Historique de la station météorologique de Brest
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Historique de la station météorologique de Brest
Historique de la station météorologique de Brest-Guipavas selon Marc MURATI. J’ai débuté ma carrière météo à BrestGuipavas le 1er mars 1969, elle s’acheDe mon humble avis on ne peut pas dé- vait le 31 janvier 2006. buter l’historique de la météorologie de Arrivé au lendemain des grandes grèves de 1968, la station principale de BrestBrest-Guipavas, sans situer Brest et le département dans son contexte géogra- Guipavas c’est ainsi qu’elle s’appelait phique, façade maritime importante et le officiellement, avait comme chef de stanez avancé de l’Europe, baigné par la tion un certain M. RENAUD Ingénieur Mer d’Iroise, La Manche et l’Atlantique. Divisionnaire des Travaux la MétéoroloC’est dire toute l’importance primordiale gie, originaire de Villeneuve sur Lot, successeur de M. LE BRUN qui avait et stratégique de cette position géographique qu’occupe le département, il va été chargé de la création de la station fin de pair qu’il fallait disposer d’observa- décembre 1944 en recrutant des persontions météorologiques en temps réel nels ingénieurs sur place. pour appréhender de façon la plus effi- Le nouveau centre météorologique fut cace et la plus rationnelle possible, l’es- opérationnel en 1966, la modernité des pace météorologique, dans sa dimension locaux faisant vite oublier la vétusté des prévisionnelle. baraques de la première implantation de la station de Brest-Guipavas au lendeAussi le lecteur ne s’étonnera pas du nombre important de collecte d’observa- main de la libération. tions météorologiques temps réel, pour . couvrir les besoins essentiels en matière M. RENAUD faisait partie du syndicat de prévisions. Citons les sémaphores CGT de la Météorologie Nationale. Et à armés « météorologiquement » , de Nord ce titre les collègues qui étaient déjà à au Sud, Brignogan, la pointe Saint Ma- Brest en 1968, racontaient qu’il était en thieu, sur l’île d’Ouessant le Créac’h en quelque sorte le porte drapeau des revenalternance avec celui du Stiff, la Vigie dications « ouvrières ». Ainsi tous les Tour César, Le Toulinguet, La pointe du matins durant le mois de mai il y avait Raz, Penmarc’h, Beg-Meil, deux bases réunion à Brest, dans le secteur de la aéronavales Lanvéoc-Poulmic BAN, « maison du Peuple » avec prise de paLandivisiau BAN, deux centres civils la role, défilé en ville et dépôt à la sous station de Quimper, et Brest-Guipavas. préfecture de motion puis vers 12h30 Une antenne météorologique déportée dislocation du cortège des manifestants sur le site du port de commerce de Brest. toutes professions confondues bien sûr Un centre de météorologie Marine vien- dont les fonctionnaires des Postes, les dra ensuite s’implanter sur le site du personnels des arsenaux, de la DDE, Vernis en la commune de Plouzané. ceux de l’Aviation Cicile et les météoroPour combler les « vides » météorologi- logistes pour ne citer que les principaux. ques plusieurs stations automatiques Au centre de Brest-Guipavas il y avait sans observations humaines par consédeux camps, ceux partisans de la grève, quent, seront implantées par la suite tel- et les autres qui considéraient que la les que Ploudalmézeau, Pleyber-Christ, grève n’était pas opportune. En ce début Saint Ségal, Spézet, Quimperlé, Sibiril et de l’année 1969 M. COLLOBERT s’acTrégunc. Dans le cadre d’échange de quittait des tâches administratives, cependant il n’hésitait pas à remplacer un données avec d’autre organisme citons les deux stations INRA situées respecti- technicien pour les tours de service au vement à Ploudaniel et à Plomelin, les moment des fêtes de fin d’année par postes pluviométriques tenus par la DI- exemple sa discrétion et sa disponibilité REN appelée aujourd’hui SRAE dont la pour tous les personnels étaient très apcharge de saisies et de validations échoit préciées de nous tous. aux services de Météo-France. La station principale de Brest-Guipavas Le maillage climatologique ne serait pas comptait un service de prévisions maricomplet sans compter sur les postes nes animé par des ingénieurs des travaux d’observations des observateurs bénévo- épaulés par des techniciens parfois, un les ces postes climatologiques relevant service d’observation surface, un service en temps différé pluie et températures du de radio-sondage, un poste de standarlieu. diste