Estimation de l`aptitude physique par questionnaire Fitness

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Estimation de l`aptitude physique par questionnaire Fitness
Science & Sports 21 (2006) 121–130
http://france.elsevier.com/direct/SCISPO/
Revue générale
Estimation de l’aptitude physique par questionnaire
Fitness assessment by questionnaire
D. Trivel a,*, L. Léger b, P. Calmels a
a
Unité PPEH–EA 3062, service de médecine physique et de réadaptation, faculté de médecine Jacques-Lisfranc,
université Jean-Monnet, hôpital Bellevue, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex 02, France
b
Département de kinésiologie, université de Montréal, CP 6128, centre ville, Montréal, Québec, Canada H3C 3J7
Reçu le 10 février 2005 ; accepté le 10 décembre 2005
Disponible sur internet le 05 avril 2006
Résumé
Objectifs. – Certains questionnaires estiment le degré d’activité physique pratiquée ou celui de la dépense énergétique correspondant, alors
que d’autres, moins nombreux, estiment l’aptitude physique. Cet article présente les principaux questionnaires utilisés dans la littérature, tant en
anglais qu’en français. Leurs caractéristiques métrologiques sont rapportées et analysées.
Actualités. – L’activité physique est un comportement et la dépense énergétique est le coût de ce comportement. Plusieurs facteurs peuvent
l’influencer : l’âge, le poids et le niveau d’aptitude physique entre autres. L’aptitude physique, synonyme de « fitness », est l’habilité ou la
capacité à pratiquer une activité physique avec un niveau de performance donné. De nombreuses méthodes existent pour mesurer l’activité
physique (ActP) et l’aptitude physique (AptP). Les questionnaires sont particulièrement adaptés pour les études épidémiologiques. Les questionnaires d’activité physique estiment une dépense énergétique, des niveaux ou des indices d’activité. Les questionnaires d’aptitude physique déterminent un paramètre spécifique comme VO2max. Ils se fondent également sur les habitudes d’activité physique des sujets sauf qu’ils sont souvent,
surtout les plus valides, différents dans la forme (style de question et longueur du questionnaire).
Conclusion. – Il existe de nombreux questionnaires anglo-saxons qui estiment l’activité physique mais peu concernent l’aptitude physique des
individus. Par ailleurs, écrits ou traduits en langue française, il n’y a pas beaucoup de questionnaires validés en France que ce soit pour calculer la
dépense énergétique ou VO2max.
© 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract
Objectives. – Many questionnaires estimate physical activity levels or its corresponding energy expenditure levels while only a few ones
estimate fitness levels. This paper presents a review of these questionnaires, available both in English and in French.
Topics. – Physical activity (PA) is defined as any body motion resulting from skeletal muscle contraction and energy expenditure. Physical
fitness (PF) is defined as a set of attributes (cardiorespiratory and muscular endurance and power, strength, etc.) necessary to perform physical
activity to a set level of performance. Assessing PA and PF with heart rate monitors, accelerometers, etc., is not very practical for epidemiological studies. Questionnaires appear to be the most common and useful methods. Results of PA questionnaire are expressed in activity indices or
energy expenditure. PF questionnaires are also based on physical activity assessment to predict VO2max but the type and number of questions
differ from PA questionnaires.
Conclusion. – English questionnaires are more numerous than french ones. Whether written in English or French, most questionnaires assess
PA while only a few ones, predict PF.
© 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Questionnaire ; Activité physique ; Aptitude physique ; VO2max
Keywords: Questionnaire; Physical activity; Fitness; VO2max
* Auteur
correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (D. Trivel).
0765-1597/$ - see front matter © 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.scispo.2005.12.004
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D. Trivel et al. / Science & Sports 21 (2006) 121–130
1. Introduction
L’inactivité physique provoque généralement le développement d’un éventail de maladies chroniques [11]. Pour être plus
concret, retenons qu’un mode de vie sédentaire est associé à
une augmentation deux fois plus grande du risque de mortalité
toutes causes confondues et de maladies cardiovasculaires [10,
39]. A contrario, de nombreuses études ont prouvé qu’une activité physique (ActP) régulière était source de bien-être et de
santé [2,11].
Connaître la quantité d’ActP pratiquée est donc essentiel
pour le suivi de l’état de santé des individus et des collectivités.
L’ActP est un comportement et la dépense énergétique (DE)
est le coût de ce comportement. La DE est le produit de la
fréquence, la durée, l’intensité et le type d’activité réalisée.
C’est la mesure de la quantité d’exercice, qui détermine un plus
ou moins grand bénéfice sur la santé. L’ActP est exprimée par
une DE en Mets (en multiple du métabolisme de repos), ou par
un indice symbolisant un niveau d’activité. Plusieurs facteurs
peuvent l’influencer : l’âge, le poids et le niveau d’aptitude
physique (AptP) entre autres. L’AptP est synonyme de « fitness », c’est l’habilité ou la capacité à accomplir et à pratiquer
une activité [28]. L’AptP est caractérisée par ses composantes
musculaire, motrice, métabolique et cardiorespiratoire. Plus
souvent qu’autrement, on ne mesure que cette dernière composante (VO2max), laquelle est reconnue comme un indice important de l’AptP.
De nombreuses méthodes permettent de connaître la DE ou
VO2max. Ces paramètres peuvent être mesurés avec précision
en laboratoire mais cela est très coûteux et peu réaliste dans
le cadre d’études épidémiologiques. En revanche, les questionnaires peuvent constituer des outils très pratiques pour des études portant sur un grand nombre de sujets.
