Courrier Ambroise - Direccte Nord - Pas-de
Transcription
Courrier Ambroise - Direccte Nord - Pas-de
Bernard Gérardin État (DIRECCTE Nord Pas-de-Calais) Organisations patronales et de salariés du transport routier en Nord Pas-de-Calais OPCA Transports CONTRAT D’ÉTUDES PROSPECTIVES DES SECTEURS DU TRANSPORT ROUTIER EN NORD PAS DE CALAIS Rapport final Paris, le 13 janvier 2012, N/Réf. : 1117.05 K+P FRANCE SAS - NAF 7022Z – RCS PARIS 522 393 214 –00013 14, RUE DE MARTIGNAC 75007 PARIS - TEL.: 01 44 18 92 62 – FAX : 09 55 22 92 63. [email protected] Bernard Gérardin Sommaire 1. Rappel des objectifs et de la méthode 1. 2. Photographie statistique des deux secteurs 7 2.1 Cartographie des entreprises 2.2 Etat des lieux statistique et socioéconomique 3. Analyse des vecteurs d’évolution 7 25 56 3.1 Transport routier de voyageurs 56 3.2 Transport routier de marchandises 65 4. La gestion des ressources humaines 82 4.1 Transport routier de voyageurs 82 4.2 Transport routier de marchandises 98 5. Impacts sur les emplois et les compétences 112 5.1 Transport routier de voyageurs 112 5.2 Transport routier de marchandises 129 6. Les soutiens attendus par les entreprises de transport 148 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 155 2 Bernard Gérardin 7.1 Transport routier de voyageurs 157 7.2 Transport routier de marchandises 194 8. Scénarios prospectifs 232 8.1 Transport routier de voyageurs 232 8.2 Transport routier de marchandises 254 9. Recommandations 274 9.1 Transport routier de voyageurs 276 9.2 Transport routier de marchandises 294 10. Annexes 316 3 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 4 Bernard Gérardin Objectifs du CEP L’engagement de ce CEP a pour principaux objectifs : D’établir une cartographie des entreprises par bassin avec leurs activités (nature, potentiel) ; D’identifier les facteurs d’évolution (de marchés, de concurrences, de réglementations technologiques, etc.), leurs impacts sur le positionnement et l’organisation des entreprises, puis en synthèse, les scénarios d’évolution en découlant ; De qualifier leurs conséquences probables sur la dynamique des emplois, sur la transformation des métiers et sur les compétences nouvelles ; De construire un plan d’action pour accompagner avec anticipation entreprises et salariés dans la nécessaire mutation des emplois et des compétences. Les objectifs particuliers de l’étape 2.1 : entretiens qualitatifs approfondis auprès de 48 entreprises Les objectifs de cette étape Aller chercher directement sur le terrain toutes les informations qualitatives sur : - la confirmation des facteurs d’évolution et surtout l’identification de leurs impacts - l’analyse des métiers et de leurs transformations - les pratiques et besoins des entreprises en matière de GRH : caractéristiques des ressources humaines, des organisations et conditions de travail, de la formation professionnelle et du dialogue social 5 Bernard Gérardin Rappel de la méthode Le déroulement de l’étude : 1. Etat des lieux et analyse des vecteurs d'évolution Etape 1.1 : Cadrage qualitatif de la problématique avec les acteurs des deux secteurs Etape 1.2 : Rencontre avec 10 observateurs, clients des deux secteurs Etape 1.3 : Cartographie des entreprises Etape 1.4 : Etat des lieux statistique économique 2. Enquêtes au sein des entreprises des deux secteurs Etape 2.1 : Entretiens qualitatifs approfondis au sein de 24 entreprises Etape 2.2 : Enquête internet adressée à 1500 entreprises des deux secteurs Etape 2.3 : conclusion sur les facteurs, leurs impacts et construction des scénarios 3. Conclusions sur les emplois, métiers et compétences Etape 3.1 : formalisation des métiers et référentiels de compétences 4. Proposition d'actions Etape 4.1 : Elaboration des propositions d'actions, notamment en termes de GPEC et de formation Rappel de la méthode de l’étape 2.1 : Construction du panel d’entreprises interrogées Elaboration du guide d’entretien Entretiens qualitatifs avec 24 entreprises en face à face, à raison d’une demijournée de travail dans chaque entreprise 6 Bernard Gérardin Lors de cette demi-journée, ont été rencontrés selon les cas : - la direction de l’entreprise, - le responsable des ressources humaines; - des représentants du personnel après accord de l’entreprise, La moitié d’entre eux ont été conduits par KP et l’autre par AB&A. 24 entretiens téléphoniques approfondis complémentaires avec des directions d’entreprises ou des responsables des ressources humaines, par moitié de même entre les deux cabinets. Rédaction du présent rapport qualitatif Présentation du rapport en Comité de pilotage de fin d’étape 2.1 qui se tiendra le 21 octobre à 9h30 7 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 2.1 Cartographie des entreprises 2.2.Etat des lieux statistique et socio-économique 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 8 Bernard Gérardin En synthèse Voyageurs Marchandises Etablissements Salariés Nombre Nombre Taux de progression 2004 - 2009 Taux de progression Taille 2004 - 2009 moyenne Part de femmes 115 1% 4 125 24% 38 28% Fret interurbain 631 -17% 14 054 -9% 22 9% Fret de proximité 723 15% 8 354 7% 11 8% 59 -12% 3 049 22% 35 20% 478 13% 11 703 20% 20 23% 1891 3% 37 160 6% 20 14% Messagerie et fret express Autres (4941C, 5210B, 5229B) Total marchandises Source : INSEE 9 Bernard Gérardin Rappel des 15 zones d’emploi étudiées Les données présentées ci-après sont issues des données Pôle Emploi 10 Bernard Gérardin Plan de la cartographie des entreprises Les secteurs étudiés : Voyageurs Marchandises : fret interurbain et de proximité Marchandises : messagerie, fret express et autres Pour chacun de ces secteurs, les indicateurs étudiés seront les suivants : Nombre d’établissements puis son taux de progression Nombre de salariés puis son taux de progression Taille moyenne des établissements Part de femmes salariées 11 Bernard Gérardin Le transport routier de voyageurs En 2009, les 115 établissements de transports routiers de voyageurs (4939A et 4939B) dans le Nord-Pas-de-Calais se répartissaient par zone d’emploi de la façon suivante : La moyenne du taux de progression dans le Nord-Pas-de-Calais se situant globalement à + 1% 12 Bernard Gérardin Le nombre de salariés de transports routiers de voyageurs s’élève en 2009 à 4 125 La moyenne du taux de progression dans la région se situant à + 24% 13 Bernard Gérardin La taille moyenne des établissements de transports routiers de voyageurs s’élevant en 2009 à 38 salariés La part de femmes salariées dans le transport routier de voyageurs dans le NordPas-de-Calais représente en moyenne en 2009 + 28% 14 Bernard Gérardin Le transport routier de marchandises En 2009, les 631 établissements de transports routiers de fret interurbain et les 723 établissements de transports routiers de fret de proximité se répartissent comme suit par zone d’emploi : La moyenne du taux de progression du nombre d’établissements sur cette période s’élevant à -17% 15 Bernard Gérardin La moyenne du taux de progression du nombre d’établissements s’élevant à + 15% Les 59 établissements de Messagerie et fret express et les 478 établissements autres se répartissent comme tel sur le territoire du Nord-Pas-de-Calais : 16 Bernard Gérardin La moyenne du taux de progression du nombre d’établissements de messagerie et fret express sur cette période s’élevant à – 12% La moyenne du taux de progression du nombre d’établissements autres sur cette période s’élevant à + 13% 17 Bernard Gérardin En 2009, les 14 054 salariés du fret interurbain et les 8 354 salariés du fret de proximité se répartissent par zone d’emploi de la manière suivante : La moyenne du taux de progression du nombre de salariés entre 2004 et 2009 pour les transports routiers de fret interurbain s’élevant à -9% 18 Bernard Gérardin La moyenne du taux de progression du nombre de salariés pour les transports routiers de fret de proximité s’élevant à + 7% Les 3 049 salariés de messagerie et fret express et les 11 703 salariés des autres entreprises se répartissent en 2009 comme suit : 19 Bernard Gérardin La moyenne du taux de progression du nombre de salariés de messagerie et fret express entre 2004 et 2009 étant de + 22% La moyenne de l’indicateur ci-dessous se situant à + 20% pour l’ensemble de la Région Nord-Pas-de-Calais 20 Bernard Gérardin La taille moyenne des établissements de transports routiers de fret interurbain s’élevant en 2009 à 22 salariés La taille moyenne des établissements de transports routiers de fret de proximité s’élevant en 2009 à 11 salariés 21 Bernard Gérardin La taille moyenne des établissements de Messagerie, fret express s’élevant en 2009 à 35 salariés La taille moyenne des établissements « autres » s’élève en 2009 à 20 salariés 22 Bernard Gérardin La moyenne de la part des femmes salariées en 2009 pour les transports routiers de fret interurbain s’élève à 9% La moyenne de la part des femmes salariées en 2009 pour les transports routiers de fret de proximité s’élève à 8% 23 Bernard Gérardin La moyenne de la part de femmes salariées en 2009 pour Messagerie, fret express s’élève à 20% La moyenne des femmes salariées en 2009 pour « Autres » s’élève à 23% 24 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 2.1 Cartographie des entreprises 2.2. Etat des lieux statistique et socio-économique 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 25 Bernard Gérardin Transport routier de voyageurs Généralités Le transport collectif de voyageurs a pour donneurs d’ordre principalement des collectivités (régions et départements dans le cas du transport interurbain) et des associations : - Transport régulier de voyageurs - Transports scolaires - Tourisme à destination des scolaires et des seniors. Seul, le tourisme grand public, correspondant au transport dit « occasionnel », est directement en liaison avec le marché. Dans ce système, le client direct du transporteur est l’élu ou le responsable d’association subventionnée par des collectivités publiques, le client final le voyageur. Les services techniques des collectivités préparent les décisions pour leurs élus : - Choix des prestataires : nature du contrat, procédures d’appels d’offres, octroi de subventions à des associations. - Définition du service : composantes de l’offre (dessertes, horaires, matériel roulant), qualité de service (vitesse commerciale, ponctualité, accueil) , tarification et modalités de calcul de la contribution financière de la collectivité. - Contrôle du délégataire : suivi des kilomètres commerciaux, de la qualité de service et des diverses dispositions contractuelles. - Intégration dans l’espace public : aménagements des arrêts, information, gares routières ou pôles multimodaux. - Intégration dans le service public : prise en compte de tous les citoyens comme clients, sécurité et sentiment de sécurité, information, objectifs environnementaux. Les collectivités publiques procèdent à une mise en concurrence (Marché public ou délégation de service public) des entreprises pour effectuer un ou plusieurs services sur la durée du contrat (entre 3 et 10 ans). D’une manière générale, les 26 Bernard Gérardin services scolaires et les services interurbains sont des marchés publics ; ce qui signifie que le prestataire prend une part du risque, finance le matériel roulant, assure l’information mais ne maîtrise pas la tarification. Les transporteurs exercent leur métier dans ce contexte avec pour objectif essentiel de satisfaire aux obligations de leurs contrats et donc de les voir renouvelés. Ils doivent donc établir une relation de partenariat avec leurs clients : - en proposant les améliorations en termes de qualité des services et en termes de réduction des coûts (adaptation fine des dessertes, gains de productivité), - en proposant des investissements et des modes de financement nouveaux, - en proposant des actions d’information et de promotion des services. Les composantes sur lesquelles ils peuvent jouer pour assurer la rentabilité et la pérennité de leur entreprise : - La valeur capitalistique : le matériel roulant, les dépôts, bureaux et ateliers de maintenance ; - La production : optimiser les distances parcourues (km commerciaux + haut le pied), l’utilisation du matériel roulant, les temps de services du personnel. - L’exploitation : gestion du personnel de conduite. Le poste « conducteurs » représente de l’ordre de 30 à 40 % des coûts. - La qualité de service : accueil, information, correspondances, accessibilité, sécurité. Dans un contexte de partenariat avec leurs donneurs d’ordres (les services des collectivités et les élus), ils doivent être : - force de proposition pour l’intégration dans l’espace et dans l’offre globale des services publics ; - pour promouvoir des campagnes d’information et de promotion du transport public. Périmètre de l’étude 27 Bernard Gérardin Le périmètre de l’étude est celui des entreprises appartenant au code NAF 4939 (A&B) : entreprises exerçant exclusivement ou non pour l’une des activités : transport interurbain, tourisme, et transport occasionnel. - 4939 A et B : autres transports routiers de voyageurs : transports routiers réguliers de voyageurs et autres transports routiers de voyageurs ; - 4921 Z : Autres transports (y compris transports urbains et suburbains de voyageurs). Néanmoins, on constate que l’extension et la fusion de plusieurs PTU sur la région ont conduit à y intégrer des lignes de nature interurbaine, qualifiées désormais par le terme de lignes suburbaines. L’exploitation de ces lignes étant souvent sous-traitée, l’étude exploratoire a été élargie pour cette raison aux deux principales Autorités Organisatrices de PTU : Lille et Dunkerque. Parmi l’ensemble des entreprises concernées, des entretiens ont été réalisés auprès de 12 entreprises représentant la profession sur les territoires desservis. La mise en place du SMIRT correspond aujourd’hui à une volonté de promotion de l’inter modalité, de l’intégration tarifaire et de développement et d’harmonisation des outils dans le domaine de la billettique. Des incertitudes subsistent sur la manière dont l’organisation des transports sera mise en œuvre en 2014 : est-ce que la région deviendra l’AO unique, est-ce que les départements s’y préparent, quelles seront les tarifications ? A l’échelon régional, les mobilités domicile-travail se sont intensifiées depuis la fin des années 90. Les actifs sont de plus en plus nombreux à venir travailler dans la métropole lilloise tout en résidant dans d’autres zones d’emplois. L’essentiel de ces déplacements sont effectués en automobile individuelle. Il n’existe pas de lignes régionales de transport routier de voyageurs (à l’exception de BCD) ; cette fonction étant essentiellement assurée par les TER, particulièrement développés dans la région. 28 Bernard Gérardin Description des marchés Les marchés du transport interurbain de voyageurs couvrent tous les transports par autocar (voyageurs assis, interdiction de transporter les voyageurs debout): Les lignes régulières : soit des lignes interurbaines organisées par les départements, soit des lignes interurbaines intégrées dans les PTU élargis, soustraitées par l’entreprise attributaire du marché. Les lignes dédiées au transport scolaire Les services touristiques à destination du grand public et des associations ; Les transports touristiques à destination des scolaires. 29 Bernard Gérardin Les services de transport à la demande (TAD), généralement destinés à desservir : - les zones de faible densité, - les horaires de faible demande, - les publics à besoins spécifiques comme les handicapés et les PMR, - les communes périphériques des intercommunalités. Contexte L’augmentation forte de l’offre en transports publics routiers de voyageurs répond à des évolutions de la société française : Les transports publics se sont peu à peu adaptés : - Les collectivités territoriales, autorités organisatrices des transports de voyageurs, se sont professionnalisées à chaque renouvellement de contrats avec les transporteurs. - Un contrôle de plus en plus précis du délégataire sur les trois points majeurs de l’offre, de sa qualité et des coûts unitaires. - Le développement d’offres complémentaires aux services réguliers afin de mieux utiliser le matériel roulant. - L’adaptation continue de l’offre en fonction des besoins de dessertes des équipements publics : hôpitaux, écoles, mairies. - L’insertion des transports publics dans une politique générale de gestion de la multi-mobilité urbaine et périurbaine, renforcée en Nord-Pas de Calais par l’importance relative des PTU et la forte densité de la population. 30 Bernard Gérardin De nouveaux modes de financements ont été mis en place : - Subventions pour le renouvellement du matériel roulant. - Mise en place de tarifications attractives. - Les collectivités encouragent le report modal ; afin de diminuer l’usage de la voiture privée. - Subventions souvent importantes aux services scolaires. La prise de conscience du lien entre l’aménagement et le besoin de transport renforce le besoin de nouveaux services : - L’étalement urbain lié à l’habitat pavillonnaire a généré des besoins croissants de transports ; les distances des transports au quotidien s’allongeant. - De nouveaux services de mobilité sont testés et se développent en zones urbaines et périurbaines : centrales de mobilité, covoiturage, auto partage, parcs relais, transports à la demande, vélos et voitures en libre service. Les services s’adaptent à leurs nouveaux clients : - Vieillissement de la population et mise en place de transports adaptés, à la demande ; - Elargissement de l’offre aux déplacements de loisirs, adaptation aux horaires scolaires et professionnels ; - La prise en compte systématique des personnes à mobilité réduite est obligatoire depuis la loi de février 2005 dans le cadre de schémas directeurs d’accessibilité avec des obligations de mise en œuvres, en principe à l’horizon 2015 ; - développer la qualité du service offert dans les services voyageurs ; - accroissement de l’offre touristique en autocar, soit pour les lignes internationales, soit pour le tourisme local. Les nouvelles technologies de l’information ont permis d’initier un mouvement de tarifications complexes avec les cartes à puces et les nouvelles possibilités offertes par les outils billettiques. Ce mouvement devrait se poursuivre : - Forfaits combinés pour les services urbains, - Maillage de réseaux gérés par des opérateurs différents, 31 Bernard Gérardin - L’association de taxis, en complément de l’offre régulière de transports publics. Un mouvement continu de regroupement des entreprises de transport routier de voyageurs, - Par le rachat par les groupes principaux : Veolia/Transdev et Kéolis ; - Par leur appartenance à des réseaux comme Avenir transport ou Réunir, etc. La réforme des collectivités territoriales renforcera la cohésion du territoire et la vision d’une offre globale intégrant le fer et la route. - Ce facteur, combiné aux investissements lourds déjà consentis, conduit à une attention accrue portée aux coûts d’exploitation. - L’offre se décline en une « gamme de produits » couvrant les échelles du territoire par des services adaptés. - Le passage par DSP pour l’attribution d’exploitation des lignes et des réseaux implique une reprise du personnel. Celui-ci doit pouvoir s’adapter à des méthodes d’organisation différentes. Les nouveaux enjeux pour le transport de voyageurs : - La nécessité pour les entreprises d’être des interlocuteurs pertinents pour les collectivités ; - Une pression sur les coûts et des obligations de gestion précises ; - Une anticipation des besoins de transport induits par les grands projets d’infrastructures ; - Le lien entre les différents modes de transport par des lieux d’échanges multimodaux ; ainsi que par la mise en œuvre de systèmes d’information collectifs ; - Du travail d’équipe, entre les personnels au sol et les personnels roulants, l’intégration des outils informatiques et billettiques ; tant en ce qui concerne la gestion interne que la communication avec les clients ; - Des personnels de plus en plus polyvalents, en particulier en raison de la diminution des postes de conduite dédiés uniquement aux lignes régulières, et le développement des missions en temps partagé ; - Des objectifs accrus de qualité de service, de capacité d’accueil, de sécurité et de sûreté pour les personnels et pour les voyageurs ; 32 Bernard Gérardin - Une recherche constante de nouveaux métiers et de nouveaux services intégrant en particulier la composante environnementale ; - Des enjeux capitalistiques pour l’adaptation du matériel et des installations, accompagnés de leur maintien et de leur évolution. Les transports scolaires subventionnés représentent toujours l’essentiel de l’offre périurbaine : L’offre de cars de tourisme et grand tourisme se développe : 33 Bernard Gérardin - Les transports transfrontaliers pour motif études sont essentiellement réalisés en cars. Il existe aussi du trafic scolaire sur la ligne ferroviaire Lille-Tournai. - Des compléments de services sont nécessaires pour l’équilibre économique des entreprises de transports réguliers de voyageurs interurbains, notamment dans le domaine des transports occasionnels et du tourisme. Les spécificités du Nord-Pas de Calais Les autorités organisatrices : - Création du SMIRT (Syndicat Mixte Intermodal Régional de transports), par arrêté préfectoral du 17 décembre 2009 qui a pour vocation de rassembler toutes les Autorités Organisatrices de Transports du Nord - Pas de Calais ; à savoir : * Le conseil régional Nord-Pas de Calais * Le conseil général du Pas de Calais * Le conseil général du Nord * La communauté urbaine d'Arras * Lille Métropole Communauté Urbaine * Le Syndicat Mixte d'Exploitation des Transports en Commun de la CUDL * La communauté urbaine Dunkerque Grand Littoral * La communauté d'agglomération du Boulonnais * La communauté d'agglomération de Saint Omer * La communauté d'agglomération de Cambrai * Le syndicat mixte de transports en commun Lens-Liévin, Hénin-Carvin, Artois, Noeux les Mines et environs * Le syndicat mixte du Val de Sambre * Le syndicat mixte de transports urbains de la région de Valenciennes, * Le syndicat mixte de transports du Calaisis * Le syndicat mixte de transports du Douaisis L'objet du SMIRT porte sur la coopération de ses adhérents, afin de « coordonner les services qu'ils organisent, la mise en place d'un système multimodal d'information à l'intention des usagers, et la recherche de la 34 Bernard Gérardin création d'une tarification coordonnée de titres de transport uniques ou unifiés ». Ce Syndicat Mixte n'a donc pas vocation à constituer un outil de gestion des différents réseaux de transport et la priorité sera donnée à la mutualisation des moyens humains et techniques existants chez ses membres. Ainsi, le budget prévisionnel du Syndicat est-il estimé à 1 million d'euros au plus par an. Le SMIRT a donné la priorité à trois questions : - La tarification, - La billettique, - L’information multimodale On observe des différences notables entre départements ; ainsi que : - La prédominance des services ferroviaires au niveau des transports régionaux ; la seule ligne routière régionale significative est la ligne Boulogne-Calais-Dunkerque. Il devrait y avoir une évolution progressive vers une harmonisation des politiques des Autorités Organisatrices des Transports (AOT). Les financements - Les difficultés financières du Pas de Calais se traduisent par une évolution à la baisse du nombre de services de lignes régulières qui induit de nouvelles organisations du travail et un développement du temps partiel. L’intégration dans les services publics : - Extension et fusion des PTU : Des services de nature interurbaine (autocars) sont réalisés par des urbains qui sous traitent. Les entreprises sous-traitantes sont responsables de la partie exploitation. - Tarification unifiée dans le Nord, aucune unification dans le Pas de Calais. L’intégration dans l’espace public : - Organisation de lignes régulières sur autoroute ; - Coordination inter-réseaux : impact sur les systèmes d’information aux voyageurs et l’information donnée par le conducteur, sur la billetterie acceptée sur chaque réseau, sur le système de compensation, sur les systèmes d’information partagés (base de données commune, chambre de 35 Bernard Gérardin compensation, etc.), sur l’organisation des pôles d’échanges, sur les correspondances avec d’autres services de transport public, - Environnement : matériel roulant euro 4 et 5 subventionné. Qualité de la conduite économisant le carburant. - Qualité de service : qualité de conduite (accostage, conduite en ligne), accueil des usagers. Les composantes de l’offre et de la qualité de service : - Transfert de lignes régulières en lignes scolaires, impliquant une moindre fréquence de passage aux arrêts concentrés uniquement aux alentours de 8h et en fin d’après-midi, uniquement en semaine. - Système d’information multimodale. Réseaux départementaux de voyageurs dans le Pas de Calais Aujourd’hui, deux conventions principales lient le Conseil général du Pas de Calais et les exploitants : celle concernant les lignes régulières = réseau « Colvert », celle concernant les services scolaires. On observe un basculement des lignes régulières vers les transports scolaires. Cette logique est dictée par les contraintes financières avec un objectif de diminution de 15% des coûts. Elle conduit à un emploi à temps partiel des conducteurs pour les trajets du matin et du soir (6h30-8h30, 16h30-18h). La FNTV Nord Pas de calais prévoit la signature d’un contrat d’objectif (plan à 4 ans) pour la fin de l’année. Les lignes régulières : le réseau Colvert. Il s’agit d’un réseau en Délégation de Service Public (DSP). Convention signée en septembre 2005 pour 7 ans, (voir tableau ci-dessous). - 3 Lignes confiées à la Régie Départementale des Transports (non reprises dans le tableau) - 39 Lignes en garantie de recettes - 2 Lignes aux risques et périls (N° 11 et 70), Chaque ligne possède sa propre grille tarifaire, il n’existe pas d’harmonisation. 36 Bernard Gérardin 3 titres de transport 10 voyages (20% de réduction) – 40 voyages (30% de réduction) – ½ tarif aux scolaires les jours non scolaires (50% de réduction). En 1997, il y avait 70 lignes régulières ; certaines ont été supprimées ou ont été regroupées ; d’autres sont devenues des services de compétence urbaine. Environ 390 autocars, avec un âge moyen du Parc de 4 ans et 2 mois. 9 300 élèves transportés sur les lignes routières régulières, pour un total de 372 000 voyages. En 2007, pour les scolaires, 63 000 cartes de transport gratuit ont été délivrées, par le Conseil Général. En 2010, 61 300 titres de transports gratuits ont été délivrés aux scolaires. Si l’on note un vieillissement de la population entre 1999 et 2008, le département prévoit néanmoins une augmentation du nombre de collégiens. 61 000 élèves franchissent les portes des 126 établissements du Pas-de-Calais. Ils ont été 9000 de plus à la rentrée 2011. » 37 Bernard Gérardin N° INTITULE DE LIGNE KMS PARCOURUS Fréquentations commerciales interurbaines (en équivalence voyages) 2010 2010 203 873 26 450 2 GRAVELINES / CALAIS 3 CALAIS / MARQUISE / BOULOGNE 62 699 7 335 5 ARDRES / CALAIS 155 327 59 890 6 DESVRES / BOULOGNE 113 137 24 161 4 ESCOEUILLES / BOULOGNE 29 284 461 7 HENIN BEAUMONT / ARRAS 64 420 4 084 26 PELVES / ARRAS 103 012 4 413 95 460 9 443 10 HESDIN / SAINT OMER 71 408 1 622 11 72 846 28 QUIERY LA MOTTE / ARRAS 9 ISBERGUES / SAINT OMER DON / LENS 14 HESDIN / BETHUNE 45 576 15 DOULLENS / SAINT POL SUR TERNOISE / BRUAY LA BUISSIERE 55 623 1 257 17 AUXI LE CHATEAU / FREVENT / AVESNES LE COMTE / ARRAS 175 475 11 453 21 DOULLENS / ARRAS 22 HEBUTERNE / ARRAS 23 PUISIEUX / ARRAS 24 SOUASTRE / ARRAS 1 546 156 105 6 875 133 764 10 682 32 302 1 899 101 096 9 144 29 BERTINCOURT / ARRAS 31 MOEUVRES / ARRAS 32 VILLERS LES CAGNICOURT / ARRAS 33 LENS / LIEVIN / ARRAS 207 172 14 323 34 LUMBRES / SAINT OMER 138 787 9 954 41 BRUAY LABUISSIERE / ARRAS 79 155 4 016 294 662 42 439 91 LENS / VIMY / ARRAS 42 BOULOGNE / BERCK 44 CALAIS / WISSANT / BOULOGNE 137 425 21 149 46 HESDIN / BERCK 263 455 43 442 51 CAMBRAI / ARRAS 218 202 16 112 61 MERVILLE / ANNEZIN / BETHUNE 14 647 1 584 62 HAVERSKERQUE / BETHUNE 32 015 1 670 63 LILLERS / BETHUNE 11 432 401 70 CORBEHEM / ARRAS 78 671 2 322 71 ESTAIRES / BETHUNE 76 053 2 110 72 ARMENTIERES / BETHUNE 78 526 1 280 110 LAGNICOURT MARCEL / CAMBRAI 26 951 2 800 111 BERTINCOURT/CAMBRAI 16 737 895 115 FLECHIN/ST OMER 13 877 1 196 118 LENS / ROUVROY / DOUAI 29 489 0 120 LENS / HENIN BEAUMONT / DOUAI 275 846 12 999 140 LILLERS /AUCHEL / BRUAY LA BUISSIERE / SAINS EN GOHELLE / BULLY LES MINES / LENS 376 251 12 766 4 040 760 372 173 Les services de transport scolaires en autocars (ex circuits spéciaux) : Il s’agit d’un marché public conclu pour 8 années scolaires (2004-2005 à 20112012), soit 750 circuits spéciaux transportant quotidiennement 43 500 élèves 724 cars (âge moyen 5 ans et 8 mois). Ce marché a été prolongé d’un an. Il y a là gratuité des scolaires dans le département. Les services de transport destinés aux personnes à mobilité réduite (PMR) La réponse à la mise en accessibilité des réseaux, prévue par la loi de 2005 sera réalisée dans le département par des transports spécifiques. Pour Berck, l’entreprise Dumont effectue du transport spécialisé en voitures particulières(4) pour le compte des associations (Vie Active – EPDHA). Dans le secteur, il y a des entreprises de taxis qui effectuent du transport en véhicules équipés PMR. 38 Bernard Gérardin Dans son projet stratégique départemental 2008-2020, le Conseil Général souhaite développer des partenariats qui pourraient avoir une incidence sur le développement du transport public : - Coopération métropolitaine lilloise (ex : bassin minier, communautés d’agglomération de l’Artois, de Lens-Liévin, de Hénin-Carvin, Mission Bassin Minier, Syndicat Mixte du S.CO.T. de l’Artois) et Communauté Urbaine d’Arras ; - Coopération métropolitaine du littoral Flandre Occidentale Belge – Côte d’Opale. Réseaux départementaux de voyageurs dans le Nord Les lignes interurbaines La situation des lignes est très différente entre le Nord et le Pas de Calais. Contrairement au département du Pas de Calais, le conseil Général du Nord a souhaité unifier les réseaux départementaux sur une tarification unique au sein du réseau Arc en Ciel, qui regroupe quatre sous réseaux : Arc en Ciel 1 à 4. « Afin d’inciter à l’usage du transport interurbain, le Département du Nord a mis en place une grille tarifaire simplifiée comprenant une tarification unique quelle que soit la longueur du trajet. Cette nouvelle tarification se décline en formules d’abonnements attractives (mensuelles et annuelles). » Toutes les lignes du réseau Arc en Ciel sont accessibles à tous. Les lignes pénétrantes sur Lille sont saturées. Il existe 2 lignes à haute qualité de service – HQS - qui circulent sur autoroute et ont véritablement un caractère interurbain. Ces lignes fonctionnent avec un abonnement mensuel (30€). La mise en accessibilité des réseaux est organisée selon une structuration en trois niveaux de lignes : - forte (matériel roulant à plancher surbaissé), - complémentaires - et doublages scolaires (plateformes élévatrices pour l’accès). Le transport occasionnel : Le tourisme se subdivise en 3 activités distinctes : 39 Bernard Gérardin - Le tourisme à destination des comités d’entreprises ; qui s’effectue essentiellement en mai- juin ; - Le tourisme à destination des scolaires ; - Le tourisme à destination des associations. Les caractéristiques principales du nouveau réseau départemental entré en vigueur 2010 sont les suivantes : - 4 périmètres : arc en ciel 1 à 4, - 124 lignes régulières, - 607 autocars, - 24 Millions de km annuels - Âge moyen du parc de véhicules - 70 transporteurs Les conventions en cours des groupements du périmètre 3 sont prolongées d’un an supplémentaire. EFFIA Synergies assiste la Direction Déléguée de Kéolis Flandres Artois dans la mise en œuvre du système billettique et du système d’information voyageurs pour les réseaux de transport du Département du Nord (Périmètres 1 & 2). Kéolis Flandres Artois est en partenariat avec 40 entreprises pour l’exploitation de ses deux réseaux, soit une flotte de plus de 416 véhicules. En 2007, 142 100 collégiens étaient scolarisés dans le département du Nord, soit 18.9% de moins qu’en 1990. L’INSEE prévoit un effectif de 145 700 collégiens en 2022. Le nombre de collèges est stable : - 291 en 1990, - 288 en 2007. L’intermodalité Les 10 gares les plus fréquentées (les trafics étant plus ou moins symétriques montées+descentes comptages SNCF 2008, dernière année disponible) Lille Flandres 51500 40 Bernard Gérardin Douai 10600 Arras 10400 Valenciennes 9000 Lille Europe 7200 Hazebrouck 6400 Lens 6100 Dunkerque 4500 Béthune 4500 Armentières 4000 Ces gares, les plus importantes de la région, devraient toutes être dotées d’infrastructures de transfert modal, afin de permettre le rabattement de voyageurs par car ; De même, toutes les gares de TER devraient pouvoir être accessible par autocar, afin de permettre une desserte plus fine des territoires, en particulier ruraux. Le tissu local d’entreprises de transport de voyageurs, Etablissements Les établissements inscrits au registre voyageurs ne reflètent pas cette activité. On y trouve de nombreux établissements dont l’activité principale est totalement différente avec, en particulier, l’enseignement en primaire et secondaire. La part d’établissements réalisant des prestations de transport collectif de voyageurs n’est en effet que de 5.6% en moyenne. (DREAL 2009) 41 Bernard Gérardin En 2009, on trouve 500 entreprises dont 400 ne possèdent que des véhicules de 1 à 9 places. Parmi les 100 restantes : 23 % n’ont qu’un seul véhicule, parmi lesquelles 41% effectuent des prestations de transport régulier de voyageurs. MEEDDM SOes 01/01/2009 Acquis. 2008 Part acquis. Nord 2534 343 14% PdC 1898 280 15% Région 4432 623 14% France 92874 13430 14% Les 529 entreprises qui composent le registre voyageurs et réalisent principalement du transport de personnes se localisent, pour les trois quarts d'entre elles, dans le département du Nord, et plus précisément dans les zones d'emploi de Lille (21,4%) et Dunkerque (14,2%). (DRE 2007) 42 Bernard Gérardin Les entreprises de transport de voyageurs sont à 75% mono établissement et 12.5% à comprendre 2 établissements et 11.4% un nombre supérieur. Seules 12 entreprises comprennent plus de 10 établissements : - Mairies : Eringhem, Bailleul Seclin Louvroil Saint Saule Waziers - DLM : soutien aux entreprises - Transpole (groupe Kéolis) Evolution du nombre d’établissements transport : En nombre d’entreprises comme en nombre d’établissements, les chiffres sont orientés à la baisse. Etablissements DREAL INSEE Voyageur 2009 2008 2005 43 Bernard Gérardin Région 874 923 833 Entreprises Entreprises DREAL DREAL Voyageur 10 mars 2008 2009 Région 497 524 Effectifs L’effectif global de la profession est estimé à 7250 employés en 2004, à 8000 en 2008 et à 8 592 à la fin 2009. tranche eff/établissement INSEE 2004 INSEE 2008 (CC) Sans salarié 76% 78% INSEE 31/12/2004 transports urbains de voyageurs transport routier régulier de voyageurs DREAL 2009 activité véhicules part transport <10 places maj >10 places 10% 85% effectif part sans salarié 52% 5% 1à9 12% 11% 10 à 49 10% 7% >50 3.3% 4% effectif établissements 3600 26 2627 95 localisations >20 Lille salariés Dunkerque Valenciennes 12% 63% 16% 12% 13% 21% 14% Point réglementaire 44 Bernard Gérardin Pour avoir l’autorisation d’exercer son activité, une entreprise de transport doit répondre à 3 obligations : L’attestation de capacité (de gestion). L’attestataire est civilement et pénalement responsable de l’activité transport. Il doit avoir une réelle autonomie dans son travail de direction effective et permanente de l’activité. Une entreprise peut avoir plusieurs attestataires et continuer son exercice en changeant d’attestataire. Les demandes d’attestation de capacité s’appuient sur 2 possibilités : les équivalences et les examens. Les candidats par voie d’examen sont le plus souvent des hommes, détenteurs du baccalauréat, en emploi salarié, et souhaitant créer leur entreprise. Le taux de réussite est particulièrement élevé pour les options voyageurs : 85%. Plus souvent que la moyenne, les candidats sont des femmes (35%), plus âgés (65% ont plus de 35 ans), plus diplômés (80% ont un diplôme supérieur ou égal au bac) et moins souvent salariés (45%). Ces chiffres s’expliquent par la répartition des rôles dans les entreprises de transport : les hommes assurant celui d’exploitant ; les femmes les fonctions administratives. Ce sont donc souvent les femmes qui passent les examens. L’honorabilité professionnelle : - Le transporteur ne doit pas avoir connu de condamnation. Une capacité financière minimale : Les conditions de capacité financière des entreprises de transport de voyageurs devraient s’aligner sur celles des marchandises : les conditions vont se durcir. - Pour les véhicules de + de 9 places : 9 000 euros pour le premier véhicule et 5 000 euros par véhicule supplémentaire. 45 Bernard Gérardin - Pour les véhicules de 9 places et moins : 1 500 euros par véhicule. La totalité des "capitaux propres" au passif du bilan, sert à justifier, la capacité financière exigée par l'administration. Une caution bancaire est acceptée en complément des capitaux propres. La convention collective applicable pour le transport de voyageurs Le transport routier de voyageurs relève de la convention collective nationale des transports routiers et des activités auxiliaires du transport (CCNTR), au même titre que le transport de marchandises. Deux décisions de la Cour de cassation du 17 Mai 2011 auront une grande influence pour l’avenir du secteur : - Un autocariste ne peut renoncer à assurer un service pour lequel a été sélectionné par appel d’offre, - Suite à la jurisprudence de l’affaire Limocar contre la régie de la HauteVienne, une entreprise qui ne relève pas du régime propre aux voies ferrées d’intérêt local relève bien des dispositions de la CCNTR. En conséquence, les dispositions relatives au transfert de personnel s’appliquent. L’entrée en vigueur du paquet routier européen (Règlements 1071, 1072 et 1073 de 2009) à partir du 4 décembre 2011 va jouer un rôle important. Le troisième titre de la loi, consacré aux transports, comprend dix articles qui abordent la question des infrastructures routières, des droits des voyageurs ferroviaires, ainsi que celles du transport aérien et de la sécurité maritime. Conformément à la directive 2008/96/CE du 19 novembre 2008 concernant la gestion de la sécurité des infrastructures routières – dont le délai de transposition a expiré au 19 décembre 2010 –, la loi édicte de nouvelles règles de sécurité pour les routes appartenant au réseau routier d’importance européenne. Elle établit également les conditions d’accès à la profession d’auditeur de sécurité routière. La loi adapte par ailleurs le Code des transports au "paquet routier" (composé de trois règlements portant sur les règles de cabotage, le temps de travail maximum des autocaristes et le contrôle des entreprises de transport). L’article 12 de la loi intègre les prescriptions de la directive 2009/33/CE du 23 avril 2009 relative à la promotion de véhicules de transport routier plus économes en énergie et moins émetteurs de CO2 et de polluants pour les délégataires de service public de transport de voyageurs et les autorités adjudicatrices soumises à l’ordonnance du 6 juin 2005. Les adjudicateurs soumis au Code des marchés publics verront celui-ci modifié en ce sens par un décret en Conseil d’Etat. 46 Bernard Gérardin Le législateur a fait le choix de poser le principe de la prise en compte des incidences énergétiques et environnementales lors de l’achat d’un véhicule. Un arrêté conjoint des ministres chargés de l’Ecologie et de l’Economie précisera les modalités d’application, notamment le moyen d’intégration dans la décision et de quantification des critères. Energie L’augmentation du prix du pétrole ne pose pas de problème aux entreprises qui exploitent des lignes régulières ; puisque ces augmentations peuvent être en principe répercutées dans le cadre des conventions existantes grâce à l’application des formules d’indexation. En revanche, ces surcoûts sont difficiles à répercuter dans le tourisme et le transport occasionnel des scolaires dont le marché est déjà très tendu et en récession du fait de la crise économique. 47 Bernard Gérardin Transport routier de marchandises Périmètre : Le périmètre de l’étude couvre les codes 5229 A et 4931 AB : - le transport routier longue distance - le transport routier régional - le fret de proximité - la messagerie et le fret express Les activités des entreprises de fret sont caractérisées par trois sous ensembles : - Fret de proximité - Fret interurbain - Services auxiliaires. L’inscription à un registre n’est pas toujours significative des activités ; « les établissements sont 62% à appartenir à une entreprise inscrite uniquement au registre des marchandises, 13% relèvent d’entreprises enregistrées aux registres marchandises et commissionnaires et 4% appartiennent à des entreprises exclusivement commissionnaires. » (DREAL 2008) « Les deux-tiers des établissements ont une activité principale dans le transport routier de fret : 35,8% dans le l’interurbain. transport de proximité et 26,8% dans Certaines entreprises de transport ont un caractère multi- activités : transport/entreposage/affrètement. 48 Bernard Gérardin Les activités principales autres que le transport, exercées par 22,6% des établissements, distinguent l’affrètement et l’organisation des transports (6,4%), les services de déménagement (2,3%), la messagerie et le fret express (1,7%), la location de camions avec conducteur (1,5%), ainsi que l’entreposage et le stockage non frigorifique (1,2%). (DREAL 2008) Distinction entre < 3,5 T et > 3,5 T Les structures des entreprises sont caractérisées par la taille des camions : La situation financière est différente selon l’activité de l’entreprise caractérisée par des véhicules de plus ou de moins de 3,5T. moins de 3,5T plus de 3,5T capitaux négatifs 9% 3% capitaux propres de 1 à 5 fois la capacité financière exigible 35% 59% capitaux propres > 5 fois la capacité financière exigible 55% 34% « Les camions de plus de 3,5 tonnes représentent les trois-quarts des véhicules de transport de marchandises des entreprises considérées. » Leur proportion est en effet plus importante dans la plupart des communes. À Lesquin, ils représentent 80% du parc de poids lourds, proportion qui est de 82% 49 Bernard Gérardin à Santes, 84% à Phalempin, 88% à Fretin, 89% à Faches-Thumesnil, et même 97% à Wambrechies. Lille se distingue par contre avec deux-tiers de camions de moins de 3,5 tonnes ; ce qui est cohérent avec les besoins en espace de stationnement des véhicules et le secteur d’activité, qui relèvent plus souvent du transport routier de marchandises de proximité (à hauteur de 41% des établissements, contre 35% en moyenne). » (DREAL 2009). Compte propre / compte d’autrui, Une entreprise réalisant des opérations pour son compte propre transporte ses propres marchandises. C’est le cas des chargeurs qui ont, en interne, un service transport et logistique et possèdent une flotte de véhicules. Inversement, les transporteurs réalisent d’une manière générale des prestations pour compte d’autrui. Contexte général – spécificités du Nord Pas-de-Calais, Région à forte densité d’infrastructures de transports, placée au cœur de l’Europe du Nord-Ouest, possédant une façade maritime riche de trois ports complémentaires, équipée d’un tunnel sous-marin qui favorise les échanges avec le Royaume-Uni, le Nord-Pas-de-Calais compte près de 5 400 établissements qui exercent à titre principal une activité de transport au 31 décembre 2007, soit 4,4 % des établissements de France dans cette activité. Avec plus de 164 millions de tonnes de marchandises transportées dans le Nord-Pas-de-Calais en 2008, le trafic de marchandises par route ou par voie navigable est fortement marqué par la courte distance : près de 70 % de ces trafics sont internes à la région. Le mode routier demeure le principal mode de transport ; il représente à lui seul près de 98 % des tonnages transportés (Source INSEE 2010) Le tissu local d’entreprises de transport de marchandises, « Parmi les entreprises qui se sont inscrites aux registres des transporteurs et des commissionnaires entre le 1 er janvier 2006 et le 17 mars 2007 et dont l’activité principale se situe dans le secteur des transports, plus de 60% font essentiellement du transport de marchandises de proximité ; alors que cette part est inférieure à 50%, si l’on regarde les entreprises radiées des registres sur cette même période. La tendance des entreprises de transport de la région à privilégier le transport de proximité par rapport au transport de longue 50 Bernard Gérardin distance semble donc se confirmer pour la troisième année consécutive. » (Source DRE 2007) En 2009, selon la DREAL, les entreprises de fret sont à 87% mono- établissement et 9.2% bi- établissements. On trouve ainsi des chargeurs exerçant des activités de transport pour leur compte propre et les plus gros transporteurs parmi les 6 entreprises ayant plus de 5 établissements et les plus gros parcs : - Ziegler France (siège à Villeneuve d’Ascq) 470 camions de plus de 3.5T - Eiffage Travaux publics Nord Pas de Calais (siège à Arras) - TP Plus (300 camions) - SAS Felix Deroo (250 camions) - Grimonprez (300) - Citernord (220) Nombre d’entreprises et d’établissements Les entreprises du registre GRECO DREAL Transporteur 2008 et /ou loueur Commissionnaire Nord 1572 197 PdC 998 106 Région 2570 303 Evolution du nombre d’établissements En 2005, l’INSEE établit le taux de création d’établissements dans le secteur Transport-Logistique à 9,2%, le taux de création en Nord-Pas-de-Calais étant en augmentation régulière depuis 2002 (8.5% en 1995). Le taux de survie est de 41% pour le transport routier de marchandises. 51 Bernard Gérardin Evolution du stock d'établissements 1 600 602L - Transports routiers de marchandises de proximité 1 400 Titre de l'axe 1 200 1 000 602M - Transports routiers de marchandises interurbains 800 600 400 63 Services auxiliaires des transports 200 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 0 Le nombre de véhicules des entreprises radiées est ainsi 5 à 7 fois supérieur au nombre de véhicules des entreprises inscrites. C’est pour les camions de plus de 3,5 tonnes que ce rapport est le plus élevé, à 6,7, tandis qu’il s’établit à 5,3 pour les camions de moins de 3,5 tonnes. Point réglementaire : attestation de capacité (attestataire / chef d’entreprise), Pour avoir l’autorisation d’exercer leur activité, une entreprise de transport doit répondre à 3 obligations : Attestation de capacité (de gestion) L’attestataire est civilement et pénalement responsable de l’activité transport. Il doit avoir une réelle autonomie dans son travail de direction effective et permanente de l’activité. Une entreprise peut avoir plusieurs attestataires et continuer son exercice en changeant d’attestataire. Les demandes d’attestation de capacité s’appuient sur 2 possibilités : les équivalences et les examens. 52 Bernard Gérardin Les candidats par examen, toutes options confondues, comprennent une large majorité d’hommes : 72%. Leur part a augmenté de 12 points en 5 ans. Ils sont âgés pour 36% entre 35 à 44 ans et 34% ont entre 25 et 34 ans. Les candidats à l’option commissionnaire seraient par contre plus souvent des hommes (85% contre 72%) et moins diplômés. En 2007, 61% des candidats à l’examen sont salariés, 15% sans emploi et 14% travaillent en indépendants. Le principal motif d’inscription à l’examen est la volonté de créer une entreprise. C’est le cas pour 44% des candidats ; tandis que 18% souhaitent prendre en charge une entreprise familiale et 11% sont candidats suite à la demande de leur chef d’entreprise. 58% ont suivi une formation avant de passer l’examen, cette formation pouvant aller de quelques jours à plusieurs semaines. Honorabilité professionnelle Le transporteur ne doit pas avoir connu de condamnation pour une infraction sur l’un des articles de loi suivants : Code de la route - L. 1 Conduite en état d'ivresse - L. 2 Délit de fuite - L. 4 Refus d'obtempérer - L. 7 Entrave à la circulation - L. 9-1 Modification du dispositif de limitation de vitesse d'un véhicule de transport routier - L. 9 Défaut d'immatriculation du véhicule - L. 12 Condamnation pour conduite sans permis de conduire - L. 19 Conduite malgré un retrait du permis de conduire 53 Bernard Gérardin Loi de finances (no 52-401 du 14/04/1952) - Exercice activité de transporteur sans inscription au registre, - Exercice de l'activité de loueur sans inscription au registre, - Utilisation titre transport, périmé, suspendu, ou déclaré perdu, - Refus d'exécuter une sanction administrative, - Obstacle au contrôle, - Fausses déclarations (inscription au registre, délivrance de titres). Ordonnance no 58-1310 du 23/12/58 modifiée 3 et 3 bis - Falsification des documents de contrôle des conditions de travail, - Emploi irrégulier du dispositif destiné au contrôle des conditions de travail, - Détérioration du dispositif destiné au contrôle des conditions de travail, - Obstacle au contrôle des conditions de travail. Code du travail - L. 125-1 Fourniture illégale de main-d'œuvre à but lucratif (marchandage), - L. 125-3 Prêt de main-d'œuvre à but lucratif hors du cadre légal du travail temporaire, - L. 324-9 Recours au service d'un travailleur dissimulé, - L. 324-10 Exécution d'un travail dissimulé, - L. 341-6 Emploi d'un étranger non muni d'une autorisation de travail salarié. Loi no 75-633 du 15 juillet 1975 - Art. 24 Elimination des déchets et récupération des matériaux Loi no 75-1335 du 31/12/1975 - Art. 4 Transport routier de matière dangereuse dont le transport n'est pas autorisé Transport routier de matière dangereuse à l'aide de matériel n'ayant pas satisfait aux épreuves et visites obligatoires 54 Bernard Gérardin Circulation de véhicule soumis à signalisation de matière dangereuse sur une voie interdite en permanence au transport de matière dangereuse Stationnement de véhicules soumis à signalisation de matière dangereuse sur une voie interdite en permanence au transport de matière dangereuse - Art. 5 Responsabilité des dirigeants d'une entreprise impliquée par l'art. 4 Loi 92-1445 du 31/12/92 modifiée - Art. 3 Rémunération de transport routier de marchandises à un prix ne couvrant pas les charges légales Loi no 95-96 du 1er/2/95 modifiée - Art. 23-1 Prix anormalement bas ne couvrant pas les charges réelles Capacité financière. Les conditions financières des entreprises de transport de voyageurs vont être calquées sur celles du transport de marchandises. 