au café mirepoix - Ombres Blanches

Transcription

au café mirepoix - Ombres Blanches
ombres blanches
www.ombres-blanches.fr librairie en ligne
à toulouse – librairie en ville
118
programme janv./fév. 2016
le paysan de paris
l e s r e n c o n t r e s d’ombres blanches
p. 32
mardi 19 janvier/18 h
J.-M. Douzans, X. Bioy,
S. Mouton, Le règne
des entourages p. 20-21
mercredi 20 janvier/18 h
William Marx, La haine
de la littérature p. 15
jeudi 21 janvier/17 h
Au rayon BD de la librairie
J. Birmant, C. Oubrerie, Il était
une fois dans l’Est p. 10-11
jeudi 21 janvier/18 h
Joël Cornette
La mort de Louis XIV p. 22
vendredi 22 janvier/18 h
À la médiathèque Cabanis
S. Chalandon, Profession
du père p. 9
vendredi 22 janvier/18 h
Miguel Abensour,
La communauté politique
des « tous uns » p. 14
samedi 23 janvier/11 h
Atelier Poésie Blandine Ponet
samedi 23 janvier/14 h-19 h
Au Théâtre Garonne
La violence et ses
représentations, C. de Toledo,
C. Bergon, M.-J. Mondzain,
N. Paton, S. Cusset p. 28-29
lundi 25 janvier/17 h
Classiques au détail
Yves Le Pestipon p. 35
mardi 26 janvier/18 h
Bernard Lahire
Pour la sociologie p. 20
mercredi 27 janvier/17 h
Au rayon BD de la librairie
Jakob Hinrichs, Hans Fallada,
vie et mort du buveur p. 13
mercredi 27 janvier/18 h
Maylis de Kerangal
À ce stade de la nuit p. 6
jeudi 28 janvier/18 h
Au rayon BD de la librairie
Edmond Baudoin p. 33
jeudi 28 janvier/18 h
Hervé Joubert-Laurencin, Pier
Paolo Pasolini, Accattone p. 30
vendredi 29 janvier/18 h
Camille Laurens
Celle que vous croyez p. 4
samedi 30 janvier/11 h
Lectures et dédicaces jeunesse
Hélène Duffau p. 38-39
samedi 30 janvier/17 h
Tobie Nathan
Ce pays qui te ressemble p. 8
lundi 1er février/17 h
Classiques au détail
Yves Le Pestipon p. 35
mardi 2 février/17 h 30
Dédicaces F. Place p. 38-39
mardi 2 février/18 h
P. Ory, Ce que dit Charlie p. 24
mercredi 3 février/18 h
Philippe Forest, Aragon p. 3
jeudi 4 février/18 h
J. Birnbaum, Un silence religieux
p. 25
vendredi 5 et samedi 6 février
Autour des éditions Verdier,
J.-Y. Masson, P. Bergounioux,
J.-C. Milner, C. Olive, M. Planel,
A. Moresco p. 18-19
lundi 8 février/18 h
Café EREMIP p. 36
mardi 9 février/18 h
À la médiathèque José Cabanis
J.-M. Djian, L’utopie citoyenne
p. 23
mercredi 10 février/18 h
Marie Redonnet
La femme au Colt 45 p. 7
samedi 11 février/11 h
Café psy, Serge Vallon p. 37
jeudi 11 février/18 h
À la Cinémathèque de Toulouse
Portrait d’Alfred Döblin p. 12
vendredi 12 février/18 h
P. Lapeyre, La splendeur dans
l’herbe p. 5
vendredi 12 février/20 h 30
M.-D. Amy, Autisme et
psychanalyse p. 26-27
samedi 13 février/17 h
K. Davrichewy, L’autre Joseph
p. 11
lundi 15 février/17 h
Leçon de philosophie
Isy Morgensztern p. 35
mercredi 17 février/18 h
M. Jaspard, Je suis à toi,
tu es à moi p. 21
Les rencontres se tiennent dans la salle des débats de la librairie à l’exception de :
à l’extérieur
rayon jeunesse
café littéraire
BD
Aragon
PHILIPPE FOREST
Mensuel de la Librairie Ombres Blanches 50, rue Gambetta, 31000 Toulouse – Tél. : 05 34 45 53 33. E-mail : [email protected] Internet : http://www.ombres-blanches.fr
Mise en pages : Petits Papiers,Toulouse Impression : Groupe reprint – Parchemins du midi
jeudi 7 janvier/18 h
À la médiathèque Cabanis
Hommage à Yves Rouquette
Chroniques de la Dépêche du
Midi p. 10
vendredi 8 janvier/18 h
Dominique Fernandez
Fragments d’exil p. 6-7
samedi 9 janvier/11 h
Café psy, Serge Vallon p. 37
samedi 9 janvier/17 h
J.-M. Le Scouarnec, Contrejour,
histoire d’un éditeur p. 16
dimanche 10 janvier/14 h
Au cinéma l’ABC
J.-L. Comolli
OUT 1 de J. Rivette p. 31
lundi 11 janvier/18 h
Café EREMIP p. 36
mardi 12 janvier/18 h
J.-P. Bouchet, B. Jarry-Lacombe
Manager sans se renier p. 26
mercredi 13 janvier/17 h
Marcel Drulhe, Serge Volkoff
Risques et santé au travail p. 27
jeudi 14 janvier/18 h
À la médiathèque José Cabanis
Nelly Desseau-They
La dynastie Virebent p. 30-31
vendredi 15 janvier/18 h
Michèle Heng, Poumeyrol :
la réalité transfigurée p. 17
samedi 16 janvier/11 h
Jacques Lavergne
Noël au charbon, Pâques
au violon p. 8-9
samedi 16 janvier/14 h 30
Atelier jeunesse, Nicolas
Lacombe p. 38-39
samedi 16 janvier/17 h
Nicole Zimermann, Journal
d’une adolescente juive sous
l’occupation p. 24-25
lundi 18 janvier/17 h
Leçon de philosophie
Isy Morgensztern p. 35
lundi 18 janvier/18 h 30
Michel Valensi, « Avoir 30 ans
dans l’édition indépendante »
3
mercredi 3 février à 18 h
Rencontre avec Philippe Forest autour de sa biographie consacrée à Aragon et publiée aux éditions
Gallimard.
PHILIPPE FOREST est romancier et essayiste. Il a contribué à
l’édition des Œuvres complètes
d’Aragon dans la Bibliothèque de
la Pléiade et il est notamment l’auteur de Vertige d’Aragon (2012),
du Siècle des nuages (2010) et du
Chat de Schrödinger (2013).
Écrivain surdoué
Aragon s’est beaucoup raconté, en
prose et en vers ; il n’a cessé d’ap-
pliquer avec virtuosité le principe
du « mentir-vrai » à sa vie riche déjà
de tant d’énigmes et de paradoxes :
enfant illégitime à qui le secret
de ses origines fut longtemps
caché ; antimilitariste décoré de
la Grande Guerre puis médaillé
de la Résistance ; dandy dadaïste
devenu militant discipliné du parti
de Staline et de Thorez ; poète surréaliste converti au réalisme socialiste ; homme à femmes, et quelles
femmes ! (métamorphosé en
chantre de l’amour conjugal, avant
de découvrir sur le tard le goût des
garçons…) Tous ces personnages
différents n’en font qu’un seul
dont l’itinéraire littéraire, intellectuel et politique transcrit le génie
et le chaos du siècle.
Philippe Forest recompose à nouveaux frais le roman somptueux
de cette longue existence, avec
ses chapitres glorieux et ses pages
lugubres. Il révèle le jeu de miroirs
par lequel se réfléchissent l’œuvre
et la vie d’un écrivain surdoué à
qui aucune des formes de la littérature n’était étrangère. Et si cette
œuvre continue à nous toucher,
alors que cette vie n’en finit pas
de nous déconcerter, c’est qu’elle
possède une jeunesse, une insolence, une énergie sur lesquelles
le temps n’a guère eu de prise.
Aragon a été aimé autant que haï,
admiré autant que décrié, à la fois
pour de bonnes et de mauvaises
raisons. Il ne s’agit dans ces pages
ni de l’acquitter ni de le condamner, mais d’en revenir au mystère
même de celui dont on a pu dire
qu’il avait été sans doute « le dernier des géants de notre temps ». n
dissimulation
Celle que vous croyez
La splendeur dans l’herbe
CAMILLE LAURENS
PATRICK LAPEYRE
vendredi 29 janvier à 18 h
Rencontre avec Camille Laurens autour de son dernier roman Celle que vous croyez paru aux éditions
Gallimard.
CAMILLE LAURENS appartient à une génération riche en
écrivaines douées et audacieuses
dans le choix de leurs thèmes. Elle
s’est vite, sous la pression de sa vie
personnelle, tournée vers l’autofiction. Cette orientation vers un ton
si introspectif a provoqué plusieurs
vives polémiques dans le monde
littéraire. Camille Laurens est le
pseudonyme de Laurence Ruel. Elle
est née à Dijon en 1957.Après son
agrégation de lettres modernes, elle
enseigne à Rouen, puis au Maroc
pendant 12 ans. Encouragée par un
essai de polar à quatre mains avec
son mari, elle se lance dans l’écriture en solo : Index paraît en 1991,
premier volet d’une série de quatre
romans publiés en 1992, 1994 et
1998. Le tournant dans son œuvre
se produit en 1994, avec la mort
à la naissance de son deuxième
enfant. Elle met sa douleur dans
Philippe, premier de ses romans
à la première personne, où elle
s’investit personnellement en une
forme d’autofiction. Suivront dans
la même veine Dans ces Bras-là,
l’Amour, Ni Toi ni Moi… En 2007
une vive polémique l’oppose à
Marie Darrieussecq qu’elle accuse
de plagiat à la sortie du roman
de cette dernière, Tom est mort,
comme Philippe récit de la mort
d’un bébé. Camille Laurens n’en
sort pas indemne : son éditeur POL
lui donne tort et cesse de publier
ses livres. Elle raconte cette expérience douloureuse dans Romance
Nerveuse chez son nouvel éditeur
Gallimard.
Celle que vous croyez
Vous vous appelez Claire, vous
avez quarante-huit ans, vous êtes
professeur, divorcée. Pour surveiller Jo, votre amant volage, vous
créez un faux profil Facebook :
vous devenez une jeune femme
brune de vingt-quatre ans, célibataire, et cette photo où vous êtes si
belle n’est pas la vôtre, hélas. C’est
pourtant de ce double fictif que
Christophe, pseudo KissChris, va
tomber amoureux. En un vertigineux jeu de miroirs entre réel et
virtuel, Camille Laurens raconte
les dangereuses liaisons d’une
femme qui ne veut pas renoncer
au désir. n
vendredi 12 février à 18 h
Rencontre avec Patrick Lapeyre à l’occasion de la parution de son dernier roman La splendeur dans
l’herbe aux éditions P.O.L.
PATRICK LAPEYRE est né en
juin 1949 à Paris. Il est auteur de six
romans, tous publiés aux Éditions
P.O.L, citons notamment : Le corps
inflammable (1984), La lenteur
de l’avenir (1987), Sissy, c’est moi
(1998), l’Homme-sœur (2004) et
La vie est brève et le désir sans fin
(2010).
Sur la conversation
Pour changer de ce culte de la
réussite qu’on nous vend partout,
Patrick Lapeyre a voulu créer un
couple de perdants : un homme et
une femme (Homer et Sybil) qui
se rencontrent un peu par hasard,
après avoir été quittés par leurs
conjoints. Ces derniers, qui sont
partis vivre ensemble à Chypre,
vont devenir l’objet principal de
leurs conversations. Car ils ne vont
plus cesser de se parler. Jusqu’au
moment où va se nouer une
mardi 19 janvier à 19 h / À l’Adresse (2, quai de la Daurade)
Dans le cadre du Printemps de Septembre, conférence et lecture Sur Arno
Schmidt avec Yves Lehl & Hilda Inderwildi. Avec la participation du Centre
de Recherches et d’Études Germaniques (CREG) de l’université Toulouse Jean
Jaurès dans le cadre de la semaine franco-allemande organisée par le Goethe
Institut.
René Magritte, Le printemps éternel.
5
exaltation
Les chercheurs Yves Iehl et Hilda Inderwildi propose une soirée autour de
l’œuvre singulière d’Arno Schmidt. Yves Lehl l’aborde par le biais d’Histoires,
texte offrant un accès assez aisé à l’univers d’un auteur réputé difficile tout
en concentrant, par les vertus de la forme brève, les aspects les plus marquants d’une écriture révolutionnaire. Hilda Inderwildi propose une lecture
de textes, récemment traduits par ses soins, que le cinéaste et écrivain allemand Alexander Kluge a consacrés à Arno Schmidt.
« De la lande, photographies d’Arno Schmidt »
Exposition du 13 janvier au 27 février 2016. Vernissage le mercredi 13 janvier
à 19 h. Exposition en collaboration avec la Fondation Arno Schmidt dans le
cadre de la semaine franco-allemande organisée par le Goethe Institut.
étrange relation amoureuse entre
eux deux.
Relation dont l’accomplissement
semble toujours retardé, comme
si la conversation avait pris le pas
sur tout le reste. Pour traduire le
caractère obsessionnel des personnages, Patrick Lapeyre a utilisé
une construction répétitive. De
sorte que leurs longues plages
de conversation, toujours dans
les mêmes lieux, avec les mêmes
rituels, donnent l’idée d’une
immobilité à la limite du sommeil,
comme dans ces contes où les
personnages sont victimes d’un
enchantement.
On pourrait aussi parler d’une
musique répétitive, dans la mesure
où chaque séquence est une variation par rapport à la précédente.
Le lecteur a donc deux accès différents aux personnages :d’un côté,il
voit Homer et Sybil qui ne cessent
de parler et de se rapprocher, et
de l’autre, il imagine, sans les voir,
les deux fuyards dont la situation
à Chypre semble devenir de plus
en plus préoccupante. […] C’est
un livre sur la conversation, sur
le plaisir érotique de la conversation et sur la vibration de certains
silences : car le plus important évidemment est toujours ce qu’on
ne parvient pas à dire. Il y a toutes
sortes de silences dans ce roman.
Le titre, emprunté à un poète
romantique anglais (Wordsworth),
fait justement référence à un de
ces moments de silence et de perfection, où les personnages, dans
un moment d’absence, ont tout
à coup l’impression d’apercevoir
devant eux « le cœur lumineux de
la vie «… Comme si c’était le sujet
caché de ce livre. n
F. Augiéras, Barque dans le désert (détail).
4
6
lampedusa
exil azirie
À ce stade de la nuit
La femme au colt 45
MAYLIS DE KERANGAL
MARIE REDONNET
mercredi 27 janvier à 18 h
mercredi 10 février à 18 h
Rencontre avec Maylis de Kerangal autour de son dernier roman À ce stade de la nuit publié
aux éditions Verticales. Entretien animé par les étudiants du master Métiers de l’écriture
de l’Université Toulouse Jean-Jaurès.
Rencontre avec Marie Redonnet autour de son dernier roman La femme au colt 45, paru aux éditions
Tripod.
MARIE REDONNET poursuit
l’auteure de cinq romans aux Éditions Verticales, dont Corniche
Kennedy (2008), Naissance d’un
pont (2010) et Réparer les vivants
(2014), ainsi que des récits Ni
fleurs ni couronnes (2006) et Tangente vers l’est (2012).
Actualité
« Décrit comme une expérience
intime du paysage, ce bref texte de
l’auteur, notamment, du puissant
Réparer les vivants, en 2014, est
une évocation à la fois personnelle
et universelle de la résonance
qu’opère sur nous l’actualité. Dans
sa cuisine, une nuit, la narratrice
entend à la radio la nouvelle du
naufrage d’un bateau transportant
près de 500 migrants en provenance de Libye, qui s’est échoué
à moins de deux kilomètres des
côtes de l’île sicilienne de Lampedusa. Plus de 350 personnes ont
péri. Ce nom, Lampedusa, entendu
comme en écho, décortiqué dans
les méandres de la mémoire de
l’auteur, traverse le livre, telle une
infinie réverbération. Il lui évoque
d’abord Burt Lancaster, le prince
Salina du Guépard, de Visconti,
adapté en 1963 du livre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Elle
voit aussi The Swimmer (Le Plongeon, film de Franck Perry, 1968)
où un habitant du Connecticut
(également interprété par Burt
Lancaster), en maillot de bain,
décide de rentrer chez lui en traversant les piscines de ses riches
voisins, et converse avec leurs
propriétaires… Elle décrit la décadence de l’aristocratie sicilienne,
les îles volcaniques de la Méditerranée, le bal du Guépard, filmé
exactement comme un naufrage,
remarque que Burt Lancaster, né à
New York dans une famille angloirlandaise, est tout ensemble le
prince et le migrant.
