Une liaison contemporaine
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Une liaison contemporaine
Une liaison contemporaine Conception et mise en œuvre # Carole Thibaut en collaboration avec le collectif InVivo fragments de discours amoureux Création au festival des Bains Numériques - Centre des Arts d'Enghien # 14 et 15 juin 2014 Reprise à La Panacée – centre de culture contemporaine de Montpellier # Festival Tropismes # mars 2015 / au Phénix – Scène Nationale de Valenciennes # automne 2015 / au Théâtre du Nord – Centre Dramatique National de Lille # 2016 (… Tournée en construction) Avec le soutien et en partenariat avec Le Centre des Arts – Enghien / La Panacée – Centre de culture contemporaine de Montpellier / Le Phénix – Scène Nationale de Valenciennes / Le Théâtre du Nord – CDN de Lille / La Chartreuse – Centre National des Ecritures du Spectacle / L'Ensatt – Lyon / Fabrique artistique de Ville Evrard – Cie vertical Détour / Confluences – Paris / Avec la participation du DICRéAM (aides au développement et à la création ) Production # Compagnie Sambre 06 42 78 48 40 / [email protected] / www.compagniesambre.org Direction artistique Carole Thibaut / Administration–Production Flore Lepastourel / Diffusion–Production Claire Dupont 06 42 78 48 40 / [email protected] / www.compagniesambre.org La Compagnie Sambre est en convention avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Ile-de-France - Ministère de la Culture et de la Communication, avec le Conseil Régional d’Ile-de-France dans le cadre de la permanence artistique et culturelle, et soutenue par le Conseil Général du Val d’Oise. La Compagnie Sambre est en convention avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Ile-de-France - Ministère de la Culture et de la Communication, avec le Conseil Régional d’Ile-de-France dans le cadre de la permanence artistique et culturelle, et soutenue par le Conseil Général du Val d’Oise. Sommaire Dossier artistique : - En préambule - Processus de création - Les différents fils narratifs - Notes sur les "matériaux d'écriture" - Le cheminement du/de la spectateur/trice - Le dispositif technique - Conditions tarifaires et techniques - Prolongements - Textes Fil Mails (début) Nouvelle (moitié) Fil SMS (début) - CV Equipe Carole Thibaut – conception & direction artistique Collectif InVivo – création technique Philippe Ménard – chorégraphie danse vidéo - Présentation Cie - Extraits Presse Cie - Contacts En préambule Ce projet, fait appel à la fois à des processus d'écriture théâtrale et d'installation immersive. A travers l'histoire d'une relation amoureuse, il explore différents modes de narration, par le biais des nouveaux médias (SMS, mails), de différents genres littéraires (épistolaire, romanesque, dialogue), de différentes formes d'écritures scéniques (texte dit, projeté, création sonore, création vidéo, danse). Chaque vecteur de narration apporte un éclairage singulier et donne une vision différente de l'histoire. Une Liaison contemporaine met en jeu une relation amoureuse d'aujourd'hui, à travers différentes formes d'écritures textuelles et non textuelles : écritures dramatiques (dialogues ou monologues) réinventées à partir des modes de communication d'aujourd'hui (SMS et mails) et écriture romanesque (une nouvelle) ; écriture sonore et écriture d'images, composées d'une sorte de mémoire collective amoureuse; et enfin une écriture chorégraphique. Il s'agit autant de questionner la relation amoureuse que d'explorer les relations possibles entre la scène, les nouveaux médias et les outils technologiques, en abordant ceux-ci comme de nouvelles formes possibles d'écriture théâtrale, induisant des points de vue et des axes de narration singuliers et nouveaux. SMS, mails, messages, images. A son entrée dans le dispositif, le spectateur se verra offrir le livre de la nouvelle, récit lui-même éclaté de la relation amoureuse. Chaque vecteur de narration, s'il apporte un éclairage singulier et des clefs permettant de compléter l'histoire, la complexifie aussi en la fragmentant encore, à l'infini. Comme autant de points de vue portés sur une histoire dont on peut se demander au final si elle n'est pas pure fantasmagorie… question qui traverse toute histoire amoureuse. Une Liaison contemporaine est une plongée dans une expérience sensible et un univers narratif non linéaire. L'objectif est de recréer un environnement mental immersif, un univers virtuel et sensoriel, où surgiront de l'obscurité et de la brume, des mots, des personnages, des images, des sons, traduction de ce nouveau langage à multiples facettes et contenus, qui tisse une relation singulière entre deux êtres à travers les différents médias qui les relient. Les médias et autres vecteurs de l'histoire sont ici porteurs des traces de l'histoire, révélateurs de la fantasmagorie amoureuse. Ils permettent d'éclairer la perte de soi-même et de l'autre dans la folie amoureuse, cette fragmentation du discours explorée malicieusement par Barthes. On peut d'ailleurs se demander ce que Barthes aurait écrit de ces fragments amoureux s'il avait connu la liaison syncopée générée par ces nouveaux médias amoureux… Une des questions que pose le projet est la façon d'écrire et de "mettre en scène" ces échanges, en inventant à partir d'eux un langage théâtral en soi, l'objectif étant d'écrire une œuvre théâtrale à partir de ces moyens d'expression et dialogues générés par ces nouveaux modes de communication. On interrogera entre autres ainsi la façon dont les nouveaux média transforment notre rapport à l'autre et à nous-mêmes, notre rapport au monde, et jusqu'à nos identités les plus intimes. Nous travaillons ainsi autour d'une pièce théâtrale et numérique immersive qui tende à développer les correspondances, les dialogues, comme une écriture à multiples facettes et vocabulaires. Une Liaison contemporaine raconte cette impossibilité de saisir une réalité dans son entier, et de pouvoir contenir et enfermer toute la complexité d'une relation humaine, notamment amoureuse, dans un seul récit ou point de vue. Il s'agit d'envisager cette pièce comme un puzzle narratif : Les différents vecteurs de narration se mêlent, et le spectateur peut ici choisir de suivre chaque fil séparément pour entendre l'histoire à travers chacun de ses déroulés, tentant ainsi de l'embrasser dans sa totalité (si tant est que cela soit possible dans une histoire amoureuse) ou bien de se laisser porter par l'ensemble. Les bruissements et sensations de cette histoire amoureuse, tissée de ces bribes de dialogues, de mots, de messages, sont autant de traces de cette relation. Le fil central dessine un monde bien réel et pourtant virtuel, un monde à part, possédant sa réalité singulière, un éther moderne, un espace-temps singulier, espace mental proche parfois de la folie : le monde de l'amoureux. Il s'agit de raconter cette relation amoureuse singulière sur un peu plus d'une année. 777 jours et nuits exactement, au rythme des fils Processus de création Ce qui nous intéresse c'est d'interroger la façon dont, non seulement les rapports sociaux, mais également nos relations affectives, nos représentations intimes de nous-mêmes et de l'autre, évoluent à travers la modification et la multiplication de ces nouveaux réseaux et canaux de relations. Ce champ de recherche fait l'objet d'études assez récentes de la part de laboratoires universitaires. Il apparaît ainsi dans une étude statistique menée à l'université de Montpellier autour des sms (*) qu'une des premières occurrences d'assemblage de mots dans ce média est "Je t'aime"… Nous travaillons autour d'un objet immersif qui tende à développer les correspondances, les dialogues, comme une écriture de théâtre à multiples facettes et médias. La présence physique "humaine" n'y sera qu'une projection irréelle, virtuelle et ponctuelle. Nous souhaitons développer cette présence-absence, absence physique mais présence (obsession) affective et mentale : présence fantomatique, donnée à travers la fumée, le miroir sans teint, des projections vidéo floues et immatérielles. Dans Une Liaison contemporaine, la technologie doit disparaitre au profit d'une expérience sensible et d'un univers narratif non linéaire. L'objectif n'est pas au bout du compte de faire une performance technologique mais de recréer un environnement virtuel et mental qui soit totalement immersif. Si ce dispositif s'annonce complexe technologiquement (interaction directe, synchronismes divers, cf. ci-après) il doit au final apparaitre comme un univers virtuel et sensoriel en soi, un univers où surgiront de l'obscurité, des mots, des hologrammes, des images, des sons, traduction de ce nouveau langage à multiples facettes et contenus qui tisse une relation et histoire singulière entre deux êtres à travers les différents médias qui les relient. Il s'agit ici d'entremêler le champ de l'expérimentation technologique à celui de l'écriture, afin de tenter d'inventer une forme d'écriture théâtrale singulière et multiple. Ici donc, l'expérimentation technique et l'écriture sont indissociablement mêlées depuis plus d'un an, l'expérimentation interrogeant la forme même de l'écriture. Celle-ci ne peut donc pré-exister mais doit au contraire se réfléchir et s'inventer au fur et à mesure de l'expérimentation au plateau, ce qui implique que les temps d'immersion technique alternent avec les temps de réflexion, de conception et d'écriture. C'est ainsi que se sont articulés les temps de recherche tout au long de l'année 2013 à la Fabrique artistique de Ville Evrard, au Centre National des Ecritures du Spectacle à La Chartreuse de Villeneuve les Avignon, à Confluences, et les temps de réalisation, à partir de février 2014, au Centre des Arts d'Enghien, à Confluences et à l'ENSATT (Lyon). En 2013, nous avons mené, en plus du travail d'écriture et de conception, quatre sessions d'expérimentation, afin d'interroger le rapport entre texte écrit /lu et texte dit/oral, projection vidéo, jeu et son, mode d'expression théâtrale des sms et des mails, évolution de la chronologie, …. Elles nous ont permis de déterminer les différents vecteurs narratifs et les différents modes d'écritures, de commencer à écrire le tableau chronologique de la relation amoureuse. Après l'année 2013, consacrée à la recherche et au développement autour du projet, l'année 2014 est consacré à la réalisation du projet, à travers 5 semaines de résidence de travail : > 1 semaine à l'ENSATT à Lyon en février (qui donne lieu à trois premières ouvertures professionnelles de travail les 27, 28 février à l'Ensatt à Paris et 8 mars à Paris à Confluences), > 2 semaines en avril et 2 semaines en juin au centre des arts d'Enghien. Ces 5 semaines aboutiront à la création les 14 et 15 juin au Centre des arts d'Enghien dans le cadre du Festival des Bains Numériques. Le spectacle sera ensuite repris au cours des deux saisons suivantes, d'ores et déjà programmé 5 jours à La Panacée à Montpellier en mars 2015 et ensuite à l'automne 2015 au Phénix, Scène Nationale de Valenciennes (co-producteurs – cessions confirmées). La tournée est en cours de construction. (*) 93 085 sms authentiques recueillis auprès du grand public entre le 15 septembre et le 15 décembre 2011, soit 13 semaines dans le cadre de sud4science LR ; 88 683 sms après épuration (doublons, messages publicitaires, etc.), 424 donateurs définitifs (509 inscrits au départ), 13,75 mots par sms en moyenne. Corpus au total : 1 219 771 mots, 5 984 306 caractères avec espaces, 4 858 902 caractères sans espaces. Sur les 30 000 binettes/smileys utilisés, seuls 1 % sont des smileys "graphiques".+ 60% de femmes. 80 % de moins de 30 ans Pour les mots les plus fréquents du corpus, on a d'abord : 1) « je » (est utilisé 36 153 fois) ; c'est le mot simple (1-gram) le plus fréquent du corpus 2) « c est » (sans guillemets, utilisé 12 401 fois), (c'est la suite 2-gram, avec l'espace entre deux suites de caractères « c » puis « est » la plus fréquent) 3) « je t aime » (toujours sans guillemets, utilisé 3 110 fois) (c'est la suite 3-gram, avec deux espaces « je », « t », « aime » la plus fréquente). Eléments communiqués par Rachel Panckhurst dans le cadre du corpus sud4science LR (Panckhurst, Rachel; Catherine Détrie; Cédric Lopez; Claudine Moïse; Mathieu Roche; Bertrand Verine. 