C`était hier Emma Daumas: "Il faut des années pour se remettre droit

Transcription

C`était hier Emma Daumas: "Il faut des années pour se remettre droit
salondulivre.ch
27 avril 2016
Le mercredi
e
La Gazette du 30
de l’Académie
salon du livre et de la presse de Genève rédigée par les étudiants
du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.
Edito par
Emma Daumas: "Il faut des années pour se
Christophe Passer
remettre droit dans ses baskets."
C'était hier
Ne croyez pas que 30 ans, ce soit un âge
de raison ou de pérennité. Vous entrez ce
matin dans un lieu des miracles. Au
printemps 1987, le fondateur,
Pierre-Marcel Favre, attendait (lire son
interview en page 12). C’était le premier
matin, et il ne savait pas, il n’avait fait
qu’imaginer et espérer. Et ce fut la foule
aussitôt, et ce fut ce stupéfiant, débordant,
ce désir de lire, de livres, de presse, de
débats.
Ne croyez pas qu’une fois lancé, cela aille
de soi. L’époque est versatile. Le chaland
est sans cesse sollicité. L’habitude peut
tuer. Il faut surprendre sans cesse, mais
aussi ne jamais oublier ce qu’on avait
rêvé. Une manifestation ouverte,
événementielle, tellement plus qu’une
grande librairie, des scènes, des thèmes,
des rendez-vous, presque un festival
désormais: voici le deuxième salon du
livre francophone du monde. Et c’est
même le seul à mériter le nom de
Pages 4 - 5
francophone: car viennent ici l’Afrique
noire et le Québec, la Suisse romande et
alémanique, Le Maghreb et Paris.
Ne croyez pas que ce ne soit pas
important. Que les débats sur le
numérique, sur l’économie de l’édition ou
de la presse soit juste des questions
Karim Slama est techniques ou les marottes des gens de
aujourd'hui au
marketing. Il s’agit du Verbe dans ce qu’il
salon pour jouer a de splendide: un chemin vers la liberté.
un extrait de son Alors 30 ans, oui, et c’était hier. Mais
spectacle consacré surtout, 30 miracles et 30 fêtes: soyez les
à Titeuf.
bienvenus.
Après la cruauté télé de la Star Ac’ , Emma Daumas vient agiter la galaxie des livres.
La chanteuse publie ce printemps Supernova (ed. Scrineo), son premier roman. La
jeune femme raconte l’histoire
d’Annabelle,
une adolescente qui rêve de devenir
célèbre. Toute ressemblance avec un personnage, etc. Interview.
Profileur
Stéphane Bourgoin
décortique la
logique des tueurs
en série sur la
scène du crime .
Page 15
Spectacle
Pages 2-3
2
27 avril 2016
Grâce à Karim Slama, Titeuf
Par
Sommaire
04 06 -
Sandra Hildebrandt
Emma Daumas fait tomber les etoiles
«Ceux qui payent, c’est
ceux qui
restent sur place»
08
- L'Agenda
11 12 13
14
16
«30 ans, ce n’est
pas si loin»
- Helvetiq, quizz ludiques
- Critiques littéraires 2.0
xenA neitsabéS
15
Taubira, une femme libre
- Les serial-killers décortiqués
- C'était comment il y a 30 ans
Karim Slama s’empare
Impressum
Editeur
en
Amélie Rossé,
Pauline Rumpf,
presse de Genève -
Marielle Savoy
Rédacteur en chef
Christophe Passer
Journalistes
Académie du journalisme et des médias
de l'Université de
Neuchâtel:
de l’embléma-
tique personnage de Titeuf, transformé
Salon du livre et de la
Palexpo SA
Karim Slama amène Titeuf sur scène avec un spectacle de marionnettes.
ampleur.
aujourd'hui
Correcteur
pour
un
spectacle
Il
au
en
joue
salon,
un
avant
extrait
ses
pas-
sages à Lausanne en septembre, puis
Fanny Sarfati
Impression
Imprimeries Saint-Paul
Fribourg
Maquette
marionnette,
unique dans sa forme comme par son
MagTuner
Johnathan Caldwell
Maxime Fayet,
Produit par
Sandra Hildebrandt,
Start up fribourgeoise
Noémie Matos,
qui met à dispostion de
Romain Michaud,
la Gazette son système
Delphine Riand,
rédactionnel en ligne.
Steve Riesen,
www.magtuner.com
partout en Suisse romande.
Le comédien et humoriste lausannois
Karim Slama présente au Salon du livre
«Titeuf, le Pestacle». Un projet qui évolue
depuis maintenant trois ans et demi,
lorsque Zep, séduit par l’envergure du
projet, a confié à Slama sa progéniture à
la mèche blonde. Une première histoire a
d’abord été écrite, avant que le comédien
ne décide de la réécrire complètement, au
mois de septembre dernier.
L’univers imaginé par Zep s’y retrouve
totalement: une génération est née avec
ce mouflet qui n’aime pas l’école, se fait
embêter par son ami Hugo et dont les
avances sont refusées par la belle Nadia.
Une vie simplement pô juste… Une
opportunité saisie par Karim Slama, qui
donne la possibilité à Titeuf de dessiner et
contrôler sa vie. «Il s’agit d’une des
choses les plus difficiles; m’emparer de
ce qui ne m’appartient pas et en faire
quelque chose à ma manière», avoue-t-il.
«La scénographie permet de représenter
Zep qui dessine et d’un coup, c’est Titeuf
qui se retrouve avec le crayon dans sa
main et prend les commandes de son
destin, avant que tout ne se complique»,
révèle-t-il. Slama emmène Titeuf dans une
aventure. Ce pestacle, c’est le mythe du
héros, une mécanique inexistante dans
les bandes dessinées. «Il me fallait un
enjeu, du suspens, quelque chose
d’adaptable
au
théâtre».
3
salondulivre.ch
prend désormais vie sur scène
L’histoire raconte à la fois le rapport de
Titeuf avec son créateur – vu qu’il prend
le chemin sur lequel le dessinateur le met
– et la cession du jeune blond à Karim
Slama. «Zep me file le volant pour que je
conduise un moment, le temps d’un
spectacle».
Le Lausannois apprécie la confiance
«magique» de l’auteur, mais aussi des
éditions Glénat. Si le premier texte se
nourrissait des confrontations et des
discussions sur le fond entre les deux
intéressés, Zep a ensuite décidé de lui
laisser la liberté. Faute de temps, mais
également pour lui permettre de ne pas
trop reprendre l’histoire originale et y
mettre une part de lui-même. «C’est à la
fois une grande responsabilité et un
magnifique cadeau», note le comédien.
«Désormais, je profite du théâtre, de ce
que cela peut amener en plus, et apporte
ce que je sais faire».
