au café mirepoix - Ombres Blanches
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ombres blanches www.ombres-blanches.fr librairie en ligne à toulouse – librairie en ville 118 programme janv./fév. 2016 le paysan de paris l e s r e n c o n t r e s d’ombres blanches p. 32 mardi 19 janvier/18 h J.-M. Douzans, X. Bioy, S. Mouton, Le règne des entourages p. 20-21 mercredi 20 janvier/18 h William Marx, La haine de la littérature p. 15 jeudi 21 janvier/17 h Au rayon BD de la librairie J. Birmant, C. Oubrerie, Il était une fois dans l’Est p. 10-11 jeudi 21 janvier/18 h Joël Cornette La mort de Louis XIV p. 22 vendredi 22 janvier/18 h À la médiathèque Cabanis S. Chalandon, Profession du père p. 9 vendredi 22 janvier/18 h Miguel Abensour, La communauté politique des « tous uns » p. 14 samedi 23 janvier/11 h Atelier Poésie Blandine Ponet samedi 23 janvier/14 h-19 h Au Théâtre Garonne La violence et ses représentations, C. de Toledo, C. Bergon, M.-J. Mondzain, N. Paton, S. Cusset p. 28-29 lundi 25 janvier/17 h Classiques au détail Yves Le Pestipon p. 35 mardi 26 janvier/18 h Bernard Lahire Pour la sociologie p. 20 mercredi 27 janvier/17 h Au rayon BD de la librairie Jakob Hinrichs, Hans Fallada, vie et mort du buveur p. 13 mercredi 27 janvier/18 h Maylis de Kerangal À ce stade de la nuit p. 6 jeudi 28 janvier/18 h Au rayon BD de la librairie Edmond Baudoin p. 33 jeudi 28 janvier/18 h Hervé Joubert-Laurencin, Pier Paolo Pasolini, Accattone p. 30 vendredi 29 janvier/18 h Camille Laurens Celle que vous croyez p. 4 samedi 30 janvier/11 h Lectures et dédicaces jeunesse Hélène Duffau p. 38-39 samedi 30 janvier/17 h Tobie Nathan Ce pays qui te ressemble p. 8 lundi 1er février/17 h Classiques au détail Yves Le Pestipon p. 35 mardi 2 février/17 h 30 Dédicaces F. Place p. 38-39 mardi 2 février/18 h P. Ory, Ce que dit Charlie p. 24 mercredi 3 février/18 h Philippe Forest, Aragon p. 3 jeudi 4 février/18 h J. Birnbaum, Un silence religieux p. 25 vendredi 5 et samedi 6 février Autour des éditions Verdier, J.-Y. Masson, P. Bergounioux, J.-C. Milner, C. Olive, M. Planel, A. Moresco p. 18-19 lundi 8 février/18 h Café EREMIP p. 36 mardi 9 février/18 h À la médiathèque José Cabanis J.-M. Djian, L’utopie citoyenne p. 23 mercredi 10 février/18 h Marie Redonnet La femme au Colt 45 p. 7 samedi 11 février/11 h Café psy, Serge Vallon p. 37 jeudi 11 février/18 h À la Cinémathèque de Toulouse Portrait d’Alfred Döblin p. 12 vendredi 12 février/18 h P. Lapeyre, La splendeur dans l’herbe p. 5 vendredi 12 février/20 h 30 M.-D. Amy, Autisme et psychanalyse p. 26-27 samedi 13 février/17 h K. Davrichewy, L’autre Joseph p. 11 lundi 15 février/17 h Leçon de philosophie Isy Morgensztern p. 35 mercredi 17 février/18 h M. Jaspard, Je suis à toi, tu es à moi p. 21 Les rencontres se tiennent dans la salle des débats de la librairie à l’exception de : à l’extérieur rayon jeunesse café littéraire BD Aragon PHILIPPE FOREST Mensuel de la Librairie Ombres Blanches 50, rue Gambetta, 31000 Toulouse – Tél. : 05 34 45 53 33. E-mail : [email protected] Internet : http://www.ombres-blanches.fr Mise en pages : Petits Papiers,Toulouse Impression : Groupe reprint – Parchemins du midi jeudi 7 janvier/18 h À la médiathèque Cabanis Hommage à Yves Rouquette Chroniques de la Dépêche du Midi p. 10 vendredi 8 janvier/18 h Dominique Fernandez Fragments d’exil p. 6-7 samedi 9 janvier/11 h Café psy, Serge Vallon p. 37 samedi 9 janvier/17 h J.-M. Le Scouarnec, Contrejour, histoire d’un éditeur p. 16 dimanche 10 janvier/14 h Au cinéma l’ABC J.-L. Comolli OUT 1 de J. Rivette p. 31 lundi 11 janvier/18 h Café EREMIP p. 36 mardi 12 janvier/18 h J.-P. Bouchet, B. Jarry-Lacombe Manager sans se renier p. 26 mercredi 13 janvier/17 h Marcel Drulhe, Serge Volkoff Risques et santé au travail p. 27 jeudi 14 janvier/18 h À la médiathèque José Cabanis Nelly Desseau-They La dynastie Virebent p. 30-31 vendredi 15 janvier/18 h Michèle Heng, Poumeyrol : la réalité transfigurée p. 17 samedi 16 janvier/11 h Jacques Lavergne Noël au charbon, Pâques au violon p. 8-9 samedi 16 janvier/14 h 30 Atelier jeunesse, Nicolas Lacombe p. 38-39 samedi 16 janvier/17 h Nicole Zimermann, Journal d’une adolescente juive sous l’occupation p. 24-25 lundi 18 janvier/17 h Leçon de philosophie Isy Morgensztern p. 35 lundi 18 janvier/18 h 30 Michel Valensi, « Avoir 30 ans dans l’édition indépendante » 3 mercredi 3 février à 18 h Rencontre avec Philippe Forest autour de sa biographie consacrée à Aragon et publiée aux éditions Gallimard. PHILIPPE FOREST est romancier et essayiste. Il a contribué à l’édition des Œuvres complètes d’Aragon dans la Bibliothèque de la Pléiade et il est notamment l’auteur de Vertige d’Aragon (2012), du Siècle des nuages (2010) et du Chat de Schrödinger (2013). Écrivain surdoué Aragon s’est beaucoup raconté, en prose et en vers ; il n’a cessé d’ap- pliquer avec virtuosité le principe du « mentir-vrai » à sa vie riche déjà de tant d’énigmes et de paradoxes : enfant illégitime à qui le secret de ses origines fut longtemps caché ; antimilitariste décoré de la Grande Guerre puis médaillé de la Résistance ; dandy dadaïste devenu militant discipliné du parti de Staline et de Thorez ; poète surréaliste converti au réalisme socialiste ; homme à femmes, et quelles femmes ! (métamorphosé en chantre de l’amour conjugal, avant de découvrir sur le tard le goût des garçons…) Tous ces personnages différents n’en font qu’un seul dont l’itinéraire littéraire, intellectuel et politique transcrit le génie et le chaos du siècle. Philippe Forest recompose à nouveaux frais le roman somptueux de cette longue existence, avec ses chapitres glorieux et ses pages lugubres. Il révèle le jeu de miroirs par lequel se réfléchissent l’œuvre et la vie d’un écrivain surdoué à qui aucune des formes de la littérature n’était étrangère. Et si cette œuvre continue à nous toucher, alors que cette vie n’en finit pas de nous déconcerter, c’est qu’elle possède une jeunesse, une insolence, une énergie sur lesquelles le temps n’a guère eu de prise. Aragon a été aimé autant que haï, admiré autant que décrié, à la fois pour de bonnes et de mauvaises raisons. Il ne s’agit dans ces pages ni de l’acquitter ni de le condamner, mais d’en revenir au mystère même de celui dont on a pu dire qu’il avait été sans doute « le dernier des géants de notre temps ». n dissimulation Celle que vous croyez La splendeur dans l’herbe CAMILLE LAURENS PATRICK LAPEYRE vendredi 29 janvier à 18 h Rencontre avec Camille Laurens autour de son dernier roman Celle que vous croyez paru aux éditions Gallimard. CAMILLE LAURENS appartient à une génération riche en écrivaines douées et audacieuses dans le choix de leurs thèmes. Elle s’est vite, sous la pression de sa vie personnelle, tournée vers l’autofiction. Cette orientation vers un ton si introspectif a provoqué plusieurs vives polémiques dans le monde littéraire. Camille Laurens est le pseudonyme de Laurence Ruel. Elle est née à Dijon en 1957.Après son agrégation de lettres modernes, elle enseigne à Rouen, puis au Maroc pendant 12 ans. Encouragée par un essai de polar à quatre mains avec son mari, elle se lance dans l’écriture en solo : Index paraît en 1991, premier volet d’une série de quatre romans publiés en 1992, 1994 et 1998. Le tournant dans son œuvre se produit en 1994, avec la mort à la naissance de son deuxième enfant. Elle met sa douleur dans Philippe, premier de ses romans à la première personne, où elle s’investit personnellement en une forme d’autofiction. Suivront dans la même veine Dans ces Bras-là, l’Amour, Ni Toi ni Moi… En 2007 une vive polémique l’oppose à Marie Darrieussecq qu’elle accuse de plagiat à la sortie du roman de cette dernière, Tom est mort, comme Philippe récit de la mort d’un bébé. Camille Laurens n’en sort pas indemne : son éditeur POL lui donne tort et cesse de publier ses livres. Elle raconte cette expérience douloureuse dans Romance Nerveuse chez son nouvel éditeur Gallimard. Celle que vous croyez Vous vous appelez Claire, vous avez quarante-huit ans, vous êtes professeur, divorcée. Pour surveiller Jo, votre amant volage, vous créez un faux profil Facebook : vous devenez une jeune femme brune de vingt-quatre ans, célibataire, et cette photo où vous êtes si belle n’est pas la vôtre, hélas. C’est pourtant de ce double fictif que Christophe, pseudo KissChris, va tomber amoureux. En un vertigineux jeu de miroirs entre réel et virtuel, Camille Laurens raconte les dangereuses liaisons d’une femme qui ne veut pas renoncer au désir. n vendredi 12 février à 18 h Rencontre avec Patrick Lapeyre à l’occasion de la parution de son dernier roman La splendeur dans l’herbe aux éditions P.O.L. PATRICK LAPEYRE est né en juin 1949 à Paris. Il est auteur de six romans, tous publiés aux Éditions P.O.L, citons notamment : Le corps inflammable (1984), La lenteur de l’avenir (1987), Sissy, c’est moi (1998), l’Homme-sœur (2004) et La vie est brève et le désir sans fin (2010). Sur la conversation Pour changer de ce culte de la réussite qu’on nous vend partout, Patrick Lapeyre a voulu créer un couple de perdants : un homme et une femme (Homer et Sybil) qui se rencontrent un peu par hasard, après avoir été quittés par leurs conjoints. Ces derniers, qui sont partis vivre ensemble à Chypre, vont devenir l’objet principal de leurs conversations. Car ils ne vont plus cesser de se parler. Jusqu’au moment où va se nouer une mardi 19 janvier à 19 h / À l’Adresse (2, quai de la Daurade) Dans le cadre du Printemps de Septembre, conférence et lecture Sur Arno Schmidt avec Yves Lehl & Hilda Inderwildi. Avec la participation du Centre de Recherches et d’Études Germaniques (CREG) de l’université Toulouse Jean Jaurès dans le cadre de la semaine franco-allemande organisée par le Goethe Institut. René Magritte, Le printemps éternel. 5 exaltation Les chercheurs Yves Iehl et Hilda Inderwildi propose une soirée autour de l’œuvre singulière d’Arno Schmidt. Yves Lehl l’aborde par le biais d’Histoires, texte offrant un accès assez aisé à l’univers d’un auteur réputé difficile tout en concentrant, par les vertus de la forme brève, les aspects les plus marquants d’une écriture révolutionnaire. Hilda Inderwildi propose une lecture de textes, récemment traduits par ses soins, que le cinéaste et écrivain allemand Alexander Kluge a consacrés à Arno Schmidt. « De la lande, photographies d’Arno Schmidt » Exposition du 13 janvier au 27 février 2016. Vernissage le mercredi 13 janvier à 19 h. Exposition en collaboration avec la Fondation Arno Schmidt dans le cadre de la semaine franco-allemande organisée par le Goethe Institut. étrange relation amoureuse entre eux deux. Relation dont l’accomplissement semble toujours retardé, comme si la conversation avait pris le pas sur tout le reste. Pour traduire le caractère obsessionnel des personnages, Patrick Lapeyre a utilisé une construction répétitive. De sorte que leurs longues plages de conversation, toujours dans les mêmes lieux, avec les mêmes rituels, donnent l’idée d’une immobilité à la limite du sommeil, comme dans ces contes où les personnages sont victimes d’un enchantement. On pourrait aussi parler d’une musique répétitive, dans la mesure où chaque séquence est une variation par rapport à la précédente. Le lecteur a donc deux accès différents aux personnages :d’un côté,il voit Homer et Sybil qui ne cessent de parler et de se rapprocher, et de l’autre, il imagine, sans les voir, les deux fuyards dont la situation à Chypre semble devenir de plus en plus préoccupante. […] C’est un livre sur la conversation, sur le plaisir érotique de la conversation et sur la vibration de certains silences : car le plus important évidemment est toujours ce qu’on ne parvient pas à dire. Il y a toutes sortes de silences dans ce roman. Le titre, emprunté à un poète romantique anglais (Wordsworth), fait justement référence à un de ces moments de silence et de perfection, où les personnages, dans un moment d’absence, ont tout à coup l’impression d’apercevoir devant eux « le cœur lumineux de la vie «… Comme si c’était le sujet caché de ce livre. n F. Augiéras, Barque dans le désert (détail). 4 6 lampedusa exil azirie À ce stade de la nuit La femme au colt 45 MAYLIS DE KERANGAL MARIE REDONNET mercredi 27 janvier à 18 h mercredi 10 février à 18 h Rencontre avec Maylis de Kerangal autour de son dernier roman À ce stade de la nuit publié aux éditions Verticales. Entretien animé par les étudiants du master Métiers de l’écriture de l’Université Toulouse Jean-Jaurès. Rencontre avec Marie Redonnet autour de son dernier roman La femme au colt 45, paru aux éditions Tripod. MARIE REDONNET poursuit l’auteure de cinq romans aux Éditions Verticales, dont Corniche Kennedy (2008), Naissance d’un pont (2010) et Réparer les vivants (2014), ainsi que des récits Ni fleurs ni couronnes (2006) et Tangente vers l’est (2012). Actualité « Décrit comme une expérience intime du paysage, ce bref texte de l’auteur, notamment, du puissant Réparer les vivants, en 2014, est une évocation à la fois personnelle et universelle de la résonance qu’opère sur nous l’actualité. Dans sa cuisine, une nuit, la narratrice entend à la radio la nouvelle du naufrage d’un bateau transportant près de 500 migrants en provenance de Libye, qui s’est échoué à moins de deux kilomètres des côtes de l’île sicilienne de Lampedusa. Plus de 350 personnes ont péri. Ce nom, Lampedusa, entendu comme en écho, décortiqué dans les méandres de la mémoire de l’auteur, traverse le livre, telle une infinie réverbération. Il lui évoque d’abord Burt Lancaster, le prince Salina du Guépard, de Visconti, adapté en 1963 du livre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Elle voit aussi The Swimmer (Le Plongeon, film de Franck Perry, 1968) où un habitant du Connecticut (également interprété par Burt Lancaster), en maillot de bain, décide de rentrer chez lui en traversant les piscines de ses riches voisins, et converse avec leurs propriétaires… Elle décrit la décadence de l’aristocratie sicilienne, les îles volcaniques de la Méditerranée, le bal du Guépard, filmé exactement comme un naufrage, remarque que Burt Lancaster, né à New York dans une famille angloirlandaise, est tout ensemble le prince et le migrant. Avec son écriture incisive, documentée, précise comme un bilan définitif, Maylis de Kerangal met en scène le flux des infos radio, la danse des articles de quotidiens et les images intimes qu’ils font surgir en nous, vers lesquelles on s’échappe inexorablement, quel que soit l’intérêt porté à l’actualité qui les réveille. Les paysages que traverse la narratrice lui sont personnels, la Sicile qu’elle connaît, l’île volcanique de Stromboli notamment, un voyage en train en Sibérie, mais elle nous rejoint à la fin, avec son imaginaire description du naufrage. Pour elle, comme pour bien