C`était hier Emma Daumas: "Il faut des années pour se remettre droit
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C`était hier Emma Daumas: "Il faut des années pour se remettre droit
salondulivre.ch 27 avril 2016 Le mercredi e La Gazette du 30 de l’Académie salon du livre et de la presse de Genève rédigée par les étudiants du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel. Edito par Emma Daumas: "Il faut des années pour se Christophe Passer remettre droit dans ses baskets." C'était hier Ne croyez pas que 30 ans, ce soit un âge de raison ou de pérennité. Vous entrez ce matin dans un lieu des miracles. Au printemps 1987, le fondateur, Pierre-Marcel Favre, attendait (lire son interview en page 12). C’était le premier matin, et il ne savait pas, il n’avait fait qu’imaginer et espérer. Et ce fut la foule aussitôt, et ce fut ce stupéfiant, débordant, ce désir de lire, de livres, de presse, de débats. Ne croyez pas qu’une fois lancé, cela aille de soi. L’époque est versatile. Le chaland est sans cesse sollicité. L’habitude peut tuer. Il faut surprendre sans cesse, mais aussi ne jamais oublier ce qu’on avait rêvé. Une manifestation ouverte, événementielle, tellement plus qu’une grande librairie, des scènes, des thèmes, des rendez-vous, presque un festival désormais: voici le deuxième salon du livre francophone du monde. Et c’est même le seul à mériter le nom de Pages 4 - 5 francophone: car viennent ici l’Afrique noire et le Québec, la Suisse romande et alémanique, Le Maghreb et Paris. Ne croyez pas que ce ne soit pas important. Que les débats sur le numérique, sur l’économie de l’édition ou de la presse soit juste des questions Karim Slama est techniques ou les marottes des gens de aujourd'hui au marketing. Il s’agit du Verbe dans ce qu’il salon pour jouer a de splendide: un chemin vers la liberté. un extrait de son Alors 30 ans, oui, et c’était hier. Mais spectacle consacré surtout, 30 miracles et 30 fêtes: soyez les à Titeuf. bienvenus. Après la cruauté télé de la Star Ac’ , Emma Daumas vient agiter la galaxie des livres. La chanteuse publie ce printemps Supernova (ed. Scrineo), son premier roman. La jeune femme raconte l’histoire d’Annabelle, une adolescente qui rêve de devenir célèbre. Toute ressemblance avec un personnage, etc. Interview. Profileur Stéphane Bourgoin décortique la logique des tueurs en série sur la scène du crime . Page 15 Spectacle Pages 2-3 2 27 avril 2016 Grâce à Karim Slama, Titeuf Par Sommaire 04 06 - Sandra Hildebrandt Emma Daumas fait tomber les etoiles «Ceux qui payent, c’est ceux qui restent sur place» 08 - L'Agenda 11 12 13 14 16 «30 ans, ce n’est pas si loin» - Helvetiq, quizz ludiques - Critiques littéraires 2.0 xenA neitsabéS 15 Taubira, une femme libre - Les serial-killers décortiqués - C'était comment il y a 30 ans Karim Slama s’empare Impressum Editeur en Amélie Rossé, Pauline Rumpf, presse de Genève - Marielle Savoy Rédacteur en chef Christophe Passer Journalistes Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel: de l’embléma- tique personnage de Titeuf, transformé Salon du livre et de la Palexpo SA Karim Slama amène Titeuf sur scène avec un spectacle de marionnettes. ampleur. aujourd'hui Correcteur pour un spectacle Il au en joue salon, un avant extrait ses pas- sages à Lausanne en septembre, puis Fanny Sarfati Impression Imprimeries Saint-Paul Fribourg Maquette marionnette, unique dans sa forme comme par son MagTuner Johnathan Caldwell Maxime Fayet, Produit par Sandra Hildebrandt, Start up fribourgeoise Noémie Matos, qui met à dispostion de Romain Michaud, la Gazette son système Delphine Riand, rédactionnel en ligne. Steve Riesen, www.magtuner.com partout en Suisse romande. Le comédien et humoriste lausannois Karim Slama présente au Salon du livre «Titeuf, le Pestacle». Un projet qui évolue depuis maintenant trois ans et demi, lorsque Zep, séduit par l’envergure du projet, a confié à Slama sa progéniture à la mèche blonde. Une première histoire a d’abord été écrite, avant que le comédien ne décide de la réécrire complètement, au mois de septembre dernier. L’univers imaginé par Zep s’y retrouve totalement: une génération est née avec ce mouflet qui n’aime pas l’école, se fait embêter par son ami Hugo et dont les avances sont refusées par la belle Nadia. Une vie simplement pô juste… Une opportunité saisie par Karim Slama, qui donne la possibilité à Titeuf de dessiner et contrôler sa vie. «Il s’agit d’une des choses les plus difficiles; m’emparer de ce qui ne m’appartient pas et en faire quelque chose à ma manière», avoue-t-il. «La scénographie permet de représenter Zep qui dessine et d’un coup, c’est Titeuf qui se retrouve avec le crayon dans sa main et prend les commandes de son destin, avant que tout ne se complique», révèle-t-il. Slama emmène Titeuf dans une aventure. Ce pestacle, c’est le mythe du héros, une mécanique inexistante dans les bandes dessinées. «Il me fallait un enjeu, du suspens, quelque chose d’adaptable au théâtre». 