2013). A corpus of 88,683 authentic text messages in French. (à paraître en ligne). Les différents fils narratifs Il s'agit d'écrire, par le biais de différentes formes d'écritures, différents fils narratifs d'une même histoire, suivant et s'entrelaçant tous autour d'un même fil chronologique. Ces fils se déroulent aussi bien oralement que par les images, les sons, les corps ou par projections de textes. (Ainsi l'étreinte, qui est un des thèmes centraux récurrents (et obsessionnel) des fils mail, sms et de la nouvelle, fera l'objet d'une écriture chorégraphique avec deux danseurs et aura son existence propre.) > un fil sms, reprenant chronologiquement l'ensemble des échanges sur ce mode, à la manière d'une nouvelle forme de dialogue amoureux entre écrit et parlé. Ce fil est projeté visuellement au fur et à meure de son déroulé, dans l'espace. Il est le fil d'Ariane que suit le spectateur à travers l'histoire et l'espace. Il est également entendu dans des combinés de téléphone disposés autour d'une table haute sur laquelle est projetée une vidéo de mains. > un fil mails, reprenant chronologiquement les mails d'une seule voix, à la manière d'un monologue amoureux fragmenté. Ce fil est murmuré à l'oreille du spectateur puis envoyé à son adresse mail sur un temps de 777 heures (environ un mois, correspondant à la durée de la relation de 777 jours et nuits ) après sa sortie du spectacle. > une nouvelle, éditée et offerte sous la forme d'un livre à chaque spectateur à sa sortie de l'installation. Elle est également "racontée " oralement au-à la spectateur–trice durant l'immersion. Si elle éclaire l'histoire encore sous un autre jour et en donne une version complémentaire, loin de la synthétiser, elle la complexifie encore tout en délivrant certaines clefs. > Un fil son et un fil images composés de fragments issus de notre mémoire collective amoureuse, qui suivent les variations de l'histoire amoureuse, à partir de musiques, chansons populaires, œuvres classiques ou savantes, extraits de films (notamment "Brève rencontre" qui est une des œuvres conductrices de l'installation), fragments d'œuvres picturales, extraits de dessins animés, …, tout ce qui peut constituer la mémoire des référents amoureux de nos deux personnages. Notes sur les matériaux d'écritures Fragments d'un discours amoureux de Barthes, La modification de Butor et le film Brève rencontre de David Lean, sont les trois œuvres qui servent de fil à cette histoire et à ces écritures. On les retrouve de façon parcellaire dans les fils sons et images (pour Brève rencontre), dans la nouvelle qui est entremêlée de retraversées du roman de Butor, dans le fil mails qui est bâti autour et à partir de Fragments de discours amoureux. Le train qui est l'élément central de La modification et de Brève rencontre, est ici élément récurent et lien. On le retrouve à tous les niveaux de narration (images, sons, SMS, mails, nouvelle).Il symbolise les liens, vecteurs entre les personnages, il est porteur des séparations, des éloignements, des retrouvailles, des rapprochements, de la vitesse, des croisements. Il symbolise le voyage intérieur, le voyageur immobile que devient l'amoureux, le temps qui file et en même temps une forme d'arrêt du temps, l'enfermement dans la relation alors que le paysage de la réalité défile à l'extérieur, la question omniprésente quoique souterraine de la direction et de l'aboutissement de cette histoire. La modification et Brève rencontre ont inspiré l'histoire elle-même : le train, la liaison parallèle, la question de l'avenir, de ce qu'il faut quitter ou non, le conjoint, la destination, la réminiscence, le souvenir, la fragilité voire l'impression d'irréalité de la relation, la lente et imperceptible modification interne des personnages jusqu'à la décision finale, similaire à celle du roman. Fragments de discours amoureux a nourri la réflexion de fond sur le sentiment amoureux, l'écriture en cercles concentriques, la structure même de la pièce, la multiplication des vecteurs dont aucun seul ne peut contenir l'histoire, la notion de fragmentation des identités, des récits, des ressentis, la notion d'indicible. Le fil SMS est écrit en partie à partir de collectages de SMS amoureux. Le SMS induit une forme d'écriture nouvelle, faisant appel à des genres très divers voire antinomiques : dialogues, petits monologues, oralité, poésies japonaises, post-it, quotidien-utilitaire, … le collectage de SMS était utile pour tenter de rendre au plus juste cette écriture spécifique. A noter que je n'ai pas cherché ici à reproduire la langue SMS avec Smiley et abréviations utilisée par les plus jeunes, celle-ci ne correspondant pas aux deux protagonistes, ni par l'âge, ni par le milieu. Ce qui m'intéresse avant tout ici est la vertu d'écriture poétique que peut générer parfois en fulgurances le langage SMS, notamment dans sa brièveté. Les mails font référence à des œuvres épistolaires amoureuses réelles (Les lettres à Madeleine d'Apollinaire, Les correspondances de Sand et Musset par exemple) ou fictives (Les liaisons dangereuses de Laclos / Lettre d'une inconnue de Sweig). Elles sont directement inspirées par Fragments d'un discours amoureux de Barthes, dans ce qu'elles interrogent, de façon quasi obsessionnelle, de la passion amoureuse, de l'impossibilité à dire ou à écrire ce sentiment. Elles sont adressées mais tournent sur elles-mêmes constamment et constituent un monologue à part entière. J'ai choisi de ne pas écrire les réponses de Lui, afin de garder la forme du monologue dans cette construction elliptique (faisant pendant à la forme dialoguée de l'échange SMS). Les fils écrits à partir des référents amoureux collectifs sont scénarisés de façon précise avec des images et des sons qui font références, même lointaines, même de façons surréalistes ou comiques, aux évènements traversés, émotions, et stades de la relation. Nous avons ainsi procédé à une collecte d'images, de sons, de musiques, de chansons, de photos, d'extraits de films qui font référents dans le domaine amoureux. Après avoir choisi parmi cela les matériaux qui peuvent s'accorder avec nos personnages, nous les utilisons comme un vocabulaire et un langage afin de leur faire raconter de façon suggestive et parfois même abstraite l'histoire à leur manière. Comme une plongée dans l'inconscient-même des personnages. Le cheminement du/de la spectateur/trice L'espace de la relation amoureuse est un espace fermé, pouvant accueillir une dizaine de spectateur/trice/s. Ceux/celles-ci peuvent y rester de quelques minutes à plusieurs heures selon qu'ils/elles choisissent d'y suivre chaque fil de l'histoire amoureuse dans leur entier ou bien de traverser la relation amoureuse de façon beaucoup plus légère. Au fur et à mesure que les spectateurs/trices sortent de l'espace amoureux d'autres peuvent y entrer et leur succéder. Le/la spectateur/trice est accueilli à son arrivée. Il lui est demandé son mail et il est ensuite conduit dans un lieu où il attendra son tour pour entrer dans l'espace amoureux. Dans ce lieu d'attente sont mis à sa disposition des livres, magasines, images et sons traitant de l'état amoureux, à travers les approches les plus variées, des plus savantes aux plus vulgaires. Le/la spectateur/trice se verra offrir une boisson et quelques friandises. Dans cet espace défilent sur le mur, projetés depuis un téléphone, des messages amoureux envoyés à ce téléphone par celles et ceux qui le désirent. Une pancarte, indiquant le numéro du téléphone, y invite le ou la spectateur/trice en attente ici. Lui est offert un livre qui s'intitule Une Liaison contemporaine et c'est le livre qui contient la nouvelle de l'histoire que vous avez entendue, par bribes ou entièrement, dans l'installation. Il/elle est ensuite conduit/e à l'entrée de l'espace amoureux. Il/elle pénètre dans un espace labyrinthe. Sur les parois, transparentes (plexi), sont projetées des images, des bribes de textes. Ces images se répercutent et se superposent les unes avec les autres. Le fil SMS se retrouve partout, se tissant en projection comme un fil d'Ariane qui conduit le spectateur dans ce labyrinthe amoureux. Différents espaces se découvrent au détour des parois, par exemple - comme l'espace du train, où le spectateur est immergé, assis comme dans un train, devant une fenêtre où défilent des paysages. Ici à son oreille, la nouvelle est portée par la voix de l'homme - ou un espace obscur, éclairé seulement par le fil sms, où il est invité à s'allonger. Ici à son oreille la voix de la femme lui adresse les mails Ici, des voix s'entremêlent à des sons, des rythmes Il/elle y reconnaît une pulsation cardiaque, avant de se rendre compte qu'il s'agit du son d'un train filant à toute allure. Plus tard il/elle se rendra compte que les pulsations qui accompagnent l'image du défilé des caténaires le long de la voie, vu de la fenêtre du train, correspondent aux bips de réception des sms qui viennent s'inscrire au fur et à mesure dans l'espace, leur fil, projeté, entourant peu à peu l'espace. Il/elle y reconnaît parfois un air de chanson, quelques notes de musiques, une mesure d'opéra, rejoués dans une autre tonalité, sifflotés, réinterprétés sur un autre ton, comme un petit refrain obsédant et qu'on ne parvient plus à nommer, mais qu'on reconnaît quand même, comme un ressac émotionnel. Il/elle y entend des morceaux de messages, des bribes de dialogues amoureux, et se rend compte au fur et à mesure que ces mots plus ou moins lointains et audibles reprennent parfois des morceaux de ce fil sms qui s'inscrit devant lui, dont la plus grande part s'évanouit aussitôt après et dont certaines parties parfois subsistent comme la mémoire d'un mot, d'une phrase, peut s'inscrire plus fortement dans notre mémoire. Ces mots entendus sont aussi parfois des morceaux de supplications, des soliloques obsessionnels, des déclarations infinies, des jouissances murmurées à l'oreille par la voix des acteurs. Parfois des silences où tout semble se suspendre. Où l'espace entier semble cesser de respirer. Où le fil de sms lui-même s'interrompt durant un très long blanc. Ce sont les jours où la relation s'interrompt. Et puis tout reprend soudain. Ici, aussi, des images et du texte projeté s'entremêlent à des extraits de films, et une vidéo d'un train, et à l'image d'une étreinte infiniment lente, selon les espaces et la superposition des images par le jeu des parois transparentes ou semi-transparentes. Le fil sms projeté reprend l'intégralité des sms échangés par les amoureux sur les 777 jours et nuits que dure la relation. Chaque sms est précédé comme dans la réalité de la date et de l'heure de son émission. La variation de l'espace entre chaque sms marque la variation du temps écoulé entre chaque sms. L'attente. L'espoir. Le manque. Le relâchement de la relation. La tension amoureuse. Le désir. La colère. Etc. Ces espaces sont très précisément calibrés en mesures-temps, permettant de rendre compte du nombre d'heures et de jours qui séparent deux messages. Sans donner les mesures précises de temps à voir aux spectateur/trices, ils permettent de créer une sorte de carte chronologique de la relation. Sur un autre pan de l'espace, et parfois entremêlé à celui des sms, des images de films, des bribes de scènes, des parcelles de tableaux ou de photos racontent de façon indirecte, parfois naïve, parfois abstraite ou parfois figurative, les différentes étapes émotionnelles de la relation amoureuse, avec comme fil conducteur principal et récurent des extraits du film "Brève rencontre", seule œuvre à être projetée, en extraits, dans sa chronologie, qui suit de façon indirecte, la chronologie de notre histoire amoureuse ici. Comme si les deux amoureux de notre histoire y puisaient leur propre imagerie amoureuse, ou s'en nourrissaient émotionnellement. Mais s'y retrouvent aussi par exemple la scène des baisers qui clôt le film Cinéma Paradisio (qui vient faire écho au baiser de l'une de leur retrouvaille), ou le slow de La boom 1, car le monde de l'amoureux est aussi bête que magnifique, ou le baiser de La belle au bois dormant de Disney ou celui de La belle et le clochard au dessus d'un plat de spaghetti car le monde de l'amoureux se moque des référents intelligents. Et au centre du labyrinthe, infiniment lentement, dans un geste infiniment répété, un couple de danseurs (projection vidéo) s'enlace à l'infini, s'enlace et se délace. Racontant à travers ce geste dansé chorégraphié la première étreinte, l'obsession répétée de la première étreinte, qui sert de ligne narrative également à toute la nouvelle, revient régulièrement dans le monologue des mails et ponctuellement dans les sms. Enfin une fenêtre de train (fenêtre vidéo), évoque les paysages quasiment abstraits de la réalité qui défile à l'extérieur du train et qui rythme, notamment par le défilé des caténaires, la relation elle-même. (Le train ici, comme rappel de celui qui emporte le "Vous" de La modification de Butor, lors de son long voyage en train de Paris à Rome / Le train aussi comme leitmotiv de "Brève rencontre", cette force entrant soudainement dans le champ de la réalité calme des deux personnages, et emportant tout) Le/la spectateur/trice comprend au bout d'un moment qu'il/elle assiste au récit en direct d'une histoire d'amour dont il ne resterait que des traces, des bribes, comme des morceaux parcellaires de mémoire, qui toutes résonnent et se font échos. (Ou bien est-il immergé dans un monde de fantômes condamnés à revivre sans cesse leur histoire. Un monde d'absents-présents, comme le sont à eux-mêmes les deux protagonistes de cette liaison amoureuse. Ou recueille-t-il les traces d'une relation avant tout virtuelle, bâtie sur l'éloignement et la distance, où tout l'espace fut ainsi laissé au fantasme, au délire passionnel, au désir haletant, à l'imagination enfiévrée. Ou recueille-t-il les traces futures de nos relations présentes, telles qu'elles seront décryptées par les générations suivantes à travers ce qu'il restera de nos échanges d'aujourd'hui.) Certains espaces dans cet espace amoureux donne une version entière de l'histoire à travers un fil bien distinct, livré entièrement. Il/elle se rend compte que s'il/elle se déplace vers la fenêtre du train et s'assoit sur le siège collé à la fenêtre, qui