d’autres, Lampedusa était le nom de Burt Lancaster, celui d’un prince, celui d’un monde qui sombre ; c’est désormais un nom concentrant en lui seul la honte et la révolte, le chagrin, désignant un état du monde, un tout autre récit. » n Juliette Benabent, Télérama depuis son premier roman (Splendid Hôtel, Minuit, 1986) une œuvre fascinante, qui chemine entre la fable et le scalpel. Ses textes déploient un imaginaire puissant. Ils remettent en question le monde dans lequel nous acceptons de vivre. Citons entre autres aux éditions de Minuit Forever Valley (1987), Rose Mélie Rose (1987), Tir & Lir (1988), Seaside (1992) et Diego (2005). Rester libre Après plusieurs années de silence, Marie Redonnet nous offre avec La Femme au colt 45, le destin d’une femme qui a choisi de rester libre. L’Azirie est tombé sous le joug d’une dictature. Lora Sander décide de fuir le pays. Sa vie de comédienne est devenue impos- © Jules Stromboni. MAYLIS DE KERANGAL est 7 Fragments d’exil DOMINIQUE FERNANDEZ vendredi 8 janvier à 18 h Rencontre lectures avec Dominique Fernandez autour de sa pièce Fragments d’exil, parue aux éditions Noir et Blanc. En compagnie de Danielle Catala, comédienne et co-fondatrice de la Cave Poésie et de René Gouzenne. Les lectures seront accompagnées musicalement par Tomas Jimenez. DOMINIQUE FERNANDEZ est psychologue de formation et psychanalyste. Fils d’exilés libertaires espagnols, il milite dans l’association toulousaine IRISMémoires d’Espagne qui travaille sur les enjeux mémoriels actuels de la brève histoire de la deuxième République espagnole et la transmission des valeurs portées par la révolution sociale de 1936 pour en montrer toute la pertinence aujourd’hui encore. Il réalise depuis plusieurs années des interviews filmées d’exilés espagnols en vue de constituer un fond d’archives consultable par tous et une exposition photographique de leurs portraits. ÉDITÉE PAR N & B, petite maison d’édition indépendante qui consacre une large part de ses publications à la diffusion de poésie, Fragments d’exil est une pièce de théâtre construite autour des souvenirs recueillis par l’auteur et de ceux rassemblés par Progreso Marin dans son livre Exilés espagnols, la mémoire à vif (Éditions Loubatières). « L’EXIL C’EST BALAYER le sable du désert ». La pièce se déroule en février 1939. Quelque part sur les crêtes enneigées des Pyrénées entre l’Espagne et la France, une femme passe la frontière fuyant la barbarie fasciste. D’une vieille valise tout aussi épuisée qu’elle, elle tire, parmi ses souvenirs, des destins tragiques et poignants, les lambeaux d’une vie perdue, mais également le désir d’une nouvelle existence à construire et la volonté farouche d’un combat à poursuivre. n sible. Elle prend le chemin de l’exil et rejoint l’état limitrophe de Santarie, munie de son colt 45. « La forêt s’interrompt brusquement au bord d’une falaise à pic. Au loin on entend des bruits assourdis de tirs de roquette. Lora, la cinquantaine,allure excentrique, est emmitouflée dans un manteau en fourrure synthétique. Elle porte un bonnet et des gants de laine de couleurs vives. Épuisée, elle s’assoit au bord de la falaise, les jambes dans le vide, un sac à ses côtés. Elle sort de son sac un vieux colt 45. Elle l’essuie précautionneusement comme si elle voulait vérifier qu’il est bien en état de marche. » « À partir de maintenant je vis dans la clandestinité comme tous les étrangers sans papiers qui arrivent à Santaré par la mer encore plus que par le fleuve. Cette ville est comme un aimant qui les attire, le point de rencontre des errances et des naufrages d’une humanité à la dérive. Les pièces de Samir Osri dont j’ai été l’une des interprètes sont une image de notre monde. Mais quand je les jouais au Magic Théâtre je ne le savais pas. » n Extraits. sortie d’égypte Ce pays qui te ressemble Profession du père TOBIE NATHAN SORJ CHALANDON samedi 30 janvier à 17 h Rencontre avec Tobie Nathan autour de son roman Ce pays qui te ressemble paru aux éditions Grasset. Animée par René Duclos. TOBIE NATHAN né en 1948 au Caire en Égypte, est professeur de psychologie clinique et pathologique à l’université de Paris VIII, il est le grand représentant en France d’un courant de la psychiatrie travaillant sur l’origine culturelle des patients : l’ethnopsychiatrie. Il a fondé en 1993 le Centre Georges-Devereux, centre universitaire d’aide psychologique aux familles migrantes. Diplomate, il a été Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle auprès de l’Ambassade de France en Guinée et à Conakry. Il a récemment publié Qui a tué Arlozoroff ? (Grasset, 2010), Ethno-roman (Grasset, 2012) et Filtre d’amour (Odile Jacob, 2013). Couleurs du soleil millénaire Au Proche-Orient, le destin des langues est souvent plus heureux que celui des êtres. Il en va ainsi de l’arabe et du français tels qu’ils furent autrefois parlés en Égypte, notamment, et tels qu’ils permettent encore de raconter une histoire commune. De part et d’autre de la Méditerranée, ceux qui sont restés et ceux qui sont partis écrivent des romans qui se font écho, dans la vitalité comme dans la mélancolie. « Si j’ai quitté l’Égypte, l’Égypte ne m’a jamais quitté. Quelquefois je pense que c’est seulement mon ombre qui est partie, alors que moi je suis resté là-bas, seul, errant, comme durant ma jeunesse », écrit Tobie Nathan dans son magnifique nouveau roman, Ce pays qui te ressemble. C’est dans le ghetto juif du Caire que naît, contre toute attente, d’une jeune mère flamboyante et d’un père aveugle, Zohar l’insoumis. Et voici que sa sœur de lait, Masreya, issue de la fange du Delta, danseuse aux ruses d’enchanteresse, le conduit aux portes du pouvoir. Voici aussi les mendiants et les orgueilleux, les filous et les commères de la ruelle, les pauvres et les nantis, petit peuple qui va roulant, criant, se révoltant, espérant et souffrant. Cette saga aux couleurs du soleil millénaire dit tout de l’Égypte : grandeur et décadence du roi Farouk, dernier pharaon, despote à l’apparence de prince charmant, adoré de son peuple et paralysé de névroses. Arrivée au pouvoir 9 air de famille de Gamal Abdel Nasser en 1952 et expulsion des Juifs. Islamisation de l’Égypte sous la poussée des Frères musulmans, première éruption d’un volcan qui n’en finit pas de rugir… C’est la chute du monde ancien, qui enveloppait magies et sortilèges sous les habits d’Hollywood. La naissance d’un monde moderne, pris entre dieux et diables. n vendredi 22 janvier à 18h – À la Médiathèque José Cabanis Rencontre avec Sorj Chalandon autour de son dernier roman Profession du père publié aux éditions Grasset. La rencontre sera animée par Brice Torrecillas. SORJ CHALANDON est un journaliste et écrivain français né en 1952. Membre de la presse judiciaire, grand reporter puis rédacteur en chef-adjoint au quotidien Libération de 1974 à 2007, il a désormais rejoint la rédaction du Canard Enchaîné. Il a publié chez Grasset, Le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006), Mon traître (2008), Retour à Noël au charbon: Pâques au violon JACQUES LAVERGNE samedi 16 janvier à 11 h Signature du roman Noël au charbon: Pâques au violon de l’écrivain Jacques Lavergne, publié aux éditions Mare nostrum. JACQUES LAVERGNE est avocat d’affaire à Toulouse. Il nourrit une passion : la littérature policière et s’est essayé, il y a trois ans à l’écriture d’un premier polar qui avait pour thème le trafic d’œuvres d’art : Peinture au pistolet à Céret. POUR SON TROISIÈME POLAR qui met une fois encore en scène le conservateur du musée de Céret, Jacques Lavergne aborde le thème des pillages en bonne et due forme qui ont lieu, depuis quelques années, un peu partout sur l’ensemble du territoire français. Ceux-ci sont souvent le fait de mafias russophones, extrêmement bien organisées. Pierre Pagès s’apprêtait à passer de paisibles fêtes de fin d’année à Banyuls, en compagnie de son amie Vivica, mezzo-soprano barcelonaise. Mais lorsque son vieux complice, le curé Nafaou Missabaou, lui demande de le rejoindre dans sa nouvelle paroisse de Montalba le Château, il va en être tout autrement… D’autant que l’enlèvement du prêtre durant la messe de minuit, au nez et à la barbe de ses ouailles, ne va pas arranger les choses. Efficacement aidé par la Section de recherches de la gendarmerie nationale, Pierre Pagès va donc devoir se lancer sur les traces des ravisseurs dans cet arrière-pays catalan que l’hiver, la neige et le vent n’épargnent pas. Une quête qui passera par la lointaine Tbilissi, capitale de la Géorgie, plaque tournante de tous les trafics… n Killibegs (2011) et Le quatrième mur (2013). lors de la cérémonie des adieux, à la mort de son père. L’histoire, la grande comme la petite, réduite au cercle familial, traverse la vie du gamin, l’entoure de duperies et de violences. Et ce roman magnifiquement dépouillé ne retrouvera finalement ses couleurs qu’à l’âge où l’homme tentera de regarder son enfance en face. » n Gilles Heuré, Télérama Comment résister « Ce pourrait être un roman en noir et blanc, comme un film de Truffaut où les gosses font les quatre cents coups et s’inventent des vies d’aventure. Car nous y sommes, à cette même époque. 1961 : la guerre d’Algérie fait rage et, de l’autre côté de la Méditerranée, un putsch menace le régime. Le petit bonhomme, qui est aussi le narrateur, s’appelle Émile Choulans. Son père, André, est un sale type qui le tabasse, le réveille à 4 heures du matin pour l’endurcir et qui tentera bientôt de l’enrôler dans l’organisation secrète, l’OAS, en vue d’assassiner de Gaulle, qui a « lâché » l’Algérie française. Tout y passe : la ceinture, le martinet et les coups de pied pour faire de lui un bon soldat et le complice de ce qu’il ne faut révéler à aucun prix. Le petit Émile, 12 ans, asthmatique et passionné de dessin on le surnomme Picasso, se prend au jeu, surveille ses arrières quand il marche dans la rue, dépose des lettres de menace, inscrit des slogans à la craie, et même cherche à son tour à jouer les agents secrets. Comment résister à cette brute de père, qui dit avoir été parachutiste, ceinture noire de judo, footballeur professionnel, avoir conspiré pour cacher Rudolf Noureev échappé d’URSS, et dont le parcours, invérifiable, semble n’avoir été que rébellion paranoïaque ? Émile deviendra grand, restaurateur de tableaux, marié et père, avec toujours, en lui, cette plaie d’enfance au cœur, qui ne se refermera pas Topor, L’homme élégant, Humoir. 8 10 langue d’oc Hommage à Yves Rouquette LAURENT ROUQUETTE, MARIE ROUANET jeudi 7 janvier à 18 h – À la médiathèque José Cabanis Hommage au poète occitan Yves Rouquette : lectures à deux voix en compagnie du journaliste Laurent Rouquette, son fils et de l’écrivaine Marie Rouanet, son épouse à l’occasion de la parution de l’ouvrage Le goût des jours, chroniques de la Dépêche du Midi paru aux éditions Mare Nostrum. YVES ROUQUETTE (19362015), a été l’un des principaux artisans de la renaissance de l’occitan à partir du début des années soixante. Entre poésie, romans, essais, théâtre, traduction, il a publié une cinquantaine d’ouvrages, pour la plupart en Langue d’Oc. Regard critique De 1998 à la veille de sa mort, au tout début de l’année 2015, le poète et écrivain Yves Rouquette a livré, toutes les semaines, une chronique à La Dépêche du Midi, qui la faisait paraître le dimanche, sous le titre Accent d’Oc. La présente parution rassemble l’essentiel des chroniques parues en 2013 et 2014, selon un principe immuable : le jeudi, La Dépêche donnait à Yves Rouquette le sujet qui ferait l’objet de la page magazine du dimanche suivant. L’écrivain disposait alors de 24 à 48 heures pour concocter son texte, puisant dans ses souvenirs et sa bibliothèque, parfois se rendant à la bibliothèque municipale de Camarès, son village, pour se documenter sur le sujet. On peut dire que ces chroniques sont celles d’un homme qui ignorait quasiment l’existence d’internet et des bases de données numériques. Son enfance à Sète et dans l’Aveyron, les origines paysannes de sa famille, son engagement au service de la langue d’Oc, son expérience de professeur de lettres classiques, son immense culture, sa fascination pour les musées ou la photographie, ses amitiés, sa vie quotidienne aux côtés de l’écrivain Marie Rouanet durant plus mer noire et rouge L’autre Joseph KÉTHÉVANE DAVRICHEWY samedi 13 février à 17 h Rencontre avec Kéthévane Davrichewy autour de L’autre Joseph publié chez Sabine Wespieser. de 50 ans, son regard critique sur la marche du monde : tels étaient les principaux ingrédients de cet exercice hebdomadaire effectué à la main, sur du papier quadrillé, puis faxé au journal. Entre coups de cœur et coups de gueule, ces textes témoignent d’une subjectivité éclairée et totalement assumée, et lui valaient un abondant courrier de lecteurs auquel il répondait scrupuleusement. n Il était une fois dans l’Est JULIE BIRMANT, CLÉMENT OUBRERIE jeudi 21 janvier à 17h / Au rayon BD Rencontre dédicaces avec Julie Birmant et Clément Oubrerie, auteurs de l’album Il était une fois dans l’Est paru aux éditions Dargaud. JULIE BIRMANT a d’abord été metteur en scène à l’Insas, la prestigieuse école bruxelloise de cinéma. Auteure de documentaires pour la télévision belge, elle a aussi travaillé pour France Culture. CLÉMENT OUBRERIE commence par illustrer des albums jeunesse, d’abord à New York, où il passe deux ans, puis à Paris. En 2005, il signe, avec Marguerite Abouet, sa première bande dessinée : Aya de Yopougon. Suivront entre autres Jeangot, avec Joann Sfar, et la série Les Royaumes du Nord avec Stéphane Melchior. Il a fondé, avec Antoine Delesvaux et Sfar, le studio à l’origine des longs-métrages Le Chat du rabbin et Aya de Yopougo. CE ROMAN GRAPHIQUE conte une histoire vraie et insensée, celle de la rencontre entre deux idoles qui n’avaient pas dix mots en commun, mais le génie, assurément, 11 et une sorte de folie qui, tour à tour, emporte, sidère ou terrifie. À travers eux, on plonge dans le monde d’avant la nuit du stalinisme, monde délirant où la naïveté et l’ignorance participent au réel et, du coup, l’éclairent d’une lueur comique. Clément Oubrerie, pour la première fois, raconte l’histoire à la couleur directe et nous entraîne dans les coulisses du Bolchoï, au Kremlin, sur une plage tempétueuse de Californie ou au sommet d’un building de Chicago. Julie Birmant a osé défier la chronologie et raconte cet amour impossible comme une odyssée, avec des récits enchâssés, autant de boucles lancées à chaque grand voyage entrepris, à bord d’un cargo miteux, d’un avion à hélice ou d’un train lancé à pleine vitesse à travers la steppe. n Kéthévane Davrichewy, entre de plain-pied dans l’enfance de « l’autre Joseph » : fils du préfet de Gori, il grandit dans une communauté encore archaïque, au milieu des gamins des