Une liaison contemporaine

Transcription

Une liaison contemporaine
Une liaison contemporaine
Conception et mise en œuvre # Carole Thibaut
en collaboration avec le collectif InVivo
fragments de discours amoureux
Création au festival des Bains Numériques - Centre des Arts d'Enghien # 14 et 15 juin 2014
Reprise à La Panacée – centre de culture contemporaine de Montpellier # Festival Tropismes # mars 2015 / au Phénix –
Scène Nationale de Valenciennes # automne 2015 / au Théâtre du Nord – Centre Dramatique National de Lille # 2016
(… Tournée en construction)
Avec le soutien et en partenariat avec
Le Centre des Arts – Enghien / La Panacée – Centre de culture contemporaine de Montpellier / Le Phénix – Scène Nationale de Valenciennes / Le Théâtre
du Nord – CDN de Lille / La Chartreuse – Centre National des Ecritures du Spectacle / L'Ensatt – Lyon / Fabrique artistique de Ville Evrard – Cie vertical
Détour / Confluences – Paris / Avec la participation du DICRéAM (aides au développement et à la création )
Production # Compagnie Sambre
06 42 78 48 40 / [email protected] / www.compagniesambre.org
Direction artistique Carole Thibaut / Administration–Production Flore Lepastourel / Diffusion–Production Claire Dupont
06 42 78 48 40 / [email protected] / www.compagniesambre.org
La Compagnie Sambre est en convention avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Ile-de-France - Ministère de la Culture et de la Communication, avec le Conseil Régional
d’Ile-de-France dans le cadre de la permanence artistique et culturelle, et soutenue par le Conseil Général du Val d’Oise.
La Compagnie Sambre est en convention avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Ile-de-France - Ministère de la Culture et de la Communication, avec le Conseil Régional d’Ile-de-France dans le cadre de
la permanence artistique et culturelle, et soutenue par le Conseil Général du Val d’Oise.
Sommaire
Dossier artistique :
- En préambule
- Processus de création
- Les différents fils narratifs
- Notes sur les "matériaux d'écriture"
- Le cheminement du/de la spectateur/trice
- Le dispositif technique
- Conditions tarifaires et techniques
- Prolongements
- Textes
Fil Mails (début)
Nouvelle (moitié)
Fil SMS (début)
- CV Equipe
Carole Thibaut – conception & direction artistique
Collectif InVivo – création technique
Philippe Ménard – chorégraphie danse vidéo
- Présentation Cie
- Extraits Presse Cie
- Contacts
En préambule
Ce projet, fait appel à la fois à des processus d'écriture théâtrale et
d'installation immersive.
A travers l'histoire d'une relation amoureuse, il explore différents
modes de narration, par le biais des nouveaux médias (SMS,
mails), de différents genres littéraires (épistolaire, romanesque,
dialogue), de différentes formes d'écritures scéniques (texte dit,
projeté, création sonore, création vidéo, danse). Chaque vecteur
de narration apporte un éclairage singulier et donne une vision
différente de l'histoire.
Une Liaison contemporaine met en jeu une relation amoureuse
d'aujourd'hui, à travers différentes formes d'écritures textuelles et
non textuelles : écritures dramatiques (dialogues ou monologues)
réinventées à partir des modes de communication d'aujourd'hui
(SMS et mails) et écriture romanesque (une nouvelle) ; écriture
sonore et écriture d'images, composées d'une sorte de mémoire
collective amoureuse; et enfin une écriture chorégraphique.
Il s'agit autant de questionner la relation amoureuse que d'explorer
les relations possibles entre la scène, les nouveaux médias et les
outils technologiques, en abordant ceux-ci comme de nouvelles
formes possibles d'écriture théâtrale, induisant des points de vue
et des axes de narration singuliers et nouveaux.
SMS, mails, messages, images. A son entrée dans le dispositif, le
spectateur se verra offrir le livre de la nouvelle, récit lui-même
éclaté de la relation amoureuse. Chaque vecteur de narration, s'il
apporte un éclairage singulier et des clefs permettant de
compléter l'histoire, la complexifie aussi en la fragmentant encore,
à l'infini. Comme autant de points de vue portés sur une histoire
dont on peut se demander au final si elle n'est pas pure
fantasmagorie… question qui traverse toute histoire amoureuse.
Une Liaison contemporaine est une plongée dans une
expérience sensible et un univers narratif non linéaire.
L'objectif est de recréer un environnement mental immersif, un
univers virtuel et sensoriel, où surgiront de l'obscurité et de la
brume, des mots, des personnages, des images, des sons,
traduction de ce nouveau langage à multiples facettes et
contenus, qui tisse une relation singulière entre deux êtres à
travers les différents médias qui les relient.
Les médias et autres vecteurs de l'histoire sont ici porteurs des
traces de l'histoire, révélateurs de la fantasmagorie amoureuse. Ils
permettent d'éclairer la perte de soi-même et de l'autre dans la
folie amoureuse, cette fragmentation du discours explorée
malicieusement par Barthes. On peut d'ailleurs se demander ce
que Barthes aurait écrit de ces fragments amoureux s'il avait
connu la liaison syncopée générée par ces nouveaux médias
amoureux…
Une des questions que pose le projet est la façon d'écrire et de
"mettre en scène" ces échanges, en inventant à partir d'eux un
langage théâtral en soi, l'objectif étant d'écrire une œuvre théâtrale
à partir de ces moyens d'expression et dialogues générés par ces
nouveaux modes de communication.
On interrogera entre autres ainsi la façon dont les nouveaux
média transforment notre rapport à l'autre et à nous-mêmes,
notre rapport au monde, et jusqu'à nos identités les plus
intimes.
Nous travaillons ainsi autour d'une pièce théâtrale et numérique
immersive qui tende à développer les correspondances, les
dialogues, comme une écriture à multiples facettes et
vocabulaires.
Une Liaison contemporaine raconte cette impossibilité de
saisir une réalité dans son entier, et de pouvoir contenir et
enfermer toute la complexité d'une relation humaine,
notamment amoureuse, dans un seul récit ou point de vue.
Il s'agit d'envisager cette pièce comme un puzzle narratif : Les
différents vecteurs de narration se mêlent, et le spectateur peut ici
choisir de suivre chaque fil séparément pour entendre l'histoire à
travers chacun de ses déroulés, tentant ainsi de l'embrasser dans
sa totalité (si tant est que cela soit possible dans une histoire
amoureuse) ou bien de se laisser porter par l'ensemble. Les
bruissements et sensations de cette histoire amoureuse, tissée de
ces bribes de dialogues, de mots, de messages, sont autant de
traces de cette relation.
Le fil central dessine un monde bien réel et pourtant virtuel, un
monde à part, possédant sa réalité singulière, un éther moderne,
un espace-temps singulier, espace mental proche parfois de la
folie : le monde de l'amoureux.
Il s'agit de raconter cette relation amoureuse singulière sur un peu
plus d'une année. 777 jours et nuits exactement, au rythme des fils
Processus de création
Ce qui nous intéresse c'est d'interroger la façon dont, non seulement les rapports sociaux, mais également nos relations affectives, nos
représentations intimes de nous-mêmes et de l'autre, évoluent à travers la modification et la multiplication de ces nouveaux réseaux et
canaux de relations. Ce champ de recherche fait l'objet d'études assez récentes de la part de laboratoires universitaires.
Il apparaît ainsi dans une étude statistique menée à l'université de Montpellier autour des sms (*) qu'une des
premières occurrences d'assemblage de mots dans ce média est "Je t'aime"…
Nous travaillons autour d'un objet immersif qui tende à développer les correspondances, les dialogues, comme une écriture de
théâtre à multiples facettes et médias. La présence physique "humaine" n'y sera qu'une projection irréelle, virtuelle et ponctuelle. Nous
souhaitons développer cette présence-absence, absence physique mais présence (obsession) affective et mentale : présence
fantomatique, donnée à travers la fumée, le miroir sans teint, des projections vidéo floues et immatérielles.
Dans Une Liaison contemporaine, la technologie doit disparaitre au profit d'une expérience sensible et d'un univers narratif non
linéaire. L'objectif n'est pas au bout du compte de faire une performance technologique mais de recréer un environnement virtuel et
mental qui soit totalement immersif. Si ce dispositif s'annonce complexe technologiquement (interaction directe, synchronismes divers, cf.
ci-après) il doit au final apparaitre comme un univers virtuel et sensoriel en soi, un univers où surgiront de l'obscurité, des mots, des
hologrammes, des images, des sons, traduction de ce nouveau langage à multiples facettes et contenus qui tisse une relation et histoire
singulière entre deux êtres à travers les différents médias qui les relient.
Il s'agit ici d'entremêler le champ de l'expérimentation technologique à celui de l'écriture, afin de tenter d'inventer une forme
d'écriture théâtrale singulière et multiple. Ici donc, l'expérimentation technique et l'écriture sont indissociablement mêlées depuis
plus d'un an, l'expérimentation interrogeant la forme même de l'écriture. Celle-ci ne peut donc pré-exister mais doit au contraire se
réfléchir et s'inventer au fur et à mesure de l'expérimentation au plateau, ce qui implique que les temps d'immersion technique alternent
avec les temps de réflexion, de conception et d'écriture. C'est ainsi que se sont articulés les temps de recherche tout au long de l'année
2013 à la Fabrique artistique de Ville Evrard, au Centre National des Ecritures du Spectacle à La Chartreuse de Villeneuve les Avignon, à
Confluences, et les temps de réalisation, à partir de février 2014, au Centre des Arts d'Enghien, à Confluences et à l'ENSATT (Lyon).
En 2013, nous avons mené, en plus du travail d'écriture et de conception, quatre sessions d'expérimentation, afin d'interroger le rapport
entre texte écrit /lu et texte dit/oral, projection vidéo, jeu et son, mode d'expression théâtrale des sms et des mails, évolution de la
chronologie, …. Elles nous ont permis de déterminer les différents vecteurs narratifs et les différents modes d'écritures, de commencer à
écrire le tableau chronologique de la relation amoureuse.
Après l'année 2013, consacrée à la recherche et au développement autour du projet, l'année 2014 est consacré à la réalisation du
projet, à travers 5 semaines de résidence de travail :
> 1 semaine à l'ENSATT à Lyon en février (qui donne lieu à trois premières ouvertures professionnelles de travail les 27, 28 février à
l'Ensatt à Paris et 8 mars à Paris à Confluences),
> 2 semaines en avril et 2 semaines en juin au centre des arts d'Enghien.
Ces 5 semaines aboutiront à la création les 14 et 15 juin au Centre des arts d'Enghien dans le cadre du Festival des Bains Numériques.
Le spectacle sera ensuite repris au cours des deux saisons suivantes, d'ores et déjà programmé 5 jours à La Panacée à Montpellier en
mars 2015 et ensuite à l'automne 2015 au Phénix, Scène Nationale de Valenciennes (co-producteurs – cessions confirmées).
La tournée est en cours de construction.
(*) 93 085 sms authentiques recueillis auprès du grand public entre le 15 septembre et le 15 décembre 2011, soit 13 semaines dans le cadre de sud4science
LR ; 88 683 sms après épuration (doublons, messages publicitaires, etc.), 424 donateurs définitifs (509 inscrits au départ), 13,75 mots par sms en moyenne.
Corpus au total : 1 219 771 mots, 5 984 306 caractères avec espaces, 4 858 902 caractères sans espaces. Sur les 30 000 binettes/smileys utilisés, seuls 1 %
sont des smileys "graphiques".+ 60% de femmes. 80 % de moins de 30 ans
Pour les mots les plus fréquents du corpus, on a d'abord :
1) « je » (est utilisé 36 153 fois) ; c'est le mot simple (1-gram) le plus fréquent du corpus
2) « c est » (sans guillemets, utilisé 12 401 fois), (c'est la suite 2-gram, avec l'espace entre deux suites de caractères « c » puis « est » la plus fréquent)
3) « je t aime » (toujours sans guillemets, utilisé 3 110 fois) (c'est la suite 3-gram, avec deux espaces « je », « t », « aime » la plus fréquente).
Eléments communiqués par Rachel Panckhurst dans le cadre du corpus sud4science LR (Panckhurst, Rachel; Catherine Détrie; Cédric Lopez; Claudine
Moïse; Mathieu Roche; Bertrand Verine. 2013). A corpus of 88,683 authentic text messages in French. (à paraître en ligne).
Les différents fils narratifs
Il s'agit d'écrire, par le biais de différentes formes d'écritures, différents fils narratifs d'une même histoire, suivant et
s'entrelaçant tous autour d'un même fil chronologique. Ces fils se déroulent aussi bien oralement que par les images, les sons,
les corps ou par projections de textes.
(Ainsi l'étreinte, qui est un des thèmes centraux récurrents (et obsessionnel) des fils mail, sms et de la nouvelle, fera l'objet
d'une écriture chorégraphique avec deux danseurs et aura son existence propre.)
> un fil sms, reprenant chronologiquement l'ensemble des échanges sur ce mode, à la manière d'une nouvelle forme de dialogue
amoureux entre écrit et parlé. Ce fil est projeté visuellement au fur et à meure de son déroulé, dans l'espace. Il est le fil d'Ariane que suit le
spectateur à travers l'histoire et l'espace. Il est également entendu dans des combinés de téléphone disposés autour d'une table haute sur
laquelle est projetée une vidéo de mains.
> un fil mails, reprenant chronologiquement les mails d'une seule voix, à la manière d'un monologue amoureux fragmenté. Ce fil est
murmuré à l'oreille du spectateur puis envoyé à son adresse mail sur un temps de 777 heures (environ un mois, correspondant à la durée
de la relation de 777 jours et nuits ) après sa sortie du spectacle.
> une nouvelle, éditée et offerte sous la forme d'un livre à chaque spectateur à sa sortie de l'installation. Elle est également "racontée "
oralement au-à la spectateur–trice durant l'immersion. Si elle éclaire l'histoire encore sous un autre jour et en donne une version
complémentaire, loin de la synthétiser, elle la complexifie encore tout en délivrant certaines clefs.