Les notions d’ActP et d’AptP sont très proches, ce qui entretient une certaine confusion. L’ActP et l’AptP sont liées
puisque l’AptP dépend fortement, mais pas entièrement, des
habitudes de pratique d’ActP [11]. Plus l’individu fait d’exercices ou d’activités physiques, plus son AptP augmente ce qui
lui permet de réaliser de meilleures performances. La pratique
d’ActP, qu’on assimile à l’entraînement, influence l’AptP et
inversement. Mais cette relation de cause à effet n’est pas
exclusive car l’AptP dépend aussi d’autres facteurs comme la
nutrition, le sommeil, les maladies, etc. (Fig. 1).
Les questionnaires estimant l’AptP se fondent sur l’ActP
réalisée par les individus, sachant que l’AptP augmente en
fonction du volume d’ActP pratiquée. Pour entretenir davantage la confusion, certains questionnaires d’ActP, tout comme
les questionnaires d’AptP, sont aussi validés par comparaison
avec VO2max au lieu de données provenant de techniques qui
mesurent plus « directement » l’ActP comme l’eau doublement
marquée, la cardiofréquencemétrie, l’analyse vidéo, l’accélérométrie et les « Global Positioning System » (GPS). En définitive, ce sont les objectifs de l’étude (estimation de l’ActP ou de
l’AptP) qui devraient déterminer l’outil à utiliser. Comme ActP
et AptP sont interdépendantes mais pas parfaitement corrélées
(Fig. 1) et comme chacun a une influence spécifique et différente sur les facteurs de risque et l’état de santé [11,52], il
serait approprié de mesurer chacune d’elle par des outils
différents et spécifiques, mais certainement pas par le même
questionnaire.
2. Considérations pratiques
À partir des bases de données et de la littérature concernée,
nous avons trouvé de nombreuses publications qui ont recensé
ou vérifié la validité et la reproductibilité des questionnaires
d’ActP ou d’AptP apparus en nombre ces dernières années
[3,26]. Vuillemin et al. [50] par exemple, en ont recensé 29
par simple recherche sur trois bases de données Internet. La
revue « Medicine Sciences and Sports and Exercise » a aussi
publié un supplément entièrement consacré aux nombreux
questionnaires écrits en anglais (2001).
Les questionnaires d’ActP ont été conçus pour quantifier la
pratique des différentes ActP réalisées au travail, à la maison
ou pendant les loisirs. Le Tableau 1 présente dix des questionnaires anglophones d’ActP les plus utilisés. L’objectif de ces
questionnaires est de connaître la durée, la fréquence et l’intensité des activités pratiquées. Ces questionnaires sont souvent
très longs car ils prennent en compte toute la gamme possible
des activités. On a parfois utilisé ces questionnaires non pas
pour mesurer l’ActP mais l’AptP, alors que leur spécificité et
leur validité laissent plutôt à désirer (Tableau 2). La plupart
présente de faibles corrélations avec VO2max [4,9,13,15,21,45,
46,48].
Des questionnaires plus récents ont été spécialement conçus
pour estimer VO2max. Ils interrogent les sujets à partir de leurs
habitudes concernant l’ActP. Plusieurs auteurs ont construit un
questionnaire d’AptP fondé sur sept ou dix affirmations décrivant dans un ordre croissant sept ou dix niveaux de comportements de pratique d’ActP régulière. Le sujet entoure l’affirmation qui lui convient le mieux. Ce choix combiné ou non à
l’indice de masse corporelle (IMC) permet une estimation de
VO2max [20,24,25,30,51]. Le questionnaire Huet, quant à lui
[49], estime VO2max à partir d’une dizaine de questions simples
en matière de pratique d’ActP et d’habitudes de vie (tabac,
sommeil, etc.). Les corrélations obtenues entre le VO2max prédit par ces questionnaires d’AptP et le VO2max mesuré en laboratoire sont généralement correctes (de 0,60 à 0,90) [14,20,24,
25,30,35,37,49,51]. De plus, Matthews et al. [35] ont obtenu
non seulement une très forte corrélation (r = 0,86, SEE = 5,7,
n = 799), mais ils ont aussi rapporté que 83 % des sujets étaient
correctement classés. La plupart de ces questionnaires concernent des sujets adultes et ont été validés dans des échantillons
de populations assez jeunes.
Concernant les enfants, peu de questionnaires ont été validés. Saris [41] a montré que l’utilisation de ce type d’outil était
limitée pour des enfants âgés de moins de dix ans en raison de
la difficulté de compréhension. La présence d’un investigateur
supplée ce problème, mais rend difficilement utilisable cet outil
lors d’enquêtes épidémiologiques. Laporte et al. [31] ont étudié
auprès de 22 enfants (12–14 ans) la validation du Minnesota
Leisure Time Physical Activity Questionnaire (MLTPAQ). La
durée de rappel du questionnaire est d’un an. Le résultat obtenu
est un indice du niveau d’activité du sujet. Il n’y a pas de cor-
123
D. Trivel et al. / Science & Sports 21 (2006) 121–130
Fig. 1. La triade sport–santé et son prisme.
