sommaire - Opéra de Rennes
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OPÉRA DE RENNES SOMMAIRE SAISON 10-11 OPERA Claudio Monteverdi LE COURONNEMENT DE POPPÉE p. 3 P. Mascagni / G. Puccini ZANETTO / SUOR ANGELICA p. 7 Gaetano Donizetti RITA p. 11 Oscar Strasnoy CACHAFAZ p. 15 Wolfgang Amadeus Mozart LE DIRECTEUR DE THÉÂTRE p. 19 Claude Debussy PELLÉAS ET MÉLISANDE p. 23 Giuseppe Verdi FALSTAFF p. 29 Wolfgang Amadeus Mozart L’ENLÈVEMENT AU SÉRAIL p. 35 Georges Bizet CARMEN p. 41 CONCERT MÉDÉE FURIEUSE p. 45 LES SEPT PAROLES DU CHRIST SUR LA CROIX p. 49 ZEFIRO TORNA p. 51 DANSE MUSEE DE LA DANSE - UNE EXPOSITION JÉRÔME BEL p. 53 BALLET DE LORRAINE - ETCETERA p. 55 Concerts “REVISEZ VOS CLASSIQUES” p. 57 Action Culturelle p. 59 Calendrier p. 61 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 1 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 2 CLAUDIO MONTEVERDI OPÉRA LE COURONNEMENT DE POPPÉE (L’INCORONAZIONE DI POPPEA) Opéra en un prologue et trois actes Livret de Gian Francesco Busenello, d’après Tacite - 1642 Ouvrage chanté en italien Direction musicale Jérôme Corréas - Mise en scène Christophe Rauck Orchestre Les Paladins Poppée Valérie Gabail - Néron Maryseult Wieczorek - Octavie / La Fortune Françoise Masset - Arnalta / La Nourrice Jean-François Lombard Sénèque Vincent Pavesi Othon Paulin Bündgen - Drusilla / La Vertu Dorothée Lorthiois Coproduction TGP-CDN de Saint-Denis et Les Paladins, Arcadi (Action régionale pour la création artistique et la diffusion en Île-de-France), Grand Théâtre de Reims, L’Apostrophe Scène Nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, avec le soutien de la Fondation Orange. OCTOBRE 2010 VENDREDI 8, 20h - SAMEDI 9, 18h - DIMANCHE 10, 16h Avec Orfeo, il avait inventé l’opéra. Trente-cinq ans plus tard, en 1642, Claudio Monteverdi l’amène à son plein épanouissement en signant Le Couronnement de Poppée, premier grand chef-d’œuvre d’un genre à peine sorti de l’adolescence. Plus d’un siècle avant Mozart, toute la force, tout le charme puissant de ce que sera un théâtre lyrique en pleine maturité rayonne dans cette apologie joyeusement cynique des raisons du cœur et de la politique. JERÔME CORREAS DIRECTION MUSICALE Après avoir étudié le clavecin et la basse continue auprès d'Antoine Geoffroy-Dechaume, Jérôme Correas s'est tourné vers le chant. Premier prix au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris suivi de deux années à l'Ecole d'Art Lyrique de l'Opéra de Paris, Jérôme Correas a chanté, avec de nombreux chefs, le répertoire baroque aussi bien que celui des XIXe et XXe siècles sous la direction desquels il a également enregistré plus d'une trentaine de disques. En 1997, il fonde Les Paladins, associant sa double formation d'instrumentiste et chanteur au service d'œuvres vocales et instrumentales inédites ou peu connues, et fait ainsi redécouvrir des œuvres de Carissimi, Mazzocchi, Hasse, Porpora, Luigi Rossi, Mouret ou Desmarest… En 2003, Jérôme Correas a été invité à diriger l'Israel Camerata dans le Stabat Mater de Pergolèse pour une tournée à Jérusalem et Tel Aviv. Enfin, il a toujours déployé une intense activité pédagogique : à l'Académie de Lanciano et de Lecce (Italie), au Centre Culturel de Rencontre d’Ambronay, au CNSM de Paris, à l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris, à la Maîtrise du Centre de Musique Baroque de Versailles ainsi qu'au Festival Juiz de Fora (Brésil - à la demande du ministère des Affaires Etrangères et de l'AFAA), pour des masterclasses. Jérôme Correas est professeur de chant baroque au CNR de Toulouse. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 3 CHRISTOPHE RAUCK MISE EN SCENE Comédien de formation, Christophe Rauck a joué notamment auprès de Silviu Purcarete et Ariane Mnouchkine. En 1995, c'est le début d'une nouvelle aventure avec la création de la Compagnie Terrain vague (titre provisoire) autour d'une équipe de comédiens issus du rang Théâtre du Soleil. Il monte Le Cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht au Théâtre du Soleil, pièce qui est jouée en tournée dans de nombreux lieux, notamment au Berliner Ensemble dans le cadre du centenaire de Brecht. En 1998-99, il suit le stage de mise en scène de Lev Dodine à Saint-Petersbourg dans le cadre de l'École nomade de mise en scène du JTN. Il met en scène par la suite Comme il vous plaira de Shakespeare en 1997, La Nuit des rois de Shakespeare en 1999, Théâtre ambulant Chopalovitch de Lioubomir Simovitch au Théâtre du Peuple de Bussang en 2000, Le Rire des asticots d'après Cami en 2001 au Nouveau Théâtre d'Angers-CDN, puis en tournée en 2001 et 2002, L'Affaire de la rue Lourcine de Labiche en 2002 avec le Théâtre Vidy-Lausanne, Le Dragon d'Evgueni Schwartz en 2004, repris en tournée en 2005-2006, La Vie de Galilée de Bertolt Brecht, Le Revizor de Nicolas Gogol en 2005, Getting attention de Martin Crimp avec le Théâtre Vidy-Lausanne et le Théâtre de la Ville en 2006. En 2007, il présente Le Mariage de Figaro de Beaumarchais à la ComédieFrançaise et en 2008 L’Araignée de l’Éternel d’après les textes et les chansons de Claude Nougaro,au Théâtre de la Ville. Il dirige régulièrement des ateliers, les derniers au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, et au Théâtre National de Strasbourg. Après avoir dirigé de 2003 à 2006, le Théâtre du Peuple de Bussang, il est nommé directeur du Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis, le 1er janvier 2008. Coeur ardent d’Alexandre Ostrovski est la première mise en scène qu’il signe à ce titre. LES PALADINS En 1760, Jean-Philippe Rameau compose Les Paladins, ultime chef-d’œuvre de l’esprit baroque français, délibérément placé sous le signe de la fantaisie et de l’imaginaire. Les Paladins explorent les grands fleurons de l’art musical baroque injustement oubliés. Depuis plusieurs années, ils interprètent le répertoire musical dramatique italien et se produisent au Centre de Musique Baroque de Versailles (Alcide de Marin Marais), au Festival de la Chaise-Dieu (Dixit Dominus de Durante), à l’Arsenal de Metz, au Festival Baroque de Pontoise, au Festival de Musique Baroque de Lyon... On les a entendus à Londres, Genève, Utrecht, à la Villa Médicis (Rome), Milan, Prague, Stockholm (Anacréon et Pygmalion de Rameau) et Namur. En novembre 2008, les Paladins partent en tournée aux Etats-Unis avec le concours de Culturesfrance. En 2007, L’Ormindo, opéra de Francesco Cavalli, mis en scène par Dan Jemmet est largement salué par la critique, représenté une vingtaine de fois, notamment à l’Opéra de Rennes, au Grand Théâtre de Reims et à l’Opéra de Massy. Les Paladins remportent également un grand succès en 2008 à la Cité de la Musique et au Théâtre du Châtelet dans le répertoire de l’opéra-comique français (Grétry). La saison 2009/2010 se concentrera sur trois tournées d’opéra : Le Couronnement de Poppée de Monteverdi (Saint-Denis, Besançon, Nanterre, Angoulême, Villejuif...), La Fausse Magie de Grétry (Fondation Royaumont, Metz, Rennes, Reims), La Servante Maîtresse de Pergolèse (Arras, Valenciennes, Maisons-Alfort, Le Pereux-sur-Marne). OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 4 À PROPOS DE LE COURONNEMENT DE POPPÉE LE PROJET DU POINT DE VUE DE LA SCÈNE Le Couronnement de Poppée, dernier opéra de Monteverdi joué à Venise en 1642, porte en soi un monde. Tout d’abord, celui du musicien et des liens qu’il entretient avec sa musique : compositeur de musique sacrée – psaumes, messes – et de musique profane – madrigaux, opéras –, révolutionnant le rapport fondamental du poème et des notes, mettant tout son art à rendre en musique l’expressivité des mots, s’affranchissant des principes de chant qu’il avait lui-même édictés des années auparavant. Père de l’opéra baroque, exploitant pleinement la liberté absolue qu’offre la Venise de cette époque, il convoque ici tout son génie à travers un langage musical qui se fait miroir exact des passions humaines. Baroque par ces virages inattendus, cette multiplicité de styles et de registres, dont l’alternance contrastée, violente et magnifique, va puiser au coeur des hommes, de leurs grandeurs et de leurs tourments, « …sachant que les contrastes ont le don d’émouvoir notre âme et que tel est le but de la bonne musique »1 Mais c’est aussi l’Italie du XVIIe qui inspire ce Couronnement, une époque qui annonce un nouveau monde, là où l’ancien est désormais ébranlé par les découvertes scientifiques, Copernic, Galilée, les guerres de religion et les vagues de pestes qui déciment certaines villes. Un bouleversement majeur dans la pensée, dans l’imagination, la sensibilité, dans la connaissance même que l’on a de l’univers est au coeur du baroque et de cet opéra. La révolution dans la représentation de l’être fait naître chez Monteverdi de nouveaux styles musicaux, toujours plus aptes à exprimer la violence des passions humaines. Profondément humaniste, il aspire à rendre le chant de l’âme, cherche à mettre en lumière la vérité de l’individu, sa complexité, sa part tragique, laissée dans l’ombre par l’idéalisme de la Renaissance. Monteverdi chante un homme déchiré par ses angoisses, ses ténèbres et ses contradictions douloureuses. Mais il chante aussi sa part sublime, sa fragilité, sa présence éphémère. Le Couronnement de Poppée porte ces révolutions. « Qu’est ce qui gouverne les hommes ? Qu’est ce qui gouverne les peuples ? » résonne en effet dans tout l’opéra. Chaque protagoniste ne cesse de s’accrocher, de remettre en cause ou de trahir l’étoile qui le guide. Le Couronnement de Poppée nous fait vivre la chute d’un monde, et la naissance d’un autre. Ou comment le deuil de la raison nous fait franchir un seuil et perdre l’équilibre. À l’origine de ce bouleversement, la maîtresse de l’empereur qui veut devenir impératrice. Dans la lutte à mort qui s’engage alors, les aspirations à la justice et à la liberté semblent bien faibles face à la passion amoureuse. L’amour de Néron et Poppée brûle tout sur son passage et se fraie un chemin de cendres jusqu’au trône. C’est l’essence même du pouvoir et les liens de sang qu’il entretient avec la passion qui est ici interrogée. Ce désir toujours inassouvi, qui n’existe qu’en tant qu’il consume et renaît irrémédiablement. Ce désir à la source de l’amour tout comme à la source du pouvoir. Ainsi, là où l’amour semble se dresser contre toute autre loi et offrir l’image d’un pouvoir absolu, Néron et Poppée consacrent l’union d’Eros et Thanatos, renversent l’ordre du monde pour en façonner un à la mesure de leurs caprices. Leslie Six, dramaturge 1 Préface in Livre XVIII de madrigaux, 1638, Venise. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 5 LE PROJET DU POINT DE VUE DE LA MUSIQUE Amour, haine, violence et passion, ambition, sensualité, Le Couronnement de Poppée de Claudio Monteverdi n'en finit pas de nous étonner, plus de 350 ans après sa création. Une telle modernité a de quoi surprendre en effet : qu'importe si l'œuvre est sans doute collective, puisque Francesco Cavalli et Francesco Sacrati ont prêté mainforte pour l'occasion, tout comme dans les tableaux de l'époque baroque où le maître ne peint que le visage et les mains tandis que les élèves réalisent les draperies et les décors. Œuvre d'atelier, Le Couronnement de Poppée nous transporte ainsi dans un univers musical aux énergies multiples : constituée d'une mosaïque de moments différents, l'oeuvre n'en n'est pas moins d'une homogénéité musicale et dramatique qui résume tout l'héritage de l'art monteverdien. Testament d'un compositeur de 75 ans, Poppée est une œuvre frémissante de vie et de jeunesse qui incarne à elle seule cette révolution musicale du baroque en ouvrant la voie au futur, mais un futur qui trouve un écho particulier à notre époque. Rarement en effet l'équilibre entre les paroles et la musique aura été aussi parfait. La notion de théâtre musical, résultat des recherches du XXe siècle et de l'évolution des goûts théâtraux, semble s'appliquer merveilleusement à ce genre hybride qu'est l'opéra à ses débuts .Il m'a donc semblé naturel d'envisager avec Christophe Rauck une pièce de théâtre en musique, et poursuivre ainsi ma recherche sur le Parlé / Chanté dont on ne saura jamais ce qu'il fut réellement, mais que notre époque peut réinventer sans complexes. Loin de la notion de grand opéra, Le Couronnement de Poppée devient ainsi un superbe texte déclamé, agrémenté de chansons, madrigaux, scènes pittoresques et duos sublimes, duos d'amour et de désir, dont le plus connu, “Pur ti miro, pur ti godo” n'est pas de Monteverdi. Alors, n'est-ce pas le comble de l'ambiguïté de travailler sur une pièce dont le moment ultime n'est pas du compositeur, mais de son élève ? Inutile de chercher la patte du maître, elle est présente à chaque instant dans le chassé-croisé entre les diverses personnalités musicales, et dans les âmes complexes des personnages en prise avec leurs instincts. Jérôme Correas directeur musical OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 6 PIETRO MASCAGNI ZANETTO OPÉRAS EN CONCERT Opéra en un acte Livret de Giovanni Targioni-Tozzetti et Guido Menaschi d’après Le Passant de François Coppée - 1896 Ouvrage chanté en italien GIACOMO PUCCINI SUOR ANGELICA Opéra en un acte Livret de Giovacchino Forzano - 1918 Ouvrage chanté en italien Direction musicale Claude Schnitzler Orchestre de Bretagne Solistes et chœur de l’Opéra de Rennes (direction Gildas Pungier) Silvia / Suor Angelica Maïra Kerey - Zanetto / La Zia Principessa Laura Brioli OCTOBRE 2010 MARDI 19, 20h - JEUDI 21, 20h À vingt ans de distance, Pietro Mascagni et Giacomo Puccini donnaient vie à deux touchantes héroïnes, la Silvia de Zanetto et la jeune Suor Angelica, victimes de leurs sentiments et de leurs illusions. Mais l’atmosphère de ces ouvrages n’est nullement vériste, pas même naturaliste. Au contraire, les voixet l’orchestre nous entraînent dans le rêve, un rêve à partager par l’écoute comme nous y invite cette version de concert dirigée par Claude Schnitzler. CLAUDE SCHNITZLER DIRECTION MUSICALE Né à Strasbourg, Claude Schnitzler fait ses études musicales au Conservatoire National de Région de cette ville (orgue, clavecin, direction d'orchestre et écriture), avant de compléter sa formation de chef d'orchestre au Mozarteum de Salzbourg. Entré à l'Opéra du Rhin en 1972 comme chef de chant, Claude Schnitzler devient dès 1975 l'assistant d'Alain Lombard à l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg. De 1981 à 1985, il collabore régulièrement avec l'Opéra de Paris où il dirige spectacles lyriques et ballets, tant au Palais Garnier qu'à la Salle Favart. En 1986, il prend la direction de l'Orchestre de la Ville de Rennes, cumulant cette fonction avec celle de chef permanent de l'Opéra du Rhin. De 1989 à 1995, Claude Schnitzler assure la direction de l'Orchestre de Bretagne et continue à se produire à la tête des principaux orchestres français et étrangers. Il a dirigé avec un très grand succès Goya de Jean Prodromidès, pour la création de cette œuvre à l'Opéra de Montpellier, puis à l'Opéra de Marseille. La critique a également salué sa prestation à l'occasion de la création française d’Owen Wingrave de Benjamin Britten. Ces dernières années, il a dirigé Lucia di Lammermoor et Madame Butterfly au Théâtre des Arts de Rouen, Le Château de Barbe Bleue de Bartok et Ariane de Martinu à l'Opéra du Rhin, Les Contes d'Hoffmann et Aïda à l'Opéra de Dublin, La Veuve joyeuse au Théâtre du Capitole de Toulouse, OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 7 Tosca à l'Opéra de Nancy, Pénélope de Fauré et Eugène Onéguine à l'Opéra de Rennes, Siegfried et Die Götterdämmerung à l'Opéra de Marseille, La Reine de Saba de Goldmark au Festival de Wexford, Carmen à l’Opéra Central de Pékin, Pénélope à l’Opéra de Lausanne, le Requiem de Verdi à Metz avec la Philharmonie de Lorraine. Plus récemment, il a dirigé Die Fledermaus au Welsh National Opera de Cardiff, La Vie Parisienne, Les Contes d’Hoffmann, Der Wildschütz, Carmen, Roméo et Juliette à l’Opéra de Leipzig (où il est chef invité permanent) ainsi que Le Rêve d’Alfred Bruneau avec l’Orchestre National de France, Adrienne Lecouvreur à Lausanne, La Périchole à Nancy et à Montpellier, Gwendoline, Le Vaisseau fantôme et Les Contes d’Hoffmann à Rennes, Carmen et Une Nuit à Venise à la Volksoper de Vienne, Ariane à Naxos et Ariane et Barbe-Bleue à l’Opéra de Nice, La Fiancée vendue et Die Fledermaus à la Volksoper de Vienne, Le Lac des cygnes avec l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, Nabucco à Rennes, Le Vaisseau fantôme, Faust et Tosca à Dijon, La Traviata et Pelléas et Mélisande à Metz, La Belle Hélène à l’Opéra du Rhin, Wiener Blut à l’Opéra de Nancy et Rigoletto à Berne, Iphigénie en Aulide à l’Opéra national du Rhin, Les Pêcheurs de perles à Toulon, Faust à Montpellier... Il fait des débuts remarqués - tant par la critique que par le public - à la Staatsoper de Vienne dans Roméo et Juliette de Gounod (à l’occasion des débuts de Rolando Villazon à Vienne) et il est immédiatement réengagé pour la reprise de cette œuvre, mais aussi, au fil des saisons 2007/08 et 2008/09, pour La Bohème, Roméo et Juliette, Les Contes d’Hoffmann, L’Elisir d’amore, Manon et Carmen. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 8 À PROPOS DE ZANETTO ET SUOR ANGELICA MASCAGNI ET PUCCINI, DU RÉALISME AU RÊVE Les étiquettes ont toujours quelque chose de méchamment réducteur. Dans le cas de l'opéra italien au tournant des XIXe et XXe siècle, les épithètes de vériste, naturaliste, réaliste, employées à tort et à travers, traduisent bien mal l'inspiration théâtrale et musicale des compositeurs de cette époque charnière, bien plus riche et diverse qu'on voudrait le croire. Giacomo Puccini, et même Pietro Mascagni, l'un des chefs de file de l'école vériste, ne furent jamais, dans leurs choix de livrets, les otages d'un seul genre dramatique. Au contraire, ils ont su puiser à toutes les sources que leur proposait le théâtre de leur époque. La litanie des “petites victimes” de Puccini Le catalogue des opéras de Puccini nous propose ainsi un véritable kaléidoscope. On y trouve des ambiances volontiers réalistes, traitées musicalement de manière plus poétique que véritablement suggestive. C'est le cas notamment dans deux ouvrages composés pour New York : La Fanciulla del West et Il Tabarro (La Houppelande), premier volet du Triptyque dont la seconde place est occupée par Suor Angelica. On y trouve aussi un peu d'exotisme, surtout avec Madama Butterfly. Encore faut-il souligner que ce pittoresque oriental deviendra beaucoup plus abstrait dans Turandot, dernier ouvrage du compositeur, qui est plutôt une féerie, un conte intemporel. On pourrait dire que le Paris évoqué dans La Bohème est aussi pour Puccini un brin exotique. Mais il est surtout inspiré d'un roman célèbre, les Scènes de la Vie de bohème, d'Henri Murger, qui renvoie le spectateur quelques décennies en arrière. De la même manière, Tosca nous renvoie à une autre époque, celle de l'épopée napoléonienne, et s'appuie sur un grand succès de la scène parisienne, une pièce de Victorien Sardou, dans laquelle s'était illustrée la grande Sarah Bernhardt. De même que Gianni Schicchi, troisième volet du Tripyque, composé lui aussi en 1918 et se situant plutôt à la fin du Moyen-Age, Suor Angelica est encore une pièce “en costumes d'époque” puisque son action se déroule, selon le livret, à la fin du XVIIe siècle. Cependant, nous ne serons guère impressionnés par ces costumes, en dehors peut-être de celui de la princesse qui rend visite à sa nièce Angélique, toutes les autres protagonistes portant la robe et le voile très intemporels des religieuses cloîtrées. Pas plus dans les sujets historiques que dans ses ouvrages “réalistes”, Puccini ne recherche une prétendue vérité extérieure. C'est d'abord la vérité intérieure qui le motive, ce sont ses personnages qui retiennent toute sa tendresse. A cet égard, Sœur Angélique s'inscrit dans une lignée de jeunes femmes victimes de leur destin qui ont jalonné le parcours du compositeur, depuis Mimi, Tosca (qui nous est présentée comme une quasi-adolescente), Butterfly – et il y aura encore Liu, dans Turandot. L'ombre de Sarah Bernhardt La créatrice de la Tosca de Victorien Sardou n'était encore qu'une jeune actrice en devenir lorsqu'elle créa en 1869 le premier de ces rôles travestis (avant Hamlet et L'Aiglon) qui allaient faire sa gloire. En 1869, elle était Le Passant dans la pièce de François Coppée, poète et dramaturge parnassien. Traduite trois ans plus tard en italien, cette pièce utilisant elle aussi les costumes d'une époque ancienne, la Renaissance italienne, allait suggérer en 1896 à Pietro Mascagni le plus intimiste de ses ouvrages lyriques. Là encore, le cadre historique n'est qu'anecdotique. Seule compte le récit sensible de cette rencontre avortée entre Silvia, une courtisane qui s'est longtemps crue incapable de ressentir un véritable amour, et le jeune troubadour Zanetto (le “passant” qu'incarnait Sarah Bernhardt) que, en définitive, elle n'essaiera pas de retenir. Pour autant, comme dans Suor Angelica, cette distance prise dans l'espace et le temps n'est pas anodine. Alimentée par quelques souvenirs des madrigaux et villanelles du Cinquecento, elle permet précisément une plus grande profondeur dans l'analyse psychologique et rend mieux perceptible chaque frémissement des deux âmes qui s'affrontent. Nous sommes moins dans l'opéra que dans une sorte de conversation musicale très souple, très à fleur de OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 9 peau. Les échappées poétiques naissent au détour d'un mot, d'un élan impulsé par les cordes à l'unisson, d'une petite phrase de la flûte ou du hautbois, révélant et commentant les secrets que les deux personnages ne veulent ou ne peuvent partager. Tout le contraire d'un réalisme musical. Le temps suspendu de la vie monastique Il ne se passe quasiment rien dans la Suor Angelica de Puccini. Seule scène proprement dramatique : la conversation au cours de laquelle Sœur Angélique apprend de la bouche de la princesse, sa tante, la mort de son enfant – la jeune femme expie au couvent cette naissance illégitime. Avant cette scène, nous sommes dans la description, très banale en apparence, d'une communauté monastique. Les religieuses – une douzaine – nous font partager leurs enthousiasmes naïfs, leurs regrets, leur tendresse, dans un cadre qui, comme chez Mascagni, est celui d'une parfaite conversation musicale, ici animée non par les sentiments profonds mais plutôt par les petits événements d'une vie rythmée par les saisons et, au quotidien, par les offices et les tâches champêtres. Dans la troisième partie de l'ouvrage, nous basculons dans une toute autre dimension temporelle – en fait intemporelle : Sœur Angélique décide de se suicider en inhalant les plantes vénéneuses qu'elle fait brûler dans une coupe. L'effroi qui la saisit à l'idée du péché mortel se dissout dans une vision de la Vierge à la fois apaisante et trop irréelle pour apporter un réel apaisement. Le chœur des anges suspend le récit mais ne pourra lui apporter de solution. Toute la réussite de Puccini dans cet ouvrage aura été de juxtaposer, parfois de superposer, des espacestemps très contrastés, de l'insignifiant au rêve le plus pur, en passant par le drame. On sait que, avant de composer Suor Angelica, il avait rendu plusieurs fois visite à sa sœur Iginia, mère supérieure du couvent de Vicopelago, et l'avait consultée sur son livret. Mais son souci, de nouveau, n'était pas de réalisme “extérieur”. Ce que la musique nous raconte ici va bien au-delà de la description. L'intimisme est rendu par une écriture volontiers chambriste, la spiritualité par un recours très discret au plainchant, le surnaturel par des sonorités troublantes – notamment le chœur final, en coulisse, soutenu par deux pianos et un célesta. Loin de toute couleur locale, Puccini nous invite à écouter des voix très intérieures, très cachées. C'est sans doute pourquoi il avouait une affection toute particulière pour le second volet de son Triptyque. Alain Surrans OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 10 GAETANO DONIZETTI RITA OU DEUX HOMMES ET UNE FEMME OPÉRAS EN FAMILLE Opéra-comique en un acte Livret de Gustave Vaëz - Version originale en français Transcription Gildas Pungier - D’après la nouvelle édition critique de Paolo Rossini Editions Riccordi - 1841 Mise en scène Vincent Tavernier - Scénographie Claire Niquet Piano Elisa Bellanger - Clarinette Fabrice Arnaud-Crémon Violoncelle Benjamin Carat Rita Géraldine Casey - Pépé Marc Larcher - Gasparo Marc Scoffoni NOVEMBRE 2010 SAMEDI 6, 18h AUTRES REPRÉSENTATIONS Jeudi 16 et vendredi 17 décembre 2010, Dieppe, Scène nationale REPRÉSENTATIONS SCOLAIRES (RENNES) Vendredi 5 et mardi 9 novembre 2010, 14h30 Une représentation en guise de session de rattrapage pour ceux qui, la saison dernière, n'avaient pas saisi l'occasion de découvrir cet ouvrage charmant à déguster en famille. Rita est une merveille de drôlerie due à la plume du compositeur de Don Pasquale et de L'Elixir d'amour. Présentée la saison dernière à travers la Bretagne, elle retrouve la scène de l'Opéra de Rennes dans la joyeuse réalisation scénique de Vincent Tavernier. Sous la plume des plus grands compositeurs de l'âge romantique, humour et musique s'allièrent parfois pour engendrer de petits chefs-d'œuvre. Rita est de ces revigorantes partitions, sur un sujet pourtant scabreux, celui d'une femme qui bat son mari pour conjurer le souvenir des brutalités conjugales dont elle fut naguère victime. Avec un chic et un entrain sans limites, Donizetti brode sur ce canevas, emprunté à une tradition plutôt gaillarde, de savantes vocalises qui émerveilleront grands et petits autant que les amuseront des situations traitées dans l'esprit du théâtre de tréteaux. Au croisement du vaudeville et de la commedia dell'arte, Rita s'allège encore et se donne des allures d'opéra de chambre, l'orchestre étant remplacé, grâce à une habile transcription de Gildas Pungier, par un trio clarinette, violoncelle et piano. Dans cette nouvelle configuration, la partition pétille plus encore de naïveté foraine; l'héroïne s'avère d'ailleurs aussi preste équilibriste que bonne dompteuse ! Alain Surrans OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 11 VINCENT TAVERNIER MISE EN SCENE Vincent Tavernier a réalisé 80 productions, pour les scènes et dans les genres les plus variés. Au théâtre, il a prouvé sa prédilection pour le théâtre baroque, et plus particulièrement Molière dont il a monté dix comédies et comédies-ballets. Plus de quarante réalisations scéniques, dont plusieurs créations contemporaines, illustrent son goût pour l’opéra. Créateur des Malins Plaisirs à Montreuil-sur-mer, il y a développé une programmation consacrée à l’opéra, au théâtre et à la musique dans le goût français. Ses dernières mises en scène y ont été La Fiancée du Scaphandrier de Claude Terrasse (dir. Benjamin Lévy), L’Amour médecin, de Molière et Lully (avec Le Concert Spirituel / dir. H. Niquet - et l’Eventail / dir. M.G. Massé), Ma Tante Aurore de Boieldieu (dir. F. Chauvet) ou encore Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux. Pour la Maîtrise de Radio-France (dir. T. Ramon), il a monté Douce et Barbe-Bleue (Isabelle Aboulker), Ecoutez la chanson bien douce... (Markéas, Finzi, Campo, Pécou), La cuisine de Josquin et Léonie (Julien Joubert), The Golden Vanity (Britten) et deux contes musicaux de Thierry Lalo, dont il a composé les livrets. Avec Claire Marchand, il a réalisé pour ses ensembles de jeunes chanteurs Dido et Enée (Purcell), Le Roman de Renart (Coralie Fayolle) et Cabaret ! Ses autres réalisations récentes les plus notables sont L’Amour malade, de Lully avec L’Eventail (M-G Massé), Rita de Donizetti et Dolorès de Jolivet pour l’Opéra de Rennes. Il a également été le narrateur dans Paul et Virginie (Lesueur) avec l’Orchestre National de Radio-France sous la direction d’Hervé Niquet. En 2008, il a monté Le Ballet des Arts de Lully avec M.G. Massé et H. Reyne (Festival de la Chabotterie, Festival de Sablé, Orangerie de Versailles), Une Demoiselle en loterie (Offenbach) et L’Affaire de la rue de Lourcine (Labiche). Au cours de la saison 2009/2010 il a repris le Golden Vanity de Britten, La Jalousie du Barbouillé (Molière) et L’Illusion comique (Corneille) pour les Malins Plaisirs, Rita en tournée et La Fausse Magie de Grétry avec l’ensemble Les Paladins (dir. Jérôme Corréas) donné successivement aux Opéras de Metz, Reims et Rennes. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 12 À PROPOS DE RITA “N’ÉCOUTEZ PAS, MESDAMES !...” Parmi un nombre certain de vertus, l’opéra en possède une des plus singulières : sa capacité à rendre enchanteresses les situations les plus périlleuses. C’est donc avec une indéniable délectation que le metteur en scène aborde des ouvrages d’une réjouissante impertinence. Avec Le Mari battu (autre soustitre de l’ouvrage) qui traite assez librement de bigamie, on suspecte assez vite un climat d’ironique provocation ! Rita, il est vrai, est la sainte patronne... des causes désespérées ! D’évidence, l’œuvre s’inscrit dans une tradition de gaillardise propre à la farce ou aux marionnettes, une verve issue en droite ligne des fabliaux médiévaux ou des parades du Boulevard du Crime, mais où le lecteur contemporain, et a fortiori la lectrice, auraient du mal à ne pas déceler de forts relents d’un machisme assez lourd et plutôt cynique. Mais, justement, il ne saurait être ici question de lecture. Rita n’a de sens que mise en musique, et les textes doivent être interprétés avec l’esprit, la dynamique et la couleur qu’elle leur insuffle ; or celle-ci les pare d’un raffinement, d’une virtuosité et d’une sensualité qui décalent et “épatent” complètement le propos. Non pas que la musique permette de résoudre un “problème moral” que poserait le texte ! Si l’on cherche de la morale en art, on risque fort d’emprunter des chemins glissants... Plutôt, elle apporte une solution “par au-dessus”, en ce sens que l’ouvrage constitue simplement un insolent pied-de-nez à toute tentative d’interprétation moralisante, didactique ou psychologique, et conduit immanquablement le spectateur à trouver son plaisir dans une autre sphère de perception, celle de la poésie-même. PARADE De là s’ensuit pour le metteur en scène un certain nombre de conséquences : l’éloignement de tout vérisme ; la restitution d’une certaine naïveté foraine ; la mise en évidence, autant que faire ce peut, de cette poésie rayonnante et solaire. Vaste programme... L’aire de jeu sera donc le square d’une petite ville, un soir de printemps. C’est là que la troupe de forains va donner aux spectateurs “le régal d’un réjouissant ouvrage”. D’où recours aux archétypes : Colombine, Pierrot et Matamore - comme échappés des Enfants du Paradis - sont les interprètes d’une farce de tréteaux donnée : proximité avec les marionnettes, les pantins - et leurs enchantements. Car on doit bien y arriver : c’est un enchantement qu’il faut manifester et conduire, si l’on veut rendre justice à l’œuvre. Qu’à travers le chant et le jeu des solistes, et grâce aux artifices de papier, de carton, de bouts de chandelle et de simples toiles, cette nuit finisse par être le réceptacle étoilé d’une fête tonitruante et multicolore, c’est à quoi nous allons nous employer. Vincent Tavernier metteur en scène OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 13 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 14 OSCAR STRASNOY OPÉRA CACHAFAZ Opéra en deux actes sur la tragédie barbare en deux actes et en vers de Copi Commande du Théâtre de Cornouaille - Centre de Création Musicale et Scène Nationale de Quimper Ouvrage chanté en espagnol Mise en scène Benjamin Lazar - Direction Musicale Geoffroy Jourdain Chœur Les Cris de Paris - Ensemble 2e2m (direction Pierre Roullier) Cachafaz Lisandro Abadie- Raulito Marc Mauillon Coproduction : Théâtre de Cornouaille - Centre de Création Musicale – Scène Nationale de Quimper, Théâtre National de Bretagne, Opéra de Rennes, Opéra-Comique, Maison de la Culture de Bourges, Opéra-Théâtre de Saint-Etienne, Théâtre Musical de Besançon, Ensemble 2e2m ; avec l’aide à la production d’ARCADI. Créé le 5 novembre 2010 au Théâtre de Cornouaille, Scène Nationale de Quimper NOVEMBRE 2010 MARDI 9, 20h - JEUDI 11, 16h - VENDREDI 12, 20h AU THÉÂTRE NATIONAL DE BRETAGNE DANS LE CADRE DU FESTIVAL METTRE EN SCENE Une œuvre contemporaine qui ne ménagera pas les âmes trop sensibles. Cachafaz, tragédie barbare de Copi, évoque la pauvreté et en imagine une conséquence extrême, le retour du cannibalisme dans la société. Sur un texte en forme de livret, le compositeur argentin Oscar Strasnoy écrit une partition foisonnante où se mêlent écriture savante et musiques populaires. L’Opéra de Rennes s’associe au Théâtre de Cornouaille et au festival Mettre en Scène du TNB pour cette création lyrique très attendue. Et il retrouve Benjamin Lazar, qui avait déjà mis en scène pour lui le Didon et Enée de Purcell. BENJAMIN LAZAR MISE EN SCENE Né en 1977, Benjamin Lazar étudie dès l'âge de onze ans la déclamation et la gestuelle baroques auprès d'Eugène Green. Il pratique également le violon à la Schola Cantorum et le chant auprès de Dominique Moaty. Après deux années de classes préparatoires littéraires au Lycée Fénelon, il complète sa formation de comédien à l'Ecole Claude Mathieu, dont il sort diplômé en 2000, ainsi qu'à l'Académie des Arts de Minsk. Il travaille alors avec des ensembles musicaux comme l'ensemble Amadis, le Concert Lorrain ou la Symphonie du Marais avec qui il crée trois spectacles sur Benserade, Racine et Molière et enregistre Le Ballet de Flore de Lully. Dans le répertoire contemporain, il a joué notamment dans Nové de David Ravier, Les Mariés de la Tour Eiffel de Jean Cocteau, Piaf, l'ombre de la rue de Thomas et Jean Bellorini (Avignon 2002) et dans le spectacle de chansons Promenons-nous dans Léna (mise en scène de Nicolas Vial) au Théâtre des Déchargeurs à Paris. Il a assisté Michel Didym à la mise en scène sur Le Langue à langue des chiens de roche de Daniel Danis au Théâtre du Vieux Colombier, sur Les Animaux ne savent pas qu'ils vont mourir de Pierre Desproges au Théâtre de la Ville et sur des lectures de pièces contemporaines au Studio-Théâtre de la Comédie Française. Il a mis en scène Le Garçon aux sept cœurs d'après Federico Garcia Lorca, ainsi que trois lectures-spectacles à la Sorbonne : George Dandin de Molière, Les Juives de Garnier et L'Illusion Comique de Corneille. Pour le Poème Harmonique, il signe la mise en scène du spectacle Il Fasolo en juin 2002. En mai 2004, il crée pour le Théâtre de l'Incrédule L'Autre monde ou les états et empires de la lune de Cyrano de Bergerac. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 15 À l'automne 2004, il met en scène Le Bourgeois gentilhomme de Lully avec Le Poème harmonique et Vincent Dumestre. En tant que chanteur-comédien, Benjamin Lazar a notamment interprété le rôle d’Hermione dans la parodie Pierrot Cadmus mise en scène par Nicolas Vial à l’Opéra Comique. Pour le Parlement de Musique de Martin Gester, il signe la mise en espace de la Pastorale de Noël de Charpentier, et met en scène Énée et Lavinie de Pascal Colasse ainsi que Didon et Énée de Purcell à l’Opéra de Rennes à l’automne 2005. Benjamin Lazar est artiste associé au Théâtre de Cornouaille, Centre de Création Musicale-Scène Nationale de Quimper depuis le 1er mai 2009. GEOFFROY JOURDAIN DIRECTION MUSICALE Parallèlement à des études de musicologie en Sorbonne et à des recherches dans les fonds musicaux italiens de plusieurs bibliothèques européennes, Geoffroy Jourdain s’implique très tôt dans la direction d’ensembles vocaux tout en se formant auprès de Patrick Marco au CNR de Paris, auprès de Pierre Cao au Centre d’Art Polyphonique d’Île-de-France, et dans le cadre de masterclasses, en France comme à l’étranger, avec Michel-Marc Gervais, Daniel Reuss, Stefan Parkman, Anders Eby… Il obtient en 1998 le Certificat d’Aptitude à l’enseignement du chant choral. Appelé dès 1998 à collaborer avec Laurence Equilbey, il co-dirige aujourd’hui avec elle le Jeune chœur de Paris, centre de formation pour jeunes chanteurs, département du CNR de Paris. Depuis 2002, il partage avec Didier Bouture la direction du Chœur de l’Orchestre de Paris. Entre temps, il fonde le chœur de chambre Les Cris de Paris, avec lequel il s'impose rapidement dans le paysage français de la création contemporaine. Ses diverses fonctions ont amené Geoffroy Jourdain à collaborer avec de nombreux orchestres et ensembles, sous la direction de Pierre Boulez, Sylvain Cambreling, Vincent Dumestre, Christoph Eschenbach, Rafael Frühbeck de Burgos, Philippe Herreweghe, Richard Hickox, Marek Janowski, René Jacobs, Yutaka Sado… En 2008, il dirige La Forêt bleue de Louis Aubert dans une mise en scène de Mireille Larroche [co-production Péniche Opéra - Jeune chœur de Paris], l'Orchestre d'Auvergne au Festival de la Chaise-Dieu [Missa Sacra de Robert Schumann], Le Pèlerinage de la rose de Robert Schumann à la Fondation Royaumont [piano : Anne Le Bozec]. Geoffroy Jourdain est lauréat 1999 de la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet et lauréat 2000 de la Fondation de France [prêt d’honneur Marc de Montalembert]. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 16 À PROPOS DE CACHAFAZ CACHAFAZ ET SES MUSIQUES CACHÉES Raul Damonte Botana, alias Copi, a été un acteur majeur du souffle théâtral venu d'Argentine des années 60 aux années 80. Monté par Jorge Lavelli, Jérome Savary et Alfredo Arias dans un premier temps, il continue à être joué aujourd'hui par de jeunes équipes car son écriture dynamite les codes du théâtre, tout en lui faisant une confiance absolue, ainsi qu'à l'acteur qui l'anime. Si Les quatre jumelles, Une visite inopportune ou Eva Peron sont régulièrement montées, Cachafaz, tragédie barbare, fait partie des pièces encore méconnues de Copi en France, où elle n'a été montée qu'une seule fois par Alfredo Arias en 1993, dans une traduction en français. Elle est pourtant une de ses pièces les plus personnelles (Copi est né à Montevideo dans une famille anti-péroniste, contrainte plus tard à l'exil) et une des plus impliquées politiquement. De toutes les pièces de Copi, Cachafaz semble être une des plus indiquées pour devenir un livret d'opéra, par les liens qu'elle tisse d'elle-même avec différents genres musicaux : la payada, les saynetes mais aussi le tango ou encore l'opéra vériste. La Payada La forme choisie par Copi (la pièce est écrite en octosyllabes) présente des qualités musicales par le rythme du vers, et rappelle immédiatement pour un hispanophone latino-américain le rythme de la payada. La payada est un art poétique et musical, toujours vivant en Argentine, en Uruguay, au Brésil et au Chili. Le payador y improvise un récit en rimes sur un thème donné, en utilisant des structures musicales connues à l'avance, et en s'accompagnant à la guitare.La payada se déroule sous forme de joute poétique où deux ou trois payadores se répondent en courtes séquences de vers, quelquefois pendant des heures. Ici, la scène de ménage qui ouvre la pièce peut être vue également comme une joute poétique où les deux payadores Raulito et Cachafaz s'affrontent sous l'œil de la foule des voisins et voisines. Les saynetes L'autre source d'inspiration directe de Cachafaz est un genre que Copi a connu dans sa jeunesse uruguayenne : les saynetes, pièces populaires d'origine espagnole, ponctuées de chansons. La célèbre Tita Merello, chanteuse et actrice de cinéma et de théâtre, rencontrait un grand succès dans les saynetes,où elle chantait des milongas, tangos, etc. Copi fait clairement allusion à ce genre quand il signale à l'acte I qu'un des passages de Raulito doit être chanté (la prière à la Vierge de Fatima). Le tango Le personnage de Cachafaz rêve de composer un tango qui le fasse connaître dans les salons. Copi s'inspire ici d'une réalité de Montevideo : la ville et ses guetthos sociaux a vu naître bien des musiques, qui ont franchi le fleuve et sont parvenues à Buenos Aires. Mais, pour Cachafaz, l'inspiration ne vient pas. Seule la “balle du grand final”, celle qui tue Cachafaz, permettra à ce tango d'apparaître, dans une ultime danse entre les deux héros. Le tango n'est pas présent dans Cachafaz comme un élément folklorique : il s'agit plus d'un tango fantasmé, impossible, souterrain, et ironique - jusqu'à son apparition, ou du moins son évocation, à la fin de la pièce. L'opéra vériste Les ressemblances entre Cachafaz et les opéras de la fin du XIXème siècle sont frappantes, notamment avec Tosca de Puccini : deux amants que risque de séparer un homme de police, le meurtre de celui-ci, les rêves de vie heureuse et bourgeoise du couple, la piété de l'héroïne (prière à la Vierge de Fatima), l'engagement politique du héros, la mort par fusillade de l'un et le suicide de l'autre sont autant d'éléments que l'on trouve dans les deux œuvres. Ces thèmes sont bien sûr traités avec beaucoup plus d'ironie dans Cachafaz mais ils n'en perdent pas pour autant leur grande efficacité dramatique. Payada, saynetes, tango et opéra vériste, discernables dans Cachafaz, seront autant de sources d'inspiration pour Oscar Strasnoy, dont le travail consistera à faire ressortir ces différentes musicalités au sein du langage musical original qui est le sien. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 17 L’ADAPTATION EN OPÉRA La pièce de Copi apparaît tout de suite comme un livret idéal, tout d’abord par les pistes musicales suggérées dans l’écriture même. En effet, nombre de thèmes et de personnages rappellent l’opéra vériste à la Puccini. L’univers urbain appelle à un traitement contemporain de l’univers sonore, proche de la musique concrète, tandis que la distribution (deux rôles-titres et un chœur) rappelle la structure des grandes tragédies antiques, mais également les grands opéras qui en reprennent le principe. La forme versifiée (octosyllabes écrits en argot uruguayen) est une évocation directe de la payada, art de la joute poétique et musicale en Argentine, où des poètes-chanteurs (les payadores) s’affrontent pendant des heures, en improvisant des textes sur des canevas musicaux préétablis, accompagnés à la guitare. L’autre genre musical et poétique évoqué dans Cachafaz est le tango, celui que cherche à composer le rôle-titre. Ainsi, la pièce de Copi ouvre au compositeur de ce futur opéra le champ d’une écriture musicale polysémique, tissant des liens entre musique populaire et musique savante. Ce projet d'adaptation musicale de Cachafaz confié au compositeur argentin Oscar Strasnoy se distingue par sa volonté d'impliquer, dès le début, toute l’équipe de création dans le processus d’écriture. La composition sera donc précédée d’un travail en résidence, où le compositeur, le chef musical, le metteur en scène, le scénographe, le costumier, l’éclairagiste et les chanteurs seront présents. La lecture du livret et le travail du texte précéderont l’écriture musicale : les questions de prosodie, d’espace, de dramaturgie seront abordées ensemble, et permettront un mûrissement qui peut faire défaut quand une équipe se réunit au premier jour des répétitions finales.Cette façon de faire est assez rare à l’opéra, où le chanteur, et d’autres membres de l’équipe, viennent souvent en bout de chaîne du processus de création. Cette commande à Oscar Strasnoy permettra par ailleurs à Benjamin Lazar d'initier une nouvelle collaboration avec Geoffroy Jourdain et Les Cris de Paris, et de relancer avec eux unprojet de création musicale contemporaine. Pour le fond, la pièce de Copi est brûlante d’actualité sur les déséquilibres croissants des rapports NordSud (Cachafaz et le chœur des voisins souffrent de la faim, alors qu’ils travaillent aux abattoirs, dont les viandes sont destinées à l’exportation). C’est un portrait violent, mais plein d’humour, d’un bidonville d’Uruguay (le conventilllo), en face de Buenos Aires, où la promiscuité et la précarité peuvent créer soit un climat délétère (c’est le cas au début de la pièce), soit dans l’union et la révolte, un élan d’espoir et une transfiguration. Le petit nombre de solistes ainsi qu'une formation musicale réduite autour de l’instrument principal (la guitare de la payada) feront de cet opéra un spectacle adapté aux maisons d’opéra comme aux théâtres. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 18 WOLFGANG AMADEUS MOZART LE DIRECTEUR DE THÉÂTRE (DER SCHAUSPIELDIREKTOR) OPÉRA THÉÂTRE Singspiel en un acte sur un livret de Gottlieb Stéphanie - 1786 Version mise en espace, chantée en allemand Direction musicale Paul Agnew - Adaptation et mise en espace Vincent Tavernier Orchestre de Bretagne Mme Herz Géraldine Casey - Melle Silberklang Marianne Lambert - Vogelgesang Mathias Vidal - Buff Marc Scoffoni - Frank Pierre-Guy Cluzeau DÉCEMBRE 2010 VENDREDI 31, 20h JANVIER 2011 SAMEDI 1ER, 18h - DIMANCHE 2, 16h Un spectacle pour les fêtes: c’est bien la destination première du Directeur de théâtre, divertissement théâtral et musical commandé à Mozart par Joseph II à l’occasion de réjouissances qu’il voulait offrir à sa cour. Cette illustration des mésaventures d’un entrepreneur de spectacles, aux prises avec les capricieux chanteurs qu’il engage pour constituer sa troupe, avait tout pour amuser les familiers de l’empereur d’Autriche – et résonne de manière toujours aussi plaisante aujourd’hui. PAUL AGNEW DIRECTION MUSICALE Paul Agnew est né à Glasgow et a grandi à Birmingham. Enfant, il reçoit sa première éducation musicale comme choriste à la cathédrale puis, à l’âge de 16 ans, forme un chœur et un orchestre. Poursuivant ses études musicales à l’Université d’Oxford, il dirige ses propres ensembles dans des répertoires allant des symphonies de Schubert et des concertos de Bach à la polyphonie de la Renaissance et au chant médiéval. A l’issue de ses études, il commence une carrière de chanteur qui fait rapidement de lui l’un des interprètes de la musique baroque les plus demandés en Europe. Sa discographie compte plus de 100 enregistrements chez les principaux labels avec les ensembles baroques et les chefs les plus renommés (Bach avec Koopman ou Gardiner ; Purcell avec Pinnock ; Lully, Charpentier et Rameau avec Rousset, Minkowski et Christie). A l’opéra, Paul Agnew est reconnu comme l’une des meilleures hautes-contre de sa génération. A l’Opéra de Paris, il a chanté les rôles principaux dans les productions de Hippolyte et Aricie, Les Indes Galantes et Platée ainsi que dans des enregistrements de Dardanus et des Fêtes d’Hébé. Il a également enregistré le rôle-titre dans Persée de Lully et chantera prochainement dans Thésée et Armide de Lully. Après avoir dirigé avec succès Les Arts Florissants en 2007, Paul Agnew a été nommé chef associé de cet ensemble par William Christie. Depuis lors, il a conduit avec succès l’orchestre et le chœur des Arts Florissants en tournée partout en France ainsi qu’au Konzerthaus de Vienne. Il a pris la succession de Christophe Rousset à la direction de l’Orchestre Français des Jeunes Baroque en 2008 et s’engage activement dans la formation des jeunes instrumentistes spécialisés dans le répertoire ancien. Paul Agnew est co-directeur, avec William Christie, du Jardins des Voix, la prestigieuse académie pour jeunes chanteurs des Arts Florissants. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 19 VINCENT TAVERNIER MISE EN ESPACE Vincent Tavernier a réalisé 80 productions, pour les scènes et dans les genres les plus variés. Au théâtre, il a prouvé sa prédilection pour le théâtre baroque, et plus particulièrement Molière dont il a monté dix comédies et comédies-ballets. Plus de quarante réalisations scéniques, dont plusieurs créations contemporaines, illustrent son goût pour l’opéra. Créateur des Malins Plaisirs à Montreuil-sur-mer, il y a développé une programmation consacrée à l’opéra, au théâtre et à la musique dans le goût français. Ses dernières mises en scène y ont été La Fiancée du Scaphandrier de Claude Terrasse (dir. Benjamin Lévy), L’Amour médecin, de Molière et Lully (avec Le Concert Spirituel / dir. H. Niquet - et l’Eventail / dir. M.G. Massé), Ma Tante Aurore de Boieldieu (dir. F. Chauvet) ou encore Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux. Pour la Maîtrise de Radio-France (dir. T. Ramon), il a monté Douce et Barbe-Bleue (Isabelle Aboulker), Ecoutez la chanson bien douce... (Markéas, Finzi, Campo, Pécou), La cuisine de Josquin et Léonie (Julien Joubert), The Golden Vanity (Britten) et deux contes musicaux de Thierry Lalo, dont il a composé les livrets. Avec Claire Marchand, il a réalisé pour ses ensembles de jeunes chanteurs Dido et Enée (Purcell), Le Roman de Renart (Coralie Fayolle) et Cabaret ! Ses autres réalisations récentes les plus notables sont L’Amour malade, de Lully avec L’Eventail (M-G Massé), Rita de Donizetti et Dolorès de Jolivet pour l’Opéra de Rennes. Il a également été le narrateur dans Paul et Virginie (Lesueur) avec l’Orchestre National de Radio-France sous la direction d’Hervé Niquet. En 2008, il a monté Le Ballet des Arts de Lully avec M.G. Massé et H. Reyne (Festival de la Chabotterie, Festival de Sablé, Orangerie de Versailles), Une Demoiselle en loterie (Offenbach) et L’Affaire de la rue de Lourcine (Labiche). Au cours de la saison 2009/2010 il a repris le Golden Vanity de Britten, La Jalousie du Barbouillé (Molière) et L’Illusion comique (Corneille) pour les Malins Plaisirs, Rita en tournée et La Fausse Magie de Grétry avec l’ensemble Les Paladins (dir. Jérôme Corréas) donné successivement aux Opéras de Metz, Reims et Rennes. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 20 À PROPOS DE DER SCHAUSPIELDIREKTOR LE DIRECTEUR DE THÉÂTRE ET SES CRÉATEURS Der Schauspieldirektor de Mozart et Prima la Musica de Salieri doivent leur origine à une seule et même circonstance. Tous deux furent composés pour répondre à une commande de Joseph II, tous deux traitent le même sujet, à savoir la naissance d'un opéra ou la constitution d'une compagnie lyrique. La création des deux œuvres eut lieu le 7 février 1786 à l'Orangerie de Schönbrunn. De même que la concurrence des chanteurs rivaux figure au premier plan des deux brefs opéras – où elle donne lieu à une parodie extrêmement raffinée – les deux ouvrages eux-mêmes représentent une concurrence unique dans l'histoire de la musique. En effet, par ordre de l'empereur, l'opéra allemand qui était alors en train de voir le jour, le “Singspiel”, avait à se mesurer à l'opera buffa italien, pour ainsi dire à prouver sa viabilité. Salieri avait l'avantage que son livret (dû à Giambattista Casti) fût infiniment supérieur à celui de Mozart (qui avait pour auteur Stefanie). Aussi le plan de l'empereur, qui prévoyait certainement la victoire de Mozart et, par là, celle de l'opéra allemand, se vit-il voué à l'échec. – L'Orangerie est un bâtiment tout en longueur, une sorte de corridor ; le public était assis au milieu, pour ainsi dire en position d'arbitre ; à chaque extrêmité s'élevait une petite scène avec un orchestre d'effectif restreint. Les auditeurs n'avaient qu'à se tourner d'un côté ou de l'autre. – La soirée fut un triomphe pour Salieri et l'opéra italien, alors que le Schauspieldirektor fit un four. Le journal “Wiener Zeitung” du 8 février 1786 rapporta : “Sa Majesté l'Empereur donna mardi une fête à Son Altesse le Gouverneur Général des Pays-Bas et à plusieurs personnages de la noblesse autrichienne. A ces réjouissances avaient été invités 40 cavaliers, ainsi que le prince Poniatowsky, dont il a été question plus haut. Après avoir choisi eux mêmes leurs dames, ils se firent conduire par couples, en calèches ou en voiture fermées, avec sa Majesté l'archiduchesse Marie-Christine elle-même, sœur de l'empereur, de la Hofburg a Schönbrunn où ils descendirent à l'Orangerie. Celle-ci avait été décorée avec la plus magnifique élégance pour le repas de midi. Placée sous les arbres de l'Orangerie, la table du festin était garnie et décorée le plus agréablement qu'il fût de fleurs et fruits d'ici et d'autres pays. Pendant que Sa Majesté et les illustres hôtes prenaient leur repas, l'harmonie de la chambre royale et impériale donna un concert. Une fois le festin terminé, les acteurs de la scène nationale royale et impériale jouèrent sur le plateau de théâtre qui avait été érigé à une extrêmité de l'Orangerie une comédie avec airs de musique spécialement composée pour cette fête et intitulée "Der Schauspieldirektor". Ce spectacle fini, la compagnie de la Hofoper présenta sur la scène italienne dressée à l'autre extrêmité de l'Orangerie l'opera buffa lui aussi tout exprès composé pour cette circonstance sous le titre : Prima la musica e poi le Parole. Pendant ces représentations, l'Orangerie fut magnifiquement éclairée de nombreuses lumières, de lustres et de flambeaux. Après 21 heures, toute la société accompagnée de palefreniers tenant des lanternes retourna en ville”. Josef Lange (Herr Herz) et Johanna Sacco (Madame Krone) formaient les principaux piliers de la troupe. Après avoir séjourné quelques temps à Wurzbourg, le premier vint à Vienne, où il joua pendant cinquante et un ans, de 1770 à 1821. Quant à la seconde, elle avait été engagée personnellement par l'empereur, et elle fut la première vraie tragédienne du Burgtheater. Non seulement elle était l'actrice la mieux payée, mais elle imposait sa volonté ; pendant des années, l'empereur insista pour que le programme annuel de l'établissement soit conçu en fonction d'elle. Gottlieb Stephanie, le librettiste, assuma lui-même le rôle de l'impresario Frank, Herr Vogelsang (Monsieur Chant d'Oiseau) fut chanté par Johann Valentin Adamberger (le premier Belmonte de L'Enlèvement au sérail), Buff par Josef Weidmann, Mademoiselle Silberklang (Mademoiselle Timbre d'Argent) par Catharina Cavalieri (pour laquelle Mozart avait écrit la Konstanze de L'Enlèvement au sérail) et Madame Hertz (Madame Cœur) par Aloysia Marie Antonie Lange. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 21 Aloysia Weber se produisit pour la première fois à Vienne en septembre 1779 et épousa Josef Lange un an plus tard. Elle fut membre du Hof-und Nationaltheater jusqu'en 1792. Elle affirma ensuite que Mozart, son beau-frère, avait écrit la partie de Konstanze à son intention, mais une lettre du compositeur à son père (1er août 1781) montre sans aucun doute possible que la partie en question fut bien conçue pour Catharina Cavalieri, laquelle était protégée par son professeur Antonio Salieri. Ce que l'on ne peut nier, c'est que Mozart aimait beaucoup Aloysia Lange (à tel point que c'est elle qu'il pensait épouser, et non Constance, qui devint plus tard sa femme) et écrivit de nombreux airs de concert spécialement pour elle. Nikolaus Harnoncourt OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 22 CLAUDE DEBUSSY OPÉRA PELLÉAS ET MÉLISANDE Opéra en cinq actes et douze tableaux sur un livret de Maurice Maeterlinck - 1902 Direction musicale Jean- Luc Tingaud - Mise en scène Alain Garichot Chœur de l’Opéra de Rennes (direction Gildas Pungier) - Orchestre de Bretagne Pelléas Kevin Greenlaw - Mélisande Marie-Adeline Henry - Golaud Nigel Smith Arkel Christophe Fel - Geneviève Sylvie Althaparro Production de l’Opéra de Rouen Haute-Normandie - Théâtre des Arts JANVIER DIMANCHE 30, 16h FÉVRIER MARDI 1ER, 20h - JEUDI 3, 20h - SAMEDI 5, 18h Revoici donc Pelléas et Mélisande dans la production, signée Alain Garichot, que n’auront pas oubliée ceux qui l’ont découverte à l’Opéra de Rennes il y a dix ans. Le seul ouvrage achevé de Claude Debussy reste un objet musical sans exemple, un de ces diamants noirs comme l’histoire des arts n’en produit qu’à de très rares exemplaires. La mise en scène d’Alain Garichot est à l’unisson de cette sombre étrangeté : elle en révèle tous les arrière-plans et dessine en lumière blanche les personnages d’un drame hors du temps. JEAN-LUC TINGAUD DIRECTION MUSICALE Après des études de piano et de direction d'orchestre au Conservatoire de Paris, Jean-Luc Tingaud est remarqué par Manuel Rosenthal dont il devient l'assistant et qui lui communique la passion de la musique française. Depuis 1997, Jean-Luc Tingaud est directeur musical de l'OrchestreAtelier OstinatO, composé de jeunes musiciens diplômés se perfectionnant au métier d'orchestre. Ils se sont produits dans des lieux prestigieux : l'Opéra Comique, l'Opéra de Bordeaux, le Théâtre de l’Athénée, le Théâtre Impérial de Compiègne et de nombreux festivals. Ils ont également été invités par le Théâtre des Champs-Elysées à donner une série de concerts pédagogiques et sont devenus orchestre en résidence de la Bibliothèque nationale de France en 2007. Jean-Luc Tingaud a toujours eu une prédilection pour l'opéra. Il a dirigé Pénélope (Fauré), Sapho (Massenet), Manon Lescaut (Auber) au Festival de Wexford, Ciboulette (Hahn) à Opera Zuid, L’île de Tulipatan (Offenbach) à l'Opéra National de Lyon et Le nozze di Figaro au Théâtre Mogador à Paris. Parmi ses engagements récents, citons Mireille, L’Elisir d’amore, La Bohème, Così fan tutte, Carmen et Faust au Théâtre d'Herblay, Roméo et Juliette (Berlioz) au Teatro Nacional de Sao Carlos à Lisbonne, Tosca à Besançon, Werther au Festival della Valle d'Itria à Martina Franca, Dialogues des carmélites à Saint-Etienne, Riders to the Sea et La Damnation de Faust à Reims, Véronique à Metz, Pelléas et Mélisande et Carmen à l'Opéra de Toulon. Entre 2002 et 2007, il a été chef associé à l'Opéra Comique où il a notamment dirigé Les Mamelles de Tirésias. Sa discographie comporte Sapho enregistré à Wexford (Fonè), Werther enregistré à Martina Franca, La Voix humaine enregistré à Compiègne (DVD) et le premier enregistrement orchestral des Chansons du Monsieur Bleu de Manuel Rosenthal avec le ténor Jean-Paul Fouchécourt. Parmi les autres orchestres avec lesquels il travaille figurent l’Ulster Orchestra et l’Orchestra Filarmonica Arturo Toscanini. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 23 ALAIN GARICHOT MISE EN SCENE La double formation théâtrale et musicale d’Alain Garichot l’amène très tôt à aborder la direction d’acteurs. Après douze années passées à la Comédie-Française en tant qu’assistant metteur en scène sous l’administration de Pierre Dux, il est nommé, de 1982 à 1995, professeur d’interprétation et de scène à l’École d’Art Lyrique de l’Opéra de Paris. Il réalise avec celle-ci plusieurs mises en scène comme La Chute de la maison Usher de Debussy, L’Enfant et les sortilèges et L’Heure espagnole de Ravel (Salle Favart), Goldoni et ses musiciens à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille et les Dialogues des Carmélites de Poulenc au Palais Garnier en 1994. Il est régulièrement invité dans différentes maisons d’opéra : Nancy, Rennes, Metz, Tours, Caen, Reims, Nantes, Avignon, Rouen, Lausanne, Genève, Bilbao et Osaka où il a réalisé les mises en scène de Eugène Onéguine de Tchaïkovski, Falstaff de Verdi, Tosca et Madame Butterfly de Puccini, Manon de Massenet, Maria Stuarda de Donizetti , Mireille de Gounod, Le Barbier de Séville de Rossini, Adrienne Lecouvreur de Cilea, La Clémence de Titus et Idoménée de Mozart, Pénélope de Fauré, Gwendoline de Chabrier, La Voix humaine de Poulenc, Véronique de Messager, Pelléas et Mélisande de Debussy et Le Vaisseau Fantôme de Wagner. La création de Guy Ropartz Le Pays à l’Opéra de Tours sous la direction de Jean-Yves Ossonce a obtenu le prix Claude Rostand du Meilleur Spectacle Lyrique de Province en 2008. Il a également animé des masterclass d'interprétation au CNIPAL, dans les conservatoires de Lyon, Lausanne, Genève et à l'Institut Français Kansaï de Kyoto. Il vient d'animer un atelier d' interprétation sur Il Barbiere di Seviglia de Rossini à "Sorrù in Musica" dirigé par Bertrand Cervera et Stéphane Petitjean en Corse, et monté une production de La Colombe de Gounod avec la Chapelle Royale de la Reine Elizabeth de Belgique, pour le Festival de Menton et Montmorillon. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 24 À PROPOS DE PELLÉAS ET MÉLISANDE LE COMPOSITEUR AU SUJET DE SON ŒUVRE “Depuis longtemps je cherchais à faire de la musique pour le théâtre mais la forme dans laquelle je voulais la faire était si peu habituelle qu'après divers essais j'y avais presque renoncé. Des recherches faites précédemment dans la musique pure m'avaient conduit à la haine du développement classique, dont la beauté est toute technique et ne peut intéresser que les mandarins de notre classe. Je voulais à la musique une liberté qu'elle contient peut-être plus que n'importe quel art, n'étant pas bornée à une reproduction plus ou moins exacte de la nature, mais aux correspondances mystérieuses de la nature et de l'imagination. Le drame de Pelléas qui, malgré son atmosphère de rêve, contient beaucoup plus d'humanité que les soi-disant documents sur la vie me parut convenir admirablement à ce que je voulais faire. Il y a là une langue évocatrice, dont la sensibilité pouvait trouver son prolongement dans la musique et dans le décor orchestral. J'ai essayé aussi d'obéir à une loi de beauté qu'on semble oublier singulièrement lorsqu'il s'agit de musique dramatique ; les personnages de ce drame tâchent de chanter comme des personnes naturelles et non pas dans une langue arbitraire, faite de traditions surannées. C'est là d'où vient le reproche que l'on a fait à mon soi-disant parti pris de déclamation monotone, où jamais rien n'apparaît de mélodique… D'abord, cela est faux, en outre les sentiments d'un personnage ne peuvent s'exprimer continuellement d'une façon mélodique ; puis la mélodie dramatique doit être autre que la mélodie en général… Les gens qui vont écouter la musique au théâtre ressemblent en somme à ceux que l'on voit réunis autour des chanteurs des rues ! Là, moyennant deux sous, on peut se procurer des émotions mélodiques… on peut même constater une patience plus grande que chez beaucoup des abonnés de nos théâtres subventionnés, on pourrait même dire une volonté de comprendre totalement absente chez le public cidessus nommé. Par une ironie singulière, ce public, qui demande du nouveau, est le même qui s'effare et se moque toutes les fois que l'on essaye de le faire sortir de ses habitudes et du ronron habituel… Cela peut paraître incompréhensible, mais il ne faut pas oublier qu'une œuvre d'art, une tentative de beauté semblent toujours une offense personnelle pour beaucoup de gens. Je ne prétends pas avoir tout découvert dans Pelléas, mais j'ai essayé de frayer un chemin que d'autres pourront suivre, l'élargissement de trouvailles personnelles qui débarrasseront peut-être la musique dramatique de la lourde contrainte dans laquelle elle vit depuis si longtemps”. “J'ai voulu que l'action ne s'arrêtât jamais, qu'elle fût continue, ininterrompue. J'ai voulu me passer des phrases musicales parasites. A l'audition d'une œuvre, le spectateur est accoutumé à éprouver deux sortes d'émotions bien distinctes : l'émotion musicale d'une part, l'émotion du personnage de l'autre ; généralement, il les ressent successivement. J'ai essayé que ces deux émotions fussent parfaitement fondues et simultanées. La mélodie, si je puis dire, est anti-lyrique. Elle est impuissante à traduire la mobilité des âmes et de la vie. Elle convient essentiellement à la chanson, qui confirme un sentiment fixe. Je n'ai jamais consenti à ce que ma musique brusquât ou retardât, par suite d'exigences techniques, le mouvement des sentiments et des passions de mes personnages. Elle s'efface dès qu'il convient qu'elle leur laisse l'entière liberté de leurs gestes, de leurs cris, de leur joie ou de leur douleur…" extrait de “Claude Debussy” par Edward Lockspeiser et Harry Halbreich Fayard (Les Indispensables de la Musique) OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 25 PELLÉAS ET MÉLISANDE, LA GENÈSE D’UNE ŒUVRE On raconte qu'un soir d'été de l'année 1892, Debussy, alors qu'il se promenait boulevard des Italiens, à Paris, trouva à l'étalage de la Librairie Flammarion une mince brochure qui venait de paraître : Pelléas et Mélisande, drame en cinq actes de Maurice Maeterlinck. Il l'acheta, pour lire l'œuvre la nuit même, et en reçut aussitôt une profonde impression. En 1893, la Compagnie de l'œuvre, dirigée par Lugné Poe, monta la pièce au Théâtre des Bouffes-Parisiens. Debussy courut assister à une des premières représentations et, dès ce moment là, forma le projet d'utiliser le poème dramatique de Maeterlinck pour composer un opéra. A la vérité, cette découverte était providentielle pour Debussy. L'œuvre de Maeterlinck correspondait, en effet exactement à l'idée qu'il se faisait depuis des années de ce que devait être le poème qu'il mettrait en musique. Dès 1889, dans une conversation avec Ernest Guiraud, son professeur, il définissait ainsi le poète de ses rêves : “Ce sera celui qui, disant les choses a demi, me permettra de greffer mon rêve sur le sien ; qui concevra des personnages dont l'histoire et la demeure ne seront d'aucun temps, d'aucun lieu ; qui ne m'imposera pas, despotiquement, la “scène à faire” et me laissera libre, ici ou là, d'avoir plus d'art que lui et de parachever son ouvrage… Je rêve de poèmes qui ne me condamnent pas à perpétrer des actes longs, pesants ; qui me fournissent des scènes mobiles, diverses par les lieux et le caractère ; où les personnages ne discutent pas, mais subissent la vie et le sort.” Toute cette déclaration, dans ses considérations sur le rôle de la musique dans le drame lyrique, semble tournée contre l'esthétique de Wagner. Néanmoins, et contrairement à une opinion encore aujourd'hui généralement répandue, Debussy admirait profondément Wagner. Et dire que l'influence de Wagner sur Debussy a été nulle est une absurdité. Certes la déclamation lyrique de Pelléas n'est pas celle de Tristan ; certes l'emploi et la signification des motifs conducteurs ne sont pas les mêmes dans les deux partitions. Dans Pelléas, leur signification est plus picturale, plus concrète, et lâchons le mot, plus impressionniste que chez Wagner, chez qui le symbolisme psychologique l'emporte le plus souvent. Et puis Debussy ne confie jamais un motif conducteur à une voix humaine, ce que Wagner fait constamment. Quoi qu'il en soit : dire que Debussy a repoussé le principe du motif conducteur, c'est nier l'évidence ; il y a plus : Pelléas, contrairement à ce que pourrait faire croire une vue superficielle des choses, est une œuvre fortement construite, dont les assises sont, comme chez Wagner, précisément les motifs conducteurs. Il y a donc, dans la genèse de l'œuvre, une influence wagnérienne très claire ; et non seulement à cause des motifs conducteurs, mais aussi par la nature du sujet choisi, et une atemporalité qui rejoint parfaitement celle de toutes les œuvres de Wagner, à l'exception de Tannhäuser et des Maîtres Chanteurs. La légende et ses arrières-plans dominent dans l'imagination des deux créateurs ; la légende qui n'empêche pas, bien entendu, ni chez l'un ni chez l'autre, la plus grande force de vérité humaine, de réalisme psychologique. Debussy demanda à Maeterlinck l'autorisation de mettre son drame en musique, et l'obtint sans difficulté. Les conflits terrible avec Maeterlinck, pour des raison purement personnelles, surgiront plus tard, au moment de la création de l'œuvre. Il se mit aussitôt à la composition. L'œuvre avancera lentement, comme dans un rêve éveillé, non sans la conscience profonde qu'avait Debussy de la difficulté de ceindre et de saisir la réalité spirituelle des personnages. En janvier 1894, il écrit à Chausson : “J'ai passé des journées à la poursuite de ce “rien” dont elle est faite (Mélisande), et je manquais parfois de courage pour vous raconter tout cela…”(…) En dix ans de patient et amoureux travail, Debussy a vécu de plus en plus dans l'intimité de ses personnages au point que la question que l'on a posée, de savoir si une “vraie” Mélisande a existé dans sa vie, paraît presque oiseuse. On n'a d'ailleurs jamais pu établir d'une façon précise si une Thérèse Roger, ou bien la fille du peintre Lerolle, pour qui Debussy semble avoir éprouvé des sentiments assez OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 26 profonds, restés platoniques par la volonté de celle à qui ils étaient destinés, auraient pu prêter leurs traits à la plus mystérieuse figure du théâtre lyrique de notre époque. Le mystère de Mélisande, ce “rien” dont elle est faite, fait partie du tissu profond de l'œuvre, tout comme en fait partie la pesante et douloureuse réalité de Golaud. Pourtant, Mélisande est un être de chair ; elle aime, elle est aimée, elle met un enfant au monde ; il n'y a que sa mort qui reste mystérieuse, mais quelle mort ne le reste pas, au théâtre et aussi dans la vie ? “On ne voit jamais le ciel ici”, se plaindra-t-elle à Golaud, qui pourrait être son père, comme il pourrait être le père de Pelléas ; c'est la clef humaine du drame, comme dans Tristan, où Marke pourrait être le père d'Isolde et son amant. Pendant les années de la composition de Pelléas, la vie de Debussy ne manquera pas d'orages sentimentaux ; c'est durant ces années qu'il quittera Gaby Dupont pour Lily Texier, que la première tentera de se suicider, en attendant que, des années plus tard, le même sort frappe la seconde. Mais tout cela restait extérieur à Pelléas, ou plutôt : tout cela participait à une vie qui n'était plus celle de Pelléas, à un stade de l'évolution psychique de Debussy qui s'était libéré des contraintes dont son héros, Pelléas, est encore étouffé. La découverte du drame de Maeterlinck était due au hasard ; mais sa lecture ébranlait certainement dans les tréfonds de Debussy de mystérieuses résonances. La rupture brusquée et mystérieuse avec les Vasnier, des années auparavant, trouve ici peut-être son explication. Œdipe vit en chacun de nous, et l'art de la vie consiste à le tuer, pour pouvoir continuer de vivre. L'amant secret de Marie-Blanche Vasnier pouvait se retrouver en Pelléas, qui vole à Golaud son dernier amour. S'il existe une source autobiographique de la composition de Pelléas, c'est celle-là et probablement nulle autre. Et certes, Debussy n'a pas eu besoin du secours de l'œuvre d'art pour se libérer, comme Wagner, qui calmait chacun de ses échecs dans la vie par un chef-d'œuvre, et qui n'a pu écrire Parsifal qu'après avoir enfin trouvé, dans sa vie avec Cosima, son relatif équilibre. Debussy n'avait rien de Wagner, qui mêlait la métaphysique à l'amour pour se disculper de ses élans sensuels. En sa sensualité splendide et foncière, Debussy se sentait merveilleusement innocent. Sa libération de Marie-Blanche et de Pierre Vasnier, ce furent les frasques et les tempêtes de sa “vie de bohème”, bien avant Pelléas, qui la lui rendirent possible. Ces frasques et ces tempêtes se poursuivirent tout au long de la composition de Pelléas. D'autobiographique, il n'y a dans Pelléas que l'émotion très intense d'un souvenir : le souvenir d'une jeunesse à la fois trouble et pure, qui ne reviendra plus. Antoine Goléa L’Avant-Scène Opéra - mars-avril 1977 (extraits) OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 27 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 28 GIUSEPPE VERDI OPÉRA FALSTAFF Opéra en trois actes Livret d’Arrigo Boïto - 1893 Ouvrage chanté en italien Direction musicale Mark Shanahan - Mise en scène Patrice Caurier et Moshe Leiser Chœur d’Angers Nantes Opéra (direction Xavier Ribes) - Orchestre de Bretagne Sir John Falstaff John Hancock - Ford Andrew Schroeder - Alice Ford Véronique Gens Nannetta Amanda Forsythe - Fenton Luciano Botelho - Mrs Quickly Elena Zilio Meg Page Leah-Marian Jones - Docteur Cajus François Piolino Coproduction Angers Nantes Opéra / Opéra de Rennes AVRIL 2011 VENDREDI 15, 20h - DIMANCHE 17, 16h - MARDI 19, 20h - JEUDI 21, 20h Séance adaptée aux déficients visuels - Jeudi 21 avril, 20h Audiodescription avec casque, programme en braille et en gros caractères à destination des personnes aveugles et malvoyantes.Renseignements et réservations auprès du Service d’Action culturelle de l’Opéra de Rennes. En collaboration avec Accès Culture, avec le soutien de Veolia Environnement. Autres représentations Dimanche 13, mardi 15, vendredi 18, dimanche 20 et mardi 22 mars : Nantes, Théâtre Graslin Jeudi 31 mars, dimanche 3 avril : Angers, Théâtre du Quai L’ultime chef-d’œuvre d’un Verdi octogénaire est aussi son incursion presque unique, et magistrale dans le registre de la comédie. L’ultime compagnonnage avec Shakespeare lui est offert par Arrigo Boïto sous la forme d’un livret en tout point parfait, un grand texte bouffe d’une subtilité inédite, que le compositeur enveloppe d’une musique plus libre, plus étourdissante, plus juvénile que jamais. Le contraire d’un testament pour une œuvre qui est pourtant la toute dernière de son auteur. MARK SHANAHAN DIRECTION MUSICALE Mark Shanahan étudie la musique à la Chetham’s School of Music, puis à l’université de Londres avant d’intégrer la Royal Academy of Music à Londres. Il a également remporté le concours de direction des orchestres de jeunes en Angleterre. Ses engagements comprennent des émissions et des concerts avec la BBC, le National Symphony Orchestra et le RTE Concert Orchestra. Il se produit également avec le BBC Philharmonic Orchestra, le Stavanger Symphony, le Netherlands Symphony, le Royal Philharmonic Orchestra ou l’English Northern Philharmonia.Mark Shanahan s’est produit notamment à l’Opéra de Dublin, à l’English Touring Opera ainsi qu’au Wexford Festival. Il a également eu l’occasion de diriger La Traviata (Verdi), L’Elixir d’amour (Donizetti), Les Capulets et les Montaigus (Bellini) pour Grange Park Opéra, La Traviata et Rigoletto (Verdi) pour Opera North, La Dame de pique (Tchaïkovsky) et La Rondine (Puccini) pour le Royal Northern College of Music, Mikado (Sullivan) au Teatro de la Fenice à Venise, Le Barbier de Séville (Rossini), La Force du Destin, Ernani, La Traviata et Otello (Verdi) ainsi que Tosca (Puccini) pour l’English National Opera de Londres, La Traviata au Nationale Reisopera, Tosca, Mort à Venise (Britten), Simon Boccanegra (Verdi) et Nabucco (Verdi) à l’Opéra de Francfort. Mark Shanahan s’est également produit en concert, notamment au Royal Festival Hall et au Royal Albert Hall à Londres, dans des ouvrages tels que La Damnation de Faust (Berlioz), le Requiem (Verdi) et Une Vie de héros (Strauss).Dernièrement, il a été Premier Chef invité au Netherlands OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 29 Symphony Orchester. A Nantes, Mark Shanahan a dirigé Jenufa (Janacek) en mars 2007, production récompensée par le prix Claude Rostand 2007 décerné par le Syndicat professionnel de la critique pour la meilleure production en région. Il a repris cette production à l’Opéra de Marseille en février 2009. A Nantes et à Angers, il a dirigé Cosi fan tutte (Mozart) en juin 2008, L’Affaire Makropoulos (Janacek) en mai et juin 2010. PATRICE CAURIER, MOSHE LEISER MISE EN SCENE En 1983, Patrice Caurier et Moshe Leiser réalisent leur première mise en scène Le Songe d’une nuit d’été (Britten) à l’Opéra national de Lyon. En 1984, ils sont à La Comédie Française pour Rue de la Folie-Courteline. Très rapidement, ils sont invités partout dans le monde, on les retrouve aux Festivals de Spoleto et de Lyon, au Théâtre des Champs-Elysées, au Welsh National Opera de Cardiff ou encore à Genève, Tel Aviv, Charleston, au Covent Garden de Londres, Lausanne, Lyon, Glasgow… Parmi leurs nombreuses productions, citons : Le Couronnement de Poppée (Monteverdi), Rusalka (Dvorak), Salomé (Strauss), Les Troyens (Berlioz), Benvenuto Cellini (Berlioz), Dialogues des carmélites (Poulenc), L’Enfant et les sortilèges (Ravel) dont la réalisation cinématographique leur vaut le FIPA d’Or à Cannes en 1994, Iphigénie en Tauride (Gluck), Armide (Lully), Jenufa (Janacek), Ariane et Barbe-bleue (Dukas), La Belle Hélène (Offenbach), Alceste (Glück), La ChauveSouris (Strauss), La Clémence de Titus et La Flûte enchantée (Mozart), Léonore et Fidelio (Beethoven), Carmen (Bizet), La Cenerentola (Rossini)… Au Grand Théâtre de Genève, ils mettent en scène successivement, Wozzeck (Berg), Hamlet (Thomas), Les Fiançailles au couvent (Prokofiev), Le Chevalier à la rose (Strauss), Le Ring (Wagner), Pelléas et Mélisande (Debussy), Don Carlo (Verdi). Citons également La Traviata (Verdi) à Lausanne et à Cardiff, Madame Butterfly (Puccini) au Covent Garden de Londres, Hamlet (Thomas) au Covent Garden et à Barcelone (enregistrement DVD), Lucia di Lammermoor (Donizetti) à l’Opéra national de Lyon et au Théâtre du Châtelet, Eugène Onéguine (Tchaïkovsky) au Théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg, au Châtelet et à Marseille, L’Aiglon (Honegger / Ibert) à Marseille, La Veuve joyeuse (Lehar) au Welsh National Opera de Cardiff en octobre 2005 et Le Barbier de Séville (Rossini) au Covent Garden en décembre 2005. Récemment ils ont mis en scène Mazeppa (Tchaïkovski) et Carmen (Bizet) au Welsh national Opera de Cardiff, L’Amour des trois oranges (Prokofiev) au Théâtre de Bâle, Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (Weill) au Festival de Spoleto / USA 2007, Clary (Halevy) et Moïse en Egypte (Rossini) à l’Opéra de Zurich, Hansel et Gretel (Humperdinck), Le Turc en Italie (Rossini) au Covent Garden de Londres et Hamlet (Thomas) au Métropolitan de New York. A Nantes et Angers, ils ont signé les mises en scène du Nez (Chostakovitch) en décembre 2004, de La Flûte enchantée (Mozart) en janvier et février 2006, L’Enfant et les sortilèges (Ravel) ainsi que Jenufa (Janacek) en février 2007 (production récompensée par le Prix Claude Rostand 2007 décerné par le Syndicat professionnel de la critique) et celles du Château de Barbe Bleue (Bartok) en septembre / octobre 2007, de Tosca (Puccini) en septembre / octobre 2008, de Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (Weill) en février / mars 2009 et de L’Affaire Makropoulos (Janacek) en mai et juin 2010. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 30 À PROPOS DE FALSTAFF LE DERNIER OPÉRA DE VERDI Falstaff est le dernier opéra de Verdi. Et Verdi savait que ce serait le dernier. D'où ses nombreuses hésitations quand il se mit au travail, surtout à l'égard de Boito, ce collaborateur et ami qu'il ne voulait pas forcer à s'engager dans une entreprise que le destin ne lui permettrait peut-être pas de mener à terme. La correspondance entre les deux hommes pendant cette période est donc tout à fait unique : non seulement Boito rassure et encourage constamment le vieux Maestro (Verdi a alors près de quatrevingts ans), mais il lui sert de miroir réfléchissant, de banc d'essai pour les hypothèses de toute sorte qui naissent au cours du travail de composition. C'est une correspondance extraordinairement riche d'idées et de thèmes discutés et développés sur un parfait pied d'égalité intellectuelle ; d'ailleurs, tous deux étaient convaincus qu'il ne serait possible de parvenir à une cohérence ainsi qu'à la tension adaptée à l'ironie du sujet qu'en affrontant et en résolvant tous les problèmes, d'ordre dramatique et poétique aussi bien que musical, au niveau structurel. Car dans Falstaff Verdi résout de manière ironique la vision pessimiste du monde qui avait jusqu'alors imprégné son œuvre lyrique. Pour transcrire musicalement cette ironie, c'est-à-dire pour créer une distanciation par rapport à l'objet représenté, le compositeur utilise dans les moments-clefs de l'action (au début et à la fin) des structures “classiques” du langage musical et, qui plus est, propres au langage instrumental ; mais il les détourne radicalement de leur fonction traditionnelle, et parvient ainsi à un effet de complet dépaysement. La première scène est construite comme une pseudo forme-sonate (pseudo, car le second thème est à la médiante, et non à la dominante, comme il eût été “normal”), et l'opéra se conclut par une fugue ; en outre, dans ces deux formes instrumentales, Verdi emploie un matériau thématique qui utilise les mêmes hauteurs, réaffirmant ainsi et sur un plan purement intellectuel l'unité formelle de la partition toute entière. Il est tout à fait révélateur que Verdi ait commencé la composition de Falstaff par le dernier morceau, c'est-à-dire par la fugue du dernier tableau : la fugue est donc bien le noyau musical originel à partir duquel se développe tout le reste de la partition. De même les personnages loin d'être des figures dessinées en relief, sont avant tout les fragments d'une mosaïque qui viennent progressivement s'intégrer à l'action théâtrale, et en caractérisent la progression. Ils se différencient les uns des autres juste assez pour être reconnaissables, sans pour autant s'imposer comme des individualités. On dirait presque que ces personnages sont à peine plus qu'un prétexte destiné à caractériser les différentes phases de l'action. Bref, ce qui est important ici ce n'est pas tant leur être, le fait qu'ils représentent un aspect particulier des êtres humains, mais plutôt le fait qu'ils se présentent ensemble, comme parties d'un groupes. Et le déroulement de l'action n'est rien d'autre que l'alternance et la succession chatoyantes de ces groupes, d'où les personnages sortent et entrent dans un mouvement tourbillonnant de kaléidoscope. Dans la première scène de l'auberge, on identifie bien le héros, mais toujours par contraste avec d'autres personnages : d'abord avec le plaintif et querelleur Docteur Cajus, puis avec les deux acolytes Bardolfo et Pistola. Ce n'est qu'à la fin de la scène que le personnage de Falstaff prend vraiment corps avec son monologue sur l'honneur ; et la scène suivante, la scène du jardin, a surtout pour fonction de présenter les autres interlocuteurs, mais moins en tant que personnages isolés que comme groupes : les “joyeuses commères de Windsor”, les deux jeunes amoureux Nannetta et Fenton avec leur amour insouciant, et enfin Ford et les autres hommes. Toute la scène est construite sur la précision avec laquelle ces groupes alternent, et l'impression de perfection qui en découle provient avant tout de la juste dimension que chacune de leurs apparitions acquiert dans le temps, grâce à sa propre durée, les femmes étant caractérisées par le rythme 6/8e, les hommes par le rythme 2/2 et enfin les amoureux par la mesure 3/4. C'est là un choix stylistique délibéré, qui a pour conséquence que l'on ne trouve ici ni “arias”, ni “duos” ou tout autre morceau construit suivant les principes structurants traditionnels de l'opéra italien du dixneuvième siècle, mais seulement de rares pauses de réflexion amère (le monologue de Ford sur la OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 31 jalousie), ou sardonique (le monologue déjà mentionné de Falstaff sur l'honneur), ou bien de véritables chansons : celle de Nannetta comme Reine des Fées à la dernière scène, ou encore le sonnet (c'est la forme du texte poétique sur lequel la chanson est construite) de Fenton au début de la même scène. Ce n'est pas un hasard si ces deux pages se trouvent dans la dernière partie, c'est-à-dire au moment où l'action, avec la tombée du jour, est passée de la lumière de la réalité quotidienne à la pénombre lunaire du monde des fées et de l'imaginaire. Verdi sentit bien que ce passage d'un monde à l'autre était pour le compositeur le moment le plus épineux, l'écueil le plus périlleux de toute la partition. Ce n'est donc pas un hasard si après la première représentation il réécrivit entièrement la dernière partie de la première scène de l'Acte III ; et en concevant cette partie, il n'hésita pas à s'aventurer sur le terrain d'invention extrêmement audacieuses, comme lorsqu'il envisagea, dans sa correspondance avec Boito, la possibilité de placer, à ce moment de l'opéra, un violon solo dans les cintres, idée qu'il abandonna par la suite, précisément pour ne pas détruire par cette extravagance spatiale le parfait agencement des parties qui régit l'ensemble de la partition. C'est dans ce jeu suprême de l'invention, dans cet équilibre absolu entre les principes structurels et leur agencement suivant un rythme dramatique rigoureusement défini, que se trouve l'essence de Falstaff et son caractère absolument unique. Stylistiquement, Falstaff ne peut être que l'œuvre d'un compositeur qui, parvenu au terme de sa carrière, contemple désormais avec une sérénité détachée et, par suite, avec une mélancolie souriante, les passions qui avaient agité les héros de tous ses autres opéras. Mais la souffrance, les tourments et les peines de jadis font place désormais à une contemplation olympienne et à un pur jeu de l'esprit. Pierluigi Petrobelli (Traduction © 1994 Brigitte Olivieri) Extraits de la correspondance Verdi-Boito Un nouvel opéra ? En écrivant Falstaff, n'avez-vous jamais pensé au nombre considérable de mes ans ? Je sais bien que vous allez me répondre en exagérant l'état de ma santé : bonne, excellente, solide… Admettons : vous conviendrez néanmoins avec moi qu'en assumant une telle entreprise je pourrais être taxé d'une grande témérité. – Et si la tâche était au-dessus de mes forces ?! - Et si je ne parvenais pas à finir la partition ? (Verdi à Boito, 7 juillet 1889) Une fugue bouffe Vous travaillez, j'espère ? Le plus étrange, c'est que je travaille aussi !… Je m'amuse à écrire des fugues !… Oui monsieur, une fugue… et une fugue bouffe… qui pourrait convenir dans Falstaff… Mais comment une fugue bouffe ? pourquoi bouffe, direz-vous ? Je ne sais ni comment, ni pourquoi, mais c'est une fugue bouffe ! (Verdi à Boito, 18 août 1889) Une fugue burlesque, voilà ce qu'il faut, on la placera sans peine. Les jeux de l'art sont faits pour l'art joyeux. (Boito à Verdi, 20 août 1889) L’opéra avance La Bedaine est sur le chemin qui mène à la folie. Il y a des jours où il ne bouge pas, il dort et il est de mauvaise humeur ; d'autres fois, il crie, il court, il saute, il fait le diable à quatre… Je le laisse un peu faire le fou, mais s'il continue, je lui passe une muselière et la camisole de force. (Verdi à Boito, 12 juin 1891) OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 32 Ce n'est pas vrai que j'aie fini Falstaff. Je suis en train d'écrire l'orchestration de tout ce que j'ai fait, car je crains d'oublier certains tableaux et certaines couleurs instrumentales. Ensuite je ferai la première partie du Troisième Acte… et alors amen !… (Verdi à Boito, 10 septembre 1891) Nos braves Milanais sont désormais tous devenus citoyens de Windsor et passent leur vie à l'Auberge de la Jarretière, chez Ford et dans le parc. Je ne me rappelle pas, et je crois que ça ne s'est jamais vu, un opéra qui ait à ce point su pénétrer dans l'esprit et dans les veines d'un peuple. De cette transfusion de joie, de force, de vérité, de lumière, de santé mentale doit naître un grand bien pour l'art et pour le public. (Boito à Verdi, 19 mars 1893) Extraits de : Correspondance Verdi-Boito, ed. par Mario Medici et Marcello Conati, avec la collaboration de Marisa Casati, Istituto di Studi Verdiani, Parma 1978. (Traduction © 1994 Brigitte Olivieri) OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 33 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 34 WOLFGANG AMADEUS MOZART OPÉRA L’ENLÈVEMENT AU SÉRAIL (DIE ENTFÜHRUNG AUS DEM SERAIL) Singspiel en trois actes sur un livret de Gottlieb Stéphanie - 1782 Ouvrage chanté enallemand Direction musicale Steuart Bedford - Assisté de Gildas Pungier - Mise en scène et scénographie Vincent Vittoz Chœur de l’Opéra de Rennes - Orchestre de Bretagne Selim Bassa Jean-Michel Fournereau - Konstanze Susanne Elmark - Blondchen Géraldine Casey - Belmonte Mark Milhofer - Pedrillo Mathias Vidal - Osmin Patrick Simper Nouvelle Production / Costumes de l’Opéra de Marseille MAI 2011 JEUDI 26, 20h - SAMEDI 28, 18h - LUNDI 30, 20h JUIN 2011 MERCREDI 1ER, 20h - VENDREDI 3, 20h30 Séance adaptée aux déficients visuels Samedi 28 mai, 18h Audiodescription avec casque, programme en braille et en gros caractères à destination des personnes aveugles et malvoyantes.Renseignements et réservations auprès du Service d’Action culturelle de l’Opéra de Rennes. En collaboration avec Accès Culture, avec le soutien de Veolia Environnement. Fraîchement arrivé à Vienne, le jeune Mozart savoure sa liberté chèrement acquise et la partage avec les héros de son premier grand singspiel en allemand. Des héros bientôt délivrés de l’oppression et qui sont ses amis, ses complices et l’objet de toute sa tendresse. Ainsi, par-delà son propos, celui d’une aimable “turquerie”, L’Enlèvement au sérail nous émeut en faisant vivre devant nous des personnages qui n’ont plus rien de conventionnel, plus rien d’héroïque – des êtres humains qui nous ressemblent. STEUART BEDFORD DIRECTION MUSICALE Steuart Bedford est reconnu comme l’un des meilleurs interprètes de l’œuvre de Britten. Il a dirigé les opéras du compositeur à travers le monde entier, en particulier la première mondiale de Death in Venice en 1973. Entre 1974 et 1998 il est l’un des directeurs artistiques du Aldeburgh Festival. Il travaille avec les plus grands maisons d’opéra, notamment l’English National Opera, le Royal Opera, Metropolitan Opera, l’Opéra de Paris, le Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, les Opéras de Monte Carlo, Lausanne, Oper Köln, San Diego Opera, Santa Fe Opera Festival, Vancouver Opera, et le Teatro Colon à Buenos Aires. Il a dirigé notamment Pictures of Dorian Grey de Liebermann au Milwaukee Florentine Opera, The Tale of Genji de Minoru Miki à l’Opera Theatre de St Louis (en tournée ensuite au Japon), Tosca de Puccini au New York City Opera, et Vanessa de Samuel Barber à l’Opéra du Rhin.Il est particulièrement remarqué pour ses inteprétations des opéras de Mozart comme Idomeneo, Lucio Silla, Die Zauberflöte, Don Giovanni, La Finta Giardiniera, Il Re pastore et Cosi fan tutte, tous dirigés au Garsington Opera. Son répertoire inclut également Thaïs de Massenet au Boston Lyric Opera, Gloriana de Britten à l’Opera Theatre de St.Louis, Death in Venice au Teatro Colon, Peter Grimes, Turn of the Screw et The Rape of Lucretia à Copenhage, Die Zauberflöte au Théâtre du Bolchoi, Le Barbier de Séville à l’ Atlanta Opera. Plus récemment il a dirigé Peter Grimes au San Diego Opera, Owen Wingrave à OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 35 Chicago et A Midsummer Night’s Dream à l’Opéra de Toulon. Il travaille régulièrement avec les orchestres suivants : English Chamber Orchestra, Scottish Chamber, Philharmonia, Royal Philharmonic, City of Birmingham Symphony et Royal Scottish National Orchestra, Orchestre National de France, Orchestre Philharmonique de Radio France, Orchestre National de Bordeaux Aquitaine, Orchestre Philharmonique de Montpellier. Sa discographie inclue notamment The Turn of the Screw et Albert Herring, récompensés par de nombreux prix. VINCENT VITTOZ MISE EN SCENE Après l’obtention d’un BTS de régie-administration à L’E.N.S.A.T.T, quatre années d’assistanat à la mise en scène aux Chorégies d’Orange et au festival de Carpentras, Vincent Vittoz interprète Shakespeare, Pirandello, Molière, Giraudoux, pour se consacrer ensuite au théâtre musical. Il joue, entre autre, le rôle principal de Seymour dans La petite boutique des horreurs au Théâtre de la Porte St-Martin (Nomination au Molière et aux Victoires de la Musique 87), Rêves d’écluses, Opéras-Louffes et Nina à la Péniche-Opéra ainsi que Red silk Avenue, un spectacle musical qu’il écrit, met en scène et interprète. Au Théâtre Déjazet : Ba-ta-clan d’Offenbach et Christophe Colomb (Molière 92 du meilleur spectacle musical), Les Empires de la lune par la compagnie Fracasse. Il est Jean Valjean dans Les Misérables (Molière 93 du meilleur spectacle musical), Henry Etches dans Titanic à l'Opéra d'Avignon, et donne plusieurs récitals de chansons françaises et de comédies musicales en tournées en France et en Allemagne. Au cinéma, on a pu le voir dans La Maison assassinée de Georges Lautner. En tant que metteur en scène, il signe The Old Maid and the Thief de G.C Menotti à la PénicheOpéra, Ba-ta-clan et Croquefer d’Offenbach à l’Opéra de Lausanne, La Chauve-Souris de Johann Strauss et La Fille de Madame Angot au Théâtre de Castres, La Bonne d’enfants d’Offenbach, Les Tréteaux de Maître Pierre de Manuel de Falla, L’Ecureuil malicieux de Nino Rota, Mort à Venise de Benjamin Britten et Don Carlos de Verdi à l’Opéra de Metz. Il adapte, joue et met en scène un spectacle consacré à Jacques Prévert Aux Enfants qui s’aiment à la Péniche-Opéra et au Festival d’Avignon. Au Festival de Saint-Céré, à l'Opéra de Massy et de Dijon il signe également l’adaptation de La Cambiale di matrimonio de Rossini, Xerxès de Haendel et Madame De de Jean-Michel Damase à l’Opéra de Genève, un spectacle Chabrier-Offenbach à l’Atelier Lyrique du Rhin, Don Procopio de Bizet à l’Opéra de Rennes et signe la conception et la mise en espace d'un concert russe à l'amphithéâtre de l'Opéra Bastille pour l'Ecole d'Art Lyrique de Bastille. Au Festival d’Edimbourg et à Londres Crimes of Passion de P. Philippe et Astor Piazzola, Fantasio d'Offenbach à Rennes, Nantes, Angers et Tours, Le Songe d’une Nuit d’Eté de Britten, Les Aventures du Roi Pausole d'Arthur Honegger et Le Médium et le Pauvre Matelot à l’Opéra de Fribourg, L'Etoile d'Emmanuel Chabrier à Tours, Toulon et Rennes, Pelléas et Mélisande de Debussy à l'Auditorium du musée d'Orsay, Tom Jones de Philidor à l'Opéra de Lausanne. Die Entführung aus dem Serail de Mozart à l'Opéra de Marseille, Véronique à Limoges, Avignon et Metz. Pour la Péniche Opéra il écrit et met en scène une comédie musicale L'ultime rendez vous ainsi que Musique de Placard de Dubillard-Offenbach qu’il joue et met en sc ène. La petite renarde rusée de Janacek au CNSMDP à Rouen, Liège et Reims dont il signe également une nouvelle adaptation française, La Serva Padrona de Pergolèse dont il écrit également une adaptation pour les Paladins et la Clef des Champs. Durant trois années, Vincent Vittoz a été conseiller à la Péniche-Opéra. Il est actuellement professeur de scène au CNSM de Paris et au CNR pour le Jeune Chœur De Paris. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 36 À PROPOS DE L’ENLÈVEMENT AU SÉRAIL MOZART LE SINGSPIEL ET LES LIBERTES L'enlèvement au Sérail est bien davantage qu'une “turquerie”, et même qu'une simple histoire d'amour plus ou moins teintée d'exotisme oriental, relevant de l' “opera buffa”. Le metteur en scène le moins audacieux aurait du mal, de nos jours, à gommer entièrement la dimension de lutte pour la liberté qui ressort clairement tant du livret de Stéphanie le Jeune, que de la façon dont Mozart met en musique telle phrase de ce livret, quand il n'ajoute pas purement et simplement une scène qui lui tient particulièrement à cœur. Combat pour les libertés collectives dirait-on aujourd'hui : contre la tyrannie du souverain et le zèle aveugle de ses valets ; combat pour la liberté, l'épanouissement de l'individu utilisant sa propre intelligence - et celle de son compagnon ou de sa compagne - pour vivre en fonction de ses valeurs spirituelles. A ce niveau de généralités, chacun tombe presque d'accord. Là où apparaissent des nuances - pour le moins -, c'est lorsqu'il s'agit de savoir dans quelle mesure Mozart, dans sa vie et dans ses œuvres, est porteur, mi-lucide mi-spontané, d'une lutte politique et sociale - celle de la bourgeoisie révolutionnaire s'apprêtant à mettre à bas l'Ancien Régime. Ou s'il est préférable de mettre l'accent sur la richesse intérieure, les ressources psychologiques profondes de l'individu, tant comme moyens que comme objectifs de la lutte. Chronologie personnelle ou : du coup de pied du Comte à l'hystérie d'Osmin On a beau connaître par cœur, depuis l'enfance, l'anecdote multiple du conflit opposant Mozart, “domestique musicien”, à son “patron”, l'archevêque Colloredo – conflit clos par le coup de pied au derrière (de Mozart) donné par le Comte Arco, intendant de l'archevêque – on est saisi, à la relecture des lettres de Mozart à son père, par le véritable crescendo de tension à la fois personnelle et sociale, organisé par Wolfgang. Nul besoin de forcer la pensée de Mozart pour être convaincu que, pressé par son père de rentrer au bercail salzbourgeois, étouffant à cette seule pensée, Wolfgang a sciemment provoqué la rupture entre son maître et lui ; les paroles qui mettent l'huile sur le feu au bon moment ne sont pas prononcées sous le seul aiguillon de la fureur d'un instant. Ce n'est pas une parole injuste qu'il refuse de supporter, c'est le statut social de laquais par ailleurs chargé de faire de la musique au bon gré des humeurs d'un prince peu ouvert d'esprit. Mais le tyran ecclésiastique n'est pas le seul dont Wolfgang entend se libérer. Lorsque Léopold Mozart s'évertue à prêcher à son fils la soumission sociale, le statu quo devant l'ordre établi personnifié par l'archevêque, son fils se rebelle. “Ne m'écrivez plus de pareilles lettres”, écrit W.A. à Léopold, “elles ne servent à rien qu'à m'enfiévrer la tête…- Et moi qui ai constamment à composer, j'ai besoin d'une tête sereine et d'un