> Un fil son et un fil images composés de fragments issus de notre mémoire collective amoureuse, qui suivent les variations de l'histoire
amoureuse, à partir de musiques, chansons populaires, œuvres classiques ou savantes, extraits de films (notamment "Brève rencontre"
qui est une des œuvres conductrices de l'installation), fragments d'œuvres picturales, extraits de dessins animés, …, tout ce qui peut
constituer la mémoire des référents amoureux de nos deux personnages.
Notes sur les matériaux d'écritures
Fragments d'un discours amoureux de Barthes, La modification de Butor et le film Brève rencontre de David Lean, sont les trois
œuvres qui servent de fil à cette histoire et à ces écritures. On les retrouve de façon parcellaire dans les fils sons et images (pour
Brève rencontre), dans la nouvelle qui est entremêlée de retraversées du roman de Butor, dans le fil mails qui est bâti autour et à partir
de Fragments de discours amoureux.
Le train qui est l'élément central de La modification et de Brève rencontre, est ici élément récurent et lien. On le retrouve à tous les
niveaux de narration (images, sons, SMS, mails, nouvelle).Il symbolise les liens, vecteurs entre les personnages, il est porteur des
séparations, des éloignements, des retrouvailles, des rapprochements, de la vitesse, des croisements. Il symbolise le voyage intérieur, le
voyageur immobile que devient l'amoureux, le temps qui file et en même temps une forme d'arrêt du temps, l'enfermement dans la relation
alors que le paysage de la réalité défile à l'extérieur, la question omniprésente quoique souterraine de la direction et de l'aboutissement de
cette histoire.
La modification et Brève rencontre ont inspiré l'histoire elle-même : le train, la liaison parallèle, la question de l'avenir, de ce qu'il faut
quitter ou non, le conjoint, la destination, la réminiscence, le souvenir, la fragilité voire l'impression d'irréalité de la relation, la lente et
imperceptible modification interne des personnages jusqu'à la décision finale, similaire à celle du roman.
Fragments de discours amoureux a nourri la réflexion de fond sur le sentiment amoureux, l'écriture en cercles concentriques, la
structure même de la pièce, la multiplication des vecteurs dont aucun seul ne peut contenir l'histoire, la notion de fragmentation des
identités, des récits, des ressentis, la notion d'indicible.
Le fil SMS est écrit en partie à partir de collectages de SMS amoureux. Le SMS induit une forme d'écriture nouvelle, faisant appel à
des genres très divers voire antinomiques : dialogues, petits monologues, oralité, poésies japonaises, post-it, quotidien-utilitaire, … le
collectage de SMS était utile pour tenter de rendre au plus juste cette écriture spécifique. A noter que je n'ai pas cherché ici à reproduire la
langue SMS avec Smiley et abréviations utilisée par les plus jeunes, celle-ci ne correspondant pas aux deux protagonistes, ni par l'âge, ni
par le milieu. Ce qui m'intéresse avant tout ici est la vertu d'écriture poétique que peut générer parfois en fulgurances le langage SMS,
notamment dans sa brièveté.
Les mails font référence à des œuvres épistolaires amoureuses réelles (Les lettres à Madeleine d'Apollinaire, Les
correspondances de Sand et Musset par exemple) ou fictives (Les liaisons dangereuses de Laclos / Lettre d'une inconnue de
Sweig). Elles sont directement inspirées par Fragments d'un discours amoureux de Barthes, dans ce qu'elles interrogent, de façon
quasi obsessionnelle, de la passion amoureuse, de l'impossibilité à dire ou à écrire ce sentiment. Elles sont adressées mais tournent sur
elles-mêmes constamment et constituent un monologue à part entière. J'ai choisi de ne pas écrire les réponses de Lui, afin de garder la
forme du monologue dans cette construction elliptique (faisant pendant à la forme dialoguée de l'échange SMS).
Les fils écrits à partir des référents amoureux collectifs sont scénarisés de façon précise avec des images et des sons qui font
références, même lointaines, même de façons surréalistes ou comiques, aux évènements traversés, émotions, et stades de la relation.
Nous avons ainsi procédé à une collecte d'images, de sons, de musiques, de chansons, de photos, d'extraits de films qui font référents
dans le domaine amoureux. Après avoir choisi parmi cela les matériaux qui peuvent s'accorder avec nos personnages, nous les utilisons
comme un vocabulaire et un langage afin de leur faire raconter de façon suggestive et parfois même abstraite l'histoire à leur
manière. Comme une plongée dans l'inconscient-même des personnages.
Le cheminement du/de la spectateur/trice
L'espace de la relation amoureuse est un espace fermé, pouvant accueillir une dizaine de spectateur/trice/s. Ceux/celles-ci peuvent y
rester de quelques minutes à plusieurs heures selon qu'ils/elles choisissent d'y suivre chaque fil de l'histoire amoureuse dans leur entier ou
bien de traverser la relation amoureuse de façon beaucoup plus légère. Au fur et à mesure que les spectateurs/trices sortent de l'espace
amoureux d'autres peuvent y entrer et leur succéder.
Le/la spectateur/trice est accueilli à son arrivée. Il lui est demandé son mail et il est ensuite conduit dans un lieu où il attendra son tour
pour entrer dans l'espace amoureux. Dans ce lieu d'attente sont mis à sa disposition des livres, magasines, images et sons traitant de
l'état amoureux, à travers les approches les plus variées, des plus savantes aux plus vulgaires. Le/la spectateur/trice se verra offrir une
boisson et quelques friandises.
Dans cet espace défilent sur le mur, projetés depuis un téléphone, des messages amoureux envoyés à ce téléphone par celles et
ceux qui le désirent. Une pancarte, indiquant le numéro du téléphone, y invite le ou la spectateur/trice en attente ici.
Lui est offert un livre qui s'intitule Une Liaison contemporaine et c'est le livre qui contient la nouvelle de l'histoire que vous avez
entendue, par bribes ou entièrement, dans l'installation.
Il/elle est ensuite conduit/e à l'entrée de l'espace amoureux.
Il/elle pénètre dans un espace labyrinthe.
Sur les parois, transparentes (plexi), sont projetées des images, des bribes de textes. Ces images se répercutent et se
superposent les unes avec les autres. Le fil SMS se retrouve partout, se tissant en projection comme un fil d'Ariane qui conduit
le spectateur dans ce labyrinthe amoureux.
Différents espaces se découvrent au détour des parois, par exemple
- comme l'espace du train, où le spectateur est immergé, assis comme dans un train, devant une fenêtre où défilent des paysages. Ici à
son oreille, la nouvelle est portée par la voix de l'homme
- ou un espace obscur, éclairé seulement par le fil sms, où il est invité à s'allonger. Ici à son oreille la voix de la femme lui adresse les
mails
Ici, des voix s'entremêlent à des sons, des rythmes
Il/elle y reconnaît une pulsation cardiaque, avant de se rendre compte qu'il s'agit du son d'un train filant à toute allure.
Plus tard il/elle se rendra compte que les pulsations qui accompagnent l'image du défilé des caténaires le long de la voie, vu de la fenêtre
du train, correspondent aux bips de réception des sms qui viennent s'inscrire au fur et à mesure dans l'espace, leur fil, projeté, entourant
peu à peu l'espace.
Il/elle y reconnaît parfois un air de chanson, quelques notes de musiques, une mesure d'opéra, rejoués dans une autre
tonalité, sifflotés, réinterprétés sur un autre ton, comme un petit refrain obsédant et qu'on ne parvient plus à nommer, mais qu'on reconnaît
quand même, comme un ressac émotionnel.
Il/elle y entend des morceaux de messages, des bribes de dialogues amoureux, et se rend compte au fur et à mesure que
ces mots plus ou moins lointains et audibles reprennent parfois des morceaux de ce fil sms qui s'inscrit devant lui, dont la plus grande part
s'évanouit aussitôt après et dont certaines parties parfois subsistent comme la mémoire d'un mot, d'une phrase, peut s'inscrire plus
fortement dans notre mémoire.
Ces mots entendus sont aussi parfois des morceaux de supplications, des soliloques obsessionnels, des déclarations infinies,
des jouissances murmurées à l'oreille par la voix des acteurs.
Parfois des silences où tout semble se suspendre. Où l'espace entier semble cesser de respirer. Où le fil de sms lui-même
s'interrompt durant un très long blanc. Ce sont les jours où la relation s'interrompt. Et puis tout reprend soudain.
Ici, aussi, des images et du texte projeté s'entremêlent à des extraits de films, et une vidéo d'un train, et à l'image d'une étreinte
infiniment lente, selon les espaces et la superposition des images par le jeu des parois transparentes ou semi-transparentes.
Le fil sms projeté reprend l'intégralité des sms échangés par les amoureux sur les 777 jours et nuits que dure la relation.
Chaque sms est précédé comme dans la réalité de la date et de l'heure de son émission. La variation de l'espace entre chaque sms
marque la variation du temps écoulé entre chaque sms. L'attente. L'espoir. Le manque. Le relâchement de la relation. La tension
amoureuse. Le désir. La colère. Etc. Ces espaces sont très précisément calibrés en mesures-temps, permettant de rendre compte du
nombre d'heures et de jours qui séparent deux messages. Sans donner les mesures précises de temps à voir aux spectateur/trices, ils
permettent de créer une sorte de carte chronologique de la relation.
Sur un autre pan de l'espace, et parfois entremêlé à celui des sms, des images de films, des bribes de scènes, des
parcelles de tableaux ou de photos racontent de façon indirecte, parfois naïve, parfois abstraite ou parfois figurative, les différentes
étapes émotionnelles de la relation amoureuse, avec comme fil conducteur principal et récurent des extraits du film "Brève rencontre",
seule œuvre à être projetée, en extraits, dans sa chronologie, qui suit de façon indirecte, la chronologie de notre histoire amoureuse ici.
Comme si les deux amoureux de notre histoire y puisaient leur propre imagerie amoureuse, ou s'en nourrissaient émotionnellement. Mais
s'y retrouvent aussi par exemple la scène des baisers qui clôt le film Cinéma Paradisio (qui vient faire écho au baiser de l'une de leur
retrouvaille), ou le slow de La boom 1, car le monde de l'amoureux est aussi bête que magnifique, ou le baiser de La belle au bois dormant
de Disney ou celui de La belle et le clochard au dessus d'un plat de spaghetti car le monde de l'amoureux se moque des référents
intelligents.
Et au centre du labyrinthe, infiniment lentement, dans un geste infiniment répété, un couple de danseurs (projection
vidéo) s'enlace à l'infini, s'enlace et se délace. Racontant à travers ce geste dansé chorégraphié la première étreinte, l'obsession
répétée de la première étreinte, qui sert de ligne narrative également à toute la nouvelle, revient régulièrement dans le monologue des
mails et ponctuellement dans les sms.
Enfin une fenêtre de train (fenêtre vidéo), évoque les paysages quasiment abstraits de la réalité qui défile à l'extérieur
du train et qui rythme, notamment par le défilé des caténaires, la relation elle-même.
(Le train ici, comme rappel de celui qui emporte le "Vous" de La modification de Butor, lors de son long voyage en train de
Paris à Rome / Le train aussi comme leitmotiv de "Brève rencontre", cette force entrant soudainement dans le champ de la
réalité calme des deux personnages, et emportant tout)
Le/la spectateur/trice comprend au bout d'un moment qu'il/elle assiste au récit en direct d'une histoire d'amour dont il
ne resterait que des traces, des bribes, comme des morceaux parcellaires de mémoire, qui toutes résonnent et se font échos.
(Ou bien est-il immergé dans un monde de fantômes condamnés à revivre sans cesse leur histoire. Un monde d'absents-présents, comme le
sont à eux-mêmes les deux protagonistes de cette liaison amoureuse. Ou recueille-t-il les traces d'une relation avant tout virtuelle, bâtie sur l'éloignement et
la distance, où tout l'espace fut ainsi laissé au fantasme, au délire passionnel, au désir haletant, à l'imagination enfiévrée. Ou recueille-t-il les traces futures
de nos relations présentes, telles qu'elles seront décryptées par les générations suivantes à travers ce qu'il restera de nos échanges d'aujourd'hui.)
Certains espaces dans cet espace amoureux donne une version entière de l'histoire à travers un fil bien distinct, livré
entièrement.
Il/elle se rend compte que s'il/elle se déplace vers la fenêtre du train et s'assoit sur le siège collé à la fenêtre, qui lui
donne alors la sensation d'être dans ce train, collé à cette vitre sur laquelle les paysages défilent, il/elle se rend compte qu'alors assis
ainsi, il peut entendre le récit complet de la Nouvelle tout en suivant le fil SMS qui s'inscrit partout autour de lui. Et il/elle peut choisir de
rester assis là tout le temps de la nouvelle qui raconte la relation amoureuse, afin de la connaître uniquement à travers ce vecteur.
Et il/elle se rend compte que s'il/elle se déplace vers l'endroit obscur (seul endroit opaque et fermé de l'installation,
comme une petite pièce) et qu'il/elle s'allonge sur les coussins moelleux (ou autre couche moelleuse au sol disposée là) il peut alors
entendre à son oreille Elle murmurer les mots obsessionnels, fous, désirants, de la passion amoureuse, dans le déroulé des mails écrits
tout au long de ces 777 jours et nuits qu'a duré cette histoire, de la première nuit au Domaine des Valeureux, jusqu'à la dernière nuit,
restée en suspension. Et il/elle peut alors choisir d'écouter dans son entier cette longue litanie amoureuse qui en raconte également tous
les soubresauts, doutes, fulgurances, étapes, ou bien replonger dans l'environnement général où il en retrouvera des bribes, ou bien
encore se diriger vers une autre parcelle de l'espace-histoire.