Tableau 1
Caractéristiques générales des dix questionnaires d’ActP anglophones les plus utilisés
Questionnaires
Auteurs
Health Insurance Plan [42]
Population
Score
Rappel
H ≥ 30 ans
Quatre niveaux d'activité
Activité habituelle
Havard Alumni [38]
H–F 35–77 ans
kcal/semaine
Une semaine
Minnesota Leisure [48]
H 36–59 ans
kcal/jour
Un an
Framingham [27]
Trois niveaux d'activité
Activité habituelle
Lipid Research Clinics Questionnaire [23]
H 45–65 ans
F 35–64 ans
H–F 20–69 ans
Trois niveaux d'activité
Activité habituelle
Baecke Physical Activity Questinnaire [5]
H–F 20–32 ans
Indice
Un an activité habituelle
Five City Project [40]
H–F 20–74 ans
kcal j–1 kg–1
Une semaine
Godin Questionnaire [21]
H–F 18–65 ans
Mets
Une semaine
Seven Day Recall [9]
H–F 20–59 ans
Mets
Une semaine
CARDIA Physical Activity History [44]
H–F 20–59 ans
Mets
Un an
rélation entre les VO2max mesurés sur tapis roulant et le questionnaire (r = 0,10, NS).
Bouchard et al. [13] ont validé un questionnaire anglophone
comportant un rappel d’ActP sous la forme d’une grille (périodes consécutives de 15 minutes) sur trois jours chez les adultes
et chez les enfants. Ce questionnaire de rappel a été validé indirectement avec VO2max estimé à partir d’un test sous-maximal réalisé sur ergocycle, et avec une évaluation du pourcentage de masse grasse. Les corrélations obtenues étaient
significatives mais faibles pour 150 adultes et 150 enfants
(r = 0,31, p < 0,01). Un test–retest réalisé à environ une semaine d’intervalle a permis de vérifier la bonne reproductibilité
du questionnaire (r = 0,96, p < 0,01). Sunnegardh et Bratteby
[47] ont étudié la validité de leur questionnaire adulte auprès
d’enfants âgés de 8 à 13 ans. Ce questionnaire interroge les
Administration
Durée
Autoadministration
Dix minutes
Autoadministration
15 minutes
Interview
20 minutes
Interview
Dix minutes
Interview
cinq minutes
Autoadministration
15 minutes
Interview
15 minutes
Autoadministration
–
–
–
Autoadministration
Huit minutes
sujets sur les ActP de loisirs habituellement pratiquées. L’index
d’ActP obtenu était plus significatif pour des enfants ayant une
capacité aérobie élevée.
En français, Gautheron [19] a adapté à l’enfant et l’adolescent le questionnaire d’activité physique Saint-Étienne
(QAPSE) conçu pour l’adulte par Berthouze [6]. La validité
du questionnaire a été calculée en comparant les VO2max obtenus par questionnaire avec ceux obtenus par le test aérobie de
course–navette de 20 m [33]. Les corrélations étaient moins
fortes que celles obtenues chez l’adulte (r = 0,57, n = 74 et
r = 0,96, n = 61, rétrospectivement). Le principal écueil réside
dans le coût, la passation et le décodage fastidieux de ce questionnaire.
Différents paramètres caractérisent les questionnaires permettant de les comparer et de les utiliser à bon escient. De
Références
Skinner et al. 1966 [45]
Variables et période de
rappela
Q. de Tecumseh (Travail
+ AP loisir)
Mastropaol (Skinner et al.
1966) [45]
Q. de Tecumseh (Travail
+ AP Loisir)
Bruce et al. 1973 [14]
PA-R un mois et sept
niveaux, S, A, Ma
MLTAQ (Tecumeseh AP
de loisir) un an
Taylor et al. 1978 [48]
MLTAQ A, IMC, Sueur
etc. un an
De Backer et al. 1981 [15]
MLTAQ + Q. de travail un
an
Bouchard et al. 1983 [13]
Q.ActP trois jours neuf
niveaux d'intensité et de
durée
Q.ActP de loisir huit
niveaux une semaine
Morrisson et al. 1984 [37]
Andersen et al. 1984 [4]
Godin et Shephard 1985 [21]
Blair et al. 1985 [9]
Siconolfi et al. 1985 [43]
Score concernant les
activités sportives
Q.ActP usuelle
Five Cities Standford sept
jours
Q.ActP indices
Protocole de Bruce
Test sous-max.
Tapis roulant
Protocole de Bruce
Test sous-max.
Tapis roulant
Test sous-max.
PWC 150
Cycle
Test sous-max.
PWC150
Cycle
Test sous-max.
Cycle
Test max.
Cycle direct
2-steps test sous-max.
CHFT indirect
–
Test max.