Avec son écriture incisive, documentée, précise comme un bilan
définitif, Maylis de Kerangal met
en scène le flux des infos radio, la
danse des articles de quotidiens
et les images intimes qu’ils font
surgir en nous, vers lesquelles on
s’échappe inexorablement, quel
que soit l’intérêt porté à l’actualité
qui les réveille. Les paysages que
traverse la narratrice lui sont personnels, la Sicile qu’elle connaît,
l’île volcanique de Stromboli
notamment, un voyage en train
en Sibérie, mais elle nous rejoint
à la fin, avec son imaginaire description du naufrage. Pour elle,
comme pour bien d’autres, Lampedusa était le nom de Burt Lancaster, celui d’un prince, celui d’un
monde qui sombre ; c’est désormais un nom concentrant en lui
seul la honte et la révolte, le chagrin, désignant un état du monde,
un tout autre récit. » n
Juliette Benabent, Télérama
depuis son premier roman (Splendid Hôtel, Minuit, 1986) une œuvre
fascinante, qui chemine entre
la fable et le scalpel. Ses textes
déploient un imaginaire puissant.
Ils remettent en question le monde
dans lequel nous acceptons de
vivre. Citons entre autres aux éditions de Minuit Forever Valley
(1987), Rose Mélie Rose (1987),
Tir & Lir (1988), Seaside (1992) et
Diego (2005).
Rester libre
Après plusieurs années de silence,
Marie Redonnet nous offre avec
La Femme au colt 45, le destin
d’une femme qui a choisi de rester libre. L’Azirie est tombé sous le
joug d’une dictature. Lora Sander
décide de fuir le pays. Sa vie de
comédienne est devenue impos-
© Jules Stromboni.
MAYLIS DE KERANGAL est
7
Fragments d’exil
DOMINIQUE FERNANDEZ
vendredi 8 janvier à 18 h
Rencontre lectures avec Dominique Fernandez autour de sa pièce Fragments d’exil, parue aux éditions
Noir et Blanc. En compagnie de Danielle Catala, comédienne et co-fondatrice de la Cave Poésie et de René
Gouzenne. Les lectures seront accompagnées musicalement par Tomas Jimenez.
DOMINIQUE
FERNANDEZ
est psychologue de formation et
psychanalyste. Fils d’exilés libertaires espagnols, il milite dans
l’association toulousaine IRISMémoires d’Espagne qui travaille sur les enjeux mémoriels
actuels de la brève histoire de la
deuxième République espagnole
et la transmission des valeurs
portées par la révolution sociale
de 1936 pour en montrer toute
la pertinence aujourd’hui encore.
Il réalise depuis plusieurs années
des interviews filmées d’exilés
espagnols en vue de constituer un
fond d’archives consultable par
tous et une exposition photographique de leurs portraits.
ÉDITÉE PAR N & B, petite maison d’édition indépendante qui
consacre une large part de ses
publications à la diffusion de
poésie, Fragments d’exil est une
pièce de théâtre construite autour
des souvenirs recueillis par l’auteur et de ceux rassemblés par
Progreso Marin dans son livre
Exilés espagnols, la mémoire à
vif (Éditions Loubatières).
« L’EXIL C’EST BALAYER le
sable du désert ». La pièce se
déroule en février 1939. Quelque
part sur les crêtes enneigées des
Pyrénées entre l’Espagne et la
France, une femme passe la frontière fuyant la barbarie fasciste.
D’une vieille valise tout aussi
épuisée qu’elle, elle tire, parmi ses
souvenirs, des destins tragiques
et poignants, les lambeaux d’une
vie perdue, mais également le
désir d’une nouvelle existence à
construire et la volonté farouche
d’un combat à poursuivre. n
sible. Elle prend le chemin de l’exil
et rejoint l’état limitrophe de Santarie, munie de son colt 45.
« La forêt s’interrompt brusquement au bord d’une falaise à pic.
Au loin on entend des bruits
assourdis de tirs de roquette. Lora,
la cinquantaine,allure excentrique,
est emmitouflée dans un manteau
en fourrure synthétique. Elle porte
un bonnet et des gants de laine de
couleurs vives. Épuisée, elle s’assoit au bord de la falaise, les jambes
dans le vide, un sac à ses côtés. Elle
sort de son sac un vieux colt 45.
Elle l’essuie précautionneusement
comme si elle voulait vérifier qu’il
est bien en état de marche. » « À
partir de maintenant je vis dans
la clandestinité comme tous les
étrangers sans papiers qui arrivent
à Santaré par la mer encore plus
que par le fleuve. Cette ville est
comme un aimant qui les attire, le
point de rencontre des errances
et des naufrages d’une humanité à
la dérive. Les pièces de Samir Osri
dont j’ai été l’une des interprètes
sont une image de notre monde.
Mais quand je les jouais au Magic
Théâtre je ne le savais pas. » n
Extraits.
sortie d’égypte
Ce pays qui te ressemble
Profession du père
TOBIE NATHAN
SORJ CHALANDON
samedi 30 janvier à 17 h
Rencontre avec Tobie Nathan autour de son roman Ce pays qui te ressemble paru aux éditions
Grasset. Animée par René Duclos.
TOBIE NATHAN né en 1948
au Caire en Égypte, est professeur de psychologie clinique et
pathologique à l’université de
Paris VIII, il est le grand représentant en France d’un courant de la
psychiatrie travaillant sur l’origine
culturelle des patients : l’ethnopsychiatrie. Il a fondé en 1993 le
Centre Georges-Devereux, centre
universitaire d’aide psychologique
aux familles migrantes. Diplomate,
il a été Conseiller de Coopération
et d’Action Culturelle auprès de
l’Ambassade de France en Guinée et à Conakry. Il a récemment
publié Qui a tué Arlozoroff ? (Grasset, 2010), Ethno-roman (Grasset,
2012) et Filtre d’amour (Odile
Jacob, 2013).
Couleurs du soleil
millénaire
Au Proche-Orient, le destin des
langues est souvent plus heureux que celui des êtres. Il en va
ainsi de l’arabe et du français tels
qu’ils furent autrefois parlés en
Égypte, notamment, et tels qu’ils
permettent encore de raconter
une histoire commune. De part et
d’autre de la Méditerranée, ceux
qui sont restés et ceux qui sont
partis écrivent des romans qui se
font écho, dans la vitalité comme
dans la mélancolie. « Si j’ai quitté
l’Égypte, l’Égypte ne m’a jamais
quitté. Quelquefois je pense que
c’est seulement mon ombre qui
est partie, alors que moi je suis
resté là-bas, seul, errant, comme
durant ma jeunesse », écrit Tobie
Nathan dans son magnifique nouveau roman, Ce pays qui te ressemble. C’est dans le ghetto juif
du Caire que naît, contre toute
attente, d’une jeune mère flamboyante et d’un père aveugle,
Zohar l’insoumis. Et voici que
sa sœur de lait, Masreya, issue de
la fange du Delta, danseuse aux
ruses d’enchanteresse, le conduit
aux portes du pouvoir. Voici aussi
les mendiants et les orgueilleux,
les filous et les commères de la
ruelle, les pauvres et les nantis,
petit peuple qui va roulant, criant,
se révoltant, espérant et souffrant.
Cette saga aux couleurs du soleil
millénaire dit tout de l’Égypte :
grandeur et décadence du roi
Farouk, dernier pharaon, despote
à l’apparence de prince charmant,
adoré de son peuple et paralysé
de névroses. Arrivée au pouvoir
9
air de famille
de Gamal Abdel Nasser en 1952
et expulsion des Juifs. Islamisation de l’Égypte sous la poussée
des Frères musulmans, première
éruption d’un volcan qui n’en finit
pas de rugir… C’est la chute du
monde ancien, qui enveloppait
magies et sortilèges sous les habits
d’Hollywood. La naissance d’un
monde moderne, pris entre dieux
et diables. n
vendredi 22 janvier à 18h – À la Médiathèque José Cabanis
Rencontre avec Sorj Chalandon autour de son dernier roman Profession du père publié aux éditions
Grasset. La rencontre sera animée par Brice Torrecillas.
SORJ CHALANDON est un
journaliste et écrivain français
né en 1952. Membre de la presse
judiciaire, grand reporter puis
rédacteur en chef-adjoint au quotidien Libération de 1974 à 2007,
il a désormais rejoint la rédaction
du Canard Enchaîné. Il a publié
chez Grasset, Le Petit Bonzi
(2005), Une promesse (2006),
Mon traître (2008), Retour à
Noël au charbon: Pâques au violon
JACQUES LAVERGNE
samedi 16 janvier à 11 h
Signature du roman Noël au charbon: Pâques au violon de l’écrivain
Jacques Lavergne, publié aux éditions Mare nostrum.
JACQUES LAVERGNE est avocat d’affaire à Toulouse. Il nourrit une passion : la littérature
policière et s’est essayé, il y a trois
ans à l’écriture d’un premier
polar qui avait pour thème le trafic d’œuvres d’art : Peinture au
pistolet à Céret.
POUR SON TROISIÈME POLAR
qui met une fois encore en scène
le conservateur du musée de
Céret, Jacques Lavergne aborde
le thème des pillages en bonne
et due forme qui ont lieu, depuis
quelques années, un peu partout
sur l’ensemble du territoire français. Ceux-ci sont souvent le fait
de mafias russophones, extrêmement bien organisées.
Pierre Pagès s’apprêtait à passer
de paisibles fêtes de fin d’année
à Banyuls, en compagnie de son
amie Vivica, mezzo-soprano barcelonaise. Mais lorsque son vieux
complice, le curé Nafaou Missabaou, lui demande de le rejoindre
dans sa nouvelle paroisse de
Montalba le Château, il va en
être tout autrement…
D’autant que l’enlèvement
du prêtre durant la messe de
minuit, au nez et à la barbe de
ses ouailles, ne va pas arranger
les choses. Efficacement aidé par
la Section de recherches de la
gendarmerie nationale, Pierre
Pagès va donc devoir se lancer sur
les traces des ravisseurs dans cet
arrière-pays catalan que l’hiver,
la neige et le vent n’épargnent
pas. Une quête qui passera par
la lointaine Tbilissi, capitale de
la Géorgie, plaque tournante de
tous les trafics… n
Killibegs (2011) et Le quatrième
mur (2013).
lors de la cérémonie des adieux, à
la mort de son père. L’histoire, la
grande comme la petite, réduite
au cercle familial, traverse la vie
du gamin, l’entoure de duperies et
de violences. Et ce roman magnifiquement dépouillé ne retrouvera
finalement ses couleurs qu’à l’âge
où l’homme tentera de regarder
son enfance en face. » n
Gilles Heuré, Télérama
Comment résister
« Ce pourrait être un roman en
noir et blanc, comme un film de
Truffaut où les gosses font les
quatre cents coups et s’inventent
des vies d’aventure. Car nous y
sommes, à cette même époque.
1961 : la guerre d’Algérie fait rage
et, de l’autre côté de la Méditerranée, un putsch menace le régime.
Le petit bonhomme, qui est aussi
le narrateur, s’appelle Émile Choulans. Son père, André, est un sale
type qui le tabasse, le réveille à
4 heures du matin pour l’endurcir
et qui tentera bientôt de l’enrôler
dans l’organisation secrète, l’OAS,
en vue d’assassiner de Gaulle, qui
a « lâché » l’Algérie française. Tout
y passe : la ceinture, le martinet et
les coups de pied pour faire de lui
un bon soldat et le complice de
ce qu’il ne faut révéler à aucun
prix. Le petit Émile, 12 ans, asthmatique et passionné de dessin
on le surnomme Picasso, se prend
au jeu, surveille ses arrières quand
il marche dans la rue, dépose des
lettres de menace, inscrit des slogans à la craie, et même cherche à
son tour à jouer les agents secrets.
Comment résister à cette brute de
père, qui dit avoir été parachutiste,
ceinture noire de judo, footballeur
professionnel, avoir conspiré pour
cacher Rudolf Noureev échappé
d’URSS, et dont le parcours, invérifiable, semble n’avoir été que
rébellion paranoïaque ? Émile
deviendra grand, restaurateur de
tableaux, marié et père, avec toujours, en lui, cette plaie d’enfance
au cœur, qui ne se refermera pas
Topor, L’homme élégant, Humoir.
8
10
langue d’oc
Hommage à Yves Rouquette
LAURENT ROUQUETTE, MARIE ROUANET
jeudi 7 janvier à 18 h – À la médiathèque José Cabanis
Hommage au poète occitan Yves Rouquette : lectures à deux voix en compagnie du journaliste Laurent Rouquette, son fils et de l’écrivaine Marie Rouanet, son épouse à l’occasion de la parution
de l’ouvrage Le goût des jours, chroniques de la Dépêche du Midi paru aux éditions Mare Nostrum.
YVES
ROUQUETTE (19362015), a été l’un des principaux
artisans de la renaissance de l’occitan à partir du début des années
soixante. Entre poésie, romans,
essais, théâtre, traduction, il a publié
une cinquantaine d’ouvrages, pour
la plupart en Langue d’Oc.
Regard critique
De 1998 à la veille de sa mort,
au tout début de l’année 2015, le
poète et écrivain Yves Rouquette a
livré, toutes les semaines, une chronique à La Dépêche du Midi, qui la
faisait paraître le dimanche, sous le
titre Accent d’Oc. La présente parution rassemble l’essentiel des chroniques parues en 2013 et 2014,
selon un principe immuable : le
jeudi, La Dépêche donnait à Yves
Rouquette le sujet qui ferait l’objet
de la page magazine du dimanche
suivant. L’écrivain disposait alors
de 24 à 48 heures pour concocter
son texte, puisant dans ses souvenirs et sa bibliothèque, parfois se
rendant à la bibliothèque municipale de Camarès, son village, pour
se documenter sur le sujet. On
peut dire que ces chroniques sont
celles d’un homme qui ignorait
quasiment l’existence d’internet
et des bases de données numériques.
Son enfance à Sète et dans l’Aveyron, les origines paysannes de sa
famille, son engagement au service de la langue d’Oc, son expérience de professeur de lettres
classiques, son immense culture,
sa fascination pour les musées ou
la photographie, ses amitiés, sa vie
quotidienne aux côtés de l’écrivain Marie Rouanet durant plus
mer noire et rouge
L’autre Joseph
KÉTHÉVANE DAVRICHEWY
samedi 13 février à 17 h
Rencontre avec Kéthévane Davrichewy autour de L’autre Joseph publié chez Sabine Wespieser.
de 50 ans, son regard critique sur
la marche du monde : tels étaient
les principaux ingrédients de cet
exercice hebdomadaire effectué
à la main, sur du papier quadrillé,
puis faxé au journal. Entre coups
de cœur et coups de gueule, ces
textes témoignent d’une subjectivité éclairée et totalement assumée, et lui valaient un abondant
courrier de lecteurs auquel il
répondait scrupuleusement. n
Il était une fois dans l’Est
JULIE BIRMANT, CLÉMENT OUBRERIE
jeudi 21 janvier à 17h / Au rayon BD
Rencontre dédicaces avec Julie Birmant et Clément Oubrerie, auteurs de l’album Il était une fois dans l’Est
paru aux éditions Dargaud.
JULIE BIRMANT a d’abord été
metteur en scène à l’Insas, la
prestigieuse école bruxelloise de
cinéma. Auteure de documentaires pour la télévision
belge, elle a aussi travaillé pour
France Culture.
CLÉMENT OUBRERIE commence par illustrer des albums
jeunesse, d’abord à New York, où
il passe deux ans, puis à Paris. En
2005, il signe, avec Marguerite
Abouet, sa première bande dessinée : Aya de Yopougon. Suivront
entre autres Jeangot, avec Joann
Sfar, et la série Les Royaumes
du Nord avec Stéphane Melchior. Il a fondé, avec Antoine
Delesvaux et Sfar, le studio à
l’origine des longs-métrages
Le Chat du rabbin et Aya de
Yopougo.