Et il/elle se rend compte que s'il/elle se déplace vers l'étreinte, il peut, les yeux suivant l'étreinte infiniment lente des deux
corps, entendre de toute part les bribes de cette relation, musiques, morceaux de phrases, …
Et dans un autre espace, il/elle découvre une table haute de bistrot Et autour de la table de bistrot, sont accrochés des
combinés de téléphones. Et quand il/elle en porte un à l'oreille il/elle peut entendre à son oreille le déroulé des échanges sms
entre l'homme et la femme, et voir, sur la table haute, se chercher et s'unir leurs mains tels des fantômes de leur présence ici.
Et en rentrant chez lui, ou en consultant ses mails en chemin, il/elle découvre qu'il/elle a reçu le premier mail de la
relation amoureuse racontée ici. Il/elle va recevoir ainsi l'intégralité des mails qui compose le fil mail de la relation durant 15 jours,
soit 777 heures, au rythme des 777 jours et nuits du déroulé chronologique de la relation (il/elle peut bien sûr décider d'arrêter de recevoir
ces mails quand il/elle le désire par une simple réponse mail envoyée en retour!)
Le dispositif technologique
Ici, les technologies de pointe sont intégrées et utilisées
comme outils Ici,
d’écriture
scénique, afin
les intégrées
langages générés
les technologies
de d'aborder
pointe sont
et utilisées
par comme
les nouveaux
médias (entre
écriture
et oralité)les
comme
nouvelle
outils d’écriture
scénique,
afin d'aborder
langages
générés
écriture
par théâtrale.
les nouveaux médias (entre écriture et oralité) comme nouvelle
écriture théâtrale.
La scénographie est composée d’un environnement
déambulatoire,La
sousscénographie
forme de labyrinthe
est immersif.
composée d’un environnement
déambulatoire, sous forme de labyrinthe immersif.
Les spectateurs sont amenés à entrer dans un espace où la
profondeur duLesdispositif
est entrent
décelable
de du
spectateurs
dansà untravers
espacedes
où lasurfaces
profondeur
projection
transparentes.
Les vidéos
et images
se superposent.
fois
dispositif
est décelable
à travers
des
surfaces de Une
projection
à l’intérieur
du dispositif,
les etspectateurs
dans Une
le récit
transparentes.
Les vidéos
images senaviguent
superposent.
fois à
amoureux
selon
parcours
où le fil SMS
projeté
auamoureux
sol et
l’intérieur
du un
dispositif,
leslabyrinthique,
spectateurs naviguent
dans
le récit
sur selon
les parois
sert de labyrinthique,
guide à la déambulation
ces au
entrelacs
de les
un parcours
où le fil SMSdans
projeté
sol et sur
surfaces.
parois sert de guide à la déambulation dans ces entrelacs de surfaces.
Plusieurs
écrans,
offrant
différentes
transparences,
seront
Plusieurs
écrans,
offrant
différentes
transparences,
seront
superposés
comme
autant
de strates,
amenant
uneune
pluralité
visuelle.
Un Un
superposés
comme
autant
de strates,
amenant
pluralité
visuelle.
autre
support
de projection
centrale
serasera
la brume,
peupeu
perceptible
par par
autre
support
de projection
centrale
la brume,
perceptible
le/lale/la
spectateur/trice,
plongé/e
dansdans
uneune
semi-obscurité
dèsdès
sonson
arrivée
spectateur/trice,
plongé/e
semi-obscurité
arrivée
dansdans
l'espace.
l'espace.
Chaque
spectateur/trice
pourra
distinguer
au au
delàdelà
de de
ces ces
Chaque
spectateur/trice
pourra
distinguer
différentes
strates
nonnon
seulement
ses ses
propres
reflets,
maismais
également
les les
différentes
strates
seulement
propres
reflets,
également
silhouettes
desdes
autres
spectateur/trice/s,
comme
uneune
dernière
strate
silhouettes
autres
spectateur/trice/s,
comme
dernière
strate
entre
réelréel
et illusion.
DesDes
plastiques
cristal,
plexiglas
dépoli,
mirolège,
entre
et illusion.
plastiques
cristal,
plexiglas
dépoli,
mirolège,
constitueront
les les
matières
desdes
écrans,
qui qui
serviront
de de
parois
constitueront
matières
écrans,
serviront
parois
transparents,
semi-transparentes
ou miroirs
à ceàlabyrinthe.
Toutes
ces ces
transparentes,
semi-transparentes
ou miroirs
ce labyrinthe.
Toutes
surfaces
et matières
de projection
serviront
de supports
auxaux
différents
surfaces
et matières
de projection
serviront
de supports
différents
messages
textuels
(sms(sms
et autres
médias),
ainsiainsi
qu'aux
images,
qu'elles
messages
textuels
et autres
médias),
qu'aux
images,
qu'elles
représentent
un un
réelréel
plusplus
ou ou
moins
perceptible,
qu'elles
se se
fassent
représentent
moins
perceptible,
qu'elles
fassent
images
mentales,
réminiscences,
parcelles
de mémoire,
… toutes
ces ces
images
mentales,
réminiscences,
parcelles
de mémoire,
… toutes
projections
pouvant,
selon
les les
instants,
s'entremêler
ou être
distinctes
et et
projections
pouvant,
selon
instants,
s'entremêler
ou être
distinctes
isolées.
isolées.
DesDes
espaces
d’assises
et et
d’écoute
ciblée
ponctuent
la la
espaces
d’assises
d’écoute
ciblée
ponctuent
déambulation
dansdans
cet cet
environnement
englobant
et permettant
ainsiainsi
uneune
déambulation
environnement
englobant
et permettant
immersion
isolée
: :
immersion
isolée
Un espace
noirnoir
et clos
invite
les spectateurs
à s’allonger
dansdans
Un espace
et clos
invite
les spectateurs
à s’allonger
l’obscurité
pourpour
l’écoute
desdes
mails
l’obscurité
l’écoute
mails
UneUne
banquette
de train
juxtaposé
à une
fenêtre
vidéo
plonge
banquette
de train
juxtaposé
à une
fenêtre
vidéo
plonge
le spectateur
dansdans
un voyage
en train.
Il y Ilsuivra
le fillede
le spectateur
un voyage
en train.
y suivra
fil la
de nouvelle
la nouvelle
racontée
à son
oreille
racontée
à son
oreille
Un Un
espace
autour
d'une
tabletable
de bistrot
plonge
le spectateur
espace
autour
d'une
de bistrot
plonge
le spectateur
dansdans
un autre
desdes
espaces
récurrents
dedel'histoire
et où
l'amène
dans
une
un autre
espaces
récurrents
l'histoire,
il entend
le fil
SMS.
autre
sensorielle,
où il suit
fil SMS. Sursecette
Surapproche
cette table,
à son approche,
leségalement
mains des leprotagonistes
mettent
table,
à son approche,
en mouvement
(vidéo).les mains des protagonistes se mettent en
mouvement (en…vidéo).
…
La vidéo est une fenêtre ouverte sur le monde intérieur et
vidéoqueestsur
unecelui
fenêtre
ouverte
le mondeduintérieur
mental,Laainsi
de la
réalitésurextérieure
train etetdes
mental,
ainsi qui
quedéfilent
sur celui
de la des
réalité
extérieure
du train
et desdes
paysages
(le rythme
caténaires
donnant
la pulsation
paysages
qui défilent
(le rythme
des caténaires
la pulsation
des
sentiments
amoureux).
Elle sera
également donnant
source de
lumière (matière
sentiments
amoureux).
sera également
source
de lumière
(matière de
vidéo) et
média deEllediffusion
des SMS
et autres
technologies
vidéo)
et média de
diffusion des L’utilisation
SMS et autres
technologies
de
communication
contemporaines.
de lecteur
vidéo autonome
communication
contemporaines.
de lecteur
vidéo
en déclanchement
infra-rougeL’utilisation
est envisagé,
combiné
à unautonome
cycle vidéo
en déclanchement
infra-rouge
envisagé, combiné à un cycle vidéo
autonome géré par
le logicielest
Millumin.
autonome géré par le logiciel Millumin.
La perception est travaillée en fonction du regard et de la
place dans l'espace
de chaque
La perception
estspectateur/trice.
travaillée en fonction du regard et de la
place dans l'espace de chaque spectateur/trice.
Le déroulé des sons et des images est lié aussi à la
localisation. UnLesystème
surà la
déroulé d’interupteurs
des sons et dissimulés
des imagesauestsolliébasé
aussi
deslocalisation.
contacteurs Un
gérés
par Arduino
permettront
de déclencher
des sur
système
d’interrupteurs
dissimulés
au sol basé
séquences
en lieu gérés
et place
spectateur
ayant de
déclenché
cetdes
des contacteurs
par du
Arduino
permettront
déclencher
“interrupteur
invisible”
séquences
en lieu et place du spectateur ayant déclenché cet
“interrupteur invisible”
Le dispositif sonore est composé d’un ensemble
d’enceintes disposées
selon les
circulation
de casques
Le dispositif
sonore
est proposée
composé etd’un
ensemble
permettant
sur certains
une écouteproposée
isolée. Ces
d’enceintes
disposéespoints
selonfixes
les circulation
et dehautscasques
parleurs
miniatures
de diffuser
permettant
sur permettront
certains points
fixes les
uneenvironnements
écoute isolée.de Un
sonsenvironnement
selon les trois
axesglobal
d’écritures
(SMS,
sonore
reprendra
des Mail,
extraitsNouvelle).
des SMS Un
mêlés
environnement
Global sonores
reprendra
des extraits
des SMS
à des
à des références
(musiques
, extraits
de mêlés
films, sonorités)
références
sonores (musiques , extraits de films, sonorités) liées
amoureuses.
amoureuses.
La gestion de cette multidiffusion se fera sur le modèle de
gestion
de cette
multidiffusion
fera
sur le modèlesonore
de
la WFS.LaCe
dispositif
permettra
de créerseun
environnement
la WFS.
Ce dispositif
permettra
de créer
un environnement
englobant
où le spectateur
entendra
chaque
son spatialisé.sonore
englobant où le spectateur entendra chaque son spatialisé.
Dans les espaces d’assises, des casques ou des
Dans
les espaces
d’assises
des casques
ou desune
enceintes
de type
“douche sonore”
directionnelles
permettront
enceintes
type “douche sonore” (enceintes ultradirectives)
adressede
ciblée.
permettront une adresse ciblée.
Le logiciel Ableton Live 9 permettra une gestion de cette
Le logiciel
Ableton
9 permettra
gestion de cette
multidiffusion
en lien
avec Live
un processeur
deune
multidiffusion.
multidiffusion en lien avec un processeur de multidiffusion.
Ce dispositif acoustique permettra au spectateur de
Celibrement
dispositifet acoustique
permettradans
au son
spectateur
de
naviguer
en totale immersion
propre univers
naviguer
et parcours
en totaleamoureux
immersiondans
danscetson
propre univers
créantlibrement
son propre
environnement.
créant son propre parcours amoureux dans cet environnement.
La perception des spectateurs est mise en synergie avec
La perception
des spectateurs
mise commune
en synergie
les mouvements
d’images
grâce à la est
gestion
desavec
régies
les Lumière
mouvements
grâce à la
des régies
Son d’images
vidéo Machinerie
pargestion
le biaiscommune
des protocoles
Midi et
Lumière
vidéo Machinerie par le biais des protocoles Midi et
OSC Son
via Copperlan.
OSC via Copperlan.
Conditions tarifaires et techniques
Trois
autres
objets
artistiques
accompagneront et prolongeront, en contrepoints, ce questionnement autour de la
fragmentation du sujet (aimant) et de l’objet
(aimé) dans le dialogue amoureux.
Deux petites pièces hors les murs (l'une
Prolongements #1
Prix de cession :
3450€ TTC
journée
4300€ TTC
journées
5100€ TTC
journées
… (dégressif)
pour
1
pour
2
pour
3
2 petites pièces hors les murs
(avec acteurs et actrices)
autour du discours amoureux 19ème et 20ème siècle
1 jeu interactif
(avec téléphones)
++
Transport du décor (20m3), défraiements et transports de l’équipe ( 4 personnes) depuis
Paris
adaptée de Musset (discours amoureux au
19ème siècle) l'autre, pièce contemporaine, de
Camille et Perdican, adaptation de la pièce
Devos (discours amoureux au 20ème siècle))
de Musset On ne badine pas avec Format
conçues pour être représentées hors les
l’amour, met en scène, dans les
murs, dans des salles non équipées (salles de
d'une relation, la confrontation d'une jeune fille L’installation peut être présentée en continu.
et d'un jeune homme. Ils débattent de la La plage horaire de diffusion est à définir en
fonction du lieu, de l’événement. Elle peut
possibilité ou de l'impossibilité de vivre leur accueillir une douzaine de spectateur-trice-s
amour au regard de leur soif d'absolu, de la à la fois.
classes, associations, maisons de jeunes, …).
Toutes deux mettent en scène également une
relation amoureuse, mais ici à travers la
confrontation directe des corps et de la langue,
pour un acteur et une actrice.
Conditions techniques
Montage : 2 heures / 1 régisseur
Tous types de salles dotées d'une prise électrique.
de
présentation
prémisses publique :
religion, de l'usure attendue, de l'exemple des Un espace à l'entrée est aménagé
permettant aux spectateur-trice-s d'attendre
adultes…
leur tour en buvant un verre offert par
l'hôtesse d'accueil de la cie.
Petite pièce hors les murs
pour 1 acteur et 1 actrice,
et pour tout public à partir de 11 ans
Adaptation et mise en scène Carole Thibaut
Conditions
techniques
création au printemps 2015
minimum :
NB : L'installation est autonome sur
le plan technique et scénographique.
Occident de Rémi De Vos
> un espace fermé de, au minimum, 8m50 /
met en scène un couple vieillissant et usé, 8m50 et 3m50 de hauteur
tordu dans la haine de soi et de l’autre, mais dans lequel on puisse faire l'obscurité
Dossiers des petites pièces envoyés sur demande
interdépendant. A travers le récit rituel de leurs > 4 services de 4h chaque de montage et
retrouvailles quotidiennes, la pièce traite de la réglages / 1 service de démontage
montée de la haine et du racisme dans nos > 2 à 4 technicien-nes requis-es pour
montage et démontage
sociétés occidentales.