tenu par M. NICOLAS qui bénéfiLa carte publiée dans un numéro d’Eole ciait à l’époque d’un logement de serde mars 2009 résumera et actualisera la vice sur le terrain même, d’un service de situation des postes climatologiques de cartographie, d’un service de climatolola région météorologique Ouest. gie départementale, d’une antenne mé(document en PJ1) téorologique avancée située au port de commerce de Brest et d’un service de transmissions et enfin d’un service de maintenance instrumentale qui comptait deux personnes un technicien météo M. MARTIN Joseph météo de la 1ère heure en décembre 1944, et de M. LAOT Yves qui avait le statut des arsenaux spécialité radar. Il y avait un radar précipitation qui aidait à la prévision immédiate en général. Le standardiste tous les jours de la semaine égrainait au technicien météo de l’antenne du port les observations du proche Atlantique, bateaux stationnaires K, A,B,C en autres les navires marchands qui transmettaient leurs observations en mer parce qu’ils appartenaient au réseau des navires sélectionnés et recevaient une petite indemnité compensatrice, des îles et des observations terrestres de l’Europe de l’Ouest, ainsi que les isofronts. Les observations ainsi pointées servaient de carte météorologique de base (analyse 12 h UTC en général) pour l’affichage à la capitainerie de port de Brest, les isofronts servant à tracer les situations météorologiques prévues pour les prochaines 24 heures en général également affichées à la capitainerie du port de Brest. Les service de cartographie tenu par des aides-techniciens et techniciens, pointaient les observations météorologiques tant marines que terrestres tous les six heures sur une carte comprenant le volet Europe, et le volet Ouest Atlantique (d’Ouessant à Terre Neuve et intégrant le 30 ème degré de latitude Nord et jusqu’au Groenland et la Scandinavie.) Il tenait également une carte au format réduit dite carte de tendance barométrique, pour situer et visualiser les zones de forts gradients barométriques, c’était une aide complémentaire pour placer ou et confirmer la position des fronts. Les réseaux intermédiaires de 9h TU, 15 TU, 21 TU faisaient également l’objet de pointage des observations dans un format géographique plus restreint que pour les réseaux principaux. Une partie de ce service prêtait main forte au radio-sondage, et plus généralement effectuait la poursuite des ballonssondes au moyen du radar poursuite vents situé à proximité de l’aire de lâcher actuelle. Les données ainsi recueillies toutes les trente secondes pendant l’ascension du ballon étaient consignées sur un rouleau de papier de machine à calculer il s’agissait de la chronologie, de l’azimut, de la distance horizontale, de la correction de sphéricité de la terre, le diagramme vents permettait de calculer les vents en direction et force aux altitudes relevées, par interpolation linéaire entre deux points caractéristiques consécutifs on pouvait ainsi déterminer les valeurs de vents direction et force aux géopotentiels imposés 1000 hPa on disait millibars à l’époque, 900, 850, 700, 600, 500 etc.. Simultanément, les techniciens à plein temps du radio-sondage, comptaient les dents et consignaient les données brutes au fur et à mesure du sondage d’altitude sur un cahier destiné à ce effet, par la suite l’abaque à angle droit (dit abaque du radio-sondeur contrairement à l’émagramme 761 à axes à 45 °), permettait de reporter à chaque niveau ainsi identifié la température de l’air au niveau h, l’humidité, le niveau h étant déterminé par la valeur de la pression. Les différentes courbes de l’émagramme permettaient le calcul du point de rosée, le point de condensation par utilisation des adiabatiques sèches et saturées et donc le point du thermomètre mouillé, ainsi que la température virtuelle, les lignes d’égales épaisseur et de rapport de mélange y figuraient également. A l’issue de cette fastidieuse récolte d’informations météorologiques des messages codés d’altitude auxquels s’ajoutaient les données de vents étaient donc crées, lesquels messages étaient transmis par télétype et enrichissaient ainsi le réseau national français. On distinguait deux parties dans ce type de messages, l’une concernant les niveaux obligatoires, l’autre concernant niveaux caractéristiques c’est à dire propres au sondage en question. Au fil des années la numérisation partielle du radio-sondage déboucha sur l’utilisation du