55 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 3.1 Transport routier de voyageurs 3.2. Transport routier de marchandises 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 56 Bernard Gérardin Politique des autorités organisatrices Région La Région Nord-Pas-de-Calais a anticipé l’évolution institutionnelle en prenant l’initiative de la création, en application de la Loi SRU de décembre 2000, un « Syndicat Mixte Intercommunal Régional des Transports » (SMIRT) qui est animé par le Conseil Régional et qui réunit toutes les autorités organisatrices de transport (AOT) de voyageurs au sein du périmètre régional. Le SMIRT travaille actuellement principalement sur les questions liées à la billettique, à l’information multimodale des voyageurs, à l’intégration tarifaire et aux pôles d’échanges multimodaux. - Les transporteurs auraient intérêt à voir se développer cette intégration tarifaire sous l’égide du SMIRT qui pourrait permettre notamment une hausse de la fréquentation des lignes régulières. Dès lors, le transport départemental interurbain collectif de voyageurs pourrait connaître un certain renouveau ; alors qu’il est aujourd’hui cantonné, avec des moyens financiers très limités et sans ressource spécifique, au transport des « captifs ». Mais pour cela, il faudrait une extension du champ géographique du versement transport. Il faut observer que, dans le même temps, les autorités organisatrices urbaines tendent à étendre de plus en plus leur périmètre dans des zones suburbaines, « rurbaines », à faible densité de population qui sont déjà desservies pour une part par des transports collectifs routiers interurbains départementaux de voyageurs et des services scolaires départementaux. Le regroupement de plusieurs AOT urbaines en une seule entité dans le département du Pas-deCalais a amplifié l’importance de ce phénomène au plan régional. Le SMIRT sera confronté aux différences d’approches des deux départements, qui ne collaborent pas facilement et dont les positions seraient à harmoniser. Ce ne sera pas simple. Néanmoins, il s’agit d’une opportunité qui peut contribuer à résoudre le problème du millefeuille territorial et à améliorer la rationalisation de l'offre. Départements 57 Bernard Gérardin Compte tenu de la création du SMIRT et des dates de remise des réseaux en appels d’offre, les grandes échéances attendues pour une stabilisation de la structure de la profession se situent entre 2018 et 2020. Les départements se recentrent généralement sur les circuits scolaires. On note des différences fortes à cet égard entre le Nord et le Pas de Calais. Dans le Nord, les transports publics sont ouverts à tous ; dans le Pas de Calais, les lignes régulières sont, autant que faire se peut, basculées sur les circuits scolaires. On arrive ainsi à un système d’une vingtaine de lignes régulières résiduelles. Par ailleurs, les règles des marchés publics font apparaitre deux points lourds de dangers pour la pérennité des entreprises : - d’une part, le matériel roulant est à la charge des entreprises, - d’autre part, la reprise du personnel lors des attributions de marché est soumise à des règles précises. Si le salarié n’est pas transféré, son employeur d’origine a l’obligation de le garder. Ces règles ne sont pas nouvelles mais, suite à la systématisation des intercommunalités, l’élargissement des PTU et l’abandon de compétences au profit des PTU, les moyens financiers consacrés aux transports interurbains tendent à se restreindre. Cela conduit à détériorer la situation financière des entreprises. De plus, les collectivités se sont professionnalisées grâce à l’appel de plus en plus fréquent à des assistants à maîtrise d’ouvrage et savent de ce fait de mieux en mieux analyser les comptes d’exploitation des entreprises. Les marges de manœuvre des entreprises de transport tendent ainsi à se réduire ; ce qui est ressenti comme une dévalorisation de la profession. Ainsi, on constate plusieurs évolutions : - La sous-traitance : le délégataire de la ville-centre choisit ses sous traitants. Cette organisation permet de gérer assez facilement la question des lignes dites « pénétrantes », - Le regroupement d’entreprises : il reste encore environ 70 entreprises de transports interurbains de voyageurs. Le mouvement de rachats devrait se poursuivre. En effet, de nombreuses entreprises sont confrontées à des difficultés financières graves, auxquelles elles répondent par des assainissements artificiels de comptes. - De plus en plus d'activités imprévisibles viennent en complément de l’exploitation des lignes régulières ; ce qui permet le réemploi partiel du matériel roulant et donc sa polyvalence. 58 Bernard Gérardin - Mais, on observe dans le même temps une baisse d’activité sur les transports occasionnels du fait de la crise économique. Cela est sensible pour les voyages occasionnels de scolaires qui sont de plus en plus souvent supprimés ou réduits car les familles rechignent, faute de moyens, à payer la contribution demandée par les établissements scolaires. Les transports occasionnels d’associations ou de groupements de particuliers ont tendance à se restreindre également. Les transporteurs qui exercent également une activité d’agence de voyages constatent aussi une baisse d’activité sur ce créneau, notamment pour les séjours à destination de l’Afrique du nord. Dès lors, la situation des personnels de conduite est fragilisée et leurs revenus, basés sur des temps partiels de plus en plus souvent, sont faibles et peu motivants. Ils sont inquiets et en recherche permanente d’un meilleur travail ou de compléments de travail, lorsque cela est possible compte-tenu des contraintes horaires et du marché de l’emploi. Intercommunalités La mise en œuvre de loi de réforme des collectivités territoriales du 16 décembre 2010 doit également être prise en compte. Elle crée deux outils institutionnels, qui ont pour ambition de favoriser l’adaptation des territoires urbains aux enjeux générés par le processus de métropolisation et une meilleure gouvernance : - ainsi, l'EPCI métropole qui correspond au lieu central de l’espace défini ci-dessus sera autorité organisatrice des transports urbains pour les services réguliers – y compris transports scolaires sur son territoire – et à la demande des transports publics urbains de personnes ; - le pôle métropolitain, qui pourrait être défini comme la traduction institutionnelle pour les collectivités territoriales et leur groupement des systèmes métropolitains de notamment coordonner les proximité évoqués précédemment, pourra services de transports et favoriser l'inter modalité (billettique, tarification, information), à l'instar des syndicats mixtes dits SRU prévus aux articles L. 1231-10 à L. 1231-13 du code des transports, tel que le SMIRT. - En outre, cette loi offre la possibilité d'un rapprochement des compétences transports de la région et des départements via l'instauration de schémas d'organisation et de mutualisation des services. Elle pose enfin la question de l'avenir des actuels syndicats intercommunaux et mixtes. - Les PTU s’étendent et prennent la place de lignes interurbaines : 59 Bernard Gérardin La mise en œuvre des nouveaux PTU a pour corollaire une extension des périmètres de recouvrement du VT (seuil de perception du VT à 10 000 habitants). Un décret du 23 août 2011 impose aux URSSAF et aux autres organismes collecteurs (MSA…) de communiquer aux collectivités locales les données relatives au versement transport, principale ressource des transports publics en France. En 2009, il a rapporté près de 6 milliards d'euros de ressource. Mais, du fait de crise économique, la progression de cette ressource spécifique a tendance à fortement se ralentir, principalement en ce qui concerne les entreprises privées. L’extension des PTU semble toutefois atteindre ses limites, puisque les communes qui se situent en périphérie des PTU aujourd’hui se rendent compte que leur intégration au réseau de transports urbains n’assure pas forcément une desserte plus fréquente ni plus efficace, alors que les coûts sont bien supérieurs. Le seuil du réseau dit urbain décroît ; la ville centre est de plus en plus petite (5000 habitants). Les zones rurales et les communes périphériques au sein des intercommunalités sont de plus en plus traitées par la mise en place de services de transports à la demande (TAD). Le seuil de pertinence de lignes régulières est limité aux zones urbaines assez denses et à certaines relations interurbaines non desservies par le TER. - L’unification de la tarification Pour la profession de transporteur, l’élargissement des intercommunalités entraîne moins de contacts avec les élus. Or ceux-ci étaient déjà considérés comme plus accessibles que leurs administrations. Il y a donc un éloignement de la profession des donneurs d’ordre. Les relations passent par les appels d’offre. Une volonté de professionnalisation des collectivités s’est traduite par une augmentation du personnel dédié. Néanmoins, ceux-ci poursuivent leur parcours professionnel au sein de la fonction publique territoriale. Ils doivent donc être polyvalents ; ce qui les conduit souvent à se centrer sur les questions juridico-administratives au détriment de la connaissance de l’opérationnel et des réalités de terrain. Cette situation, liée à une volonté des collectivités de maitriser les chaines de transport, conduit à une disparation de la souplesse, une absence de prise 60 Bernard Gérardin de risque, remplacée par des expérimentations et la réduction de la possibilité pour les exploitants d’être force de proposition. Le système de transport risque de se scléroser. Les Transporteurs ont des difficultés à anticiper l’évolution de leur activité Le manque de lisibilité et de continuité dans les politiques publiques : Si la rationalisation à réaliser par le SMIRT conduisait à la suppression des dessertes ferrées trop onéreuses, il y aurait augmentation des moyens disponibles pour des services routiers de rabattement. Ce n’est pas l’orientation actuelle du conseil régional qui donne la priorité absolue au ferroviaire. A noter cependant que le développement des services TERGV entre Lille et la côte d’Opale a eu un effet d’entrainement en faveur de l’accroissement de la fréquentation de certaines lignes routières départementales. Cet impact positif a été renforcé récemment par le prolongement des services TERGV de Boulogne jusqu’à Rang du Fliers, suite à l’électrification de ce tronçon de ligne. La création du SMIRT peut également favoriser les autocars régionaux et interrégionaux ; qu’il s’agisse de lignes routières interrégionales (soit des lignes du type cabotage comme celle lancée par Eurolines sur des trajets internationaux en juillet 2011, soit des lignes sur autoroute). L’inadéquation de l’offre avec les besoins L’offre de services de transports collectifs de voyageurs départementaux répond actuellement très mal aux besoins liés aux déplacements domicile – travail, pour se concentrer sur le transport des scolaires. Pourtant, il existe une demande potentielle très importante et croissante du fait de la hausse du prix des carburants et de la crise économique. Cela a été très clairement démontré par le développement rapide de la fréquentation des services ferroviaires TER au cours des trente dernières années. Si l’offre de services de transports collectifs de voyageurs départementaux était susceptible de s’adapter aux besoins des « navetteurs », il en résulterait une forte croissance de leur fréquentation ; compte-tenu du coût croissant des carburants et donc du coût des déplacements domicile-travail effectués avec des véhicules particuliers. L’incertitude des transporteurs sur l’avenir du métier : 61 Bernard Gérardin - La pérennité de l’interurbain ne parait pas évidente : la concurrence va s’accroitre, tandis que les marges s’écrasent. * La survie de beaucoup d’entreprises est intimement liée à leur capacité à remporter les prochains appels d’offres. * Les groupements d’entreprises sont aujourd’hui la règle pour répondre aux AO, mais cette tendance pourrait être remise en cause par la tentation de certaines grandes entreprises d’en sortir pour répondre seules. Pour les PME du transport, la réponse aux appels d’offre est difficile, avec des difficultés concernant la réglementation des marchés, la précision des comptes d’exploitation, le besoin de présenter une capacité financière et des offres financières pour les transports scolaires de plus en plus basses. Enfin, la dématérialisation des marchés publics peut poser des difficultés à certaines entreprises. - Les chefs d’entreprise se rendent compte, lors de leurs déconvenues, que rouler ne suffit pas. Beaucoup de choses sont devenues immatérielles : * les procédures d’appel d’offre, * le téléphone portable et l’informatique embarquée, * la billettique, * l’instantanéité des décisions. Les chefs sont submergés par l’urgence et éprouvent de grandes difficultés pour gérer les priorités. - Des problèmes croissants de sécurité et de sûreté (encombrements, incivilités, insultes, etc.), le besoin d’intégrer les personnes handicapées (tous handicaps) et à mobilité réduite dont le conducteur est responsable. Des structures de soutien psychologique sont mises en place, et simultanément des contrôles/formation sur l’alcoolisme et la mise en place de systèmes de contrôle de l’alcoolémie lors de la prise de poste. Le savoir faire en gestion de conflit et du stress sont indispensables. L’évolution du prix de l’énergie Le prix des carburants devrait continuer à croître fortement au cours des prochaines années avec certaines fluctuations conjoncturelles. Cela concerne notamment les carburants pétroliers qui sont encore prédominants, notamment en ce qui concerne le gazole. Cela a un double effet : L’accroissement des charges de fonctionnement des entreprises de transports collectifs routiers de voyageurs partiellement compensées par les AOT via les formules d’indexation des contrats, 62 Bernard Gérardin Le transfert modal envisageable pour certains usagers de transports individuels qui assurent actuellement leurs déplacements domicile – travail en voitures individuelles ou en deux roues. Développement de la demande en sous-traitance dans les zones suburbaines On observe une forte croissance de la population dans les zones suburbaines (rurbaines). Il en résulte une croissance sensible de la demande de transports collectifs dans ces zones. Le développement des structures intercommunales fait que ces zones ont tendance à être intégrées dans les périmètres de transports urbains (PTU), à l’intérieur desquels les AOT urbaines exercent leur autorité. Ces zones étaient traditionnellement desservies par des transporteurs départementaux. Les exploitants des services de transports urbains ont ainsi tendance à faire appel à eux pour assurer ces services dans le cadre de contrats de sous–traitance, sous réserve de l’accord des AOT. Ces activités tendent à représenter une part significative du chiffre d’affaires des transporteurs départementaux (« autocaristes »). Ces zones ne sont pas faciles à desservir dans des conditions économiquement rentables car la densité de population est faible et l’habitat est souvent dispersé. Dans certains cas, l’offre se traduit par la création de services de transport à la demande (TAD) correspondant à la création de lignes virtuelles qui ne sont activées que dans le cas de réservations téléphoniques, le plus souvent la veille ou au minimum quelques heures avant le service. Une meilleure coopération entre les AOT urbaines et les AOT départementales est souhaitable pour répondre à cette demande croissante. La création du SMIRT est susceptible d’apporter une réponse intégrée et harmonisée à ces questions. Les incertitudes liées à l’accessibilité des transports aux personnes à mobilité réduite (PMR) en 2015 63 Bernard Gérardin Les grandes entreprises ont pour la plupart déjà anticipé cette loi et s’y sont préparées. Certaines PME prévoient des difficultés financières pour se mettre aux normes. L’application de la loi crée de nombreuses incertitudes à l’horizon 2015 : - La responsabilité du dirigeant est engagée en cas d’impossibilité de charger 2 fauteuils, or le matériel ne prévoit qu’une place pour PMR ; - Le conducteur ne peut pas quitter son poste pour le chargement d’une PMR * La problématique de la ponctualité se pose dans le cas où les cars sont équipés d’un ascenseur, * Les arrêts seront-ils aux normes dans les campagnes et accessibles aux PMR ? - L’accessibilité est adaptée aux fauteuils roulants, mais pas forcément à toutes les PMR. Le département du Pas de Calais n’a pas l’intention de généraliser l’accessibilité des services et de se concentrer sur des services spécifiques pour les PMR. Dans le Nord, trois niveaux de service sont prévus, en gardant la crainte que cette organisation soit insuffisante en 2015: - Le service principal, avec planchers surbaissés, - Les lignes complémentaires et les lignes de doublage scolaire avec l’utilisation de plateformes élévatrices. Le tourisme Tous les véhicules de tourisme sont équipés d’écrans, et plus généralement de véhicules de meilleure qualité. L’image de ce segment peut donc paraître plus moderne que le transport sur les lignes régulières, dont l’image aurait besoin d’être améliorée. 64 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 3.1 Transport routier de voyageurs 3.2. Transport routier de marchandises 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 65 Bernard Gérardin La crise économique en cours a eu de lourdes conséquences pour les entreprises du secteur La crise économique actuelle est très lourde pour le transport routier de marchandises et se décline de plusieurs manières pour les transporteurs : - La baisse des volumes de transports routiers nationaux et internationaux, dont les niveaux de 2007/2008 n’ont pas encore été rattrapés. - Une forte pression sur les prix de la part des chargeurs et des pratiques de « dumping » de la part de certains transporteurs qui cherchent à survivre par tous les moyens… - … qui font passer la qualité du service comme un critère de second plan, à l’exception des questions liées à la sécurité et la sûreté, - Le développement de la sélection du transporteur par appel d’offre, avec une tendance nette à la disparition des relations de gré à gré - L’accélération du retrait des entreprises françaises sur les trajets internationaux face à la concurrence internationale, notamment en provenance des pays d’Europe de l’Est. Face à cette situation, plusieurs solutions ont été mises en œuvre : - soit la reprise de l’entreprise défaillante par un opérateur plus gros ou, dans certains cas, le rachat par les chargeurs qui ne souhaitent pas voir l’offre trop se rétrécir (et d’une part, maitriser la chaine pour en optimiser les coûts et de l’autre, la loi Gayssot qui, en cas de défaillance du transporteur, les oblige à payer la prestation non réalisée), - soit la mise en place d’outils permettant une meilleure productivité (ex : informatique embarquée), mise en place de logiciels d’optimisation de tournées, - soit le travail en sous-traitance. Un cycle de pénurie s’est installé. Il se traduit par une baisse des investissements qui se limitent aux marchés assurés. La « machine à cash a cassé avec la crise » : les achats/ventes de matériels étaient également un moyen de rentabiliser l’entreprise. Ce moyen tend plutôt à disparaitre Le recours au crédit-bail peut constituer, sous certaines conditions, une réponse pertinente. Tous les transporteurs se positionnent sur des réorganisations internes permettant des gains de productivité susceptibles d’offrir des prix compétitifs dans un contexte fortement concurrentiel. Finalement, la crise économique a 66 Bernard Gérardin renforcé les considérations financières au détriment du métier traditionnel tourné vers l’exploitation et la conduite. Les entreprises interrogées ont très clairement ressenti une dévalorisation du métier. L’impact de la crise est amplifié en région Nord Pas-de-Calais, région frontalière, par l’absence d’une véritable harmonisation sociale au sein de l’Union Européenne. Il existe une réglementation sociale européenne des temps de conduite mais pas d’harmonisation du droit du travail. En France, les temps d’attente (dits « temps à disposition ») sont rémunérés ; ce qui n’est pas le cas dans la plupart des pays européens. Les relations avec l’Etat et les collectivités Les relations entre les autorités publiques et les transporteurs restent limitées. Les transporteurs ont le sentiment qu’ils pourraient être force de proposition pour des thèmes qui posent des problèmes récurrents : - l’insertion des véhicules en ville, - les interdictions de stationner, - la réglementation des horaires de livraison et du stationnement. Aujourd’hui, ils ne sont pas, le plus souvent, associés aux décisions, malgré les besoins évidents liés à la distribution de marchandises en ville. Cette situation fait partie des motifs de dévalorisation de la profession. A noter toutefois le lancement à Lille de la mise en place d’une initiative concernant l’implantation d’un centre de distribution urbaine des marchandises sur le site du port de Lille. Les professionnels du transport sont associés aux réflexions en cours. L’exemple de la réforme de la FCO obligatoire, passée de 3 à 5 jours tous les 5 ans, est particulièrement marquant. Elle n’a pas été comprise des entreprises, qui jugent la FCO sous sa forme actuelle inadaptée et source de pertes de temps pour un résultat limité. Cette décision « imposée d’en haut » est aujourd’hui mal perçue par les entreprises. Néanmoins, on observe que les régions et les départements commencent à s’intéresser au GEIQ, dont l’objectif est la mutualisation des formations et des embauches. - Ce type de démarche est nouveau, il intervient après la suppression du service militaire dont l’une des conséquences est que les jeunes gens ne disposent plus du permis poids lourds et qu’il leur faut une formation pour le passer. Les besoins en personnel s’établissent 1 ou 2 ans à l’avance. 67 Bernard Gérardin Néanmoins, dans les petites entreprises, le risque est important si l’embauche n’est pas confirmée. - Le Conseil Régional Nord Pas-de-Calais a mis en œuvre au cours des années 80/90 une politique active en matière de soutien au développement des infrastructures logistiques et portuaires ; ainsi qu’à l’aide au conseil pour les entreprises de transport routier de marchandises ( FRAC = Fonds Régional d’Aide au Conseil). Cette action a été interrompue il y a une dizaine d’années; alors qu’elle avait apporté des résultats significatifs. Cela s’explique par la prise de responsabilité directe du Conseil Régional dans le domaine des transports de voyageurs qui mobilise désormais une grande partie de ses moyens. Depuis la décentralisation des services de transports collectifs régionaux de voyageurs, son intervention dans le domaine des transports de marchandises a eu tendance à se réduire. L’importance de la logistique urbaine est souvent sous – estimée par les élus locaux dans les zones urbaines.. A noter cependant l’existence d’un volet marchandises dans le plan de déplacements urbains (PDU) de l’agglomération lilloise et la mise en place prochaine d’un centre de distribution urbaine de marchandises sur le site du port de Lille à proximité du centre ville. Cette initiative associe le Port de Lille, les collectivités territoriales et les professionnels concernés. - Cette situation devrait évoluer au cours des prochaines années du fait de la prise en compte des préoccupations environnementales et des obligations liées à la mise à jour du volet marchandises du PDU. La ville de Lille et Lille Métropole étudient actuellement avec le Port de Lille un projet d’espace logistique urbain sur un des sites du Port de Lille très proche du centre ville. Cela devrait induire une meilleure collaboration entre les professionnels des transports et les collectivités territoriales concernées. Ce projet est aussi lié à un projet de rénovation urbaine ambitieux. Impact du développement des plates – formes et des ports Le développement des plates – formes logistiques et des activités portuaires induit une croissance des activités de transport routier de marchandises régional pour les trajets terminaux. 68 Bernard Gérardin Cela concerne principalement la plate – forme logistique tri-modale de Dourges qui regroupe actuellement environ 300 000 m² d’entrepôts et qui devrait connaître une croissance importante au cours des prochaines années. Un doublement des surfaces d’entrepôts est programmé. Le port de Dunkerque devrait se développer suite à la mise en œuvre de la réforme portuaire. Cela devrait permettre enfin de surmonter certaines contraintes sociales qui ont jusqu’à maintenant freiné l’essor de l’activité des ports français et favorisé le détournement massif des flux, de la création de valeur ajoutée et des emplois vers les ports du Benelux. Les autres ports : Calais, Boulogne, etc. ont une activité plus réduite en matière de transports de marchandises. Boulogne dispose toutefois d’une importante zone d’activité affectée à la transformation des produits de la Mer (CAPECURE) qui génère un important trafic routier. Elle traverse également de graves difficultés sur le plan économique. Le port de Lille a mis en place depuis 1989 un terminal conteneurs qui relie directement les ports de Dunkerque, de Zeebrugge, d’Anvers et de Rotterdam. Le site du port de Lille accueille également un centre de recyclage des déchets qui permet de développer le transport fluvial pour les transports de déchets et de produits recyclés. La réalisation du Canal Seine - Nord Europe devrait être accompagnée de l’implantation de quatre nouvelles plates – formes logistiques en Picardie et en Nord-Pas-de-Calais. Cela devrait également induire de nouvelles activités de transport régional de marchandises. Il existe encore cependant de nombreuses incertitudes concernant les conditions de réalisation de ce projet. Ce projet prend du retard au niveau de sa mise en œuvre et de son financement. La concurrence européenne Beaucoup de transporteurs spécialisés dans la longue distance se plaignent de distorsions de concurrence à l'échelle européenne. La réglementation sociale reste pour une large part de compétence étatique. Les règles sociales ne sont donc pas harmonisées, sauf dans le domaine des temps de conduite. La France étant plus exigeante sur tous les systèmes, les transporteurs français se trouvent dans une position très défavorable par rapport à leurs concurrents notamment des pays d’Europe de l’Est. 69 Bernard Gérardin La différence des règles concerne : - les coûts salariaux horaires, complétés des règlements concernant le décompte des temps de travail. C’est ainsi que les temps « à disposition » sont rémunérés en France ; ce qui n’est pas le cas dans la plupart des autres pays européens. - la réglementation du permis à point, outil de travail indispensable pour les conducteurs français, n’existe pas dans d’autres pays européens comme la Pologne. Pour profiter de cet avantage, on trouve plusieurs possibilités : - Des camions immatriculés à l’étranger aux couleurs d’entreprises régionales ; - Des conducteurs français pour début/fin de parcours, et des conducteurs étrangers pour le reste ; - Une concentration des conducteurs français sur les lignes régionales ; - La création de sociétés européennes dans un pays voisin à législation plus favorable et aux contrôles souvent laxistes. Dans les années 80, la TRO (tarification routière obligatoire) a été abandonnée. Elle fixait des minima et maxima de la marge brute (mini 25%, maxi 50%). Cette organisation, gérée par les pouvoirs publics, en évitant le dumping, préservait la pérennité des petites entreprises. Sa suppression a fragilisé les petites et moyennes entreprises qui, pendant la crise économique, n’ont pas pu faire face à une baisse des volumes et des coûts et ont disparu. En 1993, le marché unique des transports routiers de marchandises a été mis en place avec possibilité de cabotage en France pour des transporteurs d’autres pays de l’Union Européenne supportant des contraintes sociales beaucoup moins fortes. Les transporteurs implantés en Nord-Pas-de-Calais ont été touchés de plein fouet par cette ouverture à la concurrence. Entre 1998 et 2007, il y a eu une forte augmentation de la part des poids lourds étrangers dans le trafic total, en particulier pour le trafic de transit. En 1998, ils représentaient 32% (48% pour le transit). Aujourd’hui, leur part est de 44% (65% pour le transit). Des transporteurs soulignent également l’impact négatif de ce phénomène sur la profession en général : - L’exigence de sécurité des transporteurs étrangers n’est pas la même dans beaucoup de cas que celle des transporteurs français ; 70 Bernard Gérardin - La formation des conducteurs n’est pas toujours aussi bonne qu’en France; - La qualité du matériel n’est pas toujours au même niveau d’exigence qu’en France, notamment en matière d’émissions polluantes. Le développement durable et la gestion des énergies Le développement durable n’est pas la préoccupation prioritaire des transporteurs en période de crise. Ils cherchent d’abord à survivre dans un environnement hostile ! Le développement durable est encore peu intégré en pratique par les transporteurs qui ne peuvent pas en répercuter facilement le coût dans leurs tarifs. Il reste néanmoins une exigence de certains chargeurs. Pour certain marchés, en particulier la grande distribution et pour les chargeurs du CAC 40 (inscription dans le rapport annuel), il devient indispensable de prendre un engagement moral. C’est l’objet des chartes. - La charte CO², est un projet monté par des transporteurs, TLF, FNTR et l’AFT (pour sa mise en œuvre) avec l’ADEME, pour une durée de 3 ans. Elle se termine l’année prochaine. Aucune suite ne semble être prévue à l’heure actuelle. Il y a de toute évidence un manque de continuité dans les actions soutenues par les pouvoirs publics et notamment par l’ADEME ; ce qui en limite considérablement l’impact. - La charte ADEME joue essentiellement sur la consommation, avec plusieurs facteurs sur lesquels il est possible de progresser : * L’organisation avec la diminution des km à vide, ce que l’informatique embarquée peut aider à obtenir ; * Le matériel roulant de classe plus économe ; * La conduite ; * Le carburant. Néanmoins, cette démarche d'amélioration continue est peu favorable aux petites PME qui rencontrent des difficultés pour financer la mise en place d’outils d’informatique embarquée. Certains chargeurs reconnaissent et encouragent les efforts des transporteurs en matière de réduction des émissions polluantes, qui leur permettent de prouver leurs efforts (notamment pour les groupes quottés en bourse). 71 Bernard Gérardin Par exemple, en Nord pas de Calais, Auchan a mis en place une charte spécifique : - Charte Auchan en matière de développement durable (extrait) Energie La tendance à la hausse du prix des produits pétroliers aura aussi des conséquences importantes dans le domaine des transports de marchandises. Les entreprises rencontrent souvent des difficultés pour introduire et appliquer dans les contrats de transport des clauses d’indexation du prix du gazole : * les chargeurs ayant un fort pouvoir de négociation refusent parfois l’indexation ou ne l’appliquent que partiellement, ou exigent une compensation sur les prix du transporteur ; * cette distorsion des règles touche également les entreprises de sous-traitance qui ne bénéficient pas de la compensation partielle de la TIPP dans leurs tarifs. Cela renforce l’intérêt des formations en matière de conduite « apaisée ». Mais, au-delà de la formation, il faut introduire un intéressement en faveur des conducteurs afin de les motiver. Certains transporteurs signalent néanmoins que la baisse de consommation dépend essentiellement des constructeurs. Cela induit des efforts accrus en matière d’optimisation des services et une certaine tendance à la mutualisation des services entre transporteurs malgré les obstacles et les freins liés à la concurrence commerciale. L’usage d’autres sources d’énergie devrait se développer. C’est le cas de l’électricité et du GNV principalement en zones urbaines et suburbaines. 72 Bernard Gérardin La faible autonomie des véhicules électriques et le poids des batteries limitent encore considérablement le développement de leur usage. L’offre se limite actuellement pour l’essentiel aux petits véhicules utilitaires. Mais, des progrès sont en cours en matière de développement technologique dans ce domaine. L’usage du gaz naturel véhicules (GNV) devrait aussi se développer, à condition qu’un réseau de stations de compression puisse enfin être mis en place. La France a un retard considérable dans ce domaine, en comparaison avec les autres pays européens. Les engagements pris en 2005 pour la période 2005 – 2010 n’ont pas été respectés, tant par les pouvoirs publics que par les signataires privés du protocole. Le GNV permet dans certaines conditions de réduire sensiblement les coûts de transport, la pollution locale et les émissions de gaz à effet de serre. Il existe une offre assez riche de véhicules utilitaires légers et de porteurs (jusqu’à 26 t) GNV. Pour les ensembles articulés gros porteurs, on peut recourir à la technologie « dual fuel » qui est largement utilisée au Royaume Uni et dans les pays nordiques mais dont l’usage en France est freiné par des obstacles administratifs. Une expérimentation pilote est en cours de mise en œuvre en France dans le cadre du PREDIT mais avec un véhicule immatriculé en Grande Bretagne. Le développement de la logistique urbaine - On observe actuellement un développement des initiatives dans le domaine de la logistique urbaine ; c’est-à-dire de la gestion du « dernier kilomètre ». Il représente une part importante, de l’ordre de 25 % en moyenne, du coût total des transports de marchandises. - Le développement du e-commerce, le retour au centre ville de la « grande distribution » et le développement des livraisons à domicile induisent une demande croissante de services en matière de logistique urbaine. Le coût élevé de ces services conduit les transporteurs à rechercher des solutions innovantes pour optimiser les tournées et réduire les coûts de ces services. Il en résulte la création d’espaces logistiques urbains : * centres de distribution urbaine, * hôtels logistiques, * points relais, * boites logistiques urbaines, * espaces logistiques de proximité (ELP). 73 Bernard Gérardin Dans les grandes agglomérations urbaines, ces activités sont créatrices d’emplois. Un important projet dans ce domaine, associant la ville de Lille et le port de Lille, est actuellement à l’étude. Il devrait aboutir à la création du plus grand centre de distribution urbaine de marchandises en France. Les mutations technologiques Elles ne sont pas primordiales. Néanmoins, les entreprises de transport étaient des entreprises de « mécanique », elles sont devenues des entreprises de services. Le matériel roulant est plus sophistiqué, il est désormais équipé de multiples outils électroniques et informatiques. Il en ressort une difficulté pour le dépannage de premier niveau, qui n’est plus assuré dans de nombreux cas par les conducteurs. L’informatique embarquée établit un lien plus direct entre le conducteur et l’exploitant, ce qui entrainera des modifications des méthodes de travail et de l’optimisation en temps réel des tournées. De même l’informatique dans les entrepôts pourrait permettre une meilleure traçabilité de la marchandise, faciliter l’application des règlements de plus en plus sophistiqués, etc. L’introduction des puces RFID va encore accroître l’efficacité de la chaîne logistique en générant d’importants gains de productivité. L’informatisation de la chaîne logistique offre des potentiels d’une offre plus globale et adaptée aux clients ; comme par exemple des délais garantis et une possibilité de suivi en temps réel des expéditions. Néanmoins, les investissements en matière informatique sont difficiles à répercuter dans les prix. Ce point renvoie aux difficultés (aux lacunes) de certains dirigeants en matière de contrôle de gestion, et d’estimation de la formation de leurs couts. Cela concerne souvent des petites entreprises dont les marges sont très réduites. Les transporteurs dont les clients sont récurrents considèrent que c’est le savoir-faire du conducteur qui doit permettre de trouver l’itinéraire le plus adapté. Un système de géo localisation nécessite l’implication du conducteur et peut être mal perçu jusqu’à être source de conflit. Evolution des stratégies d’entreprise 74 Bernard Gérardin L'évolution vers la logistique est obligatoire pour maîtriser la chaîne, baisser les coûts et améliorer la qualité des services rendus. - En agroalimentaire frais, l'intégration entrepôt/transport est nécessaire pour respecter les délais. Le premier niveau de massification se fait chez le producteur, qui s'organise, le deuxième dans l’entreprise. Les tournées de ramassage ne se font plus avec de petits véhicules, mais souvent avec le même matériel roulant : remplissage de l’entrepôt pendant la journée, trajet longue distance de nuit. - En agroalimentaire sec, les clients type grande distribution contractualisent sur un volume annuel. Ils s’assurent ainsi un partenariat dans lequel le transporteur s’engage à répondre lors des leurs besoins en pics d’activité. - En messagerie, les réseaux ont du mal à être rentabilisés, le marché est grignoté à ses deux extrémités : * Par le bas : les monocolistes (point relais et, à terme, les centres de distribution urbaine) * Par le haut : on constate des affrètements à partir de 3/4 palettes L’offre globale des transporteurs étant encore largement suffisante par rapport à la demande des chargeurs, le prix subit de fortes pressions à la baisse. Le marché est durablement en régression, sans doute stabilisé à un niveau bas. Il s’agit donc de prendre des options stratégiques pour rentabiliser l’activité, alors même qu’il ne reste plus beaucoup de productivité à gagner : - Améliorer le coefficient de remplissage des véhicules ; - optimiser les tournées et les adapter en temps réel aux contraintes de circulation ; - transformer des charges fixes en charges variables : * sous-traitance, * location/crédit bail, * intérim, * annualisation du temps de travail. Ces mesures stratégiques d’amélioration financière impliquent de disposer des connaissances utiles en comptabilité analytique et optimisation financière. La réalité actuelle est que beaucoup de transporteurs n’ont pas la connaissance de leur prix de revient, ce qui rend difficile toute optimisation des coûts : - Les référentiels sont anciens, 75 Bernard Gérardin - La politique d’achat du matériel roulant demande une bonne connaissance des outils financiers. Les relations transporteurs –clients : le partenariat Les relations entre clients et transporteurs ont évolué. D’une certaine manière, on est passé d’une culture de lutte à une culture de partenariat. Lorsque les besoins de transport étaient importants, la pénurie de personnel avait rendu les conducteurs comme des « rois », les transporteurs pouvaient se permettre de refuser des chargements non rentables pour leur organisation. Le marché s’est tendu à cause de la crise, et les chargeurs, en particulier de la grande distribution, ont agi pour éviter d’être dépendants et pour baisser leurs coûts logistiques. De plus, la qualité du service a pris une importance considérable (respect des délais, de la marchandise, et réponse aux pics d’activité) ; les coûts restant assez bas. Les chargeurs interrogés cherchent à nouer des relations partenariales avec les transporteurs. Un engagement moral partagé doit permettre au chargeur d’obtenir le service qu’il souhaite, et au transporteur de pérenniser son entreprise. Pour répondre à la question financière, les chargeurs de la grande distribution répondent par une contractualisation des prestations de base, permettant une garantie de paiement sur un volume annuel. En échange de cet engagement, ils attendent de leurs transporteurs une réactivité et la capacité de répondre au cas par cas à leurs besoins. Auchan, qui privilégie les transporteurs de taille moyenne, indique le fonctionnement en réseau de ses prestataires (chacun a sa « famille ») qui peuvent s’affréter mutuellement pour réaliser des transports nationaux. En effet, les conditions économiques de ces transports rendent difficiles les opérations oneway, qui sont souvent refusées s’il n‘y a pas de fret retour. La distance moyenne parcourue par les poids lourds en échange a diminué, essentiellement pour les échanges nationaux et avec la Belgique. La distance pour les échanges régionaux est globalement stable. La diminution de la distance médiane entre 1998 et 2007 s'explique en partie par les évolutions contrastées du trafic d'échanges: forte augmentation des échanges avec le bassin minier et baisse des échanges avec le reste de la France . Ce point est à mettre en relation avec le développement du trafic conteneurisé (Dunkerque et Dourges) qui induit une augmentation du transport routier de proximité. 76 Bernard Gérardin En cas de défaillance d’une entreprise de transport (suite à une faillite par exemple), le donneur d’ordre (expéditeur ou destinataire) devra payer le service non réalisé. C’est ce qui conduit Auchan, par exemple, à être particulièrement attentif au choix de ses prestataires : - Instaurer des relations sur le long terme / établir un partenariat - Veiller à ne pas représenter une part excessive du chiffre d’affaires/ limiter le taux de dépendance Les prix restent assez bas, l’offre ayant été sur abondante avec la crise économique. Néanmoins, il n’est pas de l’intérêt des clients de voir trop d’entreprises disparaitre (ou trop de regroupements). La place des PME est prépondérante dans l’ensemble des prestataires ; les PME étant plus à même que les groupes de répondre rapidement et de manière adéquate aux demandes exceptionnelles (les pics d’activité). La question de l’indexation des principaux postes de charges représente un enjeu important pour les transporteurs. La nouvelle génération de dirigeants est formée à la gestion et considère ce métier très différemment. Le patron gestionnaire s’éloigne de la production, il embauche des commerciaux et l’on observe finalement la cohabitation de plusieurs mondes qui ne se connaissent pas : celui de la production de transport et celui de la finance. Le contre exemple de cette situation existe, avec une perte de compréhension mutuelle : le transporteur sans avenir laisse le client organiser le transport à sa place, ne sait pas capter un marché, ne sait répondre que par un prix et rencontre des difficultés pour imposer une indexation tenant compte de l’évolution de prix du gazole, des péages, etc. Ce sont des transporteurs qui ne connaissent pas les chargeurs, et qui, en particulier, ne connaissent pas la manière dont les coûts sont constitués. Il s’agit, toujours du point de vue du chargeur, d’un transporteur dont les dirigeants sont éloignés de l’opérationnel (les conducteurs ne sont plus encadrés), qui délègue toute la relation clients à des commerciaux contre-productifs parce qu‘ils ont une méconnaissance de la réalité de l'exploitation ; ce qui a pour conséquence d’éloigner le chef d’exploitation du client. Le client ne trouve plus chez ce transporteur l’expertise qu’il attend. Il ne peut pas avoir confiance. Inversement, il constate que le transporteur ne cherche pas à comprendre quels 77 Bernard Gérardin sont ses leviers d’économie et n’est pas capable de proposer une « offre globale garantie ». Tout l’avantage de sur-mesure qu’apporte le transport routier de marchandises est ainsi perdu. Tout ce besoin est résumé par la démarche partenariale. Cette question des relations partenariales se retrouve à un autre niveau : sur l’évolution du métier de conducteur. Il est choquant, pour un chargeur, de voir des conducteurs se désintéresser du chargement de leur camion. Il s’agit de montrer le sens des responsabilités du transporteur vis-à-vis de son client. Le métier de conducteur doit aller aujourd’hui au-delà de la conduite pure. Il est attendu qu’il soit proactif : vérifier la marchandise, la répartition des charges dans le semi, vérifier son matériel (planches de sécurité, sangles.). Il doit éviter les litiges. Le conducteur est le contact régulier entre le transporteur et son client. L’exploitant doit néanmoins venir sur place, il doit transmettre les remontées du chargeur auprès des conducteurs routiers. La part dont le transporteur est responsable dans la chaîne de transport concerne : le carburant (éco conduite), le matériel roulant, la formation, la relation avec la clientèle et l’encadrement du personnel. Pour mieux établir le lien entre le monde des transporteurs et celui des magasins, Auchan a édité une charte qui rappelle les engagements de chacun. Cette charte couvre tous les aspects du transport. Exemple de partenariat : extraits de la Charte Auchan 78 Bernard Gérardin Polyvalence des métiers On observe une certaine tendance, qui reste à préciser, au développement de la polyvalence des métiers. C’est ainsi que la tâche d’un conducteur routier s’élargit. 79 Bernard Gérardin Il est ainsi en relation avec la clientèle, tant pour les livraisons urbaines que pour les transports régionaux. Cela est particulièrement vrai dans les services « B2C » où le conducteur livreur est en relation avec des clients non professionnels. On peut citer à titre d’exemple les livraisons à domicile chez les particuliers qui sont en rapide développement dans les grandes agglomérations urbaines. Le commercial doit avoir une bonne connaissance pratique des contraintes d’exploitation. Le confort de vie Une évolution en profondeur de la société est conduite par une demande de confort. Il s’agit de pouvoir prévoir les moments de disponibilité et d’indisponibilité, avoir des horaires réguliers, pouvoir organiser sa vie. Ceci est vrai pour : - les grands routiers qui pourront être éloignés plusieurs jours de leur domicile, - les transports de proximité (baisse de l’intérim). Dans tous les cas, les conducteurs souhaitent savoir quand ils seront disponibles et pouvoir organiser leur vie. Ce besoin est très directement lié au besoin de reconnaissance des personnels. Sans respect de ces règles, on observe un turn-over important des personnels qui est préjudiciable à la productivité des entreprises. Il faut noter que cette demande va dans le sens inverse de l’organisation de la qualité de service des transports. De manière très unanime, une des premières qualités d’un bon transporteur est sa réactivité et sa capacité à faire face à des pics d'activité. Il y a sur ce point des enjeux en matière d’organisation et de gestion RH. Impact de l’évolution réglementaire Le paquet routier La transposition en droit français de la réglementation européenne, dite « paquet routier », devrait se traduire par un renforcement assez sensible des conditions d’accès à la profession de transporteur routier de marchandises. Cela concerne les conditions d’obtention de l’attestation de capacité. Il existe actuellement trois procédures d’obtention de l’attestation de capacité : - par examen, - par équivalence de diplômes : BTS, DUT, Bac Professionnel Transport, etc. 80 Bernard Gérardin - par expérience professionnelle, en matière de direction d’une entreprise de transport durant une période d’au moins 5 années. Les évolutions envisagées ne sont pas encore connues avec précision ; puisque la réglementation européenne demande encore des déclinaisons en droit français. Il semble que les conditions d’équivalence de diplômes seront plus strictes. C’est ainsi que vraisemblablement le Bac Professionnel Transport ne suffira plus pour obtenir l’attestation de capacité. L’objectif de cette nouvelle réglementation est notamment de renforcer les compétences des dirigeants d’entreprises de transport en matière de gestion. Valorisation de la profession La profession est mal considérée et plusieurs facteurs sont évoqués : La convention collective est archaïque. Il y a là matière à remobiliser en évitant de se reposer sur les acquis. Les idées reçues doivent être combattues. Ce métier est mal connu : il se résume souvent à la conduite pour les grands routiers ; alors même que ce métier a évolué et s’est élargi à d’autres responsabilités à prendre en toute autonomie: - Charger et décharger les marchandises / surveiller que le matériel n'est pas abîmé/être responsable de la qualité et de la sécurité du chargement ; - Planification des tournées ; - Respect des délais : choisir les parcours en fonction des délais / effectuer sans dépannage externe les petites réparations (coût et temps). - Les autres métiers du transport, en particulier la logistique, ne sont pas connus ; - La très faible mobilité des personnels qui imaginent passer toute leur vie professionnelle dans la même entreprise, au même poste. Dans le même registre, ils regrettent la disparition d’une inspection du travail spécialisée dans les transports. Les inspecteurs avaient une connaissance approfondie du secteur ; ce qui permettait un dialogue constructif. En revanche, le soutien des instances de la profession est unanimement salué pour son efficacité et sa réactivité 81 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 4.1 Transport routier de voyageurs 4.2 Transport routier de marchandises 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 82 Bernard Gérardin Un constat préalable à la problématique du recrutement : le métier de conducteur de transports de voyageurs n’est pas un métier de vocation mais plutôt de reconversion Une majorité des conducteurs ont pratiqué une autre profession avant de se tourner vers le transport de voyageurs Les conducteurs d’autocars ont souvent déjà eu une expérience dans le secteur des transports - Quelques candidats qui se présentent ont déjà conduit des autocars dans un cadre différent (interne à une entreprise, anciens conducteurs du transport urbain, etc.). Ces conducteurs qui souhaitent réorienter leur parcours professionnel se tournent assez naturellement vers le transport interurbain de voyageurs, puisqu’ils possèdent déjà leur permis D et qu’ils ont de l’expérience dans le secteur. Les anciens conducteurs dans l’urbain cherchent souvent à diminuer le stress lié à la conduite en ville et à réduire les problèmes de sécurité liés aux zones urbaines sensibles, même si ces derniers existent également dans le transport interurbain. - La passerelle depuis le transport routier de marchandises semble exister, pour des cas particuliers (se référer au point suivant) - Certains autres candidats ont exercé une formation totalement différente mais souhaitent se reconvertir et bénéficient du financement de la formation au permis D et à la FIMO par les organismes d’aide au retour à l’emploi (Pôle Emploi, Maisons de l’Emploi, Missions locales, etc.) Les entreprises interrogées constatent qu’une part des candidatures qu’ils reçoivent émanerait de conducteurs expérimentés du transport de marchandises ayant des difficultés à poursuivre leur activité actuelle - Les conducteurs ayant des problèmes de santé, en particulier de dos, liés aux montées et descentes fréquentes dans la cabine et aux chargements et déchargements trouveraient une voie de reconversion dans le métier de conducteur de car - De même, quelques conducteurs ayant un profil de « grand routier », avec de nombreux découchés, souhaitent dans quelques cas se sédentariser pour garder une proximité avec le cercle familial, et franchissent la passerelle vers le transport de voyageurs. Si la passerelle entre le transport de marchandises et le transport de voyageurs existe dans ce sens, la reconversion n’est toutefois pas aisée, et demande des capacités d’adaptation au conducteur. 