CE ROMAN GRAPHIQUE
conte une histoire vraie et
insensée, celle de la rencontre
entre deux idoles qui n’avaient
pas dix mots en commun,
mais le génie, assurément,
11
et une sorte de folie qui, tour à
tour, emporte, sidère ou terrifie.
À travers eux, on plonge dans le
monde d’avant la nuit du stalinisme, monde délirant où la naïveté et l’ignorance participent au
réel et, du coup, l’éclairent d’une
lueur comique. Clément Oubrerie, pour la première fois, raconte
l’histoire à la couleur directe et
nous entraîne dans les coulisses du
Bolchoï, au Kremlin, sur une plage
tempétueuse de Californie ou au
sommet d’un building de Chicago.
Julie Birmant a osé défier la chronologie et raconte cet amour
impossible comme une odyssée,
avec des récits enchâssés, autant
de boucles lancées à chaque grand
voyage entrepris, à bord d’un
cargo miteux, d’un avion à hélice
ou d’un train lancé à pleine vitesse
à travers la steppe. n
Kéthévane Davrichewy, entre
de plain-pied dans l’enfance de
« l’autre Joseph » : fils du préfet
de Gori, il grandit dans une communauté encore archaïque, au
milieu des gamins des rues, fascinés comme lui par les légendes
bibliques et par les histoires de
bandits caucasiens racontées lors
des veillées. Même si le gamin
exalté, batailleur et arrogant qu’est
Sosso, dont la mère travaille dans
sa famille comme couturière,
agace bien souvent le petit Joseph,
il partage avec lui des rêves d’héroïsme et de grandeur. La ressemblance entre les deux garçons est
frappante, mais c’est bien plus
KÉTHÉVANE DAVRICHEWY tard, alors que son père continue
est née à Paris dans une famille de subvenir aux besoins de Sosso
d’origine géorgienne.Après La Mer jeune homme, que Joseph comNoire (2010), elle a publié, toujours prendra les liens de sang qui vraichez Sabine Wespieser éditeur, Les semblablement les unissent.
Séparées (2012) et Quatre murs Kéthévane Davrichewy écrit un
:
(2014). Elle a également écrit de roman de formation en miroir nombreux livres pour la jeunesse à depuis sa tendre enfance, Joseph a
été obligé de prendre en compte
L’École des loisirs.
son encombrant camarade. Ses
choix ultérieurs, pilote d’avion, il
Mémoire
s’engage du côté de la France lors
familiale
« Joseph Djougachvili, dit Staline, de la Grande Guerre, avant d’ensurnommé Sosso dans les pre- trer dans les services secrets…
mières années de sa vie, est né en ont certainement été dictés par
Géorgie, à Gori, en 1878. Quelques l’ombre menaçante du maître
années plus tard, à quelques rues du Kremlin. Et c’est bien après la
de là, naissait un autre Joseph, mort du dictateur qu’il publiera
Davrichachvili, ou Davrichewy. » des mémoires au titre improbable :
Dès les premières lignes de son Ah ! Ce qu’on rigolait bien avec
nouveau
roman, Kéthévane mon copain Staline.
Davrichewy avertit son lecteur : la Kéthévane Davrichewy excelle
mémoire familiale sera la matière dans la peinture des années déterde son livre, tout comme pour La minantes qui marquent le passage
Mer Noire, paru en 2010. Mais à l’âge adulte et la perte de l’innocette fois, parce que son mythique cence. “L’autre Joseph” s’incarne
arrière-grand-père a grandi avec en un passionnant personnage de
Staline, et que sa vie entière en a roman. n
été marquée.
alfred döblin
Une révolution allemande
MICHEL VANOOSTHUYSE, THIERRY DISCEPOLO
jeudi 11 février à 18 h / À la cinémathèque de Toulouse
À l’occasion du lancement des soirées Berlin Alexanderplatz à la Cinémathèque de Toulouse dans le
cadre du cycle consacré au réalisateur Rainer Werner Fassbinder, rencontre autour de l’œuvre
de l’écrivain Alfred Döblin parue aux éditions Agone.
MICHEL
VANNOSTHUYSE,
agrégé d’allemand, spécialiste de
la littérature de langue allemande,
a notamment publié, en dehors
de nombreux articles et ouvrages
collectifs, Le roman historique.
Mann, Brecht, Döblin (PUF, 1996),
La fabrique d’Ernst Jünger. Fascisme et littérature pure (Agone,
2005), Alfred Döblin. Théorie et
pratique de l’« œuvre épique ».
THIERRY DISCEPOLO est le
fondateur et l’un des animateurs
des éditions Agone.
ALFRED DÖBLIN (1878-1957)
né au sein de la bourgeoise juive
allemande, à vécu à Berlin, à Paris
et aux États-Unis. Toute son œuvre
demeure largement méconnue,
cachée par le succès mondial, dès
sa parution en 1929, de Berlin
Alexanderplatz.
Libre fabulation
« […] La littérature döblinienne
ne se laisse pas enrôler. Mais le
gain de cette liberté obstinément
revendiquée est immense. Écrit
contre la routine romanesque,
[avec ses intrigues bien ficelées et
ses personnages corsetés dans des
rôles prévisibles], un roman döblinien [rebaptisé « œuvre épique »]
est une aventure unique et surprenante, qui ouvre sur le « monde
magnifique, sans entrave, de la
libre fabulation ». Il abandonne les
boudoirs, les salons bourgeois et
les maisons patriciennes, largue
les amarres, prend le large, pour
s’en aller dans des contrées lointaines et exotiques, au fin fond
de la Chine ou de la forêt amazonienne, et plus loin encore et
plus haut, jusque dans les étoiles,
dans le passé aussi, au cœur des
tourmentes et des tourments de
la Guerre de Trente ans, ou bien
au contraire très loin en avant de
nous, dans les siècles et les apocalypses à venir. Il y a du Hugo chez
cet homme-là, dans cette conjonction d’un imaginaire du temps
et de l’espace et d’un imaginaire
d’événements parfois extravagants et énormes, cimentés par la
langue, cette « force productive »,
une « langue vivante » qui n’a rien à
voir avec la langue léchée, polie et
policée des grands stylistes patentés. Ces romans-continents sont
des livres d’accumulation de mots,
d’invention langagière inouïe, qui
font de Döblin le prosateur allemand le plus inventif du début
du siècle dernier. Mais un roman
de Döblin, ce peut être aussi un
voyage au plus près du contemporain, de la réalité allemande, et du
parler populaire. C’est assurément
une nouveauté radicale pour le
roman allemand d’accueillir le
peuple comme il est fait dans Berlin Alexanderplatz, et de faire de la
grande ville moderne, contre toute
la littérature réactionnaire de terroir, non plus seulement un décor,
mais un acteur qui parle.
Conjuguant le plaisir de raconter et les expérimentations de la
modernité, s’abandonnant tantôt
au simple récit et tantôt inventant
les structures narratives les plus
complexes, accueillant les parlers
populaires mais sachant exploiter
aussi toutes les ressources poétiques de la langue allemande,
introduisant dans le roman les
régimes textuels les plus divers, du
document brut jusqu’au poème
en prose, abolissant les frontières
entre le haut et le bas, le tragique
et le comique, et s’ouvrant à toutes
les formes du rire, de l’ironie la
plus sophistiquée au burlesque le
plus débridé, l’œuvre romanesque
d’Alfred Döblin est d’une ampleur,
d’une variété et d’une inventivité
incomparables. C’est dire aussi
qu’il n’y a pas un style döblinien,
pas plus qu’il n’existe un style de
Picasso, mais des styles. Je disais
qu’il y a du Hugo chez Döblin, il
y a aussi du Picasso, en ce sens
qu’il ne s’est jamais accommodé
du confort de la répétition. Mais
s’il y a des styles, et si chaque livre
possède une figure singulière, il
y a bien, au bout du compte, une
tâche unique : comprendre le
monde, l’homme dans le monde
et dans l’histoire. […] » n
Michel Vanoosthuyse
13
hans fallada
Vie et mort du buveur
JAKOB HINRICHS
mercredi 27 janvier à 17 h
Rencontre dédicaces avec Jakob Hinrichs autour de l’album Hans Fallada, Vie et mort du buveur édité
chez Denoël Graphic. La rencontre est organisée avec le Goethe Institut.
HANS FALLADA (Rudolf Wilhelm Friedrich Ditzen) est né en
1893. Il a passé la majeure partie
de sa vie en prison et en hôpital
psychiatrique, tout en contribuant,
avec des romans comme Quoi de
neuf, petit homme ? et Seul dans
Berlin au rayonnement de la littérature allemande du xxe siècle. Il
est mort à Berlin en 1947. Depuis
2007, les éditions Denoël ont
entrepris de publier ou rééditer
les œuvres de Fallada. La parution
de Hans Fallada, vie et mort du
Buveur, coïncide avec la sortie du
recueil de nouvelles Du bonheur
d’être morphinomane.
JAKOB HINRICHS est diplômé
d’une école berlinoise d’art graphique, il se consacre depuis 2004
à l’illustration et à la narration dessinée. De nombreuses collaborations
au New York Times, au Boston
Globe ou au Guardian ont établi
sa réputation d’artiste international. Son premier roman graphique,
adapté d’Arthur Schnitzler, a fait
l’objet de multiples traductions
étrangères.
du 12 janvier au 14 février 2016 à la Cinémathèque de Toulouse
Berlin Alexanderplatz de Rainer Werner Fassbinder
Mort à seulement 37 ans, R. W. Fassbinder laisse derrière lui une quarantaine de films tournés en à peine une dizaine d’années. Une carrière fulgurante. Et une filmographie qui l’est tout autant. La Cinémathèque propose
un retour sur un des cinéastes allemands les plus importants de la seconde
partie du xxe siècle. Une figure emblématique du nouveau cinéma allemand
des années 1970, mais aussi une écriture cinématographique inimitable qui
manie le mélodrame comme un pamphlet.
Tournée pour la télévision entre 1979 et 1980, la série Berlin Alexanderplatz (en 13 épisodes et 1 épilogue) est basée sur le célèbre roman d’Alfred
Döblin et décrit la vie des bas-fonds à Berlin aux jours sombres de la République de Weimar. Berlin Alexanderplatz n’est pas simplement le film le
plus ambitieux de R.W. Fassbinder : il constitue l’obsession d’une vie, celle
du réalisateur face à l’œuvre de Döblin, et est considéré comme son plus
grand film.
© Carlotta Films
12
Enfer personnel
Le Buveur est l’un des romans
les plus personnels de l’auteur du
célèbre Seul dans Berlin, Hans Fallada. Il a été écrit secrètement en
1944, alors que Fallada se trouvait
en prison, présumé coupable du
meurtre de sa femme. Ses propres
expériences avec l’alcool et l’histoire de ses échecs répétés constituent la matière première du livre.
Rien d’illégitime, dès lors, à combiner le récit de la déchéance
de son héros, Erwin Sommer, un
homme banal qui se met à boire
à l’occasion d’une crise existentielle et entreprend de sacrifier sa
femme et sa vie à son addiction, et
la véritable biographie de Fallada.
L’artiste allemand Jakob Hinrichs,
à qui l’on doit déjà l’adaptation
graphique du Traum Novelde
Schnitzler, qui servit de base à
Kubrick pour son Eyes Wide Shut,
a méticuleusement étudié la vie
et l’œuvre de l’écrivain. Il mêle
de façon convaincante la mise en
lumière crue des pathologies du
commis-voyageur alcoolique Sommer avec l’histoire bouleversante
d’un écrivain de premier plan qui
n’abandonna sa dépendance à
l’alcool et à la morphine qu’à sa
mort, en 1947. Le trait extrêmement libre et expressionniste de
Jakob Hinrichs, traversé de multiples influences, de George Grosz
et Otto Dix à Joost Swarte, Ever
Meulen ou Henning Wagenbreth,
excelle à représenter cette descente dans un enfer personnel au
sein d’une Allemagne tenaillée par
les tourments d’un mal infiniment
plus grand. n
14 c r i t i q u e d e l a p o l i t i q u e
théorie littéraire
La communauté politique des « tous uns »
La haine de la littérature
vendredi 22 janvier à 18 h
Rencontre avec le philosophe Miguel Abensour autour de son ouvrage La communauté politique
des « tous uns » : désir de liberté, désir d’utopie, livre d’entretien réalisé avec Michel Enaudeau,
paru aux éditions Belles Lettres.
MIGUEL ABENSOUR est professeur émérite de philosophie
politique à l’Université de Paris VII
et directeur de la collection Critique de la politique aux éditions
Payot et Rivages depuis 1974. Il est
notamment l’auteur de plusieurs
ouvrages aux éditions Sens &
Tonka dont Hannah Arendt contre
la philosophie politique ? (2006),
Entretien avec l’anti-mythes
(2012), Utopiques volume 1 et 2
(2013), De la compacité : architectures et régimes totalitaires (2013)
et Le rouge et le noir à l’ombre de
1973 (2014).
Liberté et compagnie
Antonio Donghi, Cirque équestre (détail).
« Voici une pensée précieuse en
ces temps troublés où la liberté
est en berne, quand on l’assassine
au nom de servitudes volontaires
radicales censées procurer le salut.
Le chapitre que Miguel Abensour
consacre à La Boétie, dans ce long
entretien avec Michel Enaudeau,
résonne fortement et c’est bien
sous le signe de l’auteur du Discours de la servitude volontaire
que se lit l’itinéraire du philosophe. Car ce que retient Abensour
de La Boétie n’est pas seulement
le doute qu’il porte sur le désir de
liberté du peuple dans son étrange
proximité avec le désir de servitude, mais aussi sa conception de
la liberté intrinsèquement liée à
la pluralité humaine. « Liberté et
compagnie vont de pair », affirmet-il et dès lors, la liberté dans la cité
ne saurait se professer par le « tous
unis », potentiellement totalitaire,
mais bien le « tous uns » véritablement démocratique ; totalité fermée sur soi, pyramidale, unitaire
et hiérarchique d’un côté, totalité
ouverte, plurielle, horizontale, égalitaire de l’autre.
Miguel Abensour, né en 1939, est
de la génération traversée par
la question du totalitarisme. Il
raconte son compagnonnage avec
les penseurs anti-totalitaires Cornelius Castoriadis et Claude Lefort,
et la manière dont le groupe a été,
à partir des années 1980, divisé
et traversé par des tentations de
« restauration ». Grands lecteurs
de Pierre Clastres et de sa Société
contre l’État, ils se retrouvent à la
fondation de la revue Libre et c’est
précisément sur la liberté qu’ils se
sépareront, les uns y cherchant un
projet anti-autoritaire, les autres,
Marcel Gauchet en tête, y voyant
un « billet d’entrée pour participer
à la restauration du libéralisme
politique ». La parution du Passé
d’une illusion, de François Furet,
en 1995, consommera le divorce
entre ceux qui veulent penser une
autre société possible et ceux qui
se résignent au monde tel qu’il
est, c’est du moins ainsi, comme
« fatigue de la raison », qu’Abensour
lit le retournement de l’historien
de la Révolution. Miguel Abensour,
lui, a préféré s’entêter à explorer
les voies de l’émancipation et
celles de l’Utopie. Cet entretien
reste un peu dans l’entre-soi des
initiés mais il est solide et nécessaire. » n
Catherine Portevin,
Philosophie magazine
WILLIAM MARX
mercredi 20 janvier à 18 h
Rencontre avec William Marx autour de son ouvrage La haine de la littérature paru aux éditions
de Minuit. Débat animé par Olivier Guerrier (Université Toulouse Jean Jaurès).
WILLIAM MARX est critique
et historien de la littérature. Après
des études à l’École normale supérieure et l’agrégation de lettres
classiques, il a longtemps enseigné
aux États-Unis et au Japon. Il est
actuellement professeur de littérature comparée à l’université de
Paris X. Il est notamment l’auteur
aux éditions de Minuit de : L’adieu
à la littérature (2005), Vie du lettré (2009) et Le Tombeau d’Œdipe
(2012).
