Sommaire extérieurs-1

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Sommaire extérieurs-1
Sommaire
p. 1
Evolution de la Lettonie :
p. 4
Les relations internationales : Suite de l’intervention de M. Lappuke
p. 6
L’économie de la Lettonie :
•
Intervention de M. Rolands Lappuke
Exposé de M. Jãnis Eglĩtis
p. 9 : Quelques éléments sur la situation économique , par MarieJo Huguenin
p. 10 La réforme administrative : Rencontre à la mairie de Daugavpils :
Avec Mme Vanda KEZIKA et M. ViKtors KALANS
p. 14 Questions sociales
•
p.14 : Rencontre avec M. Andris BERZINS
•
p. 17 : La situation des femmes en Lettonie
Rencontre avec Mmes Lilina SILINA et Maiga DZERVITE
p. 19 Les minorités en Lettonie : Exposé de William MEJIA
p. 23 Le système éducatif
•
•
•
p. 23 : Visite de l’université de Daugavpils
p. 25 : Visite de la bibliothèque russe de l’université de Daugavpils
p. 26 : Le système scolaire
p. 27 Visite à Preili du journal « NOVADNIEKS »
P. 30 La culture lettone : exposé de Katrine LEHRE
Evolution de la Lettonie depuis
l'indépendance en 1991
Intervention de M. Rolands LAPPUKE
ancien ambassadeur de Lettonie en France
Le 23 août 2010
Compte rendu : Noëlle Delécrin
M. Lappuke parle bien le français; il a été ambassadeur au Portugal, il est actuellement à
Madrid.
Il fait un long rappel historique pour comprendre l'évolution actuelle.
La création de Riga et la christianisation de la Lettonie par les ordres germaniques
correspondait déjà à un début d'européanisation. Le pays avait une double affiliation : à
Rome par les chevaliers teutoniques et au Saint Empire romain germanique par la classe
dominante.
A partir de 1278, Riga fait partie de la ligue hanséatique1. La langue dominante est
l'allemand. Vers le XVIème siécle, les pouvoirs dominants, Riga et son archevêque, la
bourgeoisie locale, les chevaliers teutoniques, s'opposent à la papauté. En 1525, le grand
maître de l'Ordre des chevaliers teutoniques devient luthérien, le pays se convertit. En 1550,
Ivan le terrible a essayé d'envahir le pays. Au XVIIIème siècle, la noblesse allemande balte a
appuyé les Russes qui dominent d'abord le sud de l'Estonie, la Livonie, puis à la fin du
XVIIIème siècle la Courlande. Cette période est peu évoquée bien qu'elle ait duré 2 siècles.
Dorothée de Courlande était intimement liée à Talleyrand et ses filles à des personnages
politiques du XIXème siècle, tels Metternich.
Entre 1812 et 1817, le servage est aboli en Livonie, en Estonie. Au XIXème siècle, on
assiste au développement de l'alphabétisation, à l'essor de l'industrialisation, à l'affirmation
du letton, tout en reconnaissant l'allemand. En 1873 apparaît le phénomène des chants
populaires. A la fin du XIXème siècle, la population lettrée s'enrichit; le prolétariat s'organise
avec la création en 1904 du premier parti démocrate, très bien organisé.
Au début du XXème siècle, le développement social et économique est important. Pendant
la première guerre mondiale, 800 000 Lettons sont évacués vers la Russie. En 1918, il faut
organiser le retour des exilés, certains étant restés en Russie. En 1915, une partie des
Lettons était bochévique. Une partie était sociale démocrate. Un dicton dit que la révolution
russe a abouti grâce à l'intelligence des juifs, la baïonnette des Lettons et la bêtise des
Russes. Cependant en 1918, une délégation de Lettons va à Versailles et s'emploie à
obtenir l'indépendance du pays.
Pour M. Lappuke, le régime soviétique, de 1945 à 1990, a coupé les liens naturels des pays
baltes avec les pays européens, en particulier avec l'Allemagne et la Suède. Il a coupé les
gens de leurs racines. Environ 30% de lettons ont émigré entre 1940 et 1945. Il a admiré le
1
Cf. carte à la fin du texte
1
chef du parti communiste de l'époque (un peu dissident) qui a aidé au passage du régime
communiste au régime démocratique actuel.
La Lettonie (Latvia) en 1991.
Source : musée des Occupations
En 1991, le pays réalisait les finitions de produits fabriqués ailleurs pour le marché
soviétique. Après cette date, les 3 pays baltes se sont trouvés concurrents. Depuis 1991,
tout a été fait pour retrouver les liens coupés par l'URSS mais 20 ans après, le pays s'en
ressent encore. Selon M. Lappuke la notion de devoir (à l'allemande ou comme Kant) est
importante chez les lettons. Les gens auraient tendance à se sous-estimer : ce qui n'est pas
achevé n'est pas satisfaisant. Souvent tout est mal. Les gens disent : « j'aime ce pays mais
je n'aime pas cet état ». La perception de l'Etat reste pervertie même 20 ans après le
communisme. Le pays a renoué des liens avec les pays scandinaves voisins ; il a cependant
plus de problèmes avec les technocrates quadragénaires suédois peu conscients des
problèmes historiques.
M. Lappuke mentionne qu'il n'y a pas de problème avec les Vieux Croyants de langue russe.
Sur la question de l'euro il reste plus vague, disant que l'Estonie, beaucoup plus aidée par la
Finlande, est plus en avance que la Lettonie.
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LES RELATIONS INTERNATIONALES
Suite de l’intervention de M. Lappuke
Ex-ambassadeur de Lettonie en France
actuel ambassadeur en Espagne
Le 23 août 2010
Compte rendu : MarieJo Huguenin
Marie-Anne Lambotte
Les relations internationales
−
Avec les autres états baltes
Avant 1991, ils avaient les mêmes fonctions au sein de l'URSS ; à partir de 91, ils sont en
compétition.