83 Bernard Gérardin - Le contact avec l’usager est généralement nouveau pour les anciens conducteurs du transport de marchandises, et ils ont parfois du mal à s’y adapter. - Les incivilités et le comportement des usagers sont souvent un facteur de difficultés pour les conducteurs reconvertis. - La routine liée à la fréquentation quotidienne d’une même ligne est également soulignée comme un facteur de lassitude pour les conducteurs qui font le choix d’une reconversion. - La conduite est techniquement assez différente ; le transport de voyageurs ayant des contraintes supérieures liées au confort des passagers et aux impératifs de comportements de conduite en zone urbaine. De nouvelles contraintes physiques liées à l’utilisation du matériel d’embarquement des PMR pourraient toutefois réduire le vivier de candidats potentiels qui se présentent aujourd’hui en raison de leurs contraintes physiques. Le métier de conducteur de cars attire peu de jeunes L’âge minimal pour un conducteur est de 21 ans ; bien que le métier ne requière pas une longue formation initiale. - Il n’est possible d’obtenir le permis D qu’à 21 ans ; ce qui bloque souvent des jeunes qui pourraient avoir la vocation pour ce métier plus tôt. * Lors des formations en contrat de professionnalisation, les jeunes ne peuvent pas conduire ni travailler de nuit, aussi sont ils souvent affectés sur des fonctions qui ne sont pas vraiment en lien avec le métier de conducteur (maintenance, quai, etc.). * L'alternance est d'ailleurs difficilement conciliable avec les métiers du transport, car le métier ne peut être concrètement exercé qu'après obtention du permis, donc tardivement dans la formation. - Les entreprises ont peu d’alternatives pour occuper des salariés plus jeunes avant l’obtention de leur permis. - Les jeunes ayant une vocation pour la conduite se dirigent plus naturellement vers le transport de marchandises, pour lequel ils peuvent obtenir leur permis C dès 18 ans. Le transport de voyageurs souffre de la mauvaise image du transport routier en général dans le grand public. - L’image du métier de conducteur est dévalorisée par les conditions difficiles de travail. 84 Bernard Gérardin * Le comportement des usagers est un phénomène de société, et la publication dans la presse des agressions physiques et verbales dont sont victimes les conducteurs dans les zones sensibles limitent les vocations pour ce métier. * Le métier de conducteur a la réputation d’être stressant auprès du grand public. * Les horaires souples rendent également le métier difficile. * Le recours de plus en plus fréquent au temps partiel lui donne une image de métier « précaire ». - Les rémunérations seraient assez faiblement attractives. Le coût initial de la formation est une barrière pour beaucoup de jeunes. - Selon les entreprises, le coût de la formation, de l’obtention du permis D et de la FIMO s’élève au total à environ 5000 euros. Ainsi, la pyramide des âges montre un déficit de jeunes conducteurs. L’âge moyen des conducteurs dans les entreprises est assez élevé. Les entreprises donnent généralement la priorité au recrutement de conducteurs expérimentés. - La « casse » est dans leur cas plus réduite. - Les capacités relationnelles du conducteur s’améliorent souvent avec l’expérience. 85 Bernard Gérardin Le recrutement des conducteurs ne pose pas de difficultés importantes aux entreprises aujourd’hui, mais elles en anticipent dans les prochaines années La situation actuelle est encore favorable en termes de recrutement Les entreprises embauchent relativement peu, en raison de l’incertitude sur l’avenir de l’activité. - La réduction du nombre de lignes mises en délégation de service public par les Conseils Généraux et la réduction des fréquences de passage sur ces lignes diminuent les besoins des entreprises en conducteurs. - Les entreprises limitent les embauches pour éviter les difficultés immédiates en cas de pertes de lignes à la suite des prochains appels d’offres. Le vivier de candidats disponible est aujourd’hui suffisant pour subvenir aux besoins immédiats des entreprises. - La formation de nouveaux conducteurs permet aujourd’hui de répondre aux créations de postes et au remplacement des départs en retraite. Mais la concurrence du transport urbain de voyageurs rendra le recrutement en interurbain de plus en plus difficile Les conducteurs sont souvent plus attirés par le transport urbain ; afin de pouvoir bénéficier d’une convention collective plus avantageuse. La convention collective du transport routier est souvent présentée comme n’étant plus vraiment adaptée aux réalités du métier. La convention collective actuelle est en vigueur depuis 1950 et ne tiendrait pas compte des dernières évolutions du métier parmi lesquelles sont cités notamment : * Le raccourcissement des trajets, * Les temps de conduite, de repos, * La réduction des découchés, * La réduction des heures travaillées. Les entreprises interrogées signalent que la convention collective du transport urbain est plus avantageuse. Les conditions de travail seraient également plus attractives, notamment pour la rémunération et les horaires de circulation. 86 Bernard Gérardin En revanche, le stress lié aux incivilités et à la pression sur la tenue des horaires y est plus important. Des difficultés pourraient ainsi apparaître dans les années à venir Le manque d’attractivité du métier et la dégradation perçue des conditions globales de travail, ainsi que l’augmentation des besoins dans le transport urbain pourraient peser sur le vivier de candidats. L’âge moyen des conducteurs en poste aujourd’hui a tendance à augmenter et le manque de renouvellement générationnel menace de devenir un problème important pour l’avenir du secteur. Le développement du temps partiel est aujourd’hui maîtrisé grâce à des candidatures volontaires. Mais, son accroissement pourrait devenir un problème avec un risque de mauvaise image dans le grand public lié à la « précarisation du métier ». 87 Bernard Gérardin Le recours au temps partiel se développe rapidement Le phénomène de recours au temps partiel est le point le plus sensible dégagé par les entreprises en matière de gestion des Ressources Humaines. Il s’agit d’un phénomène relativement nouveau, qui est intimement lié à la réduction et surtout à la moindre fréquence des services sur les lignes. La moindre de fréquence de passage aux arrêts sur les lignes interurbaines favorise le recours au temps partiel Les lignes interurbaines sont de plus en plus consacrées au transport scolaire - Les donneurs d’ordres se dirigent vers un service davantage spécialisé scolaires (en particulier dans le Pas-de-Calais, le Nord mène plutôt une politique de maintien des lignes régulières interurbaines), avec un service le matin et un service pour les retours en fin d’après midi. - Les transporteurs ont des difficultés à trouver de l’activité, plutôt consacrée à l’occasionnel pour remplir le planning entre les heures de service du matin et de la fin d’après-midi. - Le recours au temps partiel est donc le recours naturel pour les entreprises. L’intérim est rarement utilisé pour le transport de voyageurs, et uniquement dans les périodes de pics d’activité imprévus. Quelques entreprises utilisent toujours les heures supplémentaires pour éviter le recours au temps partiel, mais leur nombre semble diminuer Le coût d’utilisation des heures supplémentaires est souvent plus élevé que le recours au temps partiel pour les entreprises, et diminue la rentabilité des lignes. Le respect de la législation complique le recours aux heures supplémentaires ; puisque les conducteurs ne peuvent pas poursuivre leur service sans respecter les temps de pauses, qui sont dus au salarié par l’entreprise (« temps à disposition »). Les conducteurs apprécieraient généralement cette pratique qui permettrait une augmentation substantielle de leur rémunération. 88 Bernard Gérardin La mise en place de politiques de soutien aux conducteurs face des conditions de travail plus difficiles Le métier de conducteur devient plus stressant La fréquentation des scolaires est parfois éprouvante pour le conducteur. - Les jeunes sont moins respectueux de l’autorité du conducteur et du matériel. - Le volume sonore dans les cars est souvent plus élevé ; lorsque celui-ci est fréquenté par un public scolaire. - Le conducteur doit « surveiller » les passagers tout en maintenant un niveau égal de concentration sur sa conduite. Les agressions verbales et les incivilités font partie du quotidien du conducteur. Le risque d’agressions physiques est renforcé par la vente de titres de transport à l’intérieur du car et donc par la manipulation d’argent. Certaines entreprises tentent d’adapter leurs méthodes de GRH à cette nouvelle tendance de la société Les entreprises reconnaissent l’augmentation du stress et font des efforts pour répartir les lignes les plus « sensibles » entre les conducteurs. Quelques entreprises font appel aux services de psychologues pour permettre à leurs salariés d’extérioriser leurs difficultés et pour ne pas leur laisser un sentiment d’abandon. La mise en place de services psychologiques est également importante pour les conducteurs ayant connu des expériences d’accidents. 89 Bernard Gérardin La formation des conducteurs : le passage à la FCO a mis les plans de formation des entreprises dans une situation de tension Le passage en 2009 de la FCOS, de 3 jours tous les 5 ans, à la FCO, de 5 jours tous les 5 ans, a été globalement mal perçue par les entreprises comme par les conducteurs. Tous jugent cette formation obligatoire inadaptée aux besoins du secteur et mettent en cause la non-consultation des organisations professionnelles pour la prise de cette décision par les autorités. Le contenu et la durée de la FCO sont remis en cause La durée de 5 jours est trop longue et inadaptée - pour les entreprises : * qui voient peser 5 jours de salaire non productifs, * qui rencontrent des difficultés à organiser leur activité notamment lorsque plusieurs conducteurs doivent partir en formation au même moment ; - et pour les salariés : * qui jugent le contenu de la formation inadapté car trop théorique, * qui estiment que la formation est trop longue dans sa durée, * et que certains éléments devraient y figurer pour la pratique de leur métier (notamment la formation aux premiers secours, aspects techniques du car, etc.). Le passage à 5 jours de formation obligatoire pèse lourdement sur le plan de formation des entreprises Les formations obligatoires des conducteurs peuvent représenter jusqu’à 80% des montants du plan de formation total de l’entreprise. - Le plan de formation des autres salariés passe forcément au second plan ; alors que d’autres métiers sont plus demandeurs de formation. - Les conducteurs sont demandeurs de formations sur d’autres sujets, notamment pour faire évoluer leurs compétences sur les activités «périphériques » de leur métier (relations avec l’usager, billettique, gestion des conflits). 90 Bernard Gérardin Les entreprises doivent donc allouer des budgets supplémentaires à leurs obligations de contribution à la formation si elles souhaitent mettre en place une politique proactive, bénéfique aux salariés. - Peu d’entreprises ont la capacité financière effective de mettre en place ce type de politiques. - Peu d’entreprises ont la volonté de mettre en place ces politiques, en raison d’une demande relativement limitée en formations. Face au durcissement de leurs conditions de travail, les conducteurs s’intéressent de plus en plus aux formations en gestion des conflits et en gestion des relations avec l’usager Les conducteurs ne sont aujourd’hui pas ou trop peu préparés à la relation avec l’usager. Seule, l’expérience leur permet de progresser dans la gestion de cette relation. Les conducteurs demandent donc de plus en plus des formations pour savoir comment se comporter face à l’usager, en particulier pour désamorcer les situations de conflits. 91 Bernard Gérardin Formation des mécaniciens et des contrôleurs : il existe des manques dans l’offre de formation continue La formation pour les mécaniciens est inadaptée ou inexistante dans les organismes de formation traditionnels La formation des mécaniciens est faite directement par les fournisseurs de matériel. - Les constructeurs d’autocars forment directement les mécaniciens sur leur matériel ; ce qui a pour conséquence de les « spécialiser » sur le matériel d’un constructeur, leur faisant perdre en polyvalence. - L’entreprise est donc dépendante du constructeur. Les centres de formations ne sauraient pas répondre correctement au besoin en formation des contrôleurs Selon quelques entreprises interrogées, l’apparition du métier de contrôleur pour les transporteurs interurbains n’a pas été anticipée par les organismes de formation traditionnels qui n’ont pas d’offre sur ce métier. - Les délégataires de service publics exigent de plus en plus de contrôles. - La mise en place de certifications (par exemple les certifications Afnor : les normes NF et AFAQ) exige des formations pour les contrôleurs. - Les entreprises sont obligées d’envoyer leurs contrôleurs sur des formations internes de grands groupes (type Véolia ou Kéolis) qui proposent ces formations pour leurs salariés. 92 Bernard Gérardin La formation initiale est jugée insuffisante, les entreprises doivent poursuivre la formation pour faire des jeunes de bons conducteurs Les conducteurs ayant peu d’expérience sont moins recherchés puisqu’il est nécessaire de poursuivre leur formation La formation initiale offre trop peu d’heures de pratique pour permettre aux conducteurs d’avoir une aisance de conduite réelle. - Les entreprises doivent souvent aider les conducteurs disposant depuis peu de temps de leur TP 138 à se former en organisant des doublons, avec l’appui d’un autre conducteur plus expérimenté. - Le risque de casse est plus élevé sur le matériel. La formation initiale ne prévoit que la formation à la conduite. - Les aspects « périphériques » du métier de conducteur ne sont pas ou peu pris en compte (commercial, relation avec l’usager, billettique, contrôle, gestion des conflits, etc.). - Les éléments de sécurité non-obligatoires dans la FIMO ne sont pas non plus abordés, comme la formation aux premiers secours, que certaines entreprises jugent indispensable pour la pratique du métier. 93 Bernard Gérardin Les dispositions de transfert de l’emploi fonctionnent mal et aggravent les conséquences de la perte d’un appel d’offres pour les entreprises La perte d’un appel d’offres a de lourdes conséquences pour les entreprises La perte d’un appel d’offres de délégation de service public pèse souvent très lourdement sur les comptes des entreprises de transport de voyageurs. - Ces appels d’offres représentent une large proportion du chiffre d’affaires pour beaucoup de transporteurs régionaux. - Il existe peu d’activités alternatives au transport sur les lignes régulières à l’heure actuelle, avec le déclin du service de transport régulier pour le compte d’entreprises industrielles (transport des salariés du domicile à leur lieu de travail), avec le recul d’activités comme la sidérurgie, les chantiers navals, textile, etc. Quelques entreprises ne joueraient pas le jeu et refuseraient l’embauche des salariés de l’ancien délégataire dédiés aux lignes et ce, en contradiction avec le Code du Travail. Les salariés n'auraient pas vraiment intérêt à accepter le transfert Etant donnée la valorisation de l’expérience pour embaucher des conducteurs dans le transport de voyageurs, les salariés préfèrent parfois refuser le transfert pour toucher une prime de départ de leur entreprise actuelle. Ils peuvent ainsi facilement être embauchés par les entreprises qui ont gagné l’appel d’offre. 94 Bernard Gérardin Le turnover dans les entreprises est généralement faible Peu d’entreprises signalent des difficultés de turnover. L’ancienneté moyenne est assez élevée. Le maintien d’une équipe de conducteurs fidèles est généralement une priorité pour les entreprises puisqu’elle permet la transmission des méthodologies et des bonnes pratiques en internes aux nouveaux salariés. Cependant, par anticipation, beaucoup d’entreprises mettent en place une politique de fidélisation des bons conducteurs Elles craignent que l’attractivité du transport urbain et le risque de débauchage par des entreprises concurrentes ne provoque le départ de leurs conducteurs. La fidélisation se matérialise souvent par des incitations financières (primes à la qualité du service, à la faible casse, intéressement). La qualité du matériel roulant est également un facteur de fidélisation (Cars de dernière génération, équipements électroniques, etc.). 95 Bernard Gérardin Mobilité interne Les possibilités de mobilité interne sont faibles dans l’entreprise Le métier de conducteur n’offre pas de réelle évolution dans son contenu. - Le champ de compétences évolue relativement lentement sur ce métier. - Il n’existe pas d’opportunités de monter dans la hiérarchie sur ce métier ; puisque les entreprises de transport ont généralement un organigramme plat. La circulation sur des lignes est parfois routinière pour les conducteurs. Les autres métiers des entreprises de transport routier sont également peu amenés à évoluer. - Le service exploitation ne compte généralement qu’un chef d’exploitation pour une dizaine d’exploitants, avec un turnover très faible sur ces postes. De plus, la nomination d’un chef d’exploitation issu du rang pose des difficultés de leadership vis-à-vis des anciens collègues. - De même, le turnover sur les postes de responsables commerciaux est faible, aussi les perspectives d’évolution des carrières pour les commerciaux sontelles faibles. - Les effectifs des autres fonctions étant généralement très faibles au sein des PME régionales, il n’y a pas suffisamment de postes pour mettre en place une véritable hiérarchie. Il existe peu d’autres alternatives pour les dirigeants pour valoriser la progression des carrières au sein de l’entreprise. Les perspectives de mobilité de carrière se situent plutôt dans la transversalité : les conducteurs peuvent par exemple se voir proposer des postes en exploitation. - Leur expérience du terrain constitue un atout. - Les différences très marquées entre les deux métiers (sédentarité, pas de relations avec l’usager, pas de conduite) constituent souvent un frein. L’apparition de nouveaux métiers peut créer ponctuellement des opportunités, mais la passerelle est là aussi difficile en raison de la différence entre les deux métiers. - A l’heure actuelle, les opportunités se situent essentiellement sur le métier de contrôleur, qui est nouveau pour les entreprises de transport interurbain. 96 Bernard Gérardin Seul, le passage à un poste de conducteur dans le secteur du tourisme pourrait être perçu comme une évolution de carrière, dans la mesure où il permet de percevoir une rémunération plus importante. - Les découchés, ainsi que les heures supplémentaires sont mieux rémunérés pour les conducteurs. - En revanche, les contraintes plus élevées rendent cette passerelle relativement peu attractive (par expérience, environ 1 conducteur sur 4 est potentiellement intéressé par ce type de mobilité). 97 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 4.1 Transport routier de voyageurs 4.2 Transport routier de marchandises 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 98 Bernard Gérardin Des difficultés à recruter de bons conducteurs Une baisse de la compétence des jeunes diplômés est souvent soulignée Certaines entreprises remarquent que la diminution des vocations pour le métier de conducteur a entraîné une diminution de la compétence à la sortie de formation. Les centres de formation ont des difficultés à trouver des candidats. Ils ne peuvent plus pratiquer de sélection à l’entrée comme cela était la règle il y a encore quelques années ce qui permet à des candidats peu motivés ou peu attirés par le transport d’être tout de même formés. Une plus faible motivation des nouveaux arrivants est aussi constatée L’assurance de trouver un emploi du fait de la pénurie a attiré des personnes très faiblement qualifiées. Certains conducteurs ont du mal à se plier aux contraintes des horaires et du métier. Les réorientations professionnelles ne permettraient pas d’attirer des salariés motivés. Les réorientations professionnelles, nombreuses dans la région Nord-Pas de Calais en raison de l’effondrement de pans entiers de l’industrie locale (sidérurgie, construction navale, textile, etc.), font du métier de conducteur une cible pour les demandeurs d’emploi faiblement qualifiés. La motivation et l’implication des conducteurs reconvertis est légitimement moindre que celle des conducteurs qui ont choisi leur métier par passion pour la route et le matériel. 99 Bernard Gérardin - Ce point est régulièrement évoqué par les transporteurs : la méconnaissance des spécificités des métiers du transport par le pôle emploi. L’impression générale est que les métiers du transport et de la logistique sont souvent présentés d’une manière négative, en pis-aller lorsqu’aucune autre profession n’est envisageable. On observe ainsi des basculements des candidatures d’une entreprise à l’autre sans se préoccuper des différences des métiers (passer des produits frais à la messagerie). - Les candidats qui leur sont envoyés ne correspondent pas à leurs besoins, ni en compétences ni en qualités humaines, - Il n’y a pas d’aide à la réflexion sur le projet professionnel initial, - Les entreprises s’impliquent peu, pratiquent insuffisamment les réunions transporteurs/jeunes en formation, traitent les stagiaires comme « bons à tout faire » et les dégoutent du transport - Le résultat est un taux d’échec important des centres de formation (50%) : 100 Bernard Gérardin Le métier n’est plus aussi attractif : il fait face à une véritable perte de la passion des salariés et des dirigeants. Les conducteurs et les dirigeants n’incitent plus leurs enfants à se porter vers les métiers du transport. Le métier était un métier de passionné : les entreprises étaient majoritairement familiales, reprises par les enfants et petits-enfants des fondateurs. Les enfants de conducteurs se tournaient régulièrement vers la profession et souvent dans la même entreprise que leurs parents. Ce phénomène de transmission intergénérationnelle de la passion pour le métier a aujourd’hui disparu puisque les conducteurs n’incitent plus leurs enfants à s’orienter vers ce métier et les enfants de dirigeants reprennent de moins en moins les entreprises familiales. L’image du « grand routier » est tenace Le grand public a généralement encore une image de la profession dépassée depuis une vingtaine d’années, caractérisée par de nombreux déplacements à l’étranger, de longue durée, et avec de nombreux découchés. Le public en général a souvent l’impression que les difficultés de circulation sont le fait des seuls poids-lourds. L’incivilité de quelques rares conducteurs sur la route pèse sur l’ensemble de la profession. La sur-médiatisation des accidents impliquant des poids-lourds donne une impression fausse que les poids-lourds sont dangereux pour la circulation. Les contraintes du métier ont créé un déficit de vocations La mauvaise image de la profession a créé une crise des vocations. - Les jeunes ne sont plus aussi nombreux à se présenter dans les centres de formation qu’il y a quelques années. - La tension sur le recrutement des conducteurs pousse les entreprises à recruter même les conducteurs les moins performants et des jeunes moins motivés. Les contraintes pèsent sur l’attraction du métier : 101 Bernard Gérardin - les jeunes sont moins enclins à accepter les contraintes d’horaires, de travail sur certains week-ends et de découchés, - le faible niveau de rémunération est également un frein à l’entrée dans la profession, - l’indépendance peut être difficile à vivre pour les salariés non accoutumés. Le manque d’harmonisation européenne décourage les conducteurs Les entreprises font part du ressentiment des conducteurs à l’égard du manque d’harmonisation entre les législations nationales des pays de l’Union Européenne. - Le système du permis à points est dénoncé comme étant mal adapté pour les professionnels français alors que d’autres conducteurs européens ne subissent pas la contrainte de ce système. - Le manque d’harmonisation fait également apparaître une iniquité qui créerait une pression sur les salaires des conducteurs français, en raison des faibles prix que l’entreprise doit appliquer pour rester compétitive et donc de la faiblesse de la marge de manœuvre financière des entreprises. L'augmentation considérable du nombre de tracteurs étrangers sur les routes françaises, parfois moins modernes en termes de normes de sécurité et de normes environnementales a été citée par nos interlocuteurs comme un facteur de dégradation de l’image de la profession auprès du grand public. L’intégration des nouveaux conducteurs L’intégration des jeunes conducteurs Les procédures d’intégration des jeunes conducteurs sont régulièrement allongées pour permettre d’augmenter leur expérience sur route en binôme avant de leur confier la responsabilité pleine d’un poids lourd. Les nouvelles méthodes développées pour l’intégration des intérimaires et des contrats de courte durée Les gestionnaires des ressources humaines ont été obligés de mettre en place des procédures de formation accélérées pour intégrer très rapidement intérimaires et contrats de courte durée. - Le service de GRH se charge généralement d’expliquer en quelques heures le fonctionnement interne de l’entreprise (gestion des frais, documentation, etc.). 102 Bernard Gérardin - Le garage forme les nouvelles recrues à la sécurité et à l’entretien courant du matériel. - Le service informatique explique le cas échéant le fonctionnement du matériel de géo localisation et d’informatique embarquée. - Un conducteur expérimenté présente les procédures de chargement, et de déchargement. 103 Bernard Gérardin Les entreprises rencontrent des difficultés à attirer des jeunes et à les conserver dans leur effectif Le handicap des jeunes ayant leur permis de conduire depuis moins de 3 ans Ils ne disposent que de 6 points sur leur permis ce qui fait peser un risque sur leur métier. - La crainte de se voir retirer le permis pour une infraction signifie pour les jeunes la perte de leur emploi. - Le permis étant à la fois un outil professionnel mais aussi valable pour les déplacements personnels, les jeunes motivés sont freinés dans l’accès au métier par ce critère. Les entreprises ont du mal à former de jeunes conducteurs en alternance. Les entreprises forment encore quelques jeunes en contrat de professionnalisation. - Il permet à l’entreprise de former un jeune à ses méthodes. - Le jeune est plus rapidement opérationnel. - L’entreprise paye le permis C et la FIMO du jeune, qui de ce fait a la quasiassurance d’être embauché suite à son contrat. Beaucoup de jeunes en contrat de professionnalisation quitteraient leur entreprise dès l’obtention de leur permis pour aller chercher des meilleures conditions salariales dans d’autres entreprises ou à l’étranger. - Beaucoup d’entreprises ont été échaudées par cette pratique leur investissement sur la formation d’un jeune étant finalement perdu pour elles. - Les jeunes conducteurs préfèrent aller dans de grandes entreprises qui leur offrent des conditions plus avantageuses. - Le manque de sélection des candidats issus de Pôle Emploi diminue le facteur motivation. - La proximité de la Belgique, où les conditions semblent plus favorables pour les conducteurs est également un handicap pour les entreprises du Nord-Pas de Calais. Les entreprises constatent que les nouveaux conducteurs les plus jeunes se classent dans la tranche 25-35 ans 104 Bernard Gérardin Il y a aujourd’hui un réel déficit de jeunes conducteurs sur la tranche 18-25 ans, qui peut laisser craindre une poursuite de la pénurie des vocations. Les entreprises et les centres de formation constatent que, lorsqu’ils vont présenter le métier sur des salons de l’orientation ou de l’emploi, les jeunes viennent beaucoup moins spontanément vers eux. La pyramide des âges va donc évoluer vers un déficit de jeunes conducteurs Le renouvellement générationnel des conducteurs est une véritable problématique. - Les conducteurs issus du baby-boom arrivent en fin de carrière. - Le métier de conducteur est aujourd’hui un métier en situation de tension. Les entreprises tentent de limiter au maximum le turnover Ces difficultés de recrutement poussent les entreprises à faire des efforts pour conserver leurs meilleurs éléments. D’une manière générale, les postes sédentaires sont peu enclins au turnover. La situation est plus problématique pour les postes de « roulants ». Les commerciaux, les exploitants et les fonctions supports présentent ainsi généralement une ancienneté moyenne assez élevée dans les entreprises. 105 Bernard Gérardin La crise et l’incertitude de l’activité ont eu de lourdes répercutions et ont forcé les entreprises à revoir leur position sur l’intérim La crise intervenue depuis la fin 2008 a eu des lourdes répercutions sur l’emploi dans les entreprises de transport routier de marchandises Jusqu’en 2008, les entreprises bénéficiaient d’un niveau d’activité élevé qui leur permettait d’anticiper les embauches sans risque excessif. - L’intérim n’était pas ou peu utilisé, en raison du risque élevé qu’il présente, en rapport avec la casse sur le matériel et la qualité du service. - La pratique était généralement de « tester » les conducteurs quelques mois en CDD et de les garder ensuite au sein de l’entreprise en CDI. Le déclenchement de la crise a provoqué d’importants ajustements des effectifs. - Les entreprises ont cessé toute pratique de l’intérim pour celles qui l’utilisaient. - Les salariés en CDD n’ont pas vu leurs contrats renouvelés faute d’activité. - Les embauches ont été gelées. - Il nous a été cité un cas où les sanctions pour fautes ont pu être durcies pendant la crise, et ont parfois pu aboutir à une hausse des licenciements Le redémarrage progressif de l’activité depuis 2010 dans certains secteurs s’est accompagné d’une incertitude en raison de l’extension des procédures d’appels d’offres. - Les entreprises craignent aujourd’hui que cette impossibilité à prévoir l’activité ne perdure. - Les chargeurs ont profité de la crise et de la réduction des volumes transportés pour faire pression sur les prix des transporteurs, réduisant ainsi leurs marges. L’impossibilité d’avoir une vision à moyen ou long terme du niveau d’activité fragilise les politiques d’emploi des entreprises de transport Pour faire face à cette incertitude, les entreprises ne peuvent plus se permettre de recruter sur du long terme : elles embauchent sur du court-terme pour faire face aux besoins ponctuels de l’activité 106 Bernard Gérardin Le recours à l’intérim et le renouvellement régulier des CDD sont devenus nettement plus fréquents, au détriment de la signature de CDI. Cette tendance devrait perdurer au moins jusqu’à une prochaine reprise forte de l’activité qui n’est pas d’actualité. 107 Bernard Gérardin Les plans de formation des entreprises sont « cannibalisés » par la formation obligatoire des conducteurs Comme pour le transport de voyageurs, le passage en 2009 de la FCOS, de 3 jours tous les 5 ans, à la FCO, de 5 jours tous les 5 ans, a été globalement mal perçu par les entreprises comme par les conducteurs. Tous jugent cette formation obligatoire inadaptée aux besoins du secteur, et mettent en cause la non-consultation des organisations professionnelles pour la prise de cette décision par les autorités. Le contenu et la durée de la FCO sont remis en cause La durée de 5 jours est trop longue et inadaptée : - pour les entreprises : * qui voient peser 5 jours de salaire non productifs, * qui rencontrent des difficultés à organiser leur activité lorsque plusieurs conducteurs doivent partir en formation au même moment, - et pour les salariés : * qui jugent le contenu de la formation inadapté car trop théorique, * qui estiment que la formation est trop longue dans sa durée. De plus, pour les sociétés pratiquant le transport de matières dangereuses, ces derniers doivent en plus pratiquer également tous les 5 ans le rappel de leur formation. Le passage à 5 jours de formation obligatoire pèse lourdement sur le plan de formation des entreprises Les formations obligatoires des conducteurs peuvent représenter jusqu’à 80% des montants du plan de formation total de l’entreprise. - Le plan de formation des autres salariés passe forcément au second plan ; alors que d’autres métiers sont plus demandeurs de formation, notamment les exploitants et les commerciaux. - Les conducteurs sont relativement peu demandeurs de formations ; bien que l’essentiel des budgets leurs soient alloués. Les entreprises doivent donc débloquer des budgets supplémentaires à la formation si elles souhaitent mettre en place une politique proactive, bénéfique aux salariés. 108 Bernard Gérardin - Peu d’entreprises ont la capacité financière effective de mettre en place ce type de politique. - Peu d’entreprises ont la volonté de mettre en place ces politiques en raison d’une demande relativement limitée en formations. 109 Bernard Gérardin Il existe des manques dans la formation initiale Il n’existe pas de formations pour le transport de marchandises urbain Certaines entreprises de fret express et de messagerie, spécialisées dans les livraisons urbaines et exploitant des véhicules de moins de 3,5 tonnes signalent le manque de formation spécifique - Des compétences en termes de gestion du stress et des conditions spécifiques de circulation en zone urbaines pourraient constituer une plus-value pour le recrutement Des entreprises regrettent le manque de certains aspects dans la FIMO La FIMO pourrait être ajustée pour répondre un peu mieux aux besoins des entreprises en approfondissant certains aspects du métier : - Acquérir des bases de mécanique rudimentaire pour savoir faire les opérations de maintenance les plus simples sur les véhicules * Comprendre et analyser les voyants de base dans les véhicules * Savoir démonter une roue en cas de crevaison Remplir les documents administratifs nécessaires à la livraison Arrimer des marchandises dans la remorque 110 Bernard Gérardin La mobilité interne De la même manière que pour le transport de voyageurs, les possibilités de mobilité interne sont faibles dans l’entreprise Le métier de conducteur ne permet pas ou très peu d’évoluer dans l’entreprise. - Les compétences demandées pour les conducteurs évoluent peu. - Il n’existe pas d’opportunités de monter dans la hiérarchie dans le cadre de ce métier ; puisque les entreprises de transport du type PME ont généralement un organigramme plat. Les autres métiers offrent également peu d’opportunités de mobilité interne. - Le service exploitation ne compte généralement qu’un chef d’exploitation pour une dizaine d’exploitants, avec un turnover très faible sur ces postes. - De même, le turnover sur les postes de responsables commerciaux est faible. Ainsi, les perspectives d’évolution des carrières pour les commerciaux sont limitées. - Les effectifs des autres fonctions étant généralement très faibles au sein des PME régionales, il n’y a pas suffisamment de postes pour mettre en place une véritable hiérarchie et de ce fait une mobilité professionnelle interne. Il existe peu d’autres alternatives pour les dirigeants pour valoriser la progression des carrières au sein de l’entreprise Les perspectives de mobilité de carrière se situent plutôt dans la transversalité : les conducteurs peuvent par exemple se voir proposer des postes en exploitation ou en tant que responsables de quai. - Leur expérience du terrain constitue un atout. - Les différences très marquées entre les deux métiers (sédentarité, pas de relations avec le client, pas de conduite) constituent souvent un frein. 111 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impacts sur les emplois et les compétences 5.1 Transport routier de voyageurs 5.2. Transport routier de marchandises 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 112 Bernard Gérardin Analyse des compétences par grande typologie de fonction dans le transport routier de voyageurs Précision méthodologique L’analyse est effectué par typologie de fonctions afin de pouvoir s’adapter à la fois aux grandes entreprises du secteur et aux PME. L'exemple le plus frappant est celui du dirigeant de petites entreprises. Dans les PME, plusieurs fonctions sont habituellement occupées par la même personne : - Le dirigeant joue souvent un rôle très large, en s’occupant à la fois des fonctions de direction de l’entreprise et des fonctions commerciales, d’exploitation, etc. - Les conséquences en terme d’adaptation de compétences distinguées dans les parties suivantes pour la direction de l’entreprise, les fonctions commerciales, l’exploitation, etc. concerneront donc toutes le dirigeant de la PME Pour chacune des grandes fonctions de l’entreprise de transport analysée dans la suite de cette partie, les compétences seront organisées par grands domaines couverts par la fonction Par exemple pour la fonction conduite dans l’entreprise, un conducteur doit avoir plusieurs champs de compétences comme : - La conduite proprement-dite, - La sécurité de l’usager, - Le service à l’usager, - Le contrôle, 113 Bernard Gérardin La direction de l’entreprise (Rappel : sont décrites ici les fonctions que seuls les dirigeants portent, sachant que ces derniers partagent souvent les autres fonctions décrites ensuite, dont les fonctions commerciales par exemple) La direction d’une entreprise de transport joue évidemment un rôle clé pour le management de l’entreprise en général, mais aussi pour son développement et sa pérennité, sur la définition de la stratégie globale et sa déclinaison sur l’organisation interne. Dans un environnement qui connaît de nombreuses mutations, et face aux incertitudes qui planent sur l’avenir du transport de voyageurs interurbain, les enjeux en termes de compétences pour les dirigeants et le management sont clé pour l’adaptation des entreprises du secteur et pour leur pérennité. Les compétences Anticiper l’activité de l’entreprise Savoir se tenir au fait de l’évolution de l’activité économique des tendances lourdes de transformation du transport - l’obtention d’informations indiquant les tendances d’évolution du secteur est primordiale pour anticiper les réactions des donneurs d’ordres - la connaissance du tissu économique local est également requise pour anticiper les besoins en transport et être force de proposition auprès des donneurs d’ordres - il est aussi important de se tenir au fait de l’actualité des modifications du calendrier et des rythmes scolaires Suivre l’évolution des intercommunalités et des PTU - Le dirigeant doit connaître l’organisation du réseau de transport local pour anticiper son évolution, notamment la création de nouvelles lignes, et les besoins de sous-traitance des délégataires dans les PTU. - La connaissance de l’évolution des PTU et leur extension est également nécessaire pour anticiper les AO Savoir en déduire les bonnes décisions en matière de choix stratégique de positionnement de l'entreprise et de son offre de services Gérer l’entreprise Connaître la constitution des coûts 114 Bernard Gérardin - Les entreprises notent une dégradation dans la fixation des prix par des concurrents qui travaillent à perte faute d’estimer correctement leurs coûts. Le dirigeant ou le management de l’entreprise doivent donc dans cette situation s’assurer que les tarifs proposés par le service commercial sont cohérents par rapport à la réalité des coûts. Organiser la tenue de la comptabilité - L’adoption des nouvelles normes européennes dites « paquet routier », qui prévoit un durcissement des conditions d’accès à la profession rendent indispensable les capacités de gestion par le dirigeant. Cette compétence sera donc de plus en plus nécessaire pour les dirigeants de PME. Prévoir les besoins financiers de l’entreprise - De même, en raison des exigences plus grandes en matière de sécurisation financière des entreprises du paquet routier, les dirigeants de l’entreprise devront savoir anticiper les besoins financier pour respecter les conditions financières minimales d’exercice du métier. Etablir des montages financiers - La capacité du management de l’entreprise à établir des montages financiers se développe dans un contexte de rétrécissement des marges des entreprises. Elle permet notamment d’optimiser l’achat et la revente du matériel roulant, et de négocier les partenariats avec les autres transporteurs locaux pour s’unir dans les réponses aux appels d’offres, comme cela est la tendance aujourd’hui. Organiser l’entreprise pour l’adapter au contexte économique et à l’activité Planifier le développement stratégique de l’entreprise - Cette compétence a toujours été nécessaire, mais elle le sera d’autant plus à l’avenir que les conditions d’exercice du métier vont se durcir (renforcement de la concurrence, paquet routier, concentration des entreprises du secteur). - Les choix stratégique du dirigeant (clients, investissements, ressources humaines, etc.) sont particulièrement important dans cette période de crise dans la mesure où les marges de manœuvre financières des entreprises sont très faibles. Savoir diagnostiquer l’opportunité de rapprochements avec d’autres entreprises - Dans la conjoncture actuelle, les TPE et PME de transport routier de marchandises devront atteindre une masse critique pour pouvoir : 115 Bernard Gérardin * jouer sur leurs coûts, en mutualisant les achats non-stratégiques de l’entreprise ; * envisager le partage de matériel, notamment en matière de nouveaux carburants (centrales de compression) et de maintenance (valises de diagnostic, etc.) * Envisager l’embauche de salarié à temps partiel entre plusieurs entreprises pour des fonctions non stratégiques (maintenance). Savoir déléguer les responsabilités - Le développement des entreprises est souvent freiné par la capacité du dirigeant à savoir répartir ses responsabilités et à s’éloigner du terrain. Le développement d’un management intermédiaire, ayant une très bonne connaissance du métier est un impératif pour la croissance de l’entreprise. - Le dirigeant doit cependant veiller à entretenir un lien avec le terrain, afin de ne pas créer un décalage entre sa vision de l’entreprise et la réalité du métier. Savoir manager l’équipe - La capacité des dirigeants à anticiper les conflits est particulièrement importante pour éviter les conflits sociaux, alors que les métiers évoluent et que les conditions de travail semblent se dégrader - L’écoute de la base par l’équipe dirigeante est également primordiale pour rester en phase avec le métier de conducteur Anticiper l’apparition de nouveaux métiers - Certains virages sont clés pour les entreprises et il convient de les anticiper au plus tôt. Gérer les relations avec des donneurs d’ordres publics Savoir répondre aux appels d’offres - Les AO étant la règle pour l’attribution des marchés publics, il est impératif que le dirigeant connaisse les rouages de la réponse à un AO - Cette compétence sera d’autant plus nécessaire que le phénomène d’AO commence à apparaître pour les activités périphériques comme le tourisme occasionnel et la sous-traitance. Effectuer une veille juridique - La connaissance de l’environnement juridique est indispensable aujourd’hui, tant pour les réglementations sur le matériel (conditions d’accès aux centres- 116 Bernard Gérardin villes, normes EURO) que sur la sécurité et la réglementation sociale (temps de conduite des conducteurs, temps de repos, etc.) Entretenir des relations avec les élus - Avoir une démarche proactive envers les élus, afin de se poser comme un interlocuteur de négociation avec eux ; - Proposer son expertise aux élus concernant les questions du transport ; - Savoir mettre en place des partenariats avec les élus. Savoir négocier face à des acteurs publics - Le maintient de marges viables est indispensable pour éviter d’être tenu d’effectuer un service même s’il n’est pas rentable, en raison de la jurisprudence en vigueur. Etre force de proposition pour les donneurs d’ordre - La collaboration avec les donneurs d’ordres permet notamment de maintenir des conditions d’AO en phase avec la réalité du métier, que ne connaissent pas forcément les acteurs publics, et de faciliter les conditions de réponse à ces AO. Mettre en place une démarche qualité - Les pénalités sur le non-respect du cahier des charges étant devenues importantes et les contrôles par les donneurs d’ordres pointilleux, les entreprises interrogées insistent sur la capacité du transporteur à maintenir un niveau de qualité élevé, en phase avec les exigences du cahier des charges. 