changements sur la taille des lots et sur les seuils de recomplètement. Le nouveau modèle, considère des tailles de lots différentes entre les processus de production et le processus de réapprovisionnement, alors que le modèle initial les supposait égales. De plus, les seuils ont donc dû être réajustés. Pour le calcul des seuils, les délais ainsi que les quantités de recomplètement du stock ont été pris en compte (influence de l’amont) mais aussi les délais et les quantités de consommation de ce stock (influence de l’aval). Classe A Temps TQL Taille de Lot Seuil TRIA(0.01,0.02,0.03) 99% TRIA(45,50,55) TRIA(18,20,22) Temps TAOL TRIA(0.01,0.02,0.03) 75% Temps TRIA(0.15,0.17,0.19) Temps de setup TRIA(0.08,0.1,0.3) Tps chang. de série TRIA(0.1,0.2,0.4) TQL 99% MTBF * EXPO(200) MTTR ** EXPO(1,5) Taille de Lot TRIA(9,10,11) Seuil TRIA(35,40,45) Temps TRIA(0.13,0.16,0.18) Temps de setup TRIA(0.08,0.1,0.3) Tps chang. de série TRIA(0.1,0.2,0.4) TQL 99% MTBF * EXPO(200) MTTR ** EXPO(1,5) Taille de Lot TRIA(9,10,11) Seuil TRIA(55,60,65) Classe B Classe C Classe D Reception TRIA(0.01,0.02,0.03) TRIA(0.01,0.02,0.03) TRIA(0.01,0.02,0.03) 96% 93% 91% TRIA(55,60,65) TRIA(65,70,75) TRIA(90,100,110) TRIA(35,40,45) TRIA(55,60,65) TRIA(55,60,65) Livraison TRIA(0.01,0.02,0.03) TRIA(0.01,0.02,0.03) TRIA(0.01,0.02,0.03) 75% 75% 75% Processus 1 TRIA(O.11,0.14,0.16) TRIA(0.10,0.11,0.12) TRIA(0.08,0.09,0.10) TRIA(0.15,0.20,0.40) TRIA(0.3,0.4,0.6) TRIA(0.5,0.7,1) TRIA(0.17,0.19,0.20) TRIA(0.4,0.5,0.8) TRIA(0.7,1,1.4) 96% 93% 91% EXPO(150) EXPO(100) EXPO(80) EXPO(3) EXPO(4) EXPO(5) TRIA(18,20,22) TRIA(33,35,37) TRIA(45,50,55) TRAI(35,40,45) TRIA(55,60,65) TRIA(55,60,65) Processus 2 TRIA(0.10,0.12,0.14) TRIA(0.09,0.10,0.11) TRIA(0.07,0.08,0.09) TRIA(0.15,0.20,0.40) TRIA(0.3,0.4,0.6) TRIA(0.5,0.7,1) TRIA(0.17,0.19,0.20) TRIA(0.4,0.5,0.8) TRIA(0.7,1,1.4) 96% 93% 91% EXPO(150) EXPO(100) EXPO(80) EXPO(3) EXPO(4) EXPO(5) TRIA(18,20,22) TRIA(33,35,37) TRIA(45,50,55) TRIA(55,60,65) TRIA(55,60,65) TRIA(55,60,65) * : Moyenne des Temps de Bon Fonctionnement ** : Moyenne des Temps de Réparation Tableau 2 : Paramètres de simulation du modèle de chaîne logistique Le modèle Arena génère, de part sa plusieurs indicateurs qui peuvent être l’analyse : Le taux de service, le nombre B/O-Reliquats ainsi que leurs délais construction, utilisés pour de B/O et de moyens, les quantités moyennes par B/O et B/O-R, les taux d’occupation des ressources goulots, le nombre de commandes immédiatement satisfaites ainsi que les niveaux de stocks locaux et globaux. La chaîne logistique qui sera utilisée comme référence est une chaîne homogène constituée de trois entreprises de classe A (E1(A)-T1-E2(A)-T2-E3(A)-T3). Les chaînes hétérogènes ont été obtenues en dégradant le second maillon de la chaîne et en le faisant varier d’une entreprise de classe A à une classe B, C, puis D (E2(B,C,D)), le reste de la chaîne reste inchangé. Dans cet article, nous nous intéressons uniquement à l’influence du VMI sur les niveaux de stocks globaux. Les outputs de la chaîne homogène (niveaux de stocks) seront donc comparés à ceux issus de la simulation des chaînes hétérogènes. 