rues, fascinés comme lui par les légendes bibliques et par les histoires de bandits caucasiens racontées lors des veillées. Même si le gamin exalté, batailleur et arrogant qu’est Sosso, dont la mère travaille dans sa famille comme couturière, agace bien souvent le petit Joseph, il partage avec lui des rêves d’héroïsme et de grandeur. La ressemblance entre les deux garçons est frappante, mais c’est bien plus KÉTHÉVANE DAVRICHEWY tard, alors que son père continue est née à Paris dans une famille de subvenir aux besoins de Sosso d’origine géorgienne.Après La Mer jeune homme, que Joseph comNoire (2010), elle a publié, toujours prendra les liens de sang qui vraichez Sabine Wespieser éditeur, Les semblablement les unissent. Séparées (2012) et Quatre murs Kéthévane Davrichewy écrit un : (2014). Elle a également écrit de roman de formation en miroir nombreux livres pour la jeunesse à depuis sa tendre enfance, Joseph a été obligé de prendre en compte L’École des loisirs. son encombrant camarade. Ses choix ultérieurs, pilote d’avion, il Mémoire s’engage du côté de la France lors familiale « Joseph Djougachvili, dit Staline, de la Grande Guerre, avant d’ensurnommé Sosso dans les pre- trer dans les services secrets… mières années de sa vie, est né en ont certainement été dictés par Géorgie, à Gori, en 1878. Quelques l’ombre menaçante du maître années plus tard, à quelques rues du Kremlin. Et c’est bien après la de là, naissait un autre Joseph, mort du dictateur qu’il publiera Davrichachvili, ou Davrichewy. » des mémoires au titre improbable : Dès les premières lignes de son Ah ! Ce qu’on rigolait bien avec nouveau roman, Kéthévane mon copain Staline. Davrichewy avertit son lecteur : la Kéthévane Davrichewy excelle mémoire familiale sera la matière dans la peinture des années déterde son livre, tout comme pour La minantes qui marquent le passage Mer Noire, paru en 2010. Mais à l’âge adulte et la perte de l’innocette fois, parce que son mythique cence. “L’autre Joseph” s’incarne arrière-grand-père a grandi avec en un passionnant personnage de Staline, et que sa vie entière en a roman. n été marquée. alfred döblin Une révolution allemande MICHEL VANOOSTHUYSE, THIERRY DISCEPOLO jeudi 11 février à 18 h / À la cinémathèque de Toulouse À l’occasion du lancement des soirées Berlin Alexanderplatz à la Cinémathèque de Toulouse dans le cadre du cycle consacré au réalisateur Rainer Werner Fassbinder, rencontre autour de l’œuvre de l’écrivain Alfred Döblin parue aux éditions Agone. MICHEL VANNOSTHUYSE, agrégé d’allemand, spécialiste de la littérature de langue allemande, a notamment publié, en dehors de nombreux articles et ouvrages collectifs, Le roman historique. Mann, Brecht, Döblin (PUF, 1996), La fabrique d’Ernst Jünger. Fascisme et littérature pure (Agone, 2005), Alfred Döblin. Théorie et pratique de l’« œuvre épique ». THIERRY DISCEPOLO est le fondateur et l’un des animateurs des éditions Agone. ALFRED DÖBLIN (1878-1957) né au sein de la bourgeoise juive allemande, à vécu à Berlin, à Paris et aux États-Unis. Toute son œuvre demeure largement méconnue, cachée par le succès mondial, dès sa parution en 1929, de Berlin Alexanderplatz. Libre fabulation « […] La littérature döblinienne ne se laisse pas enrôler. Mais le gain de cette liberté obstinément revendiquée est immense. Écrit contre la routine romanesque, [avec ses intrigues bien ficelées et ses personnages corsetés dans des rôles prévisibles], un roman döblinien [rebaptisé « œuvre épique »] est une aventure unique et surprenante, qui ouvre sur le « monde magnifique, sans entrave, de la libre fabulation ». Il abandonne les boudoirs, les salons bourgeois et les maisons patriciennes, largue les amarres, prend le large, pour s’en aller dans des contrées lointaines et exotiques, au fin fond de la Chine ou de la forêt amazonienne, et plus loin encore et plus haut, jusque dans les étoiles, dans le passé aussi, au cœur des tourmentes et des tourments de la Guerre de Trente ans, ou bien au contraire très loin en avant de nous, dans les siècles et les apocalypses à venir. Il y a du Hugo chez cet homme-là, dans cette conjonction d’un imaginaire du temps et de l’espace et d’un imaginaire d’événements parfois extravagants et énormes, cimentés par la langue, cette « force productive », une « langue vivante » qui n’a rien à voir avec la langue léchée, polie et policée des grands stylistes patentés. Ces romans-continents sont des livres d’accumulation de mots, d’invention langagière inouïe, qui font de Döblin le prosateur allemand le plus inventif du début du siècle dernier. Mais un roman de Döblin, ce peut être aussi un voyage au plus près du contemporain, de la réalité allemande, et du parler populaire. C’est assurément une nouveauté radicale pour le roman allemand d’accueillir le peuple comme il est fait dans Berlin Alexanderplatz, et de faire de la grande ville moderne, contre toute la littérature réactionnaire de terroir, non plus seulement un décor, mais un acteur qui parle. Conjuguant le plaisir de raconter et les expérimentations de la modernité, s’abandonnant tantôt au simple récit et tantôt inventant les structures narratives les plus complexes, accueillant les parlers populaires mais sachant exploiter aussi toutes les ressources poétiques de la langue allemande, introduisant dans le roman les régimes textuels les plus divers, du document brut jusqu’au poème en prose, abolissant les frontières entre le haut et le bas, le tragique et le comique, et s’ouvrant à toutes les formes du rire, de l’ironie la plus sophistiquée au burlesque le plus débridé, l’œuvre romanesque d’Alfred Döblin est d’une ampleur, d’une variété et d’une inventivité incomparables. C’est dire aussi qu’il n’y a pas un style döblinien, pas plus qu’il n’existe un style de Picasso, mais des styles. Je disais qu’il y a du Hugo chez Döblin, il y a aussi du Picasso, en ce sens qu’il ne s’est jamais accommodé du confort de la répétition. Mais s’il y a des styles, et si chaque livre possède une figure singulière, il y a bien, au bout du compte, une tâche unique : comprendre le monde, l’homme dans le monde et dans l’histoire. […] » n Michel Vanoosthuyse 13 hans fallada Vie et mort du buveur JAKOB HINRICHS mercredi 27 janvier à 17 h Rencontre dédicaces avec Jakob Hinrichs autour de l’album Hans Fallada, Vie et mort du buveur édité chez Denoël Graphic. La rencontre est organisée avec le Goethe Institut. HANS FALLADA (Rudolf Wilhelm Friedrich Ditzen) est né en 1893. Il a passé la majeure partie de sa vie en prison et en hôpital psychiatrique, tout en contribuant, avec des romans comme Quoi de neuf, petit homme ? et Seul dans Berlin au rayonnement de la littérature allemande du xxe siècle. Il est mort à Berlin en 1947. Depuis 2007, les éditions Denoël ont entrepris de publier ou rééditer les œuvres de Fallada. La parution de Hans Fallada, vie et mort du Buveur, coïncide avec la sortie du recueil de nouvelles Du bonheur d’être morphinomane. JAKOB HINRICHS est diplômé d’une école berlinoise d’art graphique, il se consacre depuis 2004 à l’illustration et à la narration dessinée. De nombreuses collaborations au New York Times, au Boston Globe ou au Guardian ont établi sa réputation d’artiste international. Son premier roman graphique, adapté d’Arthur Schnitzler, a fait l’objet de multiples traductions étrangères. du 12 janvier au 14 février 2016 à la Cinémathèque de Toulouse Berlin Alexanderplatz de Rainer Werner Fassbinder Mort à seulement 37 ans, R. W. Fassbinder laisse derrière lui une quarantaine de films tournés en à peine une dizaine d’années. Une carrière fulgurante. Et une filmographie qui l’est tout autant. La Cinémathèque propose un retour sur un des cinéastes allemands les plus importants de la seconde partie du xxe siècle. Une figure emblématique du nouveau cinéma allemand des années 1970, mais aussi une écriture cinématographique inimitable qui manie le mélodrame comme un pamphlet. Tournée pour la télévision entre 1979 et 1980, la série Berlin Alexanderplatz (en 13 épisodes et 1 épilogue) est basée sur le célèbre roman d’Alfred Döblin et décrit la vie des bas-fonds à Berlin aux jours sombres de la République de Weimar. Berlin Alexanderplatz n’est pas simplement le film le plus ambitieux de R.W. Fassbinder : il constitue l’obsession d’une vie, celle du réalisateur face à l’œuvre de Döblin, et est considéré comme son plus grand film. © Carlotta Films 12 Enfer personnel Le Buveur est l’un des romans les plus personnels de l’auteur du célèbre Seul dans Berlin, Hans Fallada. Il a été écrit secrètement en 1944, alors que Fallada se trouvait en prison, présumé coupable du meurtre de sa femme. Ses propres expériences avec l’alcool et l’histoire de ses échecs répétés constituent la matière première du livre. Rien d’illégitime, dès lors, à combiner le récit de la déchéance de son héros, Erwin Sommer, un homme banal qui se met à boire à l’occasion d’une crise existentielle et entreprend de sacrifier sa femme et sa vie à son addiction, et la véritable biographie de Fallada. L’artiste allemand Jakob Hinrichs, à qui l’on doit déjà l’adaptation graphique du Traum Novelde Schnitzler, qui servit de base à Kubrick pour son Eyes Wide Shut, a méticuleusement étudié la vie et l’œuvre de l’écrivain. Il mêle de façon convaincante la mise en lumière crue des pathologies du commis-voyageur alcoolique Sommer avec l’histoire bouleversante d’un écrivain de premier plan qui n’abandonna sa dépendance à l’alcool et à la morphine qu’à sa mort, en 1947. Le trait extrêmement libre et expressionniste de Jakob Hinrichs, traversé de multiples influences, de George Grosz et Otto Dix à Joost Swarte, Ever Meulen ou Henning Wagenbreth, excelle à représenter cette descente dans un enfer personnel au sein d’une Allemagne tenaillée par les tourments d’un mal infiniment plus grand. n 14 c r i t i q u e d e l a p o l i t i q u e théorie littéraire La communauté politique des « tous uns » La haine de la littérature vendredi 22 janvier à 18 h Rencontre avec le philosophe Miguel Abensour autour de son ouvrage La communauté politique des « tous uns » : désir de liberté, désir d’utopie, livre d’entretien réalisé avec Michel Enaudeau, paru aux éditions Belles Lettres. MIGUEL ABENSOUR est professeur émérite de philosophie politique à l’Université de Paris VII et directeur de la collection Critique de la politique aux éditions Payot et Rivages depuis 1974. Il est notamment l’auteur de plusieurs ouvrages aux éditions Sens & Tonka dont Hannah Arendt contre la philosophie politique ? (2006), Entretien avec l’anti-mythes (2012), Utopiques volume 1 et 2 (2013), De la compacité : architectures et régimes totalitaires (2013) et Le rouge et le noir à l’ombre de 1973 (2014). Liberté et compagnie Antonio Donghi, Cirque équestre (détail). « Voici une pensée précieuse en ces temps troublés où la liberté est en berne, quand on l’assassine au nom de servitudes volontaires radicales censées procurer le salut. Le chapitre que Miguel Abensour consacre à La Boétie, dans ce long entretien avec Michel Enaudeau, résonne fortement et c’est bien sous le signe de l’auteur du Discours de la servitude volontaire que se lit l’itinéraire du philosophe. Car ce que retient Abensour de La Boétie n’est pas seulement le doute qu’il porte sur le désir de liberté du peuple dans son étrange proximité avec le désir de servitude, mais aussi sa conception de la liberté intrinsèquement liée à la pluralité humaine. « Liberté et compagnie vont de pair », affirmet-il et dès lors, la liberté dans la cité ne saurait se professer par le « tous unis », potentiellement totalitaire, mais bien le « tous uns » véritablement démocratique ; totalité fermée sur soi, pyramidale, unitaire et hiérarchique d’un côté, totalité ouverte, plurielle, horizontale, égalitaire de l’autre. Miguel Abensour, né en 1939, est de la génération traversée par la question du totalitarisme. Il raconte son compagnonnage avec les penseurs anti-totalitaires Cornelius Castoriadis et Claude Lefort, et la manière dont le groupe a été, à partir des années 1980, divisé et traversé par des tentations de « restauration ». Grands lecteurs de Pierre Clastres et de sa Société contre l’État, ils se retrouvent à la fondation de la revue Libre et c’est précisément sur la liberté qu’ils se sépareront, les uns y cherchant un projet anti-autoritaire, les autres, Marcel Gauchet en tête, y voyant un « billet d’entrée pour participer à la restauration du libéralisme politique ». La parution du Passé d’une illusion, de François Furet, en 1995, consommera le divorce entre ceux qui veulent penser une autre société possible et ceux qui se résignent au monde tel qu’il est, c’est du moins ainsi, comme « fatigue de la raison », qu’Abensour lit le retournement de l’historien de la Révolution. Miguel Abensour, lui, a préféré s’entêter à explorer les voies de l’émancipation et celles de l’Utopie. Cet entretien reste un peu dans l’entre-soi des initiés mais il est solide et nécessaire. » n Catherine Portevin, Philosophie magazine WILLIAM MARX mercredi 20 janvier à 18 h Rencontre avec William Marx autour de son ouvrage La haine de la littérature paru aux éditions de Minuit. Débat animé par Olivier Guerrier (Université Toulouse Jean Jaurès). WILLIAM MARX est critique et historien de la littérature. Après des études à l’École normale supérieure et l’agrégation de lettres classiques, il a longtemps enseigné aux États-Unis et au Japon. Il est actuellement professeur de littérature comparée à l’université de Paris X. Il est notamment l’auteur aux éditions de Minuit de : L’adieu à la littérature (2005), Vie du lettré (2009) et Le Tombeau d’Œdipe (2012). Réflexion « Il y a dix ans de cela, William Marx créait l’événement avec L’Adieu à la littérature. Cette ambitieuse histoire d’une dévalorisation suscita la discussion : la littérature était-elle seule responsable de son inexorable perte d’influence ? C’est à ce même enjeu que répond aujourd’hui La Haine de la littérature, mais d’un tout autre point de vue, et comme de l’extérieur. Car, si ses défenseurs admettent souvent ne savoir définir la « littérature », ses pourfendeurs, quant à eux, s’en chargent volontiers. À commencer par Platon, à l’origine, dans La République, du vaste procès intenté à la poésie. William Marx en examine les quatre facettes, dans l’ordre suivant : procès au nom de l’autorité, de la vérité, de la moralité et de la société. […] L’essentiel est qu’en exilant de sa cité idéale les poètes, coupables d’imiter un réel, pâle imitation à son tour des Idées ou essences visées par la philosophie seule, Platon s’est employé à les déposséder du rayonnement qui était le leur. Telle est bien la thèse ici défendue : C’est quand elle commence à avoir des ennuis que la littérature commence tout court. Philosophie, politique ou religion : quelle que soi l’autorité concurrente, désormais, la littérature, c’est ce qu’on attaque ou ce qu’on exile. Rien de tout à fait nouveau jusque-là. L’intérêt de cet essai n’est pas dans sa relecture de La République de Platon, si souvent commentée, mais dans la manière dont il met admirablement en scène cette guerre des discours opposant la littérature à ses concurrents les plus directs une logomachie parfaitement rodée depuis. […] William Marx n’entreprend ni défense ni illus- Günter Grass, La main de l’écrivain (détail). MIGUEL ABENSOUR 15 tration. La Haine de la littérature n’est pas un procès en appel, mais une réflexion sur l’impossible définition d’un art qui s’est vu, au fil des siècles, refuser tout ce à quoi il pouvait prétendre, et par conséquent poussé à se replier sur lui-même. Il est vrai que la Rome antique et païenne ne connut aucune flambée antilittéraire ; mais c’est que les litterae n’y constituaient pas un véritable enjeu. La plus grande menace pour la littérature resterait, paradoxalement, de ne plus susciter de haine. » n J.