Petite pièce hors les murs
Co-mise en scène et interprétation
Personnel Sambre :
Jacques Descorde et Carole Thibaut
En co-production avec la Cie des Docks
> Pour les montage et démontage : 2
Créée en octobre 2013 / en tournée
technicien-ne-s
> Pour l'exploitation : 1 comédien-ne & 1
technicien-ne
+ autrice-metteuse en scène
Echanges et actions artistiques
La Compagnie propose, autour des créations,
des temps d'échanges et de rencontres, des
ateliers de sensibilisation et le cas échéant de
création, permettant d'aller à la rencontre de tous
les publics, et en particulier ceux n'étant pas
habitués à fréquenter les structures culturelles.
Fil SMS (43 premiers jours – 21.05 > 03.07)
> entendu en fil entier dans l'espace de la table et des mains
> entendu par bribes seulement, entremêlée aux autres textes,
dans l'immersion globale
> Projeté tout au tour de l'espace comme un fil d'Ariane
(*)L'écriture du dialogue SMS mettant en jeu des éléments très concrets, détaillés et précis de la relation (heures précises, lieu,
évènements, petits détails quotidiens, …), elle se construit au fur et à mesure, notamment en lien avec l'écriture des fils son et images.
Elle sera la dernière à être aboutie.
NB : les espaces matérialisent le temps écoulé entre deux messages. Il sera calculé en mesure temps-espace et reproduit sur le fil SMS
projeté.
21.05 10.53 Garde-moi le secret. Je t'embrasse.
21.05 12.30 Je serai un tombeau. Nous étions cette nuit
partenaires des éléments. Je repars chargé d'électricité et de vibrations. Je t'embrasse.
21.05 15.10
Suis une pile en palpitations. Je t'embrasse. Prends
soin de toi.
26.05 09.34 Je viens de trouver ton mail. C'est intéressant. Tiens moi au courant de l évolution. Je
t'embrasse.
27.05 11.16 Pas OK avec tout. Il faudra qu'on en reparle à
l'occasion. J'espère que tu vas bien. Je t'embrasse.
27.05 15.16 Ça ne m'étonne pas que tu ne
sois pas d'accord! Suis reparti dans le travail et les emmerdes. Je t'embrasse aussi.
passage donc.
01.06 18.06 Passée pas très loin de ta ville. Une pensée au
01.06 18.50 T es dans le coin? Descends-tu jusqu'ici? Tiens moi au courant. 01.06 19.01
Compliqué dans l'immédiat. Je pense à toi et
mes pensées volent en petites lignes
électriques jusqu'à toi.
06.06 12.57 Quelque chose qui m'enveloppe doucement et revient vers toi, en allers-retours.
06.06 13.08 J'aimerais retrouver tes bras. Et tes mains enroulées autour de mes doigts. 06.06 14.02 Tu les as.
J embrasse le bout de tes doigts.
13.06 12.06 Suis dans le train
serré. Ce sera un petit créneau. Je t'embrasse
dans les brumes du nord. Se voir aujourd'hui? Plutôt
13.06 14.08 Après demain plutôt à mon
retour, au saut du train. Aujourd'hui trop court avant mon départ. Nous allons nous croiser
sur nos
chemins de fer respectifs.
13.06 14.14 Bon préférable de se voir après demain donc. Je
m'échapperai de la deuxième réunion discrètement.
13.06 15.06 OK pour moi, j'adore l'école buissonnière… J'arriverai à
la gare vers 13h.
13.06 15.47 J'arrive à la gare
13.06 15.53 Bienvenue chez moi. Je t'embrasse en croisement d'espace temps décalé sur quai de la
gare.
13.06 18.09 Suis arrivée à mon tour. Suis pas très loin de
chez toi. Et voilà que tu es de l'autre côté. C'est drôle
14.06 17.05 J'ai décroché le contrat
14.06 18.03 Très impressionné. Bravo. Je peux
t'appeler?
15.06 09.34 Salut! A 12h30?
15.06 10.01 0K
15.06 11.50 Quel numéro
15.06 11:51 153 15.06 12.33 J'y suis
15.06 20:24 C'était bon de te retrouver et le gout renversant de tes baisers. Tu me diras si
elle est jolie la fleur de thé que je t'ai offerte quand elle s'ouvre dans tes eaux brulantes.
18.06 10.07 Me voici dans le train de nouveau C'est à la fois épouvantable et génial ces
virées dans cette ville Un marathon assourdissant et excitant Tes lèvres comme une oasis fraîche et brûlante
18.06 23.05 pensées du soir. Envie de marcher avec toi au
hasard des rues la nuit, parler avec toi et puis
l'enlacement, longtemps.
19.06 01.05 Les oasis ne sont plus dans l'espace mais dans le temps
Vivre c'est
s'arracher… J'espère trouver un moment prochain pour un nouveau voyage sur canapé avec toi Un baiser
plein de sève.
19.06 08.52 En attendant l'oasis ou l'île volcanique, un baiser qui tient un peu des deux.
19.06 22.23 Longue traversée de la ville sous la pluie. Comme hallucinée. Et puis ton message et c'est
exactement cela merci tant. 19.06 22.56 Tu me mets parfois dans un de ces états! Je t'embrasse
20.06 13.25 Devant le café de notre première rencontre un baiser léger au passage
21.06 21.31 J'espère
que tout va bien. Pensées. Je t'embrasse.
25.06 16.23 désolé pour mon silence Embarqué dans des dossiers
inextricables & ennuis de famille & tout le reste Je t'appelle ce soir si possible?
25.06 17.01 Impossible ce soir Dans l'heure ou demain matin 25.06 17.04 T'appelle dans 5 mn
27.06 10.07 Cette histoire commence à
me faire souffrir. Ce serait idiot. Il vaut mieux en rester là. Je t'embrasse amicalement.
27.06 15.16 Je comprends mais suis attristé. Notre fil tendu
va me manquer. Tes petites touches sms électriques aussi. Et toi avant tout.
27.06 23.27 Je voudrais mais ne peux pas me passer de toi de cette petite non-histoire tissée ici. Je suis une
idiote. De
te quitter. De revenir. De tout. Tant pis.
28.06 09.25 Je peux t'appeler?
28.06 10.18 Je suis si
heureuse et encore un peu plus idiote. Tu as le don d'illuminer ou d'éteindre mes journées. L'impression de sortir
d'une tempête. Je t'embrasse au soleil revenu.
28.06
19.47
Cher Volcan Tu me fais penser à un volcan sous la mer Capable sous un calme apparent de
créer soudain des tsunamis qui renversent tout secouent tout Tout est vivant avec toi Je t'embrasse tendrement
et volcanement
30.06 20.09 Besoin irrépressible et vital d'une déclaration d'amour enflammée, passionnée et ouverte
sur tous les possibles, et ce malgré la pluie qui n'en finit plus. Ou peut-être à cause. Frôle un abîme de tristesse
d'un côté et une éruption volcanique de l'autre. Catastrophe. Sos.
30.06 20.21 C
est dial a love
poem… Je voudrais être une goutte de pluie glissant depuis ton cou…
30.06 20.29 Sauvée in extremis
des extrêmes… Ce n'est pas encore ça, poète, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières et les océans
lointains. Et les gouttes de pluie moi je les cueille au bout de ma langue quand elles glissent sur ma peau… ou la
tienne…
30.06 20.42 Poète des trains et du téléphone et a fortiori du dimanche je sais néanmoins que le
propre de la goutte est de cheminer
30.06 20.56 J'aime tes cheminements et les petites gouttes dont tu
parsèmes mes heures, qui apaisent mes soifs miraculeusement. Et tes poésies japonaises dominicales.
02.07 00.48 En retour de soirée mondaine, dans les éternels embouteillages de cette ville…
Drôle de soirée, retrouvailles avec des amis pas revus depuis 10 ans. Le temps est décidément un matériau très
élastique. J'aimerais qu'il se resserre d'ici à te retrouver…
03.07 12.25 Sors de mon RV : moult félicitations pour
tout. Grosse pression évidemment sur l'avenir … Je mesure le chemin parcouru depuis nos premières
discussions. Deux mois donc avec toi en filigrane et tout ce que cela m'a ouvert aussi. Je t'embrasse
03.07 13.31 Tu
es le texte je suis le contexte. Je t'embrasse.
Fil mails (43 premiers jours – 21.05 >03.07)
> entendue en fil entier dans l'espace allongé obscur
> entendue par bribes seulement, entremêlée aux autres
textes, dans l'immersion globale
> reçu par mail sur une durée de 777 heures (15 jours) par
chaque spectateur à la suite de l'immersion
23 mai
Je viens d'émerger après une nuit agitée d'électricité cocaïne.
Impossible de fermer l'oeil.
C'était une drôle de nuit que ma dernière nuit ici, un peu vide et en même temps emplie de sensations et bruissements.
Le Domaine est gris ce matin, vidé de ses fêtards, agité de vent froid, d'insomnie et de promesse de pluie. Je prends mes cliques et mes
claques, emportant avec moi quelque chose d'indicible, qui me déborde un peu, doucement et presque douloureusement.
Je n'écrirai plus aussi longuement, promis.
Je t'embrasse.
@
28 mai
Je me débats depuis mon retour dans la mélasse administrative. Envie de tout planter et de retourner m'enfermer dans la petite chambre
du domaine des Valeureux.
Au milieu de tout ça ton mail ce matin était un petit îlot heureux. Un peu à la manière de ce qu'a été ce moment la semaine dernière. Tu
parles de moment volcanique, mais approcher un volcan signifie aussi prendre le risque de traverser les micro-séismes et retombées qui
peuvent s'ensuivre, ce que je n'étais pas sans ignorer. Et me voici dans un état un peu gazeux, avec ce temps nocturne comme un
moment suspendu entre deux réalités, une sorte de temps parallèle flottant, très délimité et très flottant à la fois, plein et inachevé à la fois,
inattendu et en même temps désiré. Les images se superposent, je ne parviens pas bien à trouver les liens, et puis d'autres images
comme des étendues immenses d'une douceur insoupçonnée, oubliée.
Moment étrange. Qui perdure. Comme un écho tranquille dans l'eau, qui n'en finirait pas de faire des ronds et d'en troubler la surface.
J'avais dit que je n'écrirais plus aussi longuement et voilà que c'est pire. Catastrophe! Vite retournons à ma mélasse administrative. Voilà.
Ça c'est du réel bien réel.
Je t'embrasse
@
8 juin
Bon, nous sommes donc d'accord sur le fond, mais sur la forme tu me permettras d'émettre quelques réserves. Je suis souvent d'humeur
volcanique. C'est ma façon à moi d'avancer, quand des choses viennent me triturer les méninges. Je me bats comme un diable quitte à
m'épuiser en coups de tête inutiles contre des murs. Je parviens toujours quand même à en secouer ou fêler un peu au passage.
A vrai dire, je retrouve parfois, même à distance, mon humeur de chien et chat avec toi, surtout ces derniers jours. Quelque chose qui
m'agace comme du poil à gratter. Une envie de te tordre le nez, de te mordre un peu, de me lancer dans une discussion enlevée à coups
de verres de vin. A vrai dire tu me manques aussi un peu. Et je ne sais plus trop qui me manque, ni à qui je parle, là, ou plutôt écris, parce
que quand je te parle, je parle au téléphone à l'homme dans ses fonctions sociales et professionnelles et je suis la première à le faire, je le
sais, par pudeur sans doute ou je ne sais trop quoi, et l'homme dans les bras duquel j'ai aimé basculer une nuit d'orage je ne sais plus très
bien qui il est et j'ai du mal au milieu de toutes ces images à reconstituer ton image, comme un rêve éclaté. Mais tout ce que je sais c'est
que c'est cet homme que je désire et en même temps j'aimerais connaître mieux le personnage social que tu es aussi. Et celui avec qui je
corresponds par delà cet écran je ne sais plus qui il est, peut-être une créature virtuelle programmée dans un jeu et dans une
expérimentation dont je serais le cobaye. Et si ça me met dans un tel état de dédoublement c'est que tout ce qui se passe à distance avec
d'autres me met dans des états bizarres où je me défragmente, j'implose, je volcanise, comme si la relation ne pouvait qu'être morcelée,
incomplète, et donc forcément fantasmatique. Ici je me méfie de moi-même, de mon attirance pour la beauté de cette distance, de ses
possibles, et de ce qu'elle cache souvent de platitude dans la réalité derrière. Et je n'oublie jamais que Apollinaire a demandé Madeleine
en mariage après ne l'avoir rencontrée qu'une fois, après lui avoir envoyé durant des mois et des mois des lettres du front et avoir en fait
écrit là-dedans sa propre légende de lui et de Madeleine et puis qu'il l'a revue après tout ce temps et qu'à la suite de cette seconde
rencontre il a rompu leurs fiançailles, et que de ces "Lettres à Madeleine" il a fait une oeuvre. Et que cette histoire ne vaut que pour cela
au final. Alors forcément je me méfie.
A vrai dire c'est toi qui me rends volcanique. Ou plutôt notre rencontre. C'est qu'elle ait eu lieu dans un ciel d'orage sans doute. Ça me
chamboule. Mais je ne sais pas ce que c'est que ce "ça" qui me chamboule. Alors ça m'agace d'être chamboulée ainsi par je ne sais pas
quoi. Si je le pouvais, je prendrais la route tout de suite pour aller vérifier si tout ceci n'est qu'un délire à la Apollinaire, une expérimentation
virtuelle, ou si cela a une quelconque réalité. Si tu as une quelconque réalité. Et maintenant j'ai peur du moment où nous nous
retrouverons en face l'un de l'autre. Il faudra nous revoir dans un endroit fermé et protégé car je veux me serrer contre toi et ne plus
bouger longtemps, et seulement après cela oser te regarder.