Radar poursuite vent RAFIX dont les commandes étaient dans la salle même du RS, l’ETADAM permettait le suivi du sondage sur diagramme et le report des données toujours sur abaque RS à angle droit. Enfin le matériel évolue et les ballons gonflés à l’hydrogène, les personnels fabriquant euxmêmes ce gaz, puis il fut livré en bouteilles, puis l’hélium remplaça l’hydrogène, la sonde « Mesural » fut remplacée par la sonde « Waïssala » on aboutit aujourd’hui à la numérisation pratiquement totale du sondage, il faut cependant veiller humainement à la bonne réception voire à la meilleure réception possible du signal radio émis par la sonde « Waïssala ». La numérisation des sondages d’altitude a permis la prévision de sondages sur les différentes zones terrestres et océanes. Le service de transmission était chargé de transmettre les bulletins réguliers et irréguliers (BMS) de prévisions marines pour les zones Atlantique de la Mer du Nord en passant par Ouest Irlande et Sud Gascogne etc., prévisions élaborées par les ingénieurs du centre de Brest, les prévisions terrestres concernant la Bretagne pour la presse écrite locale « Le télégramme » de Brest, une personne du journal passant prendre cette carte tous les soirs à la station pour la confier au service spécialisé du quotidien à Morlaix, pour la parution du lendemain du texte et de la carte, cette tâche était dévolue aux ingénieurs prévisionnistes. Le quotidien régional « Le Télégramme » versait une prestation financière pour la fourniture des données météorologiques, ciblées « média », cet argent alimentait une cagnotte, qui nous permettait de nous réunir une fois l’an autour d’un repas au restaurant, avec nos conjoints respectifs et nos enfants, une participation modique était réclamée au personnel. A l’occasion d’un mariage ou d’une naissance un cadeau était offert à l’intéressé grâce à la cagnotte. Cela resserrait les liens amicaux entre les personnels. A l’époque la Météorologie Nationale assurait pleinement ses missions de service public, l’aspect commercial des produits météorologiques n’était pas de mise. La pénibilité du service permanent était reconnue du moins partiellement par la Météorologie dans ses statuts, car pendant de longues années encore, les concours de technicien et d’ingénieur des travaux de la Météorologie n’étaient ouverts qu’aux personnes de sexe masculin. La mixité n’interviendra qu’à la fin de la décennie des années 1970. Le bulletin large bulletin régulier comme les BMS éventuels étaient transmis par télétype au centre de RadioConquet qui rediffusait auprès des professionnels de la mer les informations météorologiques. Les centres de sécurité en mer je veux parler des Cross Manche, Cross Atlantique, et Cross Iroise étaient destinataires des BMS. Nous recevions toujours par les liaisons télétype les messages d’observations terrestres et maritimes, des réseaux toutes les 3 heures pour le réseau intermédiaire, toutes les 6 heures pour le réseau principal. Les fac-similés à « carbone » nous permettait de recevoir cartes d’analyses et de prévisions, plus tard ils furent munis de papier sensible. Il fallait donc veiller à l’approvisionnement en papier des télétypes comme des fac-similés. Le programme de réception pouvait se décliner à la demande par programmation des réceptions. Les échanges professionnels se faisaient également avec notre centre régional de Rennes, par téléphone et par télétypes. Nos collègues rennais nous jalousaient, car à cette époque ils connaissaient toujours les baraques comme hébergement provisoire. Le service de prévisions marines fut chamboulé à Brest-Guipavas après le départ en retraite des ingénieurs des travaux en poste dans ce service, les bulletins large sont élaborés par le service central c’est à dire par Toulouse. Cependant la combativité des personnels de Brest a contribué à maintenir la responsabilité des bulletins marines de la zone côtière de La Hague au littoral vendéen pour la zone des 20 milles. Ce sont donc des techniciens qui après une formation à la fois locale sous l’égide de Claude FONS, et nationale suivent donc une formation spécialisée dans le domaine prévisions marines. Les CDM adaptent les prévisions nationales terrestres à leur département ainsi que la zone rivage pour les départements littoraux. L’harmonisation des prévisions départementales se fait à l’échelle de la région, la numérisation a permis de fournir des prévisions par