Après avoir construit quelque chose de
solide, le Lausannois l’a soumis à de
nombreux testeurs. Des fans, pour être
sûr que les personnages correspondaient
à l’idée que les romands s’étaient faite
de leur idole, mais aussi des
professionnels. «J’ai fait appel à un script
doctor», précise-t-il. Et l’auteur de la BD?
Il a préféré garder la surprise. Un stress
supplémentaire pour Karim Slama, même
s’il avoue que «cela fait partie du deal».
«Les enfants de la BD sont représentés
«Marc Donnet Monay est, par exemple,
rapidement devenu une évidence. Quand
il a demandé à ses enfants qui ils
pensaient qu’il allait jouer, ils ont
directement répondu: le papa», relate
Karim Slama.
Une grande confiance avant tout
«Le fait d’avoir un humain qui parle à une
marionnette rend l’interaction encore plus
magique», s’enthousiasme Karim Slama.
Ainsi, deux lectures se font en parallèle et
les émotions non visibles sur la
marionnette peuvent être interprétées
chez le comédien.
Au total, ce sont 35 collaborateurs qui
constituent l’équipe. «C’est un immense
et très beau projet», explique avec fierté
l'initiateur du spectacle. Ce dernier se
devise à 1,2 million, tournée comprise. Le
simple coût de fabrication du décor et des
marionnettes est de 600 000 francs.
«C’est le premier grand spectacle
d’envergure autour de notre personnage
national. Il fallait le faire avant que
d’autres, à l’étranger, s’en chargent.»
Mais s’il a choisi Titeuf pour cette énorme
production, c’est aussi pour assouvir son
rêve de réunir toutes les générations au
théâtre.
Différents niveaux de lecture
Marc Donet Monay incarne le papa de Titeuf. Tous
s'accordent sur la ressemblance.
par des marionnettes de mousse, à la
Muppet Show», explique le producteur.
«C’est une sorte de binôme, les
comédiens sont visibles et assumés.» Si
le genre a déjà été pratiqué à Broadway
ou en Allemagne, il est peu connu. En
Suisse, c’est une première.
Des comédiens déguisés jouent les
personnages adultes. Un choix qui donne
de la vie, mais permet surtout de rester au
plus proche des personnages de base,
puisque les adultes sont moins exagérés
graphiquement dans l’œuvre originale.
Les comédiens ont été sélectionnés pour
leur ressemblance avec les personnages.
Karim Slama sera présent mercredi 27 avril de 16h à
16h30, sur la scène de la BD pour présenter le spectacle.
Trois moments forts de la Bande Dessinée
Performance dessinée
de Jean-Philippe
Kalonji
Projection de dessins
animés
Zep - Rencontre Vendredi de 17h00 à
17h45, L'apostrophe
Interview dessinée
Mercredi de 11h45 à
13h15, scène de la BD
-
Mercredi de 13h30 à
Samedi de 11h à 11h45,
14h, scène de la BD
scène de la BD
Un programme de dessins animés mêlant
Auteur des 365 Samouraïs ou, plus récemment
L'auteur de Titeuf répond aux questions du
le Petit Spirou, Yakari et Boule & Bill
de In Bed, le Genevois Jean-Philippe aime
public par la parole ou par le seul biais du dessin.
ainsi que Kid Paddle et Titeuf est prévu.
dessiner en direct.
Un performance unique en son genre.
4
27 avril 2016
Emma Daumas fait tomber
Par
Amélie Rossé
C'est tout un cheminement qui part de
l’écriture musicale. J’ai toujours écrit des
chansons mais je me suis souvent
reposée sur les auteurs et je développais
plutôt mes qualités d’interprète. Mais le
texte m’appelait. En 2011, je me suis
remise en question et je suis revenue à
mes fondamentaux. Je suis allée frapper à
la porte de Maxime Le Forestier que
j’appréciais et qui a toujours posé un
regard bienveillant sur moi. Il m’a redonné
la flamme qui me manquait. J’ai fait un
stage avec lui durant quelques mois. De
textes de chansons, aux fables, en
passant par les contes pour enfants, je me
suis rendu compte que j’élargissais peu à
Pourquoi la forme romanesque?
«Je suis revenue à
mes fondamentaux»
Emma
son
Daumas
premier
présente
roman.
aujourd’hui
La
chanteuse
révélée il y a 14 ans par l’émission Star
Academy
Avec
sort
maintenant
Supernova,
l'expérience
télé
Interview
avec
sensible
et
elle
qui
cette
pleine
la
plume.
revient
l'a
sur
bouleversée.
jeune
de
femme
charme.
Vous
publiez
ce
printemps
votre
Mon premier réflexe a été de le ranger
dans ma bibliothèque. C’est une
satisfaction d’être allée au bout de ce
projet. On a l’impression d’avoir gravi un
sommet. Quand on vient de la chanson,
un roman ça semble ambitieux mais
finalement, j’ai réalisé que c’était naturel.
premier ouvrage, que ressentez-vous?
Des étoiles qui s'effondrent sur elles-mêmes
Supernova, c’est
l’histoire
de la jeune Annabelle, 16 ans,
qui rêve de devenir une célébrité. Repérée par un
producteur, elle s'envole à Paris. Auditions, séances
photo, tout s'enchaîne très vite. Annabelle est
sélectionnée pour participer à Starcatcher, une émission
de télé-crochet en vogue. C'est alors que tout bascule.
peu mon territoire. Puis j’ai rencontré mon
éditeur qui m’a dit que mon histoire était
intéressante, que la sur-médiatisation était
un réel phénomène de société. J’ai
tendance à croire que quand on lâche
prise, il se passe des choses.
Le livre raconte l’histoire
d'Annabelle.
Quels sont les points communs entre
J’ai remarqué que de nombreuses
personnes se posaient la question (rires).
J’ai essayé de me détacher le plus
possible d’elle, et donc de mon
expérience. Annabelle est un personnage
de fiction qui me ressemble sur certains
points pour rendre le roman crédible. Je
suis partie de bases communes: une
jeune fille de province, qui enchaîne les
concours et rêve de percer dans la
chanson. Ce qui était intéressant après
c’était d’exacerber les processus, de les
exagérer. Il y a une ambiguïté que
j’assume, une sorte de schizophrénie
entre elle et moi. Dans mon histoire,
Annabelle devient Bella. Il s’agit d’un
vous et elle?
salondulivre.ch
5
les étoiles
avatar, un moi idéal qu’on se crée quand débats.
on entre dans ce système et qui, à un
moment donné, explose.