Réflexion
« Il y a dix ans de cela, William
Marx créait l’événement avec
L’Adieu à la littérature. Cette
ambitieuse histoire d’une dévalorisation suscita la discussion : la
littérature était-elle seule responsable de son inexorable perte d’influence ? C’est à ce même enjeu
que répond aujourd’hui La Haine
de la littérature, mais d’un tout
autre point de vue, et comme de
l’extérieur. Car, si ses défenseurs
admettent souvent ne savoir définir la « littérature », ses pourfendeurs, quant à eux, s’en chargent
volontiers. À commencer par
Platon, à l’origine, dans La République, du vaste procès intenté à la
poésie. William Marx en examine
les quatre facettes, dans l’ordre
suivant : procès au nom de l’autorité, de la vérité, de la moralité et
de la société. […] L’essentiel est
qu’en exilant de sa cité idéale les
poètes, coupables d’imiter un réel,
pâle imitation à son tour des Idées
ou essences visées par la philosophie seule, Platon s’est employé à
les déposséder du rayonnement
qui était le leur. Telle est bien la
thèse ici défendue : C’est quand
elle commence à avoir des ennuis
que la littérature commence tout
court. Philosophie, politique ou
religion : quelle que soi l’autorité
concurrente, désormais, la littérature, c’est ce qu’on attaque ou
ce qu’on exile. Rien de tout à fait
nouveau jusque-là. L’intérêt de cet
essai n’est pas dans sa relecture
de La République de Platon, si
souvent commentée, mais dans
la manière dont il met admirablement en scène cette guerre des
discours opposant la littérature à
ses concurrents les plus directs
une logomachie parfaitement
rodée depuis. […] William Marx
n’entreprend ni défense ni illus-
Günter Grass, La main de l’écrivain (détail).
MIGUEL ABENSOUR
15
tration. La Haine de la littérature n’est pas un procès en appel,
mais une réflexion sur l’impossible définition d’un art qui s’est
vu, au fil des siècles, refuser tout
ce à quoi il pouvait prétendre,
et par conséquent poussé à se
replier sur lui-même. Il est vrai
que la Rome antique et païenne
ne connut aucune flambée antilittéraire ; mais c’est que les litterae
n’y constituaient pas un véritable
enjeu. La plus grande menace
pour la littérature resterait, paradoxalement, de ne plus susciter
de haine. » n
J.-L. Jeannelle, Le Monde
noir et blanc
Contrejour, histoire d’un éditeur
Poumeyrol : la réalité transfigurée
JEAN-MARC LE SCOUARNEC
MICHÈLE HENG
samedi 9 janvier à 17 h
vendredi 15 janvier à 18 h
Rencontre avec Jean-Marc Le Scouarnec autour de la parution de l’ouvrage
Contrejour, histoire d’un éditeur, 1975-1995 aux Editions de l’Œil.
JEAN-MARC LE SCOUARNEC né en 1961, est journaliste
à La Dépêche du Midi depuis
1989. Actuellement responsable
des pages Culture du quotidien
régional, il a publié une biographie,
Jean Dieuzaide, la photographie
d’abord (Contrejour, 2012) et écrit
le texte d’introduction du livreDVD Sabine Weiss en deux films
(Éditions de l’Œil, 2013).
Claude Nori
L’ouvrage Contrejour, histoire
d’un éditeur, largement illustré,
raconte l’histoire tumultueuse de
la maison fondée à Paris par le
Toulousain Claude Nori, au plus
fort de l’effervescence culturelle
post-68. Également photographe,
dans un registre intimiste et amoureux, Claude Nori fut au cœur de
la reconnaissance de la photographie comme art à part entière. Le
livre évoque la multitude de pro-
jets menés de front par le fondateur
de Contrejour : édition de livres,
donc, mais aussi de journaux et
de magazines (dont le prestigieux
Camera International et création
de galeries consacrées à la photographie. Cette « Histoire d’un
éditeur » replace la trajectoire de
Claude Nori dans une époque qui,
d’un côté, se veut iconoclaste, et
de l’autre, reconnaît l’importance
des maîtres alors oubliés, comme
Édouard Boubat, Willy Ronis ou
Robert Doisneau. L’ouvrage réunit
une longue interview de Claude
Nori et de multiples témoignages
d’acteurs de l’époque : Jean-Claude
Lemagny, Jean-Claude Gautrand,
Agathe Gaillard, Patrick Chapuis,
Bernard Plossu, Ralph Gibson,
Sabine Weiss, Ferdinando Scianna,
Guy Le Querrec, Gabriel et Jean-
Rencontre avec Michèle Heng à l’occasion du catalogue paru sur le travail du peintre Jean-Marie
Poumeyrol : Poumeyrol : la réalité transfigurée.
MICHÈLE HENG est spécialiste en art contemporain, maître
de conférences à l’université de
Toulouse-Le Mirail. Aux éditions
Atlantica, elle a notamment publié
Poumeyrol (2011), Soust (2004),
Trotereau (2005), Gauthier Dubédat (2008), Poumeyrol: marges,
peintures 1990-2009 (2009).
François Bauret, Pierre
et Gilles, etc. Plusieurs cahiers
sont consacrés à la reproduction
de couvertures et de pages intérieures de livres devenus classiques comme Le Bistrot d’Hambourg d’Anders Petersen, Sur
le fil du hasard de Willy Ronis,
Skyline de Franco Fontana, Kodachrome de Luigi Ghirri, Portraits
de dames assises… de Jeanloup
Sieff, et bien d’autres. n
17
nature et couleur
Vingt ans de création
mon univers mental aux confins
des profondeurs de l’inconscient.
Il est l’un des peintres majeurs de
l’Aquitaine et un artiste de renommée internationale. On l’a fait chef
de file de l’école de Pau, mais il est
surtout un grand indépendant, exigeant et inclassable, irréductible à
toute mode et à toute compromission. L’auteur, Michèle Heng, fait
le point sur vingt ans de création,
mettant en valeur les clés de cette
peinture : un univers loin de toute
influence contemporaine, une
peinture privilégiant la ligne, le
détail, loin de la spontanéité des
avant-gardes ; une peinture qui
nous incite à réfléchir sur notre
condition, l’amour, la solitude, l’effet ravageur du temps. n
Poumeyrol est né le 18 juin 1946
à Libourne.Ancien élève de l’école
des Beaux-Arts de Bordeaux, il vit
et travaille désormais à Pau. La
peinture de Poumeyrol est originale, surprenante. Elle présente
souvent des lieux ou des architectures à l’abandon, oubliés là par le
cours du temps. Il dit de sa peinture : Plus que de décrire, je pense
à travers ce « réalisme » restituer
jeudi 18 février à 20 h / À Ombres Blanches, rue Mirepoix
Concert de Michel Doneda, musicien saxophoniste et Elisabeth Bartin chanteuse
lyrique improvisatrice, organisé par le Ring et la librairie Ombres Blanches.
« Dès les années 1960, Danielle Collobert expérimentait ce que la langue française n’avait jamais tenté […] Nous
voici au bord du dernier langage, qui est le même et entièrement autre, raréfié, comme devenu poème flagrant de
survie pour davantage mourir. » (Jean-Pierre Faye). Véritable cosmologie de la douleur, Dire II raconte l’impossibilité de raconter. Plus de syntaxe, la phrase disparaît au fil des pages, le souffle se fait plus de plus en plus court dans
la douleur et la souffrance. Le livre avance avec une raréfaction de plus en plus manifeste de la parole. Les mots,
ne sont plus que débris, restes d’une mutilation, quasiment immobiles sur l’océan grandissant de silence de la page.
Le rythme de Dire II, sa puissance vibratoire, l’évocation des sons et du silence, la tension permanente mènent à
l’élaboration d’un univers sonore singulier et sensible auquel Elisabeth Bartin et Michel Doneda donnent corps.
Fulgurance du ressenti, de l’affect de l’instant présent, à la source de l’écriture, sont les fondamentaux de leur
travail. La voix et le saxophone donnent vie au souffle intime qu’habitent les mots précis de Danielle Collobert.
La voix chantée n’est jamais un commentaire du texte : elle ouvre la part invisible de l’œuvre et apporte, tout au
long du récital, relief et respiration au texte et à sa perception. La musique d’abord bruit du monde, vient incarner
la tension de ce cri silencieux, étouffé, présent dans Dire II. Alchimie entre la voix parlée, la voix chantée et l’instrument pour donner à l’œuvre des perspectives toujours réinventées.
Participation aux frais PAF : 8 /12 euros…
Poumeyrol, Abri sous falaise (détail).
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18 éditer lire écrire aimer traduire apprendre réciter donner diffuser 19
Instants croisés avec Verdier
41 chandelles (pour Ombres blanches) s’éclairent aux 37 bougies
des Éditions Verdier
VENDREDI 5 ET SAMEDI 6 FÉVRIER, cinq rendez-vous pour marquer,
à Ombres blanches, la sortie de nos quarante ans.
Et interroger les livres de demain à lumière de ceux d’aujourd’hui.
> Histoire des traductions en langue française
JEAN-YVES MASSON
Vendredi 5 février à 17 h 30
Rencontre avec Jean-Yves Masson autour de la production des traductions en littérature et dans les
domaines du savoir. À l’occasion de la parution du troisième et avant-dernier volume de l’Histoire des
traductions en langue française (Verdier 2015). Sous la direction de Yves Chevrel et Jean-Yves Masson.
J.-Y. MASSON est né en 1962.
Études de lettres et de philosophie
à Paris. Poète, écrivain et traducteur,
il dirige aux éditions Verdier la collection « Der Doppelgänger » (littératures germaniques).
LES TRADUCTIONS ont rarement
bonne presse dans le domaine francophone malgré le renom attaché
à quelques « grands » traducteurs
littéraires, d’Amyot à Bonnefoy ou
à Jaccottet. L’Université française a
longtemps rechigné à en faire un
objet de recherche, sauf à s’intéresser aux « belles infidèles ». L’HTLF
s’inscrit dans un mouvement
d’intérêt grandissant porté à la
traduction depuis les années 1970
mais il constitue un projet dont la
nouveauté est inséparable de son
ampleur.
L’HTLF cherche à saisir l’ensemble
du phénomène de la traduction
en langue française, dans tous
les domaines, sans se limiter aux
œuvres littéraires. Cet aspect
novateur, sinon révolutionnaire, se
manifeste concrètement par le fait
que chaque volume est organisé
non par langues sources, mais par
grands domaines, en fonction de
la configuration intellectuelle et
littéraire de l’époque concernée.
Enfin, l’HTLF entend aussi donner
toute leur place aux traducteurs,
ces hommes – et ces femmes –
« invisibles » qui, à l’exception de
quelques écrivains d’ailleurs célébrés surtout pour leurs œuvres
propres, ont longtemps été les
oubliés de la vie intellectuelle.
Faire leur histoire, rappeler qui
ils furent, est une préoccupation
constante de l’HTLF, dont l’ensemble des quatre volumes, clôt
chacun par un « index des traducteurs », permettra d’établir un inédit Répertoire des traducteurs en
langue française. n
> Carnet de notes. 2011-2015
PIERRE BERGOUNIOUX
Vendredi 5 février à 19 h
Rencontre avec Pierre Bergounioux autour de l’écriture
et de l’édition des « journaux d’écrivains », à l’occasion
de la parution de Carnet de notes. 2011-2015 (Verdier).
Suivie d’une lecture d’extraits du livre.
P. BERGOUNIOUX est né à
Brive-la-Gaillarde en 1949. Ancien
élève de l’École normale supérieure, il enseigne le français en
région parisienne. Marié et père de
famille, il vit dans la vallée de Chevreuse. Passionné d’entomologie,
il pratique également la sculpture.
Il est l’auteur d’un grand nombre
de livres, romans, essais, journaux,
publiés par Gallimard et Verdier
pour une part essentielle.
« POUR DES RAISONS qui
touchent à mes origines, à ma destinée, j’ai ressenti le besoin d’y voir
clair dans cette vie. La littérature
m’est apparue comme le mode
d’investigation et d’expression le
moins inapproprié. Elle est porteuse, comme l’histoire, comme la
philosophie, comme les sciences
humaines, d’une visée explicative, donc libératrice. Elle peut
descendre à des détails que les
discours rigoureux ne sauraient
prendre en compte parce qu’il
n’est de science que du général.
Les notes quotidiennes ne diffèrent
pas, dans le principe, de ce que j’ai
pu écrire ailleurs. Les autres livres
se rapportent aux lieux, aux jours
du passé, le Carnet à l’heure qu’il
est, au présent. » n
Pierre Bergounioux
> Du texte au lecteur
P. BERGOUNIOUX, J.-Y. MASSON, C. OLIVE, M. PLANEL
Samedi 6 février à 11 h
Rencontre avec Pierre Bergounioux, Jean-Yves Masson, auteurs, et Colette Olive et Michèle Planel
(éditrices). Écrire, divulguer, donner à lire. « Faire » des livres.
> Les livres et l’accès au savoir / JEAN-CLAUDE MILNER
Samedi 6 février à 17 h 30 / au Théâtre Garonne
Rencontre avec Jean-Claude Milner. Les livres et l’accès au savoir. La question du maître. Rencontre
organisée en collaboration avec La Cause Freudienne / Toulouse Midi-Pyrénées.
DEPUIS LE GESTE FONDATEUR
de Platon qui bannit les poètes
de la cité, l’écrivain sait que le
philosophe se méfie de lui. C’est
donc que philosophie et littérature peuvent marcher d’un même
pas ?
Je souhaitais saisir par là une singularité de Barthes. D’un côté, il
pose que jamais un philosophe
ne fut son maître ; de l’autre, sa
langue propre et sa pensée doivent
quelque chose à la philosophie. Si
l’on veut préciser cette dette, on
comprend que la philosophie permettait de mettre en mouvement
cette masse imposante qu’était
alors la littérature française. […]
Si je reprends votre question et si
je la généralise, je vous renverrai
au paradoxe de Zénon ou la fable
du lièvre et de la tortue : il arrive
que littérature et philosophie s’engagent dans la même course, mais
leurs pas ne se répondent jamais.
On sera tantôt sensible au fait que
ce soit la même course, tantôt au
fait que les pas s’écartent.
Vous-même, en tant que théoricien, entretenez un rapport ambivalent à la fiction, S’il vous arrive
de convoquer l’œuvre d’un écrivain, Flaubert par exemple, à l’appui d’une Idée, vous ne semblez
pas considérer que la littérature
puisse, en tant que telle, produire
des vérités.
Je pense exactement le contraire.
Pour moi, la vérité est fondamen-
talement un « effet » de vérité. Or
ce sont les œuvres littéraires qui
surabondent en « effets de vérité ».
Pour employer un terme psychanalytique, je dirais que ce sont elles
qui interprètent le sujet, et qui lui
font apparaître ce que, laissé à luimême, il n’aurait Jamais reconnu.
C’est en lisant Proust, plus qu’en
lisant Spinoza, que j’ai compris la
jalousie et pourquoi je doutais de
l’amitié… La difficulté, c’est que les
effets de vérité produits par la littérature sont rebelles à la citation. Je
veux dire qu’on ne peut pas préserver l’effet de vérité quand on fragmente, quand on résume, quand
on arrache du contexte. Dès qu’on
cite, on fait tomber la littérature du
côté de l’ornement. En ce qui me
concerne j’essaie d’éviter les ornements. n
Extraits d’un entretien avec Jean
Birnbaum (Le Monde 2012)
> Fable d’amour/ANTONIO MORESCO
Samedi 6 février à 15 h 30
Rencontre avec Antonio Moresco et son traducteur Laurent
Lombard à l’occasion de la parution du roman : Fable d’amour
(Verdier 2015). Lecture en italien et en français.
FIGURE MAJEURE de la prose
narrative contemporaine, Antonio Moresco est né à Mantoue en
1947. Il est sans aucun doute l’un
des écrivains les plus inspirés, les
plus puissants, les plus imaginatifs,
mais aussi les plus délicats de la littérature italienne, et qui depuis toujours poursuit son œuvre dans la
solitude des plus hautes exigences.