-L. Jeannelle, Le Monde noir et blanc Contrejour, histoire d’un éditeur Poumeyrol : la réalité transfigurée JEAN-MARC LE SCOUARNEC MICHÈLE HENG samedi 9 janvier à 17 h vendredi 15 janvier à 18 h Rencontre avec Jean-Marc Le Scouarnec autour de la parution de l’ouvrage Contrejour, histoire d’un éditeur, 1975-1995 aux Editions de l’Œil. JEAN-MARC LE SCOUARNEC né en 1961, est journaliste à La Dépêche du Midi depuis 1989. Actuellement responsable des pages Culture du quotidien régional, il a publié une biographie, Jean Dieuzaide, la photographie d’abord (Contrejour, 2012) et écrit le texte d’introduction du livreDVD Sabine Weiss en deux films (Éditions de l’Œil, 2013). Claude Nori L’ouvrage Contrejour, histoire d’un éditeur, largement illustré, raconte l’histoire tumultueuse de la maison fondée à Paris par le Toulousain Claude Nori, au plus fort de l’effervescence culturelle post-68. Également photographe, dans un registre intimiste et amoureux, Claude Nori fut au cœur de la reconnaissance de la photographie comme art à part entière. Le livre évoque la multitude de pro- jets menés de front par le fondateur de Contrejour : édition de livres, donc, mais aussi de journaux et de magazines (dont le prestigieux Camera International et création de galeries consacrées à la photographie. Cette « Histoire d’un éditeur » replace la trajectoire de Claude Nori dans une époque qui, d’un côté, se veut iconoclaste, et de l’autre, reconnaît l’importance des maîtres alors oubliés, comme Édouard Boubat, Willy Ronis ou Robert Doisneau. L’ouvrage réunit une longue interview de Claude Nori et de multiples témoignages d’acteurs de l’époque : Jean-Claude Lemagny, Jean-Claude Gautrand, Agathe Gaillard, Patrick Chapuis, Bernard Plossu, Ralph Gibson, Sabine Weiss, Ferdinando Scianna, Guy Le Querrec, Gabriel et Jean- Rencontre avec Michèle Heng à l’occasion du catalogue paru sur le travail du peintre Jean-Marie Poumeyrol : Poumeyrol : la réalité transfigurée. MICHÈLE HENG est spécialiste en art contemporain, maître de conférences à l’université de Toulouse-Le Mirail. Aux éditions Atlantica, elle a notamment publié Poumeyrol (2011), Soust (2004), Trotereau (2005), Gauthier Dubédat (2008), Poumeyrol: marges, peintures 1990-2009 (2009). François Bauret, Pierre et Gilles, etc. Plusieurs cahiers sont consacrés à la reproduction de couvertures et de pages intérieures de livres devenus classiques comme Le Bistrot d’Hambourg d’Anders Petersen, Sur le fil du hasard de Willy Ronis, Skyline de Franco Fontana, Kodachrome de Luigi Ghirri, Portraits de dames assises… de Jeanloup Sieff, et bien d’autres. n 17 nature et couleur Vingt ans de création mon univers mental aux confins des profondeurs de l’inconscient. Il est l’un des peintres majeurs de l’Aquitaine et un artiste de renommée internationale. On l’a fait chef de file de l’école de Pau, mais il est surtout un grand indépendant, exigeant et inclassable, irréductible à toute mode et à toute compromission. L’auteur, Michèle Heng, fait le point sur vingt ans de création, mettant en valeur les clés de cette peinture : un univers loin de toute influence contemporaine, une peinture privilégiant la ligne, le détail, loin de la spontanéité des avant-gardes ; une peinture qui nous incite à réfléchir sur notre condition, l’amour, la solitude, l’effet ravageur du temps. n Poumeyrol est né le 18 juin 1946 à Libourne.Ancien élève de l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, il vit et travaille désormais à Pau. La peinture de Poumeyrol est originale, surprenante. Elle présente souvent des lieux ou des architectures à l’abandon, oubliés là par le cours du temps. Il dit de sa peinture : Plus que de décrire, je pense à travers ce « réalisme » restituer jeudi 18 février à 20 h / À Ombres Blanches, rue Mirepoix Concert de Michel Doneda, musicien saxophoniste et Elisabeth Bartin chanteuse lyrique improvisatrice, organisé par le Ring et la librairie Ombres Blanches. « Dès les années 1960, Danielle Collobert expérimentait ce que la langue française n’avait jamais tenté […] Nous voici au bord du dernier langage, qui est le même et entièrement autre, raréfié, comme devenu poème flagrant de survie pour davantage mourir. » (Jean-Pierre Faye). Véritable cosmologie de la douleur, Dire II raconte l’impossibilité de raconter. Plus de syntaxe, la phrase disparaît au fil des pages, le souffle se fait plus de plus en plus court dans la douleur et la souffrance. Le livre avance avec une raréfaction de plus en plus manifeste de la parole. Les mots, ne sont plus que débris, restes d’une mutilation, quasiment immobiles sur l’océan grandissant de silence de la page. Le rythme de Dire II, sa puissance vibratoire, l’évocation des sons et du silence, la tension permanente mènent à l’élaboration d’un univers sonore singulier et sensible auquel Elisabeth Bartin et Michel Doneda donnent corps. Fulgurance du ressenti, de l’affect de l’instant présent, à la source de l’écriture, sont les fondamentaux de leur travail. La voix et le saxophone donnent vie au souffle intime qu’habitent les mots précis de Danielle Collobert. La voix chantée n’est jamais un commentaire du texte : elle ouvre la part invisible de l’œuvre et apporte, tout au long du récital, relief et respiration au texte et à sa perception. La musique d’abord bruit du monde, vient incarner la tension de ce cri silencieux, étouffé, présent dans Dire II. Alchimie entre la voix parlée, la voix chantée et l’instrument pour donner à l’œuvre des perspectives toujours réinventées. Participation aux frais PAF : 8 /12 euros… Poumeyrol, Abri sous falaise (détail). 16 18 éditer lire écrire aimer traduire apprendre réciter donner diffuser 19 Instants croisés avec Verdier 41 chandelles (pour Ombres blanches) s’éclairent aux 37 bougies des Éditions Verdier VENDREDI 5 ET SAMEDI 6 FÉVRIER, cinq rendez-vous pour marquer, à Ombres blanches, la sortie de nos quarante ans. Et interroger les livres de demain à lumière de ceux d’aujourd’hui. > Histoire des traductions en langue française JEAN-YVES MASSON Vendredi 5 février à 17 h 30 Rencontre avec Jean-Yves Masson autour de la production des traductions en littérature et dans les domaines du savoir. À l’occasion de la parution du troisième et avant-dernier volume de l’Histoire des traductions en langue française (Verdier 2015). Sous la direction de Yves Chevrel et Jean-Yves Masson. J.-Y. MASSON est né en 1962. Études de lettres et de philosophie à Paris. Poète, écrivain et traducteur, il dirige aux éditions Verdier la collection « Der Doppelgänger » (littératures germaniques). LES TRADUCTIONS ont rarement bonne presse dans le domaine francophone malgré le renom attaché à quelques « grands » traducteurs littéraires, d’Amyot à Bonnefoy ou à Jaccottet. L’Université française a longtemps rechigné à en faire un objet de recherche, sauf à s’intéresser aux « belles infidèles ». L’HTLF s’inscrit dans un mouvement d’intérêt grandissant porté à la traduction depuis les années 1970 mais il constitue un projet dont la nouveauté est inséparable de son ampleur. L’HTLF cherche à saisir l’ensemble du phénomène de la traduction en langue française, dans tous les domaines, sans se limiter aux œuvres littéraires. Cet aspect novateur, sinon révolutionnaire, se manifeste concrètement par le fait que chaque volume est organisé non par langues sources, mais par grands domaines, en fonction de la configuration intellectuelle et littéraire de l’époque concernée. Enfin, l’HTLF entend aussi donner toute leur place aux traducteurs, ces hommes – et ces femmes – « invisibles » qui, à l’exception de quelques écrivains d’ailleurs célébrés surtout pour leurs œuvres propres, ont longtemps été les oubliés de la vie intellectuelle. Faire leur histoire, rappeler qui ils furent, est une préoccupation constante de l’HTLF, dont l’ensemble des quatre volumes, clôt chacun par un « index des traducteurs », permettra d’établir un inédit Répertoire des traducteurs en langue française. n > Carnet de notes. 2011-2015 PIERRE BERGOUNIOUX Vendredi 5 février à 19 h Rencontre avec Pierre Bergounioux autour de l’écriture et de l’édition des « journaux d’écrivains », à l’occasion de la parution de Carnet de notes. 2011-2015 (Verdier). Suivie d’une lecture d’extraits du livre. P. BERGOUNIOUX est né à Brive-la-Gaillarde en 1949. Ancien élève de l’École normale supérieure, il enseigne le français en région parisienne. Marié et père de famille, il vit dans la vallée de Chevreuse. Passionné d’entomologie, il pratique également la sculpture. Il est l’auteur d’un grand nombre de livres, romans, essais, journaux, publiés par Gallimard et Verdier pour une part essentielle. « POUR DES RAISONS qui touchent à mes origines, à ma destinée, j’ai ressenti le besoin d’y voir clair dans cette vie. La littérature m’est apparue comme le mode d’investigation et d’expression le moins inapproprié. Elle est porteuse, comme l’histoire, comme la philosophie, comme les sciences humaines, d’une visée explicative, donc libératrice. Elle peut descendre à des détails que les discours rigoureux ne sauraient prendre en compte parce qu’il n’est de science que du général. Les notes quotidiennes ne diffèrent pas, dans le principe, de ce que j’ai pu écrire ailleurs. Les autres livres se rapportent aux lieux, aux jours du passé, le Carnet à l’heure qu’il est, au présent. » n Pierre Bergounioux > Du texte au lecteur P. BERGOUNIOUX, J.-Y. MASSON, C. OLIVE, M. PLANEL Samedi 6 février à 11 h Rencontre avec Pierre Bergounioux, Jean-Yves Masson, auteurs, et Colette Olive et Michèle Planel (éditrices). Écrire, divulguer, donner à lire. « Faire » des livres. > Les livres et l’accès au savoir / JEAN-CLAUDE MILNER Samedi 6 février à 17 h 30 / au Théâtre Garonne Rencontre avec Jean-Claude Milner. Les livres et l’accès au savoir. La question du maître. Rencontre organisée en collaboration avec La Cause Freudienne / Toulouse Midi-Pyrénées. DEPUIS LE GESTE FONDATEUR de Platon qui bannit les poètes de la cité, l’écrivain sait que le philosophe se méfie de lui. C’est donc que philosophie et littérature peuvent marcher d’un même pas ? Je souhaitais saisir par là une singularité de Barthes. D’un côté, il pose que jamais un philosophe ne fut son maître ; de l’autre, sa langue propre et sa pensée doivent quelque chose à la philosophie. Si l’on veut préciser cette dette, on comprend que la philosophie permettait de mettre en mouvement cette masse imposante qu’était alors la littérature française. […] Si je reprends votre question et si je la généralise, je vous renverrai au paradoxe de Zénon ou la fable du lièvre et de la tortue : il arrive que littérature et philosophie s’engagent dans la même course, mais leurs pas ne se répondent jamais. On sera tantôt sensible au fait que ce soit la même course, tantôt au fait que les pas s’écartent. Vous-même, en tant que théoricien, entretenez un rapport ambivalent à la fiction, S’il vous arrive de convoquer l’œuvre d’un écrivain, Flaubert par exemple, à l’appui d’une Idée, vous ne semblez pas considérer que la littérature puisse, en tant que telle, produire des vérités. Je pense exactement le contraire. Pour moi, la vérité est fondamen- talement un « effet » de vérité. Or ce sont les œuvres littéraires qui surabondent en « effets de vérité ». Pour employer un terme psychanalytique, je dirais que ce sont elles qui interprètent le sujet, et qui lui font apparaître ce que, laissé à luimême, il n’aurait Jamais reconnu. C’est en lisant Proust, plus qu’en lisant Spinoza, que j’ai compris la jalousie et pourquoi je doutais de l’amitié… La difficulté, c’est que les effets de vérité produits par la littérature sont rebelles à la citation. Je veux dire qu’on ne peut pas préserver l’effet de vérité quand on fragmente, quand on résume, quand on arrache du contexte. Dès qu’on cite, on fait tomber la littérature du côté de l’ornement. En ce qui me concerne j’essaie d’éviter les ornements. n Extraits d’un entretien avec Jean Birnbaum (Le Monde 2012) > Fable d’amour/ANTONIO MORESCO Samedi 6 février à 15 h 30 Rencontre avec Antonio Moresco et son traducteur Laurent Lombard à l’occasion de la parution du roman : Fable d’amour (Verdier 2015). Lecture en italien et en français. FIGURE MAJEURE de la prose narrative contemporaine, Antonio Moresco est né à Mantoue en 1947. Il est sans aucun doute l’un des écrivains les plus inspirés, les plus puissants, les plus imaginatifs, mais aussi les plus délicats de la littérature italienne, et qui depuis toujours poursuit son œuvre dans la solitude des plus hautes exigences. Il est l’auteur du livre La Petite lumière, publié par Verdier en 2013, et qui a trouvé un écho très important en librairie, et obtenu un succès considérable auprès des lecteurs. « Fable d’amour, écrit Moresco, raconte une histoire d’amour entre deux personnages qu’il serait impossible d’imaginer plus éloignés : un vieux clochard qui ne se souvient plus de rien et qui a pratiquement perdu la raison, et une fille merveilleuse. C’est l’histoire d’une de ces rencontres qu’on croit impossibles mais qui peuvent avoir lieu dans les territoires libres et absolus de la fable, et aussi quelquefois dans la vie. » Fût-il le plus pur, l’amour a-t-il vocation à durer ? Mais puisque l’amour est sans pourquoi, doit-on chercher plus d’explications à ce qui le tue qu’à ce qui le fait naître ? Et si la fable était le seul mode pour raconter aujourd’hui la puissance d’aimer ? n 20 observer Pour la sociologie MARYSE JASPARD mardi 26 janvier à 18 h Rencontre avec Bernard Lahire autour de son ouvrage Pour la sociologie. Pour en finir avec une prétendue culture de l’excuse (La Découverte). La rencontre sera animée par Éric Darrasse. seur de sociologie à l’École normale supérieure de Lyon. Il a publié