lui donne alors la sensation d'être dans ce train, collé à cette vitre sur laquelle les paysages défilent, il/elle se rend compte qu'alors assis ainsi, il peut entendre le récit complet de la Nouvelle tout en suivant le fil SMS qui s'inscrit partout autour de lui. Et il/elle peut choisir de rester assis là tout le temps de la nouvelle qui raconte la relation amoureuse, afin de la connaître uniquement à travers ce vecteur. Et il/elle se rend compte que s'il/elle se déplace vers l'endroit obscur (seul endroit opaque et fermé de l'installation, comme une petite pièce) et qu'il/elle s'allonge sur les coussins moelleux (ou autre couche moelleuse au sol disposée là) il peut alors entendre à son oreille Elle murmurer les mots obsessionnels, fous, désirants, de la passion amoureuse, dans le déroulé des mails écrits tout au long de ces 777 jours et nuits qu'a duré cette histoire, de la première nuit au Domaine des Valeureux, jusqu'à la dernière nuit, restée en suspension. Et il/elle peut alors choisir d'écouter dans son entier cette longue litanie amoureuse qui en raconte également tous les soubresauts, doutes, fulgurances, étapes, ou bien replonger dans l'environnement général où il en retrouvera des bribes, ou bien encore se diriger vers une autre parcelle de l'espace-histoire. Et il/elle se rend compte que s'il/elle se déplace vers l'étreinte, il peut, les yeux suivant l'étreinte infiniment lente des deux corps, entendre de toute part les bribes de cette relation, musiques, morceaux de phrases, … Et dans un autre espace, il/elle découvre une table haute de bistrot Et autour de la table de bistrot, sont accrochés des combinés de téléphones. Et quand il/elle en porte un à l'oreille il/elle peut entendre à son oreille le déroulé des échanges sms entre l'homme et la femme, et voir, sur la table haute, se chercher et s'unir leurs mains tels des fantômes de leur présence ici. Et en rentrant chez lui, ou en consultant ses mails en chemin, il/elle découvre qu'il/elle a reçu le premier mail de la relation amoureuse racontée ici. Il/elle va recevoir ainsi l'intégralité des mails qui compose le fil mail de la relation durant 15 jours, soit 777 heures, au rythme des 777 jours et nuits du déroulé chronologique de la relation (il/elle peut bien sûr décider d'arrêter de recevoir ces mails quand il/elle le désire par une simple réponse mail envoyée en retour!) Le dispositif technologique Ici, les technologies de pointe sont intégrées et utilisées comme outils Ici, d’écriture scénique, afin les intégrées langages générés les technologies de d'aborder pointe sont et utilisées par comme les nouveaux médias (entre écriture et oralité)les comme nouvelle outils d’écriture scénique, afin d'aborder langages générés écriture par théâtrale. les nouveaux médias (entre écriture et oralité) comme nouvelle écriture théâtrale. La scénographie est composée d’un environnement déambulatoire,La sousscénographie forme de labyrinthe est immersif. composée d’un environnement déambulatoire, sous forme de labyrinthe immersif. Les spectateurs sont amenés à entrer dans un espace où la profondeur duLesdispositif est entrent décelable de du spectateurs dansà untravers espacedes où lasurfaces profondeur projection transparentes. Les vidéos et images se superposent. fois dispositif est décelable à travers des surfaces de Une projection à l’intérieur du dispositif, les etspectateurs dans Une le récit transparentes. Les vidéos images senaviguent superposent. fois à amoureux selon parcours où le fil SMS projeté auamoureux sol et l’intérieur du un dispositif, leslabyrinthique, spectateurs naviguent dans le récit sur selon les parois sert de labyrinthique, guide à la déambulation ces au entrelacs de les un parcours où le fil SMSdans projeté sol et sur surfaces. parois sert de guide à la déambulation dans ces entrelacs de surfaces. Plusieurs écrans, offrant différentes transparences, seront Plusieurs écrans, offrant différentes transparences, seront superposés comme autant de strates, amenant uneune pluralité visuelle. Un Un superposés comme autant de strates, amenant pluralité visuelle. autre support de projection centrale serasera la brume, peupeu perceptible par par autre support de projection centrale la brume, perceptible le/lale/la spectateur/trice, plongé/e dansdans uneune semi-obscurité dèsdès sonson arrivée spectateur/trice, plongé/e semi-obscurité arrivée dansdans l'espace. l'espace. Chaque spectateur/trice pourra distinguer au au delàdelà de de ces ces Chaque spectateur/trice pourra distinguer différentes strates nonnon seulement ses ses propres reflets, maismais également les les différentes strates seulement propres reflets, également silhouettes desdes autres spectateur/trice/s, comme uneune dernière strate silhouettes autres spectateur/trice/s, comme dernière strate entre réelréel et illusion. DesDes plastiques cristal, plexiglas dépoli, mirolège, entre et illusion. plastiques cristal, plexiglas dépoli, mirolège, constitueront les les matières desdes écrans, qui qui serviront de de parois constitueront matières écrans, serviront parois transparents, semi-transparentes ou miroirs à ceàlabyrinthe. Toutes ces ces transparentes, semi-transparentes ou miroirs ce labyrinthe. Toutes surfaces et matières de projection serviront de supports auxaux différents surfaces et matières de projection serviront de supports différents messages textuels (sms(sms et autres médias), ainsiainsi qu'aux images, qu'elles messages textuels et autres médias), qu'aux images, qu'elles représentent un un réelréel plusplus ou ou moins perceptible, qu'elles se se fassent représentent moins perceptible, qu'elles fassent images mentales, réminiscences, parcelles de mémoire, … toutes ces ces images mentales, réminiscences, parcelles de mémoire, … toutes projections pouvant, selon les les instants, s'entremêler ou être distinctes et et projections pouvant, selon instants, s'entremêler ou être distinctes isolées. isolées. DesDes espaces d’assises et et d’écoute ciblée ponctuent la la espaces d’assises d’écoute ciblée ponctuent déambulation dansdans cet cet environnement englobant et permettant ainsiainsi uneune déambulation environnement englobant et permettant immersion isolée : : immersion isolée Un espace noirnoir et clos invite les spectateurs à s’allonger dansdans Un espace et clos invite les spectateurs à s’allonger l’obscurité pourpour l’écoute desdes mails l’obscurité l’écoute mails UneUne banquette de train juxtaposé à une fenêtre vidéo plonge banquette de train juxtaposé à une fenêtre vidéo plonge le spectateur dansdans un voyage en train. Il y Ilsuivra le fillede le spectateur un voyage en train. y suivra fil la de nouvelle la nouvelle racontée à son oreille racontée à son oreille Un Un espace autour d'une tabletable de bistrot plonge le spectateur espace autour d'une de bistrot plonge le spectateur dansdans un autre desdes espaces récurrents dedel'histoire et où l'amène dans une un autre espaces récurrents l'histoire, il entend le fil SMS. autre sensorielle, où il suit fil SMS. Sursecette Surapproche cette table, à son approche, leségalement mains des leprotagonistes mettent table, à son approche, en mouvement (vidéo).les mains des protagonistes se mettent en mouvement (en…vidéo). … La vidéo est une fenêtre ouverte sur le monde intérieur et vidéoqueestsur unecelui fenêtre ouverte le mondeduintérieur mental,Laainsi de la réalitésurextérieure train etetdes mental, ainsi qui quedéfilent sur celui de la des réalité extérieure du train et desdes paysages (le rythme caténaires donnant la pulsation paysages qui défilent (le rythme des caténaires la pulsation des sentiments amoureux). Elle sera également donnant source de lumière (matière sentiments amoureux). sera également source de lumière (matière de vidéo) et média deEllediffusion des SMS et autres technologies vidéo) et média de diffusion des L’utilisation SMS et autres technologies de communication contemporaines. de lecteur vidéo autonome communication contemporaines. de lecteur vidéo en déclanchement infra-rougeL’utilisation est envisagé, combiné à unautonome cycle vidéo en déclanchement infra-rouge envisagé, combiné à un cycle vidéo autonome géré par le logicielest Millumin. autonome géré par le logiciel Millumin. La perception est travaillée en fonction du regard et de la place dans l'espace de chaque La perception estspectateur/trice. travaillée en fonction du regard et de la place dans l'espace de chaque spectateur/trice. Le déroulé des sons et des images est lié aussi à la localisation. UnLesystème surà la déroulé d’interupteurs des sons et dissimulés des imagesauestsolliébasé aussi deslocalisation. contacteurs Un gérés par Arduino permettront de déclencher des sur système d’interrupteurs dissimulés au sol basé séquences en lieu gérés et place spectateur ayant de déclenché cetdes des contacteurs par du Arduino permettront déclencher “interrupteur invisible” séquences en lieu et place du spectateur ayant déclenché cet “interrupteur invisible” Le dispositif sonore est composé d’un ensemble d’enceintes disposées selon les circulation de casques Le dispositif sonore est proposée composé etd’un ensemble permettant sur certains une écouteproposée isolée. Ces d’enceintes disposéespoints selonfixes les circulation et dehautscasques parleurs miniatures de diffuser permettant sur permettront certains points fixes les uneenvironnements écoute isolée.de Un sonsenvironnement selon les trois axesglobal d’écritures (SMS, sonore reprendra des Mail, extraitsNouvelle). des SMS Un mêlés environnement Global sonores reprendra des extraits des SMS à des à des références (musiques , extraits de mêlés films, sonorités) références sonores (musiques , extraits de films, sonorités) liées amoureuses. amoureuses. La gestion de cette multidiffusion se fera sur le modèle de gestion de cette multidiffusion fera sur le modèlesonore de la WFS.LaCe dispositif permettra de créerseun environnement la WFS. Ce dispositif permettra de créer un environnement englobant où le spectateur entendra chaque son spatialisé.sonore englobant où le spectateur entendra chaque son spatialisé. Dans les espaces d’assises, des casques ou des Dans les espaces d’assises des casques ou desune enceintes de type “douche sonore” directionnelles permettront enceintes type “douche sonore” (enceintes ultradirectives) adressede ciblée. permettront une adresse ciblée. Le logiciel Ableton Live 9 permettra une gestion de cette Le logiciel Ableton 9 permettra gestion de cette multidiffusion en lien avec Live un processeur deune multidiffusion. multidiffusion en lien avec un processeur de multidiffusion. Ce dispositif acoustique permettra au spectateur de Celibrement dispositifet acoustique permettradans au son spectateur de naviguer en totale immersion propre univers naviguer et parcours en totaleamoureux immersiondans danscetson propre univers créantlibrement son propre environnement. créant son propre parcours amoureux dans cet environnement. La perception des spectateurs est mise en synergie avec La perception des spectateurs mise commune en synergie les mouvements d’images grâce à la est gestion desavec régies les Lumière mouvements grâce à la des régies Son d’images vidéo Machinerie pargestion le biaiscommune des protocoles Midi et Lumière vidéo Machinerie par le biais des protocoles Midi et OSC Son via Copperlan. OSC via Copperlan. Conditions tarifaires et techniques Trois autres objets artistiques accompagneront et prolongeront, en contrepoints, ce questionnement autour de la fragmentation du sujet (aimant) et de l’objet (aimé) dans le dialogue amoureux. Deux petites pièces hors les murs (l'une Prolongements #1 Prix de cession : 3450€ TTC journée 4300€ TTC journées 5100€ TTC journées … (dégressif) pour 1 pour 2 pour 3 2 petites pièces hors les murs (avec acteurs et actrices) autour du discours amoureux 19ème et 20ème siècle 1 jeu interactif (avec téléphones) ++ Transport du décor (20m3), défraiements et transports de l’équipe ( 4 personnes) depuis Paris adaptée de Musset (discours amoureux au 19ème siècle) l'autre, pièce contemporaine, de Camille et Perdican, adaptation de la pièce Devos (discours amoureux au 20ème siècle)) de Musset On ne badine pas avec Format conçues pour être représentées hors les l’amour, met en scène, dans les murs, dans des salles non équipées (salles de d'une relation, la confrontation d'une jeune fille L’installation peut être présentée en continu. et d'un jeune homme. Ils débattent de la La plage horaire de diffusion est à définir en fonction du lieu, de l’événement. Elle peut possibilité ou de l'impossibilité de vivre leur accueillir une douzaine de spectateur-trice-s amour au regard de leur soif d'absolu, de la à la fois. classes, associations, maisons de jeunes, …). Toutes deux mettent en scène également une relation amoureuse, mais ici à travers la confrontation directe des corps et de la langue, pour un acteur et une actrice. Conditions techniques Montage : 2 heures / 1 régisseur Tous types de salles dotées d'une prise électrique. de présentation prémisses publique : religion, de l'usure attendue, de l'exemple des Un espace à l'entrée est aménagé permettant aux spectateur-trice-s d'attendre adultes… leur tour en buvant un verre offert par l'hôtesse d'accueil de la cie. Petite