Et n'oublions pas que nos multiples reflets ici sont composés de nos mots écrits, et que les mots sont dangereusement trompeurs et
délirants. Et le pire c'est que j'aime ce glissement qu'ils créent.
Voilà. Tu n'aurais pas du parler de mon humeur volcanique. Ça a provoqué une éruption, fatalement.
Pour le 15, si tu n'as pas été trop agacé par ce qui précède, je peux m'arranger pour me libérer. Il faut juste que tu me confirmes cela vite
afin que je puisse m'organiser.
Mes baisers ce soir sont de la lave en fusion. Ça brûle (enfin à travers l'écran ça refroidit un peu forcément).
Et étrangement, je t'embrasse aussi très amicalement.
@
16 juin
Si tu te perds dans des hôtels borgnes pendant mes nuits de champagne, je me perds dans les chemins de campagne pendant tes
matinées de travail. Me faisant un peu l'effet d'une cocotte minute sous tension, j'ai pris ma voiture et suis partie courir ce matin. Besoin
d'épuiser le corps et calmer l'esprit afin de "raison garder". J'ai pris des chemins de ronces et d'orties, ce n'était pas tes monts de Kabylie,
mais j'y ai rencontré quelques lapins, faisans, et au détour d'un sentier un chevreuil planté en plein milieu du chemin qui me regardait. Il
devait se demander ce que cette humaine essoufflée venait faire dans ses sous-bois. Nous sommes restés un long moment face à face, et
puis il a bondi de l'autre côté. J'ai tourné ensuite durant plus de deux heures parmi les ronces et les orties, complètement perdue, suis
rentrée épuisée, d'une fatigue bienfaisante.
Je te retrouverais bien dans la chambre d'un hôtel borgne par une nuit clandestine. Les sous bois ne sont pas assez sûrs de nos jours. La
preuve.
Je vais m'obliger de cesser de penser à tout ce que j'aimerais faire avec toi, sinon il va me falloir épuiser mes matinées en courses folles.
Et je déteste le footing.
Je vis, n'empêche, une drôle de sensation, un dédoublement étrange.
Comme ces films où le héros vit une vie parallèle, onirique ou virtuelle, à ne plus trop savoir ce qui est de la réalité et ce qui est de ses
rêves.
Si nous étions dans une réalité possible, je crois que je pourrais tomber amoureuse de toi. Et ce serait passionnel. Et terrible.
Ouf. A quoi échappe-t-on.
Caresse-moi encore en pensée, j'aime tes caresses.
@
19 juin
La rencontre avec le gracieux chevreuil ne s'est pas renouvelée. Recevoir ton livre m'a été un beau cadeau avec surprise et plaisir
véritables, et je vais me faire un plaisir véritable aussi de le lire afin de découvrir tous les secrets de l'immortalité et des rennes du père
Noël. Car les deux sont forcément liés.
Tu es un sage. Tu sais apaiser mes montées d'angoisses volcaniques. Et te savoir exister quelque part m'est comme une joie douce et un
peu malicieuse. Dans toutes tes réalités possibles, par une nuit d'orage chez les Valeureux, au sommet d'un mont de Kabylie, sous un ciel
qui voyage au dessus d'un canapé, si inconfortable soit-il, derrière un de nos écrans, sur le quai d'une gare, au bord de la mer
Méditerranée... Tu as raison. Les réalités possibles sont douces à qui sait ne pas les craindre. Et moi qui suis régulièrement la proie de
vieilles peurs et d'impatiences terribles, je suis étonnée de la façon dont tu déjoues, l'air de rien, mes vieux démons avec, ma foi, élégance
et tendre bienveillance.
Je sirote un verre de vin dans la maison endormie. C'est sans doute ce qui me rend l'âme lyrique. J'ai envie de t'écrire un long mail. Te
raconter ma vie, te parler de tous les amours traversés, ce qui manquerait pour le coup gravement d'élégance, mais bon de toute façon je
ne le ferai pas. Les deux seules choses que j'avais vraiment envie de faire lorsque nous nous sommes vus lundi c'était 1) avant de dire un
mot me serrer contre toi et te serrer contre moi, longtemps, et 2) te demander de me parler de toi et t'écouter. Mais je suis assez lâche, j'ai
bien trop peur que l'autre ne me dise d'un air un peu pincé "Mais enfin madame, que vous arrive-t-il, reprenez-vous", et puis il ne faut pas
trop demander à quelques heures sur tant de jours et de semaines.
J'écris sans trop avoir à dire, pour le plaisir de t'écrire des bêtises et me sentir légère. Ici il pleut. Ce n'était pas triste aujourd'hui pour
autant. J'écris au fil de mon verre qui se vide.
Ce soir j'ai eu soudain l'envie de parler de toi avec celui qui partage ma vie, comme on partage une pensée qu'on aime avec quelqu'un
qu'on aime. "Mais enfin ça va pas la tête, tête de linotte" ai-je pensé.
Bon. J'ai terminé mon verre et ce mail se gâte de ligne en ligne et va de mal en pis. Tant pis, tu es en vacances toi, tu as le temps de
vagabonder à travers un de mes mails, aussi idiot soit-il. Profite bien de ces jours ailleurs. Pense à moi un peu quelques fois quand même
au bord de la mer ou au sommet de tes montagnes.
Je t'embrasse à travers toutes les formes de nos réalités possibles. Et dieu sait qu'il y en a. En tout cas, j'en vois quelques unes de tout à
fait intéressantes sur cette question de l'embras-s-ement.
@
24 juin
Je détesterais te sembler envahissante (c'est ce que je parais peut-être quand même), mais ton silence est terriblement perturbant. Dire
que ça ne te ressemble guère serait idiot puisque je ne te connais guère. Mais disons que ça ne s'accorde pas avec le peu que je connais
de toi. Soit il s'est passé quelque chose dans ta vie de grave ; soit tu m'en veux de quelque chose, et alors parlons-en ; soit tu me trouves
cf. première ligne, ce qui ne me semblerait pas très justifié mais nous n'avons forcément pas la même appréciation de la réalité, qui n'a
aucune existence objective, nous le savons, et dans ce cas ne voulant surtout pas de ça je ne t'embêterais plus. Soit je ne sais pas. Tu as
perdu ton portable ; tu es à l'autre bout de la terre pris dans un de tes voyages et coupé de tout ; tu t'es fait enlever par la mafia
marseillaise. Le fait est que je suis assez désemparée. Assez malheureuse. Autant sinon plus de ce silence que de ne pas le comprendre.
Et que évidemment comme souvent dans ce genre de cas, ça, le silence appuie à l'endroit exact de mes pires démons et zones délirantes
obscures et donc évidemment ça m'embrouille encore un peu plus la jugeote. J'ignore la plus grande part de ce qui a été vécu ou non
vécu de ton côté vis à vis de ce que nous partageons ou avons partagé (?). Quant à moi cela est, cela fut (?), beau et bon et perturbant
aussi oui souvent mais avant tout beau et bon et drôle et galvanisant. Et ta présence-absence me manque, et ton absence me rend triste.
@
30 juin
Je t'aperçois sur un réseau social ce matin, je trouve ton mail en ouvrant mon ordinateur, après l'avoir lu hier soir sur mon téléphone,
téléphone que je venais d'utiliser pour te parler, le même qui avait servi un peu plus tôt à nos échanges sms ; deux amis me parlent
incidemment dans la même journée de toi ; et pendant tout ce temps mon esprit torturé crée de multiples figures fantasmatiques de toi-
même. Et tout cela, alors que si on s'en réfère à une forme de réalité tangible, nous nous sommes vus en tout et pour tout deux fois en
deux mois, rendez-vous qui, ramenés grossièrement à la masse horaire, représentent 0,47% du temps écoulé.
Tu as de la chance de pouvoir un soir comme celui-ci aller nager dans la mer. Ça nettoie tout la mer. C'est l'infini et le mouvement
perpétuel et tu te sens là à la fois comme une puissance tellurique invincible et comme une petite crotte de mouche ballotée par les flots,
minuscule fragile mortel, et tu rejoins tout. Moi ça apaise toutes mes colères et mes éruptions volcaniques. C'est sans doute pour cela que
j'aime être pour toi ce "volcan sous la mer".
Oui j'exagère. Sans doute. Quand j'étais plus jeune, j'avais une telle peur de mes exagérations, j'étais obsédée par le rapport de mes
actes et de mes paroles à la normalité.
Toute personne ne me parait toujours être qu'un éclatement de particules, une explosion de facettes, une multiplicité de réalités possibles
et inachevées.
Je pense qu'une des choses qui me séduit en toi, et qui est peut-être, sans doute, ici aussi, une vision très parcellaire de ce que tu es,
c'est cette capacité inverse que tu as à suivre une trace, à la développer, la tenir, la travailler avec cette certitude sans faille qui confère
une sorte de tranquillité à ton avancée (…et qui peut terriblement m'agacer aussi parfois).
Oui j'exagère. Le silence est une chose épouvantable pour moi. Parce que cela creuse chez moi un trou noir. Une panique généralisée qui
paralyse tout mon système mental, affectif, une peur totalement irrationnelle et irraisonnable. Out of control. Je ne te referai pas l'historique
traumatique de la chose. Mais je le connais assez pour savoir que cela entraîne chez moi des réactions anormales, disproportionnées,
non raccordées à la réalité, emplies de fantômes enfantins donc forcément terrifiants.
Cette nuit je suis restée éveillée et ma tête était un bouillonnement de fulgurances, d'ouvertures et de fermetures sur des vérités
universelles, bouleversantes, puissantes, je comprenais le monde, je nageais dans la mer, sous la mer, tout au fond, dans les abysses
maritimes. J'ai retrouvé l'énergie électrique de la nuit des Valeureux, cette première nuit durant laquelle je n'ai pas dormi, comme soulevée
par l'énergie de l'orage et des peaux frottées l'une sur l'autre. Ce matin me voici épuisée bien sûr et je me connais, encore trois nuits
comme ça, et je m'effondrerai.
Ce que je veux dire peut-être ici c'est que tu es cette multitude de réalités pour moi. Il y a toi, et cette réalité humaine de toi que je perçois,
et j'y tiens assez pour t'envoyer il y a trois jours ce sms de rupture, idiot, d'accord, mais sincère, aussi absurde que ce terme de "rupture"
me paraisse au vu de ce qu'est notre relation. Ce faisant je cherche à préserver de mon délire fantasmatique, dans lequel je me sens
glisser, le lien humain et l'amitié qui nous relient.
Et puis il y a toutes les figures fantasmées que cette absence-présence peut créer, figures fantasmées qui me renvoient sans cesse aux
figures fantasmées de moi-même, qui brouillent évidemment d'avantage la perception déjà bien trouble de ma propre identité. Et puis il y a
toutes les parts de toi que j'arrive parfois à relier dans une forme d'unité de toi-même, et parfois pas du tout. Ton corps et tes gestes dans
l'intimité et tout ce qui appartient à cela (ta peau, ta bouche, tes mains, certains regards, un sourire qui n'appartient qu'à ça) pour si peu
que j'en connaisse dans deux seuls moments, et si différents. Et puis il y a cette figure sociale, culturelle, de toi-même, partagée en
commun avec d'autres, rencontrée au hasard des discussions. Et puis beaucoup d'autres choses encore, comme la connaissance
désormais de cette forme de bienveillance que tu as, qui est une des choses de toi qui me touche le plus.
La bienveillance. Bon. Cela peut être aussi une forme légère de l'indifférence. Ou plus exactement du détachement. Or parfois je voudrais
pouvoir susciter chez toi un véritable sentiment amoureux. Pour me rassurer, certainement. Pour avoir la certitude de ta présenceabsence. Pour anéantir le silence. Déjouer par avance toute forme de panique. Mais en vrai je n'aime pas l'état amoureux, je déteste y
être plongée, comme je déteste en être l'objet, parce que je sais à quel point cela brouille toute forme de lien, de rapport à l'autre.
Si je suis le volcan sous la mer, toi tu es comme la mer, celle du sud où tu vas nager, une mer d'apparence calme et bleue, mais
balayée de courants internes puissants, où il fait bon plonger certains soirs et dériver, un peu, en veillant bien à ne pas se laisser emporter
vers le large.
Et pour conclure cette chose boursouflée et énorme (mais il fallait bien que je rattrape tout le silence des jours passés) je t'embrasse et
espère caresser ta peau un de ces jours prochains d'été.
@
5 juillet
J'aime traverser tes rêves.
Parfois je rêve que tu ouvres une porte derrière laquelle je t'attends, dans la pénombre d'une chambre, et nous basculons sans un mot,
longuement. Plus tard nous parlons. Et le temps est comme suspendu dans cette chambre. Parfois je rêve à cela et c'est comme une
évasion secrète, très douce, au milieu de tout le reste, de ma réalité quotidienne. Alors je préfère ne pas penser à cette autre réalité, à nos
temps serrés, à nos courses perpétuelles qui se rencontrent si rarement, et à cette envie néanmoins de te voir, de t'entendre, de te
toucher, qui me prend à certains moments, comme un désir impératif, impossible et très simple à la fois.
@
…
La nouvelle (début)
> entendue en fil entier l'espace du train
> entendue par bribes seulement, entremêlée aux autres
textes, dans l'immersion globale
> offerte à chaque spectateur sous forme de livre édité
Petite balle lancée à grande vitesse à travers les paysages gris. Elle roule vers le sud. Défilement de terre et d'acier. Accélération du
temps. Pas la moindre chaleur ou trace de lumière. C'est pourtant bien la fin du printemps. Seul le vert cru des champs sous la croute sale
du ciel. Et parfois le carré jaune d'un champ de colza comme une tache obscène dans ce gris.