117 Bernard Gérardin La fonction commerciale La fonction commerciale doit réussir ses réponses aux appels d’offres pour permettre la survie de l’entreprise La fonction commerciale est ici définie au sens le plus large, c’est-à-dire qu’elle couvre la vente les prestations de la société mais aussi les achats (carburant, matériel, etc.). Le fonctionnement du marché en appel d’offre pour une période de plusieurs années pour les lignes régulières n’oblige généralement pas les entreprises à dédier des équipes à plein temps sur ces questions. En revanche, les équipes commerciales sont utiles pour l’occasionnel et surtout le tourisme, marché aujourd’hui très concurrentiel. Les compétences La formulation d’une offre Estimer les coûts réels de l’exploitation d’une ligne - Les salariés en charge de la présentation de l’offre commerciale sont tenus d’avoir des notions de comptabilité analytique pour calculer le coût de revient au kilomètre des circuits Travailler en partenariat avec l’exploitation - un lien étroit avec l’exploitation est nécessaire pour assurer la rentabilité de la ligne : l’exploitant est plus à-même d’estimer tous les coûts en fonction de la réalité du terrain dont aura besoin le commercial pour fixer un seuil de rentabilité. - Le commercial aura de même besoin de l’exploitant pour estimer les fréquences de passage des autocars sur la ligne. Travailler en partenariat avec d’autres entreprises de transport routier de voyageurs - A l’heure actuelle, pour éviter une concurrence et une diminution des prix pratiqués, les entreprises locales comme les nationales s’associent pour offrir une réponse unique aux appels d’offre. - Les commerciaux des entreprises doivent donc savoir s’entendre pour la répartition des revenus Avoir des notions de Marketing pour présenter l’offre 118 Bernard Gérardin - La professionnalisation des services dédiés à l’organisation du réseau de transports en commun des donneurs d’ordres rend indispensable une analyse des besoins pour l’usager, afin de bien comprendre les besoins du donneur d’ordres. Savoir respecter un cahier des charges Comprendre les exigences des cahiers des charges rend indispensable une connaissance approfondie de l’offre et du secteur - Les exigences des donneurs d’ordres sont selon les entreprises interrogées de plus en plus détaillées notamment en matière de billettique, de qualité du matériel roulant, d’affichage, et de qualité de service. Il est donc indispensable que lors de la réponse à un AO le commercial soit en mesure d’estimer les coûts de mise à niveau pour l’entreprise La mise en place d’un système de billettique pour les transporteurs qui internalisent la collecte des revenus Savoir organiser un système billettique - Mise en place d’un réseau de distribution des titres de transport - Fixation des tarifs des titres de transport pour l’usager - Organiser un système de contrôle S’organiser efficacement pour permettre la création des cartes de transport en période de pic de demande - La rentrée des classes de Septembre est traditionnellement difficile et oblige les entreprises à renforcer ses équipes commerciales pour cette période 119 Bernard Gérardin La fonction conduite La fonction conduite fait face à une dégradation de sa qualité de vie au travail en raison des incivilités et du comportement des usagers Le conducteur du car est le représentant de l’entreprise auprès de l’usager et ses responsabilités s’étendent de plus en plus vers des activités périphériques à la conduite. L’évolution de la société et des comportements, ainsi que les mutations du secteur rendent le métier plus stressant et plus difficile pour les conducteurs. Les compétences Conduire un car Maîtriser les règles de sécurité - S’il ne s’agit pas d’une compétence nouvelle pour les conducteurs de car, le besoin de connaître les règles et de les appliquer au quotidien est renforcé par les exigences de sécurité des entreprises et les pouvoirs publics. - Le rappel des règles de base est déjà organisé tous les 5 ans lors de la FCO (Formation Continue Obligatoire) Savoir limiter la casse véhicule - La conduite prudente, notamment pour les jeunes ayant obtenu leur permis de conduire D, et un pré requis, la casse étant souvent considérée par les entreprises comme un facteur d’évaluation des conducteurs - Seule l’expérience peut vraiment permettre de réduire le niveau de casse sur les véhicules Savoir maîtriser la consommation en carburant de son car - Dans la conjoncture actuelle d’augmentation du coût du carburant, les entreprises surveillent régulièrement la consommation des autocars, même si les tarifs sont normalement indexés sur le coût du gazole. Savoir utiliser le matériel de navigation en temps réel - De plus en plus d’autocars sont équipés de systèmes de positionnement et d’information pour le conducteur, qui lui permettent de connaître l’horaire prévu d’arrivée aux différents arrêts - Le gain en ponctualité est un vecteur positif pour l’image des transporteurs, qui exigent l’utilisation de ces systèmes par les conducteurs 120 Bernard Gérardin Le service à l’usager Avoir des capacités commerciales - L’accueil et la présentation du conducteur font désormais souvent parti des critères pris en compte pour les appels d’offres - Le conducteur est le représentant de l’entreprise auprès de l’usager final, aussi est-il davantage exigé le port de l’uniforme Connaître le service de l’entreprise - Le conducteur doit être capable de renseigner l’usager sur les connexions des lignes, et sur les horaires de passages aux arrêts. Savoir gérer les conflits - Les entreprises interrogées font part d’une dégradation nette des conditions de travail des conducteurs, pour lesquels les incivilités voire agressions verbales deviennent récurrentes - Ce phénomène semble accentué sur les lignes où les utilisateurs ne payent pas (subvention du Conseil Régional, aides directes, etc.) puisque l’utilisateur n’a pas notion du coût du transport - Les conducteurs sont souvent tenus pour responsables des aléas du service (embouteillages, accidents, incidents divers) et du manque de ponctualité et doivent faire face à l’irritation des usagers. Savoir gérer un public scolaire - Sur les lignes scolaires les conducteurs soulignent généralement la déconcentration liée au bruit et à l’agitation des jeunes - Certains jeunes ne respectent pas ni le conducteur ni le matériel, qui est rapidement dégradé Savoir utiliser les technologies pour l’aide aux PMR - En 2015, tous les cars sur les lignes interurbaines devront être équipés d’une plateforme ou d’un ascenseur destiné à l’embarquement des personnes à mobilité réduite - Le conducteur devra alors savoir manœuvrer ce matériel (dont l’utilisation constatée est aujourd’hui très faible) tout en respectant la ponctualité de la ligne Le contrôle 121 Bernard Gérardin Dans certains cas, les conducteurs sont chargés de la vente et du contrôle des titres de transports. Cette responsabilité supplémentaire demande de nouvelles compétences Connaître les tarifs et les principales caractéristiques du système de billetterie - le conducteur doit pouvoir renseigner l’usager sur les tarifs et les éventuelles réductions - le conducteur doit être capable de renseigner l’usager sur l’utilisation de la validation des titres de transport Savoir reconnaître rapidement les titres de transport 122 Bernard Gérardin L’exploitation L’exploitation doit optimiser la gestion du matériel roulant en veillant à ce qu’il soit adapté aux exigences du cahier des charges L’exploitant joue un rôle central dans l’entreprise puisqu’il organise l’activité et répartit les cars sur les différents circuits. Les exigences des donneurs d’ordres sont de plus en plus élevées en termes de ponctualité et de régularité sur les lignes, et elles obligent les entreprises à optimiser leur gestion des véhicules. L’exploitant doit aussi faire face au développement des activités périphériques aux lignes régulières, comme l’occasionnel/tourisme et la sous-traitance, qui complexifient l’organisation de l’activité. Planifier les circuits Connaître les contraintes réglementaires en vigueur pour le conducteur - L’exploitant doit connaître le temps de conduite limite d’un conducteur et ses périodes de repos pour ne pas le mettre dans une situation contraire à la législation en vigueur Connaître les exigences en matériel du cahier des charges - Il doit s’assurer que le matériel planifié pour la réalisation des circuits est conforme aux exigences du client ou au cahier des charges (nombre de places disponibles, affichage, billetterie, etc.) - D’ici 2015, l’exploitant doit tenir compte des véhicules adaptés ou non pour l’accès aux PMR Gestion en temps réel des lignes régulières Gérer des urgences - En cas de casse matérielle ou de problème technique, l’exploitant doit pouvoir répondre rapidement en mettant à disposition un autre autocar et/ou en prévoyant le dépannage - L’exploitant doit également être capable de faire face aux situations de crise (accidents) Organiser l’activité des conducteurs - L’exploitant doit prévoir avec suffisamment d’anticipation les circuits pour permettre aux conducteurs de prendre connaissance de leur planning 123 Bernard Gérardin - L’exploitant doit également s’adapter au recours aux intérimaires et aux temps partiels pour les lignes régulières qui ne fonctionnent qu’aux horaires scolaires 124 Bernard Gérardin La maintenance La maintenance a été bouleversée par l’introduction de l’électronique dans les véhicules La maintenance est l’une des fonctions ayant le plus évolué au cours des dernières années. La connaissance des aspects mécaniques du car tend à disparaître rapidement en raison des évolutions technologiques et de l’augmentation de la fiabilité des véhicules. L’introduction de l’électronique dans les moteurs et dans l’interface avec le conducteur change complètement la nature de la maintenance dans les entreprises : les mécaniciens ont désormais besoin de compétences d’électroniciens, et ont des besoins en formation important pour être au fait des évolutions technologiques. L’utilisation des valises électroniques de détection des anomalies occupe désormais une place centrale pour ce métier. En outre, les mécaniciens ne s’occupent presque plus des réparations sur les véhicules, en raison de la contractualisation de l’entretien à des prestataires externes. L’entretien du parc de véhicules Utiliser une valise de diagnostic des pannes - La valise de diagnostic est devenue l’outil principal pour la maintenance sur les dernières générations d’autocars L’entretien du matériel périphérique Savoir installer et maintenir en état l’informatique embarquée - Dans certaines entreprises, en particulier les plus grandes, les mécaniciens sont formés à la maintenance des outils de guidage Savoir entretenir le matériel pour l’embarquement des PMR - De même, les mécaniciens sont de plus en plus en charge de la plate-forme mobile ou de l’ascenseur La qualité du matériel roulant Savoir mettre aux normes d’un cahier des charges des véhicules - L’affichage extérieur est une contrainte importante pour les lignes régulières, puisqu’il est presque moins coûteux pour une entreprise de transport de ne pas rouler que d’effectuer un circuit sans l’affichage prévu en raison des pénalités élevées pratiquées par les donneurs d’ordres 125 Bernard Gérardin La fonction ressources humaines La fonction ressources humaines a adapté ses méthodes en ayant davantage recours au temps partiel et à l’intérim La fonction Ressources Humaines est moins directement exposée aux bouleversements du secteur, mais doit s’adapter dans ses méthodes aux évolutions des autres métiers des entreprises de transport de voyageurs. Plusieurs phénomènes complexifient aujourd’hui la tâche des équipes de gestion des ressources humaines : la difficulté à former les jeunes et le recours à des emplois précaires Le recrutement et l’intégration des jeunes conducteurs Savoir mettre en place un encadrement pour les jeunes sans expérience disposant uniquement du TP 138 - L’encadrement par des conducteurs plus expérimentés est une pratique normale, mais qui coûte cher et dure trop peu de temps pour permettre aux jeunes conducteur de prendre de l’assurance au volant - La formation se limite à la conduite et aux règles de sécurité mais n’offre pas de clés en matière de gestion des conflits avec l’usager, de connaissance de l’offre commerciale de l’entreprise, ni de gestion du stress. Le recrutement de conducteurs qualifiés Savoir repérer des conducteurs compétents parmi les candidats, notamment par leur expérience de conduite de car - Les conducteurs parviennent généralement à réduire la casse sur le matériel lorsqu’ils acquièrent de l’expérience de conduite Savoir identifier les acquis de l’expérience - les capacités commerciales des conducteurs progressent en général avec l’expérience - en revanche, certains conducteurs plus expérimentés peuvent montrer une réticence face aux changements de leur métier, notamment en lien avec l’usage des nouvelles technologies Intégrer des intérimaires et les temps partiels Savoir former aux méthodes et aux exigences de qualité de l’entreprise rapidement 126 Bernard Gérardin - Le recours de plus en plus fréquent au temps partiel et à l’intérim force les gestionnaire des ressources humaine à s’adapter pour permettre à ces nouveaux salariés de fournir un service de même qualité qu’un salarié à temps plein de l’entreprise - Les équipes de GRH organisent généralement des très courtes formations (1/2 journée) pour ces emplois en appui de l’équipe, incluant la présentation de l’offre de l’entreprise, la présentation du matériel et des aspects de sécurité Mettre en place une démarche de contrôle des heures travaillées plus stricte - Le coût horaire d’un intérimaire étant élevé, les entreprises cherchent à limiter leur temps de travail - La mise en place d’une démarche de remplacement des absents est organisée en priorité avec les salariés de l’entreprise Suivre rigoureusement les démarches contractuelles - La pratique de l’intérim dans les entreprises de transport étant une pratique nouvelle, les gestionnaires des ressources humaines doivent apprendre ses rouages contractuels Savoir organiser le partage de salariés - Détecter des entreprises avec lesquelles des synergies pourraient être trouvées pour du partage de salariés ; - Connaître les modalités contractuelles du partage de salariés ; - Etablir des partenariats avec des entreprises, éventuellement d’autres secteurs d’activité, pour organiser ce système au profit des salariés volontaires. Fidéliser et accompagner les conducteurs Elaborer des outils de fidélisation pour les conducteurs - Le maintien d’une base de conducteurs fidèles permet une meilleure intégration des nouveaux et de la transmission des méthodologies de travail internes - Les conducteurs ayant une longue ancienneté sont souvent les plus efficaces en termes de réduction de la casse matérielle. Mettre en place un accompagnement pour limiter les conséquences de la dégradation des conditions de travail des conducteurs - Des entreprises, particulièrement celles qui s’occupaient de lignes pénétrantes dans des zones urbaines ou suburbaines sensibles, ont été 127 Bernard Gérardin confrontées à une détérioration rapide de la motivation, à de nombreux congés maladie et à des démissions de conducteurs, y compris des certains ayant une longue ancienneté ces dernières années en raison du comportement des usagers - Certaines entreprises commencent à mettre en place des mesures de soutien psychologique, particulièrement utile pour les conducteurs qui font face à l’incivilité au quotidien et pour ceux qui ont eu une expérience d’accident traumatisante Organiser les plans de formation Savoir organiser le planning de formations des salariés malgré les tensions existantes - Le passage de la FCOS (3 jours tous les 5 ans) à la FCO (5 jours tous les 5 ans) créé une tension sur les plans de formation des entreprises - Le temps de formation disponible pour toutes les autres fonctions est donc désormais très limité, alors même que les conducteurs ne sont pas demandeurs de formations Se tenir informé de l’offre en formation - Les entreprises de transport faisant face à de nouveaux besoins en compétences, il semble indispensable pour les directions des ressources humaines de se tenir informées de l’offre, en particulier pour les questions des nouvelles technologies (informatique embarquée, etc.), de l’environnement et de l’accessibilité des autocars aux PMR. Mener une veille juridique Connaître la réglementation sociale en vigueur - L’évolution rapide et régulière de la réglementation sociale, en particulier pour les conducteurs, doit impérativement être connue 128 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impacts sur les emplois et les compétences 5.1 Transport routier de voyageurs 5.2. Transport routier de marchandises 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 129 Bernard Gérardin Analyse des compétences par grande typologie de fonction dans le transport routier de marchandises Eclairage méthodologique De manière analogue au transport de voyageurs, l’analyse se fera ici par grandes fonctions dans les entreprises de transport de marchandise, puis par champs de compétences. 130 Bernard Gérardin La direction de l’entreprise La direction d’une entreprise de transport joue évidemment un rôle clé pour le management de l’entreprise en général, mais aussi pour son développement et sa pérennité, et sur la définition de la stratégie globale et sa déclinaison sur l’organisation interne. Dans le transport de marchandise, beaucoup de dirigeants sont eux-mêmes d’anciens conducteurs ou reprennent une entreprise familiale. Toutefois, face aux mutations profondes qui touchent leur secteur aujourd’hui, quelques dirigeants ont l’impression qu’il est plus difficile d’y travailler, et beaucoup ne conseillent plus à leurs enfants de s’orienter dans cette voie pour leurs études. La passion pour le métier semble donc avoir été affectée par la crise traversée depuis 2009. Anticiper l’activité de l’entreprise L’anticipation de l’activité est le principal point de tension du secteur qui a de nombreuses conséquences sur les entreprises. Dans le contexte de crise actuel, et malgré la reprise observée en 2011, les transporteurs n’ont pas de visibilité sur leur activité. L’évolution des commandes par les procédures d’appels d’offres des chargeurs complexifie la visibilité à moyen terme pour les entreprises. Savoir se tenir au fait de l’évolution de l’activité économique et des tendances lourdes de transformation du transport - La connaissance du contexte macro-économique permet de prévoir les tendances des besoins en transport des entreprises - La connaissance du tissu économique local permet d’entrevoir des pistes pour diversifier ses activités Savoir orienter en conséquence l’offre de son entreprise - Le management de l’entreprise doit pouvoir identifier les marchés porteurs en fonction de la conjoncture - L’anticipation des nouveaux besoin des entreprises peut constituer un facteur clé pour gagner de nouveaux marchés Effectuer une veille juridique - La connaissance de l’environnement juridique est indispensable aujourd’hui, tant pour les réglementations sur le matériel (conditions d’accès aux centresvilles, normes EURO) que sur la sécurité et la réglementation sociale (temps de conduite des conducteurs, temps de repos, etc.) Etablir la rentabilité et la pérennité de l’entreprise 131 Bernard Gérardin Maîtriser et optimiser les coûts - Avec la diminution des marges dans le contexte de crise actuel, et une activité en net recul en comparaison avec 2008, la maîtrise des coûts est devenue un enjeu clé pour la survie des entreprises Connaître les référentiels de prix - Le prix étant devenu le principal critère de sélection des chargeurs, il est important de maintenir des tarifs en rapport avec ceux pratiqués par la concurrence Trouver les sources de marge - En raison des exigences plus grandes en matière de sécurisation financière des entreprises du paquet routier, les dirigeants de l’entreprise devront savoir anticiper les besoins financier pour respecter les conditions financières minimales d’exercice du métier. Gérer la flotte de véhicules - La flotte de véhicule est question de beaucoup d’enjeux aujourd’hui puisqu’il s’agit d’un des principaux postes d’investissement des entreprises - Le leasing se développe de plus en plus comme une solution intéressante - La qualité du matériel roulant est un facteur d’attraction et de fidélisation des conducteurs, métier en réelle tension aujourd’hui - La flotte constitue le premier vecteur de l’image de l’entreprise - Elle doit respecter les contraintes environnementales en vigueur (normes Euro) Gérer les relations avec les chargeurs Savoir négocier avec des acheteurs professionnels - Identifier les composantes de qualité de service pour le client - Le maintien de marges est indispensable, bien que le pouvoir de négociation du chargeur soit souvent très supérieur à celui du transporteur - Les délais constituent également un enjeu pour que l’exploitation d’une tournée soit rentable - Savoir valoriser la qualité de l’offre de son entreprise (démarche qualité, certification, réduction des émissions de CO2, etc.) Identifier les contraintes du client et prévoir ses besoins Fidéliser ses clients 132 Bernard Gérardin - La fidélisation des clients et la signature de partenariats avec des chargeurs est un élément clé pour les entreprises de transport en vue d’anticiper leur activité Mettre en place une démarche de qualité - La traçabilité des produits étant aujourd’hui un enjeu pour les chargeurs, les transporteurs se doivent de suivre cette exigence - Le fonctionnement en flux très tendus oblige les transporteurs à atteindre des niveaux de ponctualité très importants - La qualité, si elle n’est pas considérée comme le facteur majeur de sélection par les chargeurs aujourd’hui, reste un élément important Savoir communiquer sur son offre et sa qualité selon tous les canaux pertinents : - le relationnel avec les clients ; - nouveaux supports de communication ; - visuel des tracteurs et éventuellement des remorques ; - prospection active de nouveaux marchés ; Organisation de l’entreprise Planifier le développement stratégique de l’entreprise - Cette compétence a toujours été nécessaire, mais elle le sera d’autant plus à l’avenir que les conditions d’exercice du métier vont se durcir (renforcement de la concurrence, paquet routier, concentration des entreprises du secteur). - Les choix stratégique du dirigeant (clients, investissements, ressources humaines, etc.) sont particulièrement important dans cette période de crise dans la mesure où les marges de manœuvre financières des entreprises sont très faibles. Savoir déléguer - Le développement des entreprises est souvent freiné par la capacité du dirigeant à savoir répartir ses responsabilités et à s’éloigner du terrain. L’apparition d’un management intermédiaire, ayant une très bonne connaissance du métier est un impératif pour la croissance de l’entreprise. - Le dirigeant doit cependant veiller à entretenir un lien avec le terrain, afin de ne pas créer un décalage entre sa vision de l’entreprise et la réalité du métier. Acquérir des compétences en management 133 Bernard Gérardin - La capacité des dirigeants à anticiper les tensions et à les apaiser est particulièrement importante pour éviter les conflits sociaux ; - L’écoute de la base par l’équipe dirigeante est également primordiale pour rester en phase avec le métier de conducteur ; Anticiper l’apparition de nouveaux métiers - Certains virages sont clés pour les entreprises et il convient de les anticiper au plus tôt. 134 Bernard Gérardin La fonction commerciale doit s’adapter à l’introduction des appels d’offres et à l’absence de contact avec le chargeur Contrairement au transport de voyageur, la fonction commerciale est centrale dans le développement des entreprises de transport de marchandises : leur rôle et d’adapter l’offre de l’entreprise aux besoins du chargeur, et de fixer le tarif de la prestation, qui n’est pas défini par avance. Le fonctionnement en appels d’offres modifie de plus en plus le fonctionnement des équipes commerciales, qui n’ont presque plus de contact direct avec le chargeur. Ils doivent également de plus en plus souvent négocier avec des acheteurs professionnels, qui font pression sur leurs marges. En outre, le commercial se doit de fixer des tarifs en cohérence avec la faisabilité de la tournée, et pour cela entretenir un lien fort avec l’exploitation pour veiller à maintenir un niveau de marge suffisant pour assurer la pérennité de l’entreprise. Connaître le transport Les formations commerciales étant très rarement tournées vers le secteur des transports, les entreprises rencontrent souvent des difficultés à trouver des commerciaux en phase avec l’activité. connaître et comprendre l’exploitation - Le commercial doit veiller à la pertinence des prix fixés par rapport aux coûts réels de l’exploitation de la tournée Connaître la géographie - Le commercial doit avoir une idée préalable des itinéraires pour pouvoir fixer un prix cohérent et pour estimer le nombre de kilomètres que devra parcourir le véhicule Répondre à un appel d’offres Comprendre les exigences d’un chargeur - savoir identifier les points clés de décision du chargeur à la lecture d’un appel d’offre - adapter l’offre en fonction de ces points clés Parler anglais, et si possible une autre langue vivante (Espagnol, Flamand, Néerlandais) 135 Bernard Gérardin - de plus en plus souvent les appels d’offres des chargeurs sont passés en anglais, en particulier par les gros chargeurs, afin d’ouvrir le transport à la concurrence internationale - La proximité des ports d’Anvers et de Rotterdam rendent utiles les capacités en néerlandais et en flamand Avoir une connaissance des alternatives multimodales - Le ferroutage est une alternative jugée intéressante par beaucoup de transporteurs, surtout par ceux qui effectuent des tournées quotidiennes ou hebdomadaires vers le Sud de la France, mais l’offre de la SNCF est inadaptée (horaires, délais de livraison) - Le fluvial pourra être intéressant pour les chargements n’ayant pas une échéance de livraison rapide (déchets, ferraille, etc.) Proposer une offre globale garantie Etablir des devis - La connaissance du secteur est là encore indispensable pour le commercial, afin de bien prendre en compte tous les facteurs de coûts d’une tournée Connaître la constitution des coûts - Les salariés en charge de la présentation de l’offre commerciale sont tenus d’avoir des notions de comptabilité analytique pour calculer le coût de revient au kilomètre - le commercial se doit également de contrôler le niveau de marge pour les tarifs qu’il fixe au chargeur - le commercial doit répercuter les coûts, et notamment celui de la TIPP sur le prix final au client Maintenir une coordination avec le service exploitation - L’exploitant permet au commercial d’estimer le coût réel d’une tournée avec plus de facilité Savoir le cas échéant travailler avec des partenaires pour mettre en place une offre plus globale répondant mieux aux besoins des chargeurs : - Savoir identifier des partenaires potentiels ; - Savoir formaliser contractuellement une collaboration commerciale ; Prospecter de nouveaux clients Savoir identifier de nouveaux clients 136 Bernard Gérardin - Alors qu’avant la crise de 2009, les transporteurs avaient suffisamment d’activité pour attendre que le client s’adresse à eux, aujourd’hui la contraction de la demande en transport oblige les commerciaux à effectuer la démarche inverse Savoir utiliser les bourses de fret sur internet - Les appels d’offres des chargeurs passent de plus en plus par des bourses de frets virtuelles, sur lesquelles sont généralement simplement décrits le point de chargement et de déchargement, le volume et la nature de la marchandise à transporter. Le commercial doit alors simplement soumettre un tarif à partir de ces données. 137 Bernard Gérardin La fonction conduite Le conducteur du poids-lourd est le représentant de l’entreprise auprès du chargeur et ses responsabilités s’étendent, à l’instar du conducteur de car, de plus en plus vers des activités périphériques à la conduite. Le conducteur est responsable de la bonne exécution des tournées afin que les marchandises soit livrées à l’heure et à l’emplacement convenus, souvent dans un contexte de flux extrêmement tendu où un retard, même minime, remet en cause la validité du contrat passé avec le chargeur. Enfin, les progrès technologiques et l’orientation vers des trajets de plus en plus courts des transporteurs français changent le métier : les conducteurs roulent moins sur de longs trajets, découchent moins, mais font plus de livraisons. Conduire un poids-lourd Savoir limiter la casse véhicule et marchandise - La conduite prudente est indispensable pour limiter la casse véhicule - la maîtrise des manœuvres d’arrimage est toujours une phase délicate, que les conducteurs maîtrisent de mieux en mieux avec l’expérience - le conducteur est responsable de la livraison de la marchandise en bon état, et il doit donc lui-même arrimer le chargement et le sangler. Respecter le code de la route - Le permis C est l’outil de travail du conducteur, aussi est-il important pour lui de veiller à ne pas le perdre pour ne pas avoir respecté le code de la route - Le durcissement des contrôles et des mesures répressives aux infractions du code de la route sont mal vécus par les conducteurs qui jugent que le système du permis à point est inadapté pour les professionnels, d’autant que tous les conducteurs européens n’ont pas ce système - Les contrôles automatiques aux feux tricolores sont également inadaptés pour les poids-lourds, qui sont considérés comme en infraction si la remorque n’a pas totalement franchi le feu au passage au rouge, même s’ils s’étaient engagés au feu vert. D’autant plus que la sanction pour le conducteur est de 4 points retirés sur son permis en plus d’une contravention. Savoir respecter les règles de conduite rationnelle - En raison de la progression du coût du carburant et de la difficulté pour les transporteurs, en particulier les plus petits, de répercuter les hausses de prix sur leur client, la conduite économe devient une priorité 138 Bernard Gérardin - Une large majorité des entreprises pratique déjà des mesures de contrôle sur la consommation des poids-lourds Connaître les règlements de conduite - Le conducteur doit connaître la législation en vigueur sur son temps de conduite autorisé et sur les temps de pause requis - Il doit savoir lire le tachygraphe de son véhicule Effectuer sans dépannage externe les petites réparations Le chargement et le déchargement des marchandises Connaître les bonnes pratiques pour éviter les problèmes de santé - Le conducteur doit connaître les postures à éviter et celles recommandées pour éviter des problèmes de santé, en particulier pour les problèmes de dos, récurrents pour les conducteurs de messagerie et de fret express - De même, la descente du poste de pilotage implique de ne pas faire de fauxmouvements (sauter, etc.) pour éviter les conséquences à long-terme Être responsable de la qualité du chargement Connaître les besoins en matière de sécurité des chargements - Le conducteur est responsable de l’équilibre de la charge et de son bon arrimage dans la remorque - C’est également à lui de prévoir le matériel nécessaire (sangles, etc.), même si cette mesure de prudence n’est pas encore obligatoire en France (au contraire d’autres pays européens) Connaître la règlementation française et européenne sur les types de marchandises - Les marchandises dangereuses - Les règlements et autorisations à obtenir à l’étranger selon le type de chargement - Les codes internationaux (affichage de la longueur du véhicule, etc.) Savoir surveiller le chargement et le déchargement Propreté de la remorque - Le conducteur doit maintenir sa remorque propre, puisqu’il s’agit de l’image de l’entreprise Maîtriser les nouvelles technologies 139 Bernard Gérardin Savoir utiliser le matériel de navigation en temps réel - Ces outils servent à améliorer les temps de trajet et aident le conducteur dans la conduite ; Savoir planifier un parcours à partir des outils de géo localisation ; Connaître les fonctions les plus utiles des technologies embarquées et savoir les utiliser à bon escient. Le service Savoir se comporter face au client - Le conducteur fait le lien entre le transporteur et son client puisqu’il est souvent le seul à le rencontrer physiquement. Donner une bonne image de la société - Dans un contexte où la qualité est un facteur exigé par presque tous les chargeurs, un bon niveau de présentation et d’élocution du conducteur sont des compétences exigées aujourd’hui 140 Bernard Gérardin L’exploitation doit acquérir des compétences pour faire face à des flux de plus en plus tendus L’exploitation organise l’activité en fonction des moyens et des exigences des chargeurs. Le métier se complexifie avec la réduction des délais (flux tendus) qui laissent peu de marges de manœuvres et obligent à un travail extrêmement fin sur les horaires. En outre, avec la compression des marges des transporteurs, les exploitants doivent optimiser la gestion de la flotte, en limitant au maximum les trajets à vide. Organiser le transport et le travail des conducteurs établir la rentabilité des services - L’exploitant joue un rôle important pour s’assurer de la maîtrise des coûts afin de ne pas travailler à perte ou pour des marges trop faibles - Il joue donc un rôle de contrôle de la prestation (suivi des itinéraires, de la ponctualité, etc.) Planifier les tournées - Optimiser le remplissage des véhicules, la cohérence des tournées de manière à limiter le nombre de kilomètres parcourus - Dans la logique d’optimisation de l’utilisation des véhicules, l’exploitant doit au maximum éviter les retours à vide, qui ne constituent qu’une charge pour l’entreprise - Absorber la saisonnalité et les aléas des pics d’activité Connaître les contraintes sociales qui pèsent sur les conducteurs - Les exploitants se doivent de tenir compte des règles sociales pour la planification des tournées, en particulier sur les découchées, les temps d’attentes, etc. Connaître les règlements de conduite - L’exploitant doit tenir compte de l’évolution des règles en matière de temps de conduite et de temps de repos pour ne pas placer les conducteurs dans une situation de choix entre un non-respect de la réglementation ou un nonrespect des délais de livraisons convenus avec le client. Prendre en compte les critères de faisabilité des tournées - Certaines entreprises interrogées jugent le contact entre l’exploitant et la réalité nécessaire pour la pratique du métier. 141 Bernard Gérardin - Une expérience sur le terrain permet également de considérer les aspects de sécurité du transport plus facilement - Anticiper les aléas - La capacité de gestion des situations de crise est importante pour un chargeur, notamment en cas de difficultés techniques d’un véhicule Optimiseur de tournée ou ingénieur méthode, un nouveau métier sédentaire qui commence à apparaître connaître les méthodes de rationalisation et d’optimisation des tournées - savoir calculer la consommation des tracteurs et la limiter - développer des outils d’optimisation des trajets parcourus - limitation voire suppression des retours à vide fiabiliser les lignes - Permettre au maximum la création de lignes régulières, avec des chargements optimisés, pour permettre de pouvoir planifier à moyen terme l’activité de l’entreprise 142 Bernard Gérardin La logistique La préparation des commandes (surtout messagerie et fret express) Savoir organiser des commandes en petit volume et sur mesure - Les entreprises ont embauché des préparateurs de commande sur les plateformes logistiques pour faire face à l’augmentation du commerce sur Internet - La multiplication des petites commandes exige des préparateurs de commande une plus grande organisation Savoir mettre en place une démarche de traçabilité - L’exigence de suivi en temps réel des commandes oblige à la mise en place d’une démarche traçabilité, donc à organiser l’étiquetage et l’informatisation du suivi, ainsi qu’à savoir utiliser les pistolets logistiques. 143 Bernard Gérardin La maintenance et l’entretien La maintenance est l’une des fonctions ayant le plus évolué au cours des dernières années. La connaissance des aspects mécaniques du tracteur disparait rapidement en raison des évolutions technologiques et de l’augmentation de la fiabilité des véhicules. L’introduction de l’électronique dans les moteurs et dans l’interface avec le conducteur change complètement la nature de la maintenance dans les entreprises : les mécaniciens ont besoin de compétences d’électroniciens, et ont des besoins en formation important pour être au fait des évolutions technologiques. L’utilisation des valises électroniques de détection des anomalies occupe désormais une place centrale pour ce métier. De plus en plus souvent, les mécaniciens ne s’occupent plus des réparations des véhicules, en raison de la contractualisation de l’entretien à des prestataires externes. En revanche, ils sont de plus en plus formés à l’installation et la maintenance des équipements informatiques embarqués L’entretien du parc de véhicules Utiliser une valise de diagnostic des pannes - La valise de diagnostic est devenue l’outil principal pour la maintenance sur les dernières générations de tracteurs Mettre en place une politique d’entretien préventive - Pratiquer des contrôles réguliers sur les moteurs et s’occuper de l’entretien courant (vidange, pneumatiques, etc.) Déclencher et cadrer les opérations de maintenance externalisées - Les opérations de maintenance étant souvent contractualisées, les responsables en interne doivent s’adapter à cette pratique organisant les réparations du matériel roulant L’entretien du matériel périphérique Savoir installer et maintenir en état l’informatique embarquée - Dans certaines entreprises, en particulier les plus grandes, les mécaniciens sont formés à la maintenance des outils de guidage et de localisation Le nettoyage des véhicules savoir utiliser les équipements de lavage (portiques, jets à haute pression) 144 Bernard Gérardin La fonction ressources humaines doit s’adapter au manque de visibilité sur l’activité de l’entreprise La fonction RH est moins directement exposée aux bouleversements du secteur, mais doit s’adapter dans ses méthodes aux évolutions des autres métiers des entreprises de transport de marchandises. Plusieurs phénomènes complexifient aujourd’hui la tâche des équipes de gestion des ressources humaines : la difficulté à former les jeunes et le recours relativement nouveau à des emplois précaires (Intérim et temps partiel) La gestion des effectifs prévoir les besoins en effectifs - Les difficultés de lecture de l’activité rendent plus difficile la mise en place d’une politique de GPEC dans les entreprises de transport de marchandises Savoir attirer des jeunes formés au techniques de ventes et ayant une connaissance du milieu des transports - Les entreprises ont des difficultés à trouver des commerciaux issus des grandes écoles qui soient attirés par le secteur du transport - Les jeunes commerciaux qui intègrent les entreprises de transport de marchandise n’ont pas souvent d’expérience du secteur. Les entreprises sont donc obligées de les former en interne aux spécificités de l’activité. Savoir repérer des conducteurs compétents parmi les candidats - Les entreprises anticipent une aggravation des difficultés actuelles à trouver de bons conducteurs - Les candidats disponibles ne parviennent souvent pas à se maintenir en CDI dans les entreprises par défaut de formation ou de compétences Savoir attirer les jeunes vers le métier de conducteur routier - Le métier pâtit d’une mauvaise image auprès du grand public, notamment en raison de conditions de travail défavorables (horaires souples, découchées) et de la faible attractivité des rémunérations - Les contraintes juridiques accroissent le déficit de vocations (durcissement de la répression pour les infractions au code de la route, temps de repos, etc.) Elaborer des outils de fidélisation pour les conducteurs - Le maintien d’une base de conducteurs fidèles permet une meilleure intégration des nouveaux et de la transmission des méthodologies de travail internes 145 Bernard Gérardin - Les conducteurs ayant une longue ancienneté sont souvent les plus efficaces en termes de réduction de la casse matérielle Organiser les plans de formation savoir organiser le planning de formations des salariés malgré les tensions existantes - Le passage de la FCOS (3 jours tous les 5 ans) à la FCO (5 jours tous les 5 ans) créé une tension sur les plans de formation des entreprises Se tenir informé de l’offre en formation - Les entreprises de transport faisant face à de nouveaux besoins en compétence, il semble indispensable pour les directions des ressources humaines de se tenir informées des formations disponibles, en particulier pour les questions des nouvelles technologies (informatique embarquée, etc.), et de l’environnement. 146 Bernard Gérardin La gestion et les fonctions supports doivent s’adapter aux réorganisations dans les entreprises La gestion de la paye - Se tenir informé de la législation en vigueur - Les entreprises interrogées ont fait part de la complexité de mise en œuvre de la paye des personnels itinérants, pour lesquels la réglementation change fréquemment. La facturation - Etablir des factures - Cette compétence n’est pas nouvelle pour les entreprises, mais le passage à des systèmes d’appel d’offre en a compliqué la gestion 147 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 148 Bernard Gérardin Les entreprises du transport routier de marchandises et de voyageurs partagent plusieurs attentes Freiner l’évolution incessante des réglementations et des contraintes pour les entreprises du secteur Plusieurs des entreprises que nous avons rencontrées attendent des pouvoirs publics une simplification des règles, ou du moins un ralentissement de leurs évolutions, qui compliquent et ralentissent parfois leur activité. Cette attente concerne plusieurs champs, notamment en matière de réglementation sociale, de règlementations sur le matériel et en matière fiscale. Revaloriser de l’image du métier Plusieurs des entreprises que nous avons rencontrées attendent un soutien sur la revalorisation de l’image de leur métier. Des entreprises ont l’impression que la mauvaise image véhiculée par le secteur est responsable de la crise des vocations subie aujourd’hui ; ce qui semble particulièrement vrai pour le transport routier de marchandises. L’image affecte non-seulement les postes itinérants (conducteurs, conducteurs de cars) mais aussi les fonctions supports ; le transport ayant la réputation d’être un secteur faiblement rémunérateur et contraignant. Réaménager la FCO Les tensions créées par la FCO à 5 jours sur les plans de formation portent les attentes des entreprises en matière de GRH prioritairement sur cette question. Le contenu et la durée de la FCO déçoivent aujourd’hui les professionnels qui jugent qu’elle ne correspond pas aux besoins. Adapter le permis à points pour les professionnels Certains dirigeants d’entreprises mettent en avant l’inadaptation du système de permis à point pour des professionnels. - La pression des contrôles accrus met régulièrement en danger l’outil de travail des conducteurs de poids lourds et conducteurs de cars. - Les contrôles automatiques, aux feux tricolores notamment, sont mal adaptés aux véhicules du transport et le conducteur du véhicule est souvent considéré 149 Bernard Gérardin comme étant en faute, et risque de ce fait de perdre des points sur son permis de conduire. * Les radars automatiques de feux tricolores semblent, selon plusieurs de nos interlocuteurs, avoir des difficultés à faire la différence entre une voiture et la remorque d’un poids lourd, qu’ils prennent même si le conducteur s’était engagé au feu vert. - Le permis de conduire est un outil à la fois professionnel et personnel, aussi cette contrainte fait-elle peser un risque pour l’employabilité des conducteurs. Un soutien pour favoriser une adaptation des formations aux évolutions de l’environnement du métier de conducteur et des nouveaux métiers Les formations initiales et les rappels en formation continue ont été cités par nos interlocuteurs comme inadaptés : Les formations doivent tenir compte des exigences en matière de conduite rationnelle. De même, la formation à l’informatique embarquée devrait être systématisée. Les formations pour les nouveaux métiers ne sont pas évidentes à mettre en place, aussi certaines entreprises ont-elles suggéré que les organismes de formations soient appuyés pour les mettre en place. 150 Bernard Gérardin Les attentes exprimées plus particulièrement par les entreprises de transport de voyageurs Une adaptation du TP 138, jugé par plusieurs de nos interlocuteurs comme insuffisant sur quelques points Le Titre Professionnel de conducteur (-trice) du transport Interurbain de Voyageurs (TP 138) est insuffisant car il n’offre pas de véritable formation initiale adaptée aux évolutions du métier et les professionnels interrogés souhaiteraient que son contenu soit « densifié »: - Inclure une formation à l’informatique embarquée ; - Renforcer les aspects liés à la sécurité. Le TP 138 n’offre pas assez de pratique et de mise en situation ; ce qui oblige souvent les entreprises à poursuivre la formation des salariés récemment formés. Un soutien financier pour faire face aux besoins en formation Les entreprises ne peuvent pas ou difficilement offrir à leurs salariés de formations complémentaires, en raison de moyens financiers trop limités disponibles pour compléter des plans de formation monopolisés par les FCO des conducteurs. Les entreprises attendent des pouvoirs publics une aide pour ajuster les formations aux besoins des entreprises. L’offre en formation doit évoluer. L’apparition de nouveaux métiers, comme celui de contrôleur n’a pas été anticipée par les organismes de formation, qui auraient besoin d’un soutien financier pour pouvoir mettre en place ces formations aujourd’hui. Le financement par Pôle Emploi de formations à des demandeurs d’emploi pour se réorienter vers le métier de conducteur de car est en soi une bonne mesure, mais il existe selon les entreprises interrogées un manque de sélection à l’entrée sur le critère de la motivation : - Le taux d’abandon de ces publics en cours de formation ou dans les mois qui suivent leur embauche est assez élevé (le chiffre de 2 départs pour 3 salariés formés grâce aux financements de Pôle Emploi a été cité). - Le manque de motivation est souvent un facteur de moindre qualité dans le travail des conducteurs. 151 Bernard Gérardin Aménager la convention collective applicable au transport de voyageurs interurbain pour la rapprocher de celle du transport urbain de voyageurs Quelques entreprises interrogées souhaiteraient voir évoluer la convention collective en vigueur pour la rapprocher des conditions de celle des réseaux de transports publics urbains de voyageurs. Des entreprises anticipent des difficultés pour recruter des conducteurs de cars dans les années à venir. Le transport urbain attire plus les nouveaux entrants sur le marché du travail pour des postes de conducteurs. Faire respecter les règles du transfert de conducteurs Quelques rares cas de non-respect de la législation en vigueur ayant été signalés sur le transfert des salariés lors de la perte ou de la reprise d’un appel d’offre, des attentes portent sur des contrôles plus stricts pour éviter une extension de ce problème. 152 Bernard Gérardin Les attentes exprimées plus particulièrement par les entreprises de transport de marchandises L’harmonisation des réglementations européennes pour réduire les distorsions actuelles pour les véhicules de plus de 3,5 tonnes Des entreprises déplorent les distorsions de la concurrence liées aux différences juridiques entre les entreprises de différentes nationalités et attendent des pouvoirs publics français qu’ils fassent pression sur les institutions européennes pour une harmonisation des conditions de travail. Pour réduire la perte de compétitivité, des entreprises françaises attendent souvent : - une harmonisation des salaires dans les pays de l’Union Européenne, avec des augmentations pour les conducteurs des pays dans lesquels ils seraient 2 voire 3 fois moins rémunérés que les conducteurs français. Plusieurs entreprises rencontrées y voient un « dumping social » qui pénalise nettement les entreprises hexagonales. - Une harmonisation des règles en matière de rémunération incluant le paiement des temps de repos et des heures d’attentes alignées. - Une harmonisation plus stricte des règles de conduites et des temps de repos est demandée. Certaines entreprises interrogées ont également évoqué l’opportunité de l’autorisation des véhicules de 44 tonnes qui permettrait de réduire les flux de véhicules et donc les émissions de gaz polluants. Cela contribuerait aussi à soulager les tensions sur le métier de conducteur. Certaines TPE et PME aimeraient un soutien pour obliger les chargeurs à jouer le jeu de la répercutions des frais liés aux hausses de carburant. Bien que cette disposition soit légalement obligatoire, beaucoup de petites entreprises du secteur subissent le pouvoir de pression des chargeurs et ne parviennent pas à répercuter les hausses de coût du carburant sur leurs tarifs. Ces entreprises souhaiteraient donc que les autorités compétentes effectuent un nombre accru de contrôles pour décourager ce type de pratique. Face aux difficultés de recrutement, les entreprises attendent des soutiens dans l’orientation des jeunes vers le métier. 153 Bernard Gérardin Le métier n’est semble-t-il pas suffisamment promu dans les centres d’information et d’orientation pour les jeunes qui sortent du système scolaire. Des entreprises ont mentionné le besoin de former plus de jeunes. Certaines évoquent un éventuel soutien aux organismes de formation pour leur permettre d’ouvrir des places supplémentaires dans les formations. Les pouvoirs publics ont un rôle de moteur à jouer en termes d’exigences environnementales. Il est apparu au cours des entretiens qu’une majorité des entreprises interrogées ne parviennent pas à mettre en place de véritables politiques de réduction des émissions de CO2, faute de moyens financiers et de moyens humains. - La plupart des entreprises interrogées semblent avoir conscience que l’efficience environnementale est un enjeu pour leur entreprise, en termes de qualité et d’image du secteur. - Cependant, peu d’entreprises ont recours aux formations à la conduite rationnelle, faute de budgets de formation suffisants et de pouvoir pallier l’absence des salariés. - Dans un contexte économique incertain, il apparait que peu d’entreprises investissent dans du matériel plus cher car moins polluants . Il semble, selon la majorité de nos interlocuteurs, que les nouveaux véhicules acquis par les entreprises se limitent aux normes minimales exigées (Norme euro 5 aujourd’hui). Certaines entreprises attendent donc une incitation et un appui des pouvoirs publics pour pouvoir vraiment s’investir dans la réduction des émissions polluantes. 154 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 7.1 Transport routier de voyageurs 7.2 Transport routier de marchandises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 155 Bernard Gérardin Précisions méthodologiques L’enquête quantitative permet d’approfondir les résultats de la phase qualitative Vérifier les tendances d’évolution et leurs impacts en termes d’offre, d’organisation et de GRH issues des entretiens de terrain réalisés dans les entreprises, portant par exemple sur : - les mutations auxquelles les entreprises se préparent, - leurs projets actuels et d’avenir pour y répondre, - les impacts sur les métiers, - les pratiques en termes de GRH. Dégager et quantifier les évolutions les plus anticipées par les entreprises, Identifier les priorités d’actions en termes d’emplois et de compétences La méthode d’enquête 64 entreprises de transport routier de marchandises et 21 entreprises de transport routier de voyageurs ont répondu à l’enquête, qui avait été adressé à toutes les entreprises du périmètre par l’OPCA Transports. Les entreprises ont disposé d’un mois pour répondre en ligne au questionnaire, et ont été sollicitées par courrier postal ainsi que par e-mail à partir du 2 novembre 2011 Les organisations professionnelles ont participé à l’effort de diffusion en relayant l’information auprès de leurs adhérents. Plusieurs relances par e-mail ont été menées par l’OPCA Transports auprès de l’ensemble du panel, et une relance téléphonique par le cabinet Ambroise Bouteille et Associés le 23 novembre 2011, auprès de 220 entreprises sélectionnées à partir de la base des cotisants de l’OPCA Transports. 156 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 7.1 Transport routier de voyageurs 7.2 Transport routier de marchandises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 157 Bernard Gérardin Caractéristiques des entreprises ayant répondu à cette enquête Une représentation plus forte des entreprises du Pas de Calais Localisation géographique du siège régional des entreprises ayant répondu à cette enquête 59 - Nord 42% 62 - Pas de Calais 58% Une structure par tailles d’entreprises relativement équilibrée entre les deux départements Effectif des entreprises par département 29% 27% 50 et plus 55% 43% 0% 59 - Nord De 10 à 50 Moins de 10 9% 62 - Pas de Calais Les entreprises jouent généralement sur plusieurs des segments du marché du transport de voyageurs Les entreprises se positionnent généralement sur 2 segments au minimum (2,2 segments en moyenne pour les entreprises ayant répondu à cette enquête). 158 Bernard Gérardin Part des entreprises ayant déclaré avoir des activités sur les différents segments Tourisme et occasionnel 85% Transports scolaires 75% Transport régulier de voyageurs 60% Les entreprises du Pas de Calais ayant répondu semblent se positionner prioritairement sur le transport scolaire, au contraire des entreprises du Nord. Part des entreprises positionnées sur chacun des secteurs par département 100% 86% 91% 71% 57% 55% Transport régulier de voyageurs Transports scolaires Tourisme et occasionnel 59 - Nord 62 - Pas de Calais Cette tendance semble refléter les politiques publiques mises en place dans les deux départements : le Nord tente de maintenir le nombre de ligne interurbaine, qui permet aux transporteurs de ne pas se focaliser sur le transport scolaire, tandis que dans le Pas de Calais, la tendance semble plutôt aller vers un recentrage du transport interurbain vers le scolaire, ce qui force les transporteurs à s’y positionner. 159 Bernard Gérardin Part des entreprises positionnées sur chacun des secteurs par département 100% 86% 91% 71% 57% 55% Transport régulier de voyageurs Transports scolaires Tourisme et occasionnel 59 - Nord 62 - Pas de Calais 160 Bernard Gérardin Les perspectives économiques du transport routier de voyageurs selon les entreprises répondantes Les entreprises tablent sur une stabilité voire une légère progression du marché Les entreprises qui prévoient une progression de leur chiffre d’affaires sont plus nombreuses (33% des entreprises ayant répondu à l’enquête au total) que celles qui prévoient un recul de leur CA (17%). La part des entreprises dont le chiffre d'affaires va évoluer (à la baisse ou à la hausse) est significativement plus élevée que celle que l'on rencontre dans nombre de nos études. Quelle évolution de votre chiffre d'affaires anticipez-vous d'ici 3 ans ? 50% 22% 17% 11% 0% En forte baisse En baisse modérée Stable En hausse modérée En forte hausse Les entreprises exploitant des lignes régulières semblent les plus optimistes A la question « Quelle évolution de votre chiffre d’affaires anticipez-vous d’ici 3 ans ?» : - 41% des entreprises de transport régulier de voyageurs anticipent une progression de leur activité à moyen terme. - De même, 36% des entreprises prévoit un développement de leurs activités du segment tourisme et occasionnel. 161 Bernard Gérardin - En revanche, les perspectives sur le segment du transport scolaire semblent stables (25% des entreprises prévoient une progression, pour 19% qui prévoient un recul de l’activité, aucune forte progression n’est envisagée). 0% 8% 25% 12% 24% 33% En forte hausse 56% 42% 47% En hausse modérée Stable En baisse modérée 17% 0% 19% 0% 18% 0% Transport régulier de voyageurs Transports scolaires Tourisme et occasionnel En forte baisse Les grandes entreprises sont les plus optimistes sur l’évolution de leur activité Comme le suggéraient les entretiens qualitatifs, les plus grandes entreprises semblent les plus optimistes concernant l’évolution de leur chiffre d’affaires. Etant donnée la faiblesse de l’échantillon d’entreprises ayant répondu, ces chiffres n’indiquent qu’une tendance générale, et se nuanceraient sans doute sur un panel de réponses plus large. Perspectives d'évolutions du CA par taille d'entreprise 0% 0% 22% 20% 20% 80% 44% En hausse modérée 60% 20% 0% Moins de 10 salariés En forte hausse 33% 0% 0% De 10 à 50 salariés 50 salariéset plus Stable En baisse modérée En forte baisse 162 Bernard Gérardin Les entreprises réalisant la majorité de leur chiffre d’affaires en délégation de service public anticipent plutôt un recul de l’activité Dans le contexte actuel de tensions sur les budgets de l’Etat et des collectivités territoriales alloués aux services publics, les transporteurs confirment logiquement la tendance dégagée lors des entretiens qualitatifs : le nombre de lignes en DSP devrait avoir tendance à reculer, et donc leurs revenus liés à l’activité vont diminuer (22% des entreprises réalisant plus de 50% de leur CA en DSP prévoient une progression de leur activité, tandis que 33% prévoient un recul) La diversification des activités est donc une nécessité pour les transporteurs de voyageurs. Prévisions d'évolution du CA selon la part du CA réalisée en DSP En forte hausse 11% 22% 11% 11% 44% 56% 33% 11% 0% Moins de 50% 0% De 50 à 100% En hausse modérée Stable En baisse modérée En forte baisse La faible diversification des clients fait peser un risque sur les plus petits transporteurs La tendance qui se dégage de l’analyse du nombre de clients des transporteurs de voyageurs selon leur taille vient confirmer les tendances dégagées des entretiens qualitatifs : plus la taille de l’entreprise augmente et plus sa clientèle est diversifiée. 