Ce fut pour moi une expérience
Il est passé par plusieurs formes. Je bouleversante, car très extrême. Du jour
pense qu’il ressemblait à une ado au lendemain, on s’arrache de son milieu
révoltée, arrogante. Un peu trop sûre de naturel pour être placé dans un
son pouvoir peut-être (rires). J’essayais environnement totalement surfait. Tout
de trouver ma place comme quelqu’un de change brusquement: le regard des
fort, alors qu’au fond, j’ai fini par autres, de notre famille, et le rapport
comprendre que j’étais fragile et sensible. qu’on porte sur le monde. Je me suis
sentie déracinée. Il faut des années pour
se remettre droit dans ses baskets
Oui, je me suis dit que j’étais dans la
caricature de moi-même. Contrairement à
Annabelle, je n’ai jamais accepté de faire Je pense plutôt que c’est un point de vue.
des choses que je n’avais pas envie de Je ne cherche pas à être moralisatrice du
faire. Moi j’ai su dire «non». C’est la tout, je retransmets une expérience telle
preuve qu’au fond de moi, je savais que que je l’analyse et telle que je l’ai vécue.
je me mentais à moi-même. Le D’autres la vivent différemment.
personnage d’Annabelle, c’est le résultat Effectivement, ça peut toucher certaines
d’observations plus générales. Je personnes. Le message serait peut-être
m’inspire en effet des pop stars actuelles qu’il est important de ne pas se perdre de
personnalités qui au départ fédèrent puis vue, de ne pas adopter des postures pour
plaire auxautres et de rester attaché à ses
valeurs, rester droit et juste.
Aujourd’hui,
quel
regard
Si mon livre
devenait un film
portez-vous
sur votre expérience à la Star Ac’ ?
Votre avatar, à quoi ressemblait-il?
Mélissa Pollien
Vous aviez l’impression de ne plus être
vous-même...
C'est donc une mise en garde?
Un
roman
album
le
aujourd’hui,
mois
un
prochain...
nouvel
seront les prochaines étapes?
Alors la Star Ac',
c'était bien?
Pourquoi
avez-vous
souhaité
revenir
sur le thème du télé-crochet?
L'espace young adult
Supernova, premier roman d'Emma Daumas
à découvrir aux éditions Scrineo
à l'îlot jeunesse, de 10h30 à 12h.
Quelles
Pendant toutes ces années d’exploration
question:
et de recherche, j’ai pu travailler sur des
projets très différents notamment en art
»
contemporain. Ça a ouvert le champ de
ma conscience. J’ai par exemple travaillé
sur une performance et sur un film d’art
en tant que chanteuse et comédienne.
finissent par exploser en vol.
Aujourd’hui, je remarque que j’ai très
envie de faire des ponts entre les genres.
J’ai compris que mon métier avait cette
puissance de pouvoir lier tout ça, de créer
C’est mon éditeur qui m’a lancé sur le des passerelles. Je suis quelqu’un qui
sujet. C’est vrai qu’il me suit et me suivra marche à la rencontre et je suis prête à
toujours. Il n’y a pas une seule fois où l'on tout tester.
ne me parle pas de la Star Ac’ ! J’en
avais un peu marre qu’on me pose
toujours la question «Alors, c’était bien?».
J’avais l’impression qu’on réduisait mon
expérience à certains faits. Pour moi,
Mercredi, 15h - 16h30 - N1460
c’était des sentiments bien plus ambigus
et complexes que ça. Désormais,
j’assume ce parcours et en faire en
roman, c’était l’occasion de réorienter les
qu'on me pose toujours la
RD
«J'en avais un peu marre
La Vaudoise de 18 ans dédicace son livre fantastique
Quelle musique imaginez-vous pour
J'imagine une musique plutôt épique,
comme la bande-son de Narnia. Une
musique de rock irait aussi bien avec les
dragons.
accompagner «Le Royaume de Makorren»?
Le personnage principal de mon oeuvre
est une reine. J'imagine tout à fait
Helena Bonham Carter dans ce rôle, que
j'avais beaucoup aimé dans les films
d'Harry Potter.Elle dégage de la force et
du mystère à la fois.
De quel acteur rêveriez-vous?
Quel réalisateur pourrait adapter votre
Sans hésitation, Tim Burton! Il sait
rendre justice à la magie, sans la rendre
infantile.
livre au cinéma?
Je serais sûrement un elfe discret, caché
au milieu d'une foule.
Si vous deviez faire un caméo...
6
27 avril 2016
«Ceux qui payent, c’est
Par
ceux
Pauline Rumpf
Slavutych,
2016:
photojournaliste,
raconter
toutes
la
vie
pièces
Niels
il
de
pour
Akermann
a
la
décidé
ville
créée
travailler
sur
transformer les images, il a donc fallu
travailler sur les jeux de lumière pour
éviter d’envoyer mes sujets en prison…
est
de
de
la
centrale après la catastrophe.
Est-il difficile de garder de la distance
C’est très difficile de jouer entre proximité,
voire amitié, et distance journalistique. On
vit les choses ensemble, s’ils se bourrent
la gueule, je bois avec eux, c’est la clé
pour accéder à des moments intimes et
forts. Il y a d’ailleurs plusieurs photos que
je ne me souviens même pas d’avoir
prises! J’ai fait un petit calcul: j’ai bu
seize litres de vodka et de cognac pour ce
projet. Maintenant je ne bois plus d’alcool
du tout!
Mais c’est vrai que j’ai parfois dû garder
Tchernobyl. Et ceux qui payent, c’est mes distances. Yulia, l’héroïne de mon
ceux qui restent sur place.
livre, je la connais mieux que son ex-mari!
Lorsqu'elle préparait son mariage, j’ai
décidé d’aller à l’hôtel plutôt que de
continuer à vivre chez eux.
Très rapidement, j’ai senti que j’avais
une grande responsabilité. Eux ne m’ont
jamais censuré et je ne me suis pas limité
lors de la prise de vue, mais à l’étape du Non. Quand je suis arrivé Yulia était
choix, il a fallu faire attention. Par adolescente, elle était très proche de Kiril,
exemple, j’ai fait une image d’un vodnik, et moi j’ai développé des liens très forts
un bricolage à base de bouteilles de Coca avec les deux. Je l’ai vue évoluer très
qui leur sert à fumer du cannabis. Mais la vite, puis quand elle s’est mariée avec
drogue est très réprimée en Ukraine. En Zhenya, elle et Kiril ont arrêté de se parler.
tant que photojournaliste, je n’ai pas le Au milieu d'eux, j’étais comme un enfant
droit d’effacer des éléments ou de de parents divorcés, à faire la navette
avec le terrain?
Quel est le but, le message de votre
Qu’avez-vous
découvert en arrivant en
Je suis tombé amoureux de ce pays.
C’est un peuple très généreux et très
ouvert, notamment dans leur rapport à
l’image. Parfois même un peu trop. Ça
me fait peur pour eux, car à l’inverse de la
Suisse où il y a une parano complète, en
Ukraine il y a une grande candeur face au
photographe. Selon qui tient l’appareil et
ce qu’il a envie de raconter, cette attitude
peut vraiment les desservir, sutout quand
on parle de sujets polémiques comme
Ukraine?
okiemuhS annA ©
30 ans après Tchernobyl, je voulais
retourner l’appareil à 180 degrés.
