EVALUATION de LECTURE – Mercredi 21 septembre 2011

Transcription

EVALUATION de LECTURE – Mercredi 21 septembre 2011
EVALUATION de LECTURE – Mercredi 21 septembre 2011 -­ Pistes de correction Attention, ce corrigé n’est pas entièrement rédigé I. Maupassant, Bel-­Ami : 1. Rédiger une présentation permettant de situer dans le roman l’extrait ci-­dessus. Madeleine Forestier, dont le mari, rédacteur en chef du journal La Vie française, est décédé, a épousé Georges Duroy : elle connaît celui-­‐ci depuis que son mari l’a engagé comme rédacteur car elle l’a aidé à rédiger son premier article. C’est elle aussi qui rédigeait ceux de son mari. Malgré les efforts de Duroy pour la faire renoncer à ce projet, elle a souhaité faire connaissance avec ses beaux-­‐parents, paysans normands, le soir même de son mariage. 2. Citer deux femmes du roman qui ne figurent pas dans l’extrait et expliquer leur rôle. — Mme de Marelle a été présentée à Duroy par Madeleine (quand Forestier était encore en vie) et devient sa maîtresse tout au long du roman, malgré quelques ruptures dues aux infidélités de celui-­‐ci. Femme du monde rendue très libre par les absences régulières de son mari, elle initie Georges à la vie parisienne et profite avec lui de tous les plaisirs qu’elle offre. — Suzanne Walter est la fille de M. Walter, patron richissime de La Vie française. C’est une jeune fille naive, très éprise de Georges dont elle croit être aimée en retour alors qu’il ne convoite que la fortune du père. — Mme Walter, femme de M. Walter, est une femme très dévote qui cède très difficilement à Georges Duroy quand il cherche à la séduire. Elle est ensuite totalement dévorée par les remords et sombre dans la démence avec l’enlèvement de sa fille par Duroy (seul moyen que celui-­‐ci ait trouvé pour épouser cette dernière), puis son mariage. — Rachel, prostituée qu’il rencontre aux Folies bergères, femme facile, vulgaire, représente un certain aspect de la société : le plaisir peut s’acheter. — Laurine, fille de Mme de Marelle, oscille entre fillette et femme : peu stimulée par l’image de sa mère, amorale, et de son père, faible, elle admire George Duroy et lui donne le surnom qui sera bientôt adopté par tous. Elle se montre plus touchée que sa mère pas ses trahisons… II. Lectures au choix : 1. Shakespeare, Roméo et Juliette  Quels sont les éléments comiques ? Quels sont les éléments tragiques ? Les éléments tragiques : — Le rang des personnages : deux familles nobles. — La présence du Chœur : tradition antique, prolepses, analepses, commentaires. (Par ex. Prologue, début de l’acte II, commentaire final du Prince, acte V, sc.3 : « Où sont ces ennemis ? — Montaigue ! —Capulet !! / Voyez quel fléau tombe sur votre haine/ Et comment par l’amour le Ciel tua vos joies ! / Et moi pour avoir fermé les yeux sur vos désordres / j’ai perdu deux parents : tous nous sommes frappés. […] Les uns sont pardonnés, d’autres seront punis / car jamais il n’y eut plus douloureux récit / Que celui de Roméo et de Juliette. ») — La fatalité et la mort : annoncées dès le Prologue : « Or dans le sein fatal de cs deux ennemis/ deux amants prennent vie sous une mauvaise étoile […] Les terribles moments de leur amour mortel », etc. Scène du balcon placée d’emblée sous le signe de la mort : « Les murs du jardin sont hauts , durs à franchir, / Et ce lieu est la mort, vu celui que tu es,/ Si l’un de mes parents ici te voit. […] S’ils te voient, ils te tueront. » Acte Iv sc .3, la scène du tombeau : « J’ai une frayeur froide/ Et vague, qui circule dans mes veines/ Et glace presque la chaleur de vie. », etc. Mort de Tybalt, mort de Mercutio, mort des amants. Les éléments comiques : — Le langage : cru et ironique chez Mercutio et la Nourrice. — Des situations : opposition d’âge et de clans, cf. par ex., scène avec la nourrice, acte II, 4 : « Roméo : Un bâtiment en vue ! Une voile, une voile !