6 MODELISATION DU VMI La seconde étape importante de l’étude, consiste en l’introduction du VMI au sein de la chaîne logistique. L’objectif est d’étudier la possibilité de tirer profit des avantages de ce mécanisme de coordination afin d’obtenir à partir des chaînes hétérogènes, des résultats comparables à ceux issus des chaînes homogènes. Puisque c’est le deuxième maillon de la chaîne qui a été dégradé, c’est à ce niveau que sera introduit le VMI. Figure 6 : Modélisation des flux de la chaîne logistique dans le cas sans et avec VMI En général, avant l’application du VMI, les entreprises passent par une phase de négociation et d’échanges afin de fixer les responsabilités et objectifs de chaque partenaire. Dans la majorité des cas, cette phase se termine par l’élaboration d’un contrat où chaque terme est clairement défini (délégation de la gestion des stocks du client à son fournisseur, niveaux des stocks, pénalités, …) Dans notre cas de modélisation du VMI, c’est E1 qui gère les stocks de E2. Elle a donc l’information sur les niveaux de stock de son client. A chaque fois que le stock S1 de E2 atteint un certain niveau, E1 réapprovisionne E2 à partir de son entrepôt avancé MOSIM’10 - 10 au 12 mai 2010 - Hammamet - Tunisie (C’est donc E1 qui fixe ce seuil de recomplètement, alors que dans le cas sans VMI, c’était E2 qui décidait de son seuil de réapprovisionnement). Puis l’entrepôt avancé se réapprovisionne à partir de l’usine E1 suivant une gestion en NSC (Niveau de Stock Cible). Rappelons que dans le cas sans VMI le réapprovisionnement de E2 s’effectuait à partir de l’usine de production E1, et non pas à partir de son entrepôt. Le transport T1 n’est donc plus un simple transfert de marchandise comme c’était le cas sans VMI. Grâce au VMI, E1 a une visibilité sur le stock de son client E2, ce qui lui permet d’avoir une meilleure organisation. E1 n’est plus « passive » face aux commandes de son client, mais elle devient « active ». Donc, contrairement au cas sans VMI, où E1 subissait des commandes en grandes quantités, lors du VMI, E1 répond à des commandes compatibles avec ses dimensions de tailles de lots. La particularité intéressante de notre modélisation Arena, est que c’est une modélisation très flexible. Pour modéliser le flux d’information du cas avec VMI, il est, en grande partie, uniquement nécessaire de changer le routage vers le numéro de station approprié et de calibrer à nouveau les seuils de réapprovisionnement. En effet, le seuil de réapprovisionnement de l’entrepôt avancé, dans le cas avec VMI, est identique au seuil de réprovisionnement du processus de livraison de E1 dans le cas sans VMI. Ainsi, il a suffi de décaler les seuils afin d’obtenir le calibrage approprié. 7 RESULTATS DE SIMULATIONS 7.1 Influence du VMI sur les stocks Nous allons nous interésser à l’influence du VMI sur les niveaux de stocks des différentes chaînes logistiques homogènes et hétérogènes. Pour ce faire, nous avons simulé les deux cas avec et sans VMI. Dans chaque cas, et afin que les résultats soient comparables en termes de taux de service, nous avons réglé les stocks de sécurité de sorte que le taux de service soit de 100% sur le marché final. Vingt simulations de 10 000 heures chacune ont été effectuées pour chaque configuration. Les campagnes de simulations permettent de dépasser la phase transitoire du système et de tenir compte des phénomènes aléatoires. Les résultats des simulations sont présentés sur les graphiques suivants : Figure 7 : Niveaux des stocks globaux des chaînes logistiques dans les cas sans et avec VMI Le graphique présenté en figure 7 permet d’observer le comportement des chaînes logistiques constituées de maillons à performance hétérogènes. Nous remarquons qu’afin de pallier la diminution de la performance de l’entreprise E2 (passage d’une classe A à une classe B et C), le niveau de stock total de la chaîne logistique augmente. Cependant, au passage de E2 à une classe D (ATDTAT) les stocks baissent et sont inférieurs à ceux d’une chaîne ATCTAT. Ce phénomène est du au fait que l’entreprise