Cela avait commencé à la fin du printemps d'avant
Dans le livre, l'homme - le narrateur, l'auteur, le "je" transformé en
"vous" – entreprend le long voyage en train qui le mène de Paris à Rome, de
la femme qu'il quitte pour la femme qu'il aime. Un changement de vie, une
bascule tout au long de ce temps arrêté et accéléré du voyage en train,
celui où le voyageur, pourtant immobile, condamné à rester assis sans
bouger sur un siège plus ou moins confortable, le voyageur n'en finit pas
d'errer à travers les paysages gris. Petite balle lancée à toute vitesse.
Le soleil s'est levé un peu, à peine une trainée de lumière blanche traversant un bois de pins sous un ciel de
nuages bas. Ça illumine quand même un peu. Quand même.
Cela a commencé au printemps.
Et ces journées en bord de la mer, temps de fin d'automne, le ciel changeant qui n'en finissait pas
d'accompagner leurs variations climatiques, leurs tempêtes intérieures et extérieures, si exactement qu'on
pouvait croire que le ciel était entre eux, qu'ils n'était pas seuls, donc, dans ce triste chaudron.
Au commencement
Ils laissaient une distance temporelle prudente entre eux, apprivoisant le temps de l'attente, adapté à peu près
exactement à la distance qui séparait leurs vies. Un commencement qui n'en était pas un, qui n'en finissait pas de
flirter avec la fin, pour s'assurer de rien de bien méchant. Un peu poussif, et ces premières retrouvailles d'été, un
aller-retour furtif et un après-midi volés, voleurs un peu minables. A la sauvette, après un déjeuner où rien ne
s'embrayait vraiment. Rien de bien exultant. Ni pour les corps, ni pour l'esprit.
Déçus d'eux mêmes ils avaient du l'être forcément. Et tant mieux pensaient-ils alors. Tant mieux. Parfait. Voici qui est
sans risque. Escrocs d'eux-mêmes qu'ils furent alors et toujours ou presque peut-être.
L'homme part rejoindre la femme qu'il aime. Tout au long de ce long voyage
en train sa pensée vagabonde. Et lui, coincé sur son siège plus ou moins
confortable, voyage aussi par errements concentriques et crée une force peu
à peu égale à la force de vitesse du train qui l'emporte. Et ces deux
forces réunies, celle de la vitesse du train et celle des pensées, conduit
l'homme à l'immobilité. L'homme est arrêté en pleine voie, tandis que le
train poursuit sa route avec lui dedans. Arrêté en pleine route. Stoppé
dans son voyage, suspendu au-dessus des rails. Et il ne peut que regarder
le train défiler, comme une vache hébétée, une vache qui ruminerait
distraitement des morceaux de sa vie tout en regardant le train défiler à
tout allure devant lui.
Je suis cette petite balle lancée à grande vitesse dans un train qui m'emporte vers le sud où personne ne m'attend plus.
Ce qui s'est tissé depuis cette fin de printemps l'a été au gré des correspondances de toutes sortes qu'ils
ont lancées à travers l'espace et le temps telles de très fragiles fils tendus entre eux dans le vide.
"Vous", l'homme donc, une fois arrivé à Rome, ne descend du train que pour
reprendre un train dans le sens du retour. Je ne me souviens plus s'il posa
jamais le pied à Rome, sur la terre de sa bien aimée qu'alors, arrivant, il
n'aime plus, ou plus assez, plus jamais, c'est fini, il retourne. Parce que
ses vagabondages et errements immobiles ont fini par avoir raison de la
force du train en marche qui l'emportait vers elle.
Cela a commencé à la fin du printemps.
Au cours de cette nuit d'orage, où il a franchi les murs de pierres des Valeureux, revenu sur ses pas alors
qu'il avait renoncé brusquement quelques minutes auparavant, qu'il s'était levé, brusquement, pour partir, en plein
milieu de la discussion, peut-être même en plein milieu d'une phrase, je ne me souviens plus, je me souviens seulement que
c'était brutal et soudain, comme une fuite, un arrachement et elle a pensé alors arrachement au désir qui nait. Elle l'a
raccompagné à la porte, il a salué poliment et poliment il est parti dans la nuit. Et alors elle tournant dans la grande
pièce froide en pierres, tournant en rond, de colère, (et littéralement elle a tourné en rond dans la pièce), le
maudissant à voix haute, traité de lâche même, Ah le lâche 'l'a peur le lâche, lui prévoyant une nuit sans sommeil Et
bien fait. Bien fait pour toi. Et les regrets t'assailliront et ce sera trop tard et tu ne trouveras pas le sommeil ni cette nuit
ni jamais plus tu ne trouveras le sommeil taraudé du terrible regret de ne pas avoir saisi cette chance cette nuit d'être
passé à côté et ce sera trop tard et moi je serai loin Et puis ce petit briquet ordinaire, idiot, oublié sur le rebord du mur
en
pierres du domaine des Valeureux, et c'est un piètre prétexte pour le faire revenir, sauf si il le
veut, bien sûr, revenir, et qu'il ne lui manque que cela, le prétexte du petit briquet ordinaire, alors oui peut-être Et au
moment où elle compose ce message inachevé
leur premier message
pour lui signaler l'oubli du petit
briquet, message fonctionnel et sec mais invitation à revenir quand même et c'est là la seule chose qui compte, la
forme là on s'en fiche, à l'instant où elle compose le texte sur les trop petites touches du téléphone dans la trop
grande pièce froide et vide, le téléphone justement se met à sonner et c'est lui, il dit qu'il l'a oublié, le petit briquet
ordinaire, il dit même y tenir au point de souhaiter revenir le chercher, que c'est très très important ce petit briquet
ordinaire et d'accord dit-elle d'accord et elle triomphe, saute de joie à l'intérieur d'elle-même (et littéralement elle
saute de joie dans la grande pièce vide, comme une gamine contente d'une farce réussie) et elle sait alors, avec une
évidence absolue, que ce sont là les plus belles minutes, que ce sont là les minutes les plus précieuses, les plus
bouleversantes de leur histoire à venir et elle goute chacune de ses palpitations internes avec une délectation
puissante et cet arrière goût déjà de nostalgie.
Ces jours entiers en bord de mer, au début de l'hiver, à marcher sur cette plage de galets, à marcher des heures
ensemble. A marcher, trébucher parfois, giflés de vent salé sableux, à parler et se taire longtemps au milieu du
vent, de la tempête, des rafales, de tout ce qui leur giflait les visages. Et puis soudain, après des jours et des
jours et des heures de marche en bord de mer, dans les rafales d'eau et de vent, ivres de vent et de sable
piquant, soudain ce jour-là ses jambes à elle dérobées dessous. Littéralement ses genoux pliés au beau milieu
d'une phrase pourtant dessinée bien nette, tirée propre sur son commencement et en son milieu soudain ses
jambes cisaillées et la voix avec, et la phrase alors a plongé au sol, vautrée sur les galets durs en gros bouillon
informe, et alors à genoux, disloquée sur le sol, une marionnette dont on aurait coupé les fils, elle pleurant à gros
bouillon. Comme si la vie qui fait tenir debout avait fui d'un coup d'entre les jambes et plus rien pour tenir.
Effondrement généralisé. Dislocation. Elle boit le bouillon.
Elle lui a tendu le briquet. Il a pris le briquet. Il va repartir comme il est revenu. Nouvelle accolade amicale, mais pas
nécessaire celle-ci, pas utile, comme un regret léger, un premier baiser trop lent sur une joue, comme un regret, je ne
ferai rien non je ne tenterai rien si rien ne doit venir rien ne viendra et tant pis pour toi homme de peu de foi, et quand
son visage passe devant le sien d'une joue à l'autre pour un deuxième baiser sur l'autre joue, comme au ralenti, tout
est étrangement ralenti, tout suspendu soudain, à cet instant le sourire qui se fend lentement, qui lentement illumine
son visage, ce sourire qui dit nous savons tous deux, ce sourire un peu désolé, un peu joueur à la fois, s'excusant un
peu de ce qui peut être, de ce qui n'est pas encore, de ce qui ne sera peut-être jamais, de ce qui sera passé pour
toujours dans quelques secondes, quand les corps se détacheront l'air de rien, quand la porte se refermera de
nouveau poliment sur lui et elle seule alors de nouveau dans la grande pièce vide cernée de vieilles pierres,
l'instant définitivement laissé derrière, et chacun reparti là où il doit aller, c'est comme ça c'est la vie mon petit, ce
sourire de désir qui connaît son désir et ose alors en cet instant le révéler et se révéler en même temps, ce petit sourire
courageux, honnête, ouvert, le sourire amical et franc de celui qui sait vers celui qui sait qu'il sait, vers cet autre égal
en cet instant dans son même désir tendu pareil
L'homme, puisqu'il s'agit ici d'un homme, mais il s'agit le plus souvent
d'un homme, le Vous donc, n'aime plus sa femme. Vous parle de cette femme
un peu vieillie alourdie – c'est du moins ainsi qu'elle est dépeinte par
Vous dans mon souvenir – femme grise, sans gaité, femme terne, avec un peu
de laisser-aller aussi je crois, cette femme qui ne parle que de choses
terriblement ennuyeuses, qui n'est traversée jamais par rien de lumineux,
rien de sautillant, d'enthousiasmant, cette femme prise entre ces deux
garçons ces deux fils que Vous et elle ont eus et qui agacent Vous aussi
d'ailleurs, et d'ailleurs tout semble agacer Vous, Vous semble si peu
présent dans son grand appartement parisien familial, si peu présent à sa
famille, Vous semble ne revenir là que par devoir, par obligation, comme
une corvée sans plaisir sans enthousiasme sans lumière. La femme de Vous
donc. Son épouse. La vôtre donc ici.
Un rêve qu'il a fait.
C'est l'été. Ils sont tous les deux dans une ville très belle du sud. Une ville aux rues pavées fraîches, ornées de pierres rondes et de
ruelles merveilleuses. Ils se retrouvent en cachette dans une de ces ruelles alourdies de chaleur. Beaucoup de monde se presse autour
d'eux et parmi ce monde le risque de croiser quelqu'un qui connaisse l'un ou l'autre. Ils se sont donnés rendez-vous dans un minuscule
café, sur la minuscule terrasse de ce minuscule café coincée contre un mur, minuscule terrasse où fondent lentement quelques tables en
plastique blanc. Il s'y installe et elle arrive presque aussitôt. Ils se sourient. Ses lèvres effleurent à peine sa joue, comme un regret, et ce
baiser pourtant les brûle. Ils ne peuvent s'embrasser ni se serrer l'un contre l'autre ni entrelacer leurs doigts. Ils ne peuvent que s'avaler
par les yeux et ils s'aspirent ainsi longtemps noyés l'un dans l'autre. Sous la table blanche en plastique, protégées des regards par la foule
qui se presse d'un côté et le mur de pierres rondes de l'autre, leurs cuisses se cherchent, se mêlent, se pressent tant et tant qu'ils finissent
par jouir ensemble, œil clair et ouvert l'un dans l'autre.
Et ainsi ce matin-là a-t-il joui dans son sommeil. Littéralement joui emmêlé en elle. Et réveillé hagard et
heureux, ne sachant plus ni où ni quand ni qui il est, son corps traversé d'elle comme si réellement elle
était là contre lui.
Un autre matin il s'était éveillé en prononçant son prénom distinctement et son épouse s'en était émue. Qui est celle
qui te hante tant que son prénom traverse ton sommeil, remonte jusqu'à ta bouche alors même que tu dors avait-elle
demandé alors cette femme ennuyeuse, grise, sans enthousiasmes ni sautillements, son épouse et celle de Vous, la
vôtre ici, l'éternelle et grise épouse.
Et pourtant Vous aime son épouse. Sans doute. Et la fin du livre le montrera. Même si cet amour a perdu son contour et sa précision dans
les méandres du temps. Il se le redit. Il la regarde. Tente de s'intéresser, tente de la regarder plus intensément. Et puis baille discrètement
et la fatigue l'envahit. Une envie d'aller se coucher. Je vais dormir dit-il. Il s'allonge sous la lumière jaune de la lampe de chevet. Il garde
les yeux ouverts fixés sur le plafond. Et sa tête s'en va loin. Il flotte. Il pense à elle. Rêve à la petite terrasse, à la petite table en plastique
blanc. S'en va loin flottant. Et alors il est si bien.
Plus tard il fait l'amour à son épouse. Ils font encore l'amour. Ils s'entendent bien au fond. Il lui fait l'amour
en suivant leurs chemins traditionnels, sans curiosité, sans passion, sans surprise, connaissant déjà
l'aboutissement et chaque passage obligé chaque étape conduisant à cet aboutissement. Il aime bien ça
pourtant. Ce n'est pas cette explosion de l'âme, cette porte ouverte grand soudain sur ton âme, ton sexe
comme la porte de ton âme, ton plaisir offert grand ouvert éperdu quand j'entre en toi, ce
bouleversement de nos êtres, cette révolution incroyable qui nous laisse tremblants comme devant le
mystère révélé, nos corps et nos âmes si entremêlées que lorsque je jouis je ne sais plus si c'est de plaisir
ou de bonheur
Vous est bien tranquille oui ce soir-là Vous sait où il va Vous a dîné avec des amis ou des collègues Et
puis il y a là cette femme que Vous connait que vous avez déjà croisée plusieurs fois avec qui vous avez
déjà parlé plusieurs fois longuement et avec qui à chaque fois c'est un plaisir de parler Une femme
relativement belle et intelligente mais assez éloignée de vous au fond Une femme classe avec qui vous
aimez échanger Qui sait où elle va Qui a sa vie Une vie relativement équilibrée et épanouie semble-t-il
Une femme qu'on imagine prise dans sa carrière et avec qui vous aimez discuter de temps en temps
Rarement à vrai dire car vous avez peu d'occasions de vous voir Vous n'habitez pas la même ville Et il
faut qu'ici vous soyez réunis pour ce week-end de séminaire au Domaine des Valeureux pour
reprendre le fil d'une discussion interrompue quelques semaines ou mois auparavant Et vous aimez bien
échanger avec cette femme Vous ne pensez à rien d'autre Vous pensez rarement à autre chose d'ailleurs
Votre vie va relativement bien Vous êtes relativement comblé Votre travail vous prend tout votre temps et
vous plaît Vous avez une relation équilibrée relativement heureuse avec la femme qui est votre épouse
D'ailleurs vous faites encore l'amour après tant d'années et c'est un signe Il y a bien sûr quelques petites
anicroches Qui n'en a pas Mais rien de grave rien qui puisse entacher durablement votre vie à deux De
toute façon vous vous voyez relativement peu votre épouse et vous-même Vous voyagez beaucoup pour
votre travail Et c'est très bien ainsi pensez-vous Cela préserve de l'ennui de la routine quotidienne Vous
aimez partir ensemble régulièrement Marcher ou faire du bateau Parcourir le monde Découvrir d'autres
pays des terres inconnues Des paysages insoupçonnés Vous aimez voyager tous deux C'est d'ailleurs ce
qui vous a rapprochés Vous n'avez pas d'enfants C'est votre grand regret Mais vous préférez ne plus y
penser Vous avez fait le choix de ne pas y penser de peur que cela n'entache votre couple Vous voyagez
De 1987 à 1991, parallèlement à des études de lettres et de philosophie, elle suit des cours d’art dramatique au CDN de
Bourgogne et au conservatoire de Dijon. Elle débute en même temps sa carrière professionnelle, à 18 ans, en jouant dans
plusieurs compagnies de la région. En 1992, elle entre à l’ENSATT. Elle suivra également les cours de scénario de la FEMIS
en 1995. En 1994, à sa sortie de l'ENSATT, elle crée la Compagnie Sambre.