Aujourd’hui ils sont interdépendants au niveau de l’énergie. Le gaz russe stocké en Lettonie
est redistribué en hiver dans les autres pays. La centrale nucléaire d’Ignalina en Lituanie a
été fermée fin décembre 2009. Les trois pays baltes envisagent avec la Pologne la
construction d’une nouvelle centrale (entrée en service 2018 ?). La création d’un marché
balte de l’électricité et le rattachement à l’Europe occidentale sont en cours avec l’aide de
l’UE : un câble sous-marin doit relier les pays baltes à la Suède et au réseau nordique
(Finlande). Et une connexion avec la Pologne est en préparation
Dès qu'il y a des éléments interdépendants, il n'y a pas de problème (N.B. Monnet avait
après la guerre créé une interdépendance entre la France et l'Allemagne à travers le
charbon et l'acier).
De même que pour l’énergie, l'élément sécuritaire est fédérateur. Ex : l'adhésion en même
temps des trois pays à l’OTAN et à l’UE en 2004.
Les trois ont adhéré très vite après leur indépendance (1993) à l’Assemblée Baltique, ce qui
signifie une coopération dans différents domaines, économique, environnemental, culturel…
Soutien des pays scandinaves – voisins mais concurrents
Difficultés avec la nouvelle génération suédoise (celle des 40 ans) qui n'a pas
connu l'histoire (ex avec les banques suédoises ; leur rôle est très critiquable dans le
laxisme des crédits distribués en Lettonie : 80 % puis 100 % de crédits accordés pour
un prêt. Dès 1992, elles auraient dû limiter ces prêts).
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− Allemagne : comment gérer le passé, le souvenir de l’occupation pendant la
seconde guerre mondiale et des déportations ?
− Russie : le problème c'est la Russie elle même, tant qu'elle ne règle pas ses
problèmes, en particulier ne rompt pas avec son passé de domination dans les ex
pays de l’URSS.
On est peut être à un tournant grâce à la pression internationale et intérieure pour
qu'elle change son attitude, mais quand en 2005 la Présidente Lettone a pris la
décision courageuse et historique de se rendre à Moscou, on a vu une injuste et
ignoble campagne de diffamation se développer (elle est apparue en costume de SS
sur Internet).
La Lettonie a été considérée comme l'ennemi public n°1 en Russie.
Les Russes ne se sentent jamais responsables ; ils ont besoin de boucs émissaires
extérieurs ou intérieurs . Ex : les tirailleurs lettons responsables de la révolution russe,
ensuite les fascistes lettons, ensuite, les Lettons responsables de la pérestroïka. La
mauvaise image de la Russie en Europe ou dans l'OTAN : encore les Lettons. Ils sont les
pires fascistes, bolchévistes...responsables de tout pour les Russes. Les relations pourraient
être excellentes, mais il y a eu une très mauvaise gestion des relations dans les années 90 :
les Lettons ont cherché à se débrouiller par ailleurs. Une partie en Lettonie prône de
meilleures relations avec la Russie, en particulier le parti nommé Centre d'harmonie. Il n'y a
pas de haine fondamentalement mais pas de désir non plus d'avoir une relation privilégiée.
Les Russes en Lettonie se sentent toujours membres d'un pouvoir qui n'existe plus, celui du
temps de l’URSS (ex : la jeune Russe de Lettonie à Londres qui travaille au « Méridien »
avec un passeport letton, ne s’est sentie lettone qu’à partir du moment où elle était dans un
autre pays de l’UE et ...elle apprend le letton).
Le passé totalitaire pèse très lourd sur les gens. Il a engendré une méfiance par rapport à
l’Etat : « adhérer à l’Etat est désagréable », « une prescription de l’Etat est insupportable ».
Construire des liens avec les autres et les voisins.
Avec la Pologne pas de contentieux ni d'animosité.
− Avec la Biélorussie : 70 000 Biélorusses en Lettonie. Ils ont même une école dans
leur langue
− Classes en 8 langues minoritaires (le letton est la langue nationale officielle)
En réponses aux questions, Monsieur Lappuke a reconnu que les trois pays baltes ne
marchent pas du même pas sur le plan économique :
− l'Estonie est stimulée par la Finlande qui lui a permis de développer ses capacités
de production. Elle a un espoir d’entrer dans la zone Euro en 2011
la Lettonie a essayé de freiner son inflation en 2007, frein et chute brutale, la banque
la plus grande (PAREX BANKA) a été proche de la faillite au moment de Lehman
Brothers. L'état a sauvé cette banque (une analyse judiciaire a montré que tout est
OK).
La Finlande a soutenu l'Estonie et la Lettonie n'a rien eu.
−
« Le pays de rien mais notre rien est meilleur que le vôtre » - en anglais - devise trouvée sur
une affiche de tourisme, reprise à son compte par Monsieur Lappukke.
« Ce qui compte ce ne sont pas les faits mais ce que les gens veulent croire » Talleyrand.
Pour les prochaines élections d'octobre : succès du parti des « paysans et des verts » ?
« Pour l'instant notre projet fondamental est de survivre »
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L’ECONOMIE DE LA LETTONIE
Exposé de M.
Jānis Eglītis
député du parti Populaire (libéral)
Le 24 août 2010
Compte rendu : Raymond Girou
Patrick Lesauvage
La Lettonie accède à l’indépendance le 6 septembre 1991, après une domination de
plusieurs siècles par l’URSS. Cette date déterminante va changer l’orientation de l’économie
en profondeur.
Cet exposé aborde successivement l’avant 1991, l’après 1991, la crise économique et
financière ainsi que les handicaps et atouts de ce pays.
1-LA SITUATION AVANT 1991
La Lettonie a été intégrée à l’économie de l’URSS jusqu’en 1991. C’est le règne d’une
économie étatique. Les terres et les logements appartiennent à l’Etat. La monnaie est le
rouble letton. La production agricole est assurée par des kolkhozes tandis que l’industrie
régie par des entreprises d’Etat couvre de multiples secteurs : l’aéronautique, l’automobile, le
matériel ferroviaire, le matériel militaire. Elle s’est développée, à partir des matières
primaires provenant d’URSS.