3 salondulivre.ch prend désormais vie sur scène L’histoire raconte à la fois le rapport de Titeuf avec son créateur – vu qu’il prend le chemin sur lequel le dessinateur le met – et la cession du jeune blond à Karim Slama. «Zep me file le volant pour que je conduise un moment, le temps d’un spectacle». Le Lausannois apprécie la confiance «magique» de l’auteur, mais aussi des éditions Glénat. Si le premier texte se nourrissait des confrontations et des discussions sur le fond entre les deux intéressés, Zep a ensuite décidé de lui laisser la liberté. Faute de temps, mais également pour lui permettre de ne pas trop reprendre l’histoire originale et y mettre une part de lui-même. «C’est à la fois une grande responsabilité et un magnifique cadeau», note le comédien. «Désormais, je profite du théâtre, de ce que cela peut amener en plus, et apporte ce que je sais faire». Après avoir construit quelque chose de solide, le Lausannois l’a soumis à de nombreux testeurs. Des fans, pour être sûr que les personnages correspondaient à l’idée que les romands s’étaient faite de leur idole, mais aussi des professionnels. «J’ai fait appel à un script doctor», précise-t-il. Et l’auteur de la BD? Il a préféré garder la surprise. Un stress supplémentaire pour Karim Slama, même s’il avoue que «cela fait partie du deal». «Les enfants de la BD sont représentés «Marc Donnet Monay est, par exemple, rapidement devenu une évidence. Quand il a demandé à ses enfants qui ils pensaient qu’il allait jouer, ils ont directement répondu: le papa», relate Karim Slama. Une grande confiance avant tout «Le fait d’avoir un humain qui parle à une marionnette rend l’interaction encore plus magique», s’enthousiasme Karim Slama. Ainsi, deux lectures se font en parallèle et les émotions non visibles sur la marionnette peuvent être interprétées chez le comédien. Au total, ce sont 35 collaborateurs qui constituent l’équipe. «C’est un immense et très beau projet», explique avec fierté l'initiateur du spectacle. Ce dernier se devise à 1,2 million, tournée comprise. Le simple coût de fabrication du décor et des marionnettes est de 600 000 francs. «C’est le premier grand spectacle d’envergure autour de notre personnage national. Il fallait le faire avant que d’autres, à l’étranger, s’en chargent.» Mais s’il a choisi Titeuf pour cette énorme production, c’est aussi pour assouvir son rêve de réunir toutes les générations au théâtre. Différents niveaux de lecture Marc Donet Monay incarne le papa de Titeuf. Tous s'accordent sur la ressemblance. par des marionnettes de mousse, à la Muppet Show», explique le producteur. «C’est une sorte de binôme, les comédiens sont visibles et assumés.» Si le genre a déjà été pratiqué à Broadway ou en Allemagne, il est peu connu. En Suisse, c’est une première. Des comédiens déguisés jouent les personnages adultes. Un choix qui donne de la vie, mais permet surtout de rester au plus proche des personnages de base, puisque les adultes sont moins exagérés graphiquement dans l’œuvre originale. Les comédiens ont été sélectionnés pour leur ressemblance avec les personnages. Karim Slama sera présent mercredi 27 avril de 16h à 16h30, sur la scène de la BD pour présenter le spectacle. Trois moments forts de la Bande Dessinée Performance dessinée de Jean-Philippe Kalonji Projection de dessins animés Zep - Rencontre Vendredi de 17h00 à 17h45, L'apostrophe Interview dessinée Mercredi de 11h45 à 13h15, scène de la BD - Mercredi de 13h30 à Samedi de 11h à 11h45, 14h, scène de la BD scène de la BD Un programme de dessins animés mêlant Auteur des 365 Samouraïs ou, plus récemment L'auteur de Titeuf répond aux questions du le Petit Spirou, Yakari et Boule & Bill de In Bed, le Genevois Jean-Philippe aime public par la parole ou par le seul biais du dessin. ainsi que Kid Paddle et Titeuf est prévu. dessiner en direct. Un performance unique en son genre. 4 27 avril 2016 Emma Daumas fait tomber Par Amélie Rossé C'est tout un cheminement qui part de l’écriture musicale. J’ai toujours écrit des chansons mais je me suis souvent reposée sur les auteurs et je développais plutôt mes qualités d’interprète. Mais le texte m’appelait. En 2011, je me suis remise en question et je suis revenue à mes fondamentaux. Je suis allée frapper à la porte de Maxime Le Forestier que j’appréciais et qui a toujours posé un regard bienveillant sur moi. Il m’a redonné la flamme qui me manquait. J’ai fait un stage avec lui durant quelques mois. De textes de chansons, aux fables, en passant par les contes pour enfants, je me suis rendu compte que j’élargissais peu à Pourquoi la forme romanesque? «Je suis revenue à mes fondamentaux» Emma son Daumas premier présente roman. aujourd’hui La chanteuse révélée il y a 14 ans par l’émission Star Academy Avec sort maintenant Supernova, l'expérience télé Interview avec sensible et elle qui cette pleine la plume. revient l'a sur bouleversée. jeune de femme charme. Vous publiez ce printemps votre Mon premier réflexe a été de le ranger dans ma bibliothèque. C’est une satisfaction d’être allée au bout de ce projet. On a l’impression d’avoir gravi un sommet. Quand on vient de la chanson, un roman ça semble ambitieux mais finalement, j’ai réalisé que c’était naturel. premier ouvrage, que ressentez-vous? Des étoiles qui s'effondrent sur elles-mêmes Supernova, c’est l’histoire de la jeune Annabelle, 16 ans, qui rêve de devenir une célébrité. Repérée par un producteur, elle s'envole à Paris. Auditions, séances photo, tout s'enchaîne très vite. Annabelle est sélectionnée pour participer à Starcatcher, une émission de télé-crochet en vogue. C'est alors que tout bascule. peu mon territoire. Puis j’ai rencontré mon éditeur qui m’a dit que mon histoire était intéressante, que la sur-médiatisation était un réel phénomène de société. J’ai tendance à croire que quand on lâche prise, il se passe des choses. Le livre raconte l’histoire d'Annabelle. Quels sont les points communs entre J’ai remarqué que de nombreuses personnes se posaient la question (rires). J’ai essayé de me détacher le plus possible d’elle, et donc de mon expérience. Annabelle est un personnage de fiction qui me ressemble sur certains points pour rendre le roman crédible. Je suis partie de bases communes: une jeune fille de province, qui enchaîne les concours et rêve de percer dans la chanson. Ce qui était intéressant après c’était d’exacerber les processus, de les exagérer. Il y a une ambiguïté que