une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels L’Homme pluriel (Nathan, 1998), La culture des individus (La Découverte, 2004), Franz Kafka, éléments pour une théorie de la création littéraire (La Découverte, 2010), Ceci n’est pas qu’un tableau (La Découverte, 2015). Plaidoyer lumineux Gino Severini, Autoportrait (détail). Depuis plusieurs décennies, la sociologie est régulièrement accusée d’excuser la délinquance, le crime et le terrorisme, ou même de justifier les incivilités et les échecs scolaires. À gauche comme à droite, nombre d’éditorialiste et responsables politiques s’en prennent à une « culture de l’excuse » sociologique, voire à un « sociologisme » qui serait devenu dominant dans les médias. À leurs yeux, le regard sociologique aurait pour effet de « déresponsabiliser » les individus. Dans ce livre accessible, Bernard Lahire démonte cette vulgate et son lot de fantasmes et de contre-vérités. Il livre un plaidoyer lumineux pour la sociologie, et, plus généralement, pour les sciences qui se donnent pour mission d’étudier avec rigueur le monde social. Il rappelle que comprendre les déterminismes sociaux et les formes de domination permet de rompre cette vieille philosophie de la responsabilité qui a souvent pour effet de légitimer les vainqueurs de la compétition sociale et de reconduire certains mythes comme celui du self made man, celui de la « méritocratie » ou celui du « génie » individuel. Pour Bernard lahire, plus que la morale ou l’éducation civique, les sciences sociales devraient se trouver au cœur de la formation du citoyen, dès le plus jeune âge. En 21 Je suis à toi, tu es à moi BERNARD LAHIRE BERNARD LAHIRE est profes- combattre développant la prise de distance à l’égard du monde social, l’habitude d’observer, la conscience de l’existence d’une multiplicité de « points de vue », la connaissance des mécanismes sociaux, elle pourrait contribuer à former des citoyens qui seraient un peu plus sujets de leurs actions. n Mercredi 17 février à 18 h Dans le cadre des rencontres organisées avec L’équipe Simone-Sagesse (CERTOP, Université Toulouse Jean-Jaurès). Débat avec Maryse JASPARD, autour de son livre Je suis à toi, tu es à moi : violence et passion conjugales (Éditions Payot). MARYSE JASPARD, sociologue et démographe féministe, a dirigé en 2000 l’enquête Enveff, première enquête nationale sur les violences envers les femmes en France. Chercheuse associée à l’Ined, elle a publié de nombreux articles et ouvrages sur les thèmes de la vio- Le règne des entourages J.-M. EYMERI-DOUZANS, X. BIOY, S. MOUTON mardi 19 janvier à 18 h Rencontre avec Jean-Michel Eymeri-Douzans, Xavier Bioy et Stéphane Mouton autour de l’ouvrage collectif Le règne des entourages : cabinets et conseillers de l’exécutif (Presse de Sciences Po) J.-M. EYMERI-DOUZANS est professeur agrégé de science politique, directeur adjoint de Sciences Po Toulouse et ancien directeur du Laboratoire des sciences sociales du politique (LaSSP). X. BIOY est professeur agrégé de droit public à l’Université Toulouse 1 Capitole, dont il dirige l’Institut Maurice Hauriou et l’Institut fédératif de la recherche « Mutation des normes juridiques ». S. MOUTON est professeur agrégé de droit public à l’Université Toulouse 1 Capitole. PAS UNE LIGNE de la Constitution française ne les mentionne et pourtant les « collaborateurs de l’ombre », de moins en moins discrets, qui entourent nos dirigeants politiques n’ont cessé de prospérer au fil des régimes, au point que notre Ve République hyper-présidentielle est devenue une République de conseillers. Rien ne s’accomplit sans ou contre eux. Quel paradoxe qu’aucun ouvrage savant ne leur ait été consacré depuis plus de trente ans ! Loin des polémiques et des caricatures, ce livre répare l’oubli. Il réunit une équipe d’historiens, politistes, juristes, sociologues et anthropologues, dont maints spécialistes étrangers, ainsi que d’anciens membres de cabinets. Des « créatures » » du roi, comme les désignait le Grand Siècle, aux dir’cab’et jeunes entourages des présidents Sarkozy et Hollande, en passant par la « cabinetocratie » bruxelloise et les conseillers de la Maison-Blanche, il montre la généralisation du phénomène à tous les échelons du pouvoir dans les démocraties contemporaines. Érudit autant que savoureux, cet ouvrage ouvre des pistes de réflexion pour enrichir le débat sur le rôle et l’influence des conseillers du Prince. n lence et du viol, y compris dans des ouvrages collectifs. Elle est l’auteure, dans la collection « Repères », de Sociologie des comportements sexuels (La Découverte, 2005) et Les Violences contre les femmes (La Découverte, 2011). Problème de société La prise en compte des violences contre les femmes en tant que problème de société s’est consolidée au cours des dix dernières années ; en 2010, la lutte contre les violences faites aux femmes a été déclarée grande cause nationale par l’État français. Mais que recouvre le concept de violences contre les femmes ? Comment identifier les formes de violence ? Quelle est leur ampleur ? Qui sont les victimes ? Qui sont les agresseurs ? La mondialisation de la reconnaissance des violences faites aux femmes reste un élément majeur du combat contre les inégalités entre les sexes. Le chiffrage de ces violences relève d’enjeux politiques et sociaux fondamentaux, à l’échelon national et international. Je suis à toi, tu es à moi Au cours des dernières décennies, le voile du silence s’est levé sur la violence conjugale, la parole s’est libérée, la réprobation est devenue unanime. On sait maintenant qu’en amont des coups, les violences verbales et psychologiques constituent l’essentiel des violences au quotidien. Pourtant il reste des complexités à dénouer : comment expliquer que, malgré les transformations de la société et l’émancipation des femmes, la relation de couple puisse encore engendrer la domination absolue d’un partenaire sur l’autre ? Pourquoi, « au nom de l’amour », beaucoup acceptentelles de leurs partenaires des comportements qu’elles jugent par ailleurs intolérables ? Maryse Jaspard analyse les liens ténus entre violence et passion pour mieux les dissocier. Et explique tous les processus, à la fois intimes et sociétaux, de la violence conjugale « ordinaire » aujourd’hui. n 22 royal absolutisme La mort de Louis XIV JOËL CORNETTE jeudi 21 janvier à 18 h Rencontre avec Joël Cornette autour de la parution de son ouvrage La mort de Louis XIV aux éditions Gallimard. La rencontre sera animée par Philippe Foro, maître de conférence en Histoire contemporaine à l’Université Toulouse Jean-Jaurès. JOËL CORNETTE est historien et professeur d’Histoire moderne à l’Université Paris 8. Ses travaux portent sur la France de l’Ancien Régime et plus particulièrement sur la monarchie, notamment au XVIIe siècle. Une partie de ses recherches est également consacrée à l’histoire de la Bretagne et plus particulièrement entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Il est notamment l’auteur du Roi de guerre : Essai sur la souveraineté dans la France du Grand Siècle (1993) et de La Mélancolie du pouvoir : Omer Talon et le procès de la raison d’État (1998). 1er septembre 1715 Cette journée fut la seule dont la maîtrise aura échappé au Grand Roi, lui qui se voulait l’ordonnateur tout-puissant de son royaume. Interroger la portée de la mort de Louis XIV conduit à reconsidérer ce très long règne à l’aune du projet politique que ce prince avait lui-même conçu. Ce livre donne à comprendre ce qui s’éteint avec le Roi-Soleil et ce qui va perdurer de son œuvre. Qu’est-ce qui fait la singulière grandeur du siècle de Louis XIV ? La gloire, le roi de guerre, l’« État machine », la fabrique d’une culture royale : ce souverain a élevé le prestige de la monarchie française au sommet de son rayonnement ; il a achevé d’installer l’appareil administratif de l’Ancien Régime en l’inscrivant dans le patrimoine génétique de nos institutions ; il a érigé les « mystères de l’État » en méthode de gouvernement et fait pénétrer l’éclat de sa figure sacrée jusque dans la plus humble chaumière. Ce fut une ambition démesurée que les épreuves finiront par dérégler. Quel contraste entre le jeune monarque, ardent réformateur des « années Colbert », qui imprime sa marque à toutes les formes de création dans l’effervescence d’un Versailles baroque et festif, et le vieux roi éprouvé par des guerres interminables, cabré dans la dévotion en pourchassant les ennemis de la foi ! La mort de Louis XIV clôt un chapitre de l’histoire de la royauté et en ouvre un autre : à l’aube du siècle des Lumières, c’est la « manière » de ce monarque, c’est aussi une certaine conception de l’autorité, qui meurent avec lui. n laïcité et république 23 L’utopie citoyenne JEAN-MICHEL DJIAN mardi 9 février à 18 h – À la médiathèque José Cabanis Rencontre avec Jean-Michel Djian autour de la parution de son ouvrage L’utopie citoyenne. Une histoire républicaine de la ligue de l’enseignement aux éditions La Découverte. La rencontre est organisée en collaboration avec la Ligue de l’enseignement de Toulouse. JEAN-MICHEL DJIAN est journaliste. Docteur en science politique et ancien rédacteur en chef du Monde de l’éducation, il est aujourd’hui producteur à France Culture et auteur d’une quinzaine d’essais et films documentaires. Citons entre autres : Le triomphe de l’ordre (Flammarion, 2000), Politique culturelle, la fin d’un mythe (Grasset, 2005), Ahmadou Kourouma (Seuil, 2010), Solitudes du pouvoir (Grasset, 2015) et Les rimbaldolâtres (Grasset, 2015). Mouvement citoyen Dans le sillage du coup d’État du 2 décembre 1851, une société civile éprise des idéaux de la Révolution française rêve d’instaurer une véritable démocratie. JEUDI 7 JANVIER À 15 H 30 Lecture rencontre autour du livre Cœur de ciel pur d’Itsuo Tsuda. La rencontre est organisée avec l’École Itsuo Tsuda et le Dojo Yuki Ho où se tiendra du 4 au 15 janvier une exposition des calligraphies d’Itsuo Tsuda et, du 8 au 10 janvier les portes ouvertes du dojo. L’École Itsuo Tsuda œuvre à la diffusion de la philosophie pratique d’Itsuo Tsuda regroupant l’Aïkido et le Katsugen Undo (Mouvement Régénérateur). Itsuo Tsuda est né en Corée en 1914. À l’âge de vingt ans, son esprit d’indépendance et ses recherches le conduisent en France. À la Sorbonne, il suit les cours de Marcel Granet (Sinologue), et de Marcel Mauss (Sociologue et Anthropologue), qu’il considérait comme ses deux Maîtres européens. Il restera leur élève jusqu’en 1940, date de son retour au Japon. Ces études lui révèlent que certaines notions qui ont disparu des cultures occidentales, sont encore vivantes dans sa propre culture, au Japon, où de grands maîtres savent encore transmettre cette connaissance et notamment la notion de « Ki ». Il revient en France en 1970, où il s’installe définitivement pour propager ses idées sur le « Ki » à travers deux pratiques, le Mouvement Régénérateur et la Pratique Respiratoire de Maître Ueshiba. Édité à l’occasion du centenaire de la naissance du philosophe, ce recueil contient des textes inédits, écrits sur une période de dix ans : entretiens, cahiers, invocation shinto de purification, extraits de presse, etc., présentant ses enseignements spirituels et sa philosophie de l’aïkido. Un jeune utopiste du nom de Jean Macé lance alors l’appel à la mobilisation citoyenne pour « lutter contre l’ignorance ». Ainsi naît en 1866 la Ligue de l’enseignement. Prônant une école obligatoire, gratuite et laïque, ce mouvement d’éducation populaire s’étend rapidement à tout le territoire, porté par un imaginaire républicain fécond. Ce mouvement va inspirer des lois dont l’actualité ne s’est jamais démentie : celles de 1881 et 1882 sur l’école, de 1901 sur les associations, de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. Après la Seconde Guerre mondiale, la Ligue de l’enseignement prend définitivement la tête du combat pour défendre une laïcité sans cesse remise en cause par un clergé revanchard et puissant. Forte de ses milliers d’enseignants militants, elle élargit le périmètre scolaire en organisant à grande échelle la pratique sportive et l’éducation artistique (ciné-clubs, colonies de vacances, auberges de jeunesse, séjours culturels à l’étranger…) Aujourd’hui, si la Ligue de l’enseignement n’échappe pas à la crise de confiance qui s’est installée entre le pouvoir politique et la société civile et qui fragilise l’ensemble des associations d’éducation populaire, elle résiste cependant. En effet, quel mouvement citoyen peut se prévaloir, 150 ans après sa naissance, de réunir encore près de deux millions d’adhérents ? C’est donc tout un pan méconnu de l’histoire de notre République qui est ici raconté, grâce à des documents rares provenant des Archives nationales et des contributions inédites d’intellectuels et d’écrivains contemporains. n 24 7 janvier 2015 Ce que dit Charlie Un silence religieux PASCAL ORY JEAN BIRNBAUM mardi 2 février à 18 h jeudi 4 février à 18 h Rencontre avec Pascal Ory autour de la publication chez Gallimard de son ouvrage Ce que dit Charlie. Treize leçons d’histoire. La rencontre sera animée par Olivier Loubes, docteur en histoire et professeur à l’université de Toulouse Jean-Jaurès. PASCAL ORY est professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne. Il est l’auteur d’ouvrages portant sur l’histoire politique et culturelle dans la société occidentale. Citons notamment Les intellectuels en France, de l’affaire Dreyfus à nos jours (Armand Colin, 2002), L’histoire culturelle (PUF, 2004) et le Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France (Robert Laffont, 2013). Analyser En janvier 2015 la France fut prise par surprise. Mais elle s’est, aussi, surprise elle-même. Aux deux massacres ont répondu des centaines de marches républicaines, dont la polémique autour de ceux « qui n’étaient pas Charlie » n’a pas réussi à occulter la profonde signification politique. L’événement est entré dans l’histoire. Il est entré aussi dans la géographie, sous le regard de l’étranger, lui-même témoin, acteur ou victime du drame. Drame, au reste, ou tragédie ? Le massacre à Charlie-Hebdo a mis face à face deux radicalismes : une extrême gauche vieillissante et un extrémisme religieux pour l’instant en plein essor. Le massacre à l’Hyper Cacher a confirmé la violence d’une haine du Juif cultivée dans certains milieux « issus de l’immigration ». On a déjà beaucoup parlé de janvier 2015. Et ce n’est pas près de finir. Ce qu’on essaye ici, c’est d’analyser ce qui s’est passé, ce qui se passe encore et, dans une certaine mesure, ce qui va se passer, au travers d’une douzaine de clés d’interprétation, qui vont de Sidération à Soumission, en passant par Liberté d’expression, Laïcité ou Religion. n 25 fondamentalisme Rencontre avec Jean Birnbaum autour de son ouvrage Un silence