Il est l’auteur du livre La Petite
lumière, publié par Verdier en
2013, et qui a trouvé un écho très
important en librairie, et obtenu
un succès considérable auprès
des lecteurs. « Fable d’amour, écrit
Moresco, raconte une histoire
d’amour entre deux personnages
qu’il serait impossible d’imaginer
plus éloignés : un vieux clochard
qui ne se souvient plus de rien et
qui a pratiquement perdu la raison, et une fille merveilleuse. C’est
l’histoire d’une de ces rencontres
qu’on croit impossibles mais qui
peuvent avoir lieu dans les territoires libres et absolus de la fable, et
aussi quelquefois dans la vie. »
Fût-il le plus pur, l’amour a-t-il vocation à durer ? Mais puisque l’amour
est sans pourquoi, doit-on chercher plus d’explications à ce qui
le tue qu’à ce qui le fait naître ? Et
si la fable était le seul mode pour
raconter aujourd’hui la puissance
d’aimer ? n
20
observer
Pour la sociologie
MARYSE JASPARD
mardi 26 janvier à 18 h
Rencontre avec Bernard Lahire autour de son ouvrage Pour la sociologie. Pour en finir avec
une prétendue culture de l’excuse (La Découverte). La rencontre sera animée par Éric Darrasse.
seur de sociologie à l’École normale supérieure de Lyon. Il a publié
une vingtaine d’ouvrages, parmi
lesquels L’Homme pluriel (Nathan,
1998), La culture des individus
(La Découverte, 2004), Franz
Kafka, éléments pour une théorie
de la création littéraire (La Découverte, 2010), Ceci n’est pas qu’un
tableau (La Découverte, 2015).
Plaidoyer lumineux
Gino Severini, Autoportrait (détail).
Depuis plusieurs décennies, la
sociologie est régulièrement
accusée d’excuser la délinquance,
le crime et le terrorisme, ou
même de justifier les incivilités
et les échecs scolaires. À gauche
comme à droite, nombre d’éditorialiste et responsables politiques
s’en prennent à une « culture de
l’excuse » sociologique, voire à un
« sociologisme » qui serait devenu
dominant dans les médias. À
leurs yeux, le regard sociologique
aurait pour effet de « déresponsabiliser » les individus. Dans ce
livre accessible, Bernard Lahire
démonte cette vulgate et son lot
de fantasmes et de contre-vérités.
Il livre un plaidoyer lumineux
pour la sociologie, et, plus généralement, pour les sciences qui
se donnent pour mission d’étudier avec rigueur le monde social.
Il rappelle que comprendre les
déterminismes sociaux et les
formes de domination permet de
rompre cette vieille philosophie
de la responsabilité qui a souvent
pour effet de légitimer les vainqueurs de la compétition sociale
et de reconduire certains mythes
comme celui du self made man,
celui de la « méritocratie » ou celui
du « génie » individuel.
Pour Bernard lahire, plus que la
morale ou l’éducation civique, les
sciences sociales devraient se trouver au cœur de la formation du
citoyen, dès le plus jeune âge. En
21
Je suis à toi, tu es à moi
BERNARD LAHIRE
BERNARD LAHIRE est profes-
combattre
développant la prise de distance
à l’égard du monde social, l’habitude d’observer, la conscience de
l’existence d’une multiplicité de
« points de vue », la connaissance
des mécanismes sociaux, elle
pourrait contribuer à former des
citoyens qui seraient un peu plus
sujets de leurs actions. n
Mercredi 17 février à 18 h
Dans le cadre des rencontres organisées avec L’équipe Simone-Sagesse (CERTOP, Université Toulouse
Jean-Jaurès). Débat avec Maryse JASPARD, autour de son livre Je suis à toi, tu es à moi : violence et
passion conjugales (Éditions Payot).
MARYSE JASPARD, sociologue
et démographe féministe, a dirigé
en 2000 l’enquête Enveff, première
enquête nationale sur les violences
envers les femmes en France.
Chercheuse associée à l’Ined, elle
a publié de nombreux articles et
ouvrages sur les thèmes de la vio-
Le règne des entourages
J.-M. EYMERI-DOUZANS, X. BIOY, S. MOUTON
mardi 19 janvier à 18 h
Rencontre avec Jean-Michel Eymeri-Douzans, Xavier Bioy et Stéphane
Mouton autour de l’ouvrage collectif Le règne des entourages : cabinets et
conseillers de l’exécutif (Presse de Sciences Po)
J.-M. EYMERI-DOUZANS est
professeur agrégé de science
politique, directeur adjoint de
Sciences Po Toulouse et ancien
directeur du Laboratoire des
sciences sociales du politique
(LaSSP). X. BIOY est professeur
agrégé de droit public à l’Université Toulouse 1 Capitole, dont il
dirige l’Institut Maurice Hauriou et l’Institut fédératif de la
recherche « Mutation des normes
juridiques ». S. MOUTON est
professeur agrégé de droit public
à l’Université Toulouse 1 Capitole.
PAS UNE LIGNE de la Constitution française ne les mentionne
et pourtant les « collaborateurs
de l’ombre », de moins en moins
discrets, qui entourent nos dirigeants politiques n’ont cessé de
prospérer au fil des régimes, au
point que notre Ve République
hyper-présidentielle est devenue
une République de conseillers.
Rien ne s’accomplit sans ou
contre eux. Quel paradoxe qu’aucun ouvrage savant ne leur ait
été consacré depuis plus de trente
ans ! Loin des polémiques et des
caricatures, ce livre répare l’oubli.
Il réunit une équipe d’historiens,
politistes, juristes, sociologues
et anthropologues, dont maints
spécialistes étrangers, ainsi que
d’anciens membres de cabinets.
Des « créatures » » du roi, comme
les désignait le Grand Siècle, aux
dir’cab’et jeunes entourages des
présidents Sarkozy et Hollande,
en passant par la « cabinetocratie » bruxelloise et les conseillers
de la Maison-Blanche, il montre
la généralisation du phénomène
à tous les échelons du pouvoir
dans les démocraties contemporaines. Érudit autant que savoureux, cet ouvrage ouvre des pistes
de réflexion pour enrichir le
débat sur le rôle et l’influence des
conseillers du Prince. n
lence et du viol, y compris dans
des ouvrages collectifs. Elle est l’auteure, dans la collection « Repères »,
de Sociologie des comportements
sexuels (La Découverte, 2005) et
Les Violences contre les femmes
(La Découverte, 2011).
Problème de société
La prise en compte des violences contre les femmes en
tant que problème de société
s’est consolidée au cours
des dix dernières années ; en
2010, la lutte contre les violences faites aux femmes a
été déclarée grande cause
nationale par l’État français. Mais que recouvre
le concept de violences
contre les femmes ? Comment identifier les formes
de violence ? Quelle est leur
ampleur ? Qui sont les victimes ?
Qui sont les agresseurs ?
La mondialisation de la reconnaissance des violences faites aux
femmes reste un élément majeur
du combat contre les inégalités
entre les sexes. Le chiffrage de
ces violences relève d’enjeux politiques et sociaux fondamentaux, à
l’échelon national et international.
Je suis à toi,
tu es à moi
Au cours des dernières décennies,
le voile du silence s’est levé sur la
violence conjugale, la parole s’est
libérée, la réprobation est devenue unanime. On sait maintenant
qu’en amont des coups, les violences verbales et psychologiques
constituent l’essentiel des violences au quotidien.
Pourtant il reste des complexités
à dénouer : comment expliquer
que, malgré les transformations
de la société et l’émancipation
des femmes, la relation de couple
puisse encore engendrer la domination absolue d’un partenaire
sur l’autre ? Pourquoi, « au nom
de l’amour », beaucoup acceptentelles de leurs partenaires des comportements qu’elles jugent par
ailleurs intolérables ?
Maryse Jaspard analyse les liens
ténus entre violence et passion
pour mieux les dissocier. Et
explique tous les processus, à
la fois intimes et sociétaux, de la
violence conjugale « ordinaire »
aujourd’hui. n
22
royal absolutisme
La mort de Louis XIV
JOËL CORNETTE
jeudi 21 janvier à 18 h
Rencontre avec Joël Cornette autour de la parution de son ouvrage La mort de Louis XIV aux éditions
Gallimard. La rencontre sera animée par Philippe Foro, maître de conférence en Histoire
contemporaine à l’Université Toulouse Jean-Jaurès.
JOËL CORNETTE est historien
et professeur d’Histoire moderne
à l’Université Paris 8. Ses travaux
portent sur la France de l’Ancien
Régime et plus particulièrement
sur la monarchie, notamment
au XVIIe siècle. Une partie de ses
recherches est également consacrée à l’histoire de la Bretagne et
plus particulièrement entre le XVIe
et le XVIIIe siècle. Il est notamment
l’auteur du Roi de guerre : Essai sur
la souveraineté dans la France
du Grand Siècle (1993) et de La
Mélancolie du pouvoir : Omer
Talon et le procès de la raison
d’État (1998).
1er septembre 1715
Cette journée fut la seule dont la
maîtrise aura échappé au Grand
Roi, lui qui se voulait l’ordonnateur tout-puissant de son royaume.
Interroger la portée de la mort de
Louis XIV conduit à reconsidérer
ce très long règne à l’aune du projet politique que ce prince avait
lui-même conçu. Ce livre donne à
comprendre ce qui s’éteint avec le
Roi-Soleil et ce qui va perdurer de
son œuvre.
Qu’est-ce qui fait la singulière
grandeur du siècle de Louis XIV ?
La gloire, le roi de guerre, l’« État
machine », la fabrique d’une
culture royale : ce souverain a
élevé le prestige de la monarchie
française au sommet de son rayonnement ; il a achevé d’installer
l’appareil administratif de l’Ancien
Régime en l’inscrivant dans le
patrimoine génétique de nos institutions ; il a érigé les « mystères
de l’État » en méthode de gouvernement et fait pénétrer l’éclat de
sa figure sacrée jusque dans la plus
humble chaumière.
Ce fut une ambition démesurée
que les épreuves finiront par dérégler. Quel contraste entre le jeune
monarque, ardent réformateur des
« années Colbert », qui imprime
sa marque à toutes les formes de
création dans l’effervescence d’un
Versailles baroque et festif, et le
vieux roi éprouvé par des guerres
interminables, cabré dans la dévotion en pourchassant les ennemis
de la foi !
La mort de Louis XIV clôt un chapitre de l’histoire de la royauté
et en ouvre un autre : à l’aube
du siècle des Lumières, c’est la
« manière » de ce monarque, c’est
aussi une certaine conception de
l’autorité, qui meurent avec lui. n
laïcité et république
23
L’utopie citoyenne
JEAN-MICHEL DJIAN
mardi 9 février à 18 h – À la médiathèque José Cabanis
Rencontre avec Jean-Michel Djian autour de la parution de son ouvrage L’utopie citoyenne.
Une histoire républicaine de la ligue de l’enseignement aux éditions La Découverte.
La rencontre est organisée en collaboration avec la Ligue de l’enseignement de Toulouse.
JEAN-MICHEL DJIAN est journaliste. Docteur en science politique et ancien rédacteur en chef
du Monde de l’éducation, il est
aujourd’hui producteur à France
Culture et auteur d’une quinzaine
d’essais et films documentaires.
Citons entre autres : Le triomphe
de l’ordre (Flammarion, 2000),
Politique culturelle, la fin d’un
mythe (Grasset, 2005), Ahmadou
Kourouma (Seuil, 2010), Solitudes
du pouvoir (Grasset, 2015) et Les
rimbaldolâtres (Grasset, 2015).
Mouvement citoyen
Dans le sillage du coup d’État du
2 
décembre 1851, une société
civile éprise des idéaux de la
Révolution française rêve d’instaurer une véritable démocratie.
JEUDI 7 JANVIER À 15 H 30
Lecture rencontre autour du livre Cœur de ciel pur d’Itsuo Tsuda. La rencontre
est organisée avec l’École Itsuo Tsuda et le Dojo Yuki Ho où se tiendra
du 4 au 15 janvier une exposition des calligraphies d’Itsuo Tsuda et,
du 8 au 10 janvier les portes ouvertes du dojo.
L’École Itsuo Tsuda œuvre à la diffusion de la philosophie pratique d’Itsuo Tsuda regroupant l’Aïkido et le Katsugen
Undo (Mouvement Régénérateur).
Itsuo Tsuda est né en Corée en 1914. À l’âge de vingt ans, son esprit d’indépendance et ses recherches le conduisent
en France. À la Sorbonne, il suit les cours de Marcel Granet (Sinologue), et de Marcel Mauss (Sociologue et Anthropologue), qu’il considérait comme ses deux Maîtres européens. Il restera leur élève jusqu’en 1940, date de son retour au
Japon. Ces études lui révèlent que certaines notions qui ont disparu des cultures occidentales, sont encore vivantes
dans sa propre culture, au Japon, où de grands maîtres savent encore transmettre cette connaissance et notamment
la notion de « Ki ». Il revient en France en 1970, où il s’installe définitivement pour propager ses idées sur le « Ki » à
travers deux pratiques, le Mouvement Régénérateur et la Pratique Respiratoire de Maître Ueshiba.
Édité à l’occasion du centenaire de la naissance du philosophe, ce recueil contient des textes inédits, écrits sur une
période de dix ans : entretiens, cahiers, invocation shinto de purification, extraits de presse, etc., présentant ses enseignements spirituels et sa philosophie de l’aïkido.
Un jeune utopiste du nom de Jean
Macé lance alors l’appel à la mobilisation citoyenne pour « lutter
contre l’ignorance ». Ainsi naît en
1866 la Ligue de l’enseignement.
Prônant une école obligatoire,
gratuite et laïque, ce mouvement
d’éducation populaire s’étend
rapidement à tout le territoire,
porté par un imaginaire républicain fécond. Ce mouvement va
inspirer des lois dont l’actualité
ne s’est jamais démentie : celles de
1881 et 1882 sur l’école, de 1901
sur les associations, de 1905 sur la
séparation de l’Église et de l’État.
Après la Seconde Guerre mondiale, la Ligue de l’enseignement
prend définitivement la tête du
combat pour défendre une laïcité
sans cesse remise en cause par
un clergé revanchard et puissant.
Forte de ses milliers d’enseignants
militants, elle élargit le périmètre
scolaire en organisant à grande
échelle la pratique sportive et
l’éducation artistique (ciné-clubs,
colonies de vacances, auberges
de jeunesse, séjours culturels à
l’étranger…)
Aujourd’hui, si la Ligue de l’enseignement n’échappe pas à la
crise de confiance qui s’est installée entre le pouvoir politique
et la société civile et qui fragilise l’ensemble des associations
d’éducation populaire, elle résiste
cependant. En effet, quel mouvement citoyen peut se prévaloir,
150 ans après sa naissance, de
réunir encore près de deux millions d’adhérents ? C’est donc
tout un pan méconnu de l’histoire
de notre République qui est ici
raconté, grâce à des documents
rares provenant des Archives
nationales et des contributions
inédites d’intellectuels et d’écrivains contemporains. n
24
7 janvier 2015
Ce que dit Charlie
Un silence religieux
PASCAL ORY
JEAN BIRNBAUM
mardi 2 février à 18 h
jeudi 4 février à 18 h
Rencontre avec Pascal Ory
autour de la publication chez
Gallimard de son ouvrage
Ce que dit Charlie.
Treize leçons d’histoire.
La rencontre sera animée par Olivier
Loubes, docteur en histoire
et professeur à l’université
de Toulouse Jean-Jaurès.
PASCAL ORY est professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne. Il est
l’auteur d’ouvrages portant sur l’histoire politique et culturelle
dans la société
occidentale.
Citons notamment
Les
intellectuels
en
France,
de l’affaire
Dreyfus à nos jours (Armand
Colin, 2002), L’histoire culturelle
(PUF, 2004) et le Dictionnaire des
étrangers qui ont fait la France
(Robert Laffont, 2013).
Analyser
En janvier 2015 la France fut prise
par surprise. Mais elle s’est, aussi,
surprise elle-même. Aux deux
massacres ont répondu des centaines de marches républicaines,
dont la polémique autour de ceux
« qui n’étaient pas Charlie » n’a pas
réussi à occulter la profonde signification politique.