D’habitude on se tourne toujours vers le
passé, mais là, au travers d'une histoire
de vie et d’amour, j’avais l’opportunité
de mettre le focus sur l’avenir. Je ne peux
pas prédire qu’il sera grandiose, mais je
trouve qu’il faut faire confiance à la
jeunesse ukrainienne, qui ces dernières
années a tellement contribué à l’avenir de
son pays. C’est un message d’ouverture,
optimiste.
livre?
Niels Ackermann, photographe genevois.
Vous avez donc dû parfois retenir votre
appareil photo?
Est-ce
que
ces
trois
années
déroulées comme prévu?
se
sont
7
salondulivre.ch
qui restent sur place»
entre les deux pour pouvoir continuer à
raconter leurs deux histoires.
La
vie
de
vos
personnage
a-t-elle
Oui, notamment celle de Yulia. Slavutych,
c’est une ville aux horizons limités, tant
géographiquement que dans le temps.
Mais pour l’instant, il y fait bon y vivre et
cela suffit pour la plupart des gens qui
vivent là-bas. Pourtant cette fille a des
envies bien plus grandes; je pense que ce
livre l’a aidé à se poser des questions sur
qui elle est et ce qu’elle deviendra après
la fin des travaux à Tchernobyl.
changé à cause de votre présence?
31idnuL / nnamrekcA sleiN ©
Gaëtan Vannay connaissait très bien
l’Europe de l’Est, il avait été
correspondant à Moscou pour la RTS.
J’ai vite compris qu’il avait la même
compréhension du pays que moi. Je l’ai
donc emmené à Slavutych sans rien lui
dire, pour ne pas l’influencer, et on a
constaté qu’on avait fait les mêmes
observations, les mêmes constats. A partir
de là seulement, je lui ai donné mes notes
pour qu’il puisse écrire le texte.
Comment s’est passée l’écriture?
Légèrement. Je suis d'un naturel optimiste
et Gaëtan est plus pessimiste pour
l’avenir de la ville et des jeunes qui y
vivent. Dans le livre, on sent cette tension
entre mes photos et son texte, entre nos
deux
visions
du
monde.
Avez-vous eu des divergences?
Qu’allez-vous
faire maintenant que le
Je reste en Ukraine. Je vois que ce projet
est très bien accueilli et ça m’encourage
car j’ai encore plein d’histoires à raconter
à propos de ce pays.
projet est terminé?
Mieux qu'un témoignage, des photos pour un avenir possible
Après 3 ans de voyages à Slavutych, la ville créée après la
L'Ange Blanc, Niels Ackermann et Gaëtan Vannay,
Editions Noir et Blanc
catastrophe de Chernobyl, le photojournaliste Niels
Ackermann raconte l'histoire de Yulia et de ses amis, qui
travaillent dans l’ancienne
centrale. Les travaux seront
finis en 2017, et personne ne sait vraiment ce qui arrivera
aux 2500 emplois de la ville après cette date.
Niels Ackermann sera mercredi à 14h sur la scène
philo. Il sera aussi présent vendredi et samedi.
8
27 avril 2016
L'agenda
L'apostrophe
La place du Moi
La place suisse
Le pavillon des
Le Salon africain
cultures arabes
Créer avec Minecraft avec Le temps de la douceur
Stéphane Pilet
10:00 - 11:30 - Animation
11:00 - 12:00 - Atelier
Françoise Dorn
Je parle le suisse !
10:30 - 11:45 - Animation
10:00 - 12:00 -
Contes
Halima Hamdane
Virginie Borel
François Lévesque,
fantastique Québec
Qu’est-ce donc qui nous
fait tant courir ?
12:00 - 13:00 - Rencontre
Nicolas Duruz et Michael
Claude Torracinta
12:00 - 13:00 - Rencontre
Elisabeth Barillé, entendre
d’une oreille
Balavoine
Michel Tabachnik, la
musique de sa vie
Gaëtan Cousin et Isabelle
13:00 - 13:45 - Rencontre
14:00 - 14:30 - Rencontre
Le bien-être émotionnel
Henzi
Atelier philo
14:00 - 15:00
Nancy Huston, un
arc-en-ciel de violences
14:45 - 15:30 - Rencontre
Frédérique Deghelt, le
nouveau roman !
15:45 - 16:30 - Rencontre
Solo avec Claude
Torracinta
Parrains&Poulains
13:00 - 14:00 - Rencontre
13:00 - 14:00 - Conférence
Initiation à la calligraphie
arabe
Exposition de calligraphie
arabe
10:00 - 19:00
Abderrazak Hamouda
Claude Naba et Aliou Sow
Rania Samara
Stéphane Bovon, Jon
Kaouther Adimi, Lamia
Ferguson, Jean-Luc Fornelli,
Berrada-Berca et Abdellatif
La méditation dans la
nature
Alain Freudiger, Pierre-Yves
Chaouite
Alexandra Dechezelle,
Olivier Morattel
Lador, Frédéric Valloton,
M. Admonk Casimir et
Philippe Roch, Claire
Patrick Morier-Genoud
Le papa de Solal fait son
show !
16:00 - 16:30 - Lecture
Florian Eglin
Apéro futuriste !
André Ourednik, Olivier
Sillig et l’équipe
Je positive...
17:00 - 18:00 - Rencontre
Yves-Alexandre Thalmann
et Pascal Schouwey
Hélas
Hélice
Récits de voyageuses
européennes en Orient
Ons Debbech, Fawzia
Programme sous réserve
de modifications.
Felwine Sarr et Anthony
Mangeon
Les nouveaux passeurs
14:45 - 15:30 - Débat
Une heure avec Christiane
Taubira
16:00 - 17:00 - Rencontre
(en dédicace
Zouari et Rania Samara
15:00-16:00)
18:00 - 18:45 - Projection
17:15 - 18:00 - Table ronde
ONORIENTOUR, un
voyage d’Orient post
Printemps
Hajar Chokairi,
Oumayma Ajarraï et
Servanne Briand
Vernissage Exposition de
calligraphie
18:45 - 19:00
Younès Ajarraï
suivies de dédicaces.