/Mercutio : « Deux, deux : une veste et un jupon ». La Nourrice : « Mon éventail, Peter ». — La présence du corps : besoins sexuels, acte II, 4 : « Car cet amour pleurnicheur est comme un grand idiot qui court en tirant la langue, pour cacher son joujou dans un trou. », infirmités (la nourrice). Quelques exemples de comique de mots : essentiellement lié aux scènes avec les valets. Par ex., Acte I scène 1, dialogue entre les valets de la maison Capulet, avec jeux de mots : « Samson : Je veux dire que si on nous met en colère, nous tirerons l’épée ! / Grégoire : « Hé oui, car dans la vie faut toujours se tirer des pieds. ». Jeu sur les noms aussi : acte I sc.5 : « Potasoupe » et « Mangetout ». Ou, quand la nourrice est présente, soit scène 3 de l’acte I : « Elle pouvait déjà courir, elle se dandinait partout ; / Même que le jour d’avant elle s’était cognée sur le front / et mon mari — que Dieu ait pitié de son âme, / c’était un homme gai — en relevant l’enfant:/ « Oui, qu’il dit, alors tu es tombée sur la figure ?/ Tu vas tomber sur le dos quand tu seras plus intelligente. » Présent aussi chez les nobles, en particulier chez Mercutio, qui incarne la dimension baroque et festive dans la pièce ; par exemple Acte I scène 4 : « Roméo : J’ai fait un rêve cette nuit/ Mercutio : « Et moi aussi. /R : Bien, quel était le vôtre ? / M : c’était que ceux qui restent sont souvent mis dedans. » 2. La Fontaine, Fables, Livre I  Présenter un animal à partir des fables que vous avez lues. • Le loup : « Le Loup et le Chien » : animal toujours affamé, mais libre de toutes contraintes ; il refuse la proposition du chien de vivre dans le confort et l’abondance, mais attaché. « Le Loup et l’Agneau » : animal cruel et sans aucun scrupule dans sa mauvaise foi ; il fait à l’agneau une apparence de procès pour finalement le dévorer. • Le renard : « Le Corbeau et le Renard » : animal fourbe et habile. Il flatte le corbeau pour lui prendre son fromage. « Le Renard et la Cigogne » : animal fourbe mais trompé à son tour. Il invite la cigogne et la sert dans une assiette, la cigogne l’invite et lui présente la nourriture au fond d’un vase. 3. Musset, Les Caprices de Marianne  Montrer en quoi les personnages d’Octave et Cœlio sont opposés et complémentaires. Ils sont opposés : Cœlio est sensible, passionné, prêt à mourir dès l’ouverture de la pièce, si Marianne ne répond pas à son amour. Octave s’affiche au contraire comme un libertin qui profite des plaisirs de la vie (le vin et les femmes). Il a la réplique facile : son langage est vif, enjoué, souvent imagé (cf. premières scènes, avec Cœlio ou Marianne). Cependant, sous le cynisme de ce dernier, apparaît une grande sensibilité (dans ses rapports avec sa mère, avec Cœlio, par ex.) et une certaine mélancolie, un mal-­‐être, qui rejoint celui de Cœlio : leurs comportements antithétiques constituent en quelque sorte les deux attitudes possibles face à ce malaise qui est celui de la jeunesse romantique. 4. Tourgueniev, Premier Amour  En quoi le roman apparaît-­il comme un roman d'apprentissage ? Un regard rétrospectif : le narrateur raconte son aventure environ vingt-­‐cinq ans après l’avoir vécue, et il l’écrit avant de la lire en public (mise en abyme). Il en tire une morale à la fin : « Rien ne peut t’émouvoir, ô jeunesse ! Tu sembles posséder tous les trésors de la terre ; la tristesse elle-­‐même te fait sourire, la douleur te va bien. Tu es sûre de toi-­‐même et, dans ta témérité, tu clames : « Voyez, moi seule suis vivante ! » ; « Moi par exemple… qu’espérais-­‐je, qu’attendais-­‐je, quel avenir rayonnant prévoyais-­‐je quand je n’accordais qu’un soupir mélancolique au fantôme de mon premier amour, ressuscité l’espace d’un instant ! » Cela modifie son regard sur la vie : après avoir « manqué » la mort et l’enterrement de Zinaïda, il assiste à l’agonie d’une vieille femme plongée dans la misère. Un apprentissage de l’amour : le coup de foudre : « Mon fusil glissa dans l’herbe ; j’avais tout oublié et dévorais des yeux cette taille svelte, ce cou mince, ces jolies mains, ces cheveux blonds légèrement ébouriffés sous le fichu blanc, cet