L’événement est entré dans l’histoire. Il est entré aussi dans la géographie, sous le regard de l’étranger, lui-même témoin, acteur ou
victime du drame. Drame, au
reste, ou tragédie ? Le massacre à
Charlie-Hebdo a mis face à face
deux radicalismes : une extrême
gauche vieillissante et un extrémisme religieux pour l’instant en
plein essor. Le massacre à l’Hyper
Cacher a confirmé la violence
d’une haine du Juif cultivée dans
certains milieux « issus de l’immigration ».
On a déjà beaucoup parlé de janvier 2015. Et ce n’est pas près
de finir. Ce qu’on essaye ici, c’est
d’analyser ce qui s’est passé, ce qui
se passe encore et, dans une certaine mesure, ce qui va se passer,
au travers d’une douzaine de clés
d’interprétation, qui vont de Sidération à Soumission, en passant
par Liberté d’expression, Laïcité
ou Religion. n
25
fondamentalisme
Rencontre avec Jean Birnbaum autour de son ouvrage Un silence religieux. La gauche face
au djihadisme publié aux éditions du Seuil.
JEAN BIRNBAUM est le directeur du Monde des livres. Il est l’auteur de plusieurs essais, notamment
chez Stock : Leur jeunesse et la
nôtre, l’espérance révolutionnaire
au fil des générations (2005), Les
Maoccidents : un néoconservatisme à la française (2009) et plus
Journal d’une adolescente juive sous l’Occupation
NICOLE ZIMERMANN
samedi 16 janvier à 17 h
Rencontre avec Nicole Zimermann autour du livre Journal d’une adolescente juive sous l’Occupation paru
aux éditions Privat.
NICOLE ZIMERMANN vit à
Toulouse. Aujourd’hui retraitée,
elle a été journaliste à France 3
Sud de 1979 à 2014. Elle est l’auteur de deux ouvrages aux Éditions Privat, Quai des oranges
(2005) et Artemoff, le dernier
centaure (2009).
MARIE HURSTEL, née Crémieux est juive. Elle a quinze ans,
en 1943 et elle et sa famille sont
obligés de se cacher sous un faux
nom pour échapper à la police
qui déporte les juifs… Elle ne sait
pas encore ce qu’est exactement
cette déportation mais, comme
ses parents, elle se doute bien qu’il
vaut mieux y échapper. Malgré sa
fausse identité elle confie à son
journal intime toute la vérité sur
elle et sa famille… Un journal
qu’elle tiendra fidèlement toute
sa vie, où elle racontera comment une famille privée de son
père se débrouille pour survivre,
comment la jeune fille qu’elle est,
a malgré la guerre, ses premiers
émois sentimentaux, comment
la peur d’être découverte ronge
ses nuits et ses jours. Un journal
qu’elle conservera précieusement et qu’elle a eu la générosité
de confier à sa belle-fille Nicole
Zimermann, pour tenter de faire
connaître la vie d’une petite fille
juive cachée sous un faux nom
pendant la guerre. n
récemment Les désarrois d’un fou
de l’État (Albin Michel, 2015).
Politique spirituelle
Alors que la religion redevient partout une force politique, la gauche
semble désarmée pour affronter
ce retour de flamme. C’est qu’à
ses yeux, le plus souvent, la religion ne représente qu’un simple
symptôme social, une illusion qui
appartient au passé. Incapable de
prendre la croyance au sérieux,
comment la gauche comprendrait-elle l’explosion du fondamentalisme ? Comment pourrait-elle
admettre que le djihadisme soit
aujourd’hui la seule cause pour
laquelle des milliers de jeunes
Européens sont prêts à aller mourir loin de chez eux ? Et comment
accepterait-elle que ces jeunes sont
loin d’être tous des déshérités ?
Là où il y a de la religion, la gauche
ne voit pas trace de politique. Dès
qu’il est question de politique, elle
évacue la religion. Bref, elle n’envisage plus la possibilité de cette
puissance qui domina si longtemps l’Occident et que le philosophe Michel Foucault nommait la
« politique spirituelle ». Voilà pourquoi, quand des tueurs invoquent
Allah pour semer la terreur en
plein Paris, le président socialiste
de la France martèle que ces attentats n’ont « rien à voir » avec l’islam.
Éclairant quelques épisodes clefs
de cet aveuglement (de la guerre
d’Algérie à l’offensive de Daech
en passant par la révolution islamique d’Iran), ce livre analyse, de
façon vivante et remarquablement
documentée, le sens d’un silence
qu’il est urgent de briser. n
organisation
Manager sans se renier
JEAN-PAUL BOUCHET, BERNARD JARRY-LACOMBE
mardi 12 janvier à 18 h
Rencontre avec Jean-Paul Bouchet et Bernard Jarry-Lacombe
autour de leur ouvrage Manager sans se renier paru aux éditions
de l’Atelier. La rencontre est organisée en lien avec la CFDT cadres.
JEAN-PAUL BOUCHET est
secrétaire général de l’Union
confédérale des cadres CFDT après
avoir travaillé pendant 25 ans dans
diverses entreprises.
BERNARD JARRY-LACOMBE
est responsable du centre de formation Crefac, après avoir piloté
l’Observatoire des cadres.
Équilibre entre
autorité et pouvoir
Qu’ils évoluent dans un grand
groupe ou officient au sein d’une
PME, les managers subissent une
forte pression. Surtout depuis
que les structures de ressources
humaines, elles aussi passées au
tamis, ont été allégées.
L’encadrant assume en plus de
ses objectifs de business, la gestion de proximité de ses équipes.
Accessoirement, il absorbe et
même gère le stress de son propre
supérieur hiérarchique. Pour
couronner le tout, les attentes de
l’entreprise à son égard ne sont
pas toujours en phase avec ses
propres valeurs. Sans même parler d’actes délictueux, certaines
décisions relatives aux conditions
de travail, à l’équité en matière de
rémunération, de promotion et de
recrutement, des choix environnementaux et de développement
durable peuvent le heurter.
Entre baisser la tête et obéir en se
reniant et claquer théâtralement
la porte, il y existe une voie, celle
du courage, qu’explorent JeanPaul Bouchet et Bernard JarryLacombe.
Leur ouvrage, préfacé par Laurent Berger, patron de la confé-
dération, préconise d’« articuler
valeurs et pratiques de management ». Les chefs et petits chefs
doivent d’abord balayer devant
leur porte, en trouvant l’équilibre
entre autorité et pouvoir, loyauté
et exemplarité. C’est plus facile à
dire qu’à faire, mais ce n’est pas
une mission impossible, comme
l’indiquent de nombreux témoignages dont le livre est truffé. Les
auteurs se gardent bien de donner
des leçons et encore moins d’emprunter le sentier de la morale.
Tout en livrant quelques pistes
de réflexion sur l’art de diriger,
ils abordent les points sensibles
que sont le manque d’autonomie
dont souffrent certains dans les
grandes entreprises, la dictature
Les risques du travail
M. DRULHE, S. VOLKOFF, V. HÉLARDOT, J.-C. GUIRAUD
mercredi 13 janvier à 17 h
« Risques du travail : de la “maladie négociée” à la promotion du “bien-être au travail” ». Rencontre
avec Marcel Drulhe, Serge Volkoff, Valentine Hélardot et Jean-Claude Guiraud auteurs des ouvrages
Les risques du travail. Pour ne pas perdre sa vie à la gagner (La Découverte, 2015) et Santé au travail :
pour une nouvelle dynamique (éditions Octares).
de la performance et des procédures. À les en croire, quelques
leviers permettent de limiter ces
entraves, à défaut de les ôter : jouer
collectif, reconnaître le travail des
autres, à commencer par celui de
ses propres collaborateurs, sans
oublier d’entretenir ses propres
compétences. n
Paradoxalement,
dans
notre
monde à hautes exigences sanitaires, il paraît normal que le travail fasse mal. Qu’il soit pénible,
qu’il provoque souffrances, usure
et pathologies dont témoignent
le vieillissement différentiel et les
écarts d’espérance de vie, qu’il soit
dangereux (en France 10 morts
par semaine liés aux accidents de
travail) : tous ces maux paraissent,
selon une vision fataliste, intrinsèquement liés au travail-même.
Comment comprendre cette
absence d’indignation citoyenne
et politique ? Pourtant, de multiples événements, dont la « crise
de l’amiante » est l’emblème, manifestent une remise en cause de ce
Autismes, les inquiétudes d’une psychanalyste
MARIE-DOMINIQUE AMY
vendredi 12 février 20 h 30
Rencontre avec Marie-Dominique Amy autour de son ouvrage Autismes, les inquiétudes d’une psychanalyste
paru aux éditions érès. La rencontre est organisée avec un discutant de la CIPPA de Toulouse (Coordination
Internationale entre Psychothérapeutes Psychanalystes s’occupant de personnes avec autisme).
MARIE-DOMINIQUE
AMY
est psychologue clinicienne et
psychanalyste. Elle est membre
fondatrice de la CIPPA depuis sa
création en 2004.
MARIE DOMINIQUE AMY
suit des enfants et des adolescents autistes et leurs familles
depuis quarante ans dont vingtsept ans dans le cadre d’un CMP
(suivis ambulatoires) et d’un
hôpital de jour où elle a créé en
1997 une unité de soins à temps
partiel pour très jeunes enfants
autistes (à partir de deux ans)
27
prévention
articulant la psychodynamique,
le TEACCH, l’orthophonie et
la psychomotricité. Son engagement auprès des familles et
des enfants autistes la conduit à
prendre la parole pour dénoncer
la rigidité, l’autoritarisme et la
standardisation des approches
dictées par le « troisième plan
autisme » qui mettent en danger
la liberté de choix des parents, les
approches individualisées et la
créativité des professionnels.
Elle revient sur la plupart des
mauvais procès intentés en sor-
cellerie contre la psychopathologie d’inspiration psychanalytique en pointant les aspects
idéologiques empêchant un vrai
débat. Dans une logique d’ouverture, elle développe des propositions d’observation, d’évaluation
et de suivis pluridisciplinaires et
transdisciplinaires, incluant la
psychanalyse, les approches éducatives, les recherches des neurosciences et les pratiques intégratives entreprises avec les enfants
TED/TSA. n
fatalisme : ne serions-nous pas à un
moment de changement de posture ? Un premier pas a été franchi
grâce au décret de novembre 2001
qui impose à tout employeur la
tenue d’un Document Unique rendant compte de l’évaluation des
risques professionnels dans son
établissement ainsi que des moyens
de prévention mis en œuvre.
Pour expliciter et approfondir ces
facettes des enjeux de santé au
travail et leur place dans la santé
publique, pour débattre des difficultés à élaborer une réelle prévention des risques du travail, nous
vous proposons une rencontre
avec quelques auteurs de deux
ouvrages :
Les risques du travail. Pour
ne pas perdre sa vie à la
gagner sous la direction de
Annie Thébaud-Mony, Philippe Davezies, Laurent Vogel,
Serge Volkoff
Depuis les années 1990, les conditions de travail se sont peu à peu
imposées dans le débat social.
Mais la situation reste critique. Les
risques traditionnels n’ont pas disparu. De plus, certaines « améliorations » n’ont fait que déplacer et
dissimuler les problèmes.
Santé au travail : pour une
nouvelle dynamique. Constats
et ouvertures sous la direction de Pierre Jansou et Marcel
Drulhe
L’affaire de l’amiante tout comme
la récurrence des suicides sur les
lieux de travail a mis sous la rampe
médiatique l’enjeu de la santé au
travail, bien au-delà des questions
classiques d’accidents du travail et
de maladies professionnelles, obligeant les institutions judiciaire et
législative à s’en saisir au travers
de l’obligation de résultat de sécurité et de l’évaluation des risques
professionnels. Cet ouvrage veut
témoigner que la voie de la prévention est praticable. n
F. Depero, esquisse de costume pour un personnage-locomotive.
26
Réflexions sur la violence
Le théâtre Garonne, la compagnie lato sensu museum / Christophe Bergon, la libraire
Ombres Blanches et Camille de Toledo proposent autour de la création du spectacle
Sur une île – texte Camille de Toledo, mise en scène Christophe Bergon – une journée de débats intitulée De la violence. Cet événement est organisé dans le cadre
des rencontres House on Fire le samedi 23 janvier 2016.
Contexte
Depuis le début du xxie siècle, nos sociétés sont traversées par des flux de violence. En France,
ces dernières années. À Toulouse, à Paris. En Europe, la violence fait retour dans des villes
qui se croyaient en paix. Londres, Madrid, Bruxelles, Oslo. Mais qui est violent ? Et qu’est-ce
qui nous fait violence ? Quelles voies théoriques et pratiques dessiner au-delà des « guerres
des extrêmes » qui nous dépossèdent ? Entre la violence des tueurs et la violence des États,
peut-on maintenir un horizon d’espoir, d’émancipation ?
Samedi 23 janvier 2016
14 h 30 – 16 h / Ateliers du théâtre Garonne
Violences sécurité
et répression
De la violence terroriste à la violence d’État, de la violence djihadiste à la violence d’extrêmedroite, comment déjouer ces
« fictions de guerres » qui tuent
pour de vrai ? Comment se
détacher, par la pensée, par le
corps, de ces logiques médiatiques, sacrificielles, qui nous
requièrent ?
Avec :
• François Cusset / Écrivain,
traducteur, éditeur et essayiste
en histoire des idées, F. Cusset est professeur d’études
américaines à l’Université de
Paris Ouest Nanterre. Il vient de
signer, dans la Revue du Crieur,
une enquête sur les nouvelles
formes de luttes, point de
départ d’un essai en cours sur
la violence politique.
• Camille de Toledo / Écrivain,
plasticien, théoricien, il est
l’auteur de la pièce Sur une
île présentée cette saison au
Théâtre Garonne. Dans L’Inquiétude d’être au monde et de
l’opéra La Chute de Fukuyama,
il évoque le « retour thymotique », qui caractérise pour lui
le xxie siècle, un retour des verticalités tragiques.
Deux livres :
Une histoire (critique) des
années 1990 : de la fin de tout
au début de quelque chose,
F. Cusset (La Découverte,
2014)
La Yougoslavie implosait. Les
zapatistes prenaient les armes
au Chiapas. Au Rwanda on
exterminait en masse. Partout
les bulles spéculatives enflaient.
Le bug de l’an 2000 faisait frémir. La techno et l’ecstasy multipliaient les nuits blanches. De
grandes grèves réveillaient le
mouvement social, et les idéologues qui croyaient avoir vaincu
le communisme commençaient
à déchanter, pendant qu’Internet balbutiait et qu’un Président
américain jouait son poste sur
une gâterie. Autre temps, si
récent pourtant, que ce temps
où prit naissance notre présent. Car dans l’intervalle entre
la chute d’un mur, à Berlin, et
l’écroulement de deux tours, à
New York, c’est un monde qui
a basculé, le nôtre,
un monde et les certitudes qui le portaient :
les certitudes de la fin
(de l’Histoire, du social,
de la guerre…), vite corrigées par le retour de
l’événement, et celles du
bonheur néolibéral sans
alternative.
L’inquiétude d’être au
monde, C. de Toledo
(Verdier, 2012)
L’inquiétude est le nom que
nous donnons à ce siècle
neuf, au mouvement de
toute chose dans ce siècle.
Paysages ! Villes ! Enfants !
Voyez comme plus rien ne
demeure. Tout bouge et flue.
Paysages ! Villes ! Enfants !
L’inquiétude est entrée dans
le corps du père qui attend son
fils, comme elle s’est glissée, un
jour, dans le corps des choses.
C’était hier. C’est aujourd’hui.
Ce sera plus encore demain.
L’inquiétude de l’espèce, des
espèces, et de la Terre que l’on
croyait si posée, qui ne cesse
de se manifester à nous, sous
un jour de colère, au point qu’on
la croirait froissée ou en révolte.
Discussion avec le public
Samedi 23 janvier 2016
16 h 30-18 h 30 / Ateliers du théâtre Garonne
Scène de violence
Si la violence est la question
centrale du théâtre – des Grecs
à Shakespeare jusqu’aux
formes contemporaines – qu’en
est-il des mutations esthétiques
et performatives qui mettent en
scène la violence aujourd’hui :
guerre, terrorisme, violence
policière ? Dans le flux commun
des images – écrans, consoles
– fictionnelles et réelles, où la
violence est la loi de l’action, du
suspense, le théâtre garde-t-il
une place à part ? La catharsis
et les corps « réels » qu’il met
en scène nous permettent-ils
de sortir, paradoxalement, de la
fiction ?