religieux. La gauche face au djihadisme publié aux éditions du Seuil. JEAN BIRNBAUM est le directeur du Monde des livres. Il est l’auteur de plusieurs essais, notamment chez Stock : Leur jeunesse et la nôtre, l’espérance révolutionnaire au fil des générations (2005), Les Maoccidents : un néoconservatisme à la française (2009) et plus Journal d’une adolescente juive sous l’Occupation NICOLE ZIMERMANN samedi 16 janvier à 17 h Rencontre avec Nicole Zimermann autour du livre Journal d’une adolescente juive sous l’Occupation paru aux éditions Privat. NICOLE ZIMERMANN vit à Toulouse. Aujourd’hui retraitée, elle a été journaliste à France 3 Sud de 1979 à 2014. Elle est l’auteur de deux ouvrages aux Éditions Privat, Quai des oranges (2005) et Artemoff, le dernier centaure (2009). MARIE HURSTEL, née Crémieux est juive. Elle a quinze ans, en 1943 et elle et sa famille sont obligés de se cacher sous un faux nom pour échapper à la police qui déporte les juifs… Elle ne sait pas encore ce qu’est exactement cette déportation mais, comme ses parents, elle se doute bien qu’il vaut mieux y échapper. Malgré sa fausse identité elle confie à son journal intime toute la vérité sur elle et sa famille… Un journal qu’elle tiendra fidèlement toute sa vie, où elle racontera comment une famille privée de son père se débrouille pour survivre, comment la jeune fille qu’elle est, a malgré la guerre, ses premiers émois sentimentaux, comment la peur d’être découverte ronge ses nuits et ses jours. Un journal qu’elle conservera précieusement et qu’elle a eu la générosité de confier à sa belle-fille Nicole Zimermann, pour tenter de faire connaître la vie d’une petite fille juive cachée sous un faux nom pendant la guerre. n récemment Les désarrois d’un fou de l’État (Albin Michel, 2015). Politique spirituelle Alors que la religion redevient partout une force politique, la gauche semble désarmée pour affronter ce retour de flamme. C’est qu’à ses yeux, le plus souvent, la religion ne représente qu’un simple symptôme social, une illusion qui appartient au passé. Incapable de prendre la croyance au sérieux, comment la gauche comprendrait-elle l’explosion du fondamentalisme ? Comment pourrait-elle admettre que le djihadisme soit aujourd’hui la seule cause pour laquelle des milliers de jeunes Européens sont prêts à aller mourir loin de chez eux ? Et comment accepterait-elle que ces jeunes sont loin d’être tous des déshérités ? Là où il y a de la religion, la gauche ne voit pas trace de politique. Dès qu’il est question de politique, elle évacue la religion. Bref, elle n’envisage plus la possibilité de cette puissance qui domina si longtemps l’Occident et que le philosophe Michel Foucault nommait la « politique spirituelle ». Voilà pourquoi, quand des tueurs invoquent Allah pour semer la terreur en plein Paris, le président socialiste de la France martèle que ces attentats n’ont « rien à voir » avec l’islam. Éclairant quelques épisodes clefs de cet aveuglement (de la guerre d’Algérie à l’offensive de Daech en passant par la révolution islamique d’Iran), ce livre analyse, de façon vivante et remarquablement documentée, le sens d’un silence qu’il est urgent de briser. n organisation Manager sans se renier JEAN-PAUL BOUCHET, BERNARD JARRY-LACOMBE mardi 12 janvier à 18 h Rencontre avec Jean-Paul Bouchet et Bernard Jarry-Lacombe autour de leur ouvrage Manager sans se renier paru aux éditions de l’Atelier. La rencontre est organisée en lien avec la CFDT cadres. JEAN-PAUL BOUCHET est secrétaire général de l’Union confédérale des cadres CFDT après avoir travaillé pendant 25 ans dans diverses entreprises. BERNARD JARRY-LACOMBE est responsable du centre de formation Crefac, après avoir piloté l’Observatoire des cadres. Équilibre entre autorité et pouvoir Qu’ils évoluent dans un grand groupe ou officient au sein d’une PME, les managers subissent une forte pression. Surtout depuis que les structures de ressources humaines, elles aussi passées au tamis, ont été allégées. L’encadrant assume en plus de ses objectifs de business, la gestion de proximité de ses équipes. Accessoirement, il absorbe et même gère le stress de son propre supérieur hiérarchique. Pour couronner le tout, les attentes de l’entreprise à son égard ne sont pas toujours en phase avec ses propres valeurs. Sans même parler d’actes délictueux, certaines décisions relatives aux conditions de travail, à l’équité en matière de rémunération, de promotion et de recrutement, des choix environnementaux et de développement durable peuvent le heurter. Entre baisser la tête et obéir en se reniant et claquer théâtralement la porte, il y existe une voie, celle du courage, qu’explorent JeanPaul Bouchet et Bernard JarryLacombe. Leur ouvrage, préfacé par Laurent Berger, patron de la confé- dération, préconise d’« articuler valeurs et pratiques de management ». Les chefs et petits chefs doivent d’abord balayer devant leur porte, en trouvant l’équilibre entre autorité et pouvoir, loyauté et exemplarité. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais ce n’est pas une mission impossible, comme l’indiquent de nombreux témoignages dont le livre est truffé. Les auteurs se gardent bien de donner des leçons et encore moins d’emprunter le sentier de la morale. Tout en livrant quelques pistes de réflexion sur l’art de diriger, ils abordent les points sensibles que sont le manque d’autonomie dont souffrent certains dans les grandes entreprises, la dictature Les risques du travail M. DRULHE, S. VOLKOFF, V. HÉLARDOT, J.-C. GUIRAUD mercredi 13 janvier à 17 h « Risques du travail : de la “maladie négociée” à la promotion du “bien-être au travail” ». Rencontre avec Marcel Drulhe, Serge Volkoff, Valentine Hélardot et Jean-Claude Guiraud auteurs des ouvrages Les risques du travail. Pour ne pas perdre sa vie à la gagner (La Découverte, 2015) et Santé au travail : pour une nouvelle dynamique (éditions Octares). de la performance et des procédures. À les en croire, quelques leviers permettent de limiter ces entraves, à défaut de les ôter : jouer collectif, reconnaître le travail des autres, à commencer par celui de ses propres collaborateurs, sans oublier d’entretenir ses propres compétences. n Paradoxalement, dans notre monde à hautes exigences sanitaires, il paraît normal que le travail fasse mal. Qu’il soit pénible, qu’il provoque souffrances, usure et pathologies dont témoignent le vieillissement différentiel et les écarts d’espérance de vie, qu’il soit dangereux (en France 10 morts par semaine liés aux accidents de travail) : tous ces maux paraissent, selon une vision fataliste, intrinsèquement liés au travail-même. Comment comprendre cette absence d’indignation citoyenne et politique ? Pourtant, de multiples événements, dont la « crise de l’amiante » est l’emblème, manifestent une remise en cause de ce Autismes, les inquiétudes d’une psychanalyste MARIE-DOMINIQUE AMY vendredi 12 février 20 h 30 Rencontre avec Marie-Dominique Amy autour de son ouvrage Autismes, les inquiétudes d’une psychanalyste paru aux éditions érès. La rencontre est organisée avec un discutant de la CIPPA de Toulouse (Coordination Internationale entre Psychothérapeutes Psychanalystes s’occupant de personnes avec autisme). MARIE-DOMINIQUE AMY est psychologue clinicienne et psychanalyste. Elle est membre fondatrice de la CIPPA depuis sa création en 2004. MARIE DOMINIQUE AMY suit des enfants et des adolescents autistes et leurs familles depuis quarante ans dont vingtsept ans dans le cadre d’un CMP (suivis ambulatoires) et d’un hôpital de jour où elle a créé en 1997 une unité de soins à temps partiel pour très jeunes enfants autistes (à partir de deux ans) 27 prévention articulant la psychodynamique, le TEACCH, l’orthophonie et la psychomotricité. Son engagement auprès des familles et des enfants autistes la conduit à prendre la parole pour dénoncer la rigidité, l’autoritarisme et la standardisation des approches dictées par le « troisième plan autisme » qui mettent en danger la liberté de choix des parents, les approches individualisées et la créativité des professionnels. Elle revient sur la plupart des mauvais procès intentés en sor- cellerie contre la psychopathologie d’inspiration psychanalytique en pointant les aspects idéologiques empêchant un vrai débat. Dans une logique d’ouverture, elle développe des propositions d’observation, d’évaluation et de suivis pluridisciplinaires et transdisciplinaires, incluant la psychanalyse, les approches éducatives, les recherches des neurosciences et les pratiques intégratives entreprises avec les enfants TED/TSA. n fatalisme : ne serions-nous pas à un moment de changement de posture ? Un premier pas a été franchi grâce au décret de novembre 2001 qui impose à tout employeur la tenue d’un Document Unique rendant compte de l’évaluation des risques professionnels dans son établissement ainsi que des moyens de prévention mis en œuvre. Pour expliciter et approfondir ces facettes des enjeux de santé au travail et leur place dans la santé publique, pour débattre des difficultés à élaborer une réelle prévention des risques du travail, nous vous proposons une rencontre avec quelques auteurs de deux ouvrages : Les risques du travail. Pour ne pas perdre sa vie à la gagner sous la direction de Annie Thébaud-Mony, Philippe Davezies, Laurent Vogel, Serge Volkoff Depuis les années 1990, les conditions de travail se sont peu à peu imposées dans le débat social. Mais la situation reste critique. Les risques traditionnels n’ont pas disparu. De plus, certaines « améliorations » n’ont fait que déplacer et dissimuler les problèmes. Santé au travail : pour une nouvelle dynamique. Constats et ouvertures sous la direction de Pierre Jansou et Marcel Drulhe L’affaire de l’amiante tout comme la récurrence des suicides sur les lieux de travail a mis sous la rampe médiatique l’enjeu de la santé au travail, bien au-delà des questions classiques d’accidents du travail et de maladies professionnelles, obligeant les institutions judiciaire et législative à s’en saisir au travers de l’obligation de résultat de sécurité et de l’évaluation des risques professionnels. Cet ouvrage veut témoigner que la voie de la prévention est praticable. n F. Depero, esquisse de costume pour un personnage-locomotive. 26 Réflexions sur la violence Le théâtre Garonne, la compagnie lato sensu museum / Christophe Bergon, la libraire Ombres Blanches et Camille de Toledo proposent autour de la création du spectacle Sur une île – texte Camille de Toledo, mise en scène Christophe Bergon – une journée de débats intitulée De la violence. Cet événement est organisé dans le cadre des rencontres House on Fire le samedi 23 janvier 2016. Contexte Depuis le début du xxie siècle, nos sociétés sont traversées par des flux de violence. En France, ces dernières années. À Toulouse, à Paris. En Europe, la violence fait retour dans des villes qui se croyaient en paix. Londres, Madrid, Bruxelles, Oslo. Mais qui est violent ? Et qu’est-ce qui nous fait violence ? Quelles voies théoriques et pratiques dessiner au-delà des « guerres des extrêmes » qui nous dépossèdent ? Entre la violence des tueurs et la violence des États, peut-on maintenir un horizon d’espoir, d’émancipation ? Samedi 23 janvier 2016 14 h 30 – 16 h / Ateliers du théâtre Garonne Violences sécurité et répression De la violence terroriste à la violence d’État, de la violence djihadiste à la violence d’extrêmedroite, comment déjouer ces « fictions de guerres » qui tuent pour de vrai ? Comment se détacher, par la pensée, par le corps, de ces logiques médiatiques, sacrificielles, qui nous requièrent ? Avec : • François Cusset / Écrivain, traducteur, éditeur et essayiste en histoire des idées, F. Cusset est professeur d’études américaines à l’Université de Paris Ouest Nanterre. Il vient de signer, dans la Revue du Crieur, une enquête sur les nouvelles formes de luttes, point de départ d’un essai en cours sur la violence politique. • Camille de Toledo / Écrivain, plasticien, théoricien, il est l’auteur de la pièce Sur une île présentée cette saison au Théâtre Garonne. Dans L’Inquiétude d’être au monde et de l’opéra La Chute de Fukuyama, il évoque le « retour thymotique », qui caractérise pour lui le xxie siècle, un retour des verticalités tragiques. Deux livres : Une histoire (critique) des années 1990 : de la fin de tout au début de quelque chose, F. Cusset (La Découverte, 2014) La Yougoslavie implosait. Les zapatistes prenaient les armes au Chiapas. Au Rwanda on exterminait en masse. Partout les bulles spéculatives enflaient. Le bug de l’an 2000 faisait frémir. La techno et l’ecstasy multipliaient les nuits blanches. De grandes grèves réveillaient le mouvement social, et les idéologues qui croyaient avoir vaincu le communisme commençaient à déchanter, pendant qu’Internet balbutiait et qu’un Président américain jouait son poste sur une gâterie. Autre temps, si récent pourtant, que ce temps où prit naissance notre présent. Car dans l’intervalle entre la chute d’un mur, à Berlin, et l’écroulement de deux tours, à New York, c’est un monde qui a basculé, le nôtre, un monde et les certitudes qui le portaient : les certitudes de la fin (de l’Histoire, du social, de la guerre…), vite corrigées par le retour de l’événement, et celles du bonheur néolibéral sans alternative. L’inquiétude d’être au monde, C. de Toledo (Verdier, 2012) L’inquiétude est le nom que nous donnons à ce siècle neuf, au mouvement de toute chose dans ce siècle. Paysages ! Villes ! Enfants ! Voyez comme plus rien ne demeure. Tout bouge et flue. Paysages ! Villes ! Enfants ! L’inquiétude est entrée dans le corps du père qui attend son fils, comme elle s’est glissée, un jour, dans le corps des choses. C’était hier. C’est aujourd’hui. Ce sera plus encore demain. L’inquiétude de l’espèce, des espèces, et de la Terre que l’on croyait si posée, qui ne cesse de se manifester à nous, sous un jour de colère, au point qu’on la croirait froissée ou en révolte. Discussion avec le public Samedi 23 janvier 2016 16 h 30-18 h 30 / Ateliers du théâtre Garonne Scène de violence Si la violence est la question centrale du théâtre – des Grecs à Shakespeare jusqu’aux formes contemporaines – qu’en est-il des mutations esthétiques et performatives qui mettent en scène la violence aujourd’hui : guerre, terrorisme, violence policière ? Dans le flux commun des images – écrans, consoles – fictionnelles et réelles, où la violence est la loi de l’action, du suspense, le théâtre garde-t-il une place à part ? La catharsis et les corps « réels » qu’il met en scène nous permettent-ils de sortir, paradoxalement, de la fiction ? Avec : • Marie José Mondzain / Philosophe spécialisée dans l’étude du rapport aux images, écrivaine et directrice de recherche au CNRS. Elle a notamment publié Homo Spectator et L’image peut-elle tuer ? au Seuil. Dans cet ouvrage, elle aborde la violence du visible non pas en termes de contenu mais de dispositif. • Christophe Bergon / Metteur en scène et scénographe du spectacle Sur une île. Il construit son travail dans une relation étroite entre la plasticité de la scène et les écrits d’auteurs contemporains. Il a travaillé notamment à partir de l’œuvre d’Antoine Volodine sur le rôle de la fiction et la question du Post Exotisme. • Camille de Toledo / Il travaille actuellement à un livre théorique avec le peuple qui manque, Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros, pour une pensée potentielle. • Nathalie Paton (sous réserves) / Chercheure associée au Laboratoire d’études et de recherches appliquées en sciences sociales à Toulouse, et postdoctorante à l’université d’Aix-Marseille au Laboratoire des sciences de l’information et des systèmes. Ses recherches traitent de la médiatisation dans la constitution des phénomènes sociaux, des relations sociales et des identités. Deux livres : L’image peut-elle tuer ?, Ch. Bergon (Bayard, Nouvelle édition, 2015) La philosophe M.