163 Bernard Gérardin Nombre de clients par taille d'entreprise 0% 29% 50% 100% 100 clients et plus 43% De 10 à 100 clients 50% Moins de 10 clients 29% 0% Moins de 10 salariés De 10 à 50 salariés 50 salariés et plus Un quart des entreprises opérant en transport scolaire compte moins de 10 clients différents, ce qui fait peser un risque pour la pérennité de ces entreprises. Les entreprises opérant sur le transport régulier de voyageurs sont celles qui ont la clientèle la moins diversifiée en moyenne : 63% de ces entreprises ont moins de 100 clients, contre 54% des transporteurs opérant sur le segment tourisme et occasionnel. Nombre de clients des entreprises par segment 38% 42% 46% 50% 33% 39% 13% Transport régulier de voyageurs 25% Transports scolaires 100 clients et plus De 10 à 100 clients Moins de 10 clients 15% Tourisme et occasionnel 164 Bernard Gérardin Les transporteurs doivent élargir leur offre et se réorganiser pour assurer la pérennité de leur entreprise 83% des entreprises pensent répondre à plus d’appels d’offres au cours des prochaines années Les transporteurs de voyageurs interurbains devront nécessairement répondre à de nouveaux d’appels d’offres pour maintenir un niveau d’activité égal si le nombre de lignes diminue. Il est donc à craindre que la concurrence ne se renforce entre les transporteurs sur les appels d’offres des prochaines années. Cet élément semble aussi être une conséquence de la crainte exprimée par plusieurs transporteurs au cours des entretiens qualitatifs vis-à-vis de l’attitude des grands groupes. En effet, tant que ceux-ci participeront aux groupements d’entreprises pour répondre aux AO, le niveau d’activité des transporteurs régionaux devrait connaître un statut quo; en revanche, si ces grands groupes décidaient de répondre seuls à ces mêmes AO, les transporteurs régionaux risqueraient de perdre une large partie de leur activité. Ils préfèrent donc élargir leurs activités possibles, pour que la perte d’un marché ne remette pas en cause la survie de l’entreprise. Elargir votre offre à plus d'appels d'offres ? 61% 22% 17% 0% Non, pas Non, du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Les transporteurs anticipent une nécessité d’ajouter de nouveaux services à leur offre actuelle 83% des entreprises ayant répondu à cette enquête considèrent que le développement des services périphériques, comme l’internalisation du service de contrôle des titres de transports ou de la mise en place et de la gestion du système billettique, deviendra un enjeu au cours des prochaines années. 165 Bernard Gérardin Développer des services périphériques à votre offre de transport (Instauration de contrôles, billettique, information en temps réel et à distance) ? 50% 33% 6% Non, pas du tout 11% Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Face au recul des lignes interurbaines, les transporteurs considèrent la sous-traitance comme une solution de repli Pour 71% des entreprises interrogées, la sous-traitance y compris dans les PTU devient une option non-négligeable comme source de revenus. Cette tendance vient corroborer le contenu de plusieurs des entretiens qualitatifs menés auprès des entreprises. Un quart des entreprises y reste toutefois clairement opposées. Se placer en sous-traitance pour le compte d'autres transporteurs, notamment dans les PTU ? 47% 24% 24% 6% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à tout pas fait Les transporteurs semblent percevoir l’intérêt de l’introduction de l’informatique embarquée dans les cars 62% des entreprises sont favorables à l’introduction de l’informatique embarquée dans leurs véhicules. 166 Bernard Gérardin Introduire de l'informatique embarquée pour augmenter la productivité ? 56% 28% 11% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas 6% Oui, tout à fait Selon nos interlocuteurs des entretiens qualitatifs, l’avantage apporté par l’informatique embarquée concerne la productivité, mais également la ponctualité puisqu’elle permet au conducteur de connaître en temps réel son positionnement par rapport à l’horaire théorique de passage aux arrêts. 167 Bernard Gérardin L’évolution des compétences dans les entreprises Les compétences du dirigeant devront permettre de professionnaliser la gestion managériale de l’entreprise De même qu’au cours des entretiens qualitatifs, il apparaît que les dirigeants ayant répondu à cette enquête ont conscience de la nécessité de faire apparaître un management intermédiaire dès lors que l’entreprise croît. 84% des entreprises ayant répondu font part de la nécessité d’améliorer les compétences en gestion de l’équipe, délégant certaines responsabilités et en trouvant des méthodes de motivation des salariés. Savoir motiver vos équipes et déléguer à votre management intermédiaire ? 67% 17% 17% 0% Non, pas Non, Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait En outre, les entreprises ayant répondu à cette enquête s’accordent à dire que l’amélioration des réponses aux appels d’offres sera une nécessité pour la pérennité des entreprises : - 83% des entreprises admettent que leur organisation interne et leur offre pourrait être davantage adaptées pour améliorer les réponses aux appels d’offres. - Les exigences des donneurs d’ordres étant de plus en plus élevées, les entreprises doivent savoir s’adapter pour y répondre. C’est donc au dirigeant d’élever son niveau de compétence en organisation. - Une meilleure adaptation de l’offre pourrait permettre aux entreprises de gagner en pouvoir de négociation avec les donneurs d’ordres et de nouer un dialogue pour une plus grande compréhension des intérêts communs. 168 Bernard Gérardin Savoir adapter votre offre de service et l'organisation de l'entreprise pour répondre aux exigences des donneurs d'ordre ? 71% 18% 12% 0% Non, pas du Non, plutôt tout pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Enfin, les entreprises devront savoir relever le défi de la loi handicap de 2005, et se préparer à l’échéance de 2015. - Près de 60% des entreprises y voient un enjeu en termes de compétences des dirigeants dans les années à venir - le nombre relativement élevé de réponses négatives (41% des entreprises répondantes) pourrait s’expliquer par le fait que des entreprises sont d’ores et déjà équipées pour l’accès aux personnes à mobilité réduite ; il ne s’agit donc plus pour ces entreprises d’un enjeu à l’avenir. Gérer la flotte de véhicules pour l'adapter aux personnes à mobilité réduite (PMR)? 53% 41% 0% 6% Non, pas Non, Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait 169 Bernard Gérardin La fonction commerciale devra faire progresser ses compétences en se rapprochant des donneurs d’ordres Les entreprises ayant répondu à cette enquête ont confirmé la tendance dégagée au cours de quelques entretiens qualitatifs selon laquelle la fonction commerciale devra progresser dans sa capacité à lire les attentes des donneurs d’ordres à la lecture des cahiers des charges. 77% des entreprises y voient un enjeu en termes de compétences pour les prochaines années. Mieux préparer la réponse à un appel d'offres, en identifiant précisement les attentes du donneur d'ordres ? 53% 24% 24% 0% Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait De même, pour aller au-delà de la simple réponse aux appels d’offres, les entreprises ont conscience que les donneurs d’ordres peuvent avoir besoin de leur expertise, et que l’entreprise doit avoir un rôle proactif en amont de la préparation des appels d’offres, pour identifier les besoins et attentes des usagers. - 66% des entreprises s’accordent sur la nécessité d’avoir en leur sein cette capacité d’anticipation des besoins des donneurs d’ordres. 170 Bernard Gérardin Savoir identifier les besoins des donneurs d'ordres pour favoriser le succès aux appels d'offres ? 47% 29% 24% 0% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Oui, tout à fait D’autre part, et comme l’avaient montré les entretiens qualitatifs, le lien entre la fonction commerciale et l’exploitation doit être renforcé. 83% des entreprises pensent ainsi qu’il est nécessaire que les commerciaux sachent calculer avec précision le coût de revient d’une ligne, afin d’estimer sa rentabilité. Connaître le coût réel d'exploitation d'une ligne pour maintenir un niveau de marge suffisant pour l'entreprise ? 59% 18% 24% 0% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Oui, tout à fait En revanche, les compétences de mise en place des services périphériques semblent moins prioritaires pour les entreprises répondantes. Ainsi, 59% seulement des entreprises considèrent que la mise en place de la billettique est un enjeu pour les équipes commerciales. 171 Bernard Gérardin Mettre en place et gérer un système billettique / d'information des voyageurs ? 47% 35% 12% 6% Non, pas Non, du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Les compétences de l’exploitation devront évoluer vers une meilleure compréhension de l’environnement de la conduite Les compétences des exploitants devront en premier lieu évoluer vers une maîtrise approfondie des contraintes sociales qui pèsent sur les conducteurs, pour 3 entreprises sur 4. En effet, au cours de quelques entretiens qualitatifs, il est apparu qu’une mauvaise connaissance de ces contraintes pouvait entrainer l’obligation d’arrêt d’un conducteur sur un circuit pour ne pas dépasser son temps de conduite autorisé. Maîtriser les contraintes sociales pour les conducteurs ? 50% 25% 25% 0% Non, pas Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à du tout pas fait D’autre part, dans le but de mieux savoir gérer le matériel et les équipes de conduite, il semble utile à 75% des entreprises que les exploitants connaissent 172 Bernard Gérardin avec précision les exigences du cahier des charges défini par le donneur d’ordres. Maîtriser précisément les exigences du cahier des charges ? 56% 25% 19% 0% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Oui, tout à fait De même, les exploitants doivent savoir se plier aux règles sur la gestion des véhicules : Savoir affecter le matériel en fonction des contraintes de la ligne (affichage, accessibilité aux PMR) ? 44% 25% 25% 6% Non, pas du Non, plutôt tout pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Enfin, les compétences des exploitants devront, pour 88% des entreprises interrogées, se renforcer dans la gestion des situations de crises : 173 Bernard Gérardin Savoir gérer les situations d'urgence (pannes, accidents, problèmes techniques) ? 63% 25% 6% 6% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à tout pas fait Le développement de nouvelles compétences de conducteurs devra permettre de satisfaire au mieux les usagers, et donc le donneur d’ordres. L’ensemble des entreprises ayant répondu à ce questionnaire anticipent un besoin d’adaptation plus grand de la conduite : - Le coût élevé du carburant entrainera sans doute une augmentation des mesures de contrôle de la consommation par véhicule déjà en place dans les entreprises. - D’autre part, l’exigence de sécurité dans les autocars restera naturellement très élevée, d’où la forte responsabilité en du conducteur en la matière. Adapter sa conduite (sécurité, respect du code de la route, conduite rationnelle) ? 59% 41% 0% 0% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à tout pas fait 174 Bernard Gérardin Par ailleurs, dans les cars, le conducteur est le représentant de son entreprise. Aussi, les entreprises jugent elles très fréquemment que les compétences de présentation et d’accueil du conducteur continueront à être centrales dans l’exercice du métier. Savoir se comporter face à l'usager et donner une bonne image de l'entreprise ? 53% 0% 47% 0% Non, pas Non, du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Plus largement, les compétences qui semblent clés pour l’avenir du métier de conducteur seront celles qui permettront une meilleure qualité d’interaction avec l’usager : - Au premier rang de ces compétences et en raison de la banalisation des incivilités dans la société moderne, les entreprises ont conscience que les conducteurs devront savoir gérer des conflits : Gérer les conflits avec l'usager ? 59% 41% 0% 0% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Oui, tout à fait 175 Bernard Gérardin - De même, les spécificités du public scolaire sont prises en compte par 88% des entreprises dans les besoins en compétences des conducteurs : Gérer un public scolaire ? 53% 35% 12% 0% Non, pas Non, Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait - De plus, la loi handicap et son entrée en vigueur à l’échéance 2015 entraînera un renforcement des interactions entre le conducteur et les personnes à mobilité réduite, qui auront accès au car aux mêmes arrêts et dans les mêmes conditions de sécurité que tous les autres usagers. En conséquence, les conducteurs devront parfaitement maîtriser le fonctionnement des équipements spécifiques, même si leur utilisation n’est pas quotidienne : Savoir faire fonctionner les équipements destinés aux PMR ? 65% 18% 18% 0% Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait - Enfin, les compétences en matière d’information des tous les usagers resteront importantes ; ainsi pour 65% des entreprises interrogées, les connaissances des conducteurs en matière de tarification et de billettique (connaissance des différents titres de transports, du fonctionnement des équipements du car pour l’usager) deviendront un enjeu pour ce métier : 176 Bernard Gérardin Maîtriser les tarifications et le système de billettique ? 47% 24% 18% 12% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Oui, tout à fait Dans la perspective de maintenir un niveau élevé de satisfaction des usagers, l’atteinte d’une plus grande qualité de service, notamment en matière de ponctualité entraineront un renforcement de la capacité des conducteurs à lire et utiliser les équipements informatiques embarqués. - Au cours des entretiens qualitatifs, il était apparu que le manque de ponctualité était souvent un motif de conflits et d’incivilités de la part des usagers à l’égard du conducteur, même si sa responsabilité n’est en rien en cause. Une plus grande ponctualité permettrait donc de réduire certains des facteurs de stress liés au métier de conducteur. - 83% des entreprises y voient un enjeu de compétence pour les conducteurs : Maîtriser l'informatique embarquée et les systèmes de suivi des horaires en temps réel? 59% 18% 24% 0% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Oui, tout à fait 177 Bernard Gérardin D’autre part, la majorité des entreprises (58%) soulignent que les conducteurs devront toujours maîtriser la règlementation sociale de la conduite afin de rester en respect vis-à-vis de la législation, notamment sur les temps de conduite et de repos. Si les circuits définis par l’exploitation doivent normalement prendre en compte ce critère, le conducteur doit avoir selon les entreprises la capacité d’alerter l’exploitation pour prévenir un éventuel dépassement de son temps de conduite. Connaître la réglementation sociale de la conduite ? 41% 29% 29% 0% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Oui, tout à fait Les compétences de maintenance et d’entretien sont bouleversées par l’introduction de l’électronique dans les moteurs des véhicules Les résultats de l’enquête quantitative viennent confirmer les tendances dégagées au cours des entretiens avec les entreprises. La fonction maintenance et entretien se renforcera en utilisation des matériels électroniques, et en gestion des relations avec les prestataires, les principales actions de maintenance étant de plus en plus souvent externalisées par les entreprises. Les compétences en électronique des salariés de la fonction maintenance et entretien vont nécessairement croître au court des prochaines années. - Le recours aux valises électroniques de diagnostic des moteurs semble amené à se généraliser : 178 Bernard Gérardin Savoir utiliser les outils de diagnostic électroniques pour les moteurs ? 56% 31% 13% 0% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à tout pas fait D’autre part, l’externalisation croissante de la maintenance des cars entraine l’apparition d’une compétence de gestion des relations avec les prestataires, beaucoup moins présente dans le métier il y a encore quelques années. Gérer les relations avec les prestataires de maintenance externalisés (constructeur, concessionnaire, etc.) ? 53% 20% 20% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Oui, tout à fait 7% Enfin, pour s’adapter aux exigences des donneurs d’ordres dans des cahiers des charges de plus en plus précis, les agents de maintenance et d’entretien devront savoir prendre en charge l’installation et l’entretien de l’informatique embarquée et des équipements d’affichage : 179 Bernard Gérardin Connaitre, installer et manipuler du matériel informatique embarqué et l'affichage ? 53% 27% 7% 13% Non, pas du Non, plutôt tout pas Oui, plutôt Oui, tout à fait 180 Bernard Gérardin Tableau récapitulatif des réponses par compétence Grande fonction Compétence 17% Oui, plutôt Savoir adapter votre offre de service et l'organisation de l'entreprise pour Oui, tout à fait répondre aux exigences des donneurs d'ordre Oui, plutôt Gérer la flotte de véhicules pour l'adapter aux personnes à mobilité Oui, tout à fait réduite (PMR) Oui, plutôt 67% Mieux préparer la réponse à un appel d'offres, en identifiant précisement Oui, tout à fait les attentes du donneur d'ordres Oui, plutôt Savoir identifier les besoins des donneurs d'ordres pour favoriser le Oui, tout à fait succès aux appels d'offres Oui, plutôt 24% Savoir motiver vos équipes et déléguer à votre management intermédiaire Direction Commercial 6% 53% 53% 29% 47% 24% Oui, plutôt 59% Mettre en place et gérer un système billettique / d'information des voyageurs Oui, tout à fait 12% Oui, plutôt 47% Oui, tout à fait 25% Oui, plutôt 50% Oui, tout à fait 19% Oui, plutôt 56% Savoir affecter le matériel en fonction des contraintes de la ligne (affichage, accessibilité aux PMR) Oui, tout à fait 25% Oui, plutôt 44% Savoir gérer les situations d'urgence (pannes, accidents, problèmes techniques) Oui, tout à fait 25% Oui, plutôt 63% Adapter sa conduite (sécurité, respect du code de la route, conduite rationnelle) Oui, tout à fait 41% Oui, plutôt 59% Savoir se comporter face à l'usager et donner une bonne image de l'entreprise Oui, tout à fait 47% Oui, plutôt 53% Oui, tout à fait 59% Oui, plutôt 41% Oui, tout à fait 53% Oui, plutôt 35% Oui, tout à fait 18% Oui, plutôt 65% Oui, tout à fait 18% Oui, plutôt 47% Oui, tout à fait 24% Oui, plutôt 59% Oui, tout à fait 29% Oui, plutôt 29% Oui, tout à fait 31% Gérer les conflits avec l'usager Gérer un public scolaire Savoir faire fonctionner les équipements destinés aux PMR Maîtriser les tarifications et le système de billettique Maîtriser l'informatique embarquée et les systèmes de suivi des horaires en temps réel Connaître la réglementation sociale de la conduite Savoir utiliser les outils de diagnostic électroniques pour les moteurs Maintenance et entretien 71% Oui, tout à fait Maîtriser précisément les exigences du cahier des charges Conduite 12% Connaître le coût réel d'exploitation d'une ligne pour maintenir un niveau de marge suffisant pour l'entreprise Maîtriser les contraintes sociales pour les conducteurs Exploitation Réponses positives Oui, tout à fait Oui, plutôt 56% Gérer les relations avec les prestataires de maintenance externalisés (constructeur, concessionnaire, etc.) Oui, tout à fait 20% Oui, plutôt 53% Connaitre, installer et manipuler du matériel informatique embarqué et l'affichage Oui, tout à fait 27% Oui, plutôt 53% 181 Bernard Gérardin Les évolutions en matière de gestion des ressources humaines La fonction conduite cristallise l’attention en gestion des ressources humaines dans les entreprises de transport de voyageurs La fonction conduite représente une large majorité des effectifs des entreprises, quels que soient les segments sur lesquels elles exercent : Effectifs moyens des entreprises par grandes fonctions selon les segments 2,5 4,8 2,2 3,9 2,2 3 Administration / gestion maintenance conduite 62,6 48,5 38,3 Exploitation Commercial Management 3,9 3,4 2 Transport régulier de voyageurs 2,7 2,6 1,6 3,3 2,7 1,7 Transports scolaires Tourisme et occasionnel Les entreprises semblent prévoir une évolution positive de l’emploi pour la fonction conduite, mais également – et dans une moindre mesure - pour l’exploitation, la maintenance et le commercial : 182 Bernard Gérardin Perspectives d'évolution de l'emploi par grandes fonctions dans les entreprises 11% 17% 17% 22% 12% En hausse 56% 89% 83% 72% 78% 88% 6% 0% 33% 0% 0% 11% 6% Stable En baisse Les entreprises estiment que c’est la fonction sur laquelle elles rencontrent le plus de difficultés de recrutement (72% des entreprises estiment à voir des difficultés à recruter des conducteurs). Cette tendance semble même plus importante que dans les retours des entretiens qualitatifs, au cours desquels il était apparu que les entreprises ne rencontraient pas de réelles difficultés de recrutement sur la fonction conduite aujourd’hui, mais en anticipaient pour l’avenir. Or, les résultats quantitatifs prouvent que les difficultés à recruter des conducteurs sont déjà bien réelles. Estimez-vous rencontrer des difficultés de recrutement pour la fonction conduite ? 50% 28% 22% 0% Non, pas Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à du tout pas fait La fonction exploitation et la maintenance posent également des difficultés en termes de recrutement, avec 50% des entreprises ayant répondu dans ce sens pour ces deux fonctions : 183 Bernard Gérardin Estimez-vous rencontrer des difficultés de recrutement pour la fonction exploitation ? Estimez-vous rencontrer des difficultés de recrutement pour la fonction maintenance et entretien ? 44% 22% 31% 28% 19% 25% 25% 6% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Non, pas Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à du tout pas fait Oui, tout à fait Le recrutement pourrait s’orienter vers une féminisation et plus de recours au temps partiel 72% des entreprises pensent recruter une plus grande proportion de femmes dans les prochaines années. Cette tendance vient confirmer les tendances perçues lors de la plupart des entretiens qualitatifs. Pensez-vous qu'à l'avenir les recrutements de femmes vont croître dans votre entreprise ? 61% 6% 22% 11% Non, pas Non, Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait De même, cette enquête qualitative démontre que la tendance dégagée lors des entretiens qualitatifs d’un recours plus élevé au temps partiel dans les recrutements des entreprises est confirmée par une majorité des acteurs (53%). Cependant, les avis restent partagés dans les entreprises quant au recours au temps partiel : 184 Bernard Gérardin Pensez-vous qu'à l'avenir les recrutements en contrats à temps partiel vont croître en proportion dans votre entreprise ? 41% 47% 6% 6% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à tout pas fait La proportion des CDI dans le recrutement des entreprises pourrait légèrement progresser en proportion, même si 50% des entreprises ayant répondu à cette enquête ne prévoient pas de l’utiliser davantage. Pensez-vous qu'à l'avenir les recrutements en CDI vont croître en proportion dans votre entreprise ? 33% 33% 17% 17% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à tout pas fait Le recours aux formations non-obligatoire pourrait augmenter même si l’offre semble comporter quelques manques. 73% des entreprises ayant répondu envisagent de faire plus appel aux formations non-obligatoires dans les prochaines années : 185 Bernard Gérardin Pensez-vous faire davantage appel à des formations non-obligatoires pour vous et vos salariés pour développer les compétences dans votre entreprise au cours des 3 prochaines années ? 56% 22% 17% 6% Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Les entreprises envisagent en majorité d’avoir plus recours à ces formations nonobligatoires, quel que soit le segment sur lequel elles exercent. Les entreprises restent relativement partagées quant à l’offre en formation nonobligatoires, certaines (50%) constatant des manques tandis que l’autre moitié des entreprises jugent l’offre actuelle suffisante. Constatez-vous des manques dans l'offre en formations nonobligatoires ? 39% 11% 44% 6% Non, pas Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à du tout pas fait 44% des entreprises estiment que le budget de leur plan de formation est insuffisant pour couvrir toutes les demandes des salariés. Cette tendance complète les retours de certains entretiens qualitatifs mentionnant des tensions sur les plans de formations des entreprises en raison de l’allongement des formations obligatoires. 186 Bernard Gérardin Concernant le budget du plan de formation de votre entreprise, estimezvous parvenir à satisfaire toutes les demandes de vos salariés ? 39% 33% 17% 11% Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Les principales difficultés en matière de gestion du personnel concernent l’intégration des recrues et la fidélisation des salariés A la différence du transport de marchandises, il semble que les transporteurs de voyageurs rencontrent quelques difficultés en matière d’intégration des salariés : Rencontrez-vous des difficultés en matière d'intégration des nouvelles recrues ? 60% 27% 7% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas 7% Oui, tout à fait Ce phénomène touche toutes les petites entreprises de moins de 10 salariés, mais aussi et dans une moindre mesure les moyennes (44% des entreprises de 10 à 50 salariés) et les grandes (60% des entreprises de plus de 50 salariés). La fidélisation des salariés semble plus problématique que dans le transport de marchandises, et rejoint la tendance exprimée par les entreprises au cours des entretiens qualitatifs selon laquelle les conducteurs préfèrent rejoindre le 187 Bernard Gérardin transport urbain pour bénéficier des conditions plus favorables pour eux de la convention collective de ce secteur. Ainsi, 78% des entreprises ayant répondu rencontrent des difficultés : Rencontrez-vous des difficultés en matière de turnover et de fidélisation des salariés ? 57% 7% 14% 21% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à tout pas fait En revanche, peu d’entreprises ont signalé des difficultés en matière de transmission et reprise d’entreprise (31% de réponse positives, pour 54% de réponses « non, pas du tout ») 188 Bernard Gérardin Les soutiens attendus par les transporteurs de voyageurs Comme lors des entretiens qualitatifs, il apparait que les entreprises attendent un soutien pour revaloriser l’image du métier 94% des entreprises attendent un soutien pour changer l’image négative du métier auprès du grand public, ce qui confirme les retours des entretiens qualitatifs. Promouvoir le métier et revaloriser son image? 44% 50% 6% 0% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à tout pas fait Les formations pourraient être mieux adaptées, en particulier la FCO 94% des entreprises attendent des pouvoirs publics et des organisations professionnelles qu’ils appuient les organismes de formation sur l’adaptation des formations aux évolutions du métier. Adapter les formations non-obligatoires aux enjeux de compétences de demain ? 65% 29% 0% 6% Non, pas Non, du tout plutôt pas Oui, Oui, tout plutôt à fait 83% des entreprises ayant répondu pensent que les pouvoirs publics et les organisations professionnelles devraient aider les organismes de formation à former plus de conducteurs pour pallier les difficultés actuelles et anticiper une éventuelle reprise de l’activité. 189 Bernard Gérardin Aider les organismes spécialisés à former plus de conducteurs? 39% 44% 17% 0% Non, pas Non, du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Comme au cours des entretiens qualitatifs, et à l’instar du transport routier de marchandises, il apparait clairement que les entreprises souhaitent voir apporter un changement au contenu de la FCO. Pour en augmenter l’intérêt et valoriser les conducteurs en améliorant leurs performances, il semble que les entreprises soient favorables à l’introduction de nouveaux modules de formation dans la FCO, comme par exemple la conduite rationnelle : Inclure la conduite rationnelle dans les formations obligatoires? 67% 28% 6% 0% Non, pas Non, Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait D’autre part, 89% des entreprises attendent une plus grande sélection dans les reconversions de salariés d’autres secteurs vers des postes de conducteurs, ce qui confirme les retours des entretiens qualitatifs. 190 Bernard Gérardin Sélectionner plus fortement les reconversions de demandeurs d'emploi dans les métiers du transport? 50% 39% 11% 0% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Oui, tout à fait Enfin, les chefs d’entreprises ayant répondu à cette enquête semblent plutôt favorables à une révision de la convention collective pour la rapprocher des conditions du transport urbain de voyageurs : Tenter de rapprocher les conditions de la convention collective de celles du transport urbain de voyageurs 50% 33% 6% 11% Non, pas Non, Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait 191 Bernard Gérardin Récapitulatif des attentes de soutien identifiées Réponses positives des entreprises Proposition de soutien de la part des pouvoirs publiques et des organisations professionnelles Promouvoir le métier et revaloriser son image? Inclure la conduite rationnelle dans les formations obligatoires? Oui, tout à fait 50% Oui, plutôt 44% Oui, tout à fait 28% Oui, plutôt 67% Adapter les formations non-obligatoires aux enjeux de compétences Oui, tout à fait de demain ? Oui, plutôt 29% Oui, tout à fait 44% Oui, plutôt 33% Sélectionner plus fortement les reconversions de demandeurs d'emploi dans les métiers du transport? Oui, tout à fait 50% Oui, plutôt 39% Tenter de rapprocher les conditions de la convention collective de celles du transport urbain de voyageurs Oui, tout à fait 11% Oui, plutôt 50% Aider les organismes spécialisés à former plus de conducteurs? 65% 192 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 7.1 Transport routier de voyageurs 7.2 Transport routier de marchandises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 193 Bernard Gérardin Précision méthodologique La répartition par segments a été faite selon l’activité principale déclarée par l’entreprise La diversification de l’activité des entreprises - Les entreprises du transport routier de marchandises sont souvent positionnées sur plusieurs segments, par exemple il est fréquent qu’une entreprise dont l’activité principale est le transport régional puisse également organiser plus ponctuellement des tournées longue distance, à l’échelle nationale ou internationale. - Nous avons donc retenu dans les différents segments présentés les entreprises dont le segment représente la majorité de l’activité. La spécificité de l’activité d’affrètement - Une seule entreprise ayant répondu à cette enquête consacre une part significative de son activité à l’affrètement (plus de 20%), qui s’inscrit pour toutes les entreprises ayant répondu comme activité connexe. - Etant donnée la faible représentativité, ce segment ne sera considéré que dans les cas où les résultats apparaitront comme véritablement singuliers par rapport aux réponses des entreprises n’ayant pas d’activité d’affrètement en leur sein. 194 Bernard Gérardin Caractéristiques des entreprises ayant répondu à cette enquête Un panel équilibré entre les deux départements Localisation géographique du siège régional des entreprises ayant répondu à cette enquête 62 - Pas de Calais 48% 59 - Nord 50% Dans une autre région 2% Une structure par tailles d’entreprises relativement équilibrée entre les deux départements Effectifs des entreprises par département 23% 42% 23% 53% 50 salariés et plus De 10 à 50 salariés Moins de 10 salariés 36% 59 - Nord 23% 62 - Pas de Calais 195 Bernard Gérardin Les perspectives économiques du transport routier de marchandises selon les entreprises répondantes Les entreprises tablent sur une stabilité voire une légère progression du marché. Les entreprises interrogées ne prévoient pas une évolution soudaine de leur chiffre d’affaires, mais plutôt une évolution lente. Les entreprises qui prévoient une progression de leur chiffre d’affaires sont plus nombreuses (39% des entreprises ayant répondu à l’enquête) que celles qui prévoient un recul de leur CA (20% au total). La part des entreprises dont le chiffre d'affaires va évoluer (à la baisse ou à la hausse) est significativement plus élevée que celle que l'on rencontre dans nombre de nos études. Quelle évolution de votre chiffre d'affaires anticipezvous d'ici 3 ans? 41% 36% 18% 2% 3% En forte En Stable En En forte baisse baisse hausse hausse modérée modérée Les entreprises de transport régional et de messagerie semblent prévoir un développement de leur activité au cours des prochaines années A la question « Quelle évolution de votre chiffre d’affaires anticipez-vous d’ici 3 ans ?» - 42% des entreprises de transport régional et 38% des entreprises de messagerie prévoient une progression de leur activité. 196 Bernard Gérardin - Les perspectives sur le transport longue distance semblent stables (29% des entreprises prévoient une progression, pour 28% qui prévoient un recul de l’activité). - En revanche, 31% des entreprises pratiquant dans le secteur de la logistique prévoient une diminution de leur activité. 0% 4% 0% 2% 15% 29% 41% 38% 52% 43% 39% 1. Longue distance En hausse modérée Stable 48% En baisse modérée 24% 4% En forte hausse 31% 15% 1% 14% 0% 0% 2. Régional 3. messagerie 4. Logistique En forte baisse Les grandes entreprises sont les plus optimistes sur l’évolution de leur activité 41% des entreprises de plus de 50 salariés prévoient une augmentation de leur activité, dont 7% anticipent une forte hausse, tandis que seulement 16% d’entre elles prévoient un recul de leur activité Les entreprises comprises entre 10 et 50 salariés prévoient également une progression (39% contre 13% d’entreprises qui prévoient un recul de leur chiffre d’affaires), même si la stabilité semble prédominante (47% des entreprises) Les micro-entreprises (moins de 10 salariés) prévoient plutôt une stabilité de leur activité (1/3 prévoient une augmentation, 1/3 la stabilité et 1/3 un recul de leur chiffre d’affaires) 197 Bernard Gérardin 0% 35% 3% 7% 36% 34% En forte hausse En hausse modérée 35% 43% 47% Stable En baisse modérée En forte baisse 24% 6% 13% 0% 16% 0% Moins de 10 De 10 à 50 50 et plus Les entreprises du Nord semblent légèrement plus optimistes que les entreprises du Pas-de-Calais 42% des entreprises du Nord anticipent une évolution positive de leur chiffre d’affaires, contre 34% des entreprises du Pas-de-Calais. De même, 27% des entreprises du Pas de Calais prévoient un recul de leur activité, contre seulement 13% dans le Nord. Cette tendance reflète les tendances dégagées au cours des entretiens qualitatifs : les difficultés économiques des entreprises du Pas de Calais, en particulier dans le domaine de l’industrie brident la demande en transport. 0% 42% 7% 27% En forte hausse En hausse modérée 37% 45% Stable En baisse modérée En forte baisse 10% 3% 59 - Nord 27% 0% 62 - Pas de Calais 198 Bernard Gérardin La faible diversification des clients fait peser un risque sur les plus petits transporteurs Près de 40% des entreprises de moins de 10 salariés ont moins de 10 clients, ce qui fait peser une incertitude importante sur leur niveau d’activité à moyen terme. A l’inverse, 83% des entreprises de plus de 50 salariés ayant répondu à cette enquête ont une clientèle diversifiée ; la perte d’un client aurait donc moins de conséquences sur la pérennité de l’entreprise. Nombre de clients par taille d'entreprise 17% 35% 44% 83% De 10 à 50 clients 62% Moins de 10 clients 39% Moins de 10 salariés 50 clients et plus 3% 8% 8% De 10 à 50 salariés 50 salariés et plus Près de 20% des entreprises de transport régional ont moins de 10 clients différents, ce qui atténue leur pouvoir de négociation et fait peser un gros risque sur l’entreprise en cas de défection de l’un de ces chargeurs. En revanche, les entreprises de messagerie ayant répondu à cette enquête déclarent toutes avoir plus de 10 clients différents. 199 Bernard Gérardin Répartition des entreprises en nombre de clients par segment 56% 39% 60% 43% 50 clients et plus 42% 38% 6% Longue distance 43% Moins de 10 clients 40% 19% Régional 0% Messagerie De 10 à 50 clients 14% Logistique 200 Bernard Gérardin Les entreprises ajustent leur offre pour faire face à ces évolutions Deux tiers des entreprises souhaitent s’inscrire sur la durée avec les chargeurs L’évaluation quantitative confirme que les entreprises cherchent à établir des partenariats sur la durée avec les chargeurs afin de sécuriser leur volume d’activité. Les entreprises tentent donc de prendre le contrepied du développement des appels d’offre, et essaient de maintenir une capacité à anticiper leur volume d’activité en travaillant sur la durée pour les mêmes chargeurs. Le développement des appels d’offres est clairement perçu par les transporteurs comme une tendance défavorable pour eux. Etablissez vous des partenariats sur la durée avec certains chargeurs? 40% 24% 23% 13% Non, Pas Non , Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait Les entreprises élargissent leur offre de service à de nouveaux secteurs pour garantir leur niveau d’activité De la même manière qu’au cours des entretiens qualitatifs, il apparaît que près de 60% des transporteurs ont réagi à la crise en prospectant des entreprises de nouveaux secteurs d’activité avec lesquels ils n’avaient pas forcément l’habitude de travailler auparavant. 201 Bernard Gérardin Avez-vous élargi votre offre à de nouveaux secteurs? 49% 18% 23% 10% Non, Pas Non , du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Pour limiter les coûts et faire face à la concurrence, les tournées se raccourcissent. Seules 35% des entreprises ayant répondu ont maintenu un kilométrage des tournées équivalent au niveau connu avant la crise. Cette tendance confirme celle des entretiens qualitatifs, au cours desquels il était apparu que les entreprises se détachent de plus en plus de la longue distance, trop concurrencée par les entreprises étrangères, pour se tourner vers des tournées plus courtes. Avez-vous developpé les tournées de proximité au détriment des plus longues distances? 37% 28% 15% 20% Non, Pas Non , Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait Face à des marges déjà faibles, les transporteurs essaient de maintenir un niveau de prix au moins équivalent aux niveaux connus avant la crise. 80% des entreprises ayant répondu n’ont pas adapté leur offre en jouant sur les prix, et ont trouvé d’autres méthodes pour garantir leur pérennité. 202 Bernard Gérardin Ce chiffre vient confirmer la tendance apparue au cours des entretiens qualitatifs selon laquelle les entreprises ne disposent aujourd’hui presque plus de marges de manœuvre sur le plan financier. Avez-vous diminués les tarifs pratiqués? 44% 36% 20% 0% Non, Pas Non , Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait Les entreprises dont l’activité est la longue distance sont celles qui sont le plus concernées par la baisse de leurs tarifs : 33% d’entre elles ont dû s’y résoudre pour faire face à la crise. Les entreprises semblent vouloir éviter de se positionner en soustraitant d’autres transporteurs 72% des entreprises ne pratiquent pas ou très occasionnellement la soustraitance de tournées d’autres transporteurs. La sous-traitance est une pratique des petits transporteurs. En effet, plus l’entreprise est petite, et plus la pratique de la sous-traitance est élevée : un tiers des entreprises de moins de 10 salariés sous-traite des tournées d’autres transporteurs, pour aucune entreprise de plus de 100 salariés ayant répondu au questionnaire. Les entretiens qualitatifs ont montré que certaines entreprises, en particulier les plus petites, voyaient dans la sous-traitance un moyen de trouver de l’activité et d’assurer leur pérennité. Il semble que si cette activité se développe en période de crise, les entreprises préfèrent l’éviter. Ce positionnement dans un rôle de « simple-tractionnaire » fait peser la responsabilité commerciale et de l’organisation des tournées sur le donneur d’ordre ; l’entreprise y perd des sources de valeur ajoutée, et risque d’être à terme condamnée à subir les tarifs exigés par le chargeur. 203 Bernard Gérardin Pratiquez-vous la sous-traitance pour le compte d'autres transporteurs? 38% 34% 20% 8% Non, Pas du tout Non , Oui, plutôt Oui, tout à plutôt pas fait 204 Bernard Gérardin Pour adapter leur offre aux évolutions de l’environnement externe, les transporteurs se réorganisent Le leasing est une solution largement utilisée pour les véhicules 53% des entreprises ayant répondu utilisent le leasing pour réduire leurs investissements en matériel. Utilisez vous des véhicules en leasing? 34% 33% 20% 13% Non, Pas Non , du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait En détaillant les entreprises utilisatrices, il apparaît que 72% des micros entreprises (moins de 10 salariés) et 71% des entreprises de plus de 100 salariés y ont recours. En revanche, les PME comprises entre 10 et 100 salariés y ont moins recours, avec seulement 38% des entreprises ayant répondu. Les plus grands transporteurs développent leur recours à la soustraitance. La pratique de la sous-traitance des tournées reste réservée à une minorité d’entreprises (36% des entreprises ayant répondu y ont recours). Le recours à la sous-traitance est essentiellement une pratique des grandes entreprises de transport : - 57% des entreprises de plus de 100 salariés sous-traitent des tournées. - En revanche et en toute logique, seulement 17% des entreprises de moins de 10 salariés y ont éventuellement recours. 205 Bernard Gérardin Avez-vous recours à la soustraitance? 38% 26% 26% 10% Non, Pas Non , du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Le recours à l’informatique embarquée semble progresser, en particulier dans les entreprises les plus grandes. Au cours des entretiens avec les entreprises, il est apparu que plusieurs entreprises moyennes s’étaient récemment équipées, tandis que les plus petites semblaient plus dans une position « d’attente », pour estimer les gains de productivités que ce matériel pourrait leur apporter, et mobiliser éventuellement les financements pour cet investissement. Cette tendance se confirme quantitativement, puisque 68% des entreprises de plus de 30 salariés utilisent ce type de matériels, tandis que 73% des entreprises de moins de 10 salariés ne l’utilisent pas aujourd’hui. Au global, 46% des entreprises déclarent aujourd’hui utiliser l’informatique embarquée. Avez-vous introduit de l'informatique embarquée dans vos véhicules? 33% 21% Non, Pas Non , du tout plutôt pas 23% 23% Oui, plutôt Oui, tout à fait L’utilisation de logiciels d’optimisation des tournées reste plus marginale 206 Bernard Gérardin 28% des entreprises déclarent avoir recours à ce type de logiciels : Utilisez-vous un logiciel d'optimisation des tournées? 43% 30% 23% 5% Non, Pas Non , Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait 61% des entreprises de plus de 100 salariés y ont recours. En revanche, les plus petits transporteurs ne semblent pas avoir les capacités financières ni un volume d’activité suffisant pour justifier cet investissement, que seuls 22% des transporteurs de moins de 100 salariés ont réalisé aujourd’hui. 207 Bernard Gérardin L’évolution des compétences dans les entreprises Les compétences du dirigeant évoluent dans le sens d’une meilleure gestion stratégique des ressources de l’entreprise L’amélioration des compétences en maîtrise de l’équilibre économique de l’entreprise semble être la priorité pour les dirigeants : - 87% des entreprises ayant répondu à cette enquête pensent que les compétences du dirigeant devront augmenter en gestion des coûts de l’entreprise et de maîtrise des tarifs pratiqués. - Cette évolution s’inscrit comme réponse naturelle de la réduction des marges de manœuvre des entreprises sur le plan financier. Maîtriser son coût de revient et son prix de vente? 54% 33% 8% 5% Non, Pas Non , du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait De plus, les dirigeants ont conscience qu’ils devraient progresser dans leur capacité à définir un positionnement stratégique original pour l’entreprise, et à le décliner dans leur offre de services aux chargeurs : Innover sur le positionnement stratégique de l'entreprise et son offre? 57% 23% 11% 8% Non, Pas Non , du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait 208 Bernard Gérardin En outre, la gestion de l’équipe pourrait également progresser dans les compétences du dirigeant : - L’apparition d’un management intermédiaire apparait comme un enjeu pour les transporteurs. - La capacité à maintenir un niveau élevé de motivation des salariés est également une compétence que les dirigeants devront maîtriser dans les entreprises de transport au cours des prochaines années. Savoir motiver vos équipes et déléguer au management intermédiaire? 48% 26% 20% 7% Non, Pas Non , du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait La fonction commerciale de l’entreprise devra affiner ses compétences par une meilleure complémentarité avec l’exploitation Pour les entreprises ayant répondu à cette enquête, l’axe prioritaire d’évolution des compétences des commerciaux de l’entreprise se situe au niveau de la connaissance de l’exploitation et de la constitution des coûts des tournées. - Cette tendance confirme les éléments dégagés au cours des entretiens qualitatifs. Connaître l'exploitation et savoir estimer le coût des tournées? 52% 28% 9% 11% Non, Pas Non , du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait 209 Bernard Gérardin Par ailleurs, les compétences des commerciaux seront amenées à évoluer sur des critères de professionnalisation des réponses aux appels d’offre et de communication. - 81% des entreprises interrogées soulignent le besoin d’améliorer les réponses aux appels d’offre, qui gagnent en importance comme méthode de sélection des transporteurs : Mieux préparer la réponse à un appel d'offres, en identifiant précisémment les attentes du chargeur? 65% 11% Non, Pas du tout 16% 7% Non , Oui, plutôt Oui, tout à plutôt pas fait - 78% des réponses obtenues vont dans le sens d’un manque de compétence à l’heure actuelle en termes de communication sur l’offre des transporteurs : Savoir communiquer sur l'offre? 62% 15% 16% 7% Non, Pas du tout Non , Oui, plutôt Oui, tout à plutôt pas fait En toute logique, les compétences en prospection seront amenées à progresser au sein des transporteurs selon 71% des entreprises ayant répondu à cette enquête : 210 Bernard Gérardin Prospecter de nouveaux clients, dans de nouveaux secteurs d'activités? 50% 22% 21% 7% Non, Pas du tout Non , Oui, plutôt Oui, tout à plutôt pas fait En revanche, la progression des compétences de la fonction commerciale des entreprises de transport semble moins prioritaire dans la maîtrise des langues étrangères (49% d’entre elles seulement jugent que cette compétence devra progresser), et la préparation d’une offre incluant la multi-modalité (40% jugent cette compétence nécessaire). Les compétences de l’exploitation devront évoluer vers une meilleure maîtrise des contraintes des conducteurs et de maîtrise des coûts L’axe prioritaire d’évolution des compétences est la connaissance des contraintes de conduite, afin d’éviter des dysfonctionnements des tournées, et d’éviter des pénalités financières : - 88% des réponses portent sur un accroissement des connaissances par les exploitants des contraintes sociales des conducteurs : Maîtriser les contraintes sociales pour les conducteurs ? 49% 39% 3% 9% Non, pas Non, du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait 211 Bernard Gérardin D’autre part, les exploitants devront approfondir leurs compétences en optimisation des tournées : Optimiser les tournées ? 50% 33% 5% Non, pas du tout 12% Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Enfin, les compétences des exploitants seront amenées à progresser dans le domaine de la connaissance des marges d’exploitation sur les tournées : Calculer la rentabilité des services ? 51% 27% 17% 5% Non, pas Non, Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait Le développement de nouvelles compétences chez les conducteurs a pour objectif d’améliorer le niveau de qualité du transport D’après les résultats quantitatifs de cette enquête, quatre compétences majeures se dégagent comme prioritaires dans l’avenir des conducteurs. Certaines existent déjà mais semblent devoir être approfondies : la connaissance des contraintes sociales de la conduite et la dimension commerciale de la fonction, soit la présentation et image de l’entreprise véhiculée par le conducteur. D’autre part, la conduite semble devoir inclure à l’avenir une nouvelle dimension d’adaptation 212 Bernard Gérardin (conduite rationnelle, durcissement de la répression aux entorses au code de la route), ainsi qu’une exigence de qualité sur l’état de la marchandise acheminée. 97% des entreprises ayant répondu à ce questionnaire anticipent un besoin d’adaptation plus grand de la conduite : - Dans un contexte de coût élevé du carburant, les économies liées à la consommation joueront un rôle de plus en plus important. La mesure de la consommation par véhicule déjà en place dans les entreprises sera donc probablement amenée à se renforcer. - Le durcissement de la répression aux écarts au code de la route fait du permis une contrainte pour l’exercice du métier : il deviendra de plus en plus essentiel de veiller à respecter scrupuleusement les règles de conduite en vigueur. Adapter sa conduite (conduite rationnelle, respect accru du code de la route, etc.) ? 48% 2% 51% 0% Non, pas Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à du tout pas fait Pour 9 entreprises sur 10 ayant répondu à cette enquête, les compétences relationnelles du conducteur semblent devoir se renforcer au cours des prochaines années. - Le raccourcissement des tournées implique des arrêts et des contacts avec le client de plus en plus fréquents. 213 Bernard Gérardin Savoir se comporter face au client et respecter l'image commerciale de l'entreprise ? 50% 40% 2% 9% Non, pas Non, du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait De même, le conducteur devra veiller au maintien de la marchandise en état pendant toute la durée de l’acheminement, afin de répondre aux exigences plus élevées des chargeurs en matière de qualité : - 83% des entreprises ayant répondu y voient une compétence de plus en plus importante pour les conducteurs : Garantir la qualité des chargements pendant l'acheminement ? 56% 27% 15% 2% Non, pas Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à du tout pas fait Enfin, le quatrième champ de compétence prioritaire pour les conducteurs se situe sur la connaissance des règles juridiques de leur cadre de travail. Cette compétence est d’ores et déjà nécessaire pour les conducteurs, mais les entreprises semblent anticiper un approfondissement sur ce plan, puisque la responsabilité du chef d’entreprise peut-être engagée en cas de manquement aux règles en vigueur. - 83% des répondants y voient une compétence ayant besoin d’être renforcée au cours des prochaines années : 214 Bernard Gérardin Connaître la règlementation sociale de la conduite ? 42% 41% 14% 3% Non, pas Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à du tout pas fait En revanche, les compétences liées à l’introduction de matériel informatique embarqué dans les véhicules sont perçues comme moins prioritaires, puisque seulement 65% des entreprises y voient un enjeu pour les compétences de demain des conducteurs. Quelques entreprises interrogées au cours de l’enquête qualitative avait fait part des difficultés de quelques conducteurs à s’adapter à ce matériel, en particulier dans les tranches d’âges plus élevées. Il est toutefois probable que ces résultats puissent être interprétés comme un faible enjeu en termes de compétences des conducteurs pour l’avenir, puisque les jeunes générations semblent n’avoir aucune difficulté à utiliser ce matériel. Maîtriser l'informatique embarquée ? 