Avec :
• Marie José Mondzain / Philosophe spécialisée dans l’étude
du rapport aux images, écrivaine et directrice de recherche
au CNRS. Elle a notamment
publié Homo Spectator et
L’image peut-elle tuer ? au
Seuil. Dans cet ouvrage, elle
aborde la violence du visible
non pas en termes de contenu
mais de dispositif.
• Christophe Bergon / Metteur en scène et scénographe
du spectacle Sur une île. Il
construit son travail dans une
relation étroite entre la plasticité de la scène et les écrits
d’auteurs contemporains. Il a
travaillé notamment à partir de
l’œuvre d’Antoine Volodine sur
le rôle de la fiction et la question
du Post Exotisme.
• Camille de Toledo / Il travaille actuellement à un livre
théorique avec le peuple qui
manque, Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros, pour une
pensée potentielle.
• Nathalie Paton (sous
réserves) / Chercheure
associée au Laboratoire d’études et de
recherches
appliquées en sciences
sociales à Toulouse, et postdoctorante à l’université
d’Aix-Marseille au
Laboratoire
des
sciences de l’information et des systèmes.
Ses recherches
traitent de la
médiatisation
dans la constitution des phénomènes sociaux,
des relations
sociales et des
identités.
Deux livres :
L’image peut-elle tuer ?,
Ch. Bergon (Bayard, Nouvelle
édition, 2015)
La philosophe M.-J. Mondzain poursuit sa réflexion sur
l’image et aborde ici la violence du visible non pas en
termes de contenu mais de
dispositif. Un détour préalable
par l’histoire, pour analyser le
statut de l’image dans les pensées chrétiennes et réformées,
s’avère nécessaire. Au sein
de l’« empire du visible » dans
lequel nous vivons désormais,
l’image est-elle responsable de
la violence qu’on lui prête ? Non,
répond l’auteur en substance.
Pas plus que l’image de la vertu
ne rend vertueux, l’image du
crime ne transforme le spectateur en criminel. L’image n’est
pas violente intrinsèquement,
elle ne tue pas par elle-même.
C’est la manière dont on la
reçoit et l’usage qu’on en fait qui
est potentiellement dangereux.
School shooting, N. Paton
(éditions MSH)
Fusillade à l’école au cours de
laquelle un élève cible son institution afin de tuer le plus grand
nombre possible d’élèves et
d’enseignants avant, le plus
souvent, de se suicider ou
de tomber lui-même sous les
balles des forces de l’ordre.
Comment comprendre un tel
déchaînement de violence ?
À partir des vidéos postées
par les auteurs des fusillades
sur Internet et des réactions
qu’elles suscitent, Nathalie
Paton décrypte l’univers culturel et mental de tueurs qui
répondent de façon singulière
aux injonctions contemporaines
qu’il y a à être un individu et à
se réaliser dans un contexte de
crise ou de déclin institutionnel.
Un éclairage inédit sur la violence, y compris terroriste,
ainsi que sur son usage et sa
médiatisation par l’Internet,
phénomène qui constitue un
des grands défis, intellectuel et
politique, des temps contemporains.
Discussion avec le public
30
pier paolo pasolini
Accattone / Œdipe roi
Out 1 : spectre / pour Jacques Rivette
HERVÉ JOUBERT-LAURENCIN
JEAN-LOUIS COMOLLI
jeudi 28 janvier à 18 h
Rencontre avec Hervé Joubert-Laurencin à l’occasion de la parution de l’ouvrage Pier Paolo Pasolini,
Accattone. Scénario et dossier (éditions Macula). La rencontre est organisée dans le cadre du rendezvous « Le film du jeudi » à la Cinémathèque de Toulouse. À 21 h projection du film Œdipe roi
de Pier Paolo Pasolini. Séance présentée par Hervé Joubert-Laurencin.
H.
JOUBERT-LAURENCIN,
professeur d’esthétique et d’histoire du cinéma à l’Université Paris
Ouest Nanterre La Défense, est
notamment l’auteur de Pasolini,
portrait du poète en cinéaste aux
Éditions des Cahiers du cinéma
(1995).
Accattone
Pier Paolo Pasolini, Accattone.
Scénario et dossier
Volume 1. Avant d’être un film,
Accattone est un scénario d’une
grande beauté. Le livre-film paraît
à Rome en 1961 suivant ainsi la
tradition italienne : longtemps, en
effet, il fut presque systématique
qu’un film s’accompagnât d’un
livre. Or celui d’Accattone a pour
particularité d’être entièrement
de la main du poète-cinéaste. Le
31
jacques rivette
scénario est précédé de quatre
textes de Pier Paolo Pasolini. Cette
traduction française reprend intégralement le livre-film d’Accattone
paru à Rome aux éditions FM en
1961, avec les 58 photographies
qui l’accompagnaient.
Volume II. Le Dossier qui accompagne la publication du scénario
d’Accattone, réalisé par Pier Paolo
Pasolini en 1961, regroupe un
ensemble d’analyses consacrées à
la genèse du film, à ses enjeux figuratifs et formels, aux relations qu’il
entretient avec la peinture. Une
documentation sur les archives
d’Accattone, une bibliographie et
une fiche technique complètent
ce volume.Avec 64 photographies
de repérage, de plateau, photogrammes et dessins de la main de
Pasolini. n
JEUDI 14 JANVIER À 18 H
À la médiathèque José Cabanis
Rencontre avec Nelly Desseaux-They autour
de la parution de son ouvrage La Dynastie Virebent dans la collection « Les maîtres batisseurs
de Toulouse » aux éditions Terrefort
NELLY DESSEAUX-THEY historienne de l’art, archiviste, spécialiste de
l’œuvre de ces briquetiers céramistes, membre de l’association Patrimoine et Paysage à Launaguet : les amis de Virebent, propose ici une
relecture de leurs productions à la lumière de nouvelles recherches.
Durant quatre générations, ou deux siècles, le décor, l’architecture
et l’urbanisme de Toulouse et de sa région ont été profondément
marqués par une dynastie de céramistes, briquetiers, architectes,
ingénieurs et géomètres : les Virebent. Ils ont œuvrés pour arpenter,
mesurer et lever les plans de diverses communes.
dimanche 10 janvier à 14 h
En Janvier 2016 l’ABC fête ses 50 ans!
L’ABC est une salle mythique pour les cinéphiles toulousains, située au cœur de la ville près de
la place Saint-Sernin. Du ciné-club des années 50, il devient le tout premier cinéma de Toulouse
et presque de France à décrocher le label « Art et essai » en 1965. À l’occasion des 50 ans de l’ABC
projection du film OUT 1 de Jacques Rivette et rencontre avec Jean-Louis Comolli invité à présenter
le film et l’auteur.
APRÈS AVOIR ÉTÉ l’un des
animateurs du ciné-club d’Alger,
présidé par Barthélémy Amengual,
en 1959-1960, Jean-Louis Comolli
vient à la Sorbonne à Paris, en philosophie, et surtout, rue d’Ulm, à
la Cinémathèque d’Henri Langlois,
où il rencontre J. Douchet, J.-A.
Fieschi et J. Eustache. Découverte
de l’amitié et du cinéma. Il entre
aux Cahiers du cinéma en 1962,
en devient rédacteur en chef en
1965 et le reste, avec Jean Narboni,
jusqu’en 1973. Les deux succèdent
alors à J. Rivette. Entretemps, premières réalisations dans l’équipe de
« Cinéastes de notre temps », avec
J. Bazin et A. S. Labarthe. Premier
film documentaire en juin 68, avec
Labarthe : Les Deux Marseillaises.
Premier film de fiction en 1974 :
La Cecilia. Puis L’Ombre rouge et
Balles perdues. En même temps,
passage au cinéma documentaire :
Tabarka 42-87. S’en suivent plus
de quarante « documentaires » et
quelques fictions. Mais le choix est
fait : en 1989, tournage de ce qui
sera le premier épisode de la série
Marseille contre Marseille, avec
Michel Samson. En tout, treize films
qui s’étendent jusqu’à aujourd’hui.
Out1
« Certains avaient déjà vu la version intégrale, Out1 : Noli me tangere, 12 h 55 de film réparties en
8 épisodes, dans une des rares
projections qui en ont été faites.
D’autres sa version courte, 4 h 30
quand même, sous-titrée Spectres.
Beaucoup n’en avaient vue
aucune. Personne ne fut déçu.
Voir Out1, c’est tomber dans le
trou du lapin d’Alice aux Pays
des Merveilles après avoir gobé
les bonbons magiques de Céline
et Julie (les héroïnes du film suivant de Jacques Rivette, Céline et
Julie vont en bateau, 1974). C’est
basculer dans un autre monde. Un
monde fou, où tout est possible,
mais rien n’est incohérent. Un
monde qui ranime, dans un 16 mm
splendide, le Paris de 1970, transformé pour l’occasion en un jeu
de piste géant, aussi grand que la
vie, où s’ébroue une ribambelle de
personnages fabuleux, sérieux et
drôles comme des enfants, libres
et inventifs comme des artistes
d’avant-garde. On vit le film autant
qu’on le voit.
Avec Out1, Rivette voulait porter
au plus loin l’expérimentation
commencée avec L’Amour fou
(1967), son film précédent. Jeter
au feu toutes les règles de narration, de production. Faire un film
entièrement improvisé, y compris
par les techniciens, s’en remettre
au hasard, à l’imprévu. Lancer
quelques idées aux acteurs, des
points de départ, à charge pour
eux de les développer comme
bon leur semble. Trouver, avec le
concours de Suzanne Shiffman,
scénariste créditée ici comme
co-réalisatrice, et de Jean-François
Stévenin, son assistant metteur en
scène, les cheminements secrets
qui permettront à leurs personnages de se rencontrer pour écrire
leur histoire, troquer le statut de
maître de marionnettes pour celui
d’alchimiste aiguilleur.
Out1 est une expérience de la
durée […].
Bouillonnant de vitalité, et d’une
forme d’optimisme propre à
l’époque, Out1 annonce en même
temps, déjà, l’échec des utopies.
C’est un film de deuil, porteur
d’une profonde nostalgie pour
la Nouvelle Vague, pour la bande
des quatre que formaient, à son
origine, Godard, Truffaut, Chabrol
et Rivette, et le compagnonnage
avec Éric Rohmer. Et un film de
renouveau, qui se donne a voir, a
posteriori, comme la matrice de
tout un pan du cinéma français
des années 1970, à commencer
par celui de Jean Eustache. » n
Isabelle Regnier, Le Monde
32
lire aux éclats
L’Éclat
Edmond un portrait de Baudoin
MICHEL VALENSI
EDMOND BAUDOIN
lundi 18 janvier à 18 h 30
« Avoir trente ans dans l’édition indépendante ». Création, Diffusion, Réception. Rencontre avec
Michel Valensi, fondateur et animateur des éditions de l’Éclat, qui ont trente ans depuis 2015.
Dialogue avec Isy Morgensztern.
Nous visiterons l’Éclat, la maison de
Michel Valensi, et son histoire, en
insistant sur ces trois mots :
CRÉATION, plus que Production, car le métier d’éditer est, on
le sait, un métier de « création »,
non seulement pour les qualités
de lecture et d’engagement qui
en sont incontournables, pour les
intuitions et les risques, pour les
talents composition qu’il requiert.
On peut ici confondre un peu le
véritable « créateur » (auteur) avec
le « producteur » (éditeur), ou du
moins les associer.
DIFFUSION, car les projets d’un
éditeur sont délibérément ceux
d’un engagement, celui du lien
d’une pensée, libre, et de lecteurs,
libres. Il faut à cet effet donner
confiance. Un projet d’édition tel
que celui de l’Éclat s’est vérifié
dans l’établissement d’un catalogue, dans une politique d’auteurs,
dans une promesse.
RÉCEPTION. C’est ici la partie
la plus difficile, la plus aléatoire,
particulièrement dans le domaine
des livres de L’Éclat, philosophie et
Sciences Humaines. On sait en effet
combien ce secteur est affecté, ou
plutôt bien trop « désaffecté » par
les lecteurs. La réception, c’est celle
du propos, de la liberté croisée et
saisie des créateurs et des destinataires, c’est aussi la possibilité économique donnée à la pérennité
d’une « entreprise ».
« […] L’éclat, comme toutes les
planètes anciennes, repose sur
un socle, qui est son catalogue, et
c’est vers lui que nous revenons
quand la tempête secoue la fragile
armature de papier. Maintenant
à l ’ e n c r e e t a u p i n c e a u 33
la tempête numérique s’est levée,
elle bouleverse notre monde et
c’est pourtant l’indécision qui la
conduit. Dans les innombrables
combinaisons de 0 et de 1, le
trouble règne. Pourquoi un monde
devrait-il en remplacer un autre ?
Encore le coup de la « nouveauté » ?
Encore le coup du progrès ? Et
après ? Le livre virtuel, puis plus de
livres du tout ? C’est un peu tout ça
(et bien d’autres choses, dont nous
pourrons discuter sur le blog tout
neuf du site tout neuf) qui nous a
incité.e.s à donner une année (ou
presque) de respiration à L’éclat,
à laisser souffler la bête pour ses
30 bougies. Revenir sur le travail
accompli, faire connaître notre
fonds, car c’est lui, et lui seul, qui
plaide pour la pérennité du livre.
Pour ce faire nous aimerions renforcer notre partenariat avec la
librairie indépendante, lieu unique
de découverte et d’échange, quand
elle a fait le choix, elle aussi, du
fonds, du catalogue, et continue de
susciter l’étonnement et le hasard
chez les flâneurs du jeune 21e
siècle. […] »
P. Farazzi & M. Valensi
JEUDI 28 JANVIER À 18 H 30
À l’institut Cervantes
Récital et rencontre poétique avec le poète Santiago Montobbio en compagnie de Laurie-Anne
Cathala. La rencontre est organisée en partenariat avec le Consul Général d’Espagne.
SANTIAGO MONTOBBIO né à Barcelone en 1966 est diplômé en
droit et en études hispaniques de l’Université de Barcelone et professeur à l’UNED. Il est l’auteur, depuis 1988, d’une œuvre poétique
remarquable traduite en plusieurs langues. En 2011, un ensemble
de sa dernière production poétique a été publiée sous le titre La
poésie est un fond d’eau marine (Éditions du Cygne), et en 2012 il
a reçu le Prix de Poésie Chasseur, raison pour laquelle l’éditeur Le
Chasseur abstrait va publier prochainement son nouveau livre en
France.
jeudi 28 janvier à 18 h/au rayon bd
Rencontre dédicaces avec Edmond Baudoin autour de l’ensemble de ses albums à l’occasion
de la projection à l’Utopia Toulouse du film de Laetitia Carton Edmond un portrait de Baudoin le
jeudi 28 janvier à 20 h 30.
Enfant, il se pensait « nul en tout
sauf en dessin » jusqu’au jour où
le dessin est devenu son quotidien. Dans Edmond, un portrait
de Baudoin, on retrouve Baudoin
face à la vie, face à ses réflexions,
ses rêveries de créateur, face à son
besoin de peindre l’existence.Avec
Éloge de l’impuissance, il défend
son « impuissance de dire », pour
lui tous ses livres lui servent finalement à exprimer cette fragilité.
De fait, cet éloge fait écho à ses
œuvres les plus personnelles, paru
pour la plupart à L’Association : Le
Portrait, Couma acò, Éloge de la
poussière et plus particulièrement
Le Chemin de Saint-Jean dont le
récit se situe à Villars. Edmond a
grandi dans ce village de l’arrièrepays niçois, où il passe encore tous
ses étés à dessiner et où la réalisatrice Laetitia Carton a tourné son
portrait. Dans la nature, dans les
montagnes, près de ses amis, de sa
famille, sources d’inspiration inépuisables. Cette bande dessinée,
contrepoint essentiel et indissociable du film, présente l’artiste
bousculé dans ses retranchements
les plus intimes. Du reste, les discussions complices avec la documentariste le poussent à exprimer
son rapport passionnel au dessin,
à la vie et aux Hommes. C’est le
portrait d’un auteur atypique, d’un
personnage unique, libre, humble
et attachant, dont l’existence s’enchevêtre souvent avec ses récits.