Durant cette période, la Lettonie connaît une forte immigration d’une population russe qui
vient s’installer sur place.
La ville de Daugavpils, 2ème ville du pays, est la porte d’entrée économique de l’URSS, avec
un développement industriel et, suite à une forte implantation, la population russe y devient
majoritaire.
La Lettonie bénéficie de RIGA, son port sur la Baltique hors glace l’hiver, et de ses relations
privilégiées avec les deux autre pays baltes et les pays scandinaves.
Les hommes, les terres agricoles, l’industrie, la forêt et le port constituent les ressources
principales.
La Lettonie collabore fortement avec l’URSS et affirme peu sa personnalité, contrairement à
ses voisins. Mais la révolution chantante de 1991 va bouleverser l’économie du pays.
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2-LA SITUATION APRES 1991, période : 1991-2007
L’indépendance obtenue en 1993 marque une rupture brutale avec l’URSS. Une économie
libérale prend progressivement la place de l’économie étatique. Au niveau de la monnaie, le
Lats remplace le rouble letton, tandis que la privatisation des terres, des logements et des
usines est mise en place. Les terres et les maisons sont rendues à leurs anciens
propriétaires quand ils sont identifiés et présents. Les Lettons « de souche » ont reçu des
bons pour leur permettre d’acquérir une partie de leur logement ou une part d’une entreprise
privatisée.
Par contre, les hôpitaux, l’enseignement, les chemins de fer, la poste et l’électricité restent
des services publics. Les services de santé et d’éducation sont gratuits, sauf l’enseignement
supérieur mais il y a des bourses.
Les entreprises privatisées ont été sous-capitalisées et seules quelques-unes ont survécu.
De ce fait, une grande partie des entreprises industrielles a disparu. Dans l’agriculture,
certaines terres sont devenues des friches. Ainsi, la chute de l’activité économique a
entraîné des mouvements de population, avec une forte émigration. Un grand nombre de
jeunes vont faire des études à l’étranger.
M. JANIS EGLITIS considère que la privatisation était nécessaire et juste, mais elle n’a pas
réellement dynamisé l’économie.
L’économie lettone manque cruellement d’ingénieurs et de capitaux pour créer des usines et
des activités nouvelles. Les capitaux étrangers n’arrivent pas suffisamment, malgré une
politique favorable du Gouvernement.
Mais progressivement, la Lettonie a retrouvé la croissance et, le 1er mai 2004, elle a pu
adhérer à l’Union Européenne, ainsi qu’à l’OTAN le 29 mars de la même année. Le premier
motif d’adhésion aux institutions européennes est la sécurité tandis que l’économie ne vient
qu’en second.
L’économie souterraine (fraude ou travail au noir, …) est estimée entre 20% et 40% du
produit intérieur brut. Ce qui représente une perte de ressources pour le budget.
Le Lats est indexé sur l’EURO (1 LATS = env. 1,5 EURO). 35% des habitants habitent à la
campagne et 15% travaillent dans l’agriculture qui représente 5% du PIB. La Lettonie
exporte du bois, du lait, des alcools et de la confiserie. Par contre, elle importe l’essence, le
gasoil et 2/3 de son électricité.
Dans les années 2000, l’économie connaît une forte croissance, autour de 6%, mais la crise
économique et financière de 2008-2009 vient la frapper de plein fouet.
3-LA CRISE ECONOMIQUE ET FINANCIERE
Devant la chute de l’économie, le Gouvernement est obligé de prendre des mesures
exceptionnelles, notamment :
- nationalisation et renflouement d’une banque lettone.
- division par 2 des salaires des fonctionnaires.
- réduction du déficit budgétaire. Il atteint 8% du produit intérieur brut en 2010.
- emprunts auprès du Fonds Monétaire International (FMI) et de l’Europe.
Ces mesures très rigoureuses n’ont pas suscité de manifestations massives. Elles ont été
acceptées par le peuple car elles sont considérées nécessaires pour avoir une place dans
l’Union Européenne. « On ne peut dépenser plus qu’on ne gagne ».
Les conséquences de cette crise sont sévères pour la Lettonie : très forte baisse du pouvoir
d’achat des salariés, forte progression du chômage qui semble actuellement se stabiliser à
15%, émigration importante des jeunes…
Mais « Il vaut mieux donner des cannes à pêche à la population que du poisson » nous
précise M. Jānis Eglītis. Il insiste en effet fortement sur les réformes importantes qui seront
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nécessaires après les élections de novembre 2010, au niveau des services publics afin
d’augmenter leur efficacité, en priorité même à la relance des investissements, et l’appel à
des capitaux étrangers…. Il souhaite que le Lats soit dévalué, afin de favoriser les
exportations... Selon M. Jānis Eglītis , la Lettonie est revenue 10 ans en arrière.
L’espérance d’un redressement et d’une marche en avant ne peut venir que de l’Union
Européenne. L’objectif d’adhérer à l’EURO, qui est fixé à 2014, est maintenu, même s’il
pense que ce sera très difficile.
4-HANDICAPS ET ATOUTS DE LA LETTONIE :
Les handicaps proviennent de l’absence de ressources minières et énergétiques, ainsi que
de la disparition d’une grande partie de son industrie. Le vieillissement de sa population,
notamment du fait de l’émigration importante des jeunes, constitue également un handicap
majeur.
La domination russe et le système soviétique ont laissé des traces profondes au niveau des
mentalités et il faudra plusieurs générations pour les effacer complètement.
Mais la Lettonie a plusieurs atouts pour surmonter ses handicaps économiques actuels. Elle
a un bon niveau de formation de ses jeunes : la Lettonie occupe le 2ème rang dans le monde
pour le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur par rapport à sa population.