41% 25% 24% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Oui, tout à fait 10% Les compétences de la fonction logistique semblent devoir peu évoluer, mais plutôt s’approfondir 215 Bernard Gérardin Toutes les compétences dégagées pour la fonction logistique sont déjà une nécessité pour les entreprises aujourd’hui. Les entreprises démontrent toutefois que des progrès restent à effectuer en matière de traçabilité et de qualité de service. Les compétences en termes de traçabilité devraient se renforcer, mais les entreprises restent partagées : pour 62% d’entre elles, cette compétence sera plus importante à l’avenir pour les services logistiques des transporteurs : Utiliser avec rigueur les outils de suivi et de traçabilité des marchandises ? 38% 24% 24% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt tout pas Oui, tout à fait 14% De même, la fiabilité et la rapidité du service, notamment en raison du développement du e-commerce, deviendront des compétences plus valorisées selon les entreprises ayant répondu à cette enquête. Mettre en oeuvre avec fiabilité et rapidité la préparation des commandes ? 29% 35% 25% 12% Non, pas Non, du tout plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait En revanche, les entreprises ayant répondu à cette enquête ne pensent pas que les compétences en services de pooling et de crossdocking devront nécessairement renforcées au cours des prochaines années : 216 Bernard Gérardin Mettre en place de nouveaux service pooling et crossdocking ? 40% 27% 18% 16% Non, pas Non, Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait Les compétences de maintenance et d’entretien sont bouleversées par l’introduction de l’électronique dans les moteurs des véhicules Les résultats de l’enquête quantitative viennent confirmer les tendances dégagées au cours des entretiens avec les entreprises. La fonction maintenance et entretien se renforcera en utilisation des matériels électroniques, et en gestion des relations avec les prestataires, les principales actions de maintenance étant de plus en plus souvent externalisées par les entreprises. L’externalisation de la maintenance des véhicules renforce le besoin en compétences de gestion des relations avec les prestataires : Gérer les relations avec les prestataires de maintenance externalisés ? 51% 22% 22% 6% Non, pas Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à du tout pas fait Les compétences en électronique des salariés de la fonction maintenance et entretien vont nécessairement croître au court des prochaines années. - Les outils de diagnostic sont désormais électroniques, aussi les techniciens devront disposer de compétences pour maîtriser leur utilisation : 217 Bernard Gérardin Savoir utiliser les outils de diagnostic électroniques pour les moteurs ? 51% 24% 15% 11% Non, pas Non, Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait - De même, l’introduction de matériel informatique embarqué a élargi le champ de compétences de la fonction maintenance et entretien : Connaître, manipuler et installer du matériel informatique embarqué ? 52% 23% 11% 14% Non, pas Non, Oui, plutôt Oui, tout à du tout plutôt pas fait 218 Bernard Gérardin Tableau récapitulatif des réponses par compétence Grande fonction Compétence Innover sur le positionnement stratégique de l'entreprise et son offre Direction Savoir motiver vos équipes et déléguer au management intermédiaire Maîtriser son coût de revient et son prix de vente Mieux préparer la réponse à un appel d'offres, en identifiant précisément les attentes des chargeurs savoir communique sur l'offre Connaître m'exploitation et savoir estimer le coût réel des tournées Commercial Prospecter de nouveaux clients dans de nouveaux secteurs d'activité Maîtriser des langues étrangères Proposer aux clients de nouveaux schémas incluant la multimodalité Calculer la rentabilité des services Exploitation Maîtriser les contraintes sociales pour les conducteurs Optimiser les tournées Adapter sa conduite (conduite rationnelle, respect accru du code de la route, etc.) Savoir se comporter face au client et respecter l'image commerciale de l'entreprise Conduite Maîtriser l'informatique embarquée Connaître la règlementation sociale de la conduite Garantir la qualité des chargements pendant l'acheminement Logistique Mettre en œuvre avec fiabilité et rapidité la préparation des commandes Utiliser avec rigueur les outils de suvi et de traçabilité des marchandises Mise en place des nouveaux service pooling et crossdocking Savoir utiliser les outils de diagnostic électroniques pour les moteurs Maintenance et entretien Gérer les relations avec les prestataires externes de maintenance Connaître, installer et manipuler du matériel informatique embarqué Réponses Réponses positives Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt 12% 57% 20% 48% 33% 54% 16% 66% 16% 62% 28% 52% 21% 50% 9% 40% 13% 27% 27% 51% 39% 49% 33% 50% 51% 48% 50% 40% 24% 41% 42% 41% 56% 27% 25% 35% 24% 38% 16% 18% 15% 51% 22% 51% Oui, tout à fait Oui, plutôt 14% 52% 219 Bernard Gérardin Les évolutions en matière de gestion des ressources humaines Sans surprises, une majorité de postes des entreprises de transport routier de marchandises se concentre sur la fonction conduite. Effectifs moyens des entreprises par grandes fonctions selon les segments 9,3 1,7 9,3 Administration/Gestion 4,3 3,3 1,7 41,2 42,1 1,5 2,6 2,4 23,3 4,9 2,6 1,6 Longue distance 2,2 1,1 1,6 Régional 2,4 2,7 2,9 Maintenance Logistique Conduite Exploitation 37,5 Management 22,1 2,8 2,0 Messagerie Commercial 3,8 2,3 2,5 Logistique De plus, la fonction conduite est celle où sembleraient devoir se créer le plus de postes dans les entreprises, selon les perspectives d’évolution de l’emploi par grandes fonctions : 220 Bernard Gérardin Les perspectives d'évolution de l'emploi par fonction des entreprises 8% 9% 20% 7% 7% 11% 83% 83% 81% 41% 87% 80% 70% 50% En hausse Stable 6% 11% 10% 9% 10% 10% 8% En baisse En cas de redémarrage de l’activité, les entreprises anticipent quelques difficultés de recrutement La principale difficulté anticipée se situe au niveau des conducteurs. Les entretiens qualitatifs avaient déjà démontré la difficulté que rencontrent les entreprises à recruter de bons conducteurs, et cette difficulté risque de s’accentuer en cas de reprise : En cas de reprise d'activité, pensez-vous rencontrer des difficultés à recruter des conducteurs ? 35% 25% 25% 16% Non, pas Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à du tout pas fait 221 Bernard Gérardin De même, il semble exister des tensions pour le recrutement d’exploitants : En cas de reprise d'activité, pensezvous rencontrer des difficultés à recruter des exploitants ? 34% 29% 30% 7% Non, pas du Non, plutôt tout pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Et pour le recrutement d’agents de maintenance et d’entretien : En cas de reprise d'activité, pensez-vous rencontrer des difficultés à recruter des agents de maintenance et d'entretien ? 37% 27% 27% 10% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à tout pas fait En revanche, il semble y avoir moins de tensions pour les autres fonctions de l’entreprise. - Au cours des entretiens avec les entreprises, quelques tensions étaient toutefois apparues pour le recrutement de commerciaux de qualité, et ayant une connaissance du secteur que l’enquête quantitative ne semble pas refléter (21% des entreprises anticipent des difficultés à recruter des agents commerciaux). 222 Bernard Gérardin - Ce décalage s’explique sans doute par le fait que si le recrutement d’un commercial ne pose en soi pas de difficultés majeures, ce que semble relater l’enquête quantitative, le problème se situe plutôt sur la motivation des meilleurs commerciaux à rejoindre une entreprise de transport et à connaître le secteur. Le niveau d’embauche en CDI dans les entreprises devrait progresser au cours des prochaines années Environ une entreprise sur deux prévoit d’augmenter en proportion le recours aux CDI au cours des prochaines années en logistique et en messagerie. En revanche près de 60% des entreprises de transport longue distance et de transport régional ne pensent pas développer l’usage du CDI dans leur entreprise. Pensez-vous qu'à l'avenir les recrutements en CDI vont croître en proportion dans votre entreprise ? 0% 12% 12% 29% 29% 29% 29% 29% 29% 25% Longue distance Régional Messagerie 13% 50% 38% Oui, tout à fait Oui, plutôt 25% 13% Non, plutôt pas 38% Non, pas du tout Logistique Il apparait d’autre part que les grandes entreprises sont celles qui devraient le plus augmenter leur part d’embauche en CDI, puisque 71% des entreprises de plus de 50 salariés ayant répondu pensent pouvoir augmenter cette proportion. En revanche, les plus petites (moins de 10 salariés) prendront moins le risque d’augmenter la part des CDI dans les embauches : 55% d’entre elles n’envisagent pas de faire progresser ce type de contrats. Le recours à l’intérim pourrait légèrement progresser Les entreprises de logistique (25%) et de transport régional (19%), prévoient une légère progression du recours à l’intérim 223 Bernard Gérardin Globalement, les entreprises ne prévoient pas un développement important du recours au travail temporaire. Pensez-vous qu'à l'avenir les recrutements en intérim vont croître en proportion dans votre entreprise ? 6% 24% 19% 15% 0% 25% 75% 13% Oui, plutôt Non, plutôt pas 71% 65% 63% Non, pas du tout 25% Longue distance Régional Messagerie Logistique La logistique et la messagerie pourraient se féminiser. 75% des entreprises de messagerie et 63% des entreprises de logistique pensent augmenter la part des femmes dans les embauches. En revanche, 69% des entreprises ayant comme activité principale la longue distance et 58% des entreprises de transport régional ne pensent pas féminiser davantage leurs effectifs. Pensez-vous qu'à l'avenir les recrutements de femmes vont croître en proportion dans votre entreprise ? 13% 8% 19% 35% 31% 38% Longue distance 31% 0% 50% 63% Oui, tout à fait Oui, plutôt 27% 25% 0% 25% Régional Messagerie 0% Non, plutôt pas 38% Non, pas du tout Logistique Le recours aux formations non-obligatoires pourrait progresser. 224 Bernard Gérardin 52% des entreprises ayant répondu envisagent de faire plus appel aux formations non-obligatoires durant les prochaines années. Les structures des réponses de l’ensemble des segments sont extrêmement proches, ce qui semble indiquer que le recours aux formations non-obligatoires est indépendant de l’activité exercée par l’entreprise. Pensez-vous faire davantage appel à des formations non-obligatoires pour vous et vos salariés pour développer les compétences dans votre entreprise au cours des 3 prochaines années ? 40% 30% 18% Non, pas du tout 12% Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait D’autre part, les entreprises sont relativement partagées quant à leur appréciation de l’offre en formations non-obligatoires : 55% d’entre-elles estiment que l’offre actuelle est suffisante et permet de répondre à tous leurs besoins, tandis que 45% constatent des manques dans les formations nonobligatoires. Les entreprises ne signalent pas de difficultés particulières de gestion du personnel, hormis sur leur capacité à motiver les salariés. 53% des entreprises ayant répondu à cette enquête signalent des difficultés à motiver leurs salariés : 225 Bernard Gérardin Rencontrez-vous des difficultés en matière de maintien voire développement de la motivation de l'ensemble du personnel ? 44% 34% 14% Non, pas du tout 9% Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait En revanche peu de difficultés ont été soulevées sur l’intégration des recrues et des intérimaires, sur la fidélisation ou la transmission/reprise d’entreprise. 226 Bernard Gérardin Les soutiens attendus Comme lors des entretiens qualitatifs, il apparait que les entreprises attendent un soutien pour revaloriser l’image du métier 85% des entreprises attendent un soutien pour changer l’image négative du métier auprès du grand public. Promouvoir le métier et revaloriser son image ? 40% 45% 13% 2% Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait Les entreprises confirment qu’elles attendent un soutien pour les aider à indexer les tarifs sur les charges (gazole, péages, etc.) Mieux soutenir les entreprises pour leur permettre d'indexer plus facilement leurs tarifs sur le prix du gazole et des péages ? 77% 23% 0% 0% Non, pas du Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à tout pas fait Les formations pourraient être adaptées, en particulier la FCO 91% des entreprises ont répondu favorablement à la question d’un éventuel soutien des pouvoirs publics et des organisations professionnelles aux 227 Bernard Gérardin organismes de formation sur l’adaptation des formations aux évolutions du métier (conduite rationnelle, sécurité, qualité, nouvelles technologies, etc.) 2 entreprises répondantes sur 3 pensent que les pouvoirs publics et les organisations professionnelles devraient aider les organismes de formation à former plus de conducteurs pour pallier les difficultés actuelles et anticiper une éventuelle reprise de l’activité. Au cours des entretiens qualitatifs, il était clairement apparu que les entreprises ne percevaient pas l’intérêt de l’allongement de la durée de la FCO à 5 jours, son contenu n’ayant pas ou peu évolué. Pour augmenter l’intérêt de la FCO et valoriser les conducteurs en améliorant leurs performances, il semble que les entreprises soient très favorables à l’introduction de nouveaux modules de formation dans la FCO, comme par exemple la conduite rationnelle : Inclure la conduite rationnelle dans les formations obligatoires? 48% 0% 48% 3% Non, pas Non, plutôt Oui, plutôt Oui, tout à du tout pas fait Enfin, 61% des entreprises attendent une plus grande sélection dans les reconversions de salariés d’autres secteurs vers des postes de conducteurs, ce qui confirme les retours des entretiens qualitatifs. 228 Bernard Gérardin Récapitulatif des attentes de soutien identifiées Réponses Proposition de soutien de la part des pouvoirs publics et des positives des Organisation professionnelles Promouvoir le métier et revaloriser son image Adapter les formations aux évolutions du métier (conduite rationnelle, sécurité, qualité, nouvelles technologies, etc.) Aider les organismes spécialisés à former plus de conducteurs Sélectionner plus fortement les reconversions de demandeurs d'emploi dans les métiers du transport Inclure la conduite rationnelle dans les formations obligatoires Mieux soutenir les enreprises pour leur permettre d'indexer plus facilement leurs tarifs sur le prix du gazole et des péages entreprises Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt Oui, tout à fait Oui, plutôt 45% 40% 25% 67% 51% 15% 21% 39% 48% 48% 77% 23% 229 Bernard Gérardin 230 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 8.1 Scénarios pour le transport routier de voyageurs 8.2 Scénarios pour le transport routier de marchandises 9. Recommandations 10. Annexes 231 Bernard Gérardin Les scénarios d’évolution envisagés En synthèse Deux scénarios de base sont envisagés : - Scénario 1 : « Les transporteurs parviennent à se repositionner durablement sur la base d’une offre à valeur ajoutée performante » ; - Scénario 2 : « Les transporteurs sont progressivement cantonnés dans un rôle d’exécutant, de tractionnaire. Ces deux scénarios présentent des versions possibles d’évolution de la situation actuelle. Le premier scénario est souhaitable, le second représente les risques auxquels la profession est exposée. Un troisième scénario est donc envisagé sur la base de ces deux premières pistes d’évolution « extrêmes », constituant une issue plus probable sous réserve d’une volonté politique de préserver l’avenir du transport de voyageurs en autocar. Les constats établis lors du groupe de suivi technique du 15/12/2011 Les participants ont reconnu que sur de nombreux aspects le scénario pessimiste correspond à la réalité actuelle. Dans le même temps, ils jugent que le scénario optimiste n’est pas irréaliste mais suppose tout à la fois une « sortie de crise » et des actions volontaristes de la part des acteurs concernés. Le scénario 2 prend en compte des données objectives correspondant à la réalité de la période de crise que nous traversons actuellement. Néanmoins, quelques actions possibles doivent être identifiées : - accepter sans réagir cette situation nous conduit « au fil de l’eau » à une situation de déclin inacceptable ; - être volontariste, sur la base du scénario 1, implique une volonté politique clairement affirmée de la part des autorités organisatrices de transport départementales. * Cela concerne en premier lieu les autorités organisatrices de transports départementaux de voyageurs ; c’est-à-dire les conseils généraux. * Mais, il faut observer qu’elles sont fortement contraintes dans l’exercice de cette responsabilité par la contrainte financière liée au fait qu’il n’existe pas pour ce type d’activité de ressources financières spécifiques ; alors que c’est le cas au sein des périmètres de transports urbains pour les autorités organisatrices de transports urbains. 232 Bernard Gérardin - Dès lors, il existe un problème de gouvernance global qui dépasse le niveau départemental et dépend de décisions politiques relevant de l’Etat et du législateur. - Le niveau régional a aussi un rôle à jouer. Son choix, quasi exclusif actuellement en faveur du ferroviaire, pénalise le développement du transport collectif routier de voyageurs qui a pourtant une vraie pertinence sur certaines relations régionales. Il ne faut pas opposer les modes entre eux mais viser une « opti modalité ». C’est aussi le cas dans le domaine du tourisme mais dans une moindre mesure car il dépend plus largement de l’évolution du marché. - Il est indispensable d’avoir une approche plus dynamique au plan régional en matière de tourisme. La stratégie régionale est aujourd’hui insuffisante dans ce domaine. Le schéma fonctionnel proposé par la Région doit être enrichi estime un représentant des employeurs. - En ce qui concerne les autocaristes, il s’agit de distinguer deux marchés : * les transports occasionnels liés aux demandes locales : sorties scolaires, sportives, associatives ; * les prestations liées à une demande touristique plus large associant des tours opérateurs. Limite d’âge à 21 ans pour les conducteurs - Il est apparu que l’âge minimal pour le passage du permis de conduire D suscite un débat. Selon certains intervenants, un abaissement à 18 ans serait souhaitable. * La limite d’âge à 21 ans constitue un handicap important pour le recrutement ; puisqu’il existe une période de latence difficile à gérer entre 18 et 21 ans, notamment pour les apprentis et les stagiaires. * Cela explique certaines tensions observées au niveau des recrutements : d’une part les jeunes ayant obtenus un permis de conduire à 18 ans ne peuvent pas accepter d’attendre trois ans avant d’exercer le métier de conducteur, et d’autre part les entreprises ont du mal à occuper les jeunes pendant cette période de latence. En revanche, d’autres intervenants estiment qu’un jeune âge de 18 ans manque de maturité pour avoir la responsabilité de la conduite d’un autocar assurant le transport de voyageurs ; qu’il s’agisse de scolaires ou de lignes régulières de transports de voyageurs. 233 Bernard Gérardin L’importance du renouvellement des délégations de service public - L’avenir à moyen terme de plusieurs entreprises de transport de voyageurs départementaux est largement dépendant des conditions de renouvellement des contrats de délégation de service public. - La situation est sensiblement différente dans les deux départements de la Région Nord Pas-de-Calais. * Dans le département du Nord, les procédures viennent de s’achever. Les DSP ont été organisées autour de 4 bassins d’emplois. Une réelle mixité des services circuits scolaires / lignes régulières a été maintenue. * Dans le département du Pas-de-Calais, des entreprises craignent une réduction du nombre de services assurés par les lignes régulières ; comptetenu des fortes pressions financières actuelles subies par le département. Il pourrait ainsi en résulter un développement des emplois à temps partiel au détriment des emplois à plein temps. Il est donc nécessaire d’agir dès aujourd’hui pour que l’avenir du transport routier de voyageurs se rapproche du 3ème scénario défini Durant la réunion de travail du 15/12/2011, il a été défini que le scénario 1 représente clairement un objectif à atteindre, dans lequel les transporteurs pourront réussir à maintenir un niveau d’activité suffisant pour offrir à l’usager un service de meilleure qualité ; A contrario, le second constitue un scénario « pessimiste», et vers lequel plusieurs des facteurs considérés paraissent se diriger aujourd’hui si les orientations politiques actuelles restent constantes et qu’aucune mesure n’était prise par les pouvoirs publics et les acteurs de la branche pour modifier cette évolution prévisible du secteur. Il aurait de lourdes conséquences sur le tissu d’entreprises de transport de voyageur régionales : - probablement de nombreuses faillites, - des conséquences sociales lourdes : * avec des destructions d’emploi importantes * une dégradation de la qualité de l’emploi préservé dans les entreprises. Il convient donc de prendre dès aujourd’hui des mesures correctrices, qui viseront à éviter le scénario 2 tout en cherchant à atteindre le scénario 1. 234 Bernard Gérardin Les facteurs majeurs d’évolution identifiés pour le transport routier de voyageurs en Nord-Pas de Calais Facteur « Rôle des autorités organisatrices Facteur « Evolution de la de transport (AOT) » demande » Tourisme ; Facteur « Tendances Rôle des 3 AOT ; sociétales » Ressources financières ; Violences ; Tarification PMR (Personnes à Occasionnel ; Lignes régulières ; Mobilité Réduite) ; Scolaires Développement durable Transport routier de voyageurs en Nord-Pas de Calais Autres facteurs : Evolutions technologiques - Nouveaux carburants - Billettique - Systèmes d’information et informatique embarquée 235 Bernard Gérardin Les 3 principaux facteurs d’évolution considérés dans les scénarios Facteur « Rôle des Autorités Organisatrices de Transport » Les facteurs connus : - extension du périmètre des intercommunalités et des périmètres de transports urbains , - création de systèmes métropolitains s’étendant géographiquement largement au-delà du périmètre de l’autorité organisatrice de transports urbains (PTU) de l’intercommunalité intégrant la ville centre. - Les villes centres ont intérêt à organiser des transports en commun pour désengorger leurs centres villes. Les communes périphériques souhaitent souvent être desservies par ces services de transports collectifs, et demandent donc leur rattachement à l’intérieur des PTU. Les inconnues : - Quelles ressources financières seront disponibles à moyen terme pour le transport interurbain de voyageurs? - Quels seront les choix des élus départementaux à moyen terme dans un contexte financier contraint ? - Quelles seront les places relatives des transports collectifs routiers et ferroviaires mis en œuvre pour développer l’inter modalité ? Facteur « évolution de la demande » La demande des particuliers, des associations et des comités d’entreprise va évoluer en fonction : de l’image du car / du standing perçu et du confort des cars ; de la solvabilité de la clientèle ; de l’évolution de la demande de services occasionnels scolaires ; de l’évolution du prix des carburants ; de l’évolution du revenu des ménages. Facteur « évolutions sociétales » Les violences et incivilités se limitent aux banlieues relevant de la politique de la ville ou au contraire tendent à s’étendre à des zones péri – urbaines voire rurales. 236 Bernard Gérardin Les difficultés d’application de la loi de 2005 pour l’accessibilité des PMR se traduisent : - par des aménagements de la loi et de ses décrets d’application ; - par une modification de l’offre de transport. Les objectifs en matière de développement durable profitent ou non aux transports publics routiers de voyageurs : - soit le fer et les modes doux sont privilégiés ; - soit l’autocar prend une place correspondant à ses performances techniques et financières, en complément des autres modes de transport dans une logique « d’opti-modalité ». 237 Bernard Gérardin Scénario 1: « Le renouveau de l’autocar» Ce scénario présente une évolution favorable au développement de l’autocar comme alternative crédible au monopole de l’automobile individuelle ; ce qui est pour une large part le résultat d’une réelle volonté politique se traduisant par la mise en œuvre d’un ensemble cohérent de mesures pratiques : arrêts aménagés, sites propres, priorités routières, tarification harmonisée, etc. A/ Les facteurs évoluent favorablement pour les transporteurs Le facteur « rôle des Autorités Organisatrices de Transports » : Les élus de tous les échelons territoriaux s’impliquent dans le développement des services de transports collectifs de voyageurs. - Des ressources financières propres sont créées : un versement transport (VT) départemental et un VT régional. Chaque échelon territorial dispose ainsi des moyens financiers pour mettre en œuvre sa propre politique de transport dans un souci de coordination et de complémentarité avec les autres AOT. Un VT « interstitiel » est créé dans les zones péri- urbaines non intégrées actuellement dans des PTU urbains. - Le rôle du SMIRT est renforcé et élargi, afin d’harmoniser les politiques à l’échelle de la région, tant pour l’offre de services de transports collectifs de voyageurs que pour les services associés : * harmonisation de la tarification, de la billettique et des systèmes d’information voyageurs ; * renforcement de la multi modalité par des aménagements adaptés : pôles d’échanges, aires de stationnement pour les véhicules individuels et les vélos. Le facteur « évolution de la demande » : La demande individuelle et la demande des groupes pour des circuits touristiques augmentent: - Les JO de Londres 2012, après des manifestations telles que « Lille capitale européenne de la culture 2004 », dopent le marché du tourisme et créent une dynamique d’amélioration de l’image touristique de la région. La demande évolue grâce à l’amélioration de l’image perçue de l’autocar et de son niveau de confort. On observe ainsi un développement significatif du marché du tourisme en autocar. 238 Bernard Gérardin - La crise économique, ainsi que l’augmentation du prix des carburants, entrainent un renforcement de l’usage des transports collectifs routiers par la clientèle « captive » ne disposant pas de voiture individuelle et les ménages à bas revenus. - Les AOT promeuvent de nouvelles offres adaptées pour les clientèles les plus défavorisés : * augmentation de l’offre en rabattement sur les lignes ferrées des TER existants, pour densifier la desserte des zones rurales et pour les déplacements de groupes comme l’opération Ter – Mer organisée par le conseil régional durant l’été. * Inscription du car dans le schéma régional des transports (SRT), en cohérence avec les objectifs du Schéma Régional et de Développement du Territoire ( SRDAT), en complément du fer et des nouveaux services de TERGV, en assurant la desserte des gares TER et la gestion des trajets terminaux. Le facteur « évolution sociétale » Afin de respecter les objectifs de développement durable, le transport par autocar est considéré comme une composante importante de la mise en œuvre d’une alternative crédible à l’automobile. - Accentuation des offres en vue d’un report modal, permettant d’éviter l’acquisition d’une deuxième voire d’une troisième voiture par ménage : * développement tous azimuts de l’autocar : déplacements des salariés réorganisés dans le cadre des Plans de Déplacements Entreprises (PDE) ou des Plans de Déplacements Inter- entreprises (PDIE), lignes sur autoroutes, rabattements sur le fer. * Encouragement des collectivités à ce développement par des aides aux exploitants et par l’amélioration des infrastructures (stationnement, restrictions de circulation des voitures en ville, priorités aux feux pour les véhicules de transports collectifs, sites propres, inter modalité, etc). - Stabilisation des actes de violence et des incivilités, les lignes scolaires restant épargnées par ces violences verbales et physiques. Il n’y a pas de diffusion spatiale des incivilités en zones péri -urbaines. - L’accessibilité des cars aux PMR est facilitée par les pouvoirs publics qui investissent pour mettre aux normes toutes les infrastructures et mettent en place un soutien financier pour les investissements réalisés par des autocaristes dans du matériel adapté. 239 Bernard Gérardin B/ Les transporteurs adaptent leur offre pour profiter au mieux d’une conjoncture plus favorable Les transporteurs profitent de l’opportunité pour développer une offre commerciale attractive, en réponse à l’implication des collectivités. Des investissements massifs sont consentis pour la mise à niveau de l’accessibilité PMR : - afin de respecter la loi de 2005 pour l’égalité de droits, des investissements importants sont engagés pour la mise aux normes des infrastructures, en particulier des points d’arrêts. Cet effort considérable s’inscrit dans une politique de déploiement du transport collectif routier de voyageurs. - Les transporteurs parviennent à anticiper la date de 2015 pour le renouvellement du matériel roulant, et ne rencontrent pas de difficultés majeures liées à l’application de la loi. Les transporteurs développent l’offre commerciale : - une gamme de produits est développée pour : * répondre aux différents besoins des clientèles ; * présenter des services mieux adaptés aux différentes catégories d’usagers lors des appels d’offres (ex : services directs rapides ville à ville, services de desserte fine des zones rurales, etc.). Ils s’appuient sur l’offre touristique complémentaire à leur activité principale pour valoriser le secteur: - pour améliorer l’image de l’autocar par des opérations phares, - monter en gamme le standing des prestations et le niveau du confort des autocars, - pour développer une offre touristique globale, en relation avec les touropérateurs. Le métier est rendu plus attractif grâce à l’amélioration de son image : - le matériel roulant est de bonne qualité : * l’âge moyen du parc diminue, il répond aux objectifs de développement durable (EURO V) ; * des prestations de services complémentaires sont offertes aux voyageurs. - Les besoins de recrutement sont ainsi plus facilement satisfaits. 240 Bernard Gérardin Les entreprises sont forces de propositions vis-à-vis des AOT. - La capacité à offrir une qualité d’exploitation et une constance dans la qualité de service est indispensable. Les entreprises mettent en place une démarche qualité au fil de l’eau: * en termes marketing pour l’amélioration de l’offre, * en termes d’exploitation pour la qualité du service rendu. - Elles se concertent afin de d’améliorer l’intermodalité, sous l’égide des AOT, idéalement le SMIRT : * en développant les infrastructures = « pôles d’échanges multimodaux » permettant le transfert des passagers (notamment des gares ferroviaires et routières) ; * en mettant en œuvre des services communs : l’information multimodale des voyageurs, des tarifications communes, une meilleure organisation des correspondances ; * en mettant en œuvre des services concertés : correspondances entre réseaux, billetterie/billettique et systèmes de compensation au niveau des recettes (transparents pour les usagers). Le marketing de l’offre est essentiel : - pour communiquer sur l’amélioration de la qualité de l’offre ; - pour être force de proposition vis-à-vis des AOT départementales et du SMIRT ; - pour s’inscrire, dans le long terme, dans une logique d’accroissement de la demande et de l’attractivité de la profession ; - pour répondre aux besoins de recrutement. C/ Les entreprises s’organisent et évoluent dans leur organisation interne L’organisation interne évolue en fonction de critères de performance : - les transporteurs sont jugés sur la satisfaction de la clientèle et l’augmentation de la part de marché des transports collectifs ; - la démarche qualité qui se généralise repose : * sur des critères qualitatifs comme l’accueil, le sentiment de sécurité, la satisfaction des usagers ; * sur des critères quantitatifs, tels que la ponctualité, la vitesse commerciale, l’augmentation de la fréquentation et de l’amplitude horaire des services afin de mieux répondre à la demande. 241 Bernard Gérardin Le secteur connait une certaine concentration, notamment par des « alliances » : - le rayon d’action augmente et la couverture territoriale devient un atout ; - les besoins d’inter modalité obligent les entreprises à se concerter, voire à créer des liens entre elles. - L’augmentation de l’offre implique une prise de risque à laquelle seules les entreprises disposant d’une surface financière suffisante peuvent faire face. - Le dialogue avec les AOT implique des investissements en capacité d’études et d’expertise. * Les grosses entreprises disposent d’un avantage concurrentiel du fait de la disposition de personnels dédiés aux études et de capacités d’expérimentation. * Les TPE se positionnent également en valorisant leur bonne connaissance du terrain et un partage de bonnes pratiques. Etre informé et avoir participé aux expérimentations de produits nouveaux en France et à l’étranger est une preuve de dynamisme. Les grands groupes se positionnent sur les appels d’offres en partenariat avec les transporteurs régionaux, et ne provoquent pas une lutte frontale ; Les groupes étrangers n’ont pas la volonté ou ne parviennent pas à se positionner sur les DSP et les marchés publics du Nord-Pas de Calais. 242 Bernard Gérardin Scénario 2 : « Les transporteurs sont progressivement cantonnés dans un rôle d’exécutant » Dans ce scénario, nous envisageons une dégradation parallèle des trois facteurs d’évolution identifiés pour le transport collectif routier de voyageurs. Les transporteurs y perdent progressivement tout pouvoir de négociation vis-à-vis des AOT. Les modes de transports non routiers sont favorisés. La demande pour le transport par autocar décline et les conditions d’exercice du métier se durcissent du fait de la multiplication des « zones urbaines sensibles » et de l’extension des violences et incivilités dans les zones périurbaines. A/ Les facteurs évoluent tous défavorablement pour les transporteurs Le facteur « rôle des AOT » Les élus régionaux et départementaux disposent de peu de moyens financiers, en raison de la prolongation de la crise économique et financière : - Les AOT urbaines disposent du Versement Transport (VT). Mais, la croissance de cette ressource s’essoufflant, les budgets des AOTU stagnent voire diminuent, en raison de la crise économique tant dans les établissements privés que dans les établissements publics. - L’Etat a transféré aux régions en 2002 la dotation qu’elle versait directement à la SNCF. Mais, cette dotation, très mal indexée par l’Etat, voire non indexée en 2012 et 2013, ne reflète pas l’évolution réelle des charges supportées par les régions, principalement du fait de l’évolution des charges facturées aux régions par la SNCF. * Les régions subissent donc également aujourd’hui de fortes contraintes financières. * La création d’un VT régional a été envisagée à plusieurs reprises. Mais ce projet n’aboutit pas. - Les départements ne disposent pas de ressource spécifique pour le financement des transports publics départementaux et ne peuvent donc affecter que des budgets limités aux transports scolaires et aux transports publics routiers départementaux, compte-tenu des fortes contraintes financières existant sur d’autres budgets : aides sociales, entretien routier, dépendance, etc. Les AOT régionales se désengagent du transport routier de voyageurs et accordent la priorité au développement du fer : 243 Bernard Gérardin - La Région Nord Pas-de-Calais donne la priorité au ferroviaire TER sans prendre en compte les avantages de l’autocar sur certaines liaisons dans des zones rurales à faible densité non desservies par les TER. - Toutefois, le développement de certaines lignes ferroviaires TER (ex : TERGV) induit une demande pour des lignes départementales de rabattement (ex Rang du Fliers – Berck). Ces lignes de rabattement sont assimilées dans certains cas à des pénétrantes vers des agglomérations urbaines. - Il n’y a qu’une ligne routière interurbaine en région Nord Pas-de-Calais : Boulogne, Calais, Dunkerque (BCD) sur le littoral. L’extension des PTU se poursuit et réduit le périmètre des transports départementaux. - La tendance à l’extension des périmètres de transport urbains, voire à la fusion d’AOT urbaines limitrophes, à l’exemple de celles du bassin minier, se confirme. Les départements se cantonnent en priorité au financement des circuits scolaires. - Le CG 62 donne la priorité aux transports scolaires : * Suppression de certaines lignes régulières ; ce qui constitue une menace pour les entreprises de transports routiers de voyageurs. * Partialisation de l’emploi, en particulier sur les postes de conducteurs, ce qui correspond à la dégradation de leur statut social. - Le CG 59 essaie de maintenir et de développer les lignes régulières ; là où il y a une demande. Mais, le potentiel de croissance sur ces lignes (exemple : liaisons par autoroute) est faible et peu rentable. - Les lignes interurbaines sont intégrées dans les réseaux de transports urbains : * soit par inclusion dans le nouveau PTU ; * soit par convention avec le PTU incluant la ville centre. Les lignes régulières interurbaines pénétrantes ne sont pas remises en cause. Elles demeurent de compétence départementale. Il n’y a pas de véritable concertation entre les AOTU : - Le manque d’harmonisation des tarifications des différents services de transports publics de voyageurs constitue un handicap important pour leur développement. 244 Bernard Gérardin - La mise en œuvre d’un système billettique performant n’est pas envisagée : la complexité et le coût d’un back office performant ne sont pas compensés par des gains potentiels de clientèle. - Les réseaux se développent de manière indépendante les uns des autres sans coordination efficace. Transmission d’entreprises / maintien d’un tissu de PME - De nombreuses entreprises de transport de voyageurs sont confrontées à des problèmes de successions. - De nombreuses PME manquent de fonds propres et rencontrent des difficultés. Elles sont ainsi fragilisées. La forte présence des grands groupes - L’influence des grands groupes de transport : KEOLIS, VEOLIA – TRANSDEV… a tendance à se renforcer. - La décision récente du groupe VEOLIA de se retirer de l’activité transport offre l’opportunité à un groupe étranger de venir se positionner en France et se positionne face aux transporteurs locaux sur les appels d’offres. Le facteur « évolution de la demande » - La clientèle continue à se réduire et n’est plus constituée pour l’essentiel que de « captifs » : scolaires, personnes âgées, ménages non motorisés, etc. - Il y a une baisse de l’activité du fait de la crise économique et de la baisse des revenus. - Les transporteurs régionaux subissent la concurrence des transporteurs belges ou d’autres pays européens qui disposent de conditions d’exploitation favorables, notamment dans le domaine des services touristiques et des conditions peu contraignantes d’application de la réglementation sociale européenne. - Les transports occasionnels, correspondant souvent à des activités para – scolaires, se réduisent du fait : * des difficultés économiques et financières des familles ; * du faible développement du tourisme en dehors de la capitale régionale. - La hausse du prix des carburants ne favorise pas vraiment le transfert modal vers le transport public : * les ménages limitent leurs déplacements ; * d’autres stratégies, comme le covoiturage, sont mises en œuvre avec efficacité et souplesse ; 245 Bernard Gérardin * des aides publiques supplémentaires sont accordées aux ménages pour les déplacements en TER. Le facteur « tendances sociétales » Les violences et incivilités ne se limitent plus aux banlieues relevant de la politique de la ville. On observe : - une amplification du phénomène, suite à la crise économique et au développement du chômage, - une extension géographique du phénomène jusque dans les campagnes et les zones périurbaines, - les comportements violents concernent des adolescents de plus en plus jeunes. - Afin d’être épargnées par ces phénomènes, les lignes scolaires sont séparées des services réguliers de voyageurs, pour devenir des services dédiés, accompagnés. La mise en accessibilité des réseaux aux PMR, obligatoire en 2015, s’avère irréalisable. - Faute de moyens financiers suffisants pour respecter la Loi, peu de nouvelles lignes sont crées et les investissements à réaliser en matière d’infrastructures sont retardés ; - les lignes interurbaines sont souvent organisées en transport à la demande (TAD) et parfois confiées à des groupements de taxis. B/ Les entreprises sont obligées de réduire leur offre et se concentrent sur l’exploitation Les lignes interurbaines ne peuvent plus fonctionner de manière autonome et s’équilibrer économiquement : - les lignes pénétrantes vers les zones urbaines denses sont exploitées en soustraitance des réseaux de transports collectifs urbains ; - les exploitants doivent se concentrer sur les clientèles captives ; - le critère du coût de services prime sur la qualité du service offert et l’innovation ; - la part de marché du transport collectif routier départemental baisse. Le client direct des entreprises de transports de voyageurs départementaux change : 246 Bernard Gérardin - les exploitants de réseaux urbains deviennent les clients directs : ils soustraitent une partie production, en accord avec leur AOTU ; - les départements passent des appels d’offres allotis : * ils bénéficient des meilleurs coûts en s’adressant aux transporteurs locaux, * la préservation de l’emploi local est mal assurée, faute de contrôle du respect des clauses de reprise des personnels dédiés. Les activités complémentaires tendent à devenir majoritaires. - L’emploi des personnels durant les heures creuses est la clef de la survie de l’entreprise. - Les activités permettant le réemploi du matériel roulant sont sources de revenus au coût marginal. C/ La pérennité des entreprises est remise en cause et les difficultés de gestion se multiplient L’équilibre économique est précaire. Seules les très petites structures, bénéficiant de coûts fixes très faibles, peuvent trouver un équilibre économique : - la mutualisation du personnel, entre entreprises de transport, n’est pas possible (mêmes horaires) ; - le développement du transport à la demande, réalisé sur de petits véhicules, profite aux taxis qui s’organisent en réseaux ; - la souplesse de fonctionnement est indispensable pour trouver des activités complémentaires pour les conducteurs travaillant à temps partiel, entrainant une précarisation de certains emplois. Les disparitions d’entreprises sont fréquentes. - Les petites entreprises en phase de succession ont intérêt à être revendues à un groupe ; ce qui tend à accélérer la concentration du secteur. Les lignes pénétrantes sont traitées en DSP et non en marchés publics. - Le matériel roulant appartient à la collectivité, il n’y a plus de valeur capitalistique attachée aux véhicules. - Le risque voyageur reste faible, tant qu’il s’agit de clientèles captives. Il n’y a pas d’incitation à la mise en œuvre d’un politique marketing dynamique. L’attractivité du métier se dégrade, faute de perspective de carrière à moyen et long terme. 247 Bernard Gérardin - La persistance des incivilités et des violences rend les agressions à l’encontre des conducteurs de cars de plus en plus nombreuses et sont amplement relayées dans les médias. - Les faibles marges de manœuvres financières des entreprises freinent durablement l’évolution des rémunérations. - Le recours aux formations non-obligatoires (FCOS) se raréfie. - La transformation des services scolaires en services dédiés entraine des mutations d’emplois à plein temps vers des emplois à temps partiel ; ce qui réduit les revenus des conducteurs. 248 Bernard Gérardin Scénario 3 : « Le transport par autocar : un maillon essentiel du transport public de voyageurs» Ce scénario intègre tout à la fois des éléments réalistes correspondant aux difficultés rencontrées durant la période de crise économique et financière et une stratégie volontariste de la part des pouvoirs publics et des acteurs de développement d’une véritable alternative au « tout automobile ». Le transport collectif routier départemental de voyageurs reprend dans ce cadre progressivement toute sa place en complément des services offerts par les transports urbains et les transports régionaux ferroviaires. A/ Les Autorités Organisatrices de Transport affirment une volonté politique forte en faveur du transport public de voyageurs Selon des modalités différentes, et dans un contexte fortement contraint sur le plan financier, les deux AOT départementales affirment clairement leur volonté de maintenir un service public de qualité en matière de transports publics routiers de voyageurs, tant en ce qui concerne les lignes régulières que les transports scolaires. Cette stratégie volontariste permet de maintenir l’essentiel des services offerts aux usagers avec un souci constant d’efficacité et de recherche de synergies avec les autres services de transports individuels et collectifs : - La priorité est maintenue aux transports scolaires mais de manière non exclusive. - La plupart des lignes régulières de transports publics routiers de voyageurs sont préservées. - Des adaptations des services sont cependant mises en œuvre, afin de mieux répondre à la demande et de limiter les coûts et les charges financières pour les collectivités départementales. On observe une extension géographique du champ d’application du Versement Transport ; ce qui permet à chaque échelon territorial de disposer de moyens financiers spécifiques. Le rôle du SMIRT se renforce progressivement et tend à s’élargir. Cela permet d’harmoniser la tarification, la billettique et les systèmes d’informations voyageurs. Ces évolutions conduisent progressivement à une meilleure organisation des pôles d’échanges et de la multi modalité. Chacun des modes de transports 249 Bernard Gérardin collectifs se développe dans sa zone de pertinence en complémentarité avec les autres modes de transport. Ainsi, le transport par autocar se développe en complément du transport ferroviaire TER et TER GV pour assurer des dessertes efficaces et économiques dans des zones à faible densité de population. Les modes ne sont pas opposés entre eux mais organisés dans une optique d’ « opti-modalité ». B/ Le marché du tourisme se développe sous l’impulsion d’une stratégie dynamique au plan régional La stratégie régionale en matière de tourisme est révisée. Une approche plus dynamique est impulsée au plan régional. Le schéma fonctionnel proposé par la Région est enrichi sur la base notamment des propositions des professionnels du secteur, afin de mettre en valeur des sites touristiques, désormais desservis par des lignes régulières. Les JO de Londres 2012, après des manifestations telles que « Lille capitale européenne de la culture 2004 », favorisent le développement du marché du tourisme et créent une dynamique d’amélioration de l’image touristique de la région. C/ Les transports publics sont maintenus La crise économique et financière, ainsi que l’augmentation du prix des carburants, entraînent un renforcement de l’usage des transports collectifs routiers de voyageurs principalement pour la clientèle captive ne disposant pas de voiture individuelle et les ménages à bas revenus. Mais, cette évolution est contrastée selon les types de services et les zones géographiques. - L’extension des PTU ralentit mais continue à réduire lentement le périmètre des transports routiers départementaux. - Les lignes interurbaines pénétrantes vers des zones urbaines tendent à se développer. - Les circuits scolaires évoluent peu, sauf en cas d’évolution de la carte scolaire. Des services routiers départementaux se développent pour assurer des rabattements vers des gares TER et TER GV ou des services interurbains rapides sur autoroute. Les transports occasionnels correspondant souvent à des activités parascolaires, tendent à stagner, voire à se réduire, du fait des difficultés économiques et 250 Bernard Gérardin financières des familles et des contraintes financières des collectivités territoriales. D/ Les « évolutions sociétales » imposent des adaptations des services de transport L’accessibilité des cars aux personnes à mobilité réduite (PMR) est facilitée par les pouvoirs publics. Mais, compte-tenu de l’importance des investissements à réaliser et des contraintes financières, des choix sont effectués pour garantir un réseau minimal de services accessibles sur l’ensemble du territoire régional. La mise en accessibilité des réseaux aux PMR se poursuit mais prend du retard par rapport à l’objectif 2015 fixé par la Loi. Les violences et les incivilités continuent à se développer mais à un rythme moins soutenu grâce à des actions volontaires et coordonnées de la part des différents acteurs sociaux concernés. E/ Les entreprises s’organisent et évoluent dans leur organisation interne Le poids des grands groupes tend à se renforcer, notamment à l’occasion de rachats d’entreprises à l’occasion de successions ou de départs à la retraite du dirigeant. Pour faire face à cette évolution, les PME régionales tendent à renforcerleurs coopérations tout en conservant leur indépendance; ce qui tend à préserver le maintien d’un tissu régional de PME dynamiques et proches du terrain. - Cela concerne notamment la réponse commune à des appels d’offre et la mise en commun de moyens pour grouper des achats de véhicules, de carburant, etc. - Elles s’efforcent aussi de se coordonner pour être force de propositions vis-àvis des autorités organisatrices de transport et des pouvoirs publics. L’organisation interne des entreprises évolue en fonction des critères de performance. Cela se traduit par : - la généralisation de la démarche qualité qui repose tout à la fois sur des critères quantitatifs et qualitatifs, - la mise en place de tableaux de bord de suivi de la satisfaction de la clientèle et de l’évolution des parts de marché. F/ Les besoins de recrutement 251 Bernard Gérardin Malgré l’amélioration de l’image du secteur, et malgré des actions d’information et de communication, les entreprises continuent à rencontrer des difficultés en matière de recrutement de conducteurs. - Cela s’explique pour partie par la limite d’âge à 21 ans imposée pour la conduite d’autocars affectés aux transports scolaires ou aux lignes régulières interurbaines. Il existe de ce fait une période de latence difficile à gérer entre 18 et 21 ans, notamment pour les apprentis et les stagiaires. - Les difficultés de recrutement s’expliquent aussi par l’importance des emplois à temps partiel qui offrent une rémunération faible et des contraintes horaires fortes. Il paraît nécessaire d’expérimenter le recours à des emplois complémentaires pour garantir un revenu acceptable. 