L’héritage philosophique
James Noël et Laure Leroy
Abderrazak Hamouda et
Toutes les rencontres sont
LaRéus Gangouéus, Jean-
16:45 - 17:45 - Débat
de film
16:30 - 18:00 - Animation
Le patrimoine numérique
13:30 - 14:15 - Table ronde
Laurence Courvoisier
Emmanuel Delessert et
Felwine Sarr
Chaouite, Younès Ajarraï et
La puissance de l’écoute
Catherine Braillard,
Kacou Parfait Diandué et
Lamoth, Bruno Pellegrino et
Mémoires et identités en
Stéphane Bovon & Friends littérature diasporique
Confiance en soi
Anthony Mangeon, Bi
Julie Guinand, Frédéric
15:00 - 16:00 - Animation
16:00 - 17:00 - Rencontre
Le devoir de violence
Jacques Kobenan, Jean-
14:00 - 16:00 - Dédicace
Melissa Pollien et Paul
Béorn: écrire la fantasy
13:00 - 13:30 - Table ronde
11:00 - 11:45 - Débat
Nouri Al-Jarrah, Abdellatif
Very Road Trip (Route 66)
14:00 - 15:00 - Rencontre
15:30 - 16:30 - Débat
Morier-Genoud
10:00 - 11:30
et Koffivi Assem
12:15 - 13:00 - Débat
14:00 - 15:00 - Rencontre
Cornélia de Preux
Tiberghien et Patrick
Si l’Afrique m’était contée Atelier Booktube
avec Margaud Liseuse
10:00 - 10:45 - Animation
Du récit de voyage aux
écrivains des diasporas
Eugène et Guy Chevalley
Jean-Paul Mongin
15:00 - 16:00 - Rencontre
young adult
Anani André-Pierre Accoh
10:00 - 18:00 - Atelier
12:00 - 12:45 - Rencontre
L'espace
Le Sénégal littéraire
Kadhi Hane et Felwine Sarr
L’engagement littéraire
de Mongo Beti, héritage
assumé ?
18:15 - 19:00 - Table ronde
Odile Biyidi, Awala Tobner
et Ambroise Kom
“Supernova” avec Emma
Daumas
14:00 - 14:30 - Table ronde
Remise du Prix RTS Ado
2016
15:00 - 16:30 - Animation
salondulivre.ch
La scène de la BD
9
La place du voyage
La scène du crime
La scène philo
La cuisine des
livres
Projection de dessins
animés
11:45 - 13:15
Randonnée dans les Alpes Viens inventer ta propre
enquête !
10:00 - 10:45 - Rencontre
10:00 - 12:00 - Atelier
Vincent Tornay
Christine Pompéï
Performance dessinée
13:30 - 14:00 - Animation
Jean-Philippe Kalonji
Sans les cordes : le défi des
alpinistes en solo
Joseph Incardona,
Monsieur Polar
11:00 - 11:45 - Rencontre
14:15 - 14:45 - Animation
Bénédicte et Sjöstedt
Projection de dessins
animés
Eva Rittmeyer
Gabet
11:00 - 12:00 - Animation
Tchernobyl 30 ans après
15:00 - 17:00 - Animation
Enrobage de Pop cakes,
3 chocolats et décorations
Lia Rosso
14:00 - 14:45 - Débat
14:30 - 15:15 - Table ronde
Noir, couleur locale
Kourkov et Luc Debraine
Claude Marthaler
Olivier Chapuis,
15:00 - 15:45 - Rencontre
Photographe des champs
de bataille
13:00 - 13:45 - Rencontre
Horn, Francis Parel,
Clapase
Jean-Pierre Gabriel et Sylvia
Du vélo à Cuba
12:00 - 12:45 - Rencontre
La vie entre ses Mains
10:00 - 11:00 - Débat
Catherine Christodoulidis et
Niels Ackermann, Andreï
Marie-Christine
15:00 - 15:45
Association Pro Philo,
La cuisine à travers un
livre, toute une aventure
13:30 - 14:30 - Conférence
13:30 - 14:15 - Rencontre
Gilles Chappaz
Le duel dessiné de
Vigousse
Philosophes en herbe
10:00 - 11:30 - Animation
Fabrique ton marque-page!
14:00 - 15:00 - Atelier
Lorsque l’oenologie
rencontre la parfumerie
17:00 - 17:45 - Conférence
Le droit peut-il
être raciste ?
Le Pituicyte - Une cellule
pour une amie
Richard Pfister et Sylvia
Gabet
Aurore Sénézergues
La vie entre ses Mains
14:00 - 15:00 - Débat
Jean-Marie Reber
Raymond Spira et
et Marc Voltenauer
Jacques Poget
Clapase
Stéphane Bourgoin : ma
vie avec les monstres
16:00 - 16:45 - Rencontre
Moïse a-t-il réellement
existé ?
15:00 - 15:45 - Conférence
Yan Morvan
Karim Slama évoque
Titeuf le pestakle !
16:00 - 16:30 - Rencontre
Karim Slama
15:30 - 16:15 - Rencontre
Voyage poétique d’un
mannequin en Inde
14:00 - 14:45 - Rencontre
Arthur Grossmann
Paroles & dessins
Frankenstein sur Léman
Martine de Rosny
Thomas Römer et
La Traversée du
microscope
6:00 - 17:00 - Animation
Eléonore Sulser
16:45 - 17:15 - Rencontre
Frank Margerin
Le voyageur aveugle
15:00 - 15:45 - Rencontre
Lia Rosso
Jean-Pierre Brouillaud
Projection de dessins
animés
18:00 - 19:00 Lecture
17:30 - 19:00
Voyage historique au
Canada
16:00 - 16:45 - Rencontre
Catherine Fuchs
Anne Forrest-Wilson
et Monique Proulx
www.swizma.ch
10
27 avril 2016
Assises de l’édition
francophone
Cercle de la
L'îlot jeunesse
La CICAD
«Le numérique et le secteur
La Tunisie
de l’édition:
Librairie et de
de la modernité ».
l'Edition Genève
Lecture La
voie des coeurs nomades
14:00 - 15:00 -
A.L.
10:00 -
11:00 -
Mathe Keller raconte
Pablo Neruda
Atelier La Family
La fabrique des préjugés
racistes
10:00 - 11:30 - Atelier
de l’atelier
Le Petit
Montessori (de 3 à 6 ans)
12:00 -
Atelier dessin
par Bruno Doutremer
Inauguration du nouveau
Atelier lecture et
stand du Cercle
chant
« Mon papa est un soleil »
par Johan Leynaud (dès 2
Dessiner pour vaincre les
préjugés
11:00 - 12:00 - Atelier
Franck Dumouilla et David
Mazzolini
Votre prénom en
calligraphie
11:30 - 13:30 - Animation
Shinta Zenke
ans)
Animation
Mascotte Loup
"Les petites toques"
Mini concert
ambiance americana-slave
Les carnets de Lieneke
Remise du prix
Enfantaisie 2016
La fabrique des préjugés
Animation
racistes
Mascotte Loup
Atelier jardinage
Dessiner pour vaincre les
préjugés
Animation
Mascotte Loup
Atelier philo
Le judaïsme pour les
«nuls»
14:00 -
culinaire
Karin Rivollet
14:30 -
13:00 - 14:30 - Atelier
15:00 -
Emmanuelle Wolff
par Jean-Marc Richard
13:30 - 15:00 - Atelier
15:30 -
Véronique Delille
16:30 -
14:30 - 15:30 - Atelier
« J’aime
ma planète » (de 5 à 12 ans)
Franck Dumouilla et David
17:00 -
Mazzolini
15:30 - 17:00 - Table ronde
17:30 -
par Jean Paul Mongin
Eric Ackermann
Claude Lanzmann
17:30 - 18:30 - Dédicace
Programme sous réserve
de modifications.