pièce hors les murs pour 1 acteur et 1 actrice, et pour tout public à partir de 11 ans Adaptation et mise en scène Carole Thibaut Conditions techniques création au printemps 2015 minimum : NB : L'installation est autonome sur le plan technique et scénographique. Occident de Rémi De Vos > un espace fermé de, au minimum, 8m50 / met en scène un couple vieillissant et usé, 8m50 et 3m50 de hauteur tordu dans la haine de soi et de l’autre, mais dans lequel on puisse faire l'obscurité Dossiers des petites pièces envoyés sur demande interdépendant. A travers le récit rituel de leurs > 4 services de 4h chaque de montage et retrouvailles quotidiennes, la pièce traite de la réglages / 1 service de démontage montée de la haine et du racisme dans nos > 2 à 4 technicien-nes requis-es pour montage et démontage sociétés occidentales. Petite pièce hors les murs Co-mise en scène et interprétation Personnel Sambre : Jacques Descorde et Carole Thibaut En co-production avec la Cie des Docks > Pour les montage et démontage : 2 Créée en octobre 2013 / en tournée technicien-ne-s > Pour l'exploitation : 1 comédien-ne & 1 technicien-ne + autrice-metteuse en scène Echanges et actions artistiques La Compagnie propose, autour des créations, des temps d'échanges et de rencontres, des ateliers de sensibilisation et le cas échéant de création, permettant d'aller à la rencontre de tous les publics, et en particulier ceux n'étant pas habitués à fréquenter les structures culturelles. Fil SMS (43 premiers jours – 21.05 > 03.07) > entendu en fil entier dans l'espace de la table et des mains > entendu par bribes seulement, entremêlée aux autres textes, dans l'immersion globale > Projeté tout au tour de l'espace comme un fil d'Ariane (*)L'écriture du dialogue SMS mettant en jeu des éléments très concrets, détaillés et précis de la relation (heures précises, lieu, évènements, petits détails quotidiens, …), elle se construit au fur et à mesure, notamment en lien avec l'écriture des fils son et images. Elle sera la dernière à être aboutie. NB : les espaces matérialisent le temps écoulé entre deux messages. Il sera calculé en mesure temps-espace et reproduit sur le fil SMS projeté. 21.05 10.53 Garde-moi le secret. Je t'embrasse. 21.05 12.30 Je serai un tombeau. Nous étions cette nuit partenaires des éléments. Je repars chargé d'électricité et de vibrations. Je t'embrasse. 21.05 15.10 Suis une pile en palpitations. Je t'embrasse. Prends soin de toi. 26.05 09.34 Je viens de trouver ton mail. C'est intéressant. Tiens moi au courant de l évolution. Je t'embrasse. 27.05 11.16 Pas OK avec tout. Il faudra qu'on en reparle à l'occasion. J'espère que tu vas bien. Je t'embrasse. 27.05 15.16 Ça ne m'étonne pas que tu ne sois pas d'accord! Suis reparti dans le travail et les emmerdes. Je t'embrasse aussi. passage donc. 01.06 18.06 Passée pas très loin de ta ville. Une pensée au 01.06 18.50 T es dans le coin? Descends-tu jusqu'ici? Tiens moi au courant. 01.06 19.01 Compliqué dans l'immédiat. Je pense à toi et mes pensées volent en petites lignes électriques jusqu'à toi. 06.06 12.57 Quelque chose qui m'enveloppe doucement et revient vers toi, en allers-retours. 06.06 13.08 J'aimerais retrouver tes bras. Et tes mains enroulées autour de mes doigts. 06.06 14.02 Tu les as. J embrasse le bout de tes doigts. 13.06 12.06 Suis dans le train serré. Ce sera un petit créneau. Je t'embrasse dans les brumes du nord. Se voir aujourd'hui? Plutôt 13.06 14.08 Après demain plutôt à mon retour, au saut du train. Aujourd'hui trop court avant mon départ. Nous allons nous croiser sur nos chemins de fer respectifs. 13.06 14.14 Bon préférable de se voir après demain donc. Je m'échapperai de la deuxième réunion discrètement. 13.06 15.06 OK pour moi, j'adore l'école buissonnière… J'arriverai à la gare vers 13h. 13.06 15.47 J'arrive à la gare 13.06 15.53 Bienvenue chez moi. Je t'embrasse en croisement d'espace temps décalé sur quai de la gare. 13.06 18.09 Suis arrivée à mon tour. Suis pas très loin de chez toi. Et voilà que tu es de l'autre côté. C'est drôle 14.06 17.05 J'ai décroché le contrat 14.06 18.03 Très impressionné. Bravo. Je peux t'appeler? 15.06 09.34 Salut! A 12h30? 15.06 10.01 0K 15.06 11.50 Quel numéro 15.06 11:51 153 15.06 12.33 J'y suis 15.06 20:24 C'était bon de te retrouver et le gout renversant de tes baisers. Tu me diras si elle est jolie la fleur de thé que je t'ai offerte quand elle s'ouvre dans tes eaux brulantes. 18.06 10.07 Me voici dans le train de nouveau C'est à la fois épouvantable et génial ces virées dans cette ville Un marathon assourdissant et excitant Tes lèvres comme une oasis fraîche et brûlante 18.06 23.05 pensées du soir. Envie de marcher avec toi au hasard des rues la nuit, parler avec toi et puis l'enlacement, longtemps. 19.06 01.05 Les oasis ne sont plus dans l'espace mais dans le temps Vivre c'est s'arracher… J'espère trouver un moment prochain pour un nouveau voyage sur canapé avec toi Un baiser plein de sève. 19.06 08.52 En attendant l'oasis ou l'île volcanique, un baiser qui tient un peu des deux. 19.06 22.23 Longue traversée de la ville sous la pluie. Comme hallucinée. Et puis ton message et c'est exactement cela merci tant. 19.06 22.56 Tu me mets parfois dans un de ces états! Je t'embrasse 20.06 13.25 Devant le café de notre première rencontre un baiser léger au passage 21.06 21.31 J'espère que tout va bien. Pensées. Je t'embrasse. 25.06 16.23 désolé pour mon silence Embarqué dans des dossiers inextricables & ennuis de famille & tout le reste Je t'appelle ce soir si possible? 25.06 17.01 Impossible ce soir Dans l'heure ou demain matin 25.06 17.04 T'appelle dans 5 mn 27.06 10.07 Cette histoire commence à me faire souffrir. Ce serait idiot. Il vaut mieux en rester là. Je t'embrasse amicalement. 27.06 15.16 Je comprends mais suis attristé. Notre fil tendu va me manquer. Tes petites touches sms électriques aussi. Et toi avant tout. 27.06 23.27 Je voudrais mais ne peux pas me passer de toi de cette petite non-histoire tissée ici. Je suis une idiote. De te quitter. De revenir. De tout. Tant pis. 28.06 09.25 Je peux t'appeler? 28.06 10.18 Je suis si heureuse et encore un peu plus idiote. Tu as le don d'illuminer ou d'éteindre mes journées. L'impression de sortir d'une tempête. Je t'embrasse au soleil revenu. 28.06 19.47 Cher Volcan Tu me fais penser à un volcan sous la mer Capable sous un calme apparent de créer soudain des tsunamis qui renversent tout secouent tout Tout est vivant avec toi Je t'embrasse tendrement et volcanement 30.06 20.09 Besoin irrépressible et vital d'une déclaration d'amour enflammée, passionnée et ouverte sur tous les possibles, et ce malgré la pluie qui n'en finit plus. Ou peut-être à cause. Frôle un abîme de tristesse d'un côté et une éruption volcanique de l'autre. Catastrophe. Sos. 30.06 20.21 C est dial a love poem… Je voudrais être une goutte de pluie glissant depuis ton cou… 30.06 20.29 Sauvée in extremis des extrêmes… Ce n'est pas encore ça, poète, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières et les océans lointains. Et les gouttes de pluie moi je les cueille au bout de ma langue quand elles glissent sur ma peau… ou la tienne… 30.06 20.42 Poète des trains et du téléphone et a fortiori du dimanche je sais néanmoins que le propre de la goutte est de cheminer 30.06 20.56 J'aime tes cheminements et les petites gouttes dont tu parsèmes mes heures, qui apaisent mes soifs miraculeusement. Et tes poésies japonaises dominicales. 02.07 00.48 En retour de soirée mondaine, dans les éternels embouteillages de cette ville… Drôle de soirée, retrouvailles avec des amis pas revus depuis 10 ans. Le temps est décidément un matériau très élastique. J'aimerais qu'il se resserre d'ici à te retrouver… 03.07 12.25 Sors de mon RV : moult félicitations pour tout. Grosse pression évidemment sur l'avenir … Je mesure le chemin parcouru depuis nos premières discussions. Deux mois donc avec toi en filigrane et tout ce que cela m'a ouvert aussi. Je t'embrasse 03.07 13.31 Tu es le texte je suis le contexte. Je t'embrasse. Fil mails (43 premiers jours – 21.05 >03.07) > entendue en fil entier dans l'espace allongé obscur > entendue par bribes seulement, entremêlée aux autres textes, dans l'immersion globale > reçu par mail sur une durée de 777 heures (15 jours) par chaque spectateur à la suite de l'immersion 23 mai Je viens d'émerger après une nuit agitée d'électricité cocaïne. Impossible de fermer l'oeil. C'était une drôle de nuit que ma dernière nuit ici, un peu vide et en même temps emplie de sensations et bruissements. Le Domaine est gris ce matin, vidé de ses fêtards, agité de vent froid, d'insomnie et de promesse de pluie. Je prends mes cliques et mes claques, emportant avec moi quelque chose d'indicible, qui me déborde un peu, doucement et presque douloureusement. Je n'écrirai plus aussi longuement, promis. Je t'embrasse. @ 28 mai Je me débats depuis mon retour dans la mélasse administrative. Envie de tout planter et de retourner m'enfermer dans la petite chambre du domaine des Valeureux. Au milieu de tout ça ton mail ce matin était un petit îlot heureux. Un peu à la manière de ce qu'a été ce moment la semaine dernière. Tu parles de moment volcanique, mais approcher un volcan signifie aussi prendre le risque de traverser les micro-séismes et retombées qui peuvent s'ensuivre, ce que je n'étais pas sans ignorer. Et me voici dans un état un peu gazeux, avec ce temps nocturne comme un moment suspendu entre deux réalités, une sorte de temps parallèle flottant, très délimité et très flottant à la fois, plein et inachevé à la fois, inattendu et en même temps désiré. Les images se superposent, je ne parviens pas bien à trouver les liens, et puis d'autres images comme des étendues immenses d'une douceur insoupçonnée, oubliée. Moment étrange. Qui perdure. Comme un écho tranquille dans l'eau, qui n'en finirait pas de faire des ronds et d'en troubler la surface. J'avais dit que je n'écrirais plus aussi longuement et voilà que c'est pire. Catastrophe! Vite retournons à ma mélasse administrative. Voilà. Ça c'est du réel bien réel. Je t'embrasse @ 8 juin Bon, nous sommes donc d'accord sur le fond, mais sur la forme tu me permettras d'émettre quelques réserves. Je suis souvent d'humeur volcanique. C'est ma façon à moi d'avancer, quand des choses viennent me triturer les méninges. Je me bats comme un diable quitte à m'épuiser en coups de tête inutiles contre des murs. Je parviens toujours quand même à en secouer ou fêler un peu au passage. A vrai dire, je retrouve parfois, même à distance, mon humeur de chien et chat avec toi, surtout ces derniers jours. Quelque chose qui m'agace comme du poil à gratter. Une envie de te tordre le nez, de te mordre un peu, de me lancer dans une discussion enlevée à coups de verres de vin. A vrai dire tu me manques aussi un peu. Et je ne sais plus trop qui me manque, ni à qui je parle, là, ou plutôt écris, parce que quand je te parle, je parle au téléphone à l'homme dans ses fonctions sociales et professionnelles et je suis la première à le faire, je le sais, par pudeur sans doute ou je ne sais trop quoi, et l'homme dans les bras duquel j'ai aimé basculer une nuit d'orage je ne sais plus très bien qui il est et j'ai du mal au milieu de toutes ces images à reconstituer ton image, comme un rêve éclaté. Mais tout ce que je sais c'est que c'est cet homme que je désire et en même temps j'aimerais connaître mieux le personnage social que tu es aussi. Et celui avec qui je corresponds par delà cet écran je ne sais plus qui il est, peut-être une créature virtuelle programmée dans un jeu et dans une expérimentation dont je serais le cobaye. Et si ça me met dans un tel état de dédoublement c'est que tout ce qui se passe à distance avec d'autres me met dans des états bizarres où je me défragmente, j'implose, je volcanise, comme si la relation ne pouvait qu'être morcelée, incomplète, et donc forcément fantasmatique. Ici je me méfie de moi-même, de mon attirance pour la beauté de cette distance, de ses possibles, et de ce qu'elle cache souvent de platitude dans la réalité derrière. Et je n'oublie jamais que Apollinaire a demandé Madeleine en mariage après ne l'avoir rencontrée qu'une fois, après lui avoir envoyé durant des mois et des mois des lettres du front et avoir en fait écrit là-dedans sa propre légende de lui et de Madeleine et puis qu'il l'a revue après tout ce temps et qu'à la suite de cette seconde rencontre il a rompu leurs fiançailles, et que de ces "Lettres à Madeleine" il a fait une oeuvre. Et que cette histoire ne vaut que pour cela au final. Alors forcément je me méfie. A vrai dire c'est toi qui me rends volcanique. Ou plutôt notre rencontre. C'est qu'elle ait eu lieu dans un ciel d'orage sans doute. Ça me chamboule. Mais je ne sais pas ce que c'est que ce "ça" qui me chamboule. Alors ça m'agace d'être chamboulée ainsi par je ne sais pas quoi. Si je le pouvais, je prendrais la route tout de suite pour aller vérifier si tout ceci n'est qu'un délire à la Apollinaire, une expérimentation virtuelle, ou si cela a une quelconque réalité. Si tu as une quelconque réalité. Et maintenant j'ai peur du moment où nous nous retrouverons en face l'un de l'autre. Il faudra nous revoir dans un endroit fermé et protégé car je veux me serrer contre toi