esprit tranquille”. Le processus de libération personnelle continue avec la décision de rester à Vienne dont Wolfgang attend tout du point de vue carrière. Plus de patron et plus de papa. Un scandale social d'un côté, quelques dizaines de kilomètres de l'autre (à l'époque !), voilà les voies de l'indépendance. Le premier grand opéra allemand, suivi du mariage avec Constance Weber trois semaines plus tard : l'homme, le compositeur ont atteint la maturité et la liberté contre la société et contre la famille. On comprend aisément que Mozart ait travaillé à son opéra dans l'enthousiasme, avec rapidité et fécondité : rien d'une œuvre de commande. C'est presque son histoire qu'il mettait en musique pour la faire représenter en public. C'est lui-même que Mozart projette dans les proclamations de Blonde, “jeune fille anglaise et libre” ; dans les “stances” de Constance préférant la mort à l'oppression ; dans le personnage de Pedrillo, préfigurant Figaro, “valet” de Belmonte si l'on veut, mais surtout jeune bourgeois dynamique faisant aboutir les situations. Et n'est-ce pas Mozart encore ce Belmonte venant sauver sa bien-aimée, bravant tout, comme Wolfgang, exactement au même moment, justifiait son mariage par la nécessité pour rester “honnête garçon” de “sauver” sa Constance ? N'est-ce pas l'une des caractéristiques les plus attachantes des opéras de Mozart, peut-être l'une des clés de leur richesse musicale et humaine, que la présence vivante de Mozart, homme sensible, douloureux, joyeux, sensuel, tragique… sous l'orchestre, dans le chant de la OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 37 plupart de ses personnages : Figaro et Chérubin, c'est l'évidence même ; mais aussi la douleur de la Comtesse ? Et Don Juan ? Mais également Masetto, voire Elvire ou Anna ? Et n'est-il pas les six personnages de Cosi à la fois ? Le Singspiel et l' “air du temps” Ni Stéphanie le Jeune ni Mozart n'ont inventé le sujet de l'Enlèvement. “Turquerie” ou non, l'amour réciproque d'un homme et d'une femme, vecteur d'une lutte pour leur émancipation – et à travers eux pour celle du genre humain – se retrouvera dix ans plus tard dans La Flûte enchantée, puis encore plus tard, dans le Fidelio de Beethoven. Pour l'heure le projet artistique de Mozart rencontre la conception politique et esthétique de Joseph II qui entend faire du théâtre et de l'art national un facteur de développement culturel de la nation allemande, voilà qui ne nous est nullement indifférent. Il est important de constater à la fois que sans l'empereur, L'Enlèvement n'aurait probablement pas franchi les obstacles préparés par une cabale obscurantiste mais que c'est le suffrage du public populaire qui emporte la décision dès la troisième représentation de l'ouvrage, le 26 juillet 1782, avant une douzaine d'autres pour la seule année 1782. Oui, le nationalisme est révolutionnaire au XVIIIe siècle ; or Mozart est nationaliste, politiquement et esthétiquement, cela ne fait guère de doute. Mais le choix de la nationalité anglaise pour Blonde a une fonction tout aussi précise. L'Angleterre n'était-elle pas alors le berceau de la Franc-Maçonnerie, qui a eu, au XVIIIe siècle, un rôle incontestable dans la préparation de la conquête du pouvoir par la bourgeoisie au détriment de l'aristocratie ? Que Mozart ait adhéré à ce même courant en toute connaissance de cause, mais que cette adhésion ait été précédée de contacts multiples et diversement enrichissants remontant à plusieurs années, et, par exemple à la période de gestation de L'Enlèvement, voilà encore qui nous semble parfaitement compatible avec le “progressisme” général de Mozart. Mozart travaille en 1781 et 1782, comme interprète et comme compositeur, les fugues de Bach et de Haendel. Mozart est partie prenante, au printemps 1782, de l'organisation des “Concerts des dilettantes” destinés – comme ceux des “amateurs” à Paris et Mannheim organisés par des Francs-Maçons – à transporter la musique hors de ses lieux habituels, c'est-à-dire à supprimer le monopole culturel de l'élite sociale pour mettre la musique, la culture à la portée de tous – et ce, avec l'approbation de Joseph II. Le premier concert des “dilettantes” à lieu le 29 mai 1782 – six semaines avant la première de L'Enlèvement… Tout cela est fort cohérent. Même la jalousie fleure bon son bourgeois ! Mozart aime, Mozart est jaloux et l'exprime dans ses lettres et dans ses opéras. Qu'il ajoute lui-même la scène – fantastique de culot et de naïveté typiquement mâle – dans laquelle Perdrillo et Belmonte demandent à leurs maîtresses respectives, si, vraiment, elles n'ont pas “fauté” – peu de jours après avoir écrit, à plusieurs reprises, à sa fiancée, pour lui reprocher de s'être laissée tâter le mollet par un “chapeau”…: faut-il un psychanalyste ? Que la jalousie ait été ensuite présente, ô combien, dans ses autres œuvres lyriques : Les Noces, Don Juan, Cosi… et l'on verra peut-être dans Mozart une sorte de trait d'union entre la pratique sexuelle permissive de l'aristocratie (Aucune inclination pour Don Giovanni ? Aucun regret de voir le Comte renoncer par force au droit de cuissage ?) et la pudibonderie étouffante de la bourgeoisie victorieuse un siècle plus tard (Zola, Labiche…). Mozart, comme Tamino, se réalisera dans le couple, éclairé par son élément masculin, lui-même guidé par Sarastro le Solaire. Mais c'est son honneur à lui, Wolfgang, qui doit servir de repère à Constance et non la satisfaction de ses désirs à elle. Mozart phallo ? Mozart et les femmes ? Mozart et les airs qu'il a composés pour les femmes ? Autant de sujet alléchants…. Il serait totalement absurde de réduire les opéras de Mozart à des “manifestes” révolutionnaires. Mais c'est autant le trahir que de le “dépolitiser”, de jouer ses pièces comme “Au théâtre ce soir”. Pour OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 38 édulcorer Beaumarchais, il faudra Rossini. Et si, malgré les suffrages du public, à l'aube et au crépuscule de sa dernière décennie (1781 avec L'Enlèvement ; 1791 avec La Flûte – ses deux grands Singspiels), Mozart/Figaro a échoué socialement, c'est que, dans la réalité, dans la vie, et en Allemagne, le héros solitaire avait vingt ou trente ans d'avance… Sans parler du bonheur intérieur, la condition sociale de Beethoven et Schubert, puis des romantiques, sera toute autre. Le nationalisme allemand fera son chemin. Mozart, Beethoven, Weber. Les Barricades de 1848 sur lesquelles montera le jeune Wagner ne sont pas si loin… Jean-François Godchau (extraits) OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 39 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 40 GEORGES BIZET CARMEN (EN PLEIN AIR) OPÉRA PROMENADE Opéra en quatre actes Livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy d’après la nouvelle de Prosper Mérimée Adaptation orchestrale Takénori Némoto - 1875 Direction musicale Sylvie Leroy - Mise en scène Charlotte Nessi Chœur d’habitants (50 choristes amateurs) - Chef de chœur Roberto Graiff Carmen Daïa Durimel - Don José Nicolas Gambotti - Micaëla Aurore Bucher Escamillo Roberto Graiff - Frasquita Luanda Siqueira - Mercedes Jennifer Tani Remendado Nicolas Rouault - Le Dancaïre Euken Ostoloza Production Ensemble Justiniana MAI 2011 VENDREDI 27, 21h - SAMEDI 28, 21h DANS LE QUARTIER DE MAUREPAS (RENNES) AUTRES REPRÉSENTATIONS Lundi 30 mai : Chartres de Bretagne (sous réserve) Mercredi 1er juin : Saint Erblon (sous réserve) Vendredi 3 et Samedi 4 juin: : Vitré / Centre Culturel Jacques Duhamel Lundi 6 juin : Acigné (sous réserve) Mercredi 8 Juin : Brest (sous réserve) Samedi 11 juin: Saint-Carné / Communauté de communes de Dinan Une Carmen qui pousserait le naturalisme jusqu’à se jouer en plein air, dans les décors naturels que peut appeler la partition gorgée de soleil de Georges Bizet. C’est le pari de Charlotte Nessi, metteur en scène de ce projet de la compagnie qu’elle dirige, Justiniana, dans le quartier de Maurepas à Rennes et dans six autres villes de l’Ille-et-Vilaine et des Côtes d’Armor. Une expérience à vivre pour les habitants, conviés à participer aux chœurs et à la figuration de ces représentations lyriques pas comme les autres. ENSEMBLE JUSTINIANA Compagnie Nationale de Théâtre Lyrique et musical Bien campé sur ses bases franc-comtoises, épaulé par des soutiens fidèles, l’Ensemble Justiniana s’intéresse à de nouvelles formes de production. Avec une équipe à géométrie variable, il tente de renouveler l’approche du répertoire lyrique et de produire des œuvres nouvelles ouvertes à différentes formes d’expression musicale. À la recherche d’un nouveau public, l’Ensemble Justiniana va à sa rencontre, le forme et l’intègre dans ses productions. Comme l’indique son cahier des charges, “chaque spectacle proposé par l’Ensemble Justiniana est “un objet unique” mêlant artistes professionnels et amateurs. Après une formation spécifique inscrite dans le cadre même du projet ces derniers approchent la scène avec les mêmes exigences que les professionnels et les mêmes considérations.” Depuis sa création en 1982, la volonté de l’Ensemble Justiniana, Compagnie Nationale de Théâtre Lyrique et Musicale, est de réfléchir et de développer le lyrique là où il n’existe pas, sous d’autres formes, dans d’autres lieux. En sortant l’opéra de ses bâtiments grandioses pour l’installer ailleurs, il s’agit d’inventer de nouvelles formes de production lyrique et de rechercher de nouveaux publics. Adossé à des structures locales, l’Ensemble Justiniana vit pour cette idée et la fait vivre en Franche-Comté et ailleurs. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 41 Depuis 9 ans, L’opéra promenade en décor naturel nous permet d’aller à la rencontre d’un public peu touché, en amenant l’opéra dans des zones rurales. Projet de développement durable et de valorisation des territoires ruraux (villages et forêts de Franche-Comté), il est également l’occasion de fédérer les habitants autour d’un opéra et de faire se rencontrer artistes et villageois ; C’est ainsi qu’est né, en 2000-2001, le projet “Quichotte”, un voyage à travers le temps, destiné à une diffusion en milieu rural. Pour faire suite à ce projet qui a reçu un écho très favorable, tant au niveau de l’accueil dans les villages que par la fréquentation du public, l’Ensemble Justiniana a proposé, dans le même esprit, en 2002/2003 Hansel et Gretel, d’après le conte des frères Grimm, opéra de Engelbrecht Humperdinck, dans une adaptation de Sergio Menotti ; puis, en 2004, le Château de Barbe Bleue de Bartok et en 2005/2006 Cendrillon, Cenerentola, Cinderella sur des musiques de Isouard, Rossini, Massenet, Prokofief, Viardot. Dans la même optique, afin de sensibiliser également les populations des territoires urbains prioritaires, certaines productions de la compagnie ont été présentées dans des quartiers de la banlieue parisienne et de la banlieue lyonnaise. CHARLOTTE NESSI MISE EN SCENE Des études supérieures de piano au Conservatoire National de Strasbourg, un DEA en musicologie à la Sorbonne… A 48 ans, Charlotte Nessi n’en a pas “encore” fini avec les études : toujours dans une volonté d’ouverture, elle est aussi inscrite en doctorat de musicologie. “Mon histoire est indissociable de Justiniana” explique Charlotte Nessi. L’idée de cette compagnie est née quand Charlotte, à 22 ans, reçoit une bourse pour travailler au Festival d’art lyrique d'Aix-en-Provence. “Là, j’ai compris que je ne voulais pas de ce milieu trop fermé, que je voulais toucher un public qui ne va jamais à l’opéra.” Créée en 1982, Justiniana, structure sans murs, “a comme objectif d’ancrer l’opéra dans la vie des gens, d’irriguer- comme un jardinier- l’opéra dans les régions rurales”. Aujourd’hui, Charlotte Nessi et Justiniana organisent des opéras promenades dans les villages, pour tous les publics, même les tout-petits… Sa marque de fabrique : intégrer des non professionnels aux productions en leur proposant une formation de 6 mois. Autre particularité : les représentations, itinérantes, se font dans les décors naturels des villages. Depuis février 2009, Charlotte Nessi est également directrice du Théâtre Edwige Feuillère de Vesoul (70). OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 42 À PROPOS DE CARMEN NOTE DU METTEUR EN SCÈNE “Ici pas l’Espagne Pas de Toréador, ni de fabrique de cigares…. Mais une Carmen bien présente dans le village : Femme d’une autre culture, elle dérange, interroge, Fascine et déchaîne les passions. Une femme libre, ni pute ni soumise, ne sortant pas tout droit d’un livre d’image évoquant les clichés d’une Espagne torride… Mais une Carmen bien en chair et en os Une fille “normale” qui veut vivre sa vie pleinement Là, tout près de vous, fragile, battante, sensible, vulnérable… Ici pas de temps théâtral Mais un temps bien réel. Plus qu’une réorchestration, Takénori Némoto proposera une réécriture avec un choix d’instruments qui raconteront cette idée d’ailleurs, d’autres cultures…. Ici, les gens vivent comme les gens vivent « en vrai » Les chœurs seront la foule dans la vie du village Avec l’idée de s’approprier cette histoire sans la dénaturer Garder la fierté et la fluidité de cette musique Repartir du texte de Mérimée dont le personnage principal est Don José Ici il sera homme du village, devenu douanier ou garde amoureux d’une belle du village voisin, Micaela… Et puis tout à coup, plus qu’un coup de lune Un coup de foudre et tout s’écroule La jalousie la pression du village Escamillo la star du moment vient donner un concert, un meeting dans la salle des fêtes Déjà le public chauffe la salle On est là, tous, prêts à rentrer dans la salle Mais le drame se joue Et plus rien ne retient cet homme, ce Don José fou d’amour Carmen mourra devant nos yeux Jamais nous n’entendrons Escamillo Le destin et la mort qui rode, qui surprend , qui joue avec … La vie quoi” Charlotte Nessi Janvier 2008 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 43 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 44 MÉDÉE FURIEUSE CONCERT Cantates, airs d’opéras et pièces instrumentales de Louis-Nicolas Clérambault, Giovanni Gianettini, Jean-Baptiste Lully, Gaultier de Marseille. Ensemble Amarillis Direction artistique Héloïse Gaillard - Chef de chant Violaine Cochard Soprano Stéphanie D’Oustrac NOVEMBRE 2010 LUNDI 15, 20h - MARDI 16, 20h Tout comme Corneille et Racine, les musiciens du Grand Siècle furent fascinés par les héroïnes les plus monstrueuses de l’Antiquité, au premier rang desquelles se place la sanguinaire Médée, meurtrière de ses propres enfants. Stéphanie D’Oustrac revient à l’Opéra de Rennes pour prêter ses traits et sa voix à cette femme que la fureur mène à la folie dans les cantates de Nicolas Bernier et de Clérambault mais aussi dans le Thésée de Lully et la Medea in Atene de l’Italien Gianettini, tragédies lyriques composées toutes deux en 1675. “Le programme Médée furieuse est né du désir d’Amarillis et de Stéphanie d’Oustrac de faire revivre ce personnage passionné, à la fois attachant, parce que trahi, mais aussi cruel, à travers une cantate dont la force dramatique suggère éminemment cette opposition entre la Médée amoureuse et la Médée vengeresse, entre la puissance du sentiment et la cruauté aveugle. Le texte de la cantate de Clérambault privilégie la Médée amoureuse et trahie dans son amour, conduite à se venger et à sacrifier la maîtresse de son amant. Cette cantate connut un succès retentissant au Concert Spirituel (première société de concerts publics créé par Philidor en 1725). Très théâtrale, elle se présente comme un petit drame, et l’on y retrouve le personnage de Médée avec ses différentes facettes : la Médée amoureuse, la Médée magicienne dans l’Invocation, la Médée vengeresse qui accomplit un acte barbare. Médée, ce personnage profondément ambigu, à la fois attachant et diabolique, ne pouvait que séduire Jean Baptiste Lully. Sa tragédie lyrique date de 1675, il est alors au sommet de sa gloire. Les airs choisis permettent de retrouver les différents traits de caractère du personnage : son désespoir d’avoir été trahie et son désir de vengeance dans l’air Dépit mortel, transport jaloux, la Médée magicienne, dans l’invocation, qui fait intervenir ses pouvoirs surnaturels Sortez Ombres, sortez de la nuit éternelle, sa cruauté extrême “la vengeance ordinaire est trop peu pour mon cœur, je la veux horrible et barbare” …Le texte de Quinault, en alexandrins, est magnifiquement mis en valeur par la musique de Lully. Nous avons choisi d’associer ces extraits du Thésée de Lully à quelques airs d’un compositeur vénitien qui a fait de Médée le personnage principal d’un de ses opéras. Cette œuvre complètement inédite à ce jour a été composée - coïncidence bien heureuse - la même année que la tragédie de Lully, en 1675 et narre le même épisode que le Thésée de Lully. Qui est ce Gianettini ? On sait peu de choses à son propos si ce n’est qu’il a beaucoup travaillé à Venise, d’abord en tant qu’élève de Legrenzi, ensuite comme organiste, et enfin comme directeur du Théâtre Rangoni. Les trois airs de Medea in Atene que nous entendrons dans ce programme répondent aux airs de Lully : on découvre une Médée d’abord magicienne capable d’invoquer les esprits des enfers et de réanimer les “dépouilles mortelles”, puis passionnément amoureuse. Entre chaque air de Gianettini, vous entendrez de courtes pièces extraites des balletti de l’opus 1 (1684) de Domenico Gabrielli, compositeur et violoncelliste virtuose, qui a vécu une partie de sa vie à Venise, élève comme Gianettini du maître Legrenzi à Venise. Les différentes pièces instrumentales intercalées entre les airs de Lully ont été composées par Pierre Gautier, dit Gaultier de Marseille car installé dans cette ville, qui joua un rôle décisif dans le goût des OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 45 provençaux pour la musique parisienne. Il fut directeur d’opéra, chef d’orchestre et compositeur reconnu. Lully l’autorisa même à fonder un opéra à Marseille, le premier dans les provinces françaises. Des extraits d’une sonate de Clérambault, La Magnifique, permettront de découvrir sa musique instrumentale. Il s’y révèle, comme son contemporain François Couperin, ardent défenseur des Goûts réunis. Héloïse Gaillard AMARILLIS Amarillis est un ensemble à géométrie variable qui compte aujourd’hui parmi les formations baroques les plus originales en Europe. L’ensemble s’est très vite distingué par sa recherche sonore, sa haute technique instrumentale et l’accueil enthousiaste du public. L’ensemble reçoit tout d’abord les conseils de Pierre Hantaï, Christophe Rousset ou encore Christophe Coin avant de remporter, en 1995, le Premier Prix du concours de musique ancienne de York, puis le Premier Prix du concours Musique d’ Ensemble organisé par la FNAPEC en avril 1997 et enfin, en septembre 1997, le Premier Prix et le Prix du public au concours SINFONIA présidé par Gustav Leonhardt. Amarillis collabore très régulièrement avec les meilleurs chanteurs de la jeune génération : Patricia Petibon, Sandrine Piau, Stéphanie d’Oustrac, Gaële Le Roi, Raffaella Milanesi, Valérie Gabail, Robert Getchell, Arnaud Marzorati… et au gré de la programmation, réunit dans un même esprit de musique de chambre des musiciens au talent confirmé. L’ensemble a reçu les plus vifs éloges de la presse nationale et internationale pour l’ensemble de sa discographie : Furioso ma non troppo, Amour et mascarade, Jeux de dames à la cour, J.S.Bach : Aria, G.F. Handel : Recorder and oboe sonatas, A. Vivaldi : concerti per flauto e per violoncello, G.F. Haendel : Sacré/ Profane (avec la participation du contre ténor Robert Expert réalisé en coproduction avec le Festival de la Chaise Dieu) et M.A.Charpentier / Molière : Hommage pastoral au Roi Soleil et autres grivoiseries incluant l’enregistrement en première mondiale d’une pastorale et de plusieurs airs, duos et trios inédits. De renommée internationale, Amarillis se produit régulièrement en France, en Suisse, en Angleterre, en Hollande, en Belgique, en Espagne, en Amérique latine, au Canada et au Sénégal. L’ensemble est très régulièrement invité à participer à des émissions de France Musiques et Radio classique. La BBC et Mezzo ont également enregistré plusieurs de ses concerts. Le 10ème disque d’Amarillis Médée furieuse avec Stéphanie d’Oustrac, sorti en 2008 en coproduction avec la Cité de la musique de Paris a obtenu plusieurs récompenses dont les 4F de Telerama. En 2009, Amarillis s’est produit à l’Opéra de Rennes et au Théâtre des Champs Elysées à Paris, en Région Pays de la Loire ( l’Espace Faience de Malicorne, Scène nationale de la Roche sur Yon, l’abbaye de Fontevraud, collégiale Saint Martin et Musée des Beaux Arts d’Angers) ainsi que dans plusieurs festivals en France (Oratoire du Louvre, musée des Beaux Arts de Chartres, Festival de Lessay, Sinfonia en Périgord, les Jeudis musicaux des Eglises romanes, Festival des Abbayes, Festival du Périgord noir…). Amarillis a joué au festival international de musique ancienne en Thuringe Güldener Herbst à Erfurt (Allemagne) en octobre 2009 et au Grand Théâtre de Belgrade en Novembre 2009. Amarillis est soutenu par le Ministère de la Culture - Drac Pays de la Loire - et la Région Pays de la Loire et a le soutien de la Fondation Orange pour sa saison vocale 2009/2010. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 46 STÉPHANIE D’OUSTRAC SOPRANO Stéphanie d’Oustrac a fait des études d’art dramatique au C.N.R. de Rennes, puis de chant au CNSM de Lyon. Elle est lauréate des Prix Bernac en 1999, des Radios Francophones en 2000 et obtient enfin les Victoires de La Musique en 2002. Elle aborde avec le même bonheur le concert et la scène, l’opéra baroque et classique ou l’opérette. Elle y exprime un tempérament ardent qui l’a immédiatement révélée à la critique et au public. Parmi les nombreux rôles qu‘elle a abordés, retenons seulement celui d’Ottavia dans Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, de Médée dans Thésée de Lully, le même rôle dans Médée de Marc-Antoine Charpentier, Didon dans Didon et Enée de Purcell, Ruggiero dans Alcina de Haendel, Zerline dans Don Giovanni de Mozart, Chérubin dans Les Noces de Figaro de Mozart, Annio dans La Clémence de Titus de Mozart, Mercedes dans Carmen de Bizet, le rôle titre dans La Périchole d’Offenbach, le rôle titre dans Phaedra de Britten, Sesto dans Jules César de Haendel, le rôle-titre dans La Belle-Hélène d’Hoffenbach… Elle a chanté sous la direction de William Christie, Gabriel Garrido, Jean-claude Malgoire, Marc Minkowski, John Eliot Gardiner, Myungwhun Chung, Hervé Niquet, Christopher Hogwood, Jesus Lopes-Cobos, Jun Maerkl. Elle s’est produite sur de nombreuses et prestigieuses scènes, entre autres le Théâtre du Châtelet, l’Opéra Comique et le Théâtre des Champs-Elysées à Paris, le Festival d’Aix-en-Provence, les opéras de Marseille, Bordeaux, Montpellier, Lyon, Nancy, Nantes et Rennes, ainsi que ceux de Baden-Baden, Luxembourg, le Grand Théâtre de Genève, Lausanne, St Gallen, le Teatro de La Zarzuela de Madrid, le Barbican de Londres, le Bunkamura de Tokyo…Cela ne l’empêche pas de s’impliquer dans de nombreux projets de musique de chambre baroque avec les ensembles Amarillis, Il Seminario Musicale, Les Paladins, l’Arpeggiata … Elle a évidemment participé à plusieurs enregistrements discographiques et DVD : le Stabat Mater de Pergolèse, les DVD des Troyens de Berlioz et des Paladins de Rameau au Châtelet, de Didon et Enée de Purcell à Caen… OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 47 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 48 LES SEPT PAROLES DU CHRIST SUR LA CROIX CONCERT César Franck Les Sept paroles du Christ sur la croix Léo Delibes Messe Brève Œuvres de Charles Gounod et Gabriel Fauré Ensemble vocal Mélisme(s) Direction Gildas Pungier FÉVRIER 2011 MARDI 22, 20h L’Ensemble vocal Mélisme(s) que dirige Gildas Pungier revient sur ce renouveau du chant sacré auxquels contribuèrent, dans la seconde moitié du XIXe siècle, les plus grands compositeurs français. Les Sept paroles du Christ sur la croix, de César Franck, sont comme un manifeste de ce renouveau. Mais Léo Delibes, compositeur de ballets, et Charles Gounod, plus connu pour son Faust, étaient animés eux aussi par une foi profonde et nous ont laissé des pages inspirées. À leurs côtés, Gabriel Fauré,à qui nous devons, à coté du Requiem, plusieurs pages sacrées volontiers intimistes, a lui aussi emmené vers d’autres horizons une écriture chorale qui, en France, avait entamé sa mue par un retour aux sources de la Renaissance et de l’âge baroque. LES SEPT PAROLES DE CESAR FRANCK Avec l'oratorio Les Sept Paroles du Christ sur la croix, achevé le 14 août 1859, César Franck semble vouloir donner un pendant sonore au chemin de croix que Duret, le gendre de Cherubini, et Pradier ont sculpté pour Sainte Clotilde l'église parisienne dont il venait de se voir attribuer le tout récent CavailléColl. Il écrit là sa Passion. Si le musicien n'avait pas signé son manuscrit, pourrait-on assurer que cet oratorio est de lui ? La question n'est pas anodine. Car la partition est comme délibérément dépouillée de tout ce qui personnalisait les Trios et Ruth, légende biblique composée quinze ans plus tôt. Et pourtant la musique des Sept paroles, sans comparaison possible avec celle écrite par Joseph Haydn sur le même sujet, nous convainc au delà de la solidité de sa facture. Elle montre le maître de chapelle de Saint Clotilde soucieux de donner une réponse personnelle à la question du jour si débattue, qui est de savoir quelle expression doit revêtir le sentiment religieux en musique. La Maîtrise et d'autres journaux musicaux s'en font largement l'écho. Deux des voix les plus autorisés, Joseph d'Ortigue et surtout l'abbé Jouve, qui représentent la tendance la plus “avancée”, préconisent de revenir en arrière. En effet, en matière de “style idéal” rien ne vaut selon eux un retour vers le plain-chant et la polyphonie de Palestrina. Le musicien d'église est donc invité à réprimer sa subjectivité et à bannir les accents trop proches de l'opéra. Cela implique qu'il doive renoncer à une dramatisation sans laquelle l'éloquence de la musique sacrée de cette époque est inconcevable. Pour l'heure, Franck, Gounod, d'autres encore, se sentent tenus à ce qu'on pourrait appeler le devoir d'impersonnalité. La relative neutralité expressive des Sept Paroles du Christ sur la croix est donc la réponse de César Franck. Le sujet, traité par Gounod quatre ans plus tôt dans le style néo-palestrinien a cappella, l'est par Franck avec d'autres moyens, mais avec la même retenue, conformément à la piété du Vendredi saint. En 1864, Théodore Dubois, encouragé par l'abbé Hamelin, donnera à son tour sa version des Sept Paroles dans un style qualifié aujourd'hui d'académique mais qui, tout comme le style saint-sulpicien, eut pour longtemps l'adhésion des fidèles. Ainsi replacées dans leur cadre, Les Sept Paroles du Christ sur la croix de Franck sont loin de faire figure d'œuvre secondaire. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 49 Le prologue “O vos omnes”, tiré des Lamentations de Jérémie, chanté par le soprano soliste, installe d'emblée un climat d'affliction et de confiance. De même qu'il révèle un certain archaïsme dans l'écriture. Franck réalise une synthèse qui, sans se situer tout à fait dans la ligne esthétique souhaitée par ses contemporains liturgistes, est épurée tout de même : écriture verticale des chœurs ; tournure concertante des solos qui en réfère à la manière un peu sèche de Cherubini ; accents dramatiques sobres mais efficaces pour souligner ce qu'il y a d'humain avant tout dans la tragédie du Golgotha : la réserve donc, mais qui ne renonce pas aux grands moyens : un chœur à quatre voix et un quatuor de solistes (les deux parties de ténor pouvant être attribuées au même exécutant). L'écriture de ces parties solistes montre en outre que, dans la perspective d'une exécution qui demeure hypothétique, le compositeur destinait son œuvre à des voix formées au répertoire profane. Dès la 2ème parole, “Hodie mecum eris in Paradiso”, le ténor s'impose comme étant la voix christique, ce que confirmera son intervention touchante dans la 7ème parole “Pater in manus tuas commendo spiritum meum”. Les solistes chantent séparément ou en duo, ou bien encore dialoguent avec le chœur dans tous les mouvements, sauf dans le quatrième. Pas d'intrications contrapontiques : ce qui compte avant tout, c'est l'intelligibilité du texte. Or, toutes les “paroles”, à l'exception de la deuxième tirée de Saint Luc et de la troisième puisée dans Saint Jean et dans le Stabat Mater, juxtaposent des citations de l'Ancien Testament (Isaïe, Jérémie, Job, les psaumes) et du Nouveau (les évangiles pour l'essentiel). L'écriture chorale est fréquemment homorythmique (4ème parole “Deus meus ut quid dereliquisti me ?” par exemple). On notera que dans la 6ème parole “Consummatum est” le compositeur se souvient, sur les mots “Peccata nostra ipse pertulit”, du choral “Jesu leiden, Pein und Tod” placé par Bach dans sa Passion selon saint Jean. Marque supplémentaire d'une volonté d'archaïsme, le plan tonal de l'oratorio obéit à l'attraction du pôle plagal do-fa. En outre, ici comme dans d'autres œuvres, le musicien accorde une valeur antithétique structurante au mode majeur et à son relatif mineur. Il se montre attentif aussi à la cohérence formelle, dans un esprit cyclique. Ainsi le chœur révolté de la 1ere parole “Pater, dimitte illis : non enim sciunt quid faciunt” évoquant Jésus crucifié entre deux malfaiteurs réapparaît modifié et plus menaçant encore dans la 5ème parole, “Sitio !”, quand la foule crie à Jésus de se sauver lui-même s'il est vraiment le roi des Juifs. Ce sont les deux seuls mouvements rapides de la partition. Joël-Marie Fauquet - César Franck (extraits) - Paris : Fayard, 1999 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 50 CLAUDIO MONTEVERDI CONCERT ZEFIRO TORNA Extraits des Livres de Madrigaux I et VII, des Madrigali guerrieri e amorosi, de L’Incoronazione di Poppea et de Il Ritorno d’Ulisse Les Talens Lyriques Direction et clavecin Christophe Rousset Ténor I Emiliano Gonzalez-Toro - Ténor II Magnus Staveland MARS 2011 MARDI 22, 20h - MERCREDI 23, 20h Dans les neuf livres de madrigaux qu’a composés Claudio Monteverdi, tous les sentiments humains s’expriment, des plus légers aux plus profonds, incarnés par une musique qui sonne aujourd’hui étonnamment moderne. Ces madrigaux sont autant de minuscules opéras, genre musical alors à ses débuts, auquel Monteverdi a offert ses premiers chefs-d’œuvre. La nature, elle aussi, est très présente, et Monteverdi se plait à faire souffler les vents, trembler la terre et frémir la cime des arbres dans ces pages superbement inspirées. LES TALENS LYRIQUES L’ensemble de musique instrumentale et vocale Les Talens Lyriques a été créé en 1991 par Christophe Rousset, qui choisit ce nom en référence au sous-titre d’un opéra de Rameau : Les Fêtes d’Hébé (1739). Il témoigne ainsi de son attrait pour l’Europe musicale des XVIIe et XVIIIe siècles qu’il contribue à faire découvrir avec bonheur. Les Talens Lyriques se consacrent à l’interprétation, sur instruments d’époque, d’un répertoire varié allant de la redécouverte de partitions et de compositeurs méconnus ou oubliés (Antigona de Traetta, Armida Abbandonata de Jommelli, La Grotta di Trofonio de Salieri, Bauci e Filemone de Gluck aux grands chefs-d’œuvre du répertoire (Alcina de Haendel ou Die Entfürung aus dem Serail de Mozart). L’attention portée à l’opéra est parallèle à l’exploration d’autres formes musicales françaises de la même époque (le motet, le madrigal, la cantate et les airs de cour), ainsi qu’au répertoire sacré (Oratorio, Stabat Mater, Leçons de Ténèbres, Litanies, Passions). La création des Talens Lyriques représente l’aboutissement d’une passion pour l’art lyrique. Pour Christophe Rousset, l’approche scénique est indissociable de l’interprétation musicale et c’est ce qu’il a recherché en collaborant avec des metteurs en scène tels que Pierre Audi, Jean-Pierre Vincent, Lindsay Kemp, Eric Vigner, Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff, Marcial di Fonzo Bo, Nicolas Joël et plus récemment Krzysztof Warlikowski, Zhang Huan, Mariame Clément ou David McVicar. Les Talens Lyriques se produisent sur les plus grandes scènes : le De Nederlandse Opera (Poppea, Alcina, Tamerlano, Zoroastre, Castor et Pollux), le Théâtre des Champs-Élysées (Giulio Cesare, Ariodante, Semele, La Calisto), l’Opéra de Lausanne (La Didone, La Capricciosa corretta, Roland, La Grotta di Trofonio), le Théâtre du Capitole (Temistocle, L’Incoronazione di Poppea), le Théâtre du Châtelet (Mitridate), le Théâtre de la Monnaie à Bruxelles (Médée de Cherubini, Semele), l’Opéra Comique (Zoroastre), le Theater an der Wien (Ariodante, Partenope) ainsi que le Barbican Centre, Carnegie Hall, la Salle Pleyel, le Concertgebouw d’Amsterdam, ou encore l’Opéra Royal de Versailles. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 51 Depuis 2007, Les Talens Lyriques s’emploient également à faire découvrir la musique baroque à des jeunes en proposant des résidences et des ateliers pédagogiques dans des collèges parisiens. Les Talens Lyriques sont soutenus par le Ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Paris, la Fondation Annenberg, et le Cercle des Mécènes. CHRISTOPHE ROUSSET DIRECTION ARTISTIQUE C’est en grandissant à Aix-en-Provence où il assiste aux répétitions du Festival d’Art Lyrique que Christophe Rousset développe une passion pour l’esthétique baroque et pour l’opéra. Dès l’âge de treize ans, il décide d’assouvir son goût prononcé pour la découverte du passé par le biais de la musique, en étudiant le clavecin. Il poursuit ses études à La Schola Cantorum de Paris avec Huguette Dreyfus, puis au Conservatoire Royal de la Haye dans la classe de Bob van Asperen. À 22 ans, il remporte le prestigieux Premier Prix, ainsi que le Prix du public, du septième concours de clavecin de Bruges (1983). Remarqué par la presse internationale et les maisons de disques comme claveciniste, il débute sa carrière de chef avec Les Arts Florissants puis Il Seminario Musicale, avant de fonder son propre ensemble, Les Talens Lyriques, en 1991. En quelques saisons, Christophe Rousset impose son image de jeune chef doué et il est aujourd’hui invité à diriger dans les festivals, les opéras et les salles de concert du monde entier : De Nederlandse Opera, Théâtre des Champs-Élysées, Teatro Real de Madrid, Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles, Barbican Centre, Carnegie Hall, Festival des Proms de Londres, Festival d’Aix-en-Provence, Theater and der Wien, Opéra Royal de Versailles. Récemment il a dirigé l’orchestre symphonique et les chœurs du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles dans deux opéras de Gluck (Iphigénie en Aulide et Iphigénie en Tauride). Sa discographie à la tête des Talens Lyriques est considérable et il a remporté de grands succès avec notamment la bande-son du film Farinelli (Auvidis), Mitridate de Mozart, Persée et Roland de Lully ou Tragédiennes avec Véronique Gens . Parallèlement à son parcours de chef d’orchestre, Christophe Rousset poursuit sa carrière de claveciniste et de chambriste en se produisant et en enregistrant sur les plus beaux instruments historiques. Ses intégrales des œuvres pour clavecin de François Couperin, Jean-Philippe Rameau, Jean-Henri d’Anglebert et d’Antoine Forqueray sont des références et il a également consacré plusieurs disques aux pièces de Jean-Sébastien Bach (Partitas, Variations Goldberg, Concertos pour clavecin, Suites Anglaises, Suites Françaises, Klavierbüchlein für Wilhelm Friedemann). Dernièrement, il a enregistré sur les instruments du Musée de la Musique de Paris, trois albums distincts dédiés à Pancrace Royer, Jean-Philippe Rameau et Johann Jakob Froberger. Christophe Rousset se consacre, par ailleurs, à la recherche musicale à travers des éditions critiques et a également publié en 2007 une monographie de Rameau chez Actes Sud. Sa volonté de transmettre passe également par la formation de jeunes musiciens. Il a enseigné le clavecin et la musique de chambre à l’Accademia Musicale Chigiana de Sienne après avoir été professeur au Conservatoire National Supérieur de Paris. Il collabore également avec des structures d’insertion professionnelle à l’instar de l’Académie d’Ambronay, de l’Orchestre Français des Jeunes Baroque ou encore du Jeune Orchestre Atlantique. Christophe Rousset est Officier des Arts et Lettres et Chevalier dans l’Ordre national du Mérite. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 52 MUSÉE DE LA DANSE DANSE UNE EXPOSITION JÉRÔME BEL THE SHOW MUST GO ON (2001) Conception et mise en scène Jérôme Bel Musiques de Leonard Bernstein, David Bowie, Nick Cave, Norman Gimbel and Charles Fox, J. Horner, W. Jennings, Mark Knopfler, John Lennon et Paul Mac Cartney, Louiguy, Galt Mac Dermott, George Michael, Eric “More” Morillo et M. Quashie, Edith Piaf, The Police et Hugh Padgham, Queen, Lionel Richie, E. Romero et R. Ruiz, Paul Simon Coproduction Théâtre de la Ville (Paris, Hasthuis (Amsterdam), Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc-Roussillon, Arteleku Gipuskoako Aldundia (San Sebastian), R.B. (Paris) FÉVRIER 2011 MERCREDI 16, 20h - VENDREDI 18, 20h CÉDRIC ANDRIEUX (2009) Concept Jérôme Bel De et par Cédric Andrieux Extraits de pièces de Trisha Brown (Newark), Merce Cunningham (Biped, Suite for 5), Philippe Tréhet (Nuit fragile), Jérôme Bel (The show must go on) Coproduction Théâtre de la Ville (Paris), La Ménagerie de Verre (Paris), R.B.Jérôme Bel (Paris) FÉVRIER 2011 JEUDI 17, 20h Coproduction Opéra de Rennes / CCNRB - Musée de la Danse Dans le cadre du parcours chorégraphique 10-11 De nouveau, l’Opéra de Rennes inscrit sa programmation chorégraphique dans la ligne du “Musée de la Danse” impulsé par Boris Charmatz depuis son arrivée en Bretagne l’an dernier. En totale complicité entre les deux institutions sont ainsi proposés deux rendez-vous qui sont comme des expositions temporaires ou des “accrochages” de ce Musée vivant dont l’ambition est de créer, selon les termes de Boris Charmatz, “un contact pratique, esthétique et spectaculaire” avec la danse. En parallèle à la programmation à l’Opéra, le Musée de la danse accueillera au 38 rue Saint Melaine, une exposition autour de l’œuvre de Jérôme Bel. Du 1 au 26 février 2011 + infos : www.museedeladanse.org - http://www.museedeladanse.org OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 53 Pour leur deuxième collaboration, le Musée de la Danse et l’Opéra de Rennes ont choisi d’exposer le travail de Jérôme Bel, artiste singulier qui, depuis plus de quinze ans, interroge la danse contemporaine en déjouant les attentes du public et en l’invitant à poser un autre regard sur l’espace de la représentation chorégraphique et ce qui s’y joue. Dans The Show must go on, Jérôme Bel dissèque les mécanismes du spectacle de masse en mettant en scène une vingtaine d’interprètes, aussi ordinairement uniques et différents que le public assis en face. Un D.J. enchaîne les rengaines des dix ans qui ont précédé et qui soudain se répandent en effluves de souvenirs du côté des performers comme des spectateurs. Une expérience plus que troublante. Avec Cédric Andrieux nous est livré un portrait qui est aussi un autoportrait, celui d’un danseur portant un regard rétrospectif sur sa carrière, d’abord à Brest puis au Conservatoire de Paris, ensuite en tant qu’interprète de Merce Cunningham à New York, plus récemment au Ballet de Lyon. Un parcours vécu, sensible et passionnant. JÉRÔME BEL CHOREGRAPHE Jérôme Bel, né en 1964, vit à Paris, il travaille internationalement. Il a été élève du Centre National de Danse Contemporaine d'Angers de 1984 à 1985. De 1985 à 1991, il a dansé pour plusieurs chorégraphes en France et en Italie. En 1992, il a été assistant à la mise en scène de Philippe Découflé pour les cérémonies des XVIe Jeux Olympiques d'hiver d'Albertville et de la Savoie. Sa première pièce, une chorégraphie d'objets, s'intitule nom donné par l'auteur (1994). La seconde, Jérôme Bel (1995), est basée sur l'identité et la totale nudité des quatre interprètes. La troisième, Shirtologie (1997), a été faîte à la demande du Centro Cultural de Belem (Lisbonne) et de Victoria (Gand). En 2000, une version japonaise de la pièce a été produite à Kyoto et à Tokyo. Shirtologie met en scène un acteur portant plusieurs dizaines de T-shirts trouvés dans le commerce. Puis c'est Le dernier spectacle (1998), qui en citant plusieurs fois un solo de la chorégraphe allemande Susanne Linke, mais aussi Hamlet ou André Agassi, essaie de définir une ontologie du spectacle vivant. En 1999 Jérôme Bel demande à Myriam Gourfink de lui chorégraphier un solo : Glossolalie (1999). La pièce Xavier Le Roy (2000) sera signée par Jérôme Bel mais entièrement réalisée par le chorégraphe français vivant à Berlin, Xavier Le Roy. The show must go on (2001) réunit vingt interprètes, dix-neuf chansons pop et un DJ. La pièce est au répertoire du Deutsches Schauspielhaus à Hambourg de 2000 à 2005, et au répertoire du Ballet de l'Opéra de Lyon de 2007 à 2014. En 2004 il est invité à faire une pièce pour le ballet de l'Opéra de Paris, ce sera Véronique Doisneau (2004), un documentaire théâtral sur le travail de la danseuse du corps de ballet de cette compagnie, Véronique Doisneau. Cette même année, il produit The show must go on 2 (2004), pièce qui se révèlera pour lui un échec et qu’il retirera du répertoire de la compagnie après les représentations de Bruxelles, Paris, Berlin et Singapour. L'année suivante, invité par le curator Tang Fu Kuen à venir travailler à Bangkok, il produira Pichet Klunchun & myself (2005) avec le danseur traditionnel thaïlandais Pichet Klunchun. Cette production met en scène Pichet Klunchun et Jérôme Bel dialoguant sur leurs pratiques artistiques respectives malgré le gouffre culturel abyssal qui les sépare. En 2009, il produit deux pièces, Lutz Förster (2009) et Cédric Andrieux (2009), qui s'inscrivent dans la série des spectacles qui interrogent l'expérience et le savoir d’interprètes. Cette même année voit le jour Un spectateur (2009). C’est une pièce interprétée par Jérôme Bel lui-même qui consiste en un monologue d’une heure environ où Jérôme Bel relate au public certaines expériences qu'il a eues en tant que simple spectateur. En 2010, il signe avec Anne Teresa De Keersmaeker 3 Abschied, spectacle qui a pour matériau Le chant de la Terre de Gustav Malher dans la version de Schönberg. Jérôme Bel a reçu un Bessie Award pour les représentations de The show must go on à New York en 2005. En 2008 Jérôme Bel et Pichet Klunchun ont été récompensés par le Prix Routes “Princesse Margriet pour la Diversité Culturelle” (Fondation Européenne de la Culture) pour le spectacle Pichet Klunchun & myself (2005). OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 54 CCN BALLET DE LORRAINE DANSE ETCETERA UNE CHRONIQUE DE LA DANSE VUE PAR ANDREA SITTER Chorégraphie, intermèdes et textes Andrea Sitter - Complice Philippe-Ahmed Braschi Intermèdes musicaux Bruno Billaudeau - Film Dominique Delouche Musiques de Duke Ellington, Zoltan Kodaly, Camille Saint-Saëns, Blixa Bargeld, Andy Cowton. Break Chorégraphie : Meredith Monk Dédale & Black and Tan Chorégraphie : Françoise Sullivan Lamentation Chorégraphie : Martha Graham La mort du cygne Chorégraphie : Michel Fokine Sourire de fauves - Opus 2 Chorégraphie : Maïté Fossen Broken Man Chorégraphie : Stephen Petronio Two Chorégraphie : Russell Maliphant Défilé Chorégraphie : Andrea Sitter CCN - Ballet de Lorraine Direction Didier Deschamps JUIN 2011 MARDI 7, 14h (représentation scolaire) et 20h - MERCREDI 8, 18h Danseuse, musicienne, chorégraphe, comédienne, Andrea Sitter est une des fortes personnalités de la danse européenne d’aujourd’hui. Avec la complicité de quatorze interprètes du Ballet de Lorraine, elle a imaginé un parcours, “son” parcours, dans un siècle d’histoire de la danse. Un survol, en apparence, et néanmoins une confrontation, car cet art qui met en jeu le corps et l’esprit ne se laisse plus réduire, désormais, aux fonctions décorative ou de divertissement. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 55 ETCETERA “(l'artiste c'est le voyant, celui qui donne à re-voir et, partant, à re-être au monde). Etcetera…donne le regard de Didier Deschamps sur l'histoire de la danse. C'est, à l'origine, un spectacle et une conférence. Un choix de pièces majeures du répertoire moderne étaient successivement présentées par un bref texte dit au micro, puis dansées. Ce qui m'a été demandé, c'est une tentative artistique, celle de chercher et de donner mon propre regard sur ce regard. Etcetera… livre, pour un œil novice ou fait à la danse contemporaine, une formidable leçon pour revigorer et resituer la mémoire de la danse de notre temps. La beauté, le caractère éminemment contemporain et la force des danseurs(euses) et de ce qu'ils donnent à voir est salutaire mais j'ai voulu travailler sur quelque chose qui “traverse”. Au-delà de ces revivifiant et superbes “morceaux de danse”, dans Etcetera, l'Histoire, notre histoire, se prononce hors du catalogue et de la séquence de chefs d'œuvre. Il m'a semblé, j'ai donc cru sentir un chemin, une petite voix qui nous parle, au plus intime, de l'embrassement qu'ouvre Break (ce magnifique solo, avec cette verticalité abrupte, cet empêchement, une aphasie mêlée à une grande dignité, cette blancheur) répondant à l'apocalypse de Broken man et à la magnifique géométrie de Two (pas encore seul), cette lumière de ground zero. Si on veut parler de l'histoire, on se rappelle que Valeska grimaçait sous la lumière de miradors à venir et que les artistes poussent la vie depuis cent ans à travers Verdun, Dachau, Hiroshima, Tchernobyl, et que notre catastrophe ordinaire, factuelle et spirituelle, n'est pas close. Notre final valsé pousse encore des vaisseaux vivants mais s'en souvient. J'ai donc écrit : poème et mouvement, construit, entre les huit pièces du programme, des liaisons -où l'humour, la force de la simple présence physique et le drame ont leurs places-, un cheminement de chorégraphies, et de paroles portées par les danseurs. Je me suis attachée à la personnalité des interprètes et des œuvres pour faire naître de la danse une parole et de la parole une danse, jusqu'à une valse, un final acidulé, bouquet de virevoltes ou passent aussi les marguerites de Pina, Merce et Mickael, partis, pendant le temps des répétitions, rejoindre eux aussi le cours de l'histoire. Etcetera, etc….” Andrea Sitter LE BALLET DE LORRAINE Créé en septembre 1978, le Ballet Français Théâtre de Nancy dirigé par Jean-Albert Cartier fait partie des premières compagnies implantées en région. En 1988, Patrick Dupond prend la direction de la compagnie qui devient Ballet Français de Nancy, période marquée par la personnalité du danseur qui conquiert l’adhésion d’un large public. Pierre Lacotte lui succède en 1991. La mission du désormais Ballet national de Nancy et de Lorraine, est renforcée sur la production d’œuvres classiques et romantiques dont le chorégraphe est l’un des spécialistes internationaux. Durant vingt ans, la compagnie s’est attachée à la préservation des langages classiques tout en s’inscrivant dans les premières décentralisations chorégraphiques, sur la volonté conjointe de l’État et de la ville de Nancy. Il faut donc attendre ces années 2000 pour saisir l’importance des évolutions à l’œuvre. En intégrant alors l’appellation de Centre chorégraphique national, le Ballet de Lorraine a choisi d’en revendiquer totalement les missions de pôle de ressources chorégraphiques ouvert à un large public. Sur l’impulsion de Didier Deschamps, nommé directeur artistique en 2000, le CCN - Ballet de Lorraine a pris une orientation nouvelle et décisive. Avec l’ambition d’affirmer le Ballet de Lorraine comme une des premières compagnies de création et de répertoire sur le plan national, Didier Deschamps conduit en profondeur l’évolution de la compagnie dans l’interprétation conjointe des pièces majeures de la danse du XXe siècle, et des chorégraphies contemporaines. Il mène son projet artistique sur une double conviction : présenter des langages de la danse qui ont créé en leur temps des antagonismes profonds ; interpréter un champ ouvert aux diversités de la création, à même de susciter une féconde émulation artistique et critique, de nature à concerner les artistes comme les publics. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 56 RÉVISEZ VOS CLASSIQUES LES CONCERTS À 4 € DE L’OPÉRA Les concerts découverte de l’Opéra de Rennes sont devenus une institution. La formule reste inchangée: deux séances, à 18h et 20h, un tarif unique à 4 €, une garderie musicale pour les enfants. Chacune des soirées “Révisez vos classiques” est consacrée à un ouvrage du grand répertoire, avec les artistes en résidence à l’Opéra, le chœur de l’Opéra, et, pour la première fois cette saison une participation de l’Orchestre de Bretagne. TANCRÈDE C’est l’apogée du bel canto, ce “beau chant” italien qui triompha dans toute l’Europe à l’époque romantique. Soprano et mezzo rivalisent de virtuosité incendiaire dans le Tancrède de Rossini, chefd’œuvre du compositeur dans le genre de l’opera seria, qui offre aussi un rôle héroïque au chœur masculin. Avec le Chœur de l’Opéra de Rennes JEUDI 14 OCTOBRE, 18h et 20h MANON Longtemps le plus joué, avec Faust et Carmen, des opéras français du XIXe siècle, Manon reste l’ouvrage majeur de Massenet, une partition infiniment attachante par son charme et la tendresse que le compositeur porte à ses personnages. Et celui de Manon est sans conteste l’un des plus complexes, l’un des plus intéressants de tout notre répertoire lyrique. LUNDI 8 NOVEMBRE, 18h et 20h LES NOCES DE FIGARO Aussi étourdissant et résolument contestataire que la pièce de Beaumarchais qui l’a inspiré, le chefd’œuvre de Mozart brille non seulement par son formidable livret mais aussi et d’abord par la finesse psychologique des portraits féminins et masculins que nous livre sa musique. JEUDI 6 JANVIER, 18h et 20h L’ARLÉSIENNE On connaît les éblouissantes Suites dont l’Orchestre de Bretagne sera ici l’interprète. Mais L’Arlésienne de Bizet fut d’abord une musique pour la scène, dont le Chœur de l’Opéra nous fera découvrir d’autres extraits à côté de pages tirées de la Mireille de Charles Gounod. Avec l’Orchestre de Bretagne et le Chœur de l’Opéra de Rennes JEUDI 10 FÉVRIER, 18h et 20h SAMEDI 12 FÉVRIER, 18h EUGÈNE ONÉGUINE Le plus touchant des opéras de Tchaïkovsky. Une histoire d’amour déçu à fleur de peau, de merveilleux portraits de jeunes gens trop tôt meurtris par la vie et une musique dont l’humanité, le lyrisme, la sincérité émeuvent à chaque page. MERCREDI 6 AVRIL, 18h et 20h JEUDI 7 AVRIL, 18h (MJC BRÉQUIGNY, RENNES) VENDREDI 8 AVRIL, 18h et 20h (TAMBOUR- UNIVERSITÉ RENNES 2) Concerts présentés hors abonnement – placement numéroté. une garderie gratuite avec animation musicale est assurée pour les petits à partir de 6 mois*. En partenariat avec la Direction petite enfance de la ville de Rennes. *obligatoire pour les moins de 5 ans, conseillée en dessous de 7 ans et sur inscription lors de l’achat des billets. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 57 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 58 ACTION CULTURELLE L’opéra est populaire, par essence. L’opéra nous raconte des histoires qui nous touchent, nous émerveillent, et sollicitent non pas notre culture mais notre imagination. Contrairement aux idées reçues, l’art lyrique n’est donc pas un privilège de nature ou de classe. Mais ces a priori ont la vie dure. Aller à l’Opéra peut sembler une démarche difficile pour des personnes qui n’ont jamais sauté le pas. Le service d’action culturelle travaille donc au quotidien à tisser des liens entre l’Opéra de Rennes, les œuvres qui y sont présentées, et les populations qui en sont éloignées pour des raisons d’ordre géographique, socio-économique et le plus souvent psychologique. L’action culturelle recouvre l’ensemble des moyens utilisés pour réduire ces inégalités et rendre l’opéra accessible à tous. Les actions de médiation, menées en partenariat avec les établissements scolaires ou extra-scolaires, les organismes à vocation sociale, les équipements de quartier, les structures d’accueil de personnes handicapées, la prison… permettent d’accompagner les publics dans leur découverte en leur donnant les clés pour appréhender les œuvres en toute liberté. Accueillir une classe pour une visite de l’Opéra… ouvrir une répétition aux usagers d’un centre social… proposer un atelier maquillage à des jeunes dans un centre de rééducation… inviter des personnes aveugles à toucher les décors et les costumes d’une production… présenter un spectacle dans une maison de quartier… organiser une rencontre entre un metteur en scène et des étudiants… sensibiliser les enfants d’un centre de loisirs à l’univers de la voix avec une choriste… programmer des spectacles hors les murs pour aller à la rencontre des habitants d’un quartier rennais ou d’une commune éloignée… sont autant de touches apportées à la vaste entreprise de sensibilisation menée depuis plus de dix ans pour un égal accès à l’opéra pour tous. OPÉRA OUVRE-TOI ! LES RENDEZ-VOUS “DÉCOUVERTE” DE L’OPÉRA Pour faire vivre l’Opéra de Rennes autour de sa programmation, des rendez-vous sont proposés tout au long de la saison: expositions, visites scénographiées, parcours chorégraphique ou retransmission en plein air d’un spectacle… invitent un large public à découvrir ou à redécouvrir l’Opéra sous un nouveau jour. Portes ouvertes et moments festifs ponctueront la saison 2010-2011: ouvrez grands les yeux et les oreilles, nous ne manquerons pas de vous informer régulièrement de ces évènements. • LES OPÉRAS EN AUDIODESCRIPTION L’audiodescription consiste, par le biais de casques individuels, à présenter le synopsis, à décrire les décors, les costumes, les mouvements d’un spectacle qui sont inaccessibles à ceux qui ne voient pas. Falstaff, jeudi 21 avril, 20h L’Enlèvement au sérail, samedi 28 mai, 18h En collaboration avec Accès Culture, avec le soutien de Veolia Environnement • L’OPÉRA DE RENNES DANS LES QUARTIERS RENNAIS “Révisez vos classiques Eugène Oneguine” à la MJC Bréquigny, jeudi 7 avril, 18h et au Tambour/Université de Rennes 2, vendredi 8 avril, 18h et 20h. “Carmen, opéra-promenade” à Maurepas, vendredi 27 et samedi 28 mai, 21h LE JEUNE PUBLIC Enfants et adolescents sont invités à entrer dans l’univers de l’Opéra par le biais de parcours “ Découverte” adaptés : visites, rencontres, répétitions ouvertes… sont autant d’étapes initiatiques pour arriver au spectacle dans les meilleurs conditions. Les classes peuvent être accueillies en représentation “tout public” ou en matinées scolaires. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 59 REPRÉSENTATIONS SCOLAIRES Rita, vendredi 5 et mardi 9 novembre,14h30 (CE2-5e) Révisez vos classiques L’Arlésienne, vendredi 11 février,14h30 (CM1-collèges) Etcetera, une chronique de la danse, mardi 7 juin,14h30 (collèges-lycées) • CARMEN CHERCHE SON CHŒUR ! Carmen, opéra-promenade, fait appel au concours de 60 choristes amateurs. Que vous soyez chanteurs ou que vous n’ayez jamais chanté, si vous avez envie de participer à cette aventure artistique et humaine… des ateliers vous seront proposés tout au long de la saison pour préparer les représentations des 27 et 28 mai. Alors, si le cœur vous en dit, rejoignez le chœur de Carmen ! Renseignements et inscriptions: Direction de quartier de Nord-Est (Maurepas). (Proposition réservée aux habitants de Maurepas.) • PARCOURS CHORÉGRAPHIQUE Un parcours réunissant différents équipements culturels rennais, ponctué de spectacles et de rencontres pour les amoureux de la danse. • LES EXPOSITIONS Tout au long de la saison, des expositions en lien avec l’Opéra et sa programmation sont présentées au Carré Lully. Contact : 02 99 78 48 78 • TOUS À L’OPÉRA ! Pour découvrir l’Opéra côté scène et coulisses, venez nous retrouver le samedi 7 mai. Cette manifestation, partagée par l’ensemble des opéras européens, est organisée en lien avec la Réunion des Opéras de France (le détail de la journée sera communiqué ultérieurement). CONTACTS Action culturelle: 02 99 78 48 68 Marion Etienne – [email protected] Delphine Diveu – [email protected] Le Service d’action culturelle de l’Opéra de Rennes bénéficie du soutien de la Ville de Rennes, du Conseil Général d’Ille et Vilaine, du Conseil Régional de Bretagne, du Ministère de la Culture et de la Communication (Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne), de la Délégation Académique à l’Education Artistique et Culturelle (DAAC), du Contrat Urbain de Cohésion Sociale et de la Fondation Orange. OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 60 SPECTACLES DATES, HORAIRES Le Couronnement de Poppée Vendredi 8 octobre, 20h Samedi 9 octobre, 18h Dimanche 10 octobre, 16h Zanetto / Suor Angelica Mardi 19 octobre, 20h Jeudi 21 octobre, 20h Rita ou deux hommes et une femme Samedi 6 novembre, 18h Théâtre National de Bretagne Cachafaz Mardi 9 novembre, 20h Jeudi 11 novembre, 16h Vendredi 12 novembre, 20h Médée furieuse, Stéphanie D’Oustrac Lundi 15 novembre, 20h Mardi 16 novembre, 20h Le Directeur de théâtre Vendredi 31 décembre, 20h Samedi 1er janvier, 18h Dimanche 2 janvier, 16h Pelléas et Mélisande Dimanche 30 janvier, 16h Mardi 1er février, 20h Jeudi 3 février, 20h Samedi 5 février, 18h Exposition Jérôme Bel / The show must go on Mercredi 16 février, 20h Vendredi 18 février, 20h Exposition Jérôme Bel / Cédric Andrieux Jeudi 17 février, 20h Les Sept paroles du Christ... Mardi 22 février, 20h Zefiro Torna Mardi 22 mars, 20h Mercredi 23 mars, 20h Falstaff Vendredi 15 avril, 20h Dimanche 17 avril, 16h Mardi 19 avril, 20h Jeudi 21 avril, 20h L’Enlèvement au sérail Jeudi 26 mai, 20h Samedi 28 mai, 18h Lundi 30 mai, 20h Mercredi 1er Juin, 20h Vendredi 3 juin, 20h30 Etcetera Mardi 7 juin, 20h Mercredi 8 juin, 18h Concerts Révisez vos classiques Cf. dates et horaires p. 57 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 61 OPÉRA DE RENNES - SAISON 2010 2011 - DOSSIER DE PRESSE 62