On le découvre ainsi poète, peintre
et philosophe. Edmond demeure
invariablement d’une grande générosité et d’une intense spontanéité
aussi bien dans son éloquence que
dans son art. n
Venez retrouver aussi Edmond
Baudoin au Festival du film
d’art de Saint Gaudens du 28
au 31 janvier 2016.
https ://www.facebook.com/
rencontresdufilmdart/
https ://fr-fr.facebook.com/
edmondlefilm
RAPPEL
jeudi 21 janvier à 17 h
Au rayon BD
Rencontre dédicaces avec Julie
Birmant et Clément Oubrerie,
auteurs de l’album Il était une
fois dans l’Est paru aux éditions
Dargaud.
mercredi 27 janvier à 17 h
Au rayon BD
Rencontre dédicaces avec Jakob
Hinrichs autour de l’album Hans
Fallada, Vie et mort du buveur
édité chez Denoël Graphic »
café littéraire/ 35
AU C AFÉ MIREPOIX
> lundi 25 janvier à 17 h 30
Classiques au détail, rencontre proposée
par Yves Le Pestipon. Guilleragues, Lettres
de la religieuse portugaise, folio, p. 75-76,
lettre I, du début à… « faux soupçons »
Les Lettres de la religieuse portugaise ont longtemps fait
débat quant à leur auteur. Étaient-ce lettres originales
d’une religieuse portugaise abandonnée par un cavalier
français ? Reflétaient-elles l’âme portugaise, comme
l’ont pensé certains portugais au XIXe siècle. N’était-ce
pas un roman ? Était-il envisageable que de si belles
lettres fussent écrites par une femme ? Rousseau, peu
confiant sur ce point dans le génie des femmes, et Voltaire ne partageaient pas le même avis. C’est tard dans le
vingtième siècle qu’un érudit démontra que ces lettres
étaient l’œuvre d’un certain Guilleragues, écrivain que
l’on avait oublié, et que l’on gagne à connaître. Son
chef-d’œuvre vaut infiniment. La connaissance qu’on a
désormais de son auteur n’en réduit pas les possibilités
d’émotion et de plaisir.
Petite « bibliographie » : Frédéric Deloffre, Lettres portugaises suivies de Guilleragues par lui-même, Gallimard,
1990/Eugène Green a présenté en 2009 un film inspiré
de l’œuvre de Guilleragues : La religieuse portugaise.
> lundi 1er février à 17 h 30
Classiques au détail, rencontre proposée
par Yves Le Pestipon. Diderot, La Religieuse,
livre de poche, p. 47-48, de « Cependant
les cloches sonnèrent » à « paraisse y être »
Les religieuses ne manquent pas en littérature française, tant leur voile est tentant pour les Don Juans,
scandaleux pour les féministes, démonstratif pour les
catholiques. La religieuse attire, irrite, fascine, révolte.
On espère la libérer, la lutiner, ou prier et agir avec elle.
Bernanos, La Fontaine, Rabelais, Laclos, ou Balzac ont
illustré diversement le personnage. Le cinéma n’est pas
en reste… Diderot, après fin des travaux d’Encyclopédie, a osé intituler « La religieuse » un de ses romans,
issu d’un jeu curieux avec un ami libertin. L’œuvre,
qu’il ne publia pas, eut une destinée sulfureuse. Le film
qu’en tira Rivette eut des difficultés avec la censure au
temps de de Gaulle… Quelle est donc, cette bombe – la
religieuse – pour que son image seule secoue durable-
ment le général et le particulier ? Nous lirons une page
du roman de Diderot pour tenter d’éprouver ce qui,
par le voile, fait parler.
Petite « bibliographie » : La religieuse, édition par Florence Lotterie, GF, 2009. En 2013, Guillaume Nicloux
a présenté un film : La Religieuse.
> lundi 18 janvier et 15 février à 17 h
« Leçons » de philosophie politique avec Isy
Morgensztern
Lundi 18 janvier : La société allemande au
XIXe siècle. Critique de la Raison pratique
Emmanuel Kant
Lundi 15 février : La société allemande au
XIXe et XXe siècle Fichte Nietzsche et Carl
Schmitt
Le cycle de « leçons » qui couvre le premier semestre
2016 poursuit l’enquête commencée l’année précédente : qu’est qu’une collectivité, en quoi est-elle une
nécessité dans un monde où domine le sujet autonome ? Ne plus avoir de collectivités lisibles (ou de
collectivités tout court) constitue aujourd’hui – en dépit
de ce qui est dit – un problème central, qui impose de
porter le regard sur les modèles passés. Les rendez-vous
de janvier et février 2016 continuent le cycle commencé
sur l’Allemagne. Les tourments des différentes composantes du peuple allemand en quête d’une unité longue
à venir et son recours pour ce faire à une sorte de théologie philosophique qui lui soit propre ont été à l’origine
de convulsions que l’Europe a eu à connaître et à traiter
le plus souvent dans la douleur.
36
/café littéraire
AU C AFÉ MIREPOIX
« Café Éthique » proposé par l’EREMIP (Espace de Réflexion Éthique Midi-Pyrénées)
> Lundi 11 janvier à 18 h
« Les nouvelles configurations
de la famille » avec Sophie Paricard,
MCU-HDR Institut National Universitaire
Champollion, Albi et Pierrette Aufière,
Avocate Honoraire, Médiateur
La famille est une institution fondamentale de la société
qui a connu des bouleversements importants. Depuis
les années 60, le droit de la famille a en effet sans cesse
été réformé avec une profusion de lois se succédant à un
rythme de plus en plus soutenu. L’adoption du mariage
homosexuel, l’assouplissement du divorce, la disparition de la distinction entre enfants légitimes et naturels
constituent les exemples les plus récents de cette sorte de
frénésie législative autour du droit de la famille. Cette
prolifération de réformes est surprenante à l’heure où
il est revendiqué que les affaires de famille soient reléguées dans le domaine privé ou confiées à la médiation
familiale. Mais on n’échappe pas à une demande croissante de lois pour tenir compte des familles recomposées, des familles monoparentales ou bien encore
homoparentales tandis que des problèmes nouveaux
surgissent comme la prise en charge des parents très
âgés. Il s’agira donc de jeter un regard éthique sur l’évolution du droit de la famille, les valeurs qui l’inspirent,
l’influence du droit européen mais aussi les points noirs
du système (le beau-parent, l’enfant incestueux, les
transsexuels).
> Lundi 8 février à 18 h
« La rencontre du patient et de
son médecin à l’heure d’internet »
avec Pierrik Fostier (chargé de mission –
département universitaire de DPC, faculté
de médecine Toulouse Rangueil)
et CatherineDupré-Goudable (EREMIP)
qui ont coopéré à l’ouvrage
La communication professionnelle en santé
dirigé par C. Richard et M-T Lussier
(à paraitre en janvier 2016)
« les Patients et les Médecins du XXIe siècle disposent
avec Internet d’un moyen de communication et d’information d’une puissance inégalée ».
Le développement de son utilisation soulève des questions nouvelles :
– Quelles conséquences les conséquences de cette intrusion dans le colloque Médecin-Patient ?
– Comment trouver une information fiable et valide
aux questions de santé ?
– Comment sauvegarder une vraie relation humaine à
travers ces outils ?
– L’usage d’Internet peut-il l’améliorer ?
– Les valeurs de l’Ethique, autonomie, bienfaisance,
non malfaisance, égalité, en sont-elles menacées ?
– « La médecine sans médecins » est-elle envisageable ? »
exposition « Bris Collé. Re-garder/Fixer ». Photographies d’assemblages par H. P. - V. G.
café littéraire/ 37
AU C AFÉ CÔTÉ COUR
> samedi 23 janvier de 12 h 30 à 14 h
Scène ouverte Slam
Scène ouverte slam, animée par SebSeb
10 h 30 : atelier d’écriture slam et expression scénique. Renseignements et inscriptions à [email protected]
> du 9 janvier au 1er février
Exposition « Bris Collés. Re-garder/Fixer ».
Photographies d’assemblages
par H. P. - V. G.
Vernissage vendredi 15 janvier à 17 h 30
Nous sommes au milieu des choses, des objets ordinaires du quotidien : Comme ces fragiles pièces de vaisselle, fabriquées de tout temps, ou ces éléments naturels
de l’environnement que sont les branches et les pierres.
Il ne s’agit pas de montrer ces objets dans leur apparence habituelle. Pas plus que de les exhiber fêlés, morcelés, éclatés, écrasés – même si c’est ainsi que tout finit.
L’exposition donne à voir des reconstructions d’objets
brisés. Ils n’ont pas été recollés pour les réparer et retarder leur déchéance, mais pour les montrer autres, réarrangés, fardés, au delà de leur usage normal, tels des
ready-mades refaits, déplacés, décalés.
> samedi 9 janvier
et samedi 13 février à 11 h
Cafés psy – animés par Serge Vallon
Ni conférence savante, ni consultation sauvage un
café psy vise modestement à faire circuler des savoirs
et des représentations sur nos processus psychiques
qu’ils soient individuels ou collectifs. Le premier
thème proposé sera l’Enfant. L’Enfant existe-t-il ?
Pourrait-on se demander tant cette représentation
sature d’évidence notre société occidentale comme
nos vies familiales. Enfant héros et victime, oracle
et ancêtre à la fois. Invention moderne pour l’historien Ariès, en croisière hasardeuse parmi les stades
logiques du développement selon Piaget, ou orphelin tragique accomplissant un destin aveugle pour
l’Oedipe de Freud ? On lui prend la main ou c’est
lui qui nous prend par la main ! Enfant enfoui en
nous, inconnu, « infamilier ». Nous en discuterons.
D’abord résultat d’un travail plastique, ces objets
revendiquent de nouveaux regards, que fixe la photographie. Il s’agit d’un travail de réinvention de l’objet
réassemblé, qui exprime un nouveau parti pris des
choses. L’objet réassemblé, ainsi mis en image, mis en
scène, nous assujettit, nous interroge.
> du 2 février au 29 février
Exposition « Bestiaire » – Fatiha El Hadi
Il y a dix ans, Fatiha El Hadi dessinait des vêtements,
des tissus et de son expérience de styliste, elle a gardé
une sûreté de trait qui donne à son bestiaire un rendu
saisissant. Ce n’est pas à une nouvelle étude naturaliste
qu’elle nous convie ; car si aucun détail ne lui échappe,
c’est surtout le graphisme même des formes animales
qui l’intéresse. Un sens certain de la couleur, avec des
teintes souvent vives, mais raffinée concourt à la rêverie, celle des céramiques d’Iznik et des soieries d’Extrême-Orient, influences orientales dans lesquelles
l’artiste se reconnaît, retrouve ses origines.
38
samedi 16 janvier à 14 h 30
Au café Mirepoix
Atelier d’illustration scotch dessins
avec Nicolas Lacombe.
NICOLAS LACOMBE est plasticien, illustrateur, originaire de Toulouse. Il développe une nouvelle approche
tactile en 2D en proposant une illustration graphique
à partir de sa pratique originale : l’utilisation du scotch.
Vecteur d’une énergie contenu, le scotch est ici
médium actif, prélevant la couleur sur des papiers de
magazines. Dialogue fragile entre violence douce et
déchirures contrôlées. Entre matière et transparence,
entre figuration et abstraction, le résultat du jeu de
contraste procure des impressions visuelles riches et
vivantes.
Nombre de participants : 10. Âge : de 6 à 11 ans.
Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse
05 34 45 53 37 ou jeunesse [at] ombres-blanches.fr
Une participation de 3 € par enfant est demandée.
jeunesse
samedi 30 janvier 11 h
39
mardi 2 février à 14 h 30
Au café Mirepoix
Lectures dédicaces
avec Hélène Duffau
autour de son dernier
roman paru à l’école
des loisirs : Vingt et une
heures.
Présentation des nouveautés pour Lire
et Faire Lire.
Vingt et une heures, c’est le
moment où une jeune fille
pleine de doutes apprend à faire
confiance à la vie. Un récit bouleversant et juste sur la
difficulté de grandir, sur le devenir soi, sur le manque
d’un être cher et les relations fraternelles.
Écrivaine amatrice de pluriactivité, Hélène Duffau travaille l’écrit, elle travaille aussi avec l’écrit : elle a publié
de nombreux romans, récits, nouvelles. Consultante
indépendante, elle anime des ateliers d’écriture, donne
des formations sur mesure, pratique des sessions de
team-building, rédige des articles pour la presse… Elle
enseigne également la création littéraire en master, à
l’université Jean-Jaurès. « C’est une matière qui me plaît.
Tout le monde écrit aujourd’hui, mais il est important
de s’ajuster aux supports. » Elle est installée à Toulouse
depuis 1994. Pour ce moment de rencontre, elle nous
lira des extraits de son dernier livre Vingt et une heures,
publié par l’École des loisirs ou bien d’autres textes, à
sa convenance ! Nous lui donnons carte blanche, en
toute confiance.
samedi 30 janvier à 14 h 30 à 16 h
Magali Bardos, Poémier, éditions Tourbillon.
Au café Mirepoix
Atelier d’illustration avec Magali Bardos
C’est avec plaisir que nous reconduisons le cycle
des ateliers auxquels Magali Bardos nous convie
depuis trois ans maintenant, en s’appuyant sur
son expérience d’illustratrice, pour les éditions
Actes Sud Junior et Pastel entre autres. Quatre ateliers créatifs au fil des saisons. Thème : travailler
à une réalisation en utilisant les techniques mises
en œuvre dans un album de Magali (publiés chez
Actes Sud Junior ou Pastel).
Nombre de participants : 10. Âge : de 6 à 11 ans.
Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse
05 34 45 53 37 ou jeunesse [at] ombres-blanches.fr
Une participation de 3 € par enfant est demandée
jeunesse
Nous continuons un programme de réunions,ouvertes
à toute personne intéressée par la littérature pour la
jeunesse, et tout particulièrement par les albums : dans
la masse des parutions, et en parallèle du travail mené
sur le rayon pour faire émerger ce que nous pensons
le meilleur, nous nous proposons de mettre en lumière
un certain nombre de nouveautés. Inscription obligatoire auprès du rayon Jeunesse 05 34 45 53 37 ou à [email protected] Gratuit.
SOIRÉE SPÉCIALE
FRANÇOIS PLACE
mardi 2 février à partir de 17 h 30
Au rayon jeunesse
Séance de dédicaces à 17 h 30 suivie
d’une rencontre tous publics à 19 h 15.
Soirée spéciale à la rencontre de
l’illustrateur et auteur François Place.
La rencontre est organisée à l’occasion
d’un partenariat entre le Centre Régional du Livre, le réseau Canopé et la
librairie Ombres Blanches. Vous seront
proposées plusieurs rencontres avec
François Place (programme détaillé à
venir) ainsi qu’une exposition originale dans les murs de Canopé tout le
mois de février
Après des études de communication visuelle à l’école
Estienne.
(1974-1977), François
Place travaille pendant quelques années
comme
illustrateur
indépendant pour des
studios de graphisme
et de publicité et des
journaux professionnels.
Ses premières illustrations de livre
jeunesse paraissent
dans la bibliothèque rose chez
Hachette.
En
1985, il rencontre
Pierre Marchand,
éditeur de Gallimard Jeunesse,
qui remarque ses dessins
d’adolescent. Il illustre une série de livres documentaires sur le thème des voyages et de la découverte du
Émilie Vast, Couac, éditions MeMo.
monde, et fait ses premiers pas dans l’écriture. Il contribue à d’autres ouvrages documentaires, et commence
à illustrer des romans,
notamment ceux de Michael Morpurgo. En 1992,
paraît aux éditions Casterman Les derniers géants,
puis, entre 1996 et 2000, les trois tomes de l’atlas des
géographes d’Orbæ, un atlas imaginaire construit sur
le principe de l’alphabet. Cet atlas est prolongé en
2010 par Le secret d’Orbæ. Il est réédité sous forme
d’un coffret en octobre 2015. Depuis 2014, François
Place travaille sur une série à destination des 7-9 ans :
les aventures nautiques, tendres et drôles de Lou Pilouface à bord du navire piloté par son oncle Boniface. 5
volumes à ce jour, un sixième est en préparation pour
le printemps 2016.