Arbrisseau touffu au port prostré, le genévrier sabine est une espèce
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Arbrisseau touffu au port prostré, le genévrier sabine est une espèce
Genévrier sabine - Juniperus sabina Arbrisseau touffu au port prostré, le genévrier sabine est une espèce montagnarde d’altitude qui s’étale sur les rochers au dessus de 1400 m. Il est présent mais assez peu fréquent dans les Alpes et les Pyrénées. Les rameaux aux feuilles en forme d’écailles imbriquées exhalent une forte odeur au froissement et portent de petits fruits bleus à maturité dès la première année. Généralement les organes mâle et femelle sont sur le même pied, c’est un genévrier à la grande longévité. Le genévrier sabine a longtemps été appelé « sabine femelle », jusqu’au e 19 siècle, le genévrier thurifère étant nommé « sabine mâle ». Le bois de faible section est léger, rouge au cœur sur les sujets âgés. Les baies, petites avec un court pédoncule, sont matures à l’automne dès la première année. Assez couramment planté dans les jardins où il fait un superbe couvre-sol, le genévrier sabine doit être bien identifié afin que ses petites baies bleuâtres ne soient pas confondues avec celles du genévrier commun, ou qu’un enfant n’y trouve là matière à une dinette fort dangereuse. Usages vétérinaires Usages médicinaux « En Ubaye, le genévrier sabine ils l’appellent le tchaï trainard, celui qui traîne sur le sol. Villars (le botaniste) il dit : on se prend les pieds dedans. Et puis surtout ça a une odeur incroyable quand on marche dedans, on a des écrits comme quoi c’est utilisé pour avorter les brebis… » (L. Chaber, Ubaye 05) Plante médicinale connue depuis l’antiquité la sabine est une espèce prisée des apothicaires et a fait l’objet d’un commerce important au fil des siècles. Néanmoins c’est une redoutable vénéneuse. Grande abortive elle était souvent responsable de la mort de la mère en même temps que de celle du fœtus. On extrait de ses rameaux une huile essentielle si irritante que 2 gouttes peuvent provoquer des empoisonnements graves et six gouttes conduire à la mort. « On avait des troupeaux de moutons. On s’apercevait que les troupeaux avaient la fièvre aphteuse, que les agneaux naissaient mortnés. Pour assurer la production d’agneaux, il fallait faire avorter les brebis. On n’allait pas chercher des produits chez le vétérinaire. On connaissait les propriétés des plantes, avec le genévrier sabine on faisait aux brebis une tisane de ça, et elles avortaient. » (M. Amir, Castellane, 04) En usage externe on l’employait autrefois en pommade contre des ulcères et les verrues. Elle a été fréquemment plantée dans les jardins des cloîtres au Moyen Age, la plantait-on seulement comme ornementale ? (P. Lieutaghi 1992) « Quand j’étais petite, mon père, en montant aux chalets, il me montrait la sabine. C’est comme un genièvre qui rampe et qui ne pique pas. Il disait, « c’est pas bon pour les filles ça, c’est un poison, les filles qui l’utilisent, elles sont perdues. » La sabine est si redoutable que ses effluves seuls peuvent agir. En 2001 on nous confirme, « ma grand-mère m’a raconté qu’une femme passait sur le buisson de sabine et que c’était bon. Elle l’a fait plusieurs fois, mais juste quand elle ne voyait pas venir ses règles. Elle n’attendait pas, après c’était trop tard, sûrement. » (D. Delcour, Briançonnais 05) « Même si la bergère faisait une escapade avec le berger à côté, il n’y avait pas de moyen de se défendre, il n’y avait pas de préservatifs, elle cherchait à avorter. Elle se faisait cette tisane. C’est certain que si c’était mal dosé, elle avait une hémorragie, ça s’arrêtait pas de couler, ça pouvait être grave. Autrefois, il n’y avait pas de moyens de faire des coagulations sanguines, et il y avait des filles qui en mourraient ». (M. Amir, Castellane 04) Encore aujourd’hui les cueilleurs professionnels viennent dans les Hautes-Alpes couper des rameaux de sabine à destination des laboratoires homéopathiques pour des indications gynécologiques. « La sabine, il ne faut pas en prendre ça peut tuer ! » LES GENÉVRIERS, USAGES ET TOURMENTS (D. Delcour, Briançonnais 05) www.ethnobotanique-epi.org