-J. Mondzain poursuit sa réflexion sur l’image et aborde ici la violence du visible non pas en termes de contenu mais de dispositif. Un détour préalable par l’histoire, pour analyser le statut de l’image dans les pensées chrétiennes et réformées, s’avère nécessaire. Au sein de l’« empire du visible » dans lequel nous vivons désormais, l’image est-elle responsable de la violence qu’on lui prête ? Non, répond l’auteur en substance. Pas plus que l’image de la vertu ne rend vertueux, l’image du crime ne transforme le spectateur en criminel. L’image n’est pas violente intrinsèquement, elle ne tue pas par elle-même. C’est la manière dont on la reçoit et l’usage qu’on en fait qui est potentiellement dangereux. School shooting, N. Paton (éditions MSH) Fusillade à l’école au cours de laquelle un élève cible son institution afin de tuer le plus grand nombre possible d’élèves et d’enseignants avant, le plus souvent, de se suicider ou de tomber lui-même sous les balles des forces de l’ordre. Comment comprendre un tel déchaînement de violence ? À partir des vidéos postées par les auteurs des fusillades sur Internet et des réactions qu’elles suscitent, Nathalie Paton décrypte l’univers culturel et mental de tueurs qui répondent de façon singulière aux injonctions contemporaines qu’il y a à être un individu et à se réaliser dans un contexte de crise ou de déclin institutionnel. Un éclairage inédit sur la violence, y compris terroriste, ainsi que sur son usage et sa médiatisation par l’Internet, phénomène qui constitue un des grands défis, intellectuel et politique, des temps contemporains. Discussion avec le public 30 pier paolo pasolini Accattone / Œdipe roi Out 1 : spectre / pour Jacques Rivette HERVÉ JOUBERT-LAURENCIN JEAN-LOUIS COMOLLI jeudi 28 janvier à 18 h Rencontre avec Hervé Joubert-Laurencin à l’occasion de la parution de l’ouvrage Pier Paolo Pasolini, Accattone. Scénario et dossier (éditions Macula). La rencontre est organisée dans le cadre du rendezvous « Le film du jeudi » à la Cinémathèque de Toulouse. À 21 h projection du film Œdipe roi de Pier Paolo Pasolini. Séance présentée par Hervé Joubert-Laurencin. H. JOUBERT-LAURENCIN, professeur d’esthétique et d’histoire du cinéma à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, est notamment l’auteur de Pasolini, portrait du poète en cinéaste aux Éditions des Cahiers du cinéma (1995). Accattone Pier Paolo Pasolini, Accattone. Scénario et dossier Volume 1. Avant d’être un film, Accattone est un scénario d’une grande beauté. Le livre-film paraît à Rome en 1961 suivant ainsi la tradition italienne : longtemps, en effet, il fut presque systématique qu’un film s’accompagnât d’un livre. Or celui d’Accattone a pour particularité d’être entièrement de la main du poète-cinéaste. Le 31 jacques rivette scénario est précédé de quatre textes de Pier Paolo Pasolini. Cette traduction française reprend intégralement le livre-film d’Accattone paru à Rome aux éditions FM en 1961, avec les 58 photographies qui l’accompagnaient. Volume II. Le Dossier qui accompagne la publication du scénario d’Accattone, réalisé par Pier Paolo Pasolini en 1961, regroupe un ensemble d’analyses consacrées à la genèse du film, à ses enjeux figuratifs et formels, aux relations qu’il entretient avec la peinture. Une documentation sur les archives d’Accattone, une bibliographie et une fiche technique complètent ce volume.Avec 64 photographies de repérage, de plateau, photogrammes et dessins de la main de Pasolini. n JEUDI 14 JANVIER À 18 H À la médiathèque José Cabanis Rencontre avec Nelly Desseaux-They autour de la parution de son ouvrage La Dynastie Virebent dans la collection « Les maîtres batisseurs de Toulouse » aux éditions Terrefort NELLY DESSEAUX-THEY historienne de l’art, archiviste, spécialiste de l’œuvre de ces briquetiers céramistes, membre de l’association Patrimoine et Paysage à Launaguet : les amis de Virebent, propose ici une relecture de leurs productions à la lumière de nouvelles recherches. Durant quatre générations, ou deux siècles, le décor, l’architecture et l’urbanisme de Toulouse et de sa région ont été profondément marqués par une dynastie de céramistes, briquetiers, architectes, ingénieurs et géomètres : les Virebent. Ils ont œuvrés pour arpenter, mesurer et lever les plans de diverses communes. dimanche 10 janvier à 14 h En Janvier 2016 l’ABC fête ses 50 ans! L’ABC est une salle mythique pour les cinéphiles toulousains, située au cœur de la ville près de la place Saint-Sernin. Du ciné-club des années 50, il devient le tout premier cinéma de Toulouse et presque de France à décrocher le label « Art et essai » en 1965. À l’occasion des 50 ans de l’ABC projection du film OUT 1 de Jacques Rivette et rencontre avec Jean-Louis Comolli invité à présenter le film et l’auteur. APRÈS AVOIR ÉTÉ l’un des animateurs du ciné-club d’Alger, présidé par Barthélémy Amengual, en 1959-1960, Jean-Louis Comolli vient à la Sorbonne à Paris, en philosophie, et surtout, rue d’Ulm, à la Cinémathèque d’Henri Langlois, où il rencontre J. Douchet, J.-A. Fieschi et J. Eustache. Découverte de l’amitié et du cinéma. Il entre aux Cahiers du cinéma en 1962, en devient rédacteur en chef en 1965 et le reste, avec Jean Narboni, jusqu’en 1973. Les deux succèdent alors à J. Rivette. Entretemps, premières réalisations dans l’équipe de « Cinéastes de notre temps », avec J. Bazin et A. S. Labarthe. Premier film documentaire en juin 68, avec Labarthe : Les Deux Marseillaises. Premier film de fiction en 1974 : La Cecilia. Puis L’Ombre rouge et Balles perdues. En même temps, passage au cinéma documentaire : Tabarka 42-87. S’en suivent plus de quarante « documentaires » et quelques fictions. Mais le choix est fait : en 1989, tournage de ce qui sera le premier épisode de la série Marseille contre Marseille, avec Michel Samson. En tout, treize films qui s’étendent jusqu’à aujourd’hui. Out1 « Certains avaient déjà vu la version intégrale, Out1 : Noli me tangere, 12 h 55 de film réparties en 8 épisodes, dans une des rares projections qui en ont été faites. D’autres sa version courte, 4 h 30 quand même, sous-titrée Spectres. Beaucoup n’en avaient vue aucune. Personne ne fut déçu. Voir Out1, c’est tomber dans le trou du lapin d’Alice aux Pays des Merveilles après avoir gobé les bonbons magiques de Céline et Julie (les héroïnes du film suivant de Jacques Rivette, Céline et Julie vont en bateau, 1974). C’est basculer dans un autre monde. Un monde fou, où tout est possible, mais rien n’est incohérent. Un monde qui ranime, dans un 16 mm splendide, le Paris de 1970, transformé pour l’occasion en un jeu de piste géant, aussi grand que la vie, où s’ébroue une ribambelle de personnages fabuleux, sérieux et drôles comme des enfants, libres et inventifs comme des artistes d’avant-garde. On vit le film autant qu’on le voit. Avec Out1, Rivette voulait porter au plus loin l’expérimentation commencée avec L’Amour fou (1967), son film précédent. Jeter au feu toutes les règles de narration, de production. Faire un film entièrement improvisé, y compris par les techniciens, s’en remettre au hasard, à l’imprévu. Lancer quelques idées aux acteurs, des points de départ, à charge pour eux de les développer comme bon leur semble. Trouver, avec le concours de Suzanne Shiffman, scénariste créditée ici comme co-réalisatrice, et de Jean-François Stévenin, son assistant metteur en scène, les cheminements secrets qui permettront à leurs personnages de se rencontrer pour écrire leur histoire, troquer le statut de maître de marionnettes pour celui d’alchimiste aiguilleur. Out1 est une expérience de la durée […]. Bouillonnant de vitalité, et d’une forme d’optimisme propre à l’époque, Out1 annonce en même temps, déjà, l’échec des utopies. C’est un film de deuil, porteur d’une profonde nostalgie pour la Nouvelle Vague, pour la bande des quatre que formaient, à son origine, Godard, Truffaut, Chabrol et Rivette, et le compagnonnage avec Éric Rohmer. Et un film de renouveau, qui se donne a voir, a posteriori, comme la matrice de tout un pan du cinéma français des années 1970, à commencer par celui de Jean Eustache. » n Isabelle Regnier, Le Monde 32 lire aux éclats L’Éclat Edmond un portrait de Baudoin MICHEL VALENSI EDMOND BAUDOIN lundi 18 janvier à 18 h 30 « Avoir trente ans dans l’édition indépendante ». Création, Diffusion, Réception. Rencontre avec Michel Valensi, fondateur et animateur des éditions de l’Éclat, qui ont trente ans depuis 2015. Dialogue avec Isy Morgensztern. Nous visiterons l’Éclat, la maison de Michel Valensi, et son histoire, en insistant sur ces trois mots : CRÉATION, plus que Production, car le métier d’éditer est, on le sait, un métier de « création », non seulement pour les qualités de lecture et d’engagement qui en sont incontournables, pour les intuitions et les risques, pour les talents composition qu’il requiert. On peut ici confondre un peu le véritable « créateur » (auteur) avec le « producteur » (éditeur), ou du moins les associer. DIFFUSION, car les projets d’un éditeur sont délibérément ceux d’un engagement, celui du lien d’une pensée, libre, et de lecteurs, libres. Il faut à cet effet donner confiance. Un projet d’édition tel que celui de l’Éclat s’est vérifié dans l’établissement d’un catalogue, dans une politique d’auteurs, dans une promesse. RÉCEPTION. C’est ici la partie la plus difficile, la plus aléatoire, particulièrement dans le domaine des livres de L’Éclat, philosophie et Sciences Humaines. On sait en effet combien ce secteur est affecté, ou plutôt bien trop « désaffecté » par les lecteurs. La réception, c’est celle du propos, de la liberté croisée et saisie des créateurs et des destinataires, c’est aussi la possibilité économique donnée à la pérennité d’une « entreprise ». « […] L’éclat, comme toutes les planètes anciennes, repose sur un socle, qui est son catalogue, et c’est vers lui que nous revenons quand la tempête secoue la fragile armature de papier. Maintenant à l ’ e n c r e e t a u p i n c e a u 33 la tempête numérique s’est levée, elle bouleverse notre monde et c’est pourtant l’indécision qui la conduit. Dans les innombrables combinaisons de 0 et de 1, le trouble règne. Pourquoi un monde devrait-il en remplacer un autre ? Encore le coup de la « nouveauté » ? Encore le coup du progrès ? Et après ? Le livre virtuel, puis plus de livres du tout ? C’est un peu tout ça (et bien d’autres choses, dont nous pourrons discuter sur le blog tout neuf du site tout neuf) qui nous a incité.e.s à donner une année (ou presque) de respiration à L’éclat, à laisser souffler la bête pour ses 30 bougies. Revenir sur le travail accompli, faire connaître notre fonds, car c’est lui, et lui seul, qui plaide pour la pérennité du livre. Pour ce faire nous aimerions renforcer notre partenariat avec la librairie indépendante, lieu unique de découverte et d’échange, quand elle a fait le choix, elle aussi, du fonds, du catalogue, et continue de susciter l’étonnement et le hasard chez les flâneurs du jeune 21e siècle. […] » P. Farazzi & M. Valensi JEUDI 28 JANVIER À 18 H 30 À l’institut Cervantes Récital et rencontre poétique avec le poète Santiago Montobbio en compagnie de Laurie-Anne Cathala. La rencontre est organisée en partenariat avec le Consul Général d’Espagne. SANTIAGO MONTOBBIO né à Barcelone en 1966 est diplômé en droit et en études hispaniques de l’Université de Barcelone et professeur à l’UNED. Il est l’auteur, depuis 1988, d’une œuvre poétique remarquable traduite en plusieurs langues. En 2011, un ensemble de sa dernière production poétique a été publiée sous le titre La poésie est un fond d’eau marine (Éditions du Cygne), et en 2012 il a reçu le Prix de Poésie Chasseur, raison pour laquelle l’éditeur Le Chasseur abstrait va publier prochainement son nouveau livre en France. jeudi 28 janvier à 18 h/au rayon bd Rencontre dédicaces avec Edmond Baudoin autour de l’ensemble de ses albums à l’occasion de la projection à l’Utopia Toulouse du film de Laetitia Carton Edmond un portrait de Baudoin le jeudi 28 janvier à 20 h 30. Enfant, il se pensait « nul en tout sauf en dessin » jusqu’au jour où le dessin est devenu son quotidien. Dans Edmond, un portrait de Baudoin, on retrouve Baudoin face à la vie, face à ses réflexions, ses rêveries de créateur, face à son besoin de peindre l’existence.Avec Éloge de l’impuissance, il défend son « impuissance de dire », pour lui tous ses livres lui servent finalement à exprimer cette fragilité. De fait, cet éloge fait écho à ses œuvres les plus personnelles, paru pour la plupart à L’Association : Le Portrait, Couma acò, Éloge de la poussière et plus particulièrement Le Chemin de Saint-Jean dont le récit se situe à Villars. Edmond a grandi dans ce village de l’arrièrepays niçois, où il passe encore tous ses étés à dessiner et où la réalisatrice Laetitia Carton a tourné son portrait. Dans la nature, dans les montagnes, près de ses amis, de sa famille, sources d’inspiration inépuisables. Cette bande dessinée, contrepoint essentiel et indissociable du film, présente l’artiste bousculé dans ses retranchements les plus intimes. Du reste, les discussions complices avec la documentariste le poussent à exprimer son rapport passionnel au dessin, à la vie et aux Hommes. C’est le portrait d’un auteur atypique, d’un personnage unique, libre, humble et attachant, dont l’existence s’enchevêtre souvent avec ses récits. On le découvre ainsi poète, peintre et philosophe. Edmond demeure invariablement d’une grande générosité et d’une intense spontanéité aussi bien dans son éloquence que dans son art. n Venez retrouver aussi Edmond Baudoin au Festival du film d’art de Saint Gaudens du 28 au 31 janvier 2016. https ://www.facebook.com/ rencontresdufilmdart/ https ://fr-fr.facebook.com/ edmondlefilm RAPPEL jeudi 21 janvier à 17 h Au rayon BD Rencontre dédicaces avec Julie Birmant et Clément Oubrerie, auteurs de l’album Il était une fois dans l’Est paru aux éditions Dargaud. mercredi 27 janvier à 17 h Au rayon BD Rencontre dédicaces avec Jakob Hinrichs autour de l’album Hans Fallada, Vie et mort du buveur édité chez Denoël Graphic » café littéraire/ 35 AU C AFÉ MIREPOIX > lundi 25 janvier à 17 h 30 Classiques au détail, rencontre proposée par Yves Le Pestipon. Guilleragues, Lettres de la religieuse portugaise, folio, p. 75-76, lettre I, du début à… « faux soupçons » Les Lettres de la religieuse portugaise ont longtemps fait débat quant à leur auteur. Étaient-ce lettres originales d’une religieuse portugaise abandonnée par un cavalier français ? Reflétaient-elles l’âme portugaise, comme l’ont pensé certains portugais au XIXe siècle. N’était-ce pas un roman ? Était-il envisageable que de si belles lettres fussent écrites par une femme ? Rousseau, peu confiant sur ce point dans le génie des femmes, et Voltaire ne partageaient pas le même avis. C’est tard dans le vingtième siècle qu’un érudit démontra que ces lettres étaient l’œuvre d’un certain Guilleragues, écrivain que l’on avait oublié, et que l’on gagne à connaître. Son chef-d’œuvre vaut infiniment. La connaissance qu’on a désormais de son auteur n’en réduit pas les possibilités d’émotion et de plaisir. Petite « bibliographie » : Frédéric Deloffre, Lettres portugaises suivies de Guilleragues par lui-même, Gallimard, 1990/Eugène Green a présenté en 2009 un film inspiré de l’œuvre de Guilleragues : La religieuse portugaise. > lundi 1er février à 17 h 30 Classiques au détail, rencontre proposée par Yves Le Pestipon. Diderot, La Religieuse, livre de poche, p. 47-48, de « Cependant les cloches sonnèrent » à « paraisse y être » Les religieuses ne manquent pas en littérature française, tant leur voile est tentant pour les Don Juans, scandaleux pour les féministes, démonstratif pour les catholiques. La religieuse attire, irrite, fascine, révolte. On espère la libérer, la lutiner, ou prier et agir avec elle. Bernanos, La Fontaine, Rabelais, Laclos, ou Balzac ont illustré diversement le personnage. Le cinéma n’est pas en reste… Diderot, après fin des travaux d’Encyclopédie, a osé intituler « La religieuse » un de ses romans, issu d’un jeu curieux avec un ami libertin. L’œuvre, qu’il ne publia pas, eut une destinée sulfureuse. Le film qu’en tira Rivette eut des difficultés avec la censure au temps de de Gaulle… Quelle est donc, cette bombe – la religieuse – pour que son image seule secoue durable- ment le général et le particulier ? Nous lirons une page du roman de Diderot pour tenter d’éprouver ce qui, par le voile, fait parler. Petite « bibliographie » : La religieuse, édition par Florence Lotterie, GF, 2009. En 2013, Guillaume Nicloux a présenté un film : La Religieuse. > lundi 18 janvier et 15 février à 17 h « Leçons » de philosophie politique avec Isy Morgensztern Lundi 18 janvier : La société allemande au XIXe siècle. Critique de la Raison pratique Emmanuel Kant Lundi 15 février : La société allemande au XIXe et XXe siècle Fichte Nietzsche et Carl Schmitt Le cycle de « leçons » qui couvre le premier semestre 2016 poursuit l’enquête commencée l’année précédente : qu’est qu’une collectivité, en quoi est-elle une nécessité dans un monde où domine le sujet autonome ? Ne plus avoir de collectivités lisibles (ou de collectivités tout court) constitue aujourd’hui – en dépit de ce qui est dit – un problème central, qui impose de porter le regard sur les modèles passés. Les rendez-vous de janvier et février 2016 continuent le cycle commencé sur l’Allemagne. Les tourments des différentes composantes du peuple allemand en quête d’une unité longue à venir et son recours pour ce faire à une sorte de théologie philosophique qui lui soit propre ont été à l’origine de convulsions que l’Europe a eu à connaître et à traiter le plus souvent dans la douleur. 36 /café littéraire AU C AFÉ MIREPOIX « Café Éthique » proposé par l’EREMIP (Espace de Réflexion Éthique Midi-Pyrénées) > Lundi 11 janvier à 18 h « Les nouvelles configurations de la famille » avec Sophie Paricard, MCU-HDR Institut National Universitaire Champollion, Albi et Pierrette Aufière, Avocate Honoraire, Médiateur La famille est une institution fondamentale de la société qui a connu des bouleversements importants. Depuis les années 60, le droit de la famille a en effet sans cesse été réformé avec une profusion de lois se succédant à un rythme de plus en plus soutenu. L’adoption du mariage homosexuel, l’assouplissement du divorce, la disparition de la distinction entre enfants légitimes et naturels constituent les exemples les plus récents de cette sorte de frénésie législative autour du droit de la famille. Cette prolifération de réformes est surprenante à l’heure où il est revendiqué que les affaires de famille soient reléguées dans le domaine privé ou confiées à la médiation familiale. Mais on n’échappe pas à une demande croissante de lois pour tenir compte des familles recomposées, des familles monoparentales ou bien encore homoparentales tandis que des problèmes nouveaux surgissent comme la prise en charge des parents très âgés. Il s’agira donc de jeter un regard éthique sur l’évolution du droit de la famille, les valeurs qui l’inspirent, l’influence du droit européen mais aussi les points noirs du système (le beau-parent, l’enfant incestueux, les transsexuels). > Lundi 8 février à 18 h « La rencontre du patient et de son médecin à l’heure d’internet » avec Pierrik Fostier (chargé de mission – département universitaire de DPC, faculté de médecine Toulouse Rangueil) et CatherineDupré-Goudable (EREMIP) qui ont coopéré à l’ouvrage La communication professionnelle en santé dirigé par C. Richard et M-T Lussier (à paraitre en janvier 2016) « les Patients et les Médecins du XXIe siècle disposent avec Internet d’un moyen de communication et d’information d’une puissance inégalée ». Le développement de son utilisation soulève des questions nouvelles : – Quelles conséquences les conséquences de cette intrusion dans le colloque Médecin-Patient ? – Comment trouver une information fiable et valide aux questions de santé ? – Comment sauvegarder une vraie relation humaine à travers ces outils ? – L’usage d’Internet peut-il l’améliorer ? – Les valeurs de l’Ethique, autonomie, bienfaisance, non malfaisance, égalité, en sont-elles menacées ? – « La médecine sans médecins » est-elle envisageable ? » exposition « Bris Collé. Re-garder/Fixer ». Photographies d’assemblages par H. P. - V. G. café littéraire/ 37 AU C AFÉ CÔTÉ COUR > samedi 23 janvier de 12 h 30 à 14 h Scène ouverte Slam Scène ouverte slam, animée par SebSeb 10 h 30 : atelier d’écriture slam et expression scénique. Renseignements et inscriptions à [email protected] > du 9 janvier au 1er février Exposition « Bris Collés. Re-garder/Fixer ». Photographies d’assemblages par H. P. - V. G. Vernissage vendredi 15 janvier à 17 h 30 Nous sommes au milieu des choses, des objets ordinaires du quotidien : Comme ces fragiles pièces de vaisselle, fabriquées de tout temps, ou ces éléments naturels de l’environnement que sont les branches et les pierres. Il ne s’agit pas de montrer ces objets dans leur apparence habituelle. Pas plus que de les exhiber fêlés, morcelés, éclatés, écrasés – même si c’est ainsi que tout finit. L’exposition donne à voir des reconstructions d’objets brisés. Ils n’ont pas été recollés pour les réparer et retarder leur déchéance, mais pour les montrer autres, réarrangés, fardés, au delà de leur usage normal, tels des ready-mades refaits, déplacés, décalés. > samedi 9 janvier et samedi 13 février à 11 h Cafés psy – animés par Serge Vallon Ni conférence savante, ni consultation sauvage un café psy vise modestement à faire circuler des savoirs et des représentations sur nos processus psychiques qu’ils soient individuels ou collectifs. Le premier thème proposé sera l’Enfant. L’Enfant existe-t-il ? Pourrait-on se demander tant cette représentation sature d’évidence notre société occidentale comme nos vies familiales. Enfant héros et victime, oracle et ancêtre à la fois. Invention moderne pour l’historien Ariès, en croisière hasardeuse parmi les stades logiques du développement selon Piaget, ou orphelin tragique accomplissant un destin aveugle pour l’Oedipe de Freud ? On lui prend la main ou c’est lui qui nous prend par la main ! Enfant enfoui en nous, inconnu, « infamilier ». Nous en discuterons. D’abord résultat d’un travail plastique, ces objets revendiquent de nouveaux regards, que fixe la photographie. Il s’agit d’un travail de réinvention de l’objet réassemblé, qui exprime un nouveau parti pris des choses. L’objet réassemblé, ainsi mis en image, mis en scène, nous assujettit, nous interroge. > du 2 février au 29 février Exposition « Bestiaire » – Fatiha El Hadi Il y a dix ans, Fatiha El Hadi dessinait des vêtements, des tissus et de son expérience de styliste, elle a gardé une sûreté de trait qui donne à son bestiaire un rendu saisissant. Ce n’est pas à une nouvelle étude naturaliste qu’elle nous convie ; car si aucun détail ne lui échappe, c’est surtout le graphisme même des formes animales qui l’intéresse. Un sens certain de la couleur, avec des teintes souvent vives, mais raffinée concourt à la rêverie, celle des céramiques d’Iznik et des soieries d’Extrême-Orient, influences orientales dans lesquelles l’artiste se reconnaît, retrouve ses origines. 38 samedi 16 janvier à 14 h 30 Au café Mirepoix Atelier d’illustration scotch dessins avec Nicolas Lacombe. NICOLAS LACOMBE est plasticien, illustrateur, originaire de Toulouse. Il développe une nouvelle approche tactile en 2D en proposant une illustration graphique à partir de sa pratique originale : l’utilisation du scotch. Vecteur d’une énergie contenu, le scotch est ici médium actif, prélevant la couleur sur des papiers de magazines. Dialogue fragile entre violence douce et déchirures contrôlées. Entre matière et transparence, entre figuration et abstraction, le résultat du jeu de contraste procure des impressions visuelles riches et vivantes. Nombre de participants : 10. Âge : de 6 à 11 ans. Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse 05 34 45 53 37 ou jeunesse [at] ombres-blanches.fr Une participation de 3 € par enfant est demandée. jeunesse samedi 30 janvier 11 h 39 mardi 2 février à 14 h 30 Au café Mirepoix Lectures dédicaces avec Hélène Duffau autour de son dernier roman paru à l’école des loisirs : Vingt et une heures. Présentation des nouveautés pour Lire et Faire Lire. Vingt et une heures, c’est le moment où une jeune fille pleine de doutes apprend à faire confiance à la vie. Un récit bouleversant et juste sur la difficulté de grandir, sur le devenir soi, sur le manque d’un être cher et les relations fraternelles. Écrivaine amatrice de pluriactivité, Hélène Duffau travaille l’écrit, elle travaille aussi avec l’écrit : elle a publié de nombreux romans, récits, nouvelles. Consultante indépendante, elle anime des ateliers d’écriture, donne des formations sur mesure, pratique des sessions de team-building, rédige des articles pour la presse… Elle enseigne également la création littéraire en master, à l’université Jean-Jaurès. « C’est une matière qui me plaît. Tout le monde écrit aujourd’hui, mais il est important de s’ajuster aux supports. » Elle est installée à Toulouse depuis 1994. Pour ce moment de rencontre, elle nous lira des extraits de son dernier livre Vingt et une heures, publié par l’École des loisirs ou bien d’autres textes, à sa convenance ! Nous lui donnons carte blanche, en toute confiance. samedi 30 janvier à 14 h 30 à 16 h Magali Bardos, Poémier, éditions Tourbillon. Au café Mirepoix Atelier d’illustration avec Magali Bardos C’est avec plaisir que nous reconduisons le cycle des ateliers auxquels Magali Bardos nous convie depuis trois ans maintenant, en s’appuyant sur son expérience d’illustratrice, pour les éditions Actes Sud Junior et Pastel entre autres. Quatre ateliers créatifs au fil des saisons. Thème : travailler à une réalisation en utilisant les techniques mises en œuvre dans un album de Magali (publiés chez Actes Sud Junior ou Pastel). Nombre de participants : 10. Âge : de 6 à 11 ans. Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse 05 34 45 53 37 ou jeunesse [at] ombres-blanches.fr Une participation de 3 € par enfant est demandée jeunesse Nous continuons un programme de réunions,ouvertes à toute personne intéressée par la littérature pour la jeunesse, et tout particulièrement par les albums : dans la masse des parutions, et en parallèle du travail mené sur le rayon pour faire émerger ce que nous pensons le meilleur, nous nous proposons de mettre en lumière un certain nombre de nouveautés. Inscription obligatoire auprès du rayon Jeunesse 05 34 45 53 37 ou à [email protected] Gratuit. SOIRÉE SPÉCIALE FRANÇOIS PLACE mardi 2 février à partir de 17 h 30 Au rayon jeunesse Séance de dédicaces à 17 h 30 suivie d’une rencontre tous publics à 19 h 15. Soirée spéciale à la rencontre de l’illustrateur et auteur François Place. La rencontre est organisée à l’occasion d’un partenariat entre le Centre Régional du Livre, le réseau Canopé et la librairie Ombres Blanches. Vous seront proposées plusieurs rencontres avec François Place (programme détaillé à venir) ainsi qu’une exposition originale dans les murs de Canopé tout le mois de février Après des études de communication visuelle à l’école Estienne. (1974-1977), François Place travaille pendant quelques années comme illustrateur indépendant pour des studios de graphisme et de publicité et des journaux professionnels. Ses premières illustrations de livre jeunesse paraissent dans la bibliothèque rose chez Hachette. En 1985, il rencontre Pierre Marchand, éditeur de Gallimard Jeunesse, qui remarque ses dessins d’adolescent. Il illustre une série de livres documentaires sur le thème des voyages et de la découverte du Émilie Vast, Couac, éditions MeMo. monde, et fait ses premiers pas dans l’écriture. Il contribue à d’autres ouvrages documentaires, et commence à illustrer des romans, notamment ceux de Michael Morpurgo. En 1992, paraît aux éditions Casterman Les derniers géants, puis, entre 1996 et 2000, les trois tomes de l’atlas des géographes d’Orbæ, un atlas imaginaire construit sur le principe de l’alphabet. Cet atlas est prolongé en 2010 par Le secret d’Orbæ. Il est réédité sous forme d’un coffret en octobre 2015. Depuis 2014, François Place travaille sur une série à destination des 7-9 ans : les aventures nautiques, tendres et drôles de Lou Pilouface à bord du navire piloté par son oncle Boniface. 5 volumes à ce jour, un sixième est en préparation pour le printemps 2016.