En 1997, elle prend la direction artistique du théâtre de Saint Gratien (95), où la compagnie vient d'arriver en résidence.
Durant six ans, elle y crée une dizaine de spectacles, développe la programmation et l'identité du théâtre en y accueillant et
coproduisant d'autres compagnies, et mène un important travail de sensibilisation sur le terrain. En 2001, elle quitte Saint
Gratien et devient artiste associée à l’Espace Germinal de Fosses (95), nouveau lieu d’implantation de la Compagnie Sambre.
Elle se tourne, à partir de là, exclusivement vers les écritures contemporaines, mettant en scène le plus souvent des textes
inédits : Comment te le dire d'Armando Llamas (2006), Et jamais nous ne serons séparés de Jon Fosse (2006), Puisque
tu es des miens (2004) et Croquemitaine (dans Ici, aujourd'hui -2003) de Daniel Keene, Six hommes grimpent sur la
colline (2003) et Combat (dans Ici, aujourd'hui -2003) de Gilles Granouillet. Elle reprend son propre travail d'écriture en se
nourrissant de cette exploration des dramaturgies du monde entier. A partir de 2004, son travail d'auteure lui vaut de
nombreux prix et bourses (dont le prix Nouveau talent théâtre de la SACD en 2009). Depuis 2006, elle crée ses propres
textes. Elle travaille également autour de l'écriture orale et à partir de collectages, notamment avec des personnes
marginalisées ou en situations précaires : c'est dans ce cadre qu'a vu le jour Istoires en 2007, les éroïques en 2009, ainsi
que différents textes pour des créations en ateliers.
En 2008, elle quitte l'Espace Germinal de Fosses et devient pour une saison écrivaine engagée au Théâtre de l’Est
Parisien, où elle crée Faut-il laisser les vieux pères manger seuls aux comptoirs des bars (aide à la création du CNT) et
reprend Avec le couteau le pain (bourse d'encouragement de la DMDTS en 2004). La Compagnie Sambre est
conventionnée par le Ministère de la Culture. Depuis 2008, Carole Thibaut travaille en partenariats artistiques avec différents
festivals (Textes en l'air en 2009, Théâtrales Charles Dullin en 2010) et structures du Val d'Oise et des théâtres, à L’étoile du
nord (Paris 18e) où, entre autres, elle crée en 2010 Eté (prix d’écriture Durance-Beaumarchais (2010), Prix des journées de
Lyon des auteurs de théâtre, Prix d’écriture de la ville de Guérande (2008) Bourse Beaumarchais (2006)), à l'Espace
Germinal de Fosses durant 6 années, à Confluences, où elle a organisé les rencontres de La Genre Humain/e en 2009 et
celles autour de Théâtre/s et politique/s en 2012.
Elle diversifie aussi sa recherche sur les écritures scéniques avec d'autres structures : en 2008 avec L’apostrophe,
Scène Nationale de Cergy pour laquelle elle écrit Histoires de résonnances, en collaboration avec le compositeur François
Méchali ; en 2009 elle est auteure associée au Festival Textes en l'air (Isère) où elle ébauche L'enfant-drame rural, en 2006
à l'invitation du théâtre de la Tête Noire dans le cadre de "Partir en écriture" elle commence L’île - drame insulaire (en cours
d'écriture). En 2011 elle crée, à l'invitation des Théâtrales Charles Dullin, Jean le fort, autour de l'univers du marché de
Rungis, écrit le texte de la création de Acta-Cie Agnès Desfosses Debout! autour de la ville de Villiers le bel, et collabore en
tant que dramaturge avec le chorégraphe Philippe Ménard pour I wanna dance all night. Ayant reçu le prix Durance
Beaumarchais du festival de la correspondance de Grignan, elle écrit pour l'édition 2011 Moscou la rouge. Elle participe en
2012 à la première édition du Paris des femmes au Théâtre des Mathurins. En 2013, elle répond à une commande d’écriture
à partir d’entretiens sur l’histoire des ouvrières de Lejaby.
Elle est accueillie régulièrement en résidences d’écriture à la Chartreuse - CNES. Ses textes sont édités chez Lansman.
Elle poursuit sa carrière de comédienne, avec la compagnie Sambre et à l'extérieur avec des metteurs en scène tel que,
récemment, Jacques Descorde (Cut d'Emmanuelle Marie au Théâtre du Rond Point en 2009, Combat de Gilles Granouillet
en 2011-12.
En 2013, elle devient co-directrice artistique de Confluences, lieu d’engagement artistique, dans le 20ème arrondissement
de Paris et reprend pour la 4ème année consécutive Fantaisies – l'idéal féminin n'est plus ce qu'il était, solo-performance
autour des représentations du féminin qu'elle écrit, met en scène et interprète chaque saison dans une nouvelle version. Est
également en tournée pour la 3ème saison consécutive Les petites empêchées – Histoires de princesses, sa première
création jeune et tout public. En 2012, elle crée au Théâtre de la Tempête L’enfant-drame rural, suivi d’une tournée dans
toute la France. En 2013, elle co-met en scène avec Jacques Descorde Occident de Rémi De Vos à Confluences. Elle
prépare actuellement plusieurs créations, Une Liaison contemporaine, installation théâtrale immersive qui traite d'une
relation amoureuse vue à travers les nouveaux médias (création prévue en juin 2014 au festival des Bains numériques,
Centre des Arts d’Enghien), PrintempS, pour et avec les élèves de dernière année de l'ENSATT (création en février 2014 à
Lyon), et Capital (peine) (titre provisoire), sur l’univers d’une entreprise de ventes de crédits (création prévue début 2015).
Liant étroitement son travail artistique à un engagement politique et sociétal, elle mène avec la Cie Sambre un travail
approfondi d’accompagnement et de sensibilisation artistique auprès de publics les plus éloignés des milieux culturels
"officiels" et des structures classiques.
Après avoir été vice-présidente du SYNAVI jusqu'en 2008, elle milite aujourd’hui à H/F Ile-de-France pour l’égalité des
hommes et des femmes dans les milieux du spectacle vivant et est membre du Conseil National du SYNDEAC.
Carole
Thibaut
conception
et
mise en
oeuvre
Collectif In Vivo # Création technique
Le collectif InVivo est né de l’envie commune de Julien Dubuc, Chloé Dumas et Samuel Sérandour de confronter leurs pratiques respectives du plateau.
Alliant des compétences artistiques, technologiques et techniques, l’équipe développe une esthétique commune. Elle conçoit l’espace de représentation
comme un espace immersif, aux frontières de la performance, des arts numériques et du théâtre. Le Collectif a collaboré avec Carole Thibaut sur la création
scénique de L'enfant – drame rural au Théâtre de la tempête en 2012. Il est désormais associé en compagnonnage à la Cie Sambre.
Julien Dubuc
Après deux années au Grim Edif où il obtient un diplôme de régisseur lumière, Julien Dubuc intègre le département - réalisation lumière - de l’École Nationale
Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre dont il sort diplômé en 2011. Alliant des compétences à la fois artistiques et techniques, il participe à différents
projets de création à Lyon avec la compagnie Ubris (Julie Tarnat / Charly Marty), la compagnie Les 7 Sœurs (Catherine Hargreaves / Blandine Pinon / Yann
Lheureux), Matthias Langhoff (dans le cadre de fin de cursus de l'ENSATT) mais aussi à Agen avec le Théâtre du Jour et la compagnie Pierre Debauche
(Alan Boone / Vincent Poirier). Il travaille également à Paris avec Jean-Claude Cotillard (Cotillard Compagnie), Carole Thibaut (compagnie Sambre), Yannik
Landrein (le Mouvement du 22). Il s’est également investi en tant que vidéaste sur plusieurs projets et réalise plusieurs objets vidéos. Il conçoit la lumière et la
vidéo des spectacles du Deug Doen Group. Il fonde le collectif InVivo en 2011 avec Chloé Dumas et Samuel Sérandour. C’est aux croisements de la vidéo,
de la lumière et des arts numériques qu’il entrevoit aujourd’hui sa pratique, que ce soit dans ses projets que dans ses collaborations avec d'autres artistes.
Chloé Dumas
Après un BTS design d’espace à l’Ecole Olivier de Serres et une licence d’Etudes théâtrales (Paris III), elle obtient le diplôme de scénographie de l’ENSAtt.
Envisageant son métier de scénographe comme une perpétuelle recherche, elle participe à différents projets de création dans le spectacle vivant. Chloé
Dumas travaille notamment au sein de la compagnie Nova à Paris, la compagnie lyonnaise Plateforme Locus Solus, la compagnie suisse Skoln A thtr, le
Deug Doen group et la compagnie Sambre de Carole Thibaut. En 2011, elle co-fonde le Collectif InVivo qui vise à créer des formes scéniques hybrides,
alliant théâtre et art numérique. Le collectif lui permet ainsi de développer un travail personnel ainsi que des collaborations avec artistes et metteurs en scène.
Par son travail, Chloé Dumas conçoit la scène comme un véritable territoire d’expérimentation scénique où elle cherche à créer une pluralité de niveaux de
lecture.
Samuel Sérandour
Après des études musicales et scientifiques, il s’intéresse au monde du spectacle vivant. Il découvre alors de nombreux univers artistiques dans le domaine
du son tels que les sonorités de synthèse, le jeu en live, les interactions informatiques, les matières sonores brutes, le bruitage au plateau, pour lesquels il se
perfectionne. Pendant son cursus de trois ans à l’ENSAtt, il participe à de nombreux projets comme les productions, essais et propositions théâtrales. Il
travaille ainsi avec guillaume Lévêque, Claude Buchvald, et plus récemment avec Simon Delétang pour lequel il coréalise la création sonore du spectacle
Angoisse Cosmique joué en Avril 2011 à l’ENSATT et en région Rhône-Alpes. Ses rencontres le mènent récemment à l’IRCAm, où il participe notamment au
spectacle Luna Park, de Georges Aperghis. Dernièrement il participe avec la compagnie La transplanisphère à la création du spectacle Les descendants mis
en Scène par Bruno Freyssinet, en son et scénographie, au théâtre Hamazgayin à Erevan en Arménie. La technique de reproduction sonore binaurale le
passionne et lui ouvre les portes de la création d’images sonores holophoniques. Les possibilités de mise en place pour chaque spectateur, d’espace et
d’imagerie mentale sonores sont ses actuels axes de recherches au sein du Collectif InVivo.
Philippe Ménard # Chorégraphie de l'étreinte
Philippe Ménard se forme au Conservatoire d'Angers en danse classique, poursuit sa formation à Paris en danse jazz et participe à différents shows télévisés.
Il découvre la danse contemporaine et l'improvisation avec Hélène Marquié et travaille avec Philippe Tréhet, Pedro Pauwels, Monica Casadei avec qui il
pratique une danse nourrie d'Aïkido et d’Aïkitaïso (art martial japonais), Faizal Zeghoudi, Retouramont et Thomas Lebrun.
En 2004, il crée, en Sicile, à
Catane, All White Happening, pièce pour 14 danseurs, dans le cadre de MODEM-formation professionnelle de la Compagnie ZappalàDanza. En 2006, il crée
avec Claudio Ioanna le duo La Mue. En 2007, il fonde la Cie pm, crée oN|oFF et RESTLESS en 2008.
Parallèlement, il collabore avec le CDC – La Termitière
à Ouagadougou au Burkina Faso pour les formations professionnelles avec des jeunes danseurs et chorégraphes de l’Afrique de l’Ouest.
En 2009 il crée
ShowTime, duo avec Boukary SERE, danseur burkinabè. En 2009-2011, il crée MAYDAY MAYDAY, projet conçu sous la forme d’un diptyque que le
chorégraphe lance, comme on lancerait un SOS : d’abord par le filtre d’une résistance qui nous pousse à sortir nos monstres (Ridi ! Pagliaccio ! SOLO 2009),
puis par une tentative de réappropriation de ses espaces intimes comme une façon d’être au monde (I wanna dance all night SOLO 2010-2011). En 2011 et
2012, il met en place les Zones de Découvertes Insensées / PRE-création 2013, temps de recherches et d’expérimentations (danse, scénographie et
lumière). En 2012, Philippe Ménard reçoit la bourse d’écriture de l’association Beaumarchais-SACD pour la création 2013 AIR. Il a collaboré entre autres
avec la Cie Omproduck (Anne Buguet, Michel Ozeray et Joseph Jaouen) pour AXIS MUNDI, danse et arts numériques et Carole Thibaut pour Faut-il laisser
les vieux pères manger seuls aux comptoirs des bars, Fantaisie et Une Liaison contemporaine.