zone dans chaque département c’est le maillage SYMPOSIUM, ainsi pour le Finistère six zones terrestres ont été définies Léon côtier, Léon intérieur, les pointes du Finistère, les montagnes (Monts d’Arrée et Montagnes Noires), la Cornouaille côtière et la Cornouaille intérieure. Chaque zone doit disposée au minimum d’une station temps réel, ainsi pour chaque zone les prévisions de températures, de nébulosités, d’insolation, de rayonnement, d’humidité, de vents sont disponibles les sorties numériques concernées sont celles des météogrammes. Le service aéronautique, était chargé d’exploiter les messages d’observations (METAR) et de prévisions (TAF longue ou courte durée) ainsi que la panoplie des cartes TEMSI, Masse d’air, pilots, cartes d’altitude (vents direction et force, tropopause, isothermes, géopotentiels etc…) aux différents niveaux 850, 700, 500, 300 millibars). Il dressait des protections tant pour l’aviation commerciale des lignes régulières nationales et internationales, que pour l’aviation légère réalisant une coupe sur le trajet pour les VFR de l’aéroclub, la liaison régulière avec Ouessant, comme pour les aéronefs en En transit à Brest. Ce service fort intéressant sur le plan professionnel étant cependant épuisant sur le plan santé car la prise de service se faisait à 4 heures du matin pour s’achever vers 12h TU. Pour les données aéronautiques plus ponctuelles on pouvait interroger par télétype la base de données aéronautique via le MOTNE, ou demander les METAR et TAF en dehors des collectifs que nous étaient habituellement assignés. Les services de jour s’étalaient en général de 07h TU à 19h TU la cartographie, les prévisions marines et terrestres, les transmissions, l’observation surface, le radio sondage étant décalé, les services de nuit regroupés en observation surface, cartographie, transmission, et radiosondage prenaient à 19h TU pour finir à 07h TU le lendemain. Le rythme de nuits étant assez soutenu à plein effectif ce qui était assez rare une nuit sur quatre, une journée de récupération, puis une demi journée, puis une journée de 12 heures, et la nouvelle vacation de nuit le jour suivant. En cas de congés annuels pendant les mois d’été de mi-juin à mi-septembre, le rythme passait à une nuit sur trois, pour une durée hebdomadaire légale à 54 heures. Les heures de nuit étant abondées de 10% entre 21h TU et 06 TU, les samedis de 50% , les dimanches de 30% et les fériés de 100%. Le service administratif était comme pour la plus part des fonctionnaires à horaire fixe, horaire de bureau, le service maintenance travaillait essentiellement de jour. Le manque chronique d’effectifs à Brest-Guipavas a toujours été le soucis premier des différents chef de centre qui se sont succédés aussi le centre a connu de nombreuses manifestations locales qui débouchaient parfois sur des grèves locales déclenchées par le personnel réuni en assemblée générale. Si je réunis mes premiers souvenirs, donc en 1969 à l’observation surface, Paul LE MAGUER, Jo LE BIHAN, Jean PRIGENT, Henri LE SAOUT, Jean JACOLOT y faisait office de chef se service renforçant l’effectif en cas de besoin et assurant une partie de la climatologie. Ce service disposait des diagrammes mensuels de vent l’un pour la direction l’autre pour la force du vent moyen sur dix minutes, un cadran indiquait les rafales maximales instantanées, un télé- mètre nous permettait d’évaluer la hauteur des couches nuageuses les plus basses situées au dessus de l’appareil étant placé dans la zone d’approche donc en bout de piste, un baromètre à mercure type « tonnelot » pour la mesure de la pression atmosphérique, il fallait tenir compte de correction de température pour ramener la mesure à 0°C, de la correction d’altitude (altitude de la cuvette du baro), de la correction de latitude, correction fixe instrumentale et enfin de la correction de gravité. On chiffrait donc la pression à 0°C et ramenée au niveau zéro mètre au dessus du niveau moyen de la mer, en fonction de l’altitude officielle de la piste d’atterrissage on calculait le QNH, le QFU pour les besoins aéronautiques. L’abri grand modèle en bois situé dans le parc à instruments disposait d’un thermomètre à maxima (thermomètre à mercure) qu’il fallait frondé à la manière du thermomètre médical une fois confirmée la lecture du maximum de température, ce dernier s’inscrivant du jour J à 06h TU au jour J+1 à 06h TU ; d’un thermomètre à minima (à