j’assume, une sorte de schizophrénie entre elle et moi. Dans mon histoire, Annabelle devient Bella. Il s’agit d’un vous et elle? salondulivre.ch 5 les étoiles avatar, un moi idéal qu’on se crée quand débats. on entre dans ce système et qui, à un moment donné, explose. Ce fut pour moi une expérience Il est passé par plusieurs formes. Je bouleversante, car très extrême. Du jour pense qu’il ressemblait à une ado au lendemain, on s’arrache de son milieu révoltée, arrogante. Un peu trop sûre de naturel pour être placé dans un son pouvoir peut-être (rires). J’essayais environnement totalement surfait. Tout de trouver ma place comme quelqu’un de change brusquement: le regard des fort, alors qu’au fond, j’ai fini par autres, de notre famille, et le rapport comprendre que j’étais fragile et sensible. qu’on porte sur le monde. Je me suis sentie déracinée. Il faut des années pour se remettre droit dans ses baskets Oui, je me suis dit que j’étais dans la caricature de moi-même. Contrairement à Annabelle, je n’ai jamais accepté de faire Je pense plutôt que c’est un point de vue. des choses que je n’avais pas envie de Je ne cherche pas à être moralisatrice du faire. Moi j’ai su dire «non». C’est la tout, je retransmets une expérience telle preuve qu’au fond de moi, je savais que que je l’analyse et telle que je l’ai vécue. je me mentais à moi-même. Le D’autres la vivent différemment. personnage d’Annabelle, c’est le résultat Effectivement, ça peut toucher certaines d’observations plus générales. Je personnes. Le message serait peut-être m’inspire en effet des pop stars actuelles qu’il est important de ne pas se perdre de personnalités qui au départ fédèrent puis vue, de ne pas adopter des postures pour plaire auxautres et de rester attaché à ses valeurs, rester droit et juste. Aujourd’hui, quel regard Si mon livre devenait un film portez-vous sur votre expérience à la Star Ac’ ? Votre avatar, à quoi ressemblait-il? Mélissa Pollien Vous aviez l’impression de ne plus être vous-même... C'est donc une mise en garde? Un roman album le aujourd’hui, mois un prochain... nouvel seront les prochaines étapes? Alors la Star Ac', c'était bien? Pourquoi avez-vous souhaité revenir sur le thème du télé-crochet? L'espace young adult Supernova, premier roman d'Emma Daumas à découvrir aux éditions Scrineo à l'îlot jeunesse, de 10h30 à 12h. Quelles Pendant toutes ces années d’exploration question: et de recherche, j’ai pu travailler sur des projets très différents notamment en art » contemporain. Ça a ouvert le champ de ma conscience. J’ai par exemple travaillé sur une performance et sur un film d’art en tant que chanteuse et comédienne. finissent par exploser en vol. Aujourd’hui, je remarque que j’ai très envie de faire des ponts entre les genres. J’ai compris que mon métier avait cette puissance de pouvoir lier tout ça, de créer C’est mon éditeur qui m’a lancé sur le des passerelles. Je suis quelqu’un qui sujet. C’est vrai qu’il me suit et me suivra marche à la rencontre et je suis prête à toujours. Il n’y a pas une seule fois où l'on tout tester. ne me parle pas de la Star Ac’ ! J’en avais un peu marre qu’on me pose toujours la question «Alors, c’était bien?». J’avais l’impression qu’on réduisait mon expérience à certains faits. Pour moi, Mercredi, 15h - 16h30 - N1460 c’était des sentiments bien plus ambigus et complexes que ça. Désormais, j’assume ce parcours et en faire en roman, c’était l’occasion de réorienter les qu'on me pose toujours la RD «J'en avais un peu marre La Vaudoise de 18 ans dédicace son livre fantastique Quelle musique imaginez-vous pour J'imagine une musique plutôt épique, comme la bande-son de Narnia. Une musique de rock irait aussi bien avec les dragons. accompagner «Le Royaume de Makorren»? Le personnage principal de mon oeuvre est une reine. J'imagine tout à fait Helena Bonham Carter dans ce rôle, que j'avais beaucoup aimé dans les films d'Harry Potter.Elle dégage de la force et du mystère à la fois. De quel acteur rêveriez-vous? Quel réalisateur pourrait adapter votre Sans hésitation, Tim Burton! Il sait rendre justice à la magie, sans la rendre infantile. livre au cinéma? Je serais sûrement un elfe discret, caché au milieu d'une foule. Si vous deviez faire un caméo... 6 27 avril 2016 «Ceux qui payent, c’est Par ceux Pauline Rumpf Slavutych, 2016: photojournaliste, raconter toutes la vie pièces Niels il de pour Akermann a la décidé ville créée travailler sur transformer les images, il a donc fallu travailler sur les jeux de lumière pour éviter d’envoyer mes sujets en prison… est de de la centrale après la catastrophe. Est-il difficile de garder de la distance C’est très difficile de jouer entre proximité, voire amitié, et distance journalistique. On vit les choses ensemble, s’ils se bourrent la gueule, je bois avec eux, c’est la clé pour accéder à des moments intimes et forts. Il y a d’ailleurs plusieurs photos que je ne me souviens même pas d’avoir prises! J’ai fait un petit calcul: j’ai bu seize litres de vodka et de cognac pour ce projet. Maintenant je ne bois plus d’alcool du tout! Mais c’est vrai que j’ai parfois dû garder Tchernobyl. Et ceux qui payent, c’est mes distances. Yulia, l’héroïne de mon ceux qui restent sur place. livre, je la connais mieux que son ex-mari! Lorsqu'elle préparait son mariage, j’ai décidé d’aller à l’hôtel plutôt que de continuer à vivre chez eux. Très rapidement, j’ai senti que j’avais une grande responsabilité. Eux ne m’ont jamais censuré et je ne me suis pas limité lors de la prise de vue, mais à l’étape du Non. Quand je suis arrivé Yulia était choix, il a fallu faire attention. Par adolescente, elle était très proche de Kiril, exemple, j’ai fait une image d’un vodnik, et