Michael Kawiecki # maquette et graphisme livre de la nouvelle
Astrid Cathala & Logan de Carvalho # voix (mails, sms, nouvelle)
Stéfania Branetti & Stéphane Couturas # danse étreinte
Fanny Zeller # Guide – hôtesse
La Compagnie Sambre
Depuis la création de la Compagnie Sambre en 1994, Carole Thibaut place les écritures au cœur de sa démarche artistique. Son travail
d’artiste, qu’elle mène en aller-retour constant entre création et populations, nourrit son écriture et sa recherche sur les formes scéniques et textuelles
contemporaines. Ce travail, tissé d'échanges, de rencontres et de croisements artistiques, culturels, permet la mise en écho de l'intime et du politique, véritable
enjeu artistique pour parler de notre monde d’aujourd’hui.
Repères
Entre 1997 et 2007 : Résidence de la compagnie au Théâtre Jean Marais de Saint-Gratien (95) dont Carole Thibaut est la directrice pendant cinq ans. Un
important travail de terrain auprès des établissements scolaires et des quartiers dits difficiles est mené par le biais de nombreuses actions de sensibilisation.
De 2002 à 2007, la compagnie est équipe artistique associée à l'Espace Germinal de Fosses (95). Au cours de ces six années, Carole Thibaut oriente son travail
exclusivement sur les écritures contemporaines (Keene, Llamas, Granouillet, Fosse,…) et reprend progressivement sa propre écriture.
De 2007 à 2013 : Carole Thibaut est engagée au Théâtre de l’Est Parisien comme artiste associée de la saison 2007-2008. Elle y crée Faut-il laisser les vieux
pères manger seuls aux comptoirs des bars et y reprend Avec le couteau le pain, pièces qu'elle écrit et met en scène. La compagnie mène en Ile-de-France
différents ateliers de création artistique avec des adolescent/e/s et des femmes et crée un dispositif de représentations hors les murs afin d'aller jouer ses
spectacles pour des gens éloignés des structures culturelles classiques. Elle crée les rencontres artistiques La/Genre Humain/e, en 2009, à Confluences (20ème),
durant lesquelles Carole Thibaut crée la 1ère version de Fantaisies – l'idéal féminin n'est plus ce qu'il était. En 2010, elle crée Eté à L'étoile du Nord, où elle est
artiste associée la saison suivante pour la création des Petites empêchées – histoires de princesses qui tournera durant les 3 saisons suivantes. Carole Thibaut
co-organise en 2012 les rencontres thématiques Théâtre/s et politique/s à Confluences.
En 2012-2013, Carole Thibaut crée L’enfant – drame rural au Théâtre de la Tempête suivi d’une tournée dans toute la France. Elle reprend également Fantaisies
au Festival d'Avignon.
En 2013-14, elle lance le triptyque Fragments de discours amoureux : en parallèle de la création d’Occident de Rémi De Vos avec Jacques Descorde, elle mène
un travail de recherche autour des nouveaux médias pour Liaison/s contemporaine/s, installation théâtrale immersive qui sera créée en juin 2014 au festival Bains
numériques du Centre des Arts d’Enghien. Viendra s'adjoindre à l'automne 2014 Camille et Perdican d'après Musset en petite forme hors les murs. Elle est
également invitée cette saison à faire une création à l'ENSATT à Lyon qu'elle écrit et met en scène avec les élèves de 3ème année.
Sa prochaine pièce, Capital (peine) (titre provisoire) est en cours d’écriture et sera créée à l’hiver 2014-15.
Projet 2015 – 2016 :
>> CAPITAL (peine) / texte et mise en scène Carole Thibaut
Co-production Théâtre du Nord – CDN de Lille / Le Volcan – Scène Nationale du Havre / Théâtre 95 / Coréalisation Théâtre de La Tempête / (en cours…)
En tournée 2014 – 2015 :
>>Fantaisies - l’idéal féminin n’est plus ce qu’il était / texte, mise en scène et performance Carole Thibaut
Création à Confluences en 2009, en tournée depuis 2009 (avec la recréation d'une version différente par an) / festival d'Avignon 2013, … Texte édité chez
Lansman
Avril 2015 : Scène Nationale de Mâcon / Saint Quentin
>> Une Liaison contemporaine / installation théâtrale immersive / conception et écriture de Carole Thibaut
Mars 2015 : installation à Montpellier dans le cadre de Tropismes avec La Panacée – Centre de culture contemporaine de Montpellier
>> Occident de Rémi De Vos / mise en scène et interprétation Carole Thibaut et Jacques Descorde
Novembre 2014 : Festival Théâtral du Val d'Oise – Pierrelaye & Confluences / Janvier 2015 : Théâtre du Nord – CDN de Lille
Créations 2013 – 2014 :
>> Une Liaison contemporaine / installation théâtrale immersive / conception et écriture de Carole Thibaut
>> PrintempS / texte et mise en scène Carole Thibaut
Création en février 2014 à l'ENSATT ( Lyon) avec les élèves de 3ème année
>> Occident de Rémi De Vos / mise en scène et interprétation Carole Thibaut et Jacques Descorde
petite pièce hors les murs créée à Confluences en octobre 2013 et reprise en mars 2013, dans le cadre du projet Fragments de discours amoureux / Coproduction Cie des Docks
En tournée 2013 – 2014 :
>> Les Petites empêchées – Histoires de princesses / texte et mise en scène Carole Thibaut
Création au Théâtre de l’est parisien en 2011. En tournée depuis 2011
Avril 2014 : Le Phénix Scène Nationale de Valenciennes
>> Fantaisies - l’idéal féminin n’est plus ce qu’il était / texte, mise en scène et performance Carole Thibaut
Création à Confluences en 2009, en tournée depuis 2009 (avec la recréation d'une version différente par an) / festival d'Avignon 2013, … Texte édité chez Lansman
Mai – juin 2014 : La Maison des Métallos - Paris
Création 2012 – 2013 :
L’enfant – drame rural / texte et mise en scène Carole Thibaut
Création en co-réalisation au Théâtre de la Tempête - tournée 2012/2013 dans toute la France.
Co-production CDN de Grenoble, L’apostrophe Scène Nationale de Cergy, la FATP, avec l’aide du DICREAM, du CNT, de l’ADAMI, d’ARCADI, de la Ville de Paris, du Fonds SACD,
avec la participation artistique du JTN et de l’ENSATT / texte édité chez Lansman
Extraits de presse
spectacles 2012 - 2013
« Tantôt ironique, sur l’image de la femme aujourd’hui, tantôt douloureuse, quand elle parle de l’enfance, Carole Thibaut est l’une des voix les plus
brûlantes du jeune théâtre » Gilles Costaz – Politis
L’enfant-drame rural
« Carole Thibaut écrit une fable noire qui s’achève dans le feu, la destruction totale. L’auteur met en jeu, via des personnages bien campés, les
fantasmes du pouvoir masculin, de la bête souillée par tous, et que tous veulent abattre, la domination sexuelle de la bourgeoisie. Elle sait créer une
atmosphère pesante, elle manie avec aisance le cut-up entre les scènes. »
Odile Quirot, Nouvel Observateur
« De belles lumières, un dispositif scénographique ingénieux (qui ressemble à celui de « Ma chambre froide » de Pommerat), et une bande son nous
plaçant dans un espace-temps radicalement bouleversant font de ce drame un portrait qui semble terriblement réel. Monstrueusement réel. Sans pour
autant tomber dans le réalisme gorgé de larmes et d’angoisses. Carole Thibaut a créé un monde dans l’écriture, elle arrive très bien à le faire rejaillir
théâtralement, avec une pincée de cynisme grinçant bienvenue.»
Hadrien Volle, Arkult.fr
« Prisonniers comme des pions de cette communauté friande de cancans, chaque membre nous est montré, tel un Janus à deux faces, dans sa
bienveillance et sa déshumanisation. (…) Subtilement, cette création théâtrale des plus originales surfe entre réalisme, mythes des origines et
métaphore biblique - le dénouement tragique de l’histoire renvoie au manquement aux règles d’hospitalité et d’accueil de l’étranger dont les habitants [du
village] se seraient rendus coupables. »
Blog de Phaco
« Une mise en scène élégante et une écriture spirituelle, qui ne cède pas au manichéisme et parcourt les différents territoires sur lesquels le Mal fleurit »
Eric Demey, La Terrasse
« Il est des histoires très sombres mais d'une immense beauté. L'Enfant- drame rural, présenté actuellement au Théâtre de la Tempête, en fait partie. »
Audrey Natalizi, Mes illusions comiques
« Entrelacs de personnages forts et de situations complexes, l’écriture de Carole Thibaut est remarquable. Sans jamais virer au pathos, son récit
empreinte au vocabulaire paysan comme à celui des notables et évite que l’intrigue ne verse dans la caricature malsaine. Poétique sans en abuser,
L’Enfant ne tente pas le virage psychologique, il reste ancré dans des terres ancestrales : celles des contes noirs. »
Gwendoline Soublin, Rhinoceros
« Carole Thibaut nous fait, en cette rentrée d’automne 2012, le plus beau cadeau qui soit : une grande pièce de
théâtre, une histoire qui sent la terre, la sueur et le sang, un conte sans sorcière, ni loup, ni château, mais avec un enfant abandonné.»
Dashiell Donello, Un fauteuil pour l’orchestre
Fantaisies, l’idéal féminin n’est plus ce qu’il était
«... Dans sa dernière création « Fantaisies », Carole Thibaut frappe fort. Fort par son écriture et par le dynamisme de son jeu. Elle interroge et malmène,
non sans humour, l'idéal féminin. Devient inquiétant, ce qui dans un premier abord peut prêter à sourire, lorsque qu'elle pointe l'écart sournois entre
l'idéal et l'idéologie. De la chasse aux poils de la femme idéale, à ceux de la barbe de l'ayatollah dont s'affuble la comédienne dans un moment d'une
grande intensité, Carole Thibaut réussit à nous faire entendre et voir que les lois perverses de la soumission s'inscrivent aussi dans la banalité du
quotidien. »
Guy Flattot - France Inter, studio Théâtre
« Dans « Fantaisies », sa dernière création, Carole Thibaut donne, dans un spectacle cruel et sain, à dévorer toutes les représentations phagocytant le
féminin (...) Au fil d'instantanés impudiques et cruels, Carole Thibaut s'approchera au plus près de ce qui sonne faux, se disloque, éclate, hurle entre la
femme et les injonctions, même tacites, qui s'abattent sur elle. »
Aude Brédy – L'Humanité
« Carole Thibaut signe avec ce spectacle mieux qu’un manifeste : la preuve éclatante de l’assurance de son talent de dramaturge et de comédienne et
l’indice que l’humanité a tout à gagner à interroger ses évidences. »
Catherine Robert - aupoulailler.com
« Un texte ciselé, une interprétation maîtrisée, des scènes jubilatoires. Finalement on l’a trouvée la femme idéale, elle s’appelle Carole
Thibaut qui dans un grand jet de colère, de réflexion et d’humour signe le texte, la mise en scène et l’interprétation. (...) C’est drôle et
flippant à la fois, et c’est là où se place le talent de Carole Thibaut. (...) Une pièce engagée, inspirée. »
Secondsexe.com / Nathalie Olivier
« Carole Thibaut joue à la perfection de cette proximité tout à la fois dérangeante et complice avec le public. (...) On retiendra une belle
amplitude dans les émotions et une présence totalement magnétique de la comédienne. (...) Malgré l’âpreté du sujet, elle évite
soigneusement les pièges de la pièce à thèse et nous livre une création à la fois légère et fascinante. »
Les trois coups.com / Ingrid Gasparini
L’intégralité de la revue de presse est disponible sur le site : www.compagniesambre.org
La Compagnie Sambre
La Compagnie Sambre
Siège social : Espace Germinal / Avenue du Mesnil/ BP 60025 / 95470 Fosses Cedex
Adresse : Confluences / 190 Boulevard de Charonne / 75020 Paris
Tel : 06 42 78 48 40 / 01 43 71 62 27
Contacts
Carole THIBAUT / Directrice artistique :
[email protected]
Flore LEPASTOUREL / Administration et production
06 42 78 48 40
[email protected]
Chloé Julien-Guillet / Assistante de production
06 42 78 48 40
[email protected]
Claire DUPONT / Chargée de Diffusion
06 66 66 68 82
[email protected]
SMS Type, œuvre de Thomas Weyres, représente l’automatisation des mouvements dans l’usage des
SMS. Ces grands dessins, réalisés au mur en adhésif rouge, traduisent de manière schématique le
mouvement d’un doigt tapant un SMS. Celui-ci représente la transcription visuelle du même
message," je t’aime", composé à partir d’un clavier de téléphone, dans huit langues différentes :
anglais, allemand, arabe, italien, polonais, zoulou, mandarin et français. L'expression d'un sentiment
des plus intimes prend ainsi une forme identique pour tous.
Initialement développé pour l’exposition "CHAT" au Westphalien Art Association, SMS type fut exposé
au Kunstverein Cuxhaven. L’œuvre fut également présentée dans le cadre d’une série d’illustrations
dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit. Elle est actuellement exposée à La Panacée à Montpellier
dans le cadre de l'exposition "Conversations électriques"
Photo prise lors des expérimentations en avril 2013. Projection de texte-sms par de la vidéo à travers
de la fumée dans un espace fermé et obscur. Les faisceaux ne dessinent que des raies de lumières
sculptées en relief par la fumée, jusqu'à ce qu'on passe, à travers, une main (ici) ou un bout de corps.
Le message invisible jusque là, apparaît en s'inscrivant directement sur la peau… Ici, la transcription
du message directement dans la paume de la main nous a paru d'autant plus intéressant qu'il rappelle
de manière indirecte l'apparition du message reçu sur l'écran du téléphone … dans cette même main.
Photo Julien Dubuc / Cie Sambre/ Collectif InVivo