alcool) l’index donnant la lecture du minimum de température, ce dernier étant réamorcé en faisant accolé la colonne d’alcool et l’index une fois confirmée la lecture du minimum de température dans l’intervalle de temps jour J-1 à 18h TU jusqu’au jour J à 18h TU. Un barographe, un hygrographe à cheveux, un thermographe (bilame), une sonde de température (thermomètre sec) indiquait la température du moment, une sonde d’humidité indiquait l’hygrométrie du moment, ou un thermomètre à mercure dont le réservoir était en permanence humidifié par une mousseline donnait la température du thermomètre mouillé. La lecture de deux valeurs soit température de thermomètre sec et température du thermomètre mouillé permettait de calculer à la règle psychométrique la valeur de la température du point de rosée ainsi que l’humidité ou température de thermomètre sec et humidité permettaient de rétablir les valeurs de la température du thermomètre mouillé. Dans le parc lui-même donc à l’extérieur de l’abri bien sûr, l’héliographe Campbell exposé côté Sud, donnait les durées d’insolation quotidienne (changement tous les soirs au crépuscule par exemple). Le papier sensible brûlé par l’action du soleil sur la sphère de verre le papier placé sur la couronne sphérique à la distance focale de la loupe que constituait la sphère, trois rainures distinctes, une pour l’hiver soleil bas sur l’horizon, une autre pour l’été soleil haut sur l’horizon et une troisième pour les saisons intermédiaires printemps et automne. Le pluviomètre SPIEA et son éprouvette permettant de faire les mesures manuelles de hauteurs de précipitations, la planche à neige pour la hauteur de neige fraîche, et du cumul des hauteurs de neige, les thermomètres à minima à +10 cm et à +50 cm (qu’il fallait réamorcé) au dessus d’un sol gazonné, les sondes de températures dans le sol à –10,-20,-50 et –100 cm. L’entretien de l’abri se faisant tous les lundis un coup d’éponge, changements de diagrammes remonter le mécanisme d’horlogerie des différents enregistreurs, changement de la mousseline. Plus tard un pluviographe fit son apparition, le pluviomètre manuel SPIEA servant de contrôle à la télémesure de la pluviométrie. Toutes ses mesures ou télémesures alimentaient la base de données météorologiques et la base aéronautique internationale. Au fil des années, l’observation surface devient partiellement numérique, le système CAOBS est remplacé aujourd’hui par le système COBALT, les données alimentant en mode automatique les bases de données météorologiques et aéronautiques, seuls les paramètres concernant le temps sensible sont renseignés humainement par les observateurs, et beaucoup de centres ont fermé les vacations de nuit, pour ouvrir à 04h30 UTC jusqu’à 19hUTC. Seuls les centres situés sur des aéroports « importants » sont ouverts 24heures sur 24 et émettent des METAR semi-horaires, des TAF courtes et longues durées ainsi que tous les messages aéronautiques aggravation et d’amélioration. Mais il fallait compter sur les autres services présent sur la plate-forme aéroportuaire, tels que la Brigade de gendarmerie des Transports aériens qui venait nous rendre des visites de courtoisie durant le jour et pendant les vacations de nuit, le service des bagagistes et agents du terminal de l’aéroport, les collègues de l’aviation civile, (maintenance, administration et contrôleurs), les pompiers (électricien et agents de sécurité), tout ce petit monde formait une grande famille. Cette proximité géographique nous avait conduit à faire des sorties communes, impliquant les conjoints respectifs, mais la création d’équipes sportives, telle que le tennis corporatif. C’est avec nostalgie que chacun des acteurs regrette le cloisonnement des services actuels, modernité « oblige » probablement. Le secrétariat vers 1975 fut doté d’un personnel administratif, et ce fut la seule présence féminine du centre avant que l’ouverture des concours météorologiques soient accessibles aux femmes dans les corps techniques de la météorologie. Au secrétariat le personnel administratif se sont succédées, Annie JACOLOT, Anne-Marie CHAUSSIN, et Jocelyne actuellement en poste à Guipavas. Vers 1975, lors de la prospection pétrolière en Mer d’Iroise, la station de BrestGuipavas fut dotée, grâce à la diligence des « pétroliers », d’un récepteur photos satellite comme aide à la prévision et à la sécurité des équipages qui se relevaient en mer aux alentours du 