Populationc
VO2maxd
Corrélation multiple R
SEEe
54 H 40–60 ans
~10 + 3 minutes
–
–
48 H 40–60 ans
–
–
–
Corrélation simple,
partielle (0-order)
ActP total 0,13
ActP travail 0,21
ActP int. 0,02
ActP total 0,12
29–73 ans
32,72
0,81
4,84
–
175 H 48,4 ± 6,1 ans, 36–
59 ans
8,62 ± 1,34 minutes
32,9 ± 4,42
–
–
Temps 0,45
175 H : 48,5 ± 6,1 ans
8,5 ± 1,3 minutes
0,75 : 0,81 avec FC sousmaximale
–
PWC150 0,52
LTA total 0,41
1513 H : 46,3 ± 4,2 ans
40–55 ans belges
P150W–kg : 1,47 ou 29,3
–
–
H–F 42,3 ± 4,3 ans,
(n = 150), 14,6 ± 2,9,
(n = 150)
646 H + 369F ; H 43,7
± 0,5 ans ; F 41,1 ± 0,5 ans,
20–70 ans
27 H + 25 F mesurés
5 × 13–18 ans
163 H + 143 F, 30,7
± 9,8 ans, 18–65 ans
41 H–F adultes
P150W–kg : 1,47 ± 0,43 ;
1,52 ± 0,43
–
–
LTA int. 0,44
LTA int. 0,10
LTA total 0,01
ActP travail 0,07
0,31 (n = 300)
H 35,5 ± 0,3 ; F 28,2
± 0,35
–
–
Exercice 0,61
H 54–47, F 44–35
–
–
H 0,31, F 0,19
H 43,8 ± 7,1 ; F 34,7 ± 4,7
–
–
0,38
–
–
–
Six-month-changes 0,33
36 H + 28 F, 41 ± 14 ans,
20–50 ans
H–F 28 ± 9,7 ; H 32 ± 9,8 ;
F 23 ± 6,9
–
8,63
101 : H–F 8–13 ans
Huit ans : H 52,7 ± 6,3 ; F
45,9 ± 4,4
13 ans H 52,2 ± 5,3 ; F
43,7 ± 3,9
18–31 ans : 56,9 ± 7,17 ;
39,9 ± 12,6
19,8 ± 4,3 minutes
–
–
Sueur HF 0,46
Sueur H 0,54
Sueur F 0,26
ActP–HF 0,29
ActP–H 0,26
ActP–F 0,08
0,41–0,48
–
17,8
0,61
0,65
Trois mois
0,03 (0,04)
Trois jours
Sueur fréq
RunWalkJo
Âge
0,09
0,46
0,48
0,33
–
Belges : LTA total 0,08 ;
LTA int. 0,10
Slovaques : LTA total 0,09 ;
LTA int. 0,09
Cycle direct
Sunnegardh et Bratteby 1987
[47]
Q. d'activité de loisir
Test max.
Cycle direct
Dishman et Steinhardt 1988
[16]
Kohl et al. 1988 [29]
Sobolski et al. 1988 [46]
Q.ActP sept jours
Indice d'exercice
Trois mois
Trois jours
Âge
Sueur, Fréq.
RunWalkJogInd
MLTAQ un an
Test max.
Cycle direct
Protocole de Balke
24 H : 11 entraînés ; 13
sédentaires
375 hommes abonnés à un
club de remise en forme
Test max.
Tapis roulant
47,1 ± 9,6 ans
Test sous-max.
Belges 1772 H
PWC150
Slovaques 1250 H : 40–
55 ans Ouvriers industriels
P150w–kg : B 1,5
± 0,28 W ; S 1,5 ± 0,28 W
–
(0,01)
(0,35)
(0,31)
(0,34)
(suite)
D. Trivel et al. / Science & Sports 21 (2006) 121–130
Leon et al. 1981 [34]
Protocole de test et
méthodeb
Protocole de Balke
PWC160
Tapis roulant
Protocole de Balke
Test sous-maximal (max)
Tapis roulant
Protocole de Bruce direct
124
Tableau 2
Validité de différents modèles de prédiction de VO2max par ordre chronologique
Tableau 2 (suite)
Références
Jackson et al. 1990 [25]
Bigard et al. 1992 [8]
Ainsworth et al. 1992 [1]
Fenster et al. 1993 [18]
Variables et période de
rappela
PA-R un mois et sept
niveaux, S, A, PC ou IMC
avec ou sans FCR
Protocole de test et
méthodeb
Protocole de Bruce
Tapis roulant direct
Q.ActP de Baecke modifié
par Bigard (IAL et IAS)
S, A, Freq, IMC
Test de course navette de
20 minutes
Test max.
Tapis roulant direct
Selon Godin
Selon Taylor
StanfordVigorous
LRC four points
Exercice kcal/semaine, %
MG, S, A
QAPSE sept jours
Gautheron 1994 [19]
QAPSE sept jours
Kolkhorst et Dolgener
1994 [30]
PA-R un mois et sept
niveaux, S, A, PC ou IMC
(Jackson et al. 1990
équations)
PA-R un mois et sept
niveaux, S, A et A2, PC ou
IMC
Heil et al. 1995 [24]
Whaley et al. 1995 [51]
PA-R un mois et sept
niveaux, S, A, PC FCR
George et al. 1997 [20]
PA-R six mois et dix
niveaux, PFA 1 et 3 miles,
S, IMC auto et mes.
Questionnaire usuel de
Huet
Trivel et al. 2004 [49]
Test max.
Cycle
Test de course navette de
20 minutes
Test max.
Tapis roulant direct
Test max.
Tapis roulant
Marche
Protocole de Balke-Bruce
Test max.
Tapis roulant direct
Test max.