100% interactif et
participatif qui va vous en
faire voir de toutes les
couleurs !
Céramique : Les Monstres
Imen Chetouane
Accueil des
participants et petitdéjeuner
Mot de bienvenue et
ouverture des Assises de
l'édition francophone
9:15 - 9:45 -
9:45 Appartement de sept pièces
dédié aux activités
d’expression
personnelle et
Isabelle Falconnier, Pascal
Sfax, Capitale de la
Culture arabe 2016
de création différente :
Schouwey et Madame
le salon/bibliothèque bleu
l'Ambassadeur Anne
Sana Tamzini
(haïkus)
09:30 - 19:00 - Exposition
Lugon-Moulin
Etat des lieux des
métiers de l'édition à l'ère
du numérique
Résistance….tracesd’une
révolution
Qui a peur du
grand méchant livre
numérique ?
Le numérique,
formidable relais de l'écrit
Faouzia Zouari et
l’épreuve du décentrement
la chambre parentale rouge
La communication
et le marketing à l'ère du
digital: révolution!
Rencontres
LA TRILOGIE AGRAIRE:
professionelles - salle L
Le blé, l’olivier et la vigne
12:00 - 13:30 - Débat
la cuisine orange
le placard gris
les toilettes noires
la salle de bain rose
la chambre d’enfant verte
10:00 -
(recettes)
(décoration)
12:00 - 13:00 - Activité
par l’association
L’espace
09:30 - 19:00 - Atelier
16:30 - 17:30 - Animation
13:00 -
Résistance, traces d'une
révolution
09:30 - 19:00 - Exposition
Véronique Delille
par Deborah Tison
Marthe Keller et Vincent
Prezioso
Atelier lecture
par Yves Schaefer
Host
15:15 - 16:15 - Animation
panacée ou
enfer ? Le livre face aux défis
Salim Gribaâ, Sonia Kallel,
Aouatef Khadhraoui et
Mouna Jemal
11:15 -
(secrets)
(selfies)
14:30 - 15:30 - Rencontre
13:30 -
(super-héros)
15:00 -
Faouzia Zouari et Samia
Kassab-Charfi
(fantasmes)
15:30 - 16:30 - Conférence
Dès 16:30 -
Ahlem Bousaâda
Conférence dédiée aux
professionnels - sur inscription
seulement
11
salondulivre.ch
Taubira, une femme libre
Par
Marielle Savoy
RD
La venue aujourd'hui à Genève de l'exgarde des Sceaux française est l'un des
événements du Salon du livre.
Une politicienne atypique. Comment
définir autrement Christiane Taubira? A 64
ans, cette Française née en Guyane se
distingue d’une classe politique plutôt
formatée par son franc-parler et sa liberté
de penser. L’ancienne ministre de la
Justice française ne manque jamais de
surprendre par son fort caractère et un
naturel parfois déconcertant. Capable de
piquer un fou-rire devant l’Assemblée
nationale, elle est devenue aussi la reine
de la répartie politique, avec des
punchlines assassines mais toujours
subtiles. A ceux qui la traitaient par
exemple de tract ambulant pour le Front
National, elle a rétorqué : «Je trouverais
ça pitoyable si j’avais de la pitié à
gaspiller». Imparable.
Le langage flamboyant de Christiane
Taubira laisse rarement indifférent. Dire
qu'elle a le goût des mots serait un
euphémisme. Avide de littérature depuis
toute petite, elle n'a jamais songé à
renoncer à cette passion pendant qu'elle
était garde des Sceaux : «Durant presque
quatre ans, je n’ai pu lire que la nuit. J’ai
continué à le faire parce que c’est vital
pour moi» a-t-elle confié au Temps le
week end dernier. Le plaisir de la lecture a
aussi donné à Christiane Taubira celui de
l’écriture. Auteure de plusieurs ouvrages,
celle qui a longtemps été une militante
indépendantiste en Guyane a notamment
prêté sa plume à la cause noire, mais
aussi raconté sa vie et son parcours
politique. Chacun de ses livres est truffé
de références à des auteurs qu’elle
admire.
Désormais libre de son temps, Taubira est
retournée à Cayenne et s’est lancée dans
une aventure inédite: elle écrit les paroles
des chansons du prochain album de Chris
Combette, vedette locale et ami de
l'ex-ministre. Se retirera-t-elle pour autant
de la scène politique? Rien n’est moins
sûr. Son dernier ouvrage, «Murmures à la
jeunesse», rappelle qu'elle est avant tout
une femme engagée. Engagée et
courageuse, car ce plaidoyer contre la
déchéance de nationalité n’est que
l’aboutissement d’un combat qu’elle n’a
pas hésité à mener parfois contre le
gouvernement dont elle faisait partie. En
2017, cette figure de la gauche pourrait
donc faire encore parler d’elle, si elle
décidait de se lancer dans la course à la
présidentielle.
Mercredi 27 avril, scène du Salon africain
> 15h-16h: dédicace
> 16h-17h:«Une heure avec Christiane
Taubira»
Le classique que
vous rêvez de finir
«Les Mille
et Une
Nuits»
Alain Bittar est fondateur et
directeur de la Librairie arabe
"L'Olivier" à Genève. Après une
longue réflexion, car il a beaucoup
lu, il réalise : "Les Mille et Une
Nuits, je ne l'ai jamais lu en entier.
C'est quand-même le comble pour
un libraire spécialiste de la
littérature arabe! J'ai lu des analyses
Aujourd’hui,
Stéphane Bovon se fait descendre par ses potes
du texte, des ouvrages critiques, et
j'ai lu plusieurs nuits séparément,
@ la place suisse, C389, de 15h à 16h.
traite."
#idéefoireuse #surlaplacesuisse #latrilogieGérimont
#unpeusadomaso?
teyaF emixaM
#sefaitdémolirenpublic #StéphaneBovon #aimelacritique
PR
mais j'aimerais un jour le lire d'une
Les Mille et Une Nuits
Editions Libretto
12
27 avril 2016
«30 ans, ce n’est
par
pas si loin»
Delphine Riand
Le Salon du livre et de la presse fête
cette année sa trentième édition. A son
origine,
Pierre-Marcel
fondateur
des
Favre,
éditions
fameux
Favre,
à
Lausanne. Il a présidé le salon pendant
23
ans,
avant
de
laisser
sa
place
à
Adeline Beaux. Interview croisé, entre
présent et passé.