L’agriculture, l’agro-alimentaire, la forêt, le tourisme, avec ses lacs et 490 km de côtes, et
l’activité maritime sont des atouts à exploiter. Le port de Riga sur la mer Baltique représente
également un facteur de développement des échanges commerciaux. Elle dispose
également d’un fort sentiment national basé sur une culture populaire faite de musique, de
chant et de divers arts, qui lui ont permis de conserver son identité pendant plusieurs siècles
de domination.
L’intégration de la Lettonie dans l’Union Européenne représente le principal atout pour son
avenir et l’objectif de l’adhésion à l’EURO en constitue une puissante motivation. Les
différences entre les 3 pays baltes sont en fait assez importantes et empêchent la création
de véritables relations privilégiées et collaboratives entre eux.
Riga : Zone portuaire
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Quelques éléments sur la situation économique en
Lettonie
(sources diverses : Alter Eco, Bilan du Monde, infos du voyage...)
1 – Quelques chiffres
PIB 2009
PIB/hab en $
(en milliards de $)
Espérance
de vie
Population
Croissance
ou récession
Chômage
Lettonie
24,2
10701
71 ans
2,3 millions
-18,00%
20 % - record
UE
Lituanie
36
10775
71 ans
3,3
-18,50%
18,00%
France
2634,8
42091
80 ans
(77 et 85)
63,6 millions
1,20%
7,50%
Salaire minimum (180 lats – 1 lats = 1,4 €)
La Lettonie a touché 4,5 milliards d'Euros d'aide internationale (sur les 7,5 prévus d'ici 2011) pour
les 2/3 de l'UE. Discussions très tendues entre l'état et les créanciers internationaux qui
menaçaient de geler les versements si l'état ne réduisait pas le budget de 700 millions d' €. Le
gouvernement réclamait plus de souplesse vu les efforts déjà consentis : réduction des salaires
des fonctionnaires de 40 %, des allocations sociales et des retraites...
2 – La situation fin 2009
La crise financière a touché la Lettonie plus durement que la plupart des pays européens, ce qui a
obligé le gouvernement à prendre des mesures extrêmes, en particulier le rachat de la banque
lettone PAREX BANKA (financement d'un milliard de Lats).
Les banques suédoises (SEB, Sweedbank) représentent 90 % du réseau bancaire en Lettonie.
Entre 2004 et 2006 la croissance est très forte (autour de 6 % pour les pays baltes, la plus forte de
l'UE) et l'euphorie de l'économie libérale les amène à accorder des prêts sans demande de
garantie jusqu'à 80 à 100 % des besoins de financement (construction immobilière en particulier).
Même si les salaires augmentent, certaines familles ne vont pas pouvoir rembourser. Le marché
immobilier s'effondre, les banques font jouer les garanties et s'approprient les maisons dont les
valeurs se sont effondrées et qui ne suffisent plus à couvrir les emprunts. La situation est
dramatique pour certaines familles qui n'ont plus leur habitation mais encore une dette importante
vis-à-vis de la banque. Elles essaient de se constituer en groupement (ex : Association Lakta) et
d'organiser leur défense sur le plan juridique pour qu'au moins, si la banque a récupéré leur bien,
leur dette soit éteinte, mais ça n'est pas gagné (bien sûr les banques attendent que le marché de
l'immobilier remonte …)
Le gouvernement a refusé de dévaluer le Lats, ce qui, même si cela favoriserait les exportations,
aurait des conséquences catastrophiques pour les Lettons ayant en majorité contracté des
emprunts en euros.
De financière la crise est devenue économique puis sociale (chômage). A l'automne 2009, le
gouvernement a lancé un plan d'électricité gratuite pour 100 000 familles nécessiteuses et la
Banque mondiale mettait en place un réseau d'aide minimale dans les domaines de la santé, de
l'éducation et de l'aide sociale pour ceux qui cessent de percevoir les allocations chômage après
les neuf mois légaux d'indemnisation.
3 – Privatisation – entre 1996 et 2003/2004
Opération de l'état organisée pour « redistribuer » ce qui était propriété d'état (sous le régime
communiste) auprès de la population privée. Elle a consisté en une distribution de « certificats » ou
« bons de propriété » (un bon = 28 Lats) fonction du temps de résidence en Lettonie. Ces bons
devaient permettre aux Lettons de devenir propriétaires de leur logement ou d'entreprises ou de
fermes... car un marché s'est instauré permettant d'acheter ou de vendre ces bons. Dans la réalité,
les plus pauvres ont vendu leurs bons et certains (les plus « au courant » ou déjà dans le système -
9
par ex les anciens apparatchiks) se sont ainsi appropriés une partie de l'appareil de production.
Cette opération s'est terminée en 2004.
MarieJo Huguenin
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RENCONTRE A LA MAIRIE DE DAUGAVPILS
Avec
Mme Vanda KEZIKA,
Responsable administrative du district
M. Viktors KALANS,
Maire adjoint de région
En présence de M. Artjoms MAHLINS , élu du district
Vendredi 27 août 2010
Compte rendu :
Bernadette Thalvard
Noëlle Delecrin
A l’issue des présentations, un diaporama sur la région nous est présenté qui, à l’aide de
quelques très beaux clichés, présente les points forts de cette région : nature, parcs, lacs,
cigognes, poteries, folklore et fête de la St Jean…
Ce district est la 109ème municipalité de Lettonie et fait partie du Latgale (une des 5 grandes
régions de Lettonie). Depuis le 6 juin 2009, une réforme administrative et territoriale,
quasiment imposée par la Banque mondiale, a découpé le pays en 20 districts (rayons ou
villes ou novads ou « communautés rurales ») et 109 municipalités (au lieu des 26 districts et
552 communes qui existaient auparavant).
Cette réforme a consisté à supprimer les municipalités de 1er niveau qui étaient de petites
communes et à réorganiser la structure des districts (centres économiques et administratifs).
Actuellement les régions les plus importantes sont celles qui ont plus de 28 municipalités.
Le district de la région de Daugavpils (sauf la ville elle-même) est composé de 19 petites
municipalités et compte 28 000 habitants environ.