252 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 8.1 Scénarios pour le transport routier de voyageurs 8.2 Scénarios pour le transport routier de marchandises 9. Recommandations 10. Annexes 253 Bernard Gérardin Précision méthodologique Avertissement Deux scénarios « contrastés», l’un résolument optimiste, l’autre pessimiste, ont été élaborés comme bases de travail ; les réunions avec les acteurs et les observateurs du transport routier de marchandises du Nord-Pas de Calais ont permis de les analyser, de les compléter et d’en estimer les impacts sur les organisations. Ces scénarios « extrêmes » permettent de fixer des objectifs et de distinguer clairement les écueils à éviter. Ils ont donc pour objectifs de : Recenser (probablement de manière non exhaustive), puis d’articuler les facteurs essentiels qui peuvent contribuer à faire évoluer le secteur à moyen terme, Dégager les évolutions vraisemblables et de cibler les leviers d’actions des politiques de développement et de soutien positives pour le secteur. En revanche, ils n’ont pas vocation à projeter l’avenir du secteur de manière certaine mais constituent un outil d’aide à la décision pour la branche ; le scénario le plus probable d’évolution étant situé entre ces extrêmes. Ils ont été enrichis par la concertation avec les représentants des acteurs directement concernés. La méthode de conception des scénarios L’élaboration des scénarios est basée sur l’identification de grands facteurs d’évolution, dégagés à partir de l’ensemble des résultats de l’étude et de l’expérience des experts. La variation de ces facteurs permet de dégager des hypothèses d’évolution de l’environnement du transport et de leurs impacts sur les entreprises, puis d’imaginer, d’anticiper, quelles seront les mesures prises par les entreprises pour s’y adapter, en termes d’offre, d’organisation interne et de recherches de compétences nouvelles. L’élaboration des scénarios d’évolution répond donc au schéma suivant : 254 Bernard Gérardin Les facteurs majeurs d’évolution identifiés pour le transport routier de marchandises en Nord-Pas de Calais Evolution des Conditions relations avec les d’exploitation chargeurs Développement Appels d’offres/mise Harmonisation des durable en concurrence ; règlements sociaux ; Véhicules propres ; Massification des transports et transport combiné ; Partenariats ; Qualité de Coûts externes Fiscalité liée à la Partage modal ; circulation des Evolution de la véhicules (péages, concurrence péages urbains, etc.); service/bonnes pratiques Distribution urbaine Fiscalité des carburants de marchandises ; Nouveaux carburants Transport routier de marchandises en Nord-Pas de Calais Les évolutions technologiques : - informatique embarquée ; - outils de traçabilité (puces RFID) Autres facteurs 255 Bernard Gérardin Les scénarios d’évolution envisagés En synthèse Deux scénarios sont envisagés : - Scénario 1 : « Les transporteurs parviennent à se repositionner durablement sur la base d’une offre à valeur ajoutée performante » ; - Scénario 2 : « Les transporteurs sont progressivement cantonnés dans un rôle d’exécutant, de tractionnaire. Ces deux scénarios présentent des versions possibles d’évolution de la situation actuelle. Le premier scénario est souhaitable, le second représente les risques auxquels la profession est exposée. Les hypothèses sous-jacentes sont les suivantes, pour le scénario 1: - Développement durable : Les pouvoirs publics accompagnent les nécessaires mutations par une politique de soutien aux transports les moins polluants (GNV, EURO V, électrique…), - On constate une augmentation généralisée des coûts du transport : les chargeurs intègrent pleinement cette composante dans leur offre et respectent l’indexation des contrats, notamment sur le prix de l’énergie, des péages, des charges de personnels et des charges liées aux véhicules de transport - Les règles concurrentielles européennes s’harmonisent, en particulier en matière de droit social (réglementation sociale des temps de conduite et des temps de travail). - L’amélioration des relations transporteurs-chargeurs permet aux premiers une adaptation de leurs offres et une visibilité à moyen terme sur les carnets de commande. Pour le scénario 2, les hypothèses sont moins optimistes : - développement durable : les pouvoirs publics français, à l’occasion de la préparation du Schéma National des Infrastructures de Transport (SNIT), choisissent de privilégier le non-routier, au-delà du raisonnable et du possible, en s’orientant sur la massification des flux et le report modal vers les modes les moins polluants : ferroviaire et fluvial. - Les chargeurs intègrent cette composante dans leur offre. Néanmoins, les surcoûts et les hausses de charges ne sont pas répercutés ; l’offre étant surabondante par rapport à la demande. 256 Bernard Gérardin - La convergence des réglementations sociales est trop lente : le lobbying des organisations professionnelles au niveau européen est insuffisant pour obtenir un meilleur équilibre du droit social entre pays européens, notamment auprès des institutions européennes. Il n’y a pas d’harmonisation sociale ni de véritable mise en œuvre de son application sur le terrain ; en raison d’un manque de contrôle efficace dans la plupart des pays européens. - La crise économique et financière s’installe et provoque une baisse de la demande : * La concurrence entre les transporteurs s’accroît. * Les considérations financières à court terme priment sur la qualité du service offert. Ces deux scénarios ont permis de faire émerger un scénario 3, plus probable si les différents acteurs agissent dans ce sens. Il est nécessaire d’agir dès aujourd’hui pour que l’avenir du transport routier de marchandise se situe entre ces deux projections. Durant la réunion de travail du 15/12/2011, il a été défini que le scénario 1 représente clairement un objectif à atteindre, dans lequel les transporteurs pourront prévoir leur stratégie à long terme et sans crainte de difficultés immédiates, A contrario, le second constitue un scénario pessimiste, et vers lequel certains des facteurs considérés semblent tendre si les tendances actuelles se poursuivent. Il aurait de lourdes conséquences en termes de tissu d’entreprises, avec probablement de nombreuses faillites, et des conséquences sociales lourdes, avec des destructions d’emplois importantes et une dégradation de la qualité de l’emploi dans les entreprises. Il convient donc de prendre dès aujourd’hui des mesures correctrices, qui viseront à éviter le scénario 2 tout en cherchant à atteindre le scénario 1, conduisant dans la voie d’un scénario probable, sous réserve d’une action dans ce sens des acteurs de la branche. 257 Bernard Gérardin Scénario 1 : « Les transporteurs parviennent à se repositionner durablement sur la base d’une offre à valeur ajoutée performante » Ce scénario définit l’évolution du marché favorable aux transporteurs, dans lequel ils sont accompagnés dans une plus grande efficience environnementale par la mise en place d’un cadre juridique favorable, où la concurrence exacerbée laisse place à une plus grande coopération entre les entreprises et permet d’augmenter les marges et où la conjoncture économique évolue vers un retour à la croissance. A/ L’évolution des quatre facteurs Le facteur environnement : Une prise de conscience généralisée des problèmes environnementaux, suite aux catastrophes naturelles et nucléaires récentes, conduit à un renforcement et à une continuité des politiques de développement durable de la part des pouvoirs publics et des entreprises. Cela se traduit par des actions concrètes : - lutte contre les pollutions : gaz à effet de serre, polluants locaux (CO2, Cov, Nox, particules), pollutions visuelles et sonores ; - fiscalité stable des carburants ; - politique de soutien aux transports les moins polluants (GNV, EURO V, électrique…) et homologation de véhicules avec de nouveaux carburants propres dans des délais satisfaisants ; - introduction en France du LNG (carburant gaz liquéfié) offrant une autonomie accrue des véhicules. - introduction en France de la technologie dual – fuel (mix de carburants gazole et GNV). - primes à l’achat, exonération de TIPP, etc. ; - politiques incitatives nationales efficaces et stables dans le temps ; - efforts en matière de réduction des émissions sonores des véhicules et des équipements de transport. Le facteur marché : Les chargeurs intègrent pleinement cette composante dans leur offre et respectent l’indexation des contrats, notamment sur le prix de l’énergie, les péages, les charges de personnels et les charges liées aux véhicules de transport. 258 Bernard Gérardin On constate une augmentation généralisée des coûts du transport qui permet aux transporteurs de retrouver des niveaux de marges permettant de réaliser les investissements nécessaires à la mise aux normes des véhicules. La conjoncture économique connait un rebond et les transporteurs peuvent retrouver une visibilité sur leur carnet de commandes. Le facteur conditions d’exploitation Les équilibres concurrentiels entre pays européens se rétablissent ; ce qui permet aux entreprises françaises de reconquérir des parts de marché. L’harmonisation des législations sociales permet de retrouver une compétitivité à l’échelle européenne. L’entrée en vigueur de l’écotaxe permet d’entretenir le réseau routier ; ce qui permet aux transporteurs d’assurer des transports de qualité (meilleure fiabilité et ponctualité). Le facteur coûts externes Les coûts externes se stabilisent et permettent aux transporteurs de dégager plus de marges, grâce à l’augmentation des tarifs : - La fiscalité des carburants reste stable, et le coût du baril de brut se maintient à des niveaux proches des niveaux actuels; - L’accès aux centres villes et aux plates-formes de logistique urbaine reste possible et libre de taxes pour les transporteurs ; Les facteurs périphériques - Les entreprises intègrent l’informatique embarquée ; ce qui leur permet de faire des gains de productivité. - Les logiciels d’optimisation des tournées sont de plus en plus utilisés . B/ Les mesures prises par les entreprises pour adapter leur offre Les entreprises récupèrent des marges de manœuvre. - Les politiques de soutien au développement durable entrainent un enchérissement général des coûts du transport ; - une négociation des prix permettant une répercussion des hausses de charges dans les contrats devient possible, - une amélioration des coûts de production, s’appuyant sur les nouvelles technologies, est mise en œuvre : planification des tournées, gestion du fret retour, traçabilité des chaînes logistiques. 259 Bernard Gérardin Les entreprises de transport s’adaptent aux évolutions du marché. - Elles affinent leur positionnement stratégique, afin d’améliorer leur valeur ajoutée : * en élargissant peu à peu leur marché, vers l’amont de la filière, par exemple par une recherche des métiers complémentaires à la conduite ; * en précisant leur offre par filières, en offre globale ou sur des marchés de niches ; * en se positionnant, avec l’appui de l’Etat, sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, du bruit et des émissions de polluants locaux. Les entreprises s’appuient sur les innovations technologiques pour améliorer leur qualité de service : - en adaptant au mieux leur offre de services aux besoins des clients, par l’amélioration de la sûreté, de la traçabilité, de l’offre de services en termes de contrats d’assurances, de développement durable, etc. - en mettant en œuvre les moyens permettant de diminuer les aléas : * maintenance préventive ; * interventions de premier niveau ; * tenue des délais : gestion en temps réel de la congestion ; - en mutualisant les expériences et en les faisant connaître : chartes de « bonnes pratiques ». On observe des mouvements de rapprochements et de consolidations… : - Globalement, la concertation se renforce même si, pour des raisons commerciales, les PME rachetées conserveront leur « étiquette commerciale ». - Cela devrait permettre des gains de productivité et des économies d’échelle liées à une mise en réseau : * les transporteurs présentent une offre globale aux chargeurs, en particulier pour répondre dans de meilleurs conditions à leurs pics d’activités ; * une baisse des coûts de production est obtenue en organisant une meilleure utilisation des capacités : bourses de fret, optimisation des tournées, du fret retour ; mutualisation des services ; * des baisses des coûts d’investissement sont recherchées lors du renouvellement du matériel roulant, par des centrales d’achats et par la mutualisation de certains investissements nécessitant des économies d’échelle (compresseurs de gaz, suivi de la congestion routière, etc.) ; 260 Bernard Gérardin … avec, le cas échéant, un phénomène de concentration : - lors de la transmission d’entreprises, en particulier lorsque le dirigeant prend sa retraite, - pour obtenir une taille critique utile pour être crédible sur son marché. C/ Des réorganisations internes qui accroissent la performance Amélioration du fonctionnement interne : - Lien entre l’exploitation et le commercial ; - Capacité de gestion en temps réel – traçabilité des flux ; Développement des capacités de gestion logistique à plus haute valeur ajoutée, en intégrant de nouveaux services dans la chaîne de production. L’amélioration des performances environnementales, et la meilleure qualité du matériel roulant permettent de changer l’image du métier auprès du grand public. L’harmonisation des législations européennes permet de faire diminuer la pression sur les salaires, qui peuvent donc progresser plus rapidement : - Le métier peut donc retrouver une certaine attractivité sur les jeunes, et le niveau de motivation des candidats devrait augmenter à moyen terme. - Les difficultés de recrutement sur le poste de conducteur diminuent. 261 Bernard Gérardin Scénario 2 : « Les transporteurs sont progressivement cantonnés à une rôle d’exécutant, de tractionnaires » Dans ce scénario, les transporteurs font face à une conjoncture économique défavorable, durant laquelle les besoins en transports restent faibles, mais où les contraintes, notamment en matière environnementale, ne cessent de progresser. A/ Une évolution défavorable aux transporteurs : les PME du transport de marchandises perdent des marges de manœuvre : Le facteur développement durable : - Les chargeurs intègrent cette composante dans leur offre. Néanmoins, les surcoûts et les hausses de charges ne sont pas répercutés ; l’offre étant surabondante par rapport à la demande. - Les pouvoirs publics français à l’occasion de la préparation du Schéma National des Infrastructures de Transport (SNIT), choisissent de privilégier le non-routier, au-delà du raisonnable et du possible, en s’orientant sur la massification des flux et le report modal vers les modes les moins polluants : ferroviaire et fluvial. Ils sous-estiment les besoins en matière d’entretien du réseau routier national. - Aucune suite n’est donnée à la charte ADEME : * les transporteurs ne peuvent pas faire la preuve de leurs efforts en matière de réduction de la pollution, * les pouvoirs publics ne soutiennent pas durablement les actions en ce sens. * Il n’y a pas de continuité dans les actions menées par les pouvoirs publics. Le facteur marché : La crise économique et financière s’installe et provoque une baisse de la demande. - La concurrence entre les transporteurs s’accroît. - Les considérations financière à court termes priment sur la qualité du service offert. - Les appels d’offres se généralisent et la concurrence européenne continue de gagner des parts de marché sur le transport longue distance. Le facteur conditions d’exploitation - La convergence des réglementations sociales est trop lente : le lobbying des organisations professionnelles au niveau européen est insuffisant pour 262 Bernard Gérardin obtenir un meilleur équilibre du droit social entre pays européens, notamment auprès des institutions européennes. - Il n’y a pas d’harmonisation sociale ni de véritable mise en œuvre de son application sur le terrain ; en raison d’un manque de contrôle dans la plupart des pays européens. Le facteur coûts externes - Les centres villes deviennent difficiles d’accès et sont fortement taxés par des péages ; - Le coût du carburant progresse rapidement, pour faire face à ses difficultés financières, l’Etat choisit d’alourdir la fiscalité sur les carburants ; Les facteurs périphériques - Les nouvelles technologies restent trop coûteuses pour les PME qui n’ont pas les capacités financières de les intégrer ; - Les grandes entreprises exploitent insuffisamment les capacités de ces technologies et ne progressent pas significativement en termes de productivité. B/ Les entreprises sont contraintes de subir l’évolution du marché faute de capacité financière et de pouvoir de négociation Le renforcement des politiques de développement durable multiplie les contraintes subies par les transporteurs Le segment de la logistique urbaine évolue comme un nouveau marché difficile à atteindre : - les véhicules polluants se voient refuser l’accès aux centres urbains ; - les véhicules de messagerie classique sont inadaptés aux zones 30 ; - des restrictions d’horaires de circulation sont imposées aux véhicules bruyants. De nouveaux carburants réduisant les émissions polluantes de moteurs diesel sont introduits : - les entreprises doivent renouveler leurs flottes de véhicules : véhicules propres, nouveaux carburants, - et leurs équipements : conteneurs maritimes et engins de manutention, outils informatiques et de géo localisation, - aménagements permettant de réduire les nuisances sonores (hayons, blocs frigorifiques, etc.). 263 Bernard Gérardin Ils induisent des investissements dans de nouveaux matériels. Les matériels anciens perdent de la valeur sur le marché de l’occasion. La concurrence augmente Les grandes infrastructures du transport combiné sont réalisées dans les pays de l’Europe du Nord : - les ports de la « rangée » de la Mer du Nord continuent à se développer rapidement au détriment des ports français (plus de 50 % de détournement de flux de marchandises français vers des ports étrangers), - le Canal Seine Nord Europe (CSNE) n’est pas réalisé selon le calendrier prévu. Les politiques nationales d’investissements dans les infrastructures routières conduisent à la mise en place de péages insupportables pour les entreprises afin d’assurer : - l’entretien des réseaux routiers nationaux, départementaux et communaux (péages sur 2*2 voies, etc.) ; - la dégradation du réseau ferré n’est pas enrayée, en raison de l’insuffisance des ressources financières dont dispose RFF. Les marchés de longue distance sont réalisés par les transporteurs des pays limitrophes en raison de : - coûts de conduite plus bas, - soutiens fiscaux aux nouveaux carburants et aux nouvelles technologies. Les procédures d’appels d’offres se généralisent au profit des offres les moins disantes : - les AO sont de plus en plus européens, - les transporteurs n’ont pas les moyens d’être force de propositions, - les distorsions de concurrence au profit des transporteurs des pays limitrophes se renforcent et deviennent insupportables pour les transporteurs régionaux. Les transporteurs subissent et perdent la possibilité d’anticiper les évolutions du marché - La rentabilité des entreprises de transport routier de marchandises régionales est réduite. 264 Bernard Gérardin - La réduction des marges financières et la diminution des capacités d’investissement rendent les petites entreprises incapables de se positionner sur les marchés liés au développement durable. - Les surcoûts d’adaptation du parc de véhicules aux exigences environnementales sont insupportables (EURO VI). - Les entreprises ne peuvent plus se positionner sur les marchés des entreprises du CAC 40 soumises au bilan carbone et aux exigences environnementales. La méconnaissance de la constitution des coûts d’investissement et de fonctionnement du transport réduit les capacités de gestion et de négociation des entreprises. - La négociation pour l’indexation des contrats est de plus en plus difficile. - Des risques excessifs sont pris par les entreprises pour gagner des appels d’offres. Les entreprises fragilisées ne peuvent pas prendre de risques Les entreprises se concentrent sur le métier traditionnel : - Elles se consacrent, faute de mieux, aux métiers de la conduite (tractionnariat). - Elles n’ont pas les moyens d’améliorer la productivité grâce à des outils technologiques performants. - Le dirigeant est très proche de ses conducteurs et effectue les métiers de gestionnaire, exploitant et conducteur si nécessaire. - Elles n’ont pas les moyens de s’adapter aux évolutions du marché : * pas d’amélioration de la productivité, * pas de participation aux opérations de mutualisation permettant des économies d’échelle et des gains de productivité. La faible capacité financière rend inaccessible la mise en œuvre de nouvelles technologies. Il en résulte des retards en matière de modernisation et d’amélioration de la qualité de service. C/ Le secteur connait une forte concentration et les faillites se multiplient Les entreprises ne peuvent pas assumer le risque marché ; les prix sont de plus en plus bas. 265 Bernard Gérardin Elles travaillent en sous-traitance pour quelques gros transporteurs qui parviennent à tirer leur épingle du jeu, grâce à un pouvoir de négociation supérieur vis-à-vis des chargeurs. Elles identifient des marchés de niches. - Les principaux appels d’offre sont remportés par des grands groupes qui peuvent se permettre de pratiquer des tarifs plus bas en raison des économies d’échelle qu’ils réalisent. On observe une concentration du secteur suite à des rachats par des groupes ou des chargeurs. - L’écrasement des marges et la mauvaise gestion de certaines entreprises entraînent la faillite d’un nombre important de transporteurs. - Certains de ces transporteurs sont repris par de grands groupes, qui profitent de leurs capacités financières beaucoup plus solides pour reprendre le matériel et bénéficier des compétences des salariés en place. Le manque d’harmonisation européenne pousse certaines entreprises à réduire leurs coûts : - Le recours à l’intérim devient plus fréquent pour des transporteurs dont l’activité est incertaine, - L’emploi de conducteurs étrangers, moins rémunérés et bénéficiant d’un permis sans points, devient courant, - Les rémunérations plafonnent ; ce qui affaiblit davantage l’attractivité des métiers du transport auprès des jeunes - Les recours aux formations se limitent de plus en plus aux seules formations obligatoires. 266 Bernard Gérardin Scénario 3 : Les acteurs de la branche se mobilisent pour défendre le tissu d’entreprises locales Ce scénario est une combinaison du scénario 2, mais corrigé par l’action des différents acteurs (Etat, organisations professionnelles et de salariés, OPCA Transports, Entreprises) pour tendre vers le scénario 1. Les transporteurs sont soutenus et ne sont donc pas pénalisés par le virage du développement durable. Une prise de conscience généralisée des problèmes environnementaux, suite aux catastrophes naturelles et nucléaires récentes, conduit à un renforcement et à une continuité des politiques de développement durable de la part des pouvoirs publics et des entreprises. Cela se traduit par des actions concrètes : - lutte contre les pollutions : gaz à effet de serre, polluants locaux (CO, Cov, Nox, particules), pollutions visuelles et sonores ; - homologation de véhicules avec de nouveaux carburants (GNV, GNL, électricité) dans des délais satisfaisants ; - politiques incitatives nationales efficaces et stables dans le temps. Ce mouvement est rapidement accompagné par une politique de soutien aux transports les moins polluants : - primes à l’achat, exonération de TIPP, etc ; - introduction en France de la technologie dual – fuel (mix de carburants gazole et GNV). - introduction en France du LNG (carburant gaz liquéfié) offrant une autonomie accrue des véhicules. - efforts en matière de réduction des émissions sonores des véhicules et des équipements de transport. Les pouvoirs publics français arbitrent en s’orientant sur la massification des flux et le report modal vers les modes les moins polluants : ferroviaire et fluvial. Néanmoins, la pertinence économique du TRM est reconnue en complément de ces offres. Les coûts externes se stabilisent et permettent aux transporteurs de dégager plus de marges, grâce à l’augmentation des tarifs et à des gains de productivité : - la fiscalité des carburants reste stable, et le coût du baril de brut se maintient à des niveaux proches des niveaux actuels. 267 Bernard Gérardin - L’accès aux centres villes et aux plates-formes de logistique urbaine reste possible. Les équilibres concurrentiels se rétablissent Les règles concurrentielles européennes s’harmonisent, en particulier en matière de droit social (réglementation sociale des temps de conduite et des temps de travail). - La convergence des réglementations sociales peut être lente, mais à un rythme prévisible : le lobbying des organisations professionnelles françaises au niveau européen est efficace, notamment auprès des institutions européennes. - L’harmonisation sociale et la véritable mise en œuvre de son application sur le terrain sont améliorées par l’instauration de contrôles équivalents dans la plupart des pays européens avec les moyens appropriés. L’amélioration des relations transporteurs-chargeurs permet aux premiers une adaptation de leurs offres et une visibilité à moyen terme au niveau des carnets de commande. - Les conséquences de la crise économique et financière, qui provoque une baisse de la demande, sont gérées par une meilleure adaptation de l’offre à la demande. - Les mutualisations et coopérations entre les transporteurs locaux limitent la concurrence frontale et leur permet de mieux résister à la concurrence étrangère. - Les considérations financières à court terme sont mises en perspective par rapport à l’activité à long terme et à la qualité du service offert. Les entreprises utilisent les marges de manœuvre récupérées : Une meilleure connaissance de la formation des coûts d’investissement et de fonctionnement du transport augmente les capacités de gestion et de négociation des entreprises. - La négociation pour l’indexation des contrats est de plus en plus possible et efficace. - Les risques pris par les entreprises pour gagner des appels d’offres sont maitrisés. 268 Bernard Gérardin - Une répercussion des hausses de charges dans les contrats devient possible, la rentabilité des entreprises de transport routier de marchandises régionales est préservée. La capacité financière récupérée rend accessible la mise en œuvre de nouvelles technologies : - pour la modernisation de la qualité de service : outils informatiques et de géo localisation, aménagements permettant de réduire les nuisances sonores (hayons, blocs frigorifiques, etc.) ; - pour une amélioration des coûts de production, s’appuyant sur les nouvelles technologies : planification des tournées, fret retour, traçabilité des chaînes logistiques. Les entreprises s’adaptent en fonction des marchés qu’elles peuvent durablement atteindre Les entreprises mènent les réflexions stratégiques pour choisir leurs segments de marché en intégrant : - les décisions en matière d’infrastructures du transport combiné qui sont réalisées dans les pays de l’Europe du Nord, - le calendrier de réalisation du Canal Seine Nord Europe (CSNE), - l’évolution des politiques européennes dans le domaine de l’environnement - le calendrier de convergence des règlementations sociales et fiscales en Europe permet d’évaluer son impact sur la compétitivité à court et moyen terme, malgré l’ouverture du marché à la Bulgarie et à la Roumanie en 2012. Les entreprises différencient les marchés accessibles et ceux qui seront réalisés par les transporteurs des pays limitrophes, en raison de coûts de conduite plus bas ou de soutiens fiscaux. Elles se concentrent sur les moyens d’atteindre leurs marchés et de les élargir : - en précisant leur offre par filière, leur offre globale ou leur offre sur des marchés de niches ; - en se positionnant, le cas échéant avec l’appui de l’Etat, sur les marchés porteurs, par exemple sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, du bruit et des émissions de polluants locaux. Les entreprises améliorent leur capacité de réponse aux appels d’offres, de plus en plus européens, qui se généralisent : - pour passer du moins disant au mieux disant ; 269 Bernard Gérardin - pour contrecarrer les distorsions de concurrence au profit des transporteurs des pays limitrophes ; - pour offrir une meilleure qualité de service, par exemple la capacité de gestion en temps réel / la traçabilité des flux. Des actions collectives sont lancées, à l’échelle de la profession Les risques sont anticipés. Par exemple : - Des échanges avec les collectivités sont lancées sur le segment de la logistique urbaine ; afin qu’il n’évolue pas comme un nouveau marché impossible à atteindre : réglementation de l’accès aux centres urbains des véhicules de messagerie, modalités de desserte des zones 30, restrictions d’horaires de circulation sont imposées aux véhicules bruyants. Des solutions pour gérer les investissements dans de nouveaux matériels sont mises en œuvre, - pour le renouvellement des flottes de véhicules: véhicules propres, nouveaux carburants, en intégrant les pertes de valeur des matériels anciens sur le marché de l’occasion. - et de leurs équipements : conteneurs, y compris maritimes et engins de manutention, La profession s’accorde pour que les contrats soient systématiquement indexés, afin que les surcoûts et les hausses de charges à répercuter, s’ils restent importants, soient gérables : - sur le prix de l’énergie, des charges de personnels, des péages et des charges liées aux véhicules de transport ; - en fonction des politiques nationales d’investissements dans les infrastructures routières qui conduisent à la mise en place de péages nouveaux, sur l’écotaxe ou les péages urbains. Une suite est donnée à la charte ADEME : - pour que les transporteurs puissent faire la preuve de leurs efforts en matière de réduction de la pollution, - pour que les pouvoirs publics ne soutiennent pas indéfiniment les actions en ce sens, - pour assurer la continuité dans les actions menées par les pouvoirs publics. On observe une réorganisation de la profession 270 Bernard Gérardin A la mondialisation des échanges correspond la constitution de groupes internationaux qui font appel aux PME en sous-traitance. Globalement, la concertation se renforce même si, pour des raisons commerciales, les PME rachetées conservent leur « étiquette commerciale ». Par ailleurs les PME du transport travaillent de plus en plus en concertation, voire en réseau, afin d’obtenir des gains de productivité et des économies d’échelle : - les transporteurs présentent une offre globale aux chargeurs, pour répondre dans de meilleures conditions à leurs pics d’activités ou pour répondre aux appels d’offres. Ils gagnent des parts de marché en mettant en valeur leurs complémentarités, tant en matière de nature du fret que dans l’objectif de présenter des solutions multimodales ; - une baisse des coûts de production est obtenue en organisant une meilleure utilisation des capacités : * bourses de fret, * optimisation des tournées, du fret retour ; * mutualisation des services ; - des baisses des coûts d’investissements sont recherchées lors du renouvellement du matériel roulant, par des centrales d’achats et par la mutualisation de certains investissements nécessitant des économies d’échelle (compresseurs de gaz, appareils de suivi de la congestion routière, etc.) ; Avec, le cas échéant, un phénomène de concentration entre PME : - lors de la transmission d’entreprises, en particulier lorsque le dirigeant prend sa retraite, - pour obtenir une taille critique utile, afin d’ être crédible sur son marché. Trois fonctions sont identifiées comme essentielles à la survie ou au développement des entreprises La Fonction « mercatique ». Il s’agit de développer l’ensemble des savoir-faire commerciaux, tant au niveau de l’image de la profession que par la connaissance des besoins des clients. L’importance de cette fonction est amplifiée par le développement des procédures par appel d’offres. Elle s’appuie sur : - l’amélioration de l’image de la profession par une différenciation des différents métiers du TRM dans l’esprit du public : la confusion entre le métier du chauffeur des transports longue distance et le transport de proximité est nuisible à l’ensemble de la profession ; 271 Bernard Gérardin - la mise en œuvre de veilles de toutes natures : veille stratégique sur l’évolution des marchés, veille technologique, veille législative et règlementaire ; - l’appui d’outils de communication, type newsletter, afin d’établir une relation constante avec les clients ; - la mise en valeur de critères qualitatifs dans les réponses aux appels d’offres ; - le lancement de démarches proactives vers de nouveaux marchés ; - la relation client, les attentes de celui-ci et les moyens de les satisfaire. La fonction « achats ». Cette fonction devient de plus en plus technique, à l’instar des matériels à acquérir ; qu’il s’agisse de matériels roulants et des outils liés aux systèmes d’information (NTIC). Le développement de cette fonction permet aux entreprises de limiter les risques liés à une mauvaise estimation des besoins conduisant à une sous- utilisation des capacités des outils, d’y intégrer les implications sur l’organisation. Cette fonction comprend donc : - l’acquisition de nouveaux matériels roulants, de plus en plus onéreux ; - les outils des nouvelles technologies : définition des besoins et des résultats attendus, modalités et coûts de leur mise en œuvre. La fonction gestion et management : - la composante essentielle est la connaissance de la constitution et du suivi des coûts de l’entreprise ; - dans l’esprit d’une démarche commerciale, une compréhension de la constitution des coûts des chargeurs est un atout indéniable. - Les implications sur les organisations de l’utilisation des nouvelles technologies doivent être prises en charge par des démarches de type conduite du changement. Les entreprises mettent en place les moyens d’améliorer les fonctions critiques, Les coûts importants de l’ensemble des actions recensées, alliés à la nécessité de réaliser rapidement ces avancées, conduisent les entreprises à mettre en commun les ressources non-stratégiques : - des fonctions techniques sont assurées par du personnel partagé entre plusieurs entreprises, - des centrales d’achats sont créées, - des structures communes de veille sont mises en place. 272 Bernard Gérardin Une amélioration du fonctionnement interne est recherchée : - par un meilleur lien entre l’exploitation et le commercial, - par l’appel aux formations qualifiantes et aux formations en alternance mises en place sur les trois fonctions critiques. 273 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 10. Annexes 274 Bernard Gérardin Précisions méthodologiques Les recommandations suivantes ont été élaborées à partir des travaux effectués préalablement au cours de ce CEP Ces recommandations font ressortir les éléments principaux qui sont apparus au cours des différentes phases du CEP, pour rappel : - Une enquête qualitative auprès de 48 entreprises de transport routier de la région, - Une enquête quantitative adressée à 1 500 entreprises de la région, - Des réunions de travail avec les acteurs de la branche. Indications sur les acteurs concernés Dans chacune des recommandations suivantes, les institutions qui paraissent les plus indiquées sont précisées entre crochet de la manière suivante : [OP, OS] Les sigles utilisés sont les suivants : - OP : Organisations Professionnelles ; - OS : Organisations Syndicales de salariés ; - OPCA : OPCA Transports ; - Etat : Institutions représentatives de l’Etat au niveau national, régional, départemental ou local ; - OF : Organismes de Formation 275 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 9.1 Transport routier de voyageurs 9.2 Transport routier de marchandises 10. Annexes 276 Bernard Gérardin Axe 1 : Peser collectivement auprès des autorités organisatrices des transports Les objectifs des recommandations de cet axe Influencer les politiques publiques pour ne pas pénaliser le transport routier de voyageurs face à d’autres modes de transports ; Assurer le maintien de lignes régulières dans la région ; S’adapter à un environnement en mutation et à des nouvelles contraintes, notamment en matière de transport des personnes à mobilité réduite. Essayer maîtriser l’extension des PTU [OP] Tenter d’influer en faveur d’une maîtrise de l’extension des PTU au niveau des municipalités et des intercommunalités dans les débats publics : - Mettre en avant la qualité du service et son intérêt pour l’usager ; - Avancer surtout l’argument du coût pour la collectivité, beaucoup moins important dans le cadre du transport interurbain pour une qualité de desserte souvent équivalente à celle d’un réseau de transports urbains. [OP] S’efforcer d’entrer dans une démarche de partenariat avec les collectivités territoriales En périphérie des PTU : - Se rapprocher des communes aujourd’hui desservies par des lignes interurbaines afin d’examiner avec elles les conséquences d’un leur éventuel rattachement à un PTU ; - Mener une veille et entretenir un contact auprès de ces collectivités avec plusieurs objectifs : * identifier les besoins et les demandes de ces collectivités en matière de transport collectif de voyageurs ; * Identifier de nouveaux itinéraires et points d’arrêts mieux adaptés dans les communes ; * Identifier de nouvelles lignes régulières correspondant à une demande potentielles significative ; * Améliorer la qualité de service en fonction des remarques de la municipalité concernée. 277 Bernard Gérardin Mettre en place départementales un lobbying approfondi auprès des AOT [OP] Essayer d’influer en faveur du maintien de la structure du réseau actuel de lignes régulières tout en préparant les adaptations nécessaires en fonction des évolutions démographiques et de la demande : - Se rapprocher du conseil général (CG) et jouer le rôle d’intermédiaire entre les groupements de transporteurs (ou l’entreprise délégataire) et le Conseil Général * offrir un interlocuteur privilégié au conseil général, et stable d’un appel d’offres à l’autre ; * transmettre au conseil général les remontées de l’exploitation des lignes existantes et donner une légitimité à des propositions d’évolutions par les transporteurs ; * Disposer d’un pouvoir de négociation plus grand qu’une entreprise délégataire seule sur les conditions de renouvellement des AO, du fait de la représentativité des Organisations Professionnelles. - Sensibiliser les transporteurs, en particulier les plus petits, à la nécessité d’anticiper les futurs appels d’offres en se rapprochant des élus. L’organisation professionnelle peut jouer le rôle de relais auprès du CG, sur la base de l’expertise des entreprises : * Les entreprises doivent être force de propositions pour préconiser les adaptations nécessaires du réseau en fonction des évolutions de la demande, * Ils doivent agir sur d’éventuelles modifications de lignes existantes ; * Ils peuvent proposer leur expertise pour aider à la rédaction des cahiers des charges des appels d’offres. [OP] Tenter d’inciter le conseil général à maintenir un haut niveau de services en matière de circuits scolaires : - Sensibiliser le rectorat et les établissements concernés, afin d’en assurer une bonne desserte ; - Proposer l’organisation d’assises du transport scolaire afin de pouvoir exposer les difficultés rencontrées par les entreprises. [OP] Dans le cadre d’un lobbying national, soutenir la création d’une ressource pour les conseils généraux destinée au transport de voyageurs, en veillant à ne pas accroître exagérément les charges des entreprises dans une période de crise économique et financière grave. 278 Bernard Gérardin Diverses solutions pourraient être envisagées : - La création d’un VT à un taux modéré dans l’espace départemental et régional, en dehors des PTU paraît être une solution envisageable dont les modalités pratiques restent à étudier ; - L’affectation de cette ressource à des Syndicats mixtes tel que le SMIRT pourrait être envisagée pour financer des actions efficaces et bien ciblées en faveur du transport public de voyageurs ; - Un transfert des AOT urbaines vers les AOT départementales n’est pas souhaitable car inacceptable politiquement par les collectivités territoriales concernées et non pertinent. Tenter d’influer sur les politiques régionales [OP, Etat] Soutenir et encourager la mise en place effective du SMIRT - Les organisations professionnelles ont tout intérêt à voir le SMIRT se développer et gagner en importance, et devraient donc s’impliquer dans sa mise en œuvre et le développement de ses initiatives : * L’objectif d’un titre de transport et d’un billet unique constituerait un avantage dans l’offre en lignes interurbaines, puisque plus simple d’utilisation. Elles pourraient ainsi bénéficier d’un regain d’intérêt de la part des utilisateurs ; - En particulier dans le Pas-de-Calais, le SMIRT permettrait d’améliorer sensiblement la qualité des services de transport interurbain. - Sensibiliser les élus locaux par le biais du SMIRT sur l’intérêt d’une véritable intermodalité intégrant le transport ferroviaire et le transport routier de manière constructive. [OP] Essayer de se rapprocher des élus régionaux dans une démarche de lobbying afin de favoriser le partage modal dans le transport public de voyageurs : - Les organisations professionnelles devraient tenter d’influer sur la politique de la région qui privilégie aujourd’hui le « tout-fer ». * Des actions de sensibilisation devraient être engagées auprès des élus régionaux pour les convaincre que le transport par autocar est susceptible d’apporter des services de qualité à un prix compétitif dans son domaine de compétence en complémentarité avec les transports ferroviaires régionaux TER et TERGV. 279 Bernard Gérardin - Etablir les ratios recettes/dépenses d’exploitation des lignes ferroviaires, et les comparer aux coûts d’exploitation des services routiers par autocar ; - Favoriser le développement de pôles d’échanges multimodaux, notamment des pôles d’échanges ferroviaire / routier : * desservir par des lignes routières les gares des TERGV ; * Rendre plus étroit le maillage des services transport public de voyageurs, en assurant une meilleure desserte des gares ferroviaires en général pour limiter le recours à l’automobile individuelle pour s’y rendre. [OP] Envisager un partenariat avec le conseil régional pour la promotion et la mise en valeur du patrimoine touristique de la région Nord-Pas de Calais : - Desserte de certains lieux touristiques, à des horaires réguliers, au départ de points stratégiques comme la gare de Lille ; - Inciter le Conseil Régional à mettre en place un tarif unique comprenant la visite de ces sites ainsi que le transport, comme cela a déjà été expérimenté à plusieurs reprises dans le passé avec succès. [OP, OS] Mettre en place un lobbying pour augmenter le nombre de contrôles en matière de respect de la loi sur les transferts de salariés dans le cadre d’une perte d’un marché public, qui semblent insuffisants aujourd’hui. Adapter l’application de la loi PMR de 2015 aux contraintes actuelles [OP, Etat] Sensibiliser les communes, le conseil général et la région vis-à-vis de la nécessité d’adapter les arrêts pour permettre aux cars d’accueillir les PMR, comme cela est prévu par la loi de 2015 : - Les organisations professionnelles pourraient recenser, sur la base d’informations transmises par les entreprises, les communes pour lesquelles les arrêts ne sont pas adaptés aujourd’hui ; - Elles pourraient cibler les communes à informer en priorité afin que la date de 2015 soit anticipée pour la mise aux normes, dans toute la mesure du possible. Intégrer l’autocar dans les politiques de la ville sur le plan local [OP, OF] Inciter les organismes de formation à insérer des modules sur la gestion des conflits et des groupes de jeunes pour les conducteurs ; [OP, OS, Etat] Face à la multiplication des incivilités et des violences, les organisations professionnelles et de salariés devraient faire pression pour inclure 280 Bernard Gérardin le transport par autocar dans les réflexions en matière de politique de la ville à l’échelon local : - mener une veille en matière de politique de la ville et informer les transporteurs des évolutions qui pourraient les concerner; - représenter les transporteurs dans le débat sur la politique de la ville. 281 Bernard Gérardin Axe 2 : Moderniser l’image du transport routier de voyageurs interurbain Les objectifs des recommandations de cet axe Accroître le nombre d’usager sur les lignes régulières ; Attirer des salariés vers le secteur et susciter des vocations ; Améliorer l’image du transport en autocar [OP, OS] Transmettre une image de modernité à l’usager : - Inciter les entreprises adhérentes à introduire du matériel roulant mieux équipé pour les lignes interurbaines (vidéo, etc.); - utiliser des cars confortables, bien entretenus et propres, en particulier sur les lignes régulières. [OP, Etat] Lancer une campagne de communication dans les zones desservies par des lignes interurbaines en mettant en avant l’autocar comme une alternative à l’usage de l’automobile individuelle : - Définir l’échelle la plus appropriée (niveau national, régional, local) - Promouvoir l’image d’un mode de transport moins coûteux que la voiture individuelle pour les usagers ; - Démontrer une réduction des flux et donc un désengorgement des périphéries des grandes agglomérations, en particulier grâce aux lignes pénétrantes dans Lille métropole. - Sensibiliser les conducteurs à ce message, puisqu’ils sont le relai naturel des entreprises sur le terrain, afin de pouvoir le faire passer au quotidien. [OP, OS, Etat] Appuyer le développement des lignes de transport régulier nationales : - en complément des lignes nationales exploitées par la SNCF mais pour un coût moins élevé. [OP, OS, OF] Inciter les transporteurs à accorder une grande importance au sentiment de sécurité des usagers : - du fait d’une conduite sûre (voir le chapitre sur la sécurité dans les formations) 282 Bernard Gérardin - du fait du contrôle des incivilités et des violences dans les cars. Promouvoir l’image d’un mode de transport plus « citoyen » [OP, OS, Etat] Communiquer aux usagers sur les économies d’énergies et les réductions d’émissions de CO2 grâce aux technologies modernes des autocars. [OP, OS, Etat] Promouvoir l’égalité de tous devant l’autocar avec l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Participer à l’effort d’attractivité du métier [OP] Appuyer la profession en contribuant directement à l’amélioration de son image auprès de différentes cibles : Organiser des actions d’information et de sensibilisation auprès des conseillers emploi, des acteurs de l’emploi et de l’orientation, Informer les jeunes demandeurs d’emploi (de plus de 21 ans) sur les besoins des entreprises de transport routier de voyageurs ; Mener des actions de sensibilisation dans les établissements scolaires et surtout universitaires ; Intervenir sur des salons professionnels pour valoriser les métiers liés au transport routier de voyageurs. 283 Bernard Gérardin Axe 3 : Soutenir le remodelage de l’offre des PME Les objectifs des recommandations de cet axe Maintenir un tissu de PME / TPE de transporteurs de voyageurs en optimisant leurs chances de remporter des appels d’offres : - Préserver une compétitivité de l’offre des petits transporteurs ; - Diversifier les services proposés ; - Rechercher un niveau plus élevé de qualité pour l’usager. Appuyer la professionnalisation de la réponse aux appels d’offres [OP, OF] Introduire la réponse aux appels d’offres dans les modules de formation des commerciaux ; [OP] Rédiger un guide pratique de réponse aux appels d’offres : - Recueillir les difficultés rencontrées lors des précédents appels d’offres auprès des entreprises ayant participé aux dernières consultations ; - Lister ces différents problèmes, leur trouver des éléments des solutions en en discutant éventuellement directement avec les AOT ; - Proposer des conseils aux transporteurs, pour anticiper et savoir gérer ces éventuelles difficultés. Conseiller les transporteurs dans le sens d’une plus grande diversité de leur offre [OP] Inciter les entreprises à tenter de relancer l’activité des plans de déplacements d’entreprises et interentreprises : - Sensibiliser les transporteurs à la possibilité de se créer un complément de marché auprès des entreprises qui souhaiteraient aider au déplacement de leurs salariés ; - Insister sur la nécessité d’aller démarcher les entreprises pour créer de l’activité. [OP] Inciter les entreprises à diversifier les services offerts dans le cadre de la réponse aux appels d’offres. Inciter les entreprises à améliorer la qualité de leur offre 284 Bernard Gérardin [OP] Sensibiliser les entreprises qui n’auraient pas recours à l’introduction de l’informatique embarquée - Par le biais de lettres d’informations, mettant en valeur les gains en termes de ponctualité, - Montrer que ces outils permettent d’éviter les pénalités liées au non-respect des obligations du cahier des charges. [OP, OF] Inciter les organismes de formation à introduire des modules de formation à la qualité de service pour les conducteurs, et à introduire des notions de respect d’un cahier des charges pour les exploitants . [OP] Les organisations professionnelles pourraient inciter les entreprises à obtenir des certifications sur la qualité de leur offre : - Dans le cadre des groupements comme AGIR ou REUNIR (voir chapitre « appuyer et guider le rapprochement des entreprises ») - En créant une certification propre ; ce qui nécessiterait la définition d’un référentiel de critères de qualité et d’évaluation qualitative et quantitative de ces critères. 