moi j’ai développé des liens très forts un bricolage à base de bouteilles de Coca avec les deux. Je l’ai vue évoluer très qui leur sert à fumer du cannabis. Mais la vite, puis quand elle s’est mariée avec drogue est très réprimée en Ukraine. En Zhenya, elle et Kiril ont arrêté de se parler. tant que photojournaliste, je n’ai pas le Au milieu d'eux, j’étais comme un enfant droit d’effacer des éléments ou de de parents divorcés, à faire la navette avec le terrain? Quel est le but, le message de votre Qu’avez-vous découvert en arrivant en Je suis tombé amoureux de ce pays. C’est un peuple très généreux et très ouvert, notamment dans leur rapport à l’image. Parfois même un peu trop. Ça me fait peur pour eux, car à l’inverse de la Suisse où il y a une parano complète, en Ukraine il y a une grande candeur face au photographe. Selon qui tient l’appareil et ce qu’il a envie de raconter, cette attitude peut vraiment les desservir, sutout quand on parle de sujets polémiques comme Ukraine? okiemuhS annA © 30 ans après Tchernobyl, je voulais retourner l’appareil à 180 degrés. D’habitude on se tourne toujours vers le passé, mais là, au travers d'une histoire de vie et d’amour, j’avais l’opportunité de mettre le focus sur l’avenir. Je ne peux pas prédire qu’il sera grandiose, mais je trouve qu’il faut faire confiance à la jeunesse ukrainienne, qui ces dernières années a tellement contribué à l’avenir de son pays. C’est un message d’ouverture, optimiste. livre? Niels Ackermann, photographe genevois. Vous avez donc dû parfois retenir votre appareil photo? Est-ce que ces trois années déroulées comme prévu? se sont 7 salondulivre.ch qui restent sur place» entre les deux pour pouvoir continuer à raconter leurs deux histoires. La vie de vos personnage a-t-elle Oui, notamment celle de Yulia. Slavutych, c’est une ville aux horizons limités, tant géographiquement que dans le temps. Mais pour l’instant, il y fait bon y vivre et cela suffit pour la plupart des gens qui vivent là-bas. Pourtant cette fille a des envies bien plus grandes; je pense que ce livre l’a aidé à se poser des questions sur qui elle est et ce qu’elle deviendra après la fin des travaux à Tchernobyl. changé à cause de votre présence? 31idnuL / nnamrekcA sleiN © Gaëtan Vannay connaissait très bien l’Europe de l’Est, il avait été correspondant à Moscou pour la RTS. J’ai vite compris qu’il avait la même compréhension du pays que moi. Je l’ai donc emmené à Slavutych sans rien lui dire, pour ne pas l’influencer, et on a constaté qu’on avait fait les mêmes observations, les mêmes constats. A partir de là seulement, je lui ai donné mes notes pour qu’il puisse écrire le texte. Comment s’est passée l’écriture? Légèrement. Je suis d'un naturel optimiste et Gaëtan est plus pessimiste pour l’avenir de la ville et des jeunes qui y vivent. Dans le livre, on sent cette tension entre mes photos et son texte, entre nos deux visions du monde. Avez-vous eu des divergences? Qu’allez-vous faire maintenant que le Je reste en Ukraine. Je vois que ce projet est très bien accueilli et ça m’encourage car j’ai encore plein d’histoires à raconter à propos de ce pays. projet est terminé? Mieux qu'un témoignage, des photos pour un avenir possible Après 3 ans de voyages à Slavutych, la ville créée après la L'Ange Blanc, Niels Ackermann et Gaëtan Vannay, Editions Noir et Blanc catastrophe de Chernobyl, le photojournaliste Niels Ackermann raconte l'histoire de Yulia et de ses amis, qui travaillent dans l’ancienne centrale. Les travaux seront finis en 2017, et personne ne sait vraiment ce qui arrivera aux 2500 emplois de la ville après cette date. Niels Ackermann sera mercredi à 14h sur la scène philo. Il sera aussi présent vendredi et samedi. 8 27 avril 2016 L'agenda L'apostrophe La place du Moi La place suisse Le pavillon des Le Salon africain cultures arabes Créer avec Minecraft avec Le temps de la douceur Stéphane Pilet 10:00 - 11:30 - Animation 11:00 - 12:00 - Atelier Françoise Dorn Je parle le suisse ! 10:30 - 11:45 - Animation 10:00 - 12:00 - Contes Halima Hamdane Virginie Borel François Lévesque, fantastique Québec Qu’est-ce donc qui nous fait tant courir ? 12:00 - 13:00 - Rencontre Nicolas Duruz et Michael Claude Torracinta 12:00 - 13:00 - Rencontre Elisabeth Barillé, entendre d’une oreille Balavoine Michel Tabachnik, la musique de sa vie Gaëtan Cousin et Isabelle 13:00 - 13:45 - Rencontre 14:00 - 14:30 - Rencontre Le bien-être émotionnel Henzi Atelier philo 14:00 - 15:00 Nancy Huston, un arc-en-ciel de violences 14:45 - 15:30 - Rencontre Frédérique Deghelt, le nouveau roman ! 15:45 - 16:30 - Rencontre Solo avec Claude Torracinta Parrains&Poulains 13:00 - 14:00 - Rencontre 13:00 - 14:00 - Conférence Initiation à la calligraphie arabe Exposition de calligraphie arabe 10:00 - 19:00 Abderrazak Hamouda Claude Naba et Aliou Sow Rania Samara Stéphane Bovon, Jon Kaouther Adimi, Lamia Ferguson, Jean-Luc Fornelli, Berrada-Berca et Abdellatif La méditation dans la nature Alain Freudiger, Pierre-Yves Chaouite Alexandra Dechezelle, Olivier Morattel Lador, Frédéric Valloton, M. Admonk Casimir et Philippe Roch, Claire Patrick Morier-Genoud Le papa de Solal fait son show ! 16:00 - 16:30 - Lecture Florian Eglin Apéro futuriste ! André Ourednik, Olivier Sillig et l’équipe Je positive... 