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Sa population comprend :
Russes : 43 %
Lettons : 33 %
Polonais : 13 %
Biélorusses : 7 %
Ukrainiens : 1 %
Autres : 3 %
Des élections désignent ses 17 représentants. Depuis les dernières élections, les 6 partis
représentés ont entre 1 et 7 élus :
- LPP/LC (Le chemin de Lettonie et La première partie de Lettonie) : 7 élus
- Saskanas centrs : 3 élus
- Zalo un Zemnieku savienïba (Verts et paysans) : 2 élus
- Latgales tauta (Une Nation Latgale) : 2 élus
- Tautas partija (Le Parti National) : 1 élu
- Sabiedriba citai politikai (Les politiques pour une autre société) : 1 élu
Travailler avec de nombreux partis semble difficile mais une bonne collaboration existe. Les
partis ont mis en place une coalition principale de 3 partis.
Depuis la réorganisation, le travail est différent et d’une autre qualité.
Les fonctions déléguées aux collectivités territoriales concernent l’organisation des services
publics et urbains, la formation, l’organisation de l’aide sociale et de la sécurité sociale, la
réalisation et l’entretien des infrastructures.
Actuellement 4 comités (groupes de travail) ont été instaurés qui se réunissent chaque 2ème
jeudi du mois pour débattre et traiter des questions à l’ordre du jour des prochains conseils :
- Financements
- Education - culture
- Questions sociales
- Développement économique (terre,…)
Chaque 2ème mardi et jeudi du mois, une réunion du conseil a lieu où sont présents les 17 élus
de district pour le vote des décisions. L’administration est chargée de mettre ensuite en place
les résolutions adoptées.
Mme Vanda KEZIKA est heureuse d’occuper le poste de responsable administrative. Elle
n’est pas élue mais confirmée par le conseil et chargée de faire appliquer les décisions
votées. Elle a voyagé en Europe pour découvrir comment les autres pays européens
travaillaient. Elle cite notamment un projet avec la ville de Tours en France : Chaque année
une délégation se rend à Tours pour une rencontre autour des besoins des handicapés et un
festival. Elle rencontre là-bas des représentants d’autres pays comme le Portugal, la Lituanie,
l’Estonie et la Suède avec lesquels elle a des échanges d’expériences.
65 personnes travaillent au District. Plus de 1000 personnes travaillent pour les municipalités.
51 établissements et institutions réalisent les missions adoptées dans le cadre des
« services » comme la télévision, les communications, les relations extérieures ou des
« conseils » : finances, développement, travail social, immobilier, état civil… Les salariés du
district ne changent pas lors des élections. La réforme a réduit le nombre des représentants
(17 au lieu de 187) mais les anciens élus ont eu le droit d’intégrer l’administration. Ceux qui ne
l'ont pas fait ont pu déposer leur candidature pour devenir député.
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La nouvelle loi territoriale de 2009 a défini précisément tous les devoirs des municipalités. Il
existe une séparation des attributions entre celles de l’Etat et celles des municipalités.
Cependant l’Etat peut proposer des réalisations comme par exemple : écoles, écoles de
musique, jardins d’enfants…
Le problème majeur reste celui de leur financement.
Des mesures ont été décidées pour assurer la transition entre les anciennes municipalités et
celles issues du nouveau scrutin. Certaines municipalités étaient organisées de manière
centralisée et d’autres pas. Dans le district de la région de Daugavpils, il a été décidé de
maintenir la gestion décentralisée au niveau des anciennes communes sauf en ce qui
concerne les décisions budgétaires, communes aux 19 municipalités. Il existe aussi une
administration commune pour la culture (gestion des 22 bibliothèques et de la maison de la
culture) et pour la gestion des aides sociales (maisons de retraite, orphelinats). L’Etat a
délégué des pouvoirs aux districts notamment pour les personnes ayant des besoins spéciaux
(handicapés) et les enfants. Une institution travaille actuellement, au sein du district de la
région de Daugavpils, sur les droits de l’enfant et l’adoption.
Le budget de 2010 s’élève à 13 000 000 Lats. Il a été adopté en février. La tradition veut que
ce soient les plus petits établissements qui émettent en premier leurs propositions auprès de
leur entité administrative. Un financement global est attribué à chaque établissement qui
décide de sa gestion. L’argent provient des impôts sur le revenu et sur l’immobilier et de
quelques autres impôts dont les sommes sont insignifiantes. Les impôts perçus proviennent
pour 25 % des bénéfices des entreprises et pour 21 % des revenus des travailleurs
Pour assurer une certaine redistribution financière entre les municipalités, ces dernières sont
divisées en 3 groupes :
« supérieures à la moyenne ou donneuses »,
« moyennes »,
« inférieures à la moyenne ou receveuses ».
Cette mesure un peu compliquée fonctionne.
Le nouveau district participe à des projets européens notamment sur les questions de
chauffage, rénovation des routes, efficacité de l’énergie. Il espère recevoir 7 millions de lats.
Par ailleurs, le district dispose d’un parc national inclus dans le projet « Natura 2000 » et
d'autres parcs doivent être créés. Deux conseils ont pour fonction de réfléchir au tri des
déchets.

Suite aux questions posées on nous a présenté un aperçu de l'économie du district.
Les municipalités constituent un des plus gros employeurs. Le chômage concerne 17 % de la
population et peut s’expliquer par l’absence de grosses entreprises. A la place des grands
centres de production de locomotives soviétiques, une usine privée répare aujourd’hui les
locomotives mais avec un effectif réduit de moitié, les donneurs d’ordre étant moins nombreux
qu’auparavant.
Le domaine d’activité principal est l’agriculture qui compte 200 structures et 8000 familles dont
5400 reçoivent des subventions. La Lettonie a beaucoup de petites exploitations, ce qui pose
problème et le rendement est malheureusement cinq fois moindre que celui de la France.