Tapis roulant
Test max
Cycle direct
VO2maxd
Corrélation multiple R
SEEe
n = 2009 (9,7 % F), 18–
70 ans, travailleurs à la
NASA
38,99
F 32,8 ± 7,5
H 40,4 ± 8,6
118 H, 30–58 ans
40,5 ± 5,8, 18,7–58,5
5,35
5,0
5,35
5,70
5,3
–
74 : 27 H + 47F, 21–59 ans
H 42,1 ± 9,3 ; F 31,6
± 4,6 ; 18,7–58,5
0,81
PC + FCR 0,82
PC – FCR 0,81
IMC + FCR 0,79
IMC – FCR 0,78
IAS 0,526
IAL 0,436
0,88 : H 0,87, F 0,82
Corrélation simple,
partielle (0-order)
0,59
(0,32)
(0,37)
(0,39)
(0,44)
–
4,46
0,64 (0,39)
0,83
0,79
0,75
0,81
0,89
–
(0,61)
(0,51)
(0,37)
(0,57)
–
33,3 ± 6,8
2,3 ± 3,9
39,9 ± 13,8
0,916 ; p < 0,0001
–
–
48,12 ± 5,57
0,566 ; p < 0,0001
–
–
51,6 ± 7,3
PC 0,72 ; IMC 0,724
5,04 ; 4,07
(0,24)
374 : 178 H + 196 F ; 47,1
± 16,5 ans ; 20–79 ans
38,62 ± 10,36
H 39 ± 10, F 29 ± 7
100 : 50 % H–F, 22,3
± 3 ans, 18–29 ans
étudiants entraînés
108 : 88 H + 20 F, 15–
69 ans
44,05 ± 6,6
4,90
5,26
4,90
5,18
5,61
5,38
5,60
3,34 ; 3,44
0,77 (0,26)
2350 : 1415 H + 7935 F ;
42 ± 11 ans
0,88
PC + A 0,86
PC + A2 0,88
IMC + A2 0,87
PC 0,84
PC, FCR, tabac 0,84
IMC, FCR, tabac 0,84
IMC mes 0,86 ; IMC auto
0,85
0,88
5,97
63 H 56,7 ± 8,1 ans
32 H actifs
31 H non actifs
76 F 53,6 ± 3,6 ans
22 F actifs
54 F non actifs
120 : 65 H + 55 F ; 47,8
± 21,2 ; 16–88 ans
74 : 41 H + 33 F, 11,5–
16 ans collégiens
69 : 28 H + 41 F collégiens
49,2 ± 7,4
5,7 ± 6,0
50,4 ± 14,3
–
–
D. Trivel et al. / Science & Sports 21 (2006) 121–130
Berthouze et al. 1995 [7]
–
Populationc
–
a
Variables prédictives : A : âge ; A2 : âge2 ; AP : activité physique ; auto : autoadministré ; fréq. : fréquence d’exercices intensifs pendant une période de sept jours et d’une durée de 15 minutes ou plus ;
IAL : indice d’activités réalisées pendant les loisirs ; IAS : indice d’activités concernant les sports ; IMC : indice de masse corporelle ; Ma : masse corporelle ; mes : mesuré ; MG : masse grasse ; MLTAQ :
Minnesota leisure time physical activity questionnaire ; PA-R : ActP habituelle ; PFA : habilité fonctionnelle perçue par les sujets à réaliser 1 et 3 miles ; Q : questionnaire ; Q.AP : questionnaire d’activité
physique ; QAPSE : questionnaire d’activité physique Saint-Étienne ; FC : fréquence cardiaque ; FCR : fréquence cardiaque de repos ; S : sexe ; PC : plis cutanés.
b
CHFT : Canadian home fitness test ; Max : maximal.
c
B–W : black–white subjects ; F : femmes ; H : hommes.
d
Moyenne ± SD, ml kg−1 min−1 sauf pour indications contraires (exemple : temps maximum lors d’une épreuve triangulaire).
e
ml min−1 kg−1.
125
126
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manière générale, les questionnaires d’AptP se fondent sur les
habitudes d’ActP des sujets sauf qu’ils sont souvent, surtout les
plus valides, différents des questionnaires ActP dans la forme
(style de question et longueur du questionnaire).
2.1. Le type de population
Les caractéristiques de la population étudiée pour la validation est une information primordiale. La validation d’un questionnaire par rapport à une tranche d’âge précise n’autorise pas
son utilisation pour des individus d’âges différents. De même,
il n’est pas suffisant de traduire le questionnaire pour l’utiliser
dans un autre pays. Mais il est nécessaire de le valider à nouveau en l’adaptant aux habitudes et pratiques culturelles de la
population. Cette connaissance de la population est à prendre
en compte dans le choix de l’outil pour la réalisation d’une
étude.
2.2. Le score obtenu
Ce score indique précisément l’objectif de l’outil. Les questionnaires d’ActP donnent une DE exprimée en Mets, des informations générales sur les habitudes pendant les loisirs et le
travail, ou un niveau d’activité physique. Les questionnaires
d’AptP proposent une estimation de VO2max permettant également de classer les individus sur une échelle de niveaux, en
sédentaires, actifs, entraînés ou athlètes.
2.3. La durée de rappel
Elle rend le questionnaire plus ou moins long et fastidieux à
faire passer et à utiliser. Les outils portant sur une année, un
mois ou une semaine, demandent un effort mnésique et une
implication très importante du sujet. Ils sont contraignants mais
généralement assez précis. D’autres questionnaires interrogent
les sujets sur leur activité habituelle. Ils sont beaucoup plus
pratiques même si la précision est moins importante. Cependant, les questionnaires portent pour la grande majorité sur
des temps de rappel courts, un tiers porte sur une année.
2.4. Le mode d’administration
Il s’agit d’interview ou d’autoadministration. L’interview a
l’avantage de donner des renseignements précis et ciblés car
c’est un investigateur formé et avisé qui interroge le sujet.
L’inconvénient en est le coût et la difficulté d’ordre pratique
que représente la présence de l’investigateur. L’autoadministration évite ce besoin et permet par exemple l’envoi du questionnaire par courrier (postal ou électronique). Des informations
d’aide au remplissage en début de questionnaire permettent
de réduire les erreurs des sujets, sans toutefois les guider
comme avec un investigateur. Il faut compter 5 à 30 minutes
pour remplir la plupart des questionnaires.
3. Caractéristiques métrologiques
Pour qu’un questionnaire soit fiable et utilisable par tous,
certains critères métrologiques sont indispensables [17].