285 Bernard Gérardin Axe 4 : Inciter les entreprises à coopérer entre elles et à se réorganiser en interne Les objectifs des recommandations de cet axe Armer les TPE/PME pour faire face à la concurrence des grands groupes, en améliorant leur organisation : - Favoriser le rapprochement des entreprises, - Encourager pratique du partage de salariés pour éviter une précarisation de l’emploi, - Accroître la qualité des processus internes des entreprises. Favoriser les transmissions et reprises d’entreprises. Appuyer et guider le rapprochement de PME/TPE [OP] Inciter les entreprises de transport routier de voyageurs à poursuivre la logique actuelle de regroupement pour répondre aux appels d’offres des conseils généraux : - Sensibiliser les dirigeants à l’aspect stratégique d’un regroupement des entreprises pour avoir les capacités à se positionner face aux groupes si ceuxci choisissaient de répondre seuls aux appels d’offres ; - Appuyer le délégataire du groupement dans ses relations avec les AOT. [OP] Informer les entreprises sur les avantages de rejoindre des groupements tels qu’AGIR ou REUNIR - organiser des réunions d’information, avec le témoignage de transporteurs ; - encourager les entreprises à participer à une mutualisation des achats, afin de leur permettre de réduire leurs coûts. - inciter les entreprises à s’insérer dans les dispositifs de certification de la qualité de leur offre. Tenter d’appuyer les entreprises dans la réutilisation des conducteurs en heures creuses [OP, OS] En intra-entreprise, en sensibilisant les transporteurs aux complémentarités possibles pour permettre de conserver l’emploi de leurs conducteurs dans le cadre de contrats à temps plein: 286 Bernard Gérardin - Proposer des formations complémentaires aux conducteurs qui souhaiteraient rester à plein temps dans l’entreprise pour éviter le temps partiel ; - offrir à ces conducteurs de prendre en charge des tâches de l’entreprise plus éloignées de leur cœur de métier comme : * la maintenance des véhicules et la gestion des prestataires de maintenance ; * le commercial, en essayant de développer des marchés complémentaires pour l’entreprise, en tourisme, en transports occasionnels ou en prospection d’entreprises ; * sur des postes administratifs, comme la comptabilité. [OP, OS, Etat] En Inter entreprises, en « partageant » des postes entre plusieurs entreprises, comme cela avait été testé il y a quelques années avec l’entreprise Pizza Hut. - Les organisations professionnelles pourraient essayer de trouver des synergies avec d’autres métiers permettant de valoriser les compétences en conduite de certains salariés, comme par exemple en transport de messagerie, par le biais d’une étude spécifique ; - Si les résultats de cette étude s’avéraient satisfaisant, et que des synergies apparaissaient clairement, il conviendrait alors de relayer le message auprès des entreprises : * par le biais de conférences de témoignages de dirigeants d’entreprises ayant mis cette formule en place avec succès ; * par le biais d’annonces ou de brèves relatant des expériences réussies en la matière ; * par l’établissement de contrats de travail types, pour des entreprises qui n’ont pas forcément les ressources nécessaires pour mettre en place ce type de contrats de travail ; [OP, OS] De même, des synergies pourraient être recherchées pour quelques conducteurs qui le souhaiteraient afin de partager le temps de ces salariés entre deux entreprises. - Les entreprises qui connaissent un pic d’activité en milieu de journée devraient particulièrement être ciblées, comme par exemple : * la restauration ; * le commerce de détail ; 287 Bernard Gérardin - Etudier s’il serait possible de travailler dans des établissements scolaires à des postes d’encadrement des jeunes, et tenter pour cela de rencontrer des responsables de l’éducation nationale à ce propos : * Les conducteurs ont l’expérience du travail auprès des jeunes, puisqu’ils les véhiculent déjà matin et soir ; * Ils sont formés à des notions de sécurité des personnes. Favoriser les transmissions/reprises d’entreprises [OP, Etat] De même que pour le transport de marchandises, il est proposé de lancer une étude de faisabilité sur la mise en place d’une bourse de transmission/reprise d’entreprise, sous la forme suivante : - les dirigeants ayant la volonté de céder leur entreprise se signalent sur cette bourse; - la parution de l'information pourrait être anonyme, et lorsqu'un repreneur se positionne, son nom est transmis au cédant qui choisit ou non de recontacter le repreneur (ceci afin d'éviter de faire connaître un projet de cession, qui est toujours risqué à l'égard des salariés et des clients de l'entreprise) - en parallèle, les acquéreurs éventuels peuvent définir des critères de recherche d’entreprise ; - l’organisation professionnelle pourrait leur fournir une aide à la valorisation de leur entreprise. [OP] Mettre en place des réunions de sensibilisation à la problématique de la transmission des entreprises pour les dirigeants les plus proches de la retraite : - ces réunions pourraient prendre la forme de conférences avec là encore le témoignage d’anciens dirigeants ayant cédé leur entreprise et de dirigeants ayant repris avec succès des entreprises. [OP, OF] Création d’une formation ou d’un module de formation des dirigeants à la transmission de leur entreprise ; [OP, Etat] Favoriser le recours à des consultants pour conseiller les dirigeants au moment où ils envisagent de prendre leur retraite ; afin de gérer au mieux la transmission de leurs responsabilités. 288 Bernard Gérardin Axe 5 : Encourager les efforts d’amélioration de gestion des ressources humaines dans les entreprises Les objectifs des recommandations de cet axe Rendre plus efficace la gestion des effectifs ; - Améliorer la qualité de l’emploi ; - Anticiper des tensions sur le recrutement, en particulier pour les conducteurs ; - Introduire la GPEC au sein des entreprises de transport Participer à l’attraction de salariés vers le métier de conducteur [OP, OS] Envisager un rapprochement des acteurs de l’emploi et de l’orientation pour inciter les demandeurs d’emplois en temps partiel choisi à accéder à la profession : - Sensibiliser les conseillers de ces institutions, pour qu’ils aient le reflexe de proposer le transport routier de voyageurs pour les demandeurs d’emplois qui souhaitent travailler à temps partiel ; - Les sensibiliser à la sélection des profils qui pourraient correspondre aux métiers du transport de voyageur ; ce qui ne semble pas être fait de manière satisfaisante aujourd’hui ; - Créer des supports de communication à destination des demandeurs d’emplois et les tenir à disposition des acteurs. [OP, OS] Tenter également de s’inscrire dans une démarche de partenariat avec les FONGECIF, pour inciter des salariés à se reconvertir dans le transport routier de voyageurs : - Le permis ne pouvant être passé qu’assez tard en formation initiale (21 ans), les entreprises auraient plutôt intérêt à cibler des salariés en reconversion ; - De la même manière que pour les acteurs de l’emploi et de l’orientation, il pourrait être utile de relayer l’information sur la réalité du métier de conducteur auprès des conseillers des FONGECIF et de tenir à leur disposition des supports de communication présentant le métier. Participer au lobbying pour faire évoluer la convention collective nationale 289 Bernard Gérardin [OP, OS] Exercer un lobby auprès des institutions nationales pour soutenir une révision de la CCN, dans l’optique de rapprocher ses conditions de celles de la CCN des réseaux de transports publics urbains de voyageurs, du 11 avril 1986. - Cette démarche permettrait de faciliter le recrutement, les conditions de la convention du transport urbain semblant aujourd’hui plus attractives pour les salariés. Aider les entreprises dans leurs démarches de recrutement [OP, OF] Encourager les organismes de formation de la branche à former plus de personnes au métier : - intervenir, dans la mesure du possible, au niveau des conseils d’administration des organismes de formation, pour former plus de salariés pour les entreprises de la branche. [OP, OS] Favoriser le recours des entreprises à des GEIQ, qui permettraient d’attirer plus de jeunes vers le métier. Développer la GPEC au sein des transporteurs de voyageurs [OP, OS, Etat] Sensibiliser les entreprises à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences en leur fournissant des outils, comme par exemple : - un référentiel simple des métiers du transport ; - un référentiel de compétences clés d’une entreprise de transport, basée par exemple sur le besoins identifiés dans le présent CEP ; [OP, OS] Insister sur la nécessité d’anticiper les pertes de capacités et de compétences liées aux départs en retraites, qui sont prévisibles, et les compenser en recrutant et formant à l'avance des personnels. 290 Bernard Gérardin Axe 6 : Aider au développement des formations de la branche Les objectifs des recommandations de cet axe Renforcer les compétences de l’entreprise et de la préparer à faire face aux défis et aux mutations aujourd’hui prévisibles. Soulager le plan de formation dans les entreprises, aujourd’hui majoritairement concentré sur la Formation Continue Obligatoire (FCO) et laissant peu de place à la formation des salariés sédentaires et à des types de formation complémentaires pour les conducteurs. Le développement de nouvelles compétences dans les formations L’ensemble des compétences distinguées par grande fonctions dans la partie sur ce sujet (Partie 5 : Impacts sur les emplois et les compétences) ont pour objectif d’être développées dans les entreprises et sont donc susceptibles d’être l’objet d’enseignements spécifiques dans les formations. Les formations détaillées dans les parties suivantes sont donc les formations qui paraissent prioritaires. Encourager une révision des formations obligatoires [OP, OS] Soutenir une révision des référentiels des formations obligatoires, qu’il s’agisse de la FIMO ou de la FCO, pour y ajouter de nouveaux modules comme : - La maintenance de base des véhicules ; - des notions d’accueil des usagers de base ; - la gestion des conflits ; - La formation aux premiers secours ; - éventuellement la formation à l’utilisation à un niveau simple des technologies informatiques embarquées, et leur bonne utilisation. [OP, OS, Etat] Faire remonter au niveau national le souhait des entreprises et des salariés de modifier la durée de la FCO, prolongée à 5 jours, durée qui paraît aujourd’hui inadaptée. - Une durée plus courte semble plus adaptée, ou un étalement de la formation (par exemple, une journée tous les ans). 291 Bernard Gérardin Inciter les dirigeants d’entreprises, en particulier des plus petites, à se former [OP, OF] Sensibiliser les dirigeants d’entreprises à la nécessité pour eux de se former, notamment dans les domaines requérant des connaissances approfondies : - La GRH et la connaissance des règlementations sociales ; - Les connaissances de base en gestion/comptabilité, et sur l’établissement d’un prix ; - La réponse aux appels d’offres ; - Les achats. [OP, OF] Inciter les organismes de formation à développer de nouveaux modules de formations, notamment sur le plan de : - la gestion des équilibres économiques de l’entreprise, - l’établissement de partenariats avec d’autres entreprises de transport de voyageurs, - approfondir la responsabilité juridique du dirigeant, notamment face à la loi sur l’accès des cars aux personnes à mobilité réduite. [OP] Informer les organismes de formations des besoins en matière de transmission/reprise d’une entreprise, auxquelles ni les dirigeants ni les repreneurs ne sont préparés. Approfondir les compétences des conducteurs [OP, OS] Encourager l’introduction de modules complémentaires en anticipation de l’avenir du métier de conducteur pour répondre aux attentes des entreprises : - Des formations à la gestion des conflits paraissent aujourd’hui essentielles, ainsi que sur la gestion de groupes de scolaires ; - un module sur l’utilisation des technologies informatiques embarquées ; - intensifier les modules existants approfondissant la qualité du service et de l’accueil pourrait également être apprécié, notamment avec des mises en situation ; - envisager également la création d’un module pour la gestion des personnes à mobilité réduite dans les autocars et aux arrêts. Accentuer la professionnalisation des commerciaux/de la fonction commerciale 292 Bernard Gérardin [OP, OS] Inciter les organismes de formation à approfondir la spécialisation des commerciaux dans les procédures de réponses aux appels d’offres ; - Acquérir quelques bases juridiques ; - avoir des notions de marketing et de communication ; - bien connaître les missions des autorités organisatrices de transport concernées. [OP, OS] Plus largement, pour véhiculer l’amélioration de l’image du car, sensibiliser les conducteurs aux progrès en matière environnementale et approfondir encore l’apprentissage de la conduite rationnelle et économe ; Appuyer l’approfondissement des connaissances des exploitants en matière de réglementations sociales [OP, OS] Sur la base de l’enquête quantitative de ce CEP, il apparait que les formations des exploitants devraient insister plus lourdement sur plusieurs points, dont notamment la maîtrise des contraintes sociales pour les conducteurs ; [OP, OS] Les entreprises attendent également des formations d’exploitants de plus grandes notions en rapport avec le respect strict d’un cahier des charges. 293 Bernard Gérardin 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations 9.1 Transport routier de voyageurs 9.2 Transport routier de voyageurs 10. Annexes 294 Bernard Gérardin Axe 1 : Peser collectivement auprès des pouvoirs publics et des chargeurs Les objectifs des recommandations de cet axe Atténuer les déséquilibres de marché pour appliquer les mêmes règles à toutes les entreprises européennes, Favoriser des choix politiques nationaux et locaux plus équitables entre le transport routier et les autres modes de transports. Essayer de rétablir un meilleur équilibre dans la répartition des rôles et des forces entre transporteurs et chargeurs. Participer au lobbying européen et national [OP] Prendre part et encourager les organisations professionnelles au niveau national élaborer des propositions sur le transport routier de marchandises dans l’UE, sous la forme par exemple de rédaction de livres blancs européens Sur le plan juridique, il convient d’insister à Bruxelles sur : - la nécessité d’une harmonisation des règlementations sociales au niveau européen ; - l’harmonisation des règles de conduite et de circulation (permis de conduire, code de la route, normes environnementales, etc.) ; - une harmonisation des règles fiscales ; - un rapprochement des conditions de sécurité exigées en matière de matériel roulant et de formation des conducteurs ; [OP, Etat] Il convient également d’œuvrer au niveau européen pour une égale fréquence et rigueur des contrôles effectués auprès des entreprises des différents pays de l’Union en ce qui concerne toutes les règles fixées à l’échelon européen, afin que l’application des règles du jeu soit la même dans tous les pays. [OP] Contribuer régionalement au renforcement du poids des représentants nationaux des organisations professionnelles sur la scène européenne en leur apportant des arguments concrets : - Etablir un listing des bonnes pratiques des entreprises régionales, qui pourraient potentiellement donner des indications sur les règles à mettre en place au niveau européen; 295 Bernard Gérardin - Inventorier les exemples concrets de concurrence déloyale enregistrés par les entreprises régionales pour prouver à Bruxelles la nécessité de faire bouger les lignes rapidement et d’éliminer les déséquilibres existants. [OP] Sur le plan national, mettre en place un lobbying pour faire évoluer l’environnement du transport routier de marchandise selon une orientation positive : - Participer activement à la défense de la charte ADEME et à sa pérennité qui semble aujourd’hui menacée ; - Intensifier la veille menée sur les projets de règlementation de la circulation et la fiscalité sur les carburants ; [OP, Etat] Appuyer l’homologation rapide par l’Etat des véhicules utilisant les nouveaux carburants, ainsi que la mise en place d’une politique d’incitation à utiliser ces combustibles moins polluants. [OP, Etat] Assurer un lobbying en vue de la mise en place d’éventuelles primes à l’achat de véhicules propres, ou d’un allègement de la TIPP pour ces véhicules. Intervenir auprès des collectivités territoriales pour favoriser la prise de décisions favorables au transport [OP] Assurer une démarche de veille et de lobbying sur l’évolution des décisions politiques liées au transport, auprès des institutions locales de tous niveaux (Conseil Régional, Conseil Général, Municipalités, Etc.) - en matière d’entretien du réseau routier et des infrastructures et d’élaboration ou de révision du Schéma Régional des Transports. - sur les évolutions juridiques prévues dans le cadre du volet marchandises des PDU pour peser en amont au sein des débats publics et s’assurer que les évolutions prévues des infrastructures ne sont pas contraires aux intérêts des transporteurs. - Etablir des partenariats, sous une forme à définir, avec les gestionnaires des infrastructures routières, pour faire remonter les problèmes de circulation : * portions de chaussées propices aux accidents, * infrastructures inadaptées aux poids lourds (ronds-points, etc.), * identification des priorités en matière d’entretien du réseau routier local, départemental et régional ; 296 Bernard Gérardin - Tenter d’influer sur la mise en place d’infrastructures adaptées aux poidslourds (parkings, etc.) en amont des décisions politiques dans les débats publics à tous niveaux. [OP] Tenter d’intervenir sur l’évolution régionale des règles de circulation, et notamment les accès aux centres villes (horaires de livraisons, stationnement, etc…) : - Tenter de mettre en place des partenariats avec les maires pour améliorer ensemble les règles de stationnement et les horaires de livraisons ; * Des projets pilotes avec certaines communes pourraient être envisagés dans un premier temps ; * Les projets à plus fort succès sur une amélioration de la réglementation des horaires de livraisons du partage des aires de livraisons pourraient alors être diffusés à un plus grand nombre de communes ; - Mettre en place des expérimentations de solutions innovantes en partenariat avec les maires par le biais de ces expérimentations qui contribuerait à renforcer et à améliorer les relations avec les élus, et donc à pouvoir négocier les règles de circulation avec une plus grande facilité, éventuellement dans le cadre de chartes de « bonnes pratiques » ; [OP] Poursuivre et intensifier la démarche d’information des organisations professionnelles auprès de leurs adhérents sur les évolutions règlementaires du secteur, perçues comme indispensables par les transporteurs. Peser sur l’établissement de relations plus équilibrées avec les chargeurs [OP, OS, Etat] Faire pression auprès des autorités de contrôle pour améliorer la répercussion effective des coûts de transport (carburant, péages, etc.) dans les tarifs. - Les organisations professionnelles pourraient demander à leurs adhérents de faire remonter les mauvaises pratiques constatées par les transporteurs et en établir une liste ; - Pour les chargeurs créant le plus de difficultés, tenter une négociation au niveau de l’organisation professionnelle, sur la base des constats établis ; - Pour les cas les plus difficiles, s’organiser collectivement pour répondre à ces mauvaises pratiques, en envisageant éventuellement des actions juridiques. 297 Bernard Gérardin [OP] Tenter de généraliser les « chartes » de partenariats, du type de la charte Auchan, reconnaissant les efforts des transporteurs en matière environnementale dans les tarifs, en échange d’efforts sur la qualité du transport. - Favoriser le développement de ce type de pratiques en négociant à titre collectif les conditions de ce type de chartes ; - Etre à l’initiative de la mise en place de ces accords, afin de pouvoir offrir au chargeur des conditions déjà négociées avec d’autres entreprises, sans avoir à renégocier l’ensemble de l’accord avec chaque chargeur. - Favoriser la contractualisation sous couvert de ce type de chartes, en prérédigeant des contrats types pour faciliter l’accès des entreprises à ces accords. 298 Bernard Gérardin Axe 2 : tenter de remodeler l’image du transport routier de marchandises Les objectifs des recommandations de cet axe Remodeler l'image des métiers du transport, trop souvent dégradée auprès du grand public, pour - retrouver une attractivité auprès des jeunes, - susciter à nouveau des vocations Renforcer la promotion du métier auprès des jeunes [OP] Organiser des réunions d’information dans les établissements de formation initiale préparant à des diplômes utiles pour le transport, mais pour lesquels ce dernier souffre d'une « concurrence d’attractivité » avec d'autres secteurs, en particulier dans : - les universités, par exemple en licence professionnelle de logisticien - les écoles de commerce et d’ingénieur de la région, - les bacs professionnels destinés aux métiers de la logistique ; - les BTS en logistique ou liés aux métiers du transport. [OP] A l’occasion des salons professionnels, mettre en place un guide à destination des jeunes leur permettant de découvrir le métier sous un angle nouveau : - Un métier en contact avec le client - un métier permettant de jouir d’une autonomie dans le travail [OP] Rédiger un guide d’aide à destination des transporteurs pour faciliter l’intégration de stagiaires dans les entreprises du secteur. Ce point est détaillé avec plus de précisions dans le volet « faciliter le recrutement pour les entreprises ». Mener une campagne régionale ou nationale de revalorisation du transport routier de marchandises auprès du grand public [OP, Etat] Afin de remonter les métiers du transport dans l’estime du grand public, envisager une campagne de communication sur l’image: - Etablir si l’échelle régionale seule et pertinente, ou si cette action doit être menée sur le plan national 299 Bernard Gérardin - Mettre en avant le caractère indispensable du transport routier, encore plus à l’heure des achats sur Internet livrés à domicile - Mettre en valeur la modernité du métier, notamment par le recours élevé à la technologie - Valoriser les efforts importants menés pour réduire les émissions de gaz polluants et améliorer le bien-être sociétal (réduction du bruit, accès aux PMR, etc.) - Cette campagne devra également avoir pour objectif de démonter les idées reçues sur les métiers du transport et notamment l’image du « grand routier ». Sensibiliser les acteurs de l’emploi et de l’orientation à la réalité du métier [OP] Se rapprocher des acteurs de l’emploi et de l’orientation, qui transmettent souvent une image fausse du métier : - organiser des réunions d’information auprès des conseillers emploi de ces structures : * Présenter la réalité du métier aujourd’hui ; * Encourager un effort de sélection des profils plus important pour les reconversions. - Insister auprès de ces structures sur le fait que certains métiers du transport sont en tension et sont demandeurs de main d’œuvre ; - Rédiger un guide, reprenant des exemples concrets et des témoignages de conducteurs à destination des demandeurs d’emploi; - Organiser des interventions chez les acteurs de l’emploi et de l’orientation auprès de ces candidats, ou de demandeurs d’emplois qui ne connaitraient pas le métier, afin de le leur présenter. 300 Bernard Gérardin Axe 3 : Orienter l’amélioration de l’offre des entreprises et leur efficacité commerciale Les objectifs des recommandations de cet axe Aider les entreprises à adapter leur stratégie et leur positionnement pour répondre aux attentes des chargeurs : - Analyser le positionnement des entreprises ; - Diversifier l’offre commerciale ; - Atteindre un niveau de qualité plus élevé Bien négocier le virage du développement durable pour en faire un atout et non une contrainte pour les transporteurs Mener une étude prospective pour aider les entreprises à définir une stratégie sur le long terme [OP, OS, Etat] engager une étude prospective sur l’évolution économique du secteur sur le plan économique (ou plusieurs études spécialisés par soussecteurs), ayant pour principal objectif de dégager quel sera l’environnement économique du transport à moyen et long terme ; ce qui permettrait : - d’orienter les investissements des entreprises ; - de définir des stratégies sur le long-terme, que les entreprises les plus petites semblent avoir de grandes difficultés à mettre en place aujourd’hui ; - d’identifier des mutations à venir du secteur pour aider les entreprises à les anticiper, notamment en matière de transports combinés. Aider les entreprises à diversifier leur offre et leur positionnement [OP] Sensibiliser les transporteurs à la nécessité de mener une réflexion sur le positionnement de leur entreprise en conjoncture de crise. - Cette sensibilisation des dirigeants sera centrée sur la recherche de prestations à plus haute valeur ajoutée, comme la logistique pour un transporteur ; - Cette démarche de sensibilisation devrait nécessairement passer par de la transmission d’expériences, de témoignages et du partage de bonnes pratiques et de success story; 301 Bernard Gérardin - Ainsi, des études de cas, ou la rédaction d’un guide sembleraient constituer les outils les plus efficaces pour sensibiliser les dirigeants d’entreprises de transport ; [OP, OF] Adapter aux spécificités du transport de marchandises Nord-Pas-deCalais une formation à la gestion stratégique des PME qui constituerait certainement une valeur ajoutée pour les transporteurs (se reporter à la partie recommandations sur les formations), en particulier en abordant les services à plus forte valeur ajoutée. Appuyer l’amélioration de la qualité de l’offre des entreprises [OP] Aider au développement de la reconnaissance de la qualité de l’offre par les chargeurs, en définissant pour le compte de la profession des outils de certification de la qualité, facilitant la lecture de l’offre pour le chargeur et justifiant d’éventuelles augmentations de tarifs. Les organisations professionnelles pourraient en mutualiser le coût. Ces certifications devraient notamment concerner : - la mise en place d’une traçabilité complète, et en temps réel des marchandises, grâce au recours à la technologie des puces RFID ; - la garantie d’une plus grande sécurité de la marchandise (arrimage dans la remorque, formation des conducteurs, etc.) ; [OP] Appuyer l’amélioration de l’évaluation du bilan environnemental des prestations des transporteurs, exigé par les grands chargeurs : - en mutualisant le recours à des organismes d’évaluation des émissions en CO2 ; - en établissant une liste de consultants « labellisés » pouvant appuyer la réduction des émissions si nécessaire ; [OP] Pour favoriser le succès de ces certifications, assurer la promotion de ces outils et de leur intérêt auprès des adhérents des organisations professionnelles; [OP] Sensibiliser les dirigeants d’entreprises à la nécessité d’améliorer la qualité du service et de valoriser cette qualité : - organiser des réunions de partage d’expériences, en mettant en avant l’impact positif de ces actions sur les marges financières ; - Faire intervenir des entreprises françaises et étrangères ayant progressé dans leurs résultats en valorisant leur qualité d’offre en particulier : * des entreprises de régions frontalières soumises aux mêmes conditions de concurrence que les transporteurs du Nord-Pas de Calais ; 302 Bernard Gérardin * des entreprises étrangères faisant face aux mêmes concurrents que les transporteurs du Nord-Pas de Calais, comme des entreprises allemandes ou hollandaises. Appuyer la progression des méthodes et des performances commerciales des entreprises [OP, OF] Mettre en place de formations continues pour apprendre les techniques de réponse aux appels d’offres, qui devraient permettre de faire progresser les performances commerciales des entreprises [OP, OPCA, Etat] Appuyer la progression des compétences commerciales dans les entreprises, en aidant les entreprises à financer des contrats en alternance [OP] Inciter les entreprises à s’organiser en réseaux, afin de créer une dynamique partenariale. Cette démarche présenterait plusieurs avantages (détaillés dans le chapitre (« impulser une meilleure organisation des entreprises en réseaux »), dont notamment sur le plan commercial : - trouver plus facilement du fret retour : * Les organisations professionnelles pourraient mettre en place des outils informatiques de partage de fret entre entreprises à l’échelle nationale ; - Elargir l’offre, par la possibilité de transporter en plus grands volumes et de diversifier les types de marchandises transportées. 303 Bernard Gérardin Axe 4 : Aider les entreprises à rationnaliser leur organisation pour les armer face à la concurrence européenne Les objectifs des recommandations de cet axe Armer les TPE/PME pour faire face à la concurrence des grands groupes et des transporteurs étrangers, en améliorant l’organisation : - Faire progresser l’autodiagnostic des équilibres économiques de l’entreprise - Atteindre un meilleur niveau de coopération entre entreprises sur une logique gagnant/gagnant, - Bénéficier de synergies entre entreprises, - Accroître la qualité des processus internes des entreprises. Favoriser les transmissions et reprises d’entreprises. Appuyer les entreprises dans la connaissance de leur structure des coûts [OP] Fournir aux entreprises un outil informatique d’appui à la gestion et à l’autoévaluation de la situation de son entreprise: - Commander une étude sur la structure des coûts d’une entreprise de transport au niveau des ratios financiers acceptables ou mettre en place un observatoire des coûts réalisant ce type d’études ; - Exploiter et diffuser les données publiées par le Comité National Routier (CNR) ; - Mettre en place un outil informatique d’auto-évaluation des ratios financiers de son entreprise à destination des dirigeants, qui compare aux ratios types dégagés par l’étude : * L’outil calcule seul les ratios financiers de l’entreprise sur la base d’une saisie des principaux résultats comptables par le dirigeant ; * et il compare ces ratios à la « structure des coûts type » en retournant l’information au dirigeant concernant les points de vigilance pour les prochains exercices de son entreprise. 304 Bernard Gérardin Aider à la diffusion des méthodes et des outils d’optimisation [OF] Inclure dans les formations la bonne utilisation des logiciels d’optimisation des tournées [OP] Sensibiliser les dirigeants à l’utilité des technologies d’informatique embarquée : - organisation de réunions autour de témoignages de dirigeants : * résultats en termes de gains de productivité de leurs entreprises grâce à la bonne utilisation de ces technologies ; * exemples de croissance et d’extensions géographiques de marchés rendus possibles par le recours aux nouvelles technologies de guidage ; * intérêt vis-à-vis de l’inspection du travail et du respect de la réglementation des temps de conduite pour une localisation immédiate des véhicules et des conducteurs. [OP] Mettre en place des achats centralisés au niveau des organisations professionnelles pour rendre ces outils accessibles aux TPE/PME. Indiquer des pistes aux entreprises pour réaliser des économies [OP, Etat] Encourager les entreprises à organiser des réseaux et faciliter ces rapprochements stratégiques. - Les organisations professionnelles ou des groupements ou associations « ad hoc » pourraient engager des négociations collectives avec les fournisseurs pour les achats de matériel (roulant, équipements, etc.) et permettre aux entreprises de réaliser des économies d’échelle - Ces structures pourraient également tenter de négocier des cofinancements auprès des banques [OP, Etat] Essayer de limiter les charges pesant sur l’entreprise non pas en réduisant les dépenses mais en les incitant à optimiser leur organisation interne : - Sensibiliser les entreprises à l’introduction du lean-management, soit par des réunions de débats, avec partage de témoignage de dirigeants, soit au travers de lettres d’information; - inciter les transporteurs à faire appel à des consultants en organisation qui pourraient les aider à optimiser les processus internes de l’entreprise. * La mise en place d’un fonds régional d’aide au conseil avec le soutien de l’Etat et peut être du Conseil Régional permettrait de subventionner l’intervention de consultants ; 305 Bernard Gérardin * Ces missions de courte durée, subventionnées entre 50 et 80 %, permettraient d’établir un diagnostic sur l’organisation de l’entreprise, ses outils de gestion et sa démarche qualité. Inciter les entreprises à fiabiliser le calcul des devis et l’établissement des prix en favorisant la collaboration entre le commercial et l’exploitant [OP] Etablir un inventaire des outils permettant une meilleure coordination entre les commerciaux et les exploitants au sein de l’entreprise et le tenir à leur disposition. [OP, OF] Adapter les formations commerciales du secteur du transport en introduisant des notions d’exploitation et de logistique, et vice-versa. [OP] Faciliter le recours à des progiciels permettant d’estimer au plus près les coûts d’exploitation dès la réalisation du devis en mutualisant ces coûts au niveau de l’organisation professionnelle. Impulser une meilleure organisation des entreprises en réseaux [OP] Jouer un rôle de moteur dans les rapprochements d’entreprises déjà évoqués à plusieurs reprises - Créer une base de données sur les entreprises, accessible aux transporteurs adhérents, et déjà évoquée en rapport avec l’amélioration des performances commerciales des entreprises. Cet outil devrait préciser quelques détails sur les entreprises, notamment : * leur volonté d’un éventuel rapprochement pour conquérir de nouveaux marchés ; * le type de marchandises usuellement transportées ; * les principaux itinéraires régulièrement empruntés ; * les capacités de transport de fret maximales. Cet outil permettrait non-seulement de limiter les retours à vide, mais également de développer la massification des flux, et de proposer des solutions de transport plus globales aux chargeurs. - L’organisation professionnelle joue le rôle de conseil de ce réseau partenarial, pour les entreprises qui le souhaiteraient 306 Bernard Gérardin - Elle devrait également sensibiliser les entreprises à l’intérêt de ces rapprochements, et leur simplifier le travail en publiant un guide clé en main. [OP, Etat] Encourager l’organisation des entreprises en « clusters » - Ce rapprochement géographique permet la mutualisation des ressources entre entreprises sur différents plans : * matériel (achats groupés, en matériel d’entretien notamment) * infrastructures (plateformes logistiques en co-gestion par exemple) * en Hommes (partage des services de maintenance, voire en conduite ou même sur des fonctions support de l’entreprise) [OP] Tenter de mettre en place des négociations collectives de tarifs ou de formules d’indexation avec les chargeurs. Favoriser les transmissions/reprises d’entreprises [OP, Etat] Lancer une étude de faisabilité sur la mise en place d’une bourse de transmission/reprise d’entreprise, sous la forme suivante : - les dirigeants ayant la volonté de céder leur entreprise se signalent sur cette bourse ; - la parution de l'information pourrait être anonyme, et lorsqu'un repreneur se positionne, son nom est transmis au cédant qui choisit ou non de recontacter le repreneur (ceci afin d'éviter de faire connaître un projet de cession, qui est toujours risqué à l'égard des salariés et des clients de l'entreprise) - en parallèle, les acquéreurs éventuels peuvent définir des critères de recherche d’entreprise ; - l’organisation professionnelle pourrait leur fournir une aide à la valorisation de leur entreprise. [OP] Mettre en place des réunions de sensibilisation à la problématique de la transmission des entreprises pour les dirigeants les plus proches de la retraite : - ces réunions pourraient prendre la forme de conférences avec là encore le témoignage d’anciens dirigeants ayant cédé leur entreprise, et de dirigeants ayant repris avec succès des entreprises. [OP, OF] Créer une formation ou d’un module de formation des dirigeants à la transmission de leur entreprise [OP, Etat] Favoriser le recours à des consultants pour conseiller les dirigeants au moment de prendre leur retraite. 307 Bernard Gérardin Axe 5 : Encourager les efforts d’amélioration de la gestion des ressources humaines dans les entreprises Les objectifs des recommandations de cet axe Rendre plus efficace la gestion des effectifs ; - Améliorer la qualité de l’emploi ; - Réduire les tensions sur le recrutement, en particulier pour les conducteurs ; - Introduire la GPEC au sein des entreprises de transport Inciter les transporteurs à augmenter la qualité des emplois pour en développer l’attractivité et pour favoriser la motivation et la fidélisation des salariés Les entreprises de transport, en particulier les plus petites, connaissent des tensions sur le recrutement, qui croîtront à moyen terme avec la reprise, mais aussi sur la motivation et sur la fidélisation des salariés. En conséquence, il conviendrait pour améliorer sensiblement la qualité de l’emploi et de jouer sur des leviers internes à l’entreprise qui permettraient d’accroître le niveau d’attractivité des entreprises du secteur. [OP, OS] Mettre en place une progression verticale, avec l’acquisition progressive de compétences complémentaires au cœur du métier : - Identifier plus clairement les champs de responsabilités complémentaires qui peuvent être accordées progressivement aux salariés et qui sont utiles à l’entreprise Quelques éléments essentiels ont été mis en avant par l’analyse qualitative et les entretiens conduits : * la maintenance et l’entretien de base du matériel ; * la participation aux achats ; * l’encadrement d’une équipe ou des alternants ; * la formation interne des recrues. - Proposer aux chefs d’entreprise des modèles de progression interne leur permettant de la rendre visible et valorisante * avec des exemples de bonnes pratiques, * des choix de dénomination des nouvelles responsabilités, 308 Bernard Gérardin * un système de rémunération plus différenciant. * Faciliter l’accès à la formation (cf. Axe de recommandations sur les formations) - [OF] Prendre en compte ces modèles de progression interne lors de création/adaptation des référentiels de formation continue * tenter de faire coordonner les stages (intitulé, contenu, …) avec ces modèles [OP, OS] Inciter les entreprises à valoriser la qualité du travail et la reconnaissance des salariés les plus efficaces en leur offrant quelques avantages, comme par exemple : - de pouvoir choisir leurs horaires de travail et leurs tournées en priorité ; - de pouvoir disposer d’horaires moins contraignants (minimiser leur travail le week-end, ou à des horaires qui leur conviendraient moins) [OP] Promouvoir une organisation anticipée du travail - anticiper au maximum la répartition des tournées afin de permettre aux salariés de connaître à l’avance leurs jours de disponibilité et leur planning ; [OP, OS] Mettre en place des incitations financières des salariés, dans la mesure des moyens de chaque entreprise : * généraliser les primes à la qualité (faible niveau de casse, ponctualité, bonnes relations avec les clients, etc.) ; * essayer de fidéliser les salariés les plus compétents sur les postes en tension par des augmentations de leur rémunération. [OP, OS] D’autre part, peser pour une meilleure reconnaissance des compétences des salariés en envisageant la possibilité de réformer les classifications de la convention collective nationale, afin de faire progresser les points et donc les rémunérations des salariés les plus compétents Faciliter le recrutement pour les entreprises [OP] Encourager le recours des entreprises aux GEIQ : - Tenir à la disposition des entreprises une liste à jour des GEIQ de la région ; - Souligner que le recours aux GEIQ permet de réaliser une sélection préalable pour retenir des candidats motivés, jeunes, et qui connaissent le secteur car ils se forment le plus souvent en alternance. [OP] Créer un guide de recrutement de stagiaires par les transporteurs, comprenant : 309 Bernard Gérardin - une explication pas à pas de démarches administratives de mise en œuvre, - l’identification d’écoles cherchant à placer des stagiaires, - les principales périodes de stages ; - des conventions de stages types. [OP, OPCA, Etat] Sensibiliser les dirigeants au recrutement en alternance, en particulier sur les postes en tension, en tenant à disposition des adhérents un guide de présentation des dispositifs ; - pour les commerciaux, la formule est adaptée et permet aux salariés de se former en ayant conscience de la réalité et des enjeux spécifiques du transport routier ; - pour les conducteurs, les entreprises utilisatrices doivent avoir conscience de l’impossibilité de confier la conduite d’un poids-lourd à un jeune tant qu’il n’a pas achevé sa formation. Les formules privilégiées par les entreprises peuvent donc être : * de placer les jeunes conducteurs en alternance en doublon de conducteurs expérimentés ; * de leur permettre de découvrir l’ensemble des métiers de l’entreprise, notamment le commercial, l’exploitation, ou la gestion du quai. [OP, OF, OPCA] Former un plus grand nombre de salariés pour permettre aux entreprises de faire face à leurs besoins dans les mois et années à venir. - Le présent CEP établi les tensions sur le métier de conducteur, présentes et encore plus à venir ; les organisations professionnelles pourront donc se baser sur cet argument pour permettre de développer le nombre de salariés formés ; - Les acteurs devraient donc relayer avec plus d’intensité ce message auprès des organismes de formation régionaux, notamment au niveau des conseils d’administration, lorsque cela est possible. [OP, OS] Sensibiliser les entreprises à la nécessité de mettre en place une procédure d’accueil et d’intégration des recrues au sein de l’entreprise, en particulier pour les TPE/PME. Des mesures simples à mettre en œuvre et relativement peu couteuses dans les entreprises pourraient être encouragées : - Présentation de chacun des services de l’entreprise ; - Mise en place de binômes avec des salariés expérimentés et formés au tutorat. 310 Bernard Gérardin [OP] Au moment de la reprise, renouveler les partenariats avec les acteurs de l'emploi pour mener des actions collectives de recrutement (information des demandeurs d'emploi, information de ces derniers, sélection, formation) [OP, OF, Etat] Infléchir les volumes de demandeurs d'emploi formés dans la conduite, lors des consultations des branches par les financeurs que sont le Conseil régional et Pôle Emploi. Encourager l’émergence d’un management intermédiaire et de la délégation de responsabilités dans les TPE-PME [OP] Sensibiliser les TPE/PME, à travers la diffusion d’articles et de témoignages de dirigeants par les canaux habituels de communication (newsletters, articles), à la nécessité de faire apparaître un management intermédiaire avec la croissance de l’entreprise. [OP] En matière d’organisation, inciter les dirigeants à s’orienter vers une plus grande responsabilisation des salariés les plus efficaces qui le souhaiteraient - favoriser pour cela le partage de bonnes pratiques entre les entreprises (témoignages, conférences, petits-déjeuners/débats, etc.), par exemple : * Dans les TPE / PME, le dirigeant peut s’appuyer sur des salariés compétents pour leur déléguer certaines responsabilités (commerciales, exploitation, achats, etc.) * Le dirigeant peut également impliquer certains salariés dans des choix stratégiques pour l’entreprise, afin de valoriser leur importance dans l’organisation interne. Développer la GPEC dans les entreprises de transport [OP, OS, Etat] Sensibiliser les entreprises de transport routier de marchandises à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences en leur fournissant des outils, comme par exemple : - un référentiel simple des métiers du transport ; - un référentiel de compétences clés d’une entreprise de transport, basée par exemple sur le besoins identifiés dans le présent CEP [OP, OS] Insister sur la nécessité d’anticiper les pertes de capacités et de compétences liées aux départs en retraites, qui sont prévisibles, et les compenser en recrutant et formant à l'avance des personnels. 311 Bernard Gérardin [OP] Poursuivre les démarches d’information des entreprises existantes en matière de conjoncture économique et d’évolution de l’environnement du transport, pour permettre aux dirigeants d’anticiper les besoins en recrutement. 312 Bernard Gérardin Axe 6 : Aider au développement des formations de la branche Les objectifs des recommandations de cet axe Renforcer les compétences de l’entreprise et de la préparer à faire face aux défis et aux mutations aujourd’hui prévisibles. Soulager le plan de formation dans les entreprises, aujourd’hui majoritairement concentré sur la Formation Continue Obligatoire (FCO) et laissant peu de place à la formation des salariés sédentaires et à des types de formation complémentaires pour les conducteurs. Encourager une révision des formations obligatoires [OP, OS] Soutenir et intensifier l’insertion de modules en conduite rationnelle à l’intérieur des formations obligatoires, qu’il s’agisse de la FIMO ou de la FCO [OP, OS] Soutenir et agir en faveur d’une modification des référentiels des formations, pour encourager l’insertion de nouveaux modules sur les besoins en compétences identifiés des entreprises : - La maintenance de base des véhicules ; - Des notions commerciales de base ; - La sécurité des personnes en chargement / déchargement des véhicules, pour prévenir des problèmes de santé ; - La formation aux premiers secours ; - éventuellement la formation à l’utilisation à un niveau simple des technologies informatiques embarquées, et leur bonne utilisation. [OP, OS] Faire remonter au niveau national le souhait des entreprises et des salariés de réduire la durée de la FCO en insistant régulièrement sur ce problème et en apportant des arguments concrets permettant d'emporter la conviction des pouvoirs publics français et d'étayer leur dossier au niveau de l'Europe. Le développement de nouvelles compétences dans les formations L’ensemble des compétences distinguées par grande fonctions dans la partie sur ce sujet (Partie 5) ont pour objectif d’être développées dans les entreprises et sont donc susceptibles d’être l’objet d’enseignements spécifiques dans les formations. 313 Bernard Gérardin Les formations détaillées dans les parties suivantes sont donc les formations qui paraissent prioritaires. Développer et promouvoir la formation des dirigeants [OP, OF] Sensibiliser les dirigeants d’entreprises à la nécessité pour eux de se former, en particulier dans les TPE/PME où leur champ de responsabilités est très large, notamment dans les domaines où leurs fragilités peuvent avoir des impacts négatifs sur leur équilibre économique : - Les connaissances de base en gestion/comptabilité, et sur l’établissement d’un prix - Les achats - La GRH et la connaissance des règlementations sociales - Les techniques de vente - Le commercial et les techniques mercatiques avancées. Pour cela, présenter la formation non pas comme un transfert de connaissances, mais comme un moyen de résoudre tel ou tel problème vraiment vécu sur le terrain. [OP, OF] Inciter les organismes de formation à développer de nouvelles sessions de formations, notamment sur le plan de : - la définition d’une stratégie d’entreprise et d’un positionnement de marché, - la gestion des équilibres économiques de l’entreprise, - l’établissement de partenariats avec d’autres entreprises de transport. [OP] Informer les organismes de formations des besoins en matière de transmission/reprise d’une entreprise, auxquelles ni les dirigeants ni les repreneurs ne sont préparés. (Pour mémoire) Approfondir les compétences des conducteurs [OP, OS, OF] Œuvrer pour l’introduction de modules complémentaires en anticipation de l’avenir du métier de conducteur pour répondre aux attentes des entreprises : - Intensifier les ajouts de notions commerciales et relationnelles de base était plébiscité par les entreprises dans les résultats de l’enquête qualitative ; - De même, des notions de qualité pourraient constituer un plus en termes de compétences pour les conducteurs (afin que le conducteur soit en mesure de garantir l’intégrité des marchandises pendant l’acheminement) 314 Bernard Gérardin - enfin, pour approfondir les compétences existantes de conducteurs, il serait souhaitable d’approfondir leur maîtrise des technologies informatiques embarquées. Accentuer la professionnalisation des commerciaux [OP, OS, OF] Inciter les organismes de formation à poursuivre la professionnalisation de la relation avec les chargeurs : - Insister dans les formations sur les procédures de réponse aux appels d’offres ; - Approfondir les compétences des commerciaux en prospection de nouveaux marchés, sur de nouveaux segments ; - Améliorer les notions d’exploitation des commerciaux pour leur permettre de fixer des prix cohérents pour l’entreprise et clairs pour les chargeurs. [OP, OS, OF] Développer la pratique des langues étrangères, en raison de l’internationalisation des appels d’offres des chargeurs ; [OP, OS, OF] Enseigner la valorisation de l’offre d’une entreprise (faibles émissions de gaz à effets de serre, traçabilité, qualité et arrimage de marchandises dans les remorques) pour justifier les prix pratiqués par l’entreprise aux yeux du chargeur. [OP, OS, OF] Favoriser la maîtrise de l’informatique et la parfaite connaissance des bourses de fret, auxquels aucun module de formation ne semble dédié aujourd’hui Appuyer l’approfondissement des connaissances des exploitants en matière de réglementations sociales [OP, OS, OF] Sur la base de l’enquête quantitative de ce CEP, il apparait que les formations des exploitants devraient insister plus lourdement sur plusieurs points, dont notamment : - la maîtrise des contraintes sociales pour les conducteurs ; - l’optimisation des tournées. 315 Bernard Gérardin 10. 1. Rappel des objectifs et de la méthode 2. Photographie statistique des deux secteurs 3. Analyse des vecteurs d’évolution 4. La gestion des ressources humaines 5. Impact sur les emplois et les compétences 6. Les soutiens attendus par les entreprises 7. Enquête quantitative auprès des entreprises 8. Scénarios prospectifs 9. Recommandations Annexes 316 Bernard Gérardin Annexe du rapport qualitatif Les interlocuteurs rencontrés Catégorie Voyageurs Voyageurs Voyageurs Voyageurs Voyageurs Voyageurs Voyageurs Voyageurs Voyageurs Voyageurs Voyageurs Voyageurs Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Raison sociale PILON (Transports) Autocars SCHOONAERT TLV TRANS VAL DE LYS (Groupe KEOLIS) Transports LAPAGE AUTOBUS ARTESIENS (Groupe Véolia) BAY (Voyages) DUMONT (Voyages) REGIE DEPARTEMENTALE WESTEEL VOYAGES (Groupe keolis) ID Voyages Voyages DUPAS LEBEDA NETWORK D'HAENENS TRANSPORTS COUPE TRANSPORTS FLASH MESSAGERIE Marchandises MAZET MESSAGERIE Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises GEFCO DUCROS EXPRESS LOAD TRANSPORTS LAFILLE PERE ET FILS SARL DACQUIN JOEL SARL DEFITRANS GRIMONPREZ GUIDEZ SAS ALLIENNE STYLE SAS BECQUET DELCROIX Marchandises ZIEGLER Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises CHTI COLIS JOVENAUX AUDO EXPRESS SAS HEPPNER SCHENKER-JOYAU BEUSCHART Contact Mme Dominique PILON Philippe SCHOONAERT Jean-Christophe LAMPE Pierre-François RAT Murielle LAPAGE Jean-Luc PERCHENET Stéphane VIVIER Vincent DUMONT Bernard DELBE Olivier HALLEZ Inglart Christophe Patrice LEBEDA Allaya ELHANI Michel D'HAENENS Matthieu COUPE Ludovic CARTON Fonction Dirigeant Dirigeant Dirigeant Dirigeant Dirigeant Dirigeant Dirigeant Dirigeant Dirigeant Dirigeant Dirigeant Dirigeant Responsable Patrick WARTELLE Agence Didier MARTINAGE Directeur Bruno T'JONCKE Directeur Jean-Luc DEJODE Dirigeant MR LAFILLE PHILIPPE Dirigeant DACQUIN JOEL Dirigeant Jacques-Olivier DEPICCHI Dirigeant Bernard GRIMONPREZ Dirigeant MR BROUTIN DRH Jean-Paul ALLIENNE Dirigeant MR GENTY PHILIPPE Dirigeant André CLERBOUT Directeur Ghislain BILLAUDEL Dirigeant Directeur, Fabrice BILLET, Catherine BUTTNER Assistante David SIX Dirigeant Franck JOVENEAUX Dirigeant MR DEFRANCQ DIMITRI Dirigeant Lauric CLAUW Directeur Alain DECLOMESNIL Directeur Francis JUNCKER 317 Bernard Gérardin Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Marchandises Chargeur Chargeur Chargeur Chargeur Observateur Observateur GILLIERS SA CITERNORD SAINT ARNOULD SA JESSENNE SERIEN P ET F SARL PERRIEZ TRANSLOCAD SION COMETRANS AUCHAN Leroy Merlin Ramery Lesaffre levures Auchan Logistique Réunir MR GILLIERS ALAIN Philippe HAUDIQUET Mme Evrard MR JESSENNE HUGUES MR SERIEN CHRISTOPHE Corinne LEBLEU Alain DEBERGUE Xavier DUPONT Grégory DUSSART EVERAERE Xavier Boulanger Dirigeant Dirigeant DRH Dirigeant Dirigeant Dirigeant Dirigeant Commercial DRH Nadine Roudier T. Bourdon C. Rey Renaux 318 Bernard Gérardin Annexe du rapport quantitatif Transport routier de marchandises Les véhicules utilisés par les entreprises répondantes : Type de véhicules utilisés par les entreprises répondantes Moins de 3,5 Tonne 11% Les deux 13% Plus de 3,5 Tonne 76% 319