8 000 paysans ont plus de 5 vaches. La réforme agricole a rendu des terres à des
propriétaires qui ne les exploitent plus. 200 fermes produisent 18 % de la production de toute
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la région. 20 % des paysans ne produisent que pour leur famille. Dans le district, il n’existe
que 10 fermes de plus de 10 vaches et 15 fermes de plus de 100 hectares. L’agriculture est
spécialisée principalement dans la culture du blé, les produits laitiers et la production de
viande (porc, bœuf).
14
RENCONTRE de M. Andris BERZINS
Au Parlement à RIGA
Mardi 24 Août 2010
Compte rendu : Michelle ROUYER
Laurence FLICHY
M. BERZINS est député du parti des Verts et des Fermiers.
Il est aussi président de la Fondation pour les enfants de Lettonie, qui existe depuis 20 ans.
Il est actuellement en campagne électorale (élections prévues le 2 octobre).
Sans doute à cause de (grâce à ?) la campagne électorale, notre rencontre était couverte
par la télévision nationale : notre présidente a été interviewée à l’issue de la rencontre et est
passée à la télévision.
2 thèmes ont été abordés :
les retraites
les enfants, notamment les enfants maltraités.
I. LES RETRAITES
Une réforme des retraites a eu lieu en 1996. Il a fallu changer tout en peu de temps et
introduire la notion de contribution individuelle.
2 principes régissent le régime de retraite :
• La solidarité par les cotisations sociales
• L’investissement personnel par le biais de fonds de pension (aspect commercial…)
Le vieillissement de la population est un énorme problème ; la démographie est négative et
beaucoup de jeunes s’en vont chercher du travail à l’étranger (Ceci nous sera redit plusieurs
fois par la suite). Les retraités représentent 20% de la population.
L’âge de la retraite est actuellement de 62 ans (Pendant l’ère soviétique il était de 55 ans
pour les femmes et 60 ans pour les hommes).
Une réforme est en cours ; la proposition est de reculer l’âge de la retraite à 65 ans, à la
demande, notamment, de la Banque Mondiale.
Le passage à 65 ans doit se faire progressivement, selon 2 scénarios possibles :
15
• Augmentation de 6 mois chaque année à partir de 2016 jusqu’en 2021
• Augmentation de 3 mois chaque année à partir de 2016 jusqu’en 2026
(En recoupant les informations avec Alberts, il semble que ce soit la première option qui soit
en passe d’être retenue).
M. Berzins est contre la proposition, pensant que cela ne règlera pas le fond du problème et
qu’il est impossible de réaliser cette proposition.
En effet :
Le budget de l’état représente 7 milliards de lats et le budget social 1 milliard.
Le chiffre officiel du chômage est de 15%, concernant en priorité les jeunes, mais ce chiffre
ne prend pas en compte le chômage « caché ». En Latgale, par exemple, le chômage est de
22% (chiffre confirmé lors de notre rencontre à Daugavpils).
Les jeunes s’expatrient, ce qui pose un réel problème pour l’assiette des cotisations.
La durée d’assurance minimale pour avoir droit à la retraite est de 15 ans.
Le minimum retraite est 90 lats (soit environ 135 €)
La moyenne des retraites est entre 150 et 200 lats (soit environ 225 à 300 €)
L’indexation des retraites sur l’inflation a été stoppée mais sera reprise en 2011.
La situation est très grave : le coût de la vie est très élevé ; « Regardez les magasins : vous
trouvez sans doute à Paris des vêtements moins chers qu’ici » nous dit M. Berzins. « On ne
peut pas baisser encore ».
Pour illustrer ce propos, j’ai regardé quelques prix :
• sur le marché de Daugavpils :
Au kg : prunes 0.50 lats (0.75 €), poires 1.00 lats (1.50 €), girolles 1.50 lats (2.25 €), pommes
0.20 lats (0.30 €).
• samedi dernier (4 septembre) sur le marché d’Evreux :
Au kg : poires 2.00 €, prunes 3.00 €, pommes, 1.50 €, il n’y avait pas de girolles !! Les
champignons de Paris sont à 3.00 €.
• dans le supermarché à côté de notre hôtel de Daugavpils :
Chaussures de femmes 32 lats (env. 50 €), machine à laver 199 lats (env. 300 €), costume
d’homme 119 lats (180 €)
• Au magasin Cora à côté de chez moi, on trouve aussi une machine à laver pour
300 €….
Tout ceci n’étant pas du tout exhaustif, j’en conclus tout de même que si l’alimentation est
moins chère, les biens d’équipement sont à prix équivalent à la France et vraisemblablement
les vêtements aussi ou pas loin…
II. ENFANTS EN DIFFICULTÉ
En deuxième partie de son exposé, Monsieur Berzins aborde la situation des enfants
handicapés : orphelins et/ou maltraités.
Pour lui la théorie permet le diagnostic des troubles mais l’application de mesures de soins
est limitée par le manque de ressources financières.
Les enfants orphelins sont accueillis par des institutions ou des familles d’accueil qui sont
maintenant rétribuées. 10% des 3000 enfants sans parents sont orphelins, les autres sont
retirés à leurs familles. 8000 enfants sont handicapés.
L’adoption des enfants orphelins ou de ceux dont les parents sont défaillants est pour
beaucoup une possibilité de réparation. Monsieur Berzins estime qu’il faut absolument
privilégier l’adoption locale par rapport à l’adoption internationale ; pour lui cette dernière
16
solution est une faute grave pour l’avenir de la Lettonie. Le pays a perdu antérieurement un
grand nombre d’habitants ; il existe encore un déficit de la natalité.
Il s’intéresse particulièrement aux violences physiques et sexuelles dans la famille et en
institution. Les abus sexuels à l’égard des enfants sont une agression incompréhensible, il
faut la reconnaître et effectuer une séparation de l’enfant d’avec ses parents. Il y a pour
certains une décision juridique de déchéance de l’autorité parentale qui permet
éventuellement l’adoption.
L’ONG dont il est le président s’occupe de la protection des enfants, elle reçoit des enfants
âgés de 3 à 8 ans durant 1 à 3 mois, pour les connaître, les soigner et permettre une
réaffectation sociale.