3.1. La pertinence
Elle pose la question de l’intérêt de l’outil par rapport à
ceux déjà existants. En effet, pourquoi proposer un nouvel outil
si celui-ci n’apporte rien de nouveau ? L’outil sera pertinent
s’il a une meilleure validité, reproductibilité, sensibilité au
changement, ainsi qu’une plus grande simplicité d’utilisation,
de technicité, un coût moindre, etc. La recherche bibliographique permet de comprendre l’utilité de travailler sur la construction d’un nouvel outil.
3.2. La validité
Il s’agit de vérifier si l’outil mesure réellement ce qu’il est
censé mesurer. La procédure de validation est différente s’il
existe une valeur de référence ou non. S’il existe une valeur
de référence avec un paramètre bien défini, on parle de « gold
standard ». C’est un paramètre fiable qui permet de valider
l’outil en le comparant à celui-ci. La mesure de VO2max en
laboratoire est la référence permettant de valider les questionnaires d’AptP et la plupart des questionnaires d’ActP, ce qui
est plus ou moins approprié dans ce cas-ci puisque le niveau de
ActP ne dépend pas que du niveau de AptP (Fig. 1). Si le paramètre n’est pas défini, c’est une validation contre critère. S’il
n’existe pas de valeur de référence, c’est une validité d’apparence, de contenu ou de construit suivant les cas.
3.3. La reproductibilité
Calculer la reproductibilité, c’est rechercher une variabilité
entre deux passations. Si cette variabilité est faible, c’est que
les résultats de l’outil sont reproductibles. La reproductibilité
intraobservateur concerne la comparaison des résultats obtenus
par le même individu lors d’un « test–retest ». La reproductibilité interobservateur renvoie à la comparaison des résultats
obtenus par deux investigateurs différents. L’estimation de paramètres comme l’ActP ou l’AptP impose une période considérée comme assez longue entre les deux passations pour que
les sujets oublient leurs réponses, mais pas trop importante non
plus pour réduire le risque que les sujets changent significativement de mode de vie. Une période de six semaines semble
être un compromis répondant à cette double contrainte [36].
3.4. La sensibilité aux changements
Si l’instrument de mesure est capable de déceler des changements dans le phénomène mesuré, c’est qu’il est sensible aux
changements recherchés. En fonction de la précision que l’on
veut de cet outil, la sensibilité au changement est plus ou moins
grande. En fonction de leur précision, les questionnaires
d’AptP seront capables de déceler une évolution de VO2max.
Peu d’études se sont attardées à quantifier cet aspect bien que
127
D. Trivel et al. / Science & Sports 21 (2006) 121–130
l’utilisation de tels questionnaires présume qu’ils sont sensibles
aux changements.
4. Questionnaires en langue française
Que ce soit pour estimer l’ActP ou l’AptP et comparativement au grand nombre de questionnaires anglo-saxons, il existe
peu de questionnaires écrits ou traduits en langue française.
Vuillemin et al. [50] en ont dénombré seulement deux alors
que de nombreuses études en France s’intéressent à l’impact
de l’ActP sur la santé. Depuis lors, nous pouvons décrire quatre
questionnaires en langue française (Tableau 3).
4.1. Le questionnaire de Baecke
C’est un questionnaire autoadministrable. À partir de 16
questions, trois indices sur une échelle de 1 à 5, représentatifs
de l’ActP habituelle du sujet sont obtenus : un indice d’activité
de travail (IAT), un indice d’activité sportive (IAS), un indice
d’activité de loisir (IAL) [5]. Il a été testé aux Pays-Bas sur 309
sujets des deux sexes. Aucune validité n’a cependant été réalisée par rapport à une autre mesure de l’ActP. Bigard a partiellement validé une version française de ce questionnaire [8]. En
effet, seuls l’IAS et l’IAL ont été étudiés car les sujets étaient
tous des cadres supérieurs au sein de la même entreprise. Ils
formaient un groupe homogène par rapport à l’emploi et par
Tableau 3
Présentation de certains questionnaires en langue française
Questionnaires
Données générales
Référence VO
Référence VF
Bases conceptuelles
Nombre d'items
Description des items
Sous-échelles ou domaines
Qualités psychométriques
Validité sur critère
Corrélation
Reproductibilité
Utilisation
Copyright/autorisation
Droits d'utilisation
Aide à l'exploitation des données
Administration
Hétéro- ou autoquestionnaire
Rempli par
Temps d'administration
Période de rappel
Matériel requis
Baecke
QAPSE
Gutzwiller
Huet
[5]
[8]
[7]
–
[22]
–
Résumé non publié (1986)
[49]
16 questions en VO et cinq
en VF
Intensité, durée, proportion
des ActP, type d'ActP de
loisir, déplacements, etc.