E2(D) devient incapable de reconstituer ses stocks dans le contexte d’une chaîne logistique trop hétérogène et donc trop perturbée. Cette configuration est intéressante au sens où elle montre explicitement une limite dans la construction de chaînes logistiques constituées d’éléments de performances trop différentes. Tel que le montre le graphique précédent, le gain obtenu (en terme de diminution de niveau de stock) grâce à la mise en place du VMI sur les chaînes ATATAT, ATBTAT, ATCTAT, ATDTAT, est de : 3,5%, 6%, 9% et 19% respectivement. Nous concluons que plus forte est la dégradation de la performance plus bénéfique sera l’introduction du VMI sur les niveaux de stock total. (En notant bien toutefois que le gain de 19% a un coté artificiel dans le sens où il est dû au fait que l’entreprise D ne parvient plus a reconstituer ses stocks de sécurité habituels). Enfin, nous notons que l’introduction du VMI sur les chaînes ATBTAT, et ATCTAT ne leur a tout de même pas permis de redescendre leurs stocks au niveau de stock de la chaîne homogène ATATAT. Afin d’analyser avec plus de précision le comportement des stocks, le modèle offre la possibilité d’étudier leur profils par échelon et en faisant la distinction entre le stock S1 (MP), le S2 (PSF) et le S3 (PF). Nous avons obtenus des résultats préliminaires, mais avant de pouvoir les présenter dans le détail, il convient de finaliser la validation de notre modèle et plus particulièrement, la programation de la gestion en niveau de stock ciblé. Nous pouvons toutefois résumer les observations que nous avons tirées de l’analyse des niveaux de stocks de chaque échelon par ce qui suit : afin de rattraper la perte de performance causée par la dégradation de E2, la MOSIM’10 - 10 au 12 mai 2010 - Hammamet - Tunisie chaîne logistique augmente ses stocks au niveau de E2 ainsi qu’au niveau de l’entreprise de transport qui l’approvisionne (T1). Puis, après la mise en place du VMI, les stocks au niveau des entreprises de transport (T1) diminuent nettement. En effet, au lieu de stocker à deux niveaux différents : chez E1 (le fournisseur de E2) et chez E2 (le client de E1), le stock de l’entrepôt de transport du fournisseur est pratiquement éliminé et est transféré chez le client. Ceci a permis la diminution du niveau de stock total de la chaîne logistique comme présenté précèdemment. Nous envisageons plusieurs perspectives à cette recherche. A court terme, nous devons : - - 7.2 Limites du modèle Le modèle de chaîne logistique présenté ici possède certaines limites : Le transport est sous une forme très simplifiée, les contraintes de capacités des ressources et de nombre de ressources ne sont pas considérées. - A moyen terme : - La chaîne logistique est constituée d’un seul fournisseur et d’un seul client. Alors qu’en réalité les entreprises s’approvisionnent chez plusieurs fournisseurs et possèdent plusieurs clients. Une autre limite, est que le modèle ne permet pas encore à ce stade de faire des prévisions. Dans la pratique, les entreprises qui mettent en place le VMI, utilisent, en général, un historique de commandes afin d’anticiper sur les quantités à venir. Ceci n’est pas gênant dans le contexte actuel de notre modélisation où la demande est stationnaire. En revanche, nous prévoyons d’intégrer bientôt des phénomènes de saisonnalité sur le marché, qui nécessiteront d’ajuster en cours de simulation les niveaux de stock ciblés en fonction d’un horizon de prévision, ce qui permettra d’analyser l’impact de la précision des prévisions sur l’efficacité du VMI. 8 CONCLUSION Cet article présente une modélisation d’une