et ne plus bouger longtemps, et seulement après cela oser te regarder. Et n'oublions pas que nos multiples reflets ici sont composés de nos mots écrits, et que les mots sont dangereusement trompeurs et délirants. Et le pire c'est que j'aime ce glissement qu'ils créent. Voilà. Tu n'aurais pas du parler de mon humeur volcanique. Ça a provoqué une éruption, fatalement. Pour le 15, si tu n'as pas été trop agacé par ce qui précède, je peux m'arranger pour me libérer. Il faut juste que tu me confirmes cela vite afin que je puisse m'organiser. Mes baisers ce soir sont de la lave en fusion. Ça brûle (enfin à travers l'écran ça refroidit un peu forcément). Et étrangement, je t'embrasse aussi très amicalement. @ 16 juin Si tu te perds dans des hôtels borgnes pendant mes nuits de champagne, je me perds dans les chemins de campagne pendant tes matinées de travail. Me faisant un peu l'effet d'une cocotte minute sous tension, j'ai pris ma voiture et suis partie courir ce matin. Besoin d'épuiser le corps et calmer l'esprit afin de "raison garder". J'ai pris des chemins de ronces et d'orties, ce n'était pas tes monts de Kabylie, mais j'y ai rencontré quelques lapins, faisans, et au détour d'un sentier un chevreuil planté en plein milieu du chemin qui me regardait. Il devait se demander ce que cette humaine essoufflée venait faire dans ses sous-bois. Nous sommes restés un long moment face à face, et puis il a bondi de l'autre côté. J'ai tourné ensuite durant plus de deux heures parmi les ronces et les orties, complètement perdue, suis rentrée épuisée, d'une fatigue bienfaisante. Je te retrouverais bien dans la chambre d'un hôtel borgne par une nuit clandestine. Les sous bois ne sont pas assez sûrs de nos jours. La preuve. Je vais m'obliger de cesser de penser à tout ce que j'aimerais faire avec toi, sinon il va me falloir épuiser mes matinées en courses folles. Et je déteste le footing. Je vis, n'empêche, une drôle de sensation, un dédoublement étrange. Comme ces films où le héros vit une vie parallèle, onirique ou virtuelle, à ne plus trop savoir ce qui est de la réalité et ce qui est de ses rêves. Si nous étions dans une réalité possible, je crois que je pourrais tomber amoureuse de toi. Et ce serait passionnel. Et terrible. Ouf. A quoi échappe-t-on. Caresse-moi encore en pensée, j'aime tes caresses. @ 19 juin La rencontre avec le gracieux chevreuil ne s'est pas renouvelée. Recevoir ton livre m'a été un beau cadeau avec surprise et plaisir véritables, et je vais me faire un plaisir véritable aussi de le lire afin de découvrir tous les secrets de l'immortalité et des rennes du père Noël. Car les deux sont forcément liés. Tu es un sage. Tu sais apaiser mes montées d'angoisses volcaniques. Et te savoir exister quelque part m'est comme une joie douce et un peu malicieuse. Dans toutes tes réalités possibles, par une nuit d'orage chez les Valeureux, au sommet d'un mont de Kabylie, sous un ciel qui voyage au dessus d'un canapé, si inconfortable soit-il, derrière un de nos écrans, sur le quai d'une gare, au bord de la mer Méditerranée... Tu as raison. Les réalités possibles sont douces à qui sait ne pas les craindre. Et moi qui suis régulièrement la proie de vieilles peurs et d'impatiences terribles, je suis étonnée de la façon dont tu déjoues, l'air de rien, mes vieux démons avec, ma foi, élégance et tendre bienveillance. Je sirote un verre de vin dans la maison endormie. C'est sans doute ce qui me rend l'âme lyrique. J'ai envie de t'écrire un long mail. Te raconter ma vie, te parler de tous les amours traversés, ce qui manquerait pour le coup gravement d'élégance, mais bon de toute façon je ne le ferai pas. Les deux seules choses que j'avais vraiment envie de faire lorsque nous nous sommes vus lundi c'était 1) avant de dire un mot me serrer contre toi et te serrer contre moi, longtemps, et 2) te demander de me parler de toi et t'écouter. Mais je suis assez lâche, j'ai bien trop peur que l'autre ne me dise d'un air un peu pincé "Mais enfin madame, que vous arrive-t-il, reprenez-vous", et puis il ne faut pas trop demander à quelques heures sur tant de jours et de semaines. J'écris sans trop avoir à dire, pour le plaisir de t'écrire des bêtises et me sentir légère. Ici il pleut. Ce n'était pas triste aujourd'hui pour autant. J'écris au fil de mon verre qui se vide. Ce soir j'ai eu soudain l'envie de parler de toi avec celui qui partage ma vie, comme on partage une pensée qu'on aime avec quelqu'un qu'on aime. "Mais enfin ça va pas la tête, tête de linotte" ai-je pensé. Bon. J'ai terminé mon verre et ce mail se gâte de ligne en ligne et va de mal en pis. Tant pis, tu es en vacances toi, tu as le temps de vagabonder à travers un de mes mails, aussi idiot soit-il. Profite bien de ces jours ailleurs. Pense à moi un peu quelques fois quand même au bord de la mer ou au sommet de tes montagnes. Je t'embrasse à travers toutes les formes de nos réalités possibles. Et dieu sait qu'il y en a. En tout cas, j'en vois quelques unes de tout à fait intéressantes sur cette question de l'embras-s-ement. @ 24 juin Je détesterais te sembler envahissante (c'est ce que je parais peut-être quand même), mais ton silence est terriblement perturbant. Dire que ça ne te ressemble guère serait idiot puisque je ne te connais guère. Mais disons que ça ne s'accorde pas avec le peu que je connais de toi. Soit il s'est passé quelque chose dans ta vie de grave ; soit tu m'en veux de quelque chose, et alors parlons-en ; soit tu me trouves cf. première ligne, ce qui ne me semblerait pas très justifié mais nous n'avons forcément pas la même appréciation de la réalité, qui n'a aucune existence objective, nous le savons, et dans ce cas ne voulant surtout pas de ça je ne t'embêterais plus. Soit je ne sais pas. Tu as perdu ton portable ; tu es à l'autre bout de la terre pris dans un de tes voyages et coupé de tout ; tu t'es fait enlever par la mafia marseillaise. Le fait est que je suis assez désemparée. Assez malheureuse. Autant sinon plus de ce silence que de ne pas le comprendre. Et que évidemment comme souvent dans ce genre de cas, ça, le silence appuie à l'endroit exact de mes pires démons et zones délirantes obscures et donc évidemment ça m'embrouille encore un peu plus la jugeote. J'ignore la plus grande part de ce qui a été vécu ou non vécu de ton côté vis à vis de ce que nous partageons ou avons partagé (?). Quant à moi cela est, cela fut (?), beau et bon et perturbant aussi oui souvent mais avant tout beau et bon et drôle et galvanisant. Et ta présence-absence me manque, et ton absence me rend triste. @ 30 juin Je t'aperçois sur un réseau social ce matin, je trouve ton mail en ouvrant mon ordinateur, après l'avoir lu hier soir sur mon téléphone, téléphone que je venais d'utiliser pour te parler, le même qui avait servi un peu plus tôt à nos échanges sms ; deux amis me parlent incidemment dans la même journée de toi ; et pendant tout ce temps mon esprit torturé crée de multiples figures fantasmatiques de toi- même. Et tout cela, alors que si on s'en réfère à une forme de réalité tangible, nous nous sommes vus en tout et pour tout deux fois en deux mois, rendez-vous qui, ramenés grossièrement à la masse horaire, représentent 0,47% du temps écoulé. Tu as de la chance de pouvoir un soir comme celui-ci aller nager dans la mer. Ça nettoie tout la mer. C'est l'infini et le mouvement perpétuel et tu te sens là à la fois comme une puissance tellurique invincible et comme une petite crotte de mouche ballotée par les flots, minuscule fragile mortel, et tu rejoins tout. Moi ça apaise toutes mes colères et mes éruptions volcaniques. C'est sans doute pour cela que j'aime être pour toi ce "volcan sous la mer". Oui j'exagère. Sans doute. Quand j'étais plus jeune, j'avais une telle peur de mes exagérations, j'étais obsédée par le rapport de mes actes et de mes paroles à la normalité. Toute personne ne me parait toujours être qu'un éclatement de particules, une explosion de facettes, une multiplicité de réalités possibles et inachevées. Je pense qu'une des choses qui me séduit en toi, et qui est peut-être, sans doute, ici aussi, une vision très parcellaire de ce que tu es, c'est cette capacité inverse que tu as à suivre une trace, à la développer, la tenir, la travailler avec cette certitude sans faille qui confère une sorte de tranquillité à ton avancée (…et qui peut terriblement m'agacer aussi parfois). Oui j'exagère. Le silence est une chose épouvantable pour moi. Parce que cela creuse chez moi un trou noir. Une panique généralisée qui paralyse tout mon système mental, affectif, une peur totalement irrationnelle et irraisonnable. Out of control. Je ne te referai pas l'historique traumatique de la chose. Mais je le connais assez pour savoir que cela entraîne chez moi des réactions anormales, disproportionnées, non raccordées à la réalité, emplies de fantômes enfantins donc forcément terrifiants. Cette nuit je suis restée éveillée et ma tête était un bouillonnement de fulgurances, d'ouvertures et de fermetures sur des vérités universelles, bouleversantes, puissantes, je comprenais le monde, je nageais dans la mer, sous la mer, tout au fond, dans les abysses maritimes. J'ai retrouvé l'énergie électrique de la nuit des Valeureux, cette première nuit durant laquelle je n'ai pas dormi, comme soulevée par l'énergie de l'orage et des peaux frottées l'une sur l'autre. Ce matin me voici épuisée bien sûr et je me connais, encore trois nuits comme ça, et je m'effondrerai. Ce que je veux dire peut-être ici c'est que tu es cette multitude de réalités pour moi. Il y a toi, et cette réalité humaine de toi que je perçois, et j'y tiens assez pour t'envoyer il y a trois jours ce sms de rupture, idiot, d'accord, mais sincère, aussi absurde que ce terme de "rupture" me paraisse au vu de ce qu'est notre relation. Ce faisant je cherche à préserver de mon délire fantasmatique, dans lequel je me sens glisser, le lien humain et l'amitié qui nous relient. Et puis il y a toutes les figures fantasmées que cette absence-présence peut créer, figures fantasmées qui me renvoient sans cesse aux figures fantasmées de moi-même, qui brouillent évidemment d'avantage la perception déjà bien trouble de ma propre identité. Et puis il y a toutes les parts de toi que j'arrive parfois à relier dans une forme d'unité de toi-même, et parfois pas du tout. Ton corps et tes gestes dans l'intimité et tout ce qui appartient à cela (ta peau, ta bouche, tes mains, certains regards, un sourire qui n'appartient qu'à ça) pour si peu que j'en connaisse dans deux seuls moments, et si différents. Et puis il y a cette figure sociale, culturelle, de toi-même, partagée en commun avec d'autres, rencontrée au hasard des discussions. Et puis beaucoup d'autres choses encore, comme la connaissance désormais de cette forme de bienveillance que tu as, qui est une des choses de toi qui me touche le plus. La bienveillance. Bon. Cela peut être aussi une forme légère de l'indifférence. Ou plus exactement du détachement. Or parfois je voudrais pouvoir susciter chez toi un véritable sentiment amoureux. Pour me rassurer, certainement. Pour avoir la certitude de ta présenceabsence. Pour anéantir le silence. Déjouer par avance toute forme de panique. Mais en vrai je n'aime pas l'état amoureux, je déteste y être plongée, comme je déteste en être l'objet, parce que je sais à quel point cela brouille toute forme de lien, de rapport à l'autre. Si je suis le volcan sous la mer, toi tu es comme la mer, celle du sud où tu vas nager, une mer d'apparence calme et bleue, mais balayée de courants internes puissants, où il fait bon plonger certains soirs et dériver, un peu, en veillant bien à ne pas se laisser emporter vers le large. Et pour conclure cette chose boursouflée et énorme (mais il fallait bien que je rattrape tout le silence des jours passés) je t'embrasse et espère caresser ta peau un de ces jours prochains d'été. @ 5 juillet J'aime traverser tes rêves. Parfois je rêve que tu ouvres une porte derrière laquelle je t'attends, dans la pénombre d'une chambre, et nous basculons sans un mot, longuement. Plus tard nous parlons. Et le temps est comme suspendu dans cette chambre. Parfois je rêve à cela et c'est comme une évasion secrète, très douce, au milieu de tout le reste, de ma réalité quotidienne. Alors je préfère ne pas penser à cette autre réalité, à nos temps serrés, à nos courses perpétuelles qui se rencontrent si rarement, et à cette envie néanmoins de te voir, de t'entendre, de te toucher, qui me prend à certains moments, comme un désir impératif, impossible et très simple à la fois. @ … La nouvelle (début) > entendue en fil entier l'espace du train > entendue par bribes seulement, entremêlée aux autres textes, dans l'immersion globale > offerte à chaque spectateur sous forme de livre édité Petite balle lancée à grande vitesse à travers les paysages gris. Elle roule vers le sud. Défilement de terre et d'acier. Accélération du temps. Pas la moindre chaleur ou trace de lumière. C'est pourtant bien la fin du printemps. Seul le vert cru des champs sous la croute sale du ciel. Et parfois le carré jaune d'un champ de colza comme une tache obscène dans ce gris. Cela avait commencé à la fin du printemps d'avant Dans le livre, l'homme - le narrateur, l'auteur, le "je" transformé en "vous" – entreprend le long voyage en train qui le mène de Paris à Rome, de la femme qu'il quitte pour la femme qu'il aime. Un changement de vie, une bascule tout au long de ce temps arrêté et accéléré du voyage en train, celui où le voyageur, pourtant immobile, condamné à rester assis sans bouger sur un siège plus ou moins confortable, le voyageur n'en finit pas d'errer à travers les paysages gris. Petite balle lancée à toute vitesse. Le soleil s'est levé un peu, à peine une trainée de lumière blanche traversant un bois de pins sous un ciel de nuages bas. Ça illumine quand même un peu. Quand même. Cela a commencé au printemps. Et ces journées en bord de la mer, temps de fin d'automne, le ciel changeant qui n'en finissait pas d'accompagner leurs variations climatiques, leurs tempêtes intérieures et extérieures, si exactement qu'on pouvait croire que le ciel était entre eux, qu'ils n'était pas seuls, donc, dans ce triste chaudron. Au commencement Ils laissaient une distance temporelle prudente entre eux, apprivoisant le temps de l'attente, adapté à peu près exactement à la distance qui séparait leurs vies. Un commencement qui n'en était pas un, qui n'en finissait pas de flirter avec la fin, pour s'assurer de rien de bien méchant. Un peu poussif, et ces premières retrouvailles d'été, un aller-retour furtif et un après-midi volés, voleurs un peu minables. A la sauvette, après un déjeuner où rien ne s'embrayait vraiment. Rien de bien exultant. Ni pour les corps, ni pour l'esprit. Déçus d'eux mêmes ils avaient du l'être forcément. Et tant mieux pensaient-ils alors. Tant mieux. Parfait. Voici qui est sans risque. Escrocs d'eux-mêmes qu'ils furent alors et toujours ou presque peut-être. L'homme part rejoindre la femme qu'il aime. Tout au long de ce long voyage en train sa pensée vagabonde. Et lui, coincé sur son siège plus ou moins confortable, voyage aussi par errements concentriques et crée une force peu à peu égale à la force de vitesse du train qui l'emporte. Et ces deux forces réunies, celle de la vitesse du train et celle des pensées, conduit l'homme à l'immobilité. L'homme est arrêté en pleine voie, tandis que le train poursuit sa route avec lui dedans. Arrêté en pleine route. Stoppé dans son voyage, suspendu au-dessus des rails. Et il ne peut que regarder le train défiler, comme une vache hébétée, une vache qui ruminerait distraitement des morceaux de sa vie tout en regardant le train défiler à tout allure devant lui. Je suis cette petite balle lancée à grande vitesse dans un train qui m'emporte vers le sud où personne ne m'attend plus. Ce qui s'est tissé depuis cette fin de printemps l'a été au gré des correspondances de toutes sortes qu'ils ont lancées à travers l'espace et le temps telles de très fragiles fils tendus entre eux dans le vide. "Vous", l'homme donc, une fois arrivé à Rome, ne descend du train que pour reprendre un train dans le sens du retour. Je ne me souviens plus s'il posa jamais le pied à Rome, sur la terre de sa bien aimée qu'alors, arrivant, il n'aime plus, ou plus assez, plus jamais, c'est fini, il retourne. Parce que ses vagabondages et errements immobiles ont fini par avoir raison de la force du train en marche qui l'emportait vers elle. Cela a commencé à la fin du printemps. Au cours de cette nuit d'orage, où il a franchi les murs de pierres des Valeureux, revenu sur ses pas alors qu'il avait renoncé brusquement quelques minutes auparavant, qu'il s'était levé, brusquement, pour partir, en plein milieu de la discussion, peut-être même en plein milieu d'une phrase, je ne me souviens plus, je me souviens seulement que c'était brutal et soudain, comme une fuite, un arrachement et elle a pensé alors arrachement au désir qui nait. Elle l'a raccompagné à la porte, il a salué poliment et poliment il est parti dans la nuit. Et alors elle tournant dans la grande pièce froide en pierres, tournant en rond, de colère, (et littéralement elle a tourné en rond dans la pièce), le maudissant à voix haute, traité de lâche même, Ah le lâche 'l'a peur le lâche, lui prévoyant une nuit sans sommeil Et bien fait. Bien fait pour toi. Et les regrets t'assailliront et ce sera trop tard et tu ne trouveras pas le sommeil ni cette nuit ni jamais plus tu ne trouveras le sommeil taraudé du terrible regret de ne pas avoir saisi cette chance cette nuit d'être passé à côté et ce sera trop tard et moi je serai loin Et puis ce petit briquet ordinaire, idiot, oublié sur le rebord du mur en pierres du domaine des Valeureux, et c'est un piètre prétexte pour le faire revenir, sauf si il le veut, bien sûr, revenir, et qu'il ne lui manque que cela, le prétexte du petit briquet ordinaire, alors oui peut-être Et au moment où elle compose ce message inachevé leur premier message pour lui signaler l'oubli du petit briquet, message fonctionnel et sec mais invitation à revenir quand même et c'est là la seule chose qui compte, la forme là on s'en fiche, à l'instant où elle compose le texte sur les trop petites touches du téléphone dans la trop grande pièce froide et vide, le téléphone justement se met à sonner et c'est lui, il dit qu'il l'a oublié, le petit briquet ordinaire, il dit même y tenir au point de souhaiter revenir le chercher, que c'est très très important ce petit briquet ordinaire et d'accord dit-elle d'accord et elle triomphe, saute de joie à l'intérieur d'elle-même (et littéralement elle saute de joie dans la grande pièce vide, comme une gamine contente d'une farce réussie) et elle sait alors, avec une évidence absolue, que ce sont là les plus belles minutes, que ce sont là les minutes les plus précieuses, les plus bouleversantes de leur histoire à venir et elle goute chacune de ses palpitations internes avec une délectation puissante et cet arrière goût déjà de nostalgie. Ces jours entiers en bord de mer, au début de l'hiver, à marcher sur cette plage de galets, à marcher des heures ensemble. A marcher, trébucher parfois, giflés de vent salé sableux, à parler et se taire longtemps au milieu du vent, de la tempête, des rafales, de tout ce qui leur giflait les visages. Et puis soudain, après des jours et des jours et des heures de marche en bord de mer, dans les rafales d'eau et de vent, ivres de vent et de sable piquant, soudain ce jour-là ses jambes à elle dérobées dessous. Littéralement ses genoux pliés au beau milieu d'une phrase pourtant dessinée bien nette, tirée propre sur son commencement et en son milieu soudain ses jambes cisaillées et la voix avec, et la phrase alors a plongé au sol, vautrée sur les galets durs en gros bouillon informe, et alors à genoux, disloquée sur le sol, une marionnette dont on aurait coupé les fils, elle pleurant à gros bouillon. Comme si la vie qui fait tenir debout avait fui d'un coup d'entre les jambes et plus rien pour tenir. Effondrement généralisé. Dislocation. Elle boit le bouillon. Elle lui a tendu le briquet. Il a pris le briquet. Il va repartir comme il est revenu. Nouvelle accolade amicale, mais pas nécessaire celle-ci, pas utile, comme un regret léger, un premier baiser trop lent sur une joue, comme un regret, je ne ferai rien non je ne tenterai rien si rien ne doit venir rien ne viendra et tant pis pour toi homme de peu de foi, et quand son visage passe devant le sien d'une joue à l'autre pour un deuxième baiser sur l'autre joue, comme au ralenti, tout est étrangement ralenti, tout suspendu soudain, à cet instant le sourire qui se fend lentement, qui lentement illumine son visage, ce sourire qui dit nous savons tous deux, ce sourire un peu désolé, un peu joueur à la fois, s'excusant un peu de ce qui peut être, de ce qui n'est pas encore, de ce qui ne sera peut-être jamais, de ce qui sera passé pour toujours dans quelques secondes, quand les corps se détacheront l'air de rien, quand la porte se refermera de nouveau poliment sur lui et elle seule alors de nouveau dans la grande pièce vide cernée de vieilles pierres, l'instant définitivement laissé derrière, et chacun reparti là où il doit aller, c'est comme ça c'est la vie mon petit, ce sourire de désir qui connaît son désir et ose alors en cet instant le révéler et se révéler en même temps, ce petit sourire courageux, honnête, ouvert, le sourire amical et franc de celui qui sait vers celui qui sait qu'il sait, vers cet autre égal en cet instant dans son même désir tendu pareil L'homme, puisqu'il s'agit ici d'un homme, mais il s'agit le plus souvent d'un homme, le Vous donc, n'aime plus sa femme. Vous parle de cette femme un peu vieillie alourdie – c'est du moins ainsi qu'elle est dépeinte par Vous dans mon souvenir – femme grise, sans gaité, femme terne, avec un peu de laisser-aller aussi je crois, cette femme qui ne parle que de choses terriblement ennuyeuses, qui n'est traversée jamais par rien de lumineux, rien de sautillant, d'enthousiasmant, cette femme prise entre ces deux garçons ces deux fils que Vous et elle ont eus et qui agacent Vous aussi d'ailleurs, et d'ailleurs tout semble agacer Vous, Vous semble si peu présent dans son grand appartement parisien familial, si peu présent à sa famille, Vous semble ne revenir là que par devoir, par obligation, comme une corvée sans plaisir sans enthousiasme sans lumière. La femme de Vous donc. Son épouse. La vôtre donc ici. Un rêve qu'il a fait. C'est l'été. Ils sont tous les deux dans une ville très belle du sud. Une ville aux rues pavées fraîches, ornées de pierres rondes et de ruelles merveilleuses. Ils se retrouvent en cachette dans une de ces ruelles alourdies de chaleur. Beaucoup de monde se presse autour d'eux et parmi ce monde le risque de croiser quelqu'un qui connaisse l'un ou l'autre. Ils se sont donnés rendez-vous dans un minuscule café, sur la minuscule terrasse de ce minuscule café coincée contre un mur, minuscule terrasse où fondent lentement quelques tables en plastique blanc. Il s'y installe et elle arrive presque aussitôt. Ils se sourient. Ses lèvres effleurent à peine sa joue, comme un regret, et ce baiser pourtant les brûle. Ils ne peuvent s'embrasser ni se serrer l'un contre l'autre ni entrelacer leurs doigts. Ils ne peuvent que s'avaler par les yeux et ils s'aspirent ainsi longtemps noyés l'un dans l'autre. Sous la table blanche en plastique, protégées des regards par la foule qui se presse d'un côté et le mur de pierres rondes de l'autre, leurs cuisses se cherchent, se mêlent, se pressent tant et tant qu'ils finissent par jouir ensemble, œil clair et ouvert l'un dans l'autre. Et ainsi ce matin-là a-t-il joui dans son sommeil. Littéralement joui emmêlé en elle. Et réveillé hagard et heureux, ne sachant plus ni où ni quand ni qui il est, son corps traversé d'elle comme si réellement elle était là contre lui. Un autre matin il s'était éveillé en prononçant son prénom distinctement et son épouse s'en était émue. Qui est celle qui te hante tant que son prénom traverse ton sommeil, remonte jusqu'à ta bouche alors même que tu dors avait-elle demandé alors cette femme ennuyeuse, grise, sans enthousiasmes ni sautillements, son épouse et celle de Vous, la vôtre ici, l'éternelle et grise épouse. Et pourtant Vous aime son épouse. Sans doute. Et la fin du livre le montrera. Même si cet amour a perdu son contour et sa précision dans les méandres du temps. Il se le redit. Il la regarde. Tente de s'intéresser, tente de la regarder plus intensément. Et puis baille discrètement et la fatigue l'envahit. Une envie d'aller se coucher. Je vais dormir dit-il. Il s'allonge sous la lumière jaune de la lampe de chevet. Il garde les yeux ouverts fixés sur le plafond. Et sa tête s'en va loin. Il flotte. Il pense à elle. Rêve à la petite terrasse, à la petite table en plastique blanc. S'en va loin flottant. Et alors il est si bien. Plus tard il fait l'amour à son épouse. Ils font encore l'amour. Ils s'entendent bien au fond. Il lui fait l'amour en suivant leurs chemins traditionnels, sans curiosité, sans passion, sans surprise, connaissant déjà l'aboutissement et chaque passage obligé chaque étape conduisant à cet aboutissement. Il aime bien ça pourtant. Ce n'est pas cette explosion de l'âme, cette porte ouverte grand soudain sur ton âme, ton sexe comme la porte de ton âme, ton plaisir offert grand ouvert éperdu quand j'entre en toi, ce bouleversement de nos êtres, cette révolution incroyable qui nous laisse tremblants comme devant le mystère révélé, nos corps et nos âmes si entremêlées que lorsque je jouis je ne sais plus si c'est de plaisir ou de bonheur Vous est bien tranquille oui ce soir-là Vous sait où il va Vous a dîné avec des amis ou des collègues Et puis il y a là cette femme que Vous connait que vous avez déjà croisée plusieurs fois avec qui vous avez déjà parlé plusieurs fois longuement et avec qui à chaque fois c'est un plaisir de parler Une femme relativement belle et intelligente mais assez éloignée de vous au fond Une femme classe avec qui vous aimez échanger Qui sait où elle va Qui a sa vie Une vie relativement équilibrée et épanouie semble-t-il Une femme qu'on imagine prise dans sa carrière et avec qui vous aimez discuter de temps en temps Rarement à vrai dire car vous avez peu d'occasions de vous voir Vous n'habitez pas la même ville Et il faut qu'ici vous soyez réunis pour ce week-end de séminaire au Domaine des Valeureux pour reprendre le fil d'une discussion interrompue quelques semaines