IAS, IAL et IAT en VO ;
IAS, IAL en VF
39 questions
Huit questions
Dix questions
Type, durée, intensité
Type, durée, intensité,
fréquence
Profession–occupation,
loisirs sportifs et non
sportifs, travail à la maison,
activités quotidiennes,
déplacements
Tâches professionnelles,
ménagères, loisirs,
déplacements jusqu'au lieu
de travail
Type, durée, intensité,
fréquence (actuelle et entre
10 et 16 ans)
ActP habituelles,
compétition, emploi, tabac,
poids, pathologies
VO2max estimé par test de
course-navette de
20 minutes
IAS 0,526 p < 0,001 ; IAL
0,436 p < 0,001 ; n = 118
VO2max mesuré sur
ergocyle
VO2max estimé sur
ergocyle
VO2max mesuré sur ergocyle
0,916, p < 0,0001, n = 120
r = 0,88 ± 5,97, n = 108,
p = 0,0001
–
r = 0,997 p = 0,0001
n = 20
Bonne entre ActP de loisir
et VO2max (NS pour la
profession)
–
Non
Non
Tableur Excel
Oui
Oui
PAQAP
Non
Non
Tableur Excel
Non
Non
Tableur Excel
Autoquestionnaire
Interview ou
autoquestionnement
Investigateur ou sujet
20 minutes
Une semaine
Questionnaire
Crayon
Autoquestionnaire
Autoquestionnaire
Sujet
Dix minutes
Usuelle
Questionnaire
Crayon
Sujet
Cinq minutes
Usuelle
Questionnaire
Crayon
Sujet
15 minutes
Une année
Questionnaire
Crayon
ICC = 0,988 n = 21
Scores
Scores intermédiaires
Score global
IAS, IAL et IAT
Mets
–
DEQMH exprimée en kJ
par jour
–
Classe les sujets en cinq
niveaux d'ActP
–
Estimation de VO2max en
ml mn−1 kg−1.
Population
Lors de l'étude de validation
Population ciblée
118 H, 30–58 ans
Sujets adultes sains
65 H + 55 F 16–88 ans
Sujets enfants, adultes
sains et personnes âgées
2742 H–F
Sujets adultes sains
88 H + 20 F, 15–69 ans
Sujets adultes sains
ActP : Activité physique ; DEQMH : Dépense énergétique quotidienne moyenne habituelle ; F : femme ; H : homme ; IAL : indice d’activité de loisir ; IAS :
indice d’activité de sport ; IAT : indice d’activité au travail ; ICC : intraclasse correlation coefficient ; NS : non significatif ; QAPSE : questionnaire d’activité
physique Saint-Étienne ; VF : version en français ; VO : version originale.
128
D. Trivel et al. / Science & Sports 21 (2006) 121–130
rapport à l’ActP au cours de l’exercice professionnel. L’IAT
n’a donc pas été quantifié. Les résultats obtenus chez 118 sujets masculins de 30 à 58 ans ont montré une corrélation de
0,526 (p < 0,001) entre l’IAS et VO2max estimés par le test navette 20 m de Léger et al. [33]. La corrélation était moindre
avec IAL (r = 0,436, p < 0,001). Construit pour mesurer
l’ActP, ce questionnaire n’a donc été validé que par une mesure d’AptP.
4.2. Le questionnaire activité physique Saint-Étienne (QAPSE)
Le QAPSE a été conçu et validé en langue française auprès
de 61 sujets sains de 23 à 84 ans [6]. Il permet de déterminer la
dépense énergétique quotidienne habituelle moyenne
(DEQMH) et par extrapolation d’estimer VO2max. Ces deux
paramètres étaient aussi bien corrélés lors de l’étude de 1993
(r = 0,954, p = 0,0001, n = 61, [6]) que pour celle de 1995
(r = 0,916, p < 0,0001, n = 120, [7]). L’énergie ingérée
(moyenne journalière sur trois jours) était assez bien corrélée
avec la dépense estimée par le QAPSE (r = 0,576, n = 20).
L’étude de reproductibilité est satisfaisante (r = 0,997,
p = 0,0001, n = 20). Les résultats sont excellents mais ce questionnaire est long à faire passer (20 minutes), à dépouiller
(20 minutes) et possède des droits d’utilisation. Le PAQAP,
logiciel informatique du QAPSE semble en partie répondre au
problème du temps de passation et de dépouillement mais
exige un investissement financier supplémentaire. Le QAPSE
a été également validé chez 74 adolescents âgés de 11 à 16 ans.
Les estimations des questionnaires ont été comparées aux résultats du test navette de 20 minutes de Léger et al. [33]. Les
résultats ont montré une corrélation significative (r = 0,56)
[19]. Il a également été utilisé pour les personnes âgées et bien
corrélé à la mesure directe de VO2max sur tapis roulant
(r = 0,56, n = 65 [12]). Malgré des difficultés d’administration,
le QAPSE semble assez bien déterminer l’ActP et l’AptP.
4.3. Le questionnaire Huet
Ce questionnaire d’ordre général permet une estimation de
VO2max. Il comporte dix questions portant sur : le type, la durée, l’intensité des activités physiques pratiquées, la pratique de
compétitions, les exigences physiques de l’emploi, la consommation de tabac, le surplus de poids et la présence de pathologies. C’est un questionnaire dit « d’intensité », les réponses
sont classées de « facile à difficile ». Chaque question est donc
assortie d’une échelle ordinale. La rapidité de passation et la
simplicité des questions permettent d’obtenir une estimation de
VO2max. Dans sa version française, Huet et Léger ont obtenu
une corrélation satisfaisante pour des coureurs (r = 0,73,
Syx = 9,2 %, n = 125) et très correcte pour des sujets non entraînés (r = 0,80 à 0,87, Syx = 9,8 à 15 %) [non publié]. La
validité du questionnaire a été vérifiée par comparaison des
VO2max mesurés par un test d’effort sur tapis roulant et de
VO2max estimés par questionnaire [32]. D’autres résultats à partir des sujets étudiants en éducation physique ont été semblables (r = 0,77, Syx = 11,3 %, n = 32) [Cloutier et Léger, université de Montréal, non publié, 1985]. Dans sa version
anglaise, des résultats préliminaires correspondaient à ceux de
la version française (r = 0,83, n = 88) [Thomas, University of
Toronto, non publié, 1988].