La première édition du Salon du livre
voit le jour à Genève en 1987: comment
est née cette idée?
Pour combler une
lacune. Il y avait des salons, des foires,
des festivals du livre partout dans le
monde. Et rien en Suisse.
Pierre-Marcel Favre:
Trente
ans
plus
tard,
comment
expliquez-vous le succès constant de
cette manifestation?
Le public adore le Salon
du livre, et je suis la première à le
comprendre: une telle richesse culturelle
rassemblée en un seul endroit! Des livres
et des auteurs, bien sûr, mais aussi des
expos inédites, des ateliers, la Fabrique,
la Chasse au Trésor…ce salon regorge de
propositions, impossible de s’y ennuyer.
Trente ans plus tard, l’esprit du
salon reste le même: servir les auteurs,
servir le livre. L’événement a connu
quelques changements, mais le nombre
de visiteurs, la surface, le nombre
d’auteurs est à peu près le même qu’au
début.
Adeline Beaux:
Adeline Beaux, directrice du Salon du livre.
Pierre-Marcel Favre, le fondateur.
PMF:
pour retrouver des amis, entre copines
pour écouter une personnalité. Isabelle
Falconnier et moi tenons beaucoup à
perpétuer cette idée de fête du livre pour
tous: chacun de nous a dans sa
bibliothèque aussi bien des romans que
des livres de cuisine, des polars, des BD,
des livres de photos, des guides de
voyages, des livres pour enfants ou des
cahiers de vacances…
sort du commun et j’ai hâte d’aller y
raconter un dîner de Noël en famille. Il y
aurait encore les rencontres Philo, que je
ne raterais pour rien au monde, le concert
d’Oxmo Puccino de vendredi, les duels
dessinés de Vigousse…Je n’aurais jamais
assez de 5 jours pour tout voir.
Quel
cas en 1986 et que dire de l'évolution
Avec
les
années,
le
public
du
salon
a-t-il évolué?
Il n’y a pas un public, mais heureusement, des publics. Genève d’abord, la
Suisse romande et la France voisine
ensuite. Beaucoup de familles. Il y a une
certaine continuité.
Précisément, le Salon du livre a
depuis le début été ouvert à tout un
chacun et pas seulement aux grands
lecteurs. C’est un salon très familial, les
gens y viennent avec leurs jeunes enfants,
PMF:
AB:
était
première
l’événement
édition
en
phare
1987
et
de
quel
la
est
celui de 2016?
La foule. L’essentiel, c’était que
cela marche, que le grand rassemblement
fonctionne. Ce fut le cas.
Personnellement, je suis fière de tous
les projets que nous avons menés à terme
et j’ai une immense reconnaissance pour
ceux qui les ont rendus possibles. Cette
année, les expositions que nous proposons sont particulièrement exceptionnelles, c’est incroyable. La fabrique aussi
PMF:
AB:
Les
différentes
scènes
présentes
au
salon témoignent d'un marché du livre
relativement diversifié.
Était-ce déjà le
de ce marché?
J’ai publié, parallèlement au salon,
1700 livres. Il y a, aujourd’hui comme
hier, des livres pour enfants, des essais,
des romans, des beaux livres, etc. Il y a
évolution sans rupture.
Hormis le genre «young adult» qui
n’existait pas comme phénomène massif
d’édition, oui, toutes les thématiques
étaient abordées. 30 ans ce n’est pas si
loin!
PMF:
AB:
13
salondulivre.ch
Helvetiq, quizz ludiques
Par
Romain Michaud
QITEVLEH
HELVETIQ vous aurait permis de répondre aux questions de l'intro:du 3 au 29 novembre 1847, Stans et la viande séchée.
En quelle année a eu lieu la guerre du
Sonderbund ? Quel est le chef lieu de
Nidwald ? Quelle est la spécialité des
Grisons ? Vous séchez ?
Voilà déjà 8 ans que l’entreprise
HELVETIQ a sorti son premier jeu «Tour
de Suisse». Un succès parti de
l’expérience de son directeur et inventeur
Hadi Barkat, suite à la préparation de son
examen de connaissance pour la
naturalisation suisse. «Je ne savais pas
comment réviser. J’ai utilisé internet et
des manuels scolaires. J’ai eu cette idée
de jeu, car je voulais apprendre de
manière ludique et je me suis rendu
compte que mes amis suisses ne
connaissaient souvent pas les réponses à
ces questions ou les avaient oubliées»,
explique Hadi Barkat.
Depuis ce premier opus, la société s’est
professionnalisée. Elle compte
aujourd’hui sept personnes à temps plein
et travaille dans tous le pays. «On se
développe aussi à l’international. Nous
créons des jeux dans des boîtes
d’allumettes géantes qui ont beaucoup de
succès. Nous sommes présent dans une
quinzaine de pays», raconte Hadi Barkat.
HELVETIQ continue ponctuellement de
sortir de nouveaux livres et de nouveaux
concepts, comme «Pictolingua». Un jeu
de vocabulaire sur des mots à décliner en
cinq langues (Allemand, Français, Italien,
Romanche et Anglais). Si vous êtes plutôt
géographie, vous pouvez jouer à
«Cantuun» et parcourir les cantons
suisses sur un plateau, en répondant par
exemple à des questions sur la charmante
ville de Stans dans le canton de Nidwald.
Pour les amoureux des cimes, une
création sur les montagnes est en cours
de préparation.
Des quizz pour Monsieur ou Madame «Je
sais tout»? L’inventeur s'en défend: «Nos
jeux sont pensés pour des joueurs
occasionels. Les questions ne demandent
pas de savoir préalable. Nous voulons que
les gens apprennent en profitant de la vie.
Ce sont des jeux familiaux, il faut que les
enfants puissent battre leurs parents.»
Présentation et démonstration des jeux
Helvétiq, le mercredi 27 avril de 09h30 à
19h00 à L’îlot Jeunesse (E531)
14
27 avril 2016
Critiques littéraires 2.0
Par
Où écrivez-vous?
Steve Riesen
redienhcS kuonA
Enseignant à 80 %, c’est
à
son bureau que Florian
Eglin consacre deux
heures chaque matin à
L’auteur
avant les cours.
avoue toutefois
que pour un travail
heures consécutives
Le lieu rêvé pour laisser
libre cours à sa plume,
déjà déniché.
Depuis quelque temps, il
nourrit un petit fantasme.
avec
sa famille au Japon et
écrire quelques années
là-bas. «C’est
SH
qui m’inspire
milieu
des
d’humour,
le
s'imposer
sur
vidéos
Booktube
Internet.
de
chats
et
commence
Le
à
principe:
conseiller des lectures par des vidéos.
seraient nécessaires.