Un nouveau centre vient d’être ouvert à Bauli (120 km de Preili) d’autres le seront dans
l’avenir.
17
LA SITUATION DES FEMMES EN LETTONIE
Rencontre avec Madame Lilita SILINA,
Présidente du Club des femmes du Parti populaire
et Madame Maiga DZERVITE,
Directrice d'une agence de formation professionnelle.
Mardi 24 Août 2010
Compte rendu : Bernadette Badinand
Christian Lejeune
Quelques chiffres sur la place des femmes dans la vie du pays.
−
54 % des habitants ( 2 300 000 hab) sont des femmes bien que, dans les naissances,
il y ait 1040 garçons pour 1000 filles.
−
L’âge moyen de vie des femmes est de 77 ans et celui des hommes est de 65 ans.
−
29 % de femmes vivent seules avec leurs enfants, 46 % vivent en couple avec
enfants.
−
74 % des hommes travaillent pour 64 % des femmes, mais le salaire des femmes est
inférieur de 10 % à celui des hommes.
−
60% des gens ayant une formation supérieure sont des femmes, et 58 % dans le
domaine technique ou scientifique,
−
88 % des enseignants sont des femmes et elles sont plus de 50 % dans
l'enseignement supérieur
−
30% à 40 % des entreprises sont dirigées par une femme,
−
La retraite des femmes est de 20 à 25 % inférieure à celle des hommes (durée du
travail sur un plus petit nombre d’années principalement pour s’occuper des enfants)
18
et 75% des femmes retraitées vivant seules ont moins que le minimum vital (estimé à
180 lats).
−
Alors qu'elles étaient 41 % des candidats, les femmes ne représentent que 35 % des
élus municipaux dont le nombre vient d’être terriblement réduit par la récente réforme
( le pays est passé de 500 communes à 118 communes) ; il y a tout de même 19
villes dans lesquelles les femmes élues sont à égalité avec les hommes.
−
Parmi les députés, 19% sont des femmes. Pour les prochaines élections qui auront
lieu en Octobre, il y a 28% de femmes sur les listes présentées.
Quelques remarques ou constats.
La loi exige l’égalité des hommes et des femmes dans la vie publique mais, comme le
montrent les quelques chiffres ci-dessus, cette loi n’est pas respectée dans la pratique.
Les femmes sont souvent très dynamiques pour rechercher du travail et se former à de
nouveaux métiers. Elles s’engagent beaucoup plus que les hommes dans la vie locale et
sociale, souvent en tant que bénévoles (associations, clubs…)
Vaira Vike-Freiberga, la première femme Présidente, a été en poste de 1999 à 2007, mais
aucune femme n’a été premier ministre. Les postes occupés par les ministres femmes sont
dans la sphère sociale, éducation, santé, affaires intérieures.
Dans les partis, des clubs de femmes soutiennent les femmes qui se présentent et font un
travail de propagande pour les élections.
Les femmes ont en moyenne moins d’un enfant dans leur vie pour les raisons suivantes :
crise et difficultés économiques, mariage de plus en plus tard, beaucoup de jeunes
dynamiques émigrent et ne reviennent pas s’installer dans leur pays ! Cette situation pose de
gros problèmes pour l'avenir du pays.
Il faut toutefois dire que le dernier recensement date de 10 ans !
Suite à une question posée par notre groupe, il est précisé que l’avortement n’est ni interdit,
ni permis2. Chacun se retrouve face à ses valeurs propres en se débrouillant comme il peut.
Nous avons eu droit à une présentation de l'association des femmes à la campagne avec
ses différentes activités (cuisine, informatique, voyages, chant, sports, bourse aux livres
scolaires) et de l'association des femmes handicapées (un exemple pour tous).
Il faut préciser que les deux femmes qui se sont adressées à nous sont membres d’une
association féministe, rattachée au parti populaire (centre droit).
La conclusion de cette présentation était d'autant plus surprenante:
« Conclusion à l'attention des femmes: gardons nos hommes ».
2
En réalité, l’IVG est autorisée par une loi de 2002, au cours des 12 premières semaines de grossesse.
19
LES MINORITES EN LETTONIE
par William Mejia3
Vendredi 27 août
Compte rendu : Arlette Mauriès*
NB : Les notes de bas de page font référence aux tableaux statistiques distribués par
William lors de sa conférence. Ils sont insérés à la suite de ce compte rendu.
Diverses minorités existent en Lettonie originaires de Lituanie, Estonie, Pologne, Allemagne,
Belarus, Ukraine. En s’appuyant sur les statistiques, William Mejia ne nous parlera que de la
minorité russe très nombreuse et dont la présence est un objet de crainte en Lettonie,
minorité dont on parle peu en France sauf lors de l’adhésion à l’Europe en 2004 à propos du
statut unique en Europe de « non-citoyen » qui continue d’exister.
Pourquoi ces craintes ? Que représente cette minorité ?
Elle est importante mais non uniformément répartie4. Elle est beaucoup plus importante dans
les villes, à Riga et autour de Riga, et dans la province de Latgale prés de la frontière
soviétique ou elle peut atteindre voire dépasser les 50 % de la population.
A l’indépendance, les Russes arrivés pendant la période soviétique restent en Lettonie où la
situation est meilleure qu’en Russie. Effrayés par leur nombre et par le risque d’une nouvelle
perte d’indépendance, les Lettons créent pour eux le statut de non-citoyen, qui leur interdit
de voter et l’accès à certaines professions (juge, avocat, fonctionnaire…)
Non-citoyen
A l’indépendance en 1991, une première loi provisoire sur la citoyenneté accorde
automatiquement celle-ci à tous ceux qui étaient en Lettonie avant 1940 ainsi qu’à leurs
descendants. En effet pour les Lettons, l’indépendance obtenue en 1991 prend la suite de la
3
William Mejia est attaché de presse à l’ambassade de France en Lituanie depuis quelques mois ; il a habité à
Riga 6 mois lors de son master
4
carte et table 5
20
première période d’indépendance de 1920 à 1940. La période 1940-1991 est mise entre
parenthèses, représentant pour eux une occupation illégale des Russes. Ceux qui sont
venus après 1940 se retrouvent non-citoyens.