chaîne logistique constituée de trois entreprises de production séparées par des entreprises de transport, un fournisseur et un client final. Les entreprises de production peuvent être homogènes et être constituées de maillons de classes de performance identiques. Comme elles peuvent être hétérogènes dans le cas contraire. Nous avons voulu introduire le VMI afin d’étudier la possibilité d’obtenir à partir des chaînes logistiques dégradées, des résultats qui se rapprochent de ceux des chaînes logistiques les plus performantes. Pour ce faire, nous nous focalisons dans cette étude sur l’explication de la modélisation réalisée. Puis nous avons présenté quelques résultats préliminaires, qui nécessitent encore plus de développement afin de pouvoir en tirer plus ample profit. Nous pouvons toutefois affirmer, que le VMI a permis une réduction des stocks totaux des chaînes logistiques mais n’a toutefois pas permis de rattraper le sur-stockage dû à la dégradation de la performance d’un maillon de la chaîne logistique. Finaliser la validation de la gestion de réapprovisionnement de l’entrepôt avancé en niveau de stock ciblé. Essayer d’optimiser le calibrage des tailles de lot et des seuils de recomplètement. Etudier toutes les combinaisons possibles des différentes classes de performance (A, B, C, D) sur les trois entreprises de production, et analyser les résultats ainsi obtenus. Introduire le VMI entre le deuxième et troisième échelon de la chaîne logistique. - Sur le modèle actuel sont représentés les flux physiques ainsi que les flux de matières. Introduire les flux financiers pour le calcul des coûts permettra d’avoir une modélisation des chaînes logistiques plus exhaustive. Il serait intéressant de comparer les résultats ainsi obtenus au cas d’une gestion en Kanban, et/ou d’une production en MTO (Make to Order). Développer la modélisation du transport afin de la rendre plus réaliste (contraintes de capacité et de nombre, pannes, rebus…) et analyser l’influence des mécanismes de coordination sur le transport serait une perspective pertinente. Sur une perspective de plus long terme : - Il conviendrait de modéliser différents mécanismes de coordination et d’échange d’information tels que : le CPFR (Collaborative Planning and Forecasting Replenishment), CRP (Continuous Replenishment Program), CFR (Collaborative Forecasting Replenishment), ECR (Efficient Customer Response) afin de pouvoir les comparer les uns aux autres et trouver ainsi les plus appropriés aux modes de gestion et aux profils des chaînes logistiques étudiées. REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier M. Frédéric Grimaud pour son aide concernant la modélisation Arena. REFERENCES Arshinder, S., A. Kanda, and S. G. Deshmukh, 2008. Supply chain coordination: Perspectives, empirical studies and research directions. International Journal of Production Economics, vol. 115, p. 316-335. MOSIM’10 - 10 au 12 mai 2010 - Hammamet - Tunisie Bourland K. E., S. G. Powell and D. F. Pyke, 1996. Exploiting timely demand information to reduce inventories. European Journal of Operational Research. vol. 92, p. 239-253. Disney, S. M., A. T. Potter and B. M. Gardner, 2003. The impact of vendor managed inventory on transport operations. Transportation Research Part E-Logistics and Transportation Review, vol. 39, p. 363-380. Disney S. M. and D. R. Towill , 2003. The effect of vendor managed inventory (VMI) dynamics on the Bullwhip Effect in supply chains. International Journal of Production Economics, vol. 85, p. 199-215. Dong Y., and K. F. Xu, 2002. 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