œil intelligent à moitié clos, ces cils et cette joue veloutée… » ; « Ma « passion » date de ce jour là. Je me souviens d’avoir éprouvé un sentiment fort analogue à ce que doit vivre un homme qui vient d’obtenir son premier emploi : je n’étais plus un jeune garçon, j’étais amoureux. » […] je pourrais ajouter qu’il en est de même pour ma souffrance. Apprentissage de la jalousie : « J’étais sur le point de voir rouge toutes les fois que Malevsky s’approchait d’elle de son allure de renard rusé, s’appuyait avec grâce sur le dossier de sa chaise et lui parlait à l’oreille avec un sourire prétentieux ;[..] » Un apprentissage social : le mensonge à propos du précepteur : « Je mentais grossièrement : un mois à peine s’était écoulé depuis le départ du Français. « Oh ! mais alors vous êtes tout à fait une grande personne ! » ; « tout cela produisit sur moi une impression considérable, d’autant plus que j’avais reçu une éducation très stricte, isolé des autres, dans une maison de grands seigneurs très collet monté. » ; « après cela je feignis exprès d’être dans les nuages ». Apprentissage psychologique : la complexité des relations entre hommes et femmes : « Fait étrange, je n’éprouvais aucun ressentiment à l’égard de mon père ; au contraire, on aurait dit qu’il avait encore grandi à mes yeux. Je laisse aux psychologues le soin d’expliquer ce paradoxe — s’ils le peuvent. » 5 . Boris Vian, L’Arrache-­cœur  Quelles différences y a-­t-­il entre notre monde et celui décrit par Boris Vian ? • Le monde du roman est fantastique : o Les animaux semblent capables de penser (le cheval fait un signe de tête pour dire que le fer est bien placé, le chat parle), sont autonomes (la chèvre et le cochon font du stop, montent en voiture et rentrent chez eux). Les enfants volent. o Les dates sont fantaisistes : « 39 juinout ». o Le vocabulaire parfois fait de néologismes : « « Je ne bâille personne », maréchala le ferrant », « « Ton patron n’est pas là. », dit positivement Jacquemort », « « Pas là », contrôla le jeune »… • Le monde du roman est particulièrement violent : o Les vieillards font l’objet d’une vente aux enchères et sont maltraités, sans que personne n’y trouve à redire. o Les enfants travaillent jusqu’à mourir d’épuisement (chez le menuisier). o Un cheval est crucifié. • Le mot « honte » est un mot banni (le prononcer provoque une réaction violente) : un homme (sur le fleuve, dans une barque, il ramasse les ordures que lui jettent les autres) se charge de porter la honte de tous les autres. •
Le rapport à la religion est très matérialiste : les gens viennent chercher la pluie à l’église, le curé ne veut pas que la religion ne soit qu’utilitaire (cf. chant appris par le curé aux enfants), mais finalement, il pleut. 6. Barjavel, La Nuit des Temps  Expliquer le titre du roman. Une équipe de spécialistes en mission sur le continent antarctique découvrent, dans un bloc d’or pur, les restes d’une civilisation ancienne : un homme et une femme, maintenus en vie à -­‐272 degrés, dans la glace, avec le nécessaire pour survivre et recréer leur peuple (machine produisant de la nourriture, vêtements, appareil pour transmettre des images intérieures, arme puissante et sophistiquée). La femme, Eléa, est ranimée et renseigne les spécialistes sur son monde : elle a été choisie pour sa beauté, son caractère et sa vigueur, l’homme, pour ses connaissances scientifiques (ce qu’elle ne sait pas, c’est que l’homme retrouvé avec elle n’est pas celui qu’elle croit…). Leur monde était en passe d’être détruit dans une guerre et il s’agissait d’assurer la survie de leur peuple. Ils pensaient cependant n’être endormis que pour une courte durée, mais un phénomène géologique a transformé la configuration de la terre, ainsi ces êtres sont survivants d’une civilisation vieille de neuf cent mille ans… ce qui, à l’échelle humaine, peut être considéré comme la « nuit des temps ». 