17:00 - 18:00 - Rencontre Yves-Alexandre Thalmann et Pascal Schouwey Hélas Hélice Récits de voyageuses européennes en Orient Ons Debbech, Fawzia Programme sous réserve de modifications. Felwine Sarr et Anthony Mangeon Les nouveaux passeurs 14:45 - 15:30 - Débat Une heure avec Christiane Taubira 16:00 - 17:00 - Rencontre (en dédicace Zouari et Rania Samara 15:00-16:00) 18:00 - 18:45 - Projection 17:15 - 18:00 - Table ronde ONORIENTOUR, un voyage d’Orient post Printemps Hajar Chokairi, Oumayma Ajarraï et Servanne Briand Vernissage Exposition de calligraphie 18:45 - 19:00 Younès Ajarraï suivies de dédicaces. L’héritage philosophique James Noël et Laure Leroy Abderrazak Hamouda et Toutes les rencontres sont LaRéus Gangouéus, Jean- 16:45 - 17:45 - Débat de film 16:30 - 18:00 - Animation Le patrimoine numérique 13:30 - 14:15 - Table ronde Laurence Courvoisier Emmanuel Delessert et Felwine Sarr Chaouite, Younès Ajarraï et La puissance de l’écoute Catherine Braillard, Kacou Parfait Diandué et Lamoth, Bruno Pellegrino et Mémoires et identités en Stéphane Bovon & Friends littérature diasporique Confiance en soi Anthony Mangeon, Bi Julie Guinand, Frédéric 15:00 - 16:00 - Animation 16:00 - 17:00 - Rencontre Le devoir de violence Jacques Kobenan, Jean- 14:00 - 16:00 - Dédicace Melissa Pollien et Paul Béorn: écrire la fantasy 13:00 - 13:30 - Table ronde 11:00 - 11:45 - Débat Nouri Al-Jarrah, Abdellatif Very Road Trip (Route 66) 14:00 - 15:00 - Rencontre 15:30 - 16:30 - Débat Morier-Genoud 10:00 - 11:30 et Koffivi Assem 12:15 - 13:00 - Débat 14:00 - 15:00 - Rencontre Cornélia de Preux Tiberghien et Patrick Si l’Afrique m’était contée Atelier Booktube avec Margaud Liseuse 10:00 - 10:45 - Animation Du récit de voyage aux écrivains des diasporas Eugène et Guy Chevalley Jean-Paul Mongin 15:00 - 16:00 - Rencontre young adult Anani André-Pierre Accoh 10:00 - 18:00 - Atelier 12:00 - 12:45 - Rencontre L'espace Le Sénégal littéraire Kadhi Hane et Felwine Sarr L’engagement littéraire de Mongo Beti, héritage assumé ? 18:15 - 19:00 - Table ronde Odile Biyidi, Awala Tobner et Ambroise Kom “Supernova” avec Emma Daumas 14:00 - 14:30 - Table ronde Remise du Prix RTS Ado 2016 15:00 - 16:30 - Animation salondulivre.ch La scène de la BD 9 La place du voyage La scène du crime La scène philo La cuisine des livres Projection de dessins animés 11:45 - 13:15 Randonnée dans les Alpes Viens inventer ta propre enquête ! 10:00 - 10:45 - Rencontre 10:00 - 12:00 - Atelier Vincent Tornay Christine Pompéï Performance dessinée 13:30 - 14:00 - Animation Jean-Philippe Kalonji Sans les cordes : le défi des alpinistes en solo Joseph Incardona, Monsieur Polar 11:00 - 11:45 - Rencontre 14:15 - 14:45 - Animation Bénédicte et Sjöstedt Projection de dessins animés Eva Rittmeyer Gabet 11:00 - 12:00 - Animation Tchernobyl 30 ans après 15:00 - 17:00 - Animation Enrobage de Pop cakes, 3 chocolats et décorations Lia Rosso 14:00 - 14:45 - Débat 14:30 - 15:15 - Table ronde Noir, couleur locale Kourkov et Luc Debraine Claude Marthaler Olivier Chapuis, 15:00 - 15:45 - Rencontre Photographe des champs de bataille 13:00 - 13:45 - Rencontre Horn, Francis Parel, Clapase Jean-Pierre Gabriel et Sylvia Du vélo à Cuba 12:00 - 12:45 - Rencontre La vie entre ses Mains 10:00 - 11:00 - Débat Catherine Christodoulidis et Niels Ackermann, Andreï Marie-Christine 15:00 - 15:45 Association Pro Philo, La cuisine à travers un livre, toute une aventure 13:30 - 14:30 - Conférence 13:30 - 14:15 - Rencontre Gilles Chappaz Le duel dessiné de Vigousse Philosophes en herbe 10:00 - 11:30 - Animation Fabrique ton marque-page! 14:00 - 15:00 - Atelier Lorsque l’oenologie rencontre la parfumerie 17:00 - 17:45 - Conférence Le droit peut-il être raciste ? Le Pituicyte - Une cellule pour une amie Richard Pfister et Sylvia Gabet Aurore Sénézergues La vie entre ses Mains 14:00 - 15:00 - Débat Jean-Marie Reber Raymond Spira et et Marc Voltenauer Jacques Poget Clapase Stéphane Bourgoin : ma vie avec les monstres 16:00 - 16:45 - Rencontre Moïse a-t-il réellement existé ? 15:00 - 15:45 - Conférence Yan Morvan Karim Slama évoque Titeuf le pestakle ! 16:00 - 16:30 - Rencontre Karim Slama 15:30 - 16:15 - Rencontre Voyage poétique d’un mannequin en Inde 14:00 - 14:45 - Rencontre Arthur Grossmann Paroles & dessins Frankenstein sur Léman Martine de Rosny Thomas Römer et La Traversée du microscope 6:00 - 17:00 - Animation Eléonore Sulser 16:45 - 17:15 - Rencontre Frank Margerin Le voyageur aveugle 15:00 - 15:45 - Rencontre Lia Rosso Jean-Pierre Brouillaud Projection de dessins animés 18:00 - 19:00 Lecture 17:30 - 19:00 Voyage historique au Canada 16:00 - 16:45 - Rencontre Catherine Fuchs Anne Forrest-Wilson et Monique Proulx www.swizma.ch 10 27 avril 2016 Assises de l’édition francophone Cercle de la L'îlot jeunesse La CICAD «Le numérique et le secteur La Tunisie de l’édition: Librairie et de de la modernité ». l'Edition Genève Lecture La voie des coeurs nomades 14:00 - 15:00 - A.L. 10:00 - 11:00 - Mathe Keller raconte Pablo Neruda Atelier La Family La fabrique des préjugés racistes 10:00 - 11:30 - Atelier de l’atelier Le Petit Montessori (de 3 à 6 ans) 12:00 - Atelier dessin par Bruno Doutremer Inauguration du nouveau Atelier lecture et stand du Cercle chant « Mon papa est un soleil » par Johan Leynaud (dès 2 Dessiner pour vaincre les préjugés 11:00 - 12:00 - Atelier Franck Dumouilla et David Mazzolini Votre prénom en calligraphie 11:30 - 13:30 - Animation Shinta Zenke ans) Animation Mascotte Loup "Les petites toques" Mini concert ambiance americana-slave Les carnets de Lieneke Remise du prix Enfantaisie 2016 La fabrique des préjugés Animation racistes Mascotte Loup Atelier jardinage Dessiner pour vaincre les préjugés Animation Mascotte Loup Atelier philo Le judaïsme pour les «nuls» 14:00 - culinaire Karin Rivollet 14:30 - 13:00 - 14:30 - Atelier 15:00 - Emmanuelle Wolff par Jean-Marc Richard 13:30 - 15:00 - Atelier 15:30 - Véronique Delille 16:30 - 14:30 - 15:30 - Atelier « J’aime ma planète » (de 5 à 12 ans) Franck Dumouilla et David 17:00 - Mazzolini 15:30 - 17:00 - Table ronde 17:30 - par Jean Paul Mongin Eric Ackermann Claude Lanzmann 17:30 - 18:30 - Dédicace Programme sous réserve de modifications. 