10 ème degré de longitude Ouest. L’évolution de la Météorologie Nationale nous conduisit à être doté à Brest d’un radar précipitations « MELODI » de 10 cm de longueur d’onde, constituant ainsi une aide à la prévision immédiate en autre, la portée théorique de ce dernier étant de 400 km, dans la réalité elle ne dépasse guère 250 km. La numérisation du radar a doté nôtre chaîne nationale de renseignements météorologiques d’échos de pluies et leur positionnement géographique, d’animation car les images sont stockées tous les quinze minutes et d’une prévision à courte échéance permet d’évaluer l’arrivée ou la fin des zones pluvieuses. La réception régulière de photos satellite et la combinaison avec les radars précipitations, dans le contexte généralisé de numérisation des données météorologiques débouchaient sur l’incontournable « METEOTEL », le support informatique fut étendu à l’observation surface comme altitude, l’ère de la prévision numérique était inexorablement en marche. Un certain nombre de personnels brestois restait sceptique dans l’utilisation courante et quotidienne de cette panoplie du « tout numérique », aussi Brest connut l’ère du « tout informatique » et « du tout numérique » plus tardivement que certains autres centres. Anecdote, à l’arrivée de Claude FONS, un ingénieur des travaux en poste à Brest faisait la réflexion suivante : De deux choses l’une ce monsieur en parlant de nôtre nouveau chef de Centre, « il est doué ou bien c’est du pipeau » à propos de l’analyse ultra rapide que faisait Claude FONS au regard des sorties numériques affichées sur les panneaux de la salle prévi. Tous les services furent touchés par cette « révolution numérique », ainsi la climatologie que l’on considérait jusqu’à lors comme parent pauvre de la météorologie a connu un essor sans pareil, puisque l’informatique permit la synergie temps passé et temps présent dans l’élaboration de modèles numériques de prévisions. Dans le même temps on quittait définitivement la météorologie de « grandpapa » pour basculer dans l’aspect commercial le changement de statut et le passage en EPA (établissement public d’administration) sonnait la glas de la météorologie d’autrefois. Désormais plus rien ne sera comme avant, tant pour les personnels que pour les usagers. Nombreuses manifestations de météorologistes dénonçaient alors le recul notoire du service public de la « Météorologie Nationale » y compris par des actions de grève à répétition. L’arrivée de Claude FONS, fut aussi pour le Centre de Brest-Guipavas un regain de notoriété, dans le domaine de la voile et des assistances dans les différentes traversées de l’Atlantique, des tours du Monde en équipage ou en solitaire, que dans les tentatives de records en tout genre. Beaucoup de grands noms de la voile mondiale, sont passés à Guipavas, à une époque où le routage n’était pas autorisé in situ à bord des bateaux et où les moyens informatiques et de communications restaient relativement limités, les PC courses respectifs étaient en permanence en contact avec le Centre de Brest-Guipavas, et décidaient de concert avec le navigateur solitaire ou l’équipage la stratégie météo la mieux adaptée privilégiant la sécurité des hommes et des matériels. Les médias tant locaux, régionaux, voire nationaux s’invitaient volontiers pour parler des activités diverses du centre. Depuis sont nés des produits clés en main à destination du monde de la voile, tels que « NAVIMAIL » et permettent qu’il s’agisse de loisirs ou de compétitions, à partir d’un PC portable de recevoir toutes les infos cartes de vents par zone et ceci en routine tant le coût du matériel informatique est devenu quasiment accessible à tous. De cinquante quatre personnes, le centre n’en compte plus aujourd’hui que trente quatre. Numérisation et automatisation de certains moyens de production ont contri- bué à une forte baisse des effectifs. Mais il y a plus grave encore, les politiques ont décidé dans un cadre plus général la diminution du nombre de fonctionnaires, et les gestionnaires actuels tant à la direction de METEO-FRANCE que dans les régions en général, répercutent ce que j’appelle la casse l’outil METEOFRANCE, par la suppression des cinquante cinq centres, stations ou antennes météorologiques de diverses importances sur le territoire métropolitain au seul prétexte que la France doit se réformer, se moderniser.
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