Après le départ définitif des Russes le 24 avril 1994, la question de la nationalité est
relancée. Il y a d’une part le souhait de verrouiller le pourcentage de population lettone dans
le pays (quotas annuels de naturalisation) et d’autre part celui de s’ouvrir à l’Europe. Un
compromis est nécessaire d’où une nouvelle loi.
Les lettons ont intégré de plus en plus de minorités russes de leur territoire. La part 5 de
Lettons croit lentement mais régulièrement : + 10 % de 1996 à 2010. En 2010 elle
représente environ 82% de la population, les non-citoyens de Lettonie environ 15 %, les
autres 3%.
Programme de naturalisation important :
La naturalisation est fondée sur la Loi de nationalité, elle-même basée sur la Loi de
citoyenneté de 1994 amendée en 1998, jus sanguinis (droit du sang).
Conditions de naturalisation :
Etre enregistré dans le registre de la population et avoir résidé en Lettonie depuis au moins 5
ans
Parler couramment le letton
Connaître les principes de base de la constitution lettonne et la loi des droits et obligations
du citoyen et de la personne
Connaître le texte et l’hymne national et l’histoire de la Lettonie
Disposer d’une source légale de revenu
Avoir donné un gage de fidélité à la république de Lettonie
Avoir renoncé à son ancienne nationalité (pas de double nationalité)
Examens prévus : tests (écrit et oral) de letton, et sur les connaissances requises
Il existe des exclusions : ceux qui ont agi ou fait de la propagande contre l’état (fascisme
communisme, idées totalitaires…), ont travaillé pour le KGB ou des services de
renseignements, ont lutté contre l’indépendance…
Depuis le processus de naturalisation initié en 1995, 133 050 personnes ont reçu la
citoyenneté lettone. De 1995 à 1998, la naturalisation s’opère d’abord par fenêtres d’âge ;
puis leur nombre6 explose par deux fois suite à la loi sur la citoyenneté de 1998 et à l’entrée
dans l’Europe en 2004.
Dans la même période, les non-citoyens7 ont diminué de 49%. (-327 199) alors que les
citoyens augmentent de 70 013 atteignant 1 856 224 soit une hausse d’environ 4 %.
La Démographie, un élément déterminant
•
L’évolution de la population8
Il existe une forte baisse de la natalité. La population vieillit. Les deux populations
décroissent ; l’accroissement naturel -solde entre naissances et décès- est négatif aussi bien
pour les Russes que pour les Lettons et la crise de 2008 accentue le phénomène.
5
fig. 112
fig. 121
7
fig. 113
8
fig. 122, 131 à 134
6
21
•
L’émigration9
Elle a surtout concerné les Russes de 1995 à 2002 qui sont rentrés en Ukraine et
Biélorussie. Elle a repris en 2006 avec un nouveau départ de Russes pour la Russie, et
depuis la crise de 2008 une émigration des Lettons avec comme destinations principales la
Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Ukraine et les Etats-Unis.
En résumé la part de population citoyenne lettonne augmente avec l’intégration d’une partie
des populations russophones mais une question reste : peut-on se fier à leur loyauté ?
Diabolisation de la minorité russe. Les peurs sont-elles justifiées ?
L’histoire : les Lettons se souviennent de la brutalité du retour dans le giron russe après leur
première indépendance. Ils savent que chaque fois que la Russie a perdu des territoires elle
s’est agrandie à nouveau en en annexant d’autres. De plus leur pays a été une des régions
les plus avancées du territoire russe. Riga, 2ème port tsariste, fleuron de la Russie, est
convoitée.
Deux visions de l’histoire s’affrontent : pour les Russes, les Baltes sont rentrés de leur plein
gré dans l’empire russe ; pour les Baltes il y a eu occupation et colonisation de leur pays
avec déportations.
De plus le doute existe sur la loyauté des Russes intégrés qui pourraient se retourner un jour
vers leur ancienne patrie.
Dépendance envers la Russie pour leurs ressources énergétiques (Gazprom).
Rancunes et stéréotypes sont entretenus conduisant à une mauvaise image les uns des
autres.
Pour les Russes, les Lettons sont fascistes : ils les ont chassés quand les Allemands sont
arrivés, croyant recouvrer leur liberté. De plus eux-mêmes ont permis le développement du
pays qui n’était qu’un pays de paysans ; idée fausse, la Lettonie était plus en avance
économiquement!
Pour les lettons, les Russes les ont expropriés de leurs appartements récupérés par les
officiers russes ; ils leur ont interdit de parler leur langue.
Griefs et rancunes sont utilisés par les politiques.
La vie politique est basée sur les origines ethniques : à droite les Lettons, à gauche les
Russes. Le parti communiste est interdit.
Dans le système à la proportionnelle, il est difficile d’avoir la majorité. Cela oblige à la
formation de coalition qui donne du pouvoir aux radicaux lettons ; en effet les partis moins
extrémistes préfèrent s’allier à eux plutôt qu’à des Russes plus modérés. Les lettons
nationalistes ont donc du poids.
Empêcher les Russes de voter (statut de non-citoyen) permettait de garder une vie politique
dominée par les Lettons.
Cela change. Pour la première fois en 2009 à Riga, a été élu un maire russe : les Lettons ne
sont pas allés voter écœurés par les affaires de malversations et de gaspillage. Les
russophones avec les naturalisations ont pu peser sur les élections.
La Lettonie : arriver à un état avec une identité nationale claire ; le rôle de
la langue
Elle n’a jamais été un pays unifié avant 1919 avec des minorités d’origines différentes.
En fait l’unité lettone tient à la langue qui constitue son identité.
9
fig. 141 à 143
22