100% interactif et participatif qui va vous en faire voir de toutes les couleurs ! Céramique : Les Monstres Imen Chetouane Accueil des participants et petitdéjeuner Mot de bienvenue et ouverture des Assises de l'édition francophone 9:15 - 9:45 - 9:45 Appartement de sept pièces dédié aux activités d’expression personnelle et Isabelle Falconnier, Pascal Sfax, Capitale de la Culture arabe 2016 de création différente : Schouwey et Madame le salon/bibliothèque bleu l'Ambassadeur Anne Sana Tamzini (haïkus) 09:30 - 19:00 - Exposition Lugon-Moulin Etat des lieux des métiers de l'édition à l'ère du numérique Résistance….tracesd’une révolution Qui a peur du grand méchant livre numérique ? Le numérique, formidable relais de l'écrit Faouzia Zouari et l’épreuve du décentrement la chambre parentale rouge La communication et le marketing à l'ère du digital: révolution! Rencontres LA TRILOGIE AGRAIRE: professionelles - salle L Le blé, l’olivier et la vigne 12:00 - 13:30 - Débat la cuisine orange le placard gris les toilettes noires la salle de bain rose la chambre d’enfant verte 10:00 - (recettes) (décoration) 12:00 - 13:00 - Activité par l’association L’espace 09:30 - 19:00 - Atelier 16:30 - 17:30 - Animation 13:00 - Résistance, traces d'une révolution 09:30 - 19:00 - Exposition Véronique Delille par Deborah Tison Marthe Keller et Vincent Prezioso Atelier lecture par Yves Schaefer Host 15:15 - 16:15 - Animation panacée ou enfer ? Le livre face aux défis Salim Gribaâ, Sonia Kallel, Aouatef Khadhraoui et Mouna Jemal 11:15 - (secrets) (selfies) 14:30 - 15:30 - Rencontre 13:30 - (super-héros) 15:00 - Faouzia Zouari et Samia Kassab-Charfi (fantasmes) 15:30 - 16:30 - Conférence Dès 16:30 - Ahlem Bousaâda Conférence dédiée aux professionnels - sur inscription seulement 11 salondulivre.ch Taubira, une femme libre Par Marielle Savoy RD La venue aujourd'hui à Genève de l'exgarde des Sceaux française est l'un des événements du Salon du livre. Une politicienne atypique. Comment définir autrement Christiane Taubira? A 64 ans, cette Française née en Guyane se distingue d’une classe politique plutôt formatée par son franc-parler et sa liberté de penser. L’ancienne ministre de la Justice française ne manque jamais de surprendre par son fort caractère et un naturel parfois déconcertant. Capable de piquer un fou-rire devant l’Assemblée nationale, elle est devenue aussi la reine de la répartie politique, avec des punchlines assassines mais toujours subtiles. A ceux qui la traitaient par exemple de tract ambulant pour le Front National, elle a rétorqué : «Je trouverais ça pitoyable si j’avais de la pitié à gaspiller». Imparable. Le langage flamboyant de Christiane Taubira laisse rarement indifférent. Dire qu'elle a le goût des mots serait un euphémisme. Avide de littérature depuis toute petite, elle n'a jamais songé à renoncer à cette passion pendant qu'elle était garde des Sceaux : «Durant presque quatre ans, je n’ai pu lire que la nuit. J’ai continué à le faire parce que c’est vital pour moi» a-t-elle confié au Temps le week end dernier. Le plaisir de la lecture a aussi donné à Christiane Taubira celui de l’écriture. Auteure de plusieurs ouvrages, celle qui a longtemps été une militante indépendantiste en Guyane a notamment prêté sa plume à la cause noire, mais aussi raconté sa vie et son parcours politique. Chacun de ses livres est truffé de références à des auteurs qu’elle admire. Désormais libre de son temps, Taubira est retournée à Cayenne et s’est lancée dans une aventure inédite: elle écrit les paroles des chansons du prochain album de Chris Combette, vedette locale et ami de l'ex-ministre. Se retirera-t-elle pour autant de la scène politique? Rien n’est moins sûr. Son dernier ouvrage, «Murmures à la jeunesse», rappelle qu'elle est avant tout une femme engagée. Engagée et courageuse, car ce plaidoyer contre la déchéance de nationalité n’est que l’aboutissement d’un combat qu’elle n’a pas hésité à mener parfois contre le gouvernement dont elle faisait partie. En 2017, cette figure de la gauche pourrait donc faire encore parler d’elle, si elle décidait de se lancer dans la course à la présidentielle. Mercredi 27 avril, scène du Salon africain > 15h-16h: dédicace > 16h-17h:«Une heure avec Christiane Taubira» Le classique que vous rêvez de finir «Les Mille et Une Nuits» Alain Bittar est fondateur et directeur de la Librairie arabe "L'Olivier" à Genève. Après une longue réflexion, car il a beaucoup lu, il réalise : "Les Mille et Une Nuits, je ne l'ai jamais lu en entier. C'est quand-même le comble pour un libraire spécialiste de la littérature arabe! J'ai lu des analyses Aujourd’hui, Stéphane Bovon se fait descendre par ses potes du texte, des ouvrages critiques, et j'ai lu plusieurs nuits séparément, @ la place suisse, C389, de 15h à 16h. traite." #idéefoireuse #surlaplacesuisse #latrilogieGérimont #unpeusadomaso? teyaF emixaM #sefaitdémolirenpublic #StéphaneBovon #aimelacritique PR mais j'aimerais un jour le lire d'une Les Mille et Une Nuits Editions Libretto 12 27 avril 2016 «30 ans, ce n’est par pas si loin» Delphine Riand Le Salon du livre et de la presse fête cette année sa trentième édition. A son origine, Pierre-Marcel fondateur des Favre, éditions fameux Favre, à Lausanne. Il a présidé le salon pendant 23 ans, avant de laisser sa place à Adeline Beaux. Interview croisé, entre présent et passé. La première édition du Salon du livre voit le jour à Genève en 1987: comment est née cette idée? Pour combler une lacune. Il y avait des salons, des foires, des festivals du livre partout dans le monde. Et rien en Suisse. Pierre-Marcel Favre: Trente ans plus tard, comment expliquez-vous le succès constant de cette manifestation? Le public adore le Salon du livre, et je suis la première à le comprendre: une telle richesse culturelle rassemblée en un seul endroit! Des livres et des auteurs, bien sûr, mais aussi des expos inédites, des ateliers, la Fabrique, la Chasse au Trésor…ce salon regorge de propositions, impossible de s’y ennuyer. Trente ans plus tard, l’esprit du salon reste le même: servir les auteurs, servir le livre. L’événement a connu quelques changements, mais le nombre de visiteurs, la surface, le nombre d’auteurs est à peu près le même qu’au début. Adeline Beaux: Adeline Beaux, directrice du Salon du livre. Pierre-Marcel Favre, le fondateur. PMF: pour retrouver des amis, entre copines pour écouter une personnalité. Isabelle Falconnier et moi tenons beaucoup à perpétuer cette idée de fête du livre pour tous: chacun de nous a dans sa bibliothèque aussi bien des romans que des livres de cuisine, des polars, des BD, des livres de photos, des guides de voyages, des livres pour enfants ou des cahiers de vacances… sort du commun et j’ai hâte d’aller y raconter un dîner de Noël en famille. Il y aurait encore les rencontres Philo, que je ne raterais pour rien au monde, le concert d’Oxmo Puccino de vendredi, les duels dessinés de Vigousse…Je n’aurais jamais assez de 5 jours pour tout voir. Quel cas en 1986 et que dire de l'évolution Avec les années, le public du salon a-t-il évolué? Il n’y a pas un public, mais heureusement, des publics. Genève d’abord, la Suisse romande et la France voisine ensuite. Beaucoup de familles. Il y a une certaine continuité. Précisément, le Salon du livre a depuis le début été ouvert à tout un chacun et pas seulement aux grands lecteurs. C’est un salon très familial, les gens y viennent avec leurs jeunes enfants, PMF: AB: était première l’événement édition en phare 1987 et de quel la est celui de 2016? La foule. L’essentiel, c’était que cela marche, que le grand rassemblement fonctionne. Ce fut le cas. Personnellement, je suis fière de tous les projets que nous avons menés à terme et j’ai une immense reconnaissance pour ceux qui les ont rendus possibles. Cette année, les expositions que nous proposons sont particulièrement exceptionnelles, c’est incroyable. La fabrique aussi PMF: AB: Les différentes scènes présentes au salon témoignent d'un marché du livre relativement diversifié. Était-ce déjà le de ce marché? J’ai publié, parallèlement au salon, 1700 livres. Il y a, aujourd’hui comme hier, des livres pour enfants, des essais, des romans, des beaux livres, etc. Il y a évolution sans rupture. Hormis le genre «young adult» qui n’existait pas comme phénomène massif d’édition, oui, toutes les thématiques étaient abordées. 30 ans ce n’est pas si loin! PMF: AB: 13 salondulivre.ch Helvetiq, quizz ludiques Par Romain Michaud QITEVLEH HELVETIQ vous aurait permis de répondre aux questions de l'intro:du 3 au 29 novembre 1847, Stans et la viande séchée. En quelle année a eu lieu la guerre du Sonderbund ? Quel est le chef lieu de Nidwald ? Quelle est la spécialité des Grisons ? Vous séchez ? Voilà déjà 8 ans que l’entreprise HELVETIQ a sorti son premier jeu «Tour de Suisse». Un succès parti de l’expérience de son directeur et inventeur Hadi Barkat, suite à la préparation de son examen de connaissance pour la naturalisation suisse. «Je ne savais pas comment réviser. J’ai utilisé internet et des manuels scolaires. J’ai eu cette idée de jeu, car je voulais apprendre de manière ludique et je me suis rendu compte que mes amis suisses ne connaissaient souvent pas les réponses à ces questions ou les avaient oubliées», explique Hadi Barkat. Depuis ce premier opus, la société s’est professionnalisée. Elle compte aujourd’hui sept personnes à temps plein et travaille dans tous le pays. «On se développe aussi à l’international. Nous créons des jeux dans des boîtes d’allumettes géantes qui ont beaucoup de succès. Nous sommes présent dans une quinzaine de pays», raconte Hadi Barkat. HELVETIQ continue ponctuellement de sortir de nouveaux livres et de nouveaux concepts, comme «Pictolingua». Un jeu de vocabulaire sur des mots à décliner en cinq langues (Allemand, Français, Italien, Romanche et Anglais). Si vous êtes plutôt géographie, vous pouvez jouer à «Cantuun» et parcourir les cantons suisses sur un plateau, en répondant par exemple à des questions sur la charmante ville de Stans dans le canton de Nidwald. Pour les amoureux des cimes, une création sur les montagnes est en cours de préparation. Des quizz pour Monsieur ou Madame «Je sais tout»? L’inventeur s'en défend: «Nos jeux sont pensés pour des joueurs occasionels. Les questions ne demandent pas de savoir préalable. Nous voulons que les gens apprennent en profitant de la vie. Ce sont des jeux familiaux, il faut que les enfants puissent battre leurs parents.» Présentation et démonstration des jeux Helvétiq, le mercredi 27 avril de 09h30 à 19h00 à L’îlot Jeunesse (E531) 14 27 avril 2016 Critiques littéraires 2.0 Par Où écrivez-vous? Steve Riesen redienhcS kuonA Enseignant à 80 %, c’est à son bureau que Florian Eglin consacre deux heures chaque matin à L’auteur avant les cours. avoue toutefois que pour un travail heures consécutives Le lieu rêvé pour laisser libre cours à sa plume, déjà déniché. Depuis quelque temps, il nourrit un petit fantasme. avec sa famille au Japon et écrire quelques années là-bas. «C’est SH qui m’inspire milieu des d’humour, le s'imposer sur vidéos Booktube Internet. de chats et commence Le à principe: conseiller des lectures par des vidéos. seraient nécessaires. Il rêve de s’installer Margaud Liseuse, de son vrai nom Margaud Quartenoud, parle de littérature