En France, Trivel et al. [49] ont étudié la validation de ce
questionnaire chez l’adulte. Les corrélations entre les VO2max
mesurés sur ergocyle lors d’une épreuve maximale et les résultats estimés par questionnaire sont corrects (r2 = 0,77,
p = 0,0001, SEE = 5,97 ml min−1 kg−1, n = 108). La reproductibilité est également satisfaisante (ICC = 0,988, n = 21). Chez
les enfants, une corrélation significative a été obtenue entre les
VO2max obtenus lors du test de course–navette de 20 minutes et
les données estimées par questionnaire (r2 = 0,342, p = 0,0001,
SEE = 8,07 ml kg−1 min−1, n = 201). La reproductibilité est satisfaisante (ICC = 0,938, n = 24) [non publié].
4.4. Questionnaire de Gutzwiller
Ce questionnaire d’ActP, rédigé en langue française, a été
validé en Suisse. Il permet de former différentes classes d’activités physiques (indice). Il se compose de huit questions portant sur les tâches professionnelles, ménagères, les déplacements jusqu’au lieu de travail et les loisirs. L’ActP dans les
tâches professionnelles, ménagères et de loisirs est divisé en
trois catégories : sédentaire, moyenne, forte. Un indice d’ActP
comprenant quatre classes est utilisé. Le questionnaire a été
validé par comparaison à des tests de mesure de la fréquence
cardiaque réalisés sur ergocyle permettant d’estimer VO2max.
Nous n’avons pas mesuré de corrélation entre les indices
d’ActP et le VO2max prédit mais nous avons plutôt remarqué
que VO2max prédit était graduellement plus élevé pour les individus classés dans les groupes ayant un niveau d’activité « sédentaire », « moyenne » et forte pendant les activités de loisir
seulement. Pour Gutzwiller, le degré de condition physique dépend essentiellement du type d’activité pendant les loisirs, la
profession ne jouant qu’un rôle mineur [22]. Le questionnaire
d’ActP de Gutzwiller n’a pas été validé par comparaison à
d’autres mesures d’ActP mais par comparaison avec un test
sous-maximal de VO2max. L’approche utilisée par les auteurs
montre qu’il peut discriminer les VO2max de groupes sédentaires, moyennement et fortement actifs mais ne permet pas de
savoir ce qu’il en est sur le plan individuel.
5. Note méthodologique
Les questionnaires qui utilisent l’âge, le poids ou l’IMC et
le genre pour prédire VO2max introduisent en général un biais
sur la prédiction de VO2max. Certes la corrélation entre le résultat du questionnaire et VO2max sera plus élevée sur un grand
nombre de sujets puisque VO2max est bien corrélé avec l’âge, le
poids (ou l’IMC) et le genre. Mais sur un plan individuel cela
n’a pas sa raison d’être. En effet, un homme jeune avec un
IMC faible et une femme plus âgée avec un IMC plus élevé
qui terminent un test progressif maximal sur tapis roulant au
même palier, ont en général un même niveau de consommation
d’oxygène et de VO2max. Mais si on corrige, le VO2max direct
en fonction de ces trois paramètres (âge, IMC et genre),
D. Trivel et al. / Science & Sports 21 (2006) 121–130
VO2max sera nettement inférieur pour la femme, et à plus forte
raison si elle a aussi un âge ou un IMC élevé.
Dans le même registre, il faut prendre conscience que
l’étendue des réponses à certaines questions ou aux scores
combinés, règle aussi l’étendue des valeurs de VO2max prédites. Ainsi, pour le questionnaire de Huet, les valeurs minimales
et maximales possibles pour les hommes sont de 41 et
69 ml kg−1 min−1 à 20 ans et de 25 et 42 ml kg−1 min−1 à
60 ans alors que pour les femmes, ces valeurs sont de 31 et
51 ml kg−1 min−1 à 20 ans et de 17 et 35 ml kg−1 min−1 à
60 ans. Autrement dit, il est impossible pour une jeune femme
de 20 ans d’avoir un VO2max prédit supérieur à
51 ml kg−1 min−1 et pour un jeune homme de 20 ans d’avoir un
VO2max prédit inférieur à 41 ml kg−1 min−1.
Si nous nous livrons à de telles estimations avec les résultats
minimaux et maximaux possibles avec les différents questionnaires, nous cernerons davantage les limites de ceux-ci et éventuellement nous construirons des questions permettant de discriminer les individus sur la pleine étendue des valeurs
réelles de VO2max.
6. Conclusion
Il existe un nombre important de questionnaires anglais
d’ActP, et dans une moindre mesure, d’AptP. Il y a peu d’outils équivalents construits d’emblée ou traduits en français. La
validation de ces outils n’est pas toujours très fiable en termes
de critères choisis ou de résultats obtenus. Ainsi, le choix de
l’instrument de mesure dépend de ce que l’on veut mesurer et
des informations que l’on veut recueillir. Les questionnaires
d’ActP donnent une valeur de la DE, des niveaux ou des indices d’ActP. Les questionnaires d’AptP permettent d’obtenir un
paramètre précis comme VO2max, tout en se fondant sur les
habitudes d’ActP des sujets. Ces outils ne sont pas aussi précis
que les mesures directes de laboratoire. En revanche, ils sont
très pratiques lors d’études épidémiologiques nécessitant des
instruments simples et pratiques. Les questionnaires originalement conçus pour estimer l’ActP sont en général moins valides
que ceux qui sont expressément conçus pour estimer l’AptP
2max).
(VO
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