ou mois auparavant Et vous aimez bien échanger avec cette femme Vous ne pensez à rien d'autre Vous pensez rarement à autre chose d'ailleurs Votre vie va relativement bien Vous êtes relativement comblé Votre travail vous prend tout votre temps et vous plaît Vous avez une relation équilibrée relativement heureuse avec la femme qui est votre épouse D'ailleurs vous faites encore l'amour après tant d'années et c'est un signe Il y a bien sûr quelques petites anicroches Qui n'en a pas Mais rien de grave rien qui puisse entacher durablement votre vie à deux De toute façon vous vous voyez relativement peu votre épouse et vous-même Vous voyagez beaucoup pour votre travail Et c'est très bien ainsi pensez-vous Cela préserve de l'ennui de la routine quotidienne Vous aimez partir ensemble régulièrement Marcher ou faire du bateau Parcourir le monde Découvrir d'autres pays des terres inconnues Des paysages insoupçonnés Vous aimez voyager tous deux C'est d'ailleurs ce qui vous a rapprochés Vous n'avez pas d'enfants C'est votre grand regret Mais vous préférez ne plus y penser Vous avez fait le choix de ne pas y penser de peur que cela n'entache votre couple Vous voyagez De 1987 à 1991, parallèlement à des études de lettres et de philosophie, elle suit des cours d’art dramatique au CDN de Bourgogne et au conservatoire de Dijon. Elle débute en même temps sa carrière professionnelle, à 18 ans, en jouant dans plusieurs compagnies de la région. En 1992, elle entre à l’ENSATT. Elle suivra également les cours de scénario de la FEMIS en 1995. En 1994, à sa sortie de l'ENSATT, elle crée la Compagnie Sambre. En 1997, elle prend la direction artistique du théâtre de Saint Gratien (95), où la compagnie vient d'arriver en résidence. Durant six ans, elle y crée une dizaine de spectacles, développe la programmation et l'identité du théâtre en y accueillant et coproduisant d'autres compagnies, et mène un important travail de sensibilisation sur le terrain. En 2001, elle quitte Saint Gratien et devient artiste associée à l’Espace Germinal de Fosses (95), nouveau lieu d’implantation de la Compagnie Sambre. Elle se tourne, à partir de là, exclusivement vers les écritures contemporaines, mettant en scène le plus souvent des textes inédits : Comment te le dire d'Armando Llamas (2006), Et jamais nous ne serons séparés de Jon Fosse (2006), Puisque tu es des miens (2004) et Croquemitaine (dans Ici, aujourd'hui -2003) de Daniel Keene, Six hommes grimpent sur la colline (2003) et Combat (dans Ici, aujourd'hui -2003) de Gilles Granouillet. Elle reprend son propre travail d'écriture en se nourrissant de cette exploration des dramaturgies du monde entier. A partir de 2004, son travail d'auteure lui vaut de nombreux prix et bourses (dont le prix Nouveau talent théâtre de la SACD en 2009). Depuis 2006, elle crée ses propres textes. Elle travaille également autour de l'écriture orale et à partir de collectages, notamment avec des personnes marginalisées ou en situations précaires : c'est dans ce cadre qu'a vu le jour Istoires en 2007, les éroïques en 2009, ainsi que différents textes pour des créations en ateliers. En 2008, elle quitte l'Espace Germinal de Fosses et devient pour une saison écrivaine engagée au Théâtre de l’Est Parisien, où elle crée Faut-il laisser les vieux pères manger seuls aux comptoirs des bars (aide à la création du CNT) et reprend Avec le couteau le pain (bourse d'encouragement de la DMDTS en 2004). La Compagnie Sambre est conventionnée par le Ministère de la Culture. Depuis 2008, Carole Thibaut travaille en partenariats artistiques avec différents festivals (Textes en l'air en 2009, Théâtrales Charles Dullin en 2010) et structures du Val d'Oise et des théâtres, à L’étoile du nord (Paris 18e) où, entre autres, elle crée en 2010 Eté (prix d’écriture Durance-Beaumarchais (2010), Prix des journées de Lyon des auteurs de théâtre, Prix d’écriture de la ville de Guérande (2008) Bourse Beaumarchais (2006)), à l'Espace Germinal de Fosses durant 6 années, à Confluences, où elle a organisé les rencontres de La Genre Humain/e en 2009 et celles autour de Théâtre/s et politique/s en 2012. Elle diversifie aussi sa recherche sur les écritures scéniques avec d'autres structures : en 2008 avec L’apostrophe, Scène Nationale de Cergy pour laquelle elle écrit Histoires de résonnances, en collaboration avec le compositeur François Méchali ; en 2009 elle est auteure associée au Festival Textes en l'air (Isère) où elle ébauche L'enfant-drame rural, en 2006 à l'invitation du théâtre de la Tête Noire dans le cadre de "Partir en écriture" elle commence L’île - drame insulaire (en cours d'écriture). En 2011 elle crée, à l'invitation des Théâtrales Charles Dullin, Jean le fort, autour de l'univers du marché de Rungis, écrit le texte de la création de Acta-Cie Agnès Desfosses Debout! autour de la ville de Villiers le bel, et collabore en tant que dramaturge avec le chorégraphe Philippe Ménard pour I wanna dance all night. Ayant reçu le prix Durance Beaumarchais du festival de la correspondance de Grignan, elle écrit pour l'édition 2011 Moscou la rouge. Elle participe en 2012 à la première édition du Paris des femmes au Théâtre des Mathurins. En 2013, elle répond à une commande d’écriture à partir d’entretiens sur l’histoire des ouvrières de Lejaby. Elle est accueillie régulièrement en résidences d’écriture à la Chartreuse - CNES. Ses textes sont édités chez Lansman. Elle poursuit sa carrière de comédienne, avec la compagnie Sambre et à l'extérieur avec des metteurs en scène tel que, récemment, Jacques Descorde (Cut d'Emmanuelle Marie au Théâtre du Rond Point en 2009, Combat de Gilles Granouillet en 2011-12. En 2013, elle devient co-directrice artistique de Confluences, lieu d’engagement artistique, dans le 20ème arrondissement de Paris et reprend pour la 4ème année consécutive Fantaisies – l'idéal féminin n'est plus ce qu'il était, solo-performance autour des représentations du féminin qu'elle écrit, met en scène et interprète chaque saison dans une nouvelle version. Est également en tournée pour la 3ème saison consécutive Les petites empêchées – Histoires de princesses, sa première création jeune et tout public. En 2012, elle crée au Théâtre de la Tempête L’enfant-drame rural, suivi d’une tournée dans toute la France. En 2013, elle co-met en scène avec Jacques Descorde Occident de Rémi De Vos à Confluences. Elle prépare actuellement plusieurs créations, Une Liaison contemporaine, installation théâtrale immersive qui traite d'une relation amoureuse vue à travers les nouveaux médias (création prévue en juin 2014 au festival des Bains numériques, Centre des Arts d’Enghien), PrintempS, pour et avec les élèves de dernière année de l'ENSATT (création en février 2014 à Lyon), et Capital (peine) (titre provisoire), sur l’univers d’une entreprise de ventes de crédits (création prévue début 2015). Liant étroitement son travail artistique à un engagement politique et sociétal, elle mène avec la Cie Sambre un travail approfondi d’accompagnement et de sensibilisation artistique auprès de publics les plus éloignés des milieux culturels "officiels" et des structures classiques. Après avoir été vice-présidente du SYNAVI jusqu'en 2008, elle milite aujourd’hui à H/F Ile-de-France pour l’égalité des hommes et des femmes dans les milieux du spectacle vivant et est membre du Conseil National du SYNDEAC. Carole Thibaut conception et mise en oeuvre Collectif In Vivo # Création technique Le collectif InVivo est né de l’envie commune de Julien Dubuc, Chloé Dumas et Samuel Sérandour de confronter leurs pratiques respectives du plateau. Alliant des compétences artistiques, technologiques et techniques, l’équipe développe une esthétique commune. Elle conçoit l’espace de représentation comme un espace immersif, aux frontières de la performance, des arts numériques et du théâtre. Le Collectif a collaboré avec Carole Thibaut sur la création scénique de L'enfant – drame rural au Théâtre de la tempête en 2012. Il est désormais associé en compagnonnage à la Cie Sambre. Julien Dubuc Après deux années au Grim Edif où il obtient un diplôme de régisseur lumière, Julien Dubuc intègre le département - réalisation lumière - de l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre dont il sort diplômé en 2011. Alliant des compétences à la fois artistiques et techniques, il participe à différents projets de création à Lyon avec la compagnie Ubris (Julie Tarnat / Charly Marty), la compagnie Les 7 Sœurs (Catherine Hargreaves / Blandine Pinon / Yann Lheureux), Matthias Langhoff (dans le cadre de fin de cursus de l'ENSATT) mais aussi à Agen avec le Théâtre du Jour et la compagnie Pierre Debauche (Alan Boone / Vincent Poirier). Il travaille également à Paris avec Jean-Claude Cotillard (Cotillard Compagnie), Carole Thibaut (compagnie Sambre), Yannik Landrein (le Mouvement du 22). Il s’est également investi en tant que vidéaste sur plusieurs projets et réalise plusieurs objets vidéos. Il conçoit la lumière et la vidéo des spectacles du Deug Doen Group. Il fonde le collectif InVivo en 2011 avec Chloé Dumas et Samuel Sérandour. C’est aux croisements de la vidéo, de la lumière et des arts numériques qu’il entrevoit aujourd’hui sa pratique, que ce soit dans ses projets que dans ses collaborations avec d'autres artistes. Chloé Dumas Après un BTS design d’espace à l’Ecole Olivier de Serres et une licence d’Etudes théâtrales (Paris III), elle obtient le diplôme de scénographie de l’ENSAtt. Envisageant son métier de scénographe comme une perpétuelle recherche, elle participe à différents projets de création dans le spectacle vivant. Chloé Dumas travaille notamment au sein de la compagnie Nova à Paris, la compagnie lyonnaise Plateforme Locus Solus, la compagnie suisse Skoln A thtr, le Deug Doen group et la compagnie Sambre de Carole Thibaut. En 2011, elle co-fonde le Collectif InVivo qui vise à créer des formes scéniques hybrides, alliant théâtre et art numérique. Le collectif lui permet ainsi de développer un travail personnel ainsi que des collaborations avec artistes et metteurs en scène. Par son travail, Chloé Dumas conçoit la scène comme un véritable territoire d’expérimentation scénique où elle cherche à créer une pluralité de niveaux de lecture. Samuel Sérandour Après des études musicales et scientifiques, il s’intéresse au monde du spectacle vivant. Il découvre alors de nombreux univers artistiques dans le domaine du son tels que les sonorités de synthèse, le jeu en live, les interactions informatiques, les matières sonores brutes, le bruitage au plateau, pour lesquels il se perfectionne. Pendant son cursus de trois ans à l’ENSAtt, il participe à de nombreux projets comme les productions, essais et propositions théâtrales. Il travaille ainsi avec guillaume Lévêque, Claude Buchvald, et plus récemment avec Simon Delétang pour lequel il coréalise la création sonore du spectacle Angoisse Cosmique joué en Avril 2011 à l’ENSATT et en région Rhône-Alpes. Ses rencontres le mènent récemment à l’IRCAm, où il participe notamment au spectacle Luna Park, de Georges Aperghis. Dernièrement il participe avec la compagnie La transplanisphère à la création du spectacle Les descendants mis en Scène par Bruno Freyssinet, en son et scénographie, au théâtre Hamazgayin à Erevan en Arménie. La technique de reproduction sonore binaurale le passionne et lui ouvre les portes de la création d’images sonores holophoniques. Les possibilités de mise en place pour chaque spectateur, d’espace et d’imagerie mentale sonores sont ses actuels axes de recherches au sein du Collectif InVivo. Philippe Ménard # Chorégraphie de l'étreinte Philippe Ménard se forme au Conservatoire d'Angers en danse classique, poursuit sa formation à Paris en danse jazz et participe à différents shows télévisés. Il découvre la danse contemporaine et l'improvisation avec Hélène Marquié et travaille avec Philippe Tréhet, Pedro Pauwels, Monica Casadei avec qui il pratique une danse nourrie d'Aïkido et d’Aïkitaïso (art martial japonais), Faizal Zeghoudi, Retouramont et Thomas Lebrun. En 2004, il crée, en Sicile, à Catane, All White Happening, pièce pour 14 danseurs, dans le cadre de MODEM-formation professionnelle de la Compagnie ZappalàDanza. En 2006, il crée avec Claudio Ioanna le duo La Mue. En 2007, il fonde la Cie pm, crée oN|oFF et RESTLESS en 2008. Parallèlement, il collabore avec le CDC – La Termitière à Ouagadougou au Burkina Faso pour les formations professionnelles avec des jeunes danseurs et chorégraphes de l’Afrique de l’Ouest. En 2009 il crée ShowTime, duo avec Boukary SERE, danseur burkinabè. En 2009-2011, il crée MAYDAY MAYDAY, projet conçu sous la forme d’un diptyque que le chorégraphe lance, comme on lancerait un SOS : d’abord par le filtre d’une résistance qui nous pousse à sortir nos monstres (Ridi ! Pagliaccio ! SOLO 2009), puis par une tentative de réappropriation de ses espaces intimes comme une façon d’être au monde (I wanna dance all night SOLO 2010-2011). En 2011 et 2012, il met en place les Zones de Découvertes Insensées / PRE-création 2013, temps de recherches et d’expérimentations (danse, scénographie et lumière). En 2012, Philippe Ménard reçoit la bourse d’écriture de l’association Beaumarchais-SACD pour la création 2013 AIR. Il a collaboré entre autres avec la Cie