7. Romain Gary, La Vie devant soi  Qu’apporte Momo à Madame Rosa ? Qu’apporte Madame Rosa à Momo ? — Madame Rosa apporte à Momo un foyer (même si celui-­‐ci est très atypique), l’amour maternel dont il a été privé et, finalement, une protection par rapport à son père. Elle lui apprend aussi, par son exemple, à prendre soin des personnes marginales et isolées et à respecter les différences. — Momo apporte un amour filial à Madame Rosa qui n’a pas eu d’enfant, une présence et une aide constante dans son dévouement aux autres enfants. Surtout, il s’occupe d’elle avec tendresse à la fin de sa vie, alors qu’elle est très diminuée, et empêche qu’elle soit conduite à l’hopital et voie sa vie prolongée artificiellement. 8. Daeninckx, Cannibale  Quelle(s) leçon(s) peut-­on tirer de ce roman ? — Une remise en question de la colonisation et de la civilisation occidentales : les occidentaux s’approprient les terres des indigènes, et surtout ils les traitent comme des animaux : « A Paris, il ne subsistait rien des engagements qu’avait pris l’adjoint du gouverneur de Nouméa. Nous n’avons pas eu droit au repos ni visité la ville. » « On nous jetait du pain, des bananes, des cacahouètes, des caramels…Des cailloux aussi. […] toutes les cinq minutes l’un des nôtres devait s’approcher pour pousser un grand cri, en montrant les dents, pour impressionner les badauds. » Les barbares sont les occidentaux, pas les colonisés. Donc renversement. — L’ingratitude des occidentaux : apport des populations colonisées dans la guerre de 14-­‐18 souligné à plusieurs reprises : « Il a rendu hommages à nos pères, à nos oncles, qui étaient allés sauver la mère patrie d’adoption, pendant la Grande Guerre, avant de nous annoncer que nous partirions dès le lendemain pour l’Europe. » (l’adjoint du gouverneur à Nouméa). Fofana : « On a un peu la même couleur, bien que vous ne veniez pas d’Afrique, et quand des Noirs sont poursuivis par des policiers, je ne sais pas pourquoi, je suis du côté des Noirs…Moi je suis sénégalais. Je suis né en Casamance. Presque tous les jeunes de mon village sont morts à Verdun. A cause des gaz…Les soldats blancs ne voulaient plus monter à l’assaut et c’est à nous, les tirailleurs des troupes coloniales, que le général a demandé de sauver la France. » etc. — Une leçon de résistance : la fuite du héros à la recherche de sa fiancée, l’aide apportée par Fofana et Caroz : « Vous n’avez pas le droit de tirer sur un homme désarmé, sans défense. J’ignore ce qu’il a fait, mais ça s’appelle un assassinat. » — Une leçon de tolérance : tous les hommes sont égaux et éprouvent les mêmes émotions, quelle que soit leur couleur de peau et leur histoire. — Un questionnement sur l’humanité : qu’est-­‐ce qu’être un homme ? Cf. épigraphe : « De quel droit mettez-­‐
vous des oiseaux dans des cages ? / De quel droit ôtez-­‐vous ces chanteurs aux bocages,/ Aux source, à l’aurore, à la nuée, aux vents ? / De quel droit volez-­‐vous la vie à ces vivants ? » V.Hugo. 9. E. Carrère, La Classe de Neige  Quels sont les indices qui annoncent le drame ? — Pressentiment de Nicolas (fin du chapitre 3) confirmé par l’oubli du sac de voyage dans le coffre de son père. — Plaisanterie de Hodkann à propos du matériel que le père de Nicolas transporte dans son coffre (il suggère que le père pourrait lui couper un membre pour sa démonstration de prothèse) (chapitre 5). — Récit du père à propos du danger que peut courir le petit frère si on le confie à un étranger : vol d’organe (chapitre 6). Rêve de Nicolas à ce propos (chapitre 13). Imagination de Nicolas sur ce sujet à propos de Hodkann (fin du chapitre 8). — Comportement bizarre du père et geste rude vis-­‐à-­‐vis de son fils (chapitre 7). — Silence du père qui devrait avoir vu le sac dans la voiture, impossibilité pour la mère de le joindre (chapitre 9). — Vision des phares d’une voiture lors de sa fugue (chapitre 15). — Déménagement brutal et mystérieux, en l’absence du père (chapitre 24), après plusieurs jours d’enfermement dans la maison, volets clos. A partir de cette date, la mère renonce à la prière du soir avec ses enfants (chapitre 21).