Il rêve de s’installer
Margaud Liseuse, de son vrai nom Margaud Quartenoud, parle de littérature sur Youtube depuis cinq ans.
Au
vraiment fructueux, quatre
Florian l’a
RD
l’écriture,
un endroit
beaucoup.»
«Je puise dans l’émotion plutôt que dans
l’analyse intellectuelle, témoigne Margaud
Liseuse, booktubeuse fribourgeoise de 25
ans. Je pense que ce sont ma
personnalité et ma spontanéité qui
plaisent aux jeunes». Peu friands de
critiques littéraires, les adolescents se
tournent en effet vers Youtube pour
remplir leur bibliothèque. «Les médias
traditionnels parlent très peu de la
littérature des jeunes adultes, car elle ne
plaît ni à leurs journalistes, ni à leur
lectorat», estime Margaud Liseuse.
Comme dans le secteur de la mode, les
professionnels s’intéressent désormais de
près à ces nouveaux leaders d’opinion,
mais Margaud tient à son indépendance.
La Fribourgeoise ne se gêne pas de dire
si elle n’aime pas un roman, même quand
elle l’a reçu gratuitement. Libraire à temps
plein, elle réalise ses vidéos sur son
temps libre. Sa passion ne lui rapporte
qu'un maigre argent de poche, malgré ses
30 000 abonnés.
Les booktubeurs, en majorité des femmes
de 20 à 25 ans, ont créé tout un univers,
avec ses codes et son vocabulaire
anglicisé. Ainsi, on parle de «Bookshelf
tour» lorsqu’on présente sa bibliothèque
ou de «Book Jar Challenge», lorsqu’on lit
un livre que l'on a tiré au sort.
L’atmosphère se veut enjouée et
divertissante. «J'essaie de rendre mes
vidéos un peu interactives. Je passe
notamment beaucoup de temps à
répondre aux commentaires, cela permet
d’impliquer mon public.»
De 10h à 11h30, Margaud Liseuse partage ses
astuces de Booktubeuse à l'espace young adult.
salondulivre.ch
15
Les serial-killers décortiqués
Par
Noémie Matos
Stéphane Bourgoin, interrogeant le "tueur vampire d'Eustis" Roderick Feller, le plus jeune condamné à mort de Floride, 2008.
Tous les
seront
secrets
livrés
Stéphane
des
dès
Bourgoin,
tueurs en
série
aujourd'hui
écrivain
par
français
spécialiste dans l'étude des tueurs en
série.
Rendez-vous
sur
la
scène
du
crime.
Deux millions de livres vendus, 77
criminels interviewés, une bonne centaine
d'invitations à des émissions de
télévision... Il faut dire que Stéphane
Bourgoin s'y connaît en matière de
serial-killers, crimes sanglants et enquêtes
policières: sa femme a été sauvagement
assassinée en 1976. D'écrivain à
enquêteur, la frontière est ténue. L'auteur
précise: «J’ai une position atypique. Je ne
suis pas officier dans la police judiciaire,
mais j’ai notamment travaillé comme
consultant du FBI sans pour autant
intervenir sur des enquêtes criminelles». Il
a aussi enseigné au Centre national de
formation de police judiciaire. Du côté
littéraire, le Français a multiplié depuis
1992, les essais sur les plus grands
criminels, tels que Jack l'Eventreur ou
l'Ogre de Santa Cruz. Sa dernière
actualité? Une contribution à True Crime,
une revue sous forme d’ouvrage collectif,
rassemblant les plumes de neuf auteurs
parmi les plus connus des faits-diversiers.
Parmi eux: Frédéric Ploquin (aussi présent
au Salon du livre vendredi), grand
reporter, et Frédérique Lantieri, actuelle
présentatrice de l'émission «Faites entrer
l'accusé». Stéphane Bourgoin y raconte la
fascinante histoire de «Sévé», alias «le
cannibale du Comminges». En l’espace
de 13 ans, ce premier serial-killer français
avait perpétré 22 agressions sexuelles et
meurtres à connotation pédophile… et
aussi fétichiste: «Il avait l’habitude
d’emporter après ses actes des
vêtements ou des rubans de ses
victimes.»
Pour Stéphane Bourgoin, coucher ces
histoires sanglantes sur le papier, «cela
me permet de mettre une distance par
rapport à l’horreur des sujets qui me
préoccupent. Car c’est stressant, voire
violent d'effectuer des centaines d’heures
d’entretien avec de grands criminels». A
travers ses écrits, il souhaite comprendre
et vulgariser ces actes innommables. «Je
pense avoir apporté ma pierre à la
connaissance des phénomènes
criminels», estime le fin limier.
Toutes les rencontres et dédicaces se déroulent
sur « La scène du crime », L1230.
Mercredi 27 avril de 15h30 à 16h15 : «
Stéphane Bourgoin : Ma vie avec les monstres »
Jeudi 28 avril, de 16h15 à 17h: "La
psychologie du serial killer" - Rencontre entre
Stéphane Bourgoin et Michèle Agrapart.
Vendredi 29 avril, 10 h 30 - 11 h 15: "La
passion du crime", lancement des revues "True
Crime" et "Bon Sang". Rencontre avec
Stéphane Bourgoin, Frédéric Ploquin, Danielle
Thiéry et Yannick Dehée.
Stéphane Bourgoin
16
27 avril 2016
C'était comment il y a 30 ans
Par
Delphine Riand
Il y a trente ans, Daniel Pennac en avait
42. Ancien cancre du fond de la classe, il
avait à cette époque troqué son bonnet
d’âne pour endosser la casquette de
professeur. A côté, il écrit des livres. Des
livres remplis de personnages atypiques
et dans lesquels on navigue à vue. C’est
le cas de La Fée Carabine qui, comme le
salon, affiche trente ans au compteur cette
année. Publié aux éditions Gallimard, ce
roman policier se fait le porte parole de
l’absurde. Une grand-mère dégomme un
flic à coup de pistolet automatique, la
Luchini à l'affiche du téléfilm La fee Carabine en 1988
drogue coule à flot chez les seniors, les
chiens sont épileptiques et on ne compte
plus les morts. Benjamin Malaussène
porte le chapeau de tout ce joyeux foutoir,
mais c’est normal puisqu’il est bouc
émissaire de métier. L’ouvrage remporte
le Prix Mystère de la critique en 1988.
Cerise sur le gâteau, Yves Boisset en fait
un téléfilm avec un certain Fabrice
Luchini. Il y a trente ans, ce dernier était
moins grisonnant, mais comme l’écrit
Pennac: «Vieillir, hélas […]c’est le seul
moyen que j’ai trouvé pour ne pas mourir
jeune.»
Chaque jour, la rédaction de "Vigousse" (stand 590) dessinne pour La Gazette
Caroline Rutz