L`impact des technologies de l`information et de la communication
Transcription
L`impact des technologies de l`information et de la communication
L’impact des technologies de l’information et de la communication sur la société CONFÉRENCE/FONDATION MAY CHIDIAC La Fondation May Chidiac a transformé, samedi, le Ballroom de l'hôtel Phoenicia en une véritable ruche à idées générées aujourd'hui par la liberté d'expression et les technologies de l'information et de la communication. Claude ASSAF | OLJ 07/12/2015 Fédéralisme, gouvernement électronique, start-up, activisme civil, quatre volets d'une même conférence, Free Connected Minds (FCM, esprits librement connectés), organisée samedi au Ballroom de l'hôtel Phoenicia, par la Fondation May Chidiac en collaboration avec la Fondation Friedrich Ebert. Leur tronc commun ? Une même liberté d'expression, stimulée par le développement des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans la recherche d'une société meilleure, tant au niveau politique et administratif qu'économique et social. L'événement, qui en est à sa 4e édition, s'impose désormais comme un rendez-vous pour les adeptes de la démocratie, qui veulent bâtir des oasis de culture et de rapprochement « pour une société plus productive », comme l'a indiqué l'initiatrice de l'événement, la journaliste May Chidiac, dans son allocution de bienvenue. Premiers à intervenir, le ministre des Télécommunications, Boutros Harb, parrain de la conférence, et le ministre d'État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige, ont chacun fait état des efforts fournis au niveau de leurs ministères respectifs pour parvenir à une bonne gouvernance, compte tenu des besoins des citoyens. Devant un grand nombre de personnalités, notamment l'ancien ministre égyptien des Affaires étrangères, l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, les députés Atef Majdalani, Ahmad Fatfat, Jean Oghassabian, l'ancienne députée Nayla Moawad, le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, les anciens ministres Leila Solh, Adnane Kassar et Jihad Azour, May Chidiac a mis l'accent sur la nécessité de « promouvoir de nouveaux concepts liés à la liberté d'expression », tandis que le représentant de Friedrich Ebert au Liban, Achim Vogt, a formulé l'espoir que « cet espace consacré aux esprits libres connectés puisse perdurer face aux tentatives de diviser les sociétés au lieu de les interconnecter ». Parlant d'espace libre, la conférence a rassemblé, samedi, nombre d'experts libanais, arabes et européens, venus apporter leurs idées sur différentes questions ayant un impact sur la pensée collective. (Tribune : Le Liban restera une plateforme régionale pour les entreprises mondiales) Gemayel et le fédéralisme Sur le fédéralisme, l'ambassadeur de Suisse, François Barras, et l'ambassadeur de Belgique, Alex Lenaerts, ont tour à tour témoigné de l'exemple de leur pays dans ce domaine, tandis que le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a fait part de sa conviction qu'un tel système politique convient parfaitement au Liban. M. Barras a d'abord relevé le caractère pluraliste de la Suisse, « qui comporte, sur une très petite superficie, 4 langues, plusieurs régions, et 26 cantons ». Il a ensuite évoqué les trois niveaux du pouvoir – municipalités, cantons, pouvoir fédéral – « entre lesquels s'applique le principe de subsidiarité, sans possibilité de double compétence ». Pour le diplomate suisse, « le système fédéral est un système pragmatique dans lequel les citoyens participent à la gouvernance de leur pays, permettant en outre aux minorités de se sentir en sécurité ». Alex Lenaerts pense, de son côté, que « l'avantage d'un État fédéral par rapport à un État centralisé réside dans le fait qu'il est plus interactif avec ses citoyens et plus attentif à leurs besoins », notant également qu'à travers le système politique de son pays, « les tensions entre les différentes communautés, flamande, française et germanophone, sont contenues ». Rebondissant sur ces exemples européens, le chef du parti Kataëb, le député Samy Gemayel, a préconisé pour le Liban un système fédéral à l'instar de la Suisse et de la Belgique, faisant observer que « l'État centralisé au Liban a échoué : plus de 70 ans après l'avènement de l'indépendance, le vrai sentiment de citoyenneté n'existe pas », a-t-il déploré. Tout en écartant, à cause de la présence de partis religieux, de mentalités et d'une éducation sectaires, l'option d'un régime laïc, M. Gemayel a mis en garde contre le risque d'effondrement du pays si un régime politique (fédéralisme, décentralisation, régionalisation, neutralité), conforme à sa réalité sociale, n'est pas mis en place. Il a donné dans ce cadre l'exemple de l'ex-Yougoslavie qui, échouant à établir un système fédéral décentralisé, s'est écroulée. Rappelant que « la logique de la pluralité n'est pas le seul propre du Liban », le chef des Kataëb s'est encore référé au communautarisme en Suisse et en Belgique, estimant que la diversité n'est « ni un vice ni un défaut », et le sentiment d'appartenance communautaire « ni obsolète ni anormal ». Il a appelé à « sortir enfin du tabou inculqué dans les esprits par l'occupation syrienne », rappelant qu'à cette époque-là, « les cerveaux avaient été lavés pour ne plus parler de fédéralisme ». Or, a fait valoir le jeune député, le fédéralisme représente une alternative au confessionnalisme. « Une vraie décentralisation, en donnant des garanties à toutes les composantes de la société, mettra fin au système confessionnel », a-t-il précisé, avant d'indiquer que, si celle-ci est mise en place, « un Sénat chargé de superviser le travail législatif garantira les droits des communautés ». (Pour mémoire : Le gouvernement électronique, un moyen de réduire la corruption et de moderniser l'État) E-gouvernement et lutte contre la corruption L'avenir d'une bonne gouvernance, à travers la mise en place d'un egouvernement (gouvernement électronique), a constitué le centre d'un autre débat auquel ont participé des experts libanais et européens du monde du numérique. Margus Magi, conseiller de politique digitale auprès du gouvernement estonien, Julia Cloiber, directrice de projet à Open Knowledge Fondation (Allemagne), Salam Yamout, coordinatrice nationale des techniques de l'information et de la communication auprès du bureau du chef du gouvernement, Ghassan Hasbani, PDG de Graycoats, ont tous prôné la nécessité d'instituer ce système électronique qui, en mettant en ligne des données ouvertes, faciliterait l'accès des usagers aux services de l'administration et améliorerait la communication entre les différents départements de l'État. Les interventions des panélistes ont été toutes axées sur les bénéfices de l'egouvernement, notamment la promotion de la transparence, la lutte contre la corruption, l'allégement de la bureaucratie, la réduction des coûts et la diminution des délais des démarches. Plus particulièrement, Salam Yamout s'est penchée sur la question de savoir si le Liban est prêt à profiter d'une telle avancée technologique, mettant en avant les défis auxquels le pays fait face à ce niveau. La coordinatrice nationale des TIC a rappelé que la loi des télécommunications sur l'accès à l'information (stipulant le droit du public à accéder aux informations de l'administration) est toujours en suspens. Elle a attribué cette situation au refus des gouvernants d'établir un partenariat avec le secteur privé. Mme Yamout a toutefois fait état de plusieurs ateliers de travail en collaboration avec les différents ministères, dont l'objectif est de classer les données en fermées ou ouvertes. Elle a donné l'exemple de la sécurité alimentaire, classée publique, vu l'importance de son enjeu. Sur le même sujet Amr Moussa et l’impact de la révolution technologique sur la région Start-up et activisme civil