sur Youtube depuis cinq ans. Au vraiment fructueux, quatre Florian l’a RD l’écriture, un endroit beaucoup.» «Je puise dans l’émotion plutôt que dans l’analyse intellectuelle, témoigne Margaud Liseuse, booktubeuse fribourgeoise de 25 ans. Je pense que ce sont ma personnalité et ma spontanéité qui plaisent aux jeunes». Peu friands de critiques littéraires, les adolescents se tournent en effet vers Youtube pour remplir leur bibliothèque. «Les médias traditionnels parlent très peu de la littérature des jeunes adultes, car elle ne plaît ni à leurs journalistes, ni à leur lectorat», estime Margaud Liseuse. Comme dans le secteur de la mode, les professionnels s’intéressent désormais de près à ces nouveaux leaders d’opinion, mais Margaud tient à son indépendance. La Fribourgeoise ne se gêne pas de dire si elle n’aime pas un roman, même quand elle l’a reçu gratuitement. Libraire à temps plein, elle réalise ses vidéos sur son temps libre. Sa passion ne lui rapporte qu'un maigre argent de poche, malgré ses 30 000 abonnés. Les booktubeurs, en majorité des femmes de 20 à 25 ans, ont créé tout un univers, avec ses codes et son vocabulaire anglicisé. Ainsi, on parle de «Bookshelf tour» lorsqu’on présente sa bibliothèque ou de «Book Jar Challenge», lorsqu’on lit un livre que l'on a tiré au sort. L’atmosphère se veut enjouée et divertissante. «J'essaie de rendre mes vidéos un peu interactives. Je passe notamment beaucoup de temps à répondre aux commentaires, cela permet d’impliquer mon public.» De 10h à 11h30, Margaud Liseuse partage ses astuces de Booktubeuse à l'espace young adult. salondulivre.ch 15 Les serial-killers décortiqués Par Noémie Matos Stéphane Bourgoin, interrogeant le "tueur vampire d'Eustis" Roderick Feller, le plus jeune condamné à mort de Floride, 2008. Tous les seront secrets livrés Stéphane des dès Bourgoin, tueurs en série aujourd'hui écrivain par français spécialiste dans l'étude des tueurs en série. Rendez-vous sur la scène du crime. Deux millions de livres vendus, 77 criminels interviewés, une bonne centaine d'invitations à des émissions de télévision... Il faut dire que Stéphane Bourgoin s'y connaît en matière de serial-killers, crimes sanglants et enquêtes policières: sa femme a été sauvagement assassinée en 1976. D'écrivain à enquêteur, la frontière est ténue. L'auteur précise: «J’ai une position atypique. Je ne suis pas officier dans la police judiciaire, mais j’ai notamment travaillé comme consultant du FBI sans pour autant intervenir sur des enquêtes criminelles». Il a aussi enseigné au Centre national de formation de police judiciaire. Du côté littéraire, le Français a multiplié depuis 1992, les essais sur les plus grands criminels, tels que Jack l'Eventreur ou l'Ogre de Santa Cruz. Sa dernière actualité? Une contribution à True Crime, une revue sous forme d’ouvrage collectif, rassemblant les plumes de neuf auteurs parmi les plus connus des faits-diversiers. Parmi eux: Frédéric Ploquin (aussi présent au Salon du livre vendredi), grand reporter, et Frédérique Lantieri, actuelle présentatrice de l'émission «Faites entrer l'accusé». Stéphane Bourgoin y raconte la fascinante histoire de «Sévé», alias «le cannibale du Comminges». En l’espace de 13 ans, ce premier serial-killer français avait perpétré 22 agressions sexuelles et meurtres à connotation pédophile… et aussi fétichiste: «Il avait l’habitude d’emporter après ses actes des vêtements ou des rubans de ses victimes.» Pour Stéphane Bourgoin, coucher ces histoires sanglantes sur le papier, «cela me permet de mettre une distance par rapport à l’horreur des sujets qui me préoccupent. Car c’est stressant, voire violent d'effectuer des centaines d’heures d’entretien avec de grands criminels». A travers ses écrits, il souhaite comprendre et vulgariser ces actes innommables. «Je pense avoir apporté ma pierre à la connaissance des phénomènes criminels», estime le fin limier. Toutes les rencontres et dédicaces se déroulent sur « La scène du crime », L1230. Mercredi 27 avril de 15h30 à 16h15 : « Stéphane Bourgoin : Ma vie avec les monstres » Jeudi 28 avril, de 16h15 à 17h: "La psychologie du serial killer" - Rencontre entre Stéphane Bourgoin et Michèle Agrapart. Vendredi 29 avril, 10 h 30 - 11 h 15: "La passion du crime", lancement des revues "True Crime" et "Bon Sang". Rencontre avec Stéphane Bourgoin, Frédéric Ploquin, Danielle Thiéry et Yannick Dehée. Stéphane Bourgoin 16 27 avril 2016 C'était comment il y a 30 ans Par Delphine Riand Il y a trente ans, Daniel Pennac en avait 42. Ancien cancre du fond de la classe, il avait à cette époque troqué son bonnet d’âne pour endosser la casquette de professeur. A côté, il écrit des livres. Des livres remplis de personnages atypiques et dans lesquels on navigue à vue. C’est le cas de La Fée Carabine qui, comme le salon, affiche trente ans au compteur cette année. Publié aux éditions Gallimard, ce roman policier se fait le porte parole de l’absurde. Une grand-mère dégomme un flic à coup de pistolet automatique, la Luchini à l'affiche du téléfilm La fee Carabine en 1988 drogue coule à flot chez les seniors, les chiens sont épileptiques et on ne compte plus les morts. Benjamin Malaussène porte le chapeau de tout ce joyeux foutoir, mais c’est normal puisqu’il est bouc émissaire de métier. L’ouvrage remporte le Prix Mystère de la critique en 1988. Cerise sur le gâteau, Yves Boisset en fait un téléfilm avec un certain Fabrice Luchini. Il y a trente ans, ce dernier était moins grisonnant, mais comme l’écrit Pennac: «Vieillir, hélas […]c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour ne pas mourir jeune.» Chaque jour, la rédaction de "Vigousse" (stand 590) dessinne pour La Gazette Caroline Rutz