Omproduck (Anne Buguet, Michel Ozeray et Joseph Jaouen) pour AXIS MUNDI, danse et arts numériques et Carole Thibaut pour Faut-il laisser les vieux pères manger seuls aux comptoirs des bars, Fantaisie et Une Liaison contemporaine. Michael Kawiecki # maquette et graphisme livre de la nouvelle Astrid Cathala & Logan de Carvalho # voix (mails, sms, nouvelle) Stéfania Branetti & Stéphane Couturas # danse étreinte Fanny Zeller # Guide – hôtesse La Compagnie Sambre Depuis la création de la Compagnie Sambre en 1994, Carole Thibaut place les écritures au cœur de sa démarche artistique. Son travail d’artiste, qu’elle mène en aller-retour constant entre création et populations, nourrit son écriture et sa recherche sur les formes scéniques et textuelles contemporaines. Ce travail, tissé d'échanges, de rencontres et de croisements artistiques, culturels, permet la mise en écho de l'intime et du politique, véritable enjeu artistique pour parler de notre monde d’aujourd’hui. Repères Entre 1997 et 2007 : Résidence de la compagnie au Théâtre Jean Marais de Saint-Gratien (95) dont Carole Thibaut est la directrice pendant cinq ans. Un important travail de terrain auprès des établissements scolaires et des quartiers dits difficiles est mené par le biais de nombreuses actions de sensibilisation. De 2002 à 2007, la compagnie est équipe artistique associée à l'Espace Germinal de Fosses (95). Au cours de ces six années, Carole Thibaut oriente son travail exclusivement sur les écritures contemporaines (Keene, Llamas, Granouillet, Fosse,…) et reprend progressivement sa propre écriture. De 2007 à 2013 : Carole Thibaut est engagée au Théâtre de l’Est Parisien comme artiste associée de la saison 2007-2008. Elle y crée Faut-il laisser les vieux pères manger seuls aux comptoirs des bars et y reprend Avec le couteau le pain, pièces qu'elle écrit et met en scène. La compagnie mène en Ile-de-France différents ateliers de création artistique avec des adolescent/e/s et des femmes et crée un dispositif de représentations hors les murs afin d'aller jouer ses spectacles pour des gens éloignés des structures culturelles classiques. Elle crée les rencontres artistiques La/Genre Humain/e, en 2009, à Confluences (20ème), durant lesquelles Carole Thibaut crée la 1ère version de Fantaisies – l'idéal féminin n'est plus ce qu'il était. En 2010, elle crée Eté à L'étoile du Nord, où elle est artiste associée la saison suivante pour la création des Petites empêchées – histoires de princesses qui tournera durant les 3 saisons suivantes. Carole Thibaut co-organise en 2012 les rencontres thématiques Théâtre/s et politique/s à Confluences. En 2012-2013, Carole Thibaut crée L’enfant – drame rural au Théâtre de la Tempête suivi d’une tournée dans toute la France. Elle reprend également Fantaisies au Festival d'Avignon. En 2013-14, elle lance le triptyque Fragments de discours amoureux : en parallèle de la création d’Occident de Rémi De Vos avec Jacques Descorde, elle mène un travail de recherche autour des nouveaux médias pour Liaison/s contemporaine/s, installation théâtrale immersive qui sera créée en juin 2014 au festival Bains numériques du Centre des Arts d’Enghien. Viendra s'adjoindre à l'automne 2014 Camille et Perdican d'après Musset en petite forme hors les murs. Elle est également invitée cette saison à faire une création à l'ENSATT à Lyon qu'elle écrit et met en scène avec les élèves de 3ème année. Sa prochaine pièce, Capital (peine) (titre provisoire) est en cours d’écriture et sera créée à l’hiver 2014-15. Projet 2015 – 2016 : >> CAPITAL (peine) / texte et mise en scène Carole Thibaut Co-production Théâtre du Nord – CDN de Lille / Le Volcan – Scène Nationale du Havre / Théâtre 95 / Coréalisation Théâtre de La Tempête / (en cours…) En tournée 2014 – 2015 : >>Fantaisies - l’idéal féminin n’est plus ce qu’il était / texte, mise en scène et performance Carole Thibaut Création à Confluences en 2009, en tournée depuis 2009 (avec la recréation d'une version différente par an) / festival d'Avignon 2013, … Texte édité chez Lansman Avril 2015 : Scène Nationale de Mâcon / Saint Quentin >> Une Liaison contemporaine / installation théâtrale immersive / conception et écriture de Carole Thibaut Mars 2015 : installation à Montpellier dans le cadre de Tropismes avec La Panacée – Centre de culture contemporaine de Montpellier >> Occident de Rémi De Vos / mise en scène et interprétation Carole Thibaut et Jacques Descorde Novembre 2014 : Festival Théâtral du Val d'Oise – Pierrelaye & Confluences / Janvier 2015 : Théâtre du Nord – CDN de Lille Créations 2013 – 2014 : >> Une Liaison contemporaine / installation théâtrale immersive / conception et écriture de Carole Thibaut >> PrintempS / texte et mise en scène Carole Thibaut Création en février 2014 à l'ENSATT ( Lyon) avec les élèves de 3ème année >> Occident de Rémi De Vos / mise en scène et interprétation Carole Thibaut et Jacques Descorde petite pièce hors les murs créée à Confluences en octobre 2013 et reprise en mars 2013, dans le cadre du projet Fragments de discours amoureux / Coproduction Cie des Docks En tournée 2013 – 2014 : >> Les Petites empêchées – Histoires de princesses / texte et mise en scène Carole Thibaut Création au Théâtre de l’est parisien en 2011. En tournée depuis 2011 Avril 2014 : Le Phénix Scène Nationale de Valenciennes >> Fantaisies - l’idéal féminin n’est plus ce qu’il était / texte, mise en scène et performance Carole Thibaut Création à Confluences en 2009, en tournée depuis 2009 (avec la recréation d'une version différente par an) / festival d'Avignon 2013, … Texte édité chez Lansman Mai – juin 2014 : La Maison des Métallos - Paris Création 2012 – 2013 : L’enfant – drame rural / texte et mise en scène Carole Thibaut Création en co-réalisation au Théâtre de la Tempête - tournée 2012/2013 dans toute la France. Co-production CDN de Grenoble, L’apostrophe Scène Nationale de Cergy, la FATP, avec l’aide du DICREAM, du CNT, de l’ADAMI, d’ARCADI, de la Ville de Paris, du Fonds SACD, avec la participation artistique du JTN et de l’ENSATT / texte édité chez Lansman Extraits de presse spectacles 2012 - 2013 « Tantôt ironique, sur l’image de la femme aujourd’hui, tantôt douloureuse, quand elle parle de l’enfance, Carole Thibaut est l’une des voix les plus brûlantes du jeune théâtre » Gilles Costaz – Politis L’enfant-drame rural « Carole Thibaut écrit une fable noire qui s’achève dans le feu, la destruction totale. L’auteur met en jeu, via des personnages bien campés, les fantasmes du pouvoir masculin, de la bête souillée par tous, et que tous veulent abattre, la domination sexuelle de la bourgeoisie. Elle sait créer une atmosphère pesante, elle manie avec aisance le cut-up entre les scènes. » Odile Quirot, Nouvel Observateur « De belles lumières, un dispositif scénographique ingénieux (qui ressemble à celui de « Ma chambre froide » de Pommerat), et une bande son nous plaçant dans un espace-temps radicalement bouleversant font de ce drame un portrait qui semble terriblement réel. Monstrueusement réel. Sans pour autant tomber dans le réalisme gorgé de larmes et d’angoisses. Carole Thibaut a créé un monde dans l’écriture, elle arrive très bien à le faire rejaillir théâtralement, avec une pincée de cynisme grinçant bienvenue.» Hadrien Volle, Arkult.fr « Prisonniers comme des pions de cette communauté friande de cancans, chaque membre nous est montré, tel un Janus à deux faces, dans sa bienveillance et sa déshumanisation. (…) Subtilement, cette création théâtrale des plus originales surfe entre réalisme, mythes des origines et métaphore biblique - le dénouement tragique de l’histoire renvoie au manquement aux règles d’hospitalité et d’accueil de l’étranger dont les habitants [du village] se seraient rendus coupables. » Blog de Phaco « Une mise en scène élégante et une écriture spirituelle, qui ne cède pas au manichéisme et parcourt les différents territoires sur lesquels le Mal fleurit » Eric Demey, La Terrasse « Il est des histoires très sombres mais d'une immense beauté. L'Enfant- drame rural, présenté actuellement au Théâtre de la Tempête, en fait partie. » Audrey Natalizi, Mes illusions comiques « Entrelacs de personnages forts et de situations complexes, l’écriture de Carole Thibaut est remarquable. Sans jamais virer au pathos, son récit empreinte au vocabulaire paysan comme à celui des notables et évite que l’intrigue ne verse dans la caricature malsaine. Poétique sans en abuser, L’Enfant ne tente pas le virage psychologique, il reste ancré dans des terres ancestrales : celles des contes noirs. » Gwendoline Soublin, Rhinoceros « Carole Thibaut nous fait, en cette rentrée d’automne 2012, le plus beau cadeau qui soit : une grande pièce de théâtre, une histoire qui sent la terre, la sueur et le sang, un conte sans sorcière, ni loup, ni château, mais avec un enfant abandonné.» Dashiell Donello, Un fauteuil pour l’orchestre Fantaisies, l’idéal féminin n’est plus ce qu’il était «... Dans sa dernière création « Fantaisies », Carole Thibaut frappe fort. Fort par son écriture et par le dynamisme de son jeu. Elle interroge et malmène, non sans humour, l'idéal féminin. Devient inquiétant, ce qui dans un premier abord peut prêter à sourire, lorsque qu'elle pointe l'écart sournois entre l'idéal et l'idéologie. De la chasse aux poils de la femme idéale, à ceux de la barbe de l'ayatollah dont s'affuble la comédienne dans un moment d'une grande intensité, Carole Thibaut réussit à nous faire entendre et voir que les lois perverses de la soumission s'inscrivent aussi dans la banalité du quotidien. » Guy Flattot - France Inter, studio Théâtre « Dans « Fantaisies », sa dernière création, Carole Thibaut donne, dans un spectacle cruel et sain, à dévorer toutes les représentations phagocytant le féminin (...) Au fil d'instantanés impudiques et cruels, Carole Thibaut s'approchera au plus près de ce qui sonne faux, se disloque, éclate, hurle entre la femme et les injonctions, même tacites, qui s'abattent sur elle. » Aude Brédy – L'Humanité « Carole Thibaut signe avec ce spectacle mieux qu’un manifeste : la preuve éclatante de l’assurance de son talent de dramaturge et de comédienne et l’indice que l’humanité a tout à gagner à interroger ses évidences. » Catherine Robert - aupoulailler.com « Un texte ciselé, une interprétation maîtrisée, des scènes jubilatoires. Finalement on l’a trouvée la femme idéale, elle s’appelle Carole Thibaut qui dans un grand jet de colère, de réflexion et d’humour signe le texte, la mise en scène et l’interprétation. (...) C’est drôle et flippant à la fois, et c’est là où se place le talent de Carole Thibaut. (...) Une pièce engagée, inspirée. » Secondsexe.com / Nathalie Olivier « Carole Thibaut joue à la perfection de cette proximité tout à la fois dérangeante et complice avec le public. (...) On retiendra une belle amplitude dans les émotions et une présence totalement magnétique de la comédienne. (...) Malgré l’âpreté du sujet, elle évite soigneusement les pièges de la pièce à thèse et nous livre une création à la fois légère et fascinante. » Les trois coups.com / Ingrid Gasparini L’intégralité de la revue de presse est disponible sur le site : www.compagniesambre.org La Compagnie Sambre La Compagnie Sambre Siège social : Espace Germinal / Avenue du Mesnil/ BP 60025 / 95470 Fosses Cedex Adresse : Confluences / 190 Boulevard de Charonne / 75020 Paris Tel : 06 42 78 48 40 / 01 43 71 62 27 Contacts Carole THIBAUT / Directrice artistique : [email protected] Flore LEPASTOUREL / Administration et production 06 42 78 48 40 [email protected] Chloé Julien-Guillet / Assistante de production 06 42 78 48 40 [email protected] Claire DUPONT / Chargée de Diffusion 06 66 66 68 82 [email protected] SMS Type, œuvre de Thomas Weyres, représente l’automatisation des mouvements dans l’usage des SMS. Ces grands dessins, réalisés au mur en adhésif rouge, traduisent de manière schématique le mouvement d’un doigt tapant un SMS. Celui-ci représente la transcription visuelle du même message," je t’aime", composé à partir d’un clavier de téléphone, dans huit langues différentes : anglais, allemand, arabe, italien, polonais, zoulou, mandarin et français. L'expression d'un sentiment des plus intimes prend ainsi une forme identique pour tous. Initialement développé pour l’exposition "CHAT" au Westphalien Art Association, SMS type fut exposé au Kunstverein Cuxhaven. L’œuvre fut également présentée dans le cadre d’une série d’illustrations dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit. Elle est actuellement exposée à La Panacée à Montpellier dans le cadre de l'exposition "Conversations électriques" Photo prise lors des expérimentations en avril 2013. Projection de texte-sms par de la vidéo à travers de la fumée dans un espace fermé et obscur. Les faisceaux ne dessinent que des raies de lumières sculptées en relief par la fumée, jusqu'à ce qu'on passe, à travers, une main (ici) ou un bout de corps. Le message invisible jusque là, apparaît en s'inscrivant directement sur la peau… Ici, la transcription du message directement dans la paume de la main nous a paru d'autant plus intéressant qu'il rappelle de manière indirecte l'apparition du message reçu sur l'écran du téléphone … dans cette même main. Photo Julien Dubuc / Cie Sambre/ Collectif InVivo