Paracha_Berechit_Dav..

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Paracha_Berechit_Dav..
La paracha de la semaine est la section hebdomadaire de la Torah, lue rituellement chaque Chabbat, dans toutes les synagogues à travers le monde
à la mémoire du regretté Grand Rabbin de Paris David Messas (zatsal)
PARACHA BERECHIT : Sur le bien et le droit
par le Grand Rabbin David Messas (zatsal)
Grand Rabbin de Paris de 1995 à 2011
Chaque année lorsque l’on recommence l’étude de la Torah, que l’on se penche de nouveau sur les textes du
Pentateuque, on peut penser avoir un sentiment de déjà-vu, on peut imaginer que nous savons déjà tout ce
que l’on va relire pour une énième fois, on peut croire qu’une certaine routine s’installe, et que l’on perd
quelque peu la fraicheur du commentaire.
La réalité est tout autre. Chaque fois que l’on recommence l’étude des textes, on a réellement l’impression de
découvrir un livre nouveau, tout à fait inédit. On prend conscience que les commentaires qui nous touchent
sont nouveaux, que jamais on ne les a entendus. En effet l’inspiration est illimitée.
La Torah, en étant toujours la même, est capable de se renouveler. Elle nous permet de retrouver le sens de
ce que nous faisons, de ce que nous sommes, de ce que nous devons être. C’est pour moi une source de joie
extraordinaire.
Pour revenir sur ce livre de Béréchit, au delà de tous les commentaires connus jusqu’à présent, je voudrai
m’arrêter sur un mot en particulier qui nous concerne tous et nous engage dans le quotidien de notre action
communautaire, morale et relationnelle, d’une manière générale.
De quoi s’agit-il ?
Le livre de Béréchit s’appelle dans les commentaires rabbiniques le sefer hayachar. C’est « le livre de la
rectitude ». Ce livre a été gratifié de ce nom, parce que, nous disent les maîtres, il relate la vie des trois
patriarches Abraham, Isaac et Jacob qui sont appelés des yécharim. Ce sont des personnalités qui ont conduit
leur vie selon les principes de la rectitude.
Le mot yachar a une signification très importante.
Il est écrit : Or Zaroua Latsadik OuLéychré Lev Simha. « La lumière se répand sur les justes (tsadik), et la joie
sur les cœurs droits (yachar) ». (Psaumes 97 – 11)
Il existe une lumière pour le tsadik, tandis que celui qui est yachar, qui est intègre, qui marche dans la
rectitude, a un cœur qui est toujours joyeux.
Ce qui laisse entendre que la rectitude va au delà de la justice, au delà du concept de tsadik, au delà du
devoir.
En d’autres termes, notre responsabilité en tant que juif, nous engage à assumer au quotidien la pratique des
préceptes de la Torah, des mitsvot.
© Consistoire de Paris
Ce que nous devons faire est inscrit dans la Torah. Il y a six cent treize commandements. On doit étudier la
Torah, on doit pratiquer les mitsvot, par exemple, pratiquer le chabbat, manger cacher.
Nous venons de sortir de la période la plus importante de l’année en ce qui concerne la vie religieuse. Nous
devons nous trouver à la synagogue pour toutes les fêtes, écouter le shofar etc…
Tout cela concerne la vertu du tsadik. Un tsadik est celui qui observe la loi. Il est peut être parfois en difficulté
dans l’organisation de sa vie en fonction des préceptes de la Torah, du fait des différentes formes de
tentations qui existent en ce monde, ou du fait de différents empêchements qui rendent la vie religieuse
difficile. Le tsadik est celui qui a le courage d’appliquer la loi, dans son intégralité, dans son accomplissement
le plus fort.
Il semble qu’au delà du tsadik, il y a quelque chose de plus grand encore qui s’appelle le Yachar. On peut être
tsadik et ne pas être yachar. Nos patriarches n’ont pas été seulement des tsadikim, ils étaient aussi des
yécharim.
C’est ce qualificatif de yachar qui est resté dans notre mémoire. Il nous présente les patriarches comme des
références essentielles de la vie morale.
Mais comment définir le Yachar ? Le texte de la Torah nous apprend qu’au delà de l’application de la loi, qui
est nécessaire, mais qui n’est pas suffisante, il est une injonction extrêmement importante faite à travers ce
très important verset :
« Véassita hatov vahaychar bééné hachem élokhékha ». Fais ce qui est droit (yachar) et juste (tov) aux yeux du
Seigneur. (Deutéronome 6 – 18)
Tu pratiqueras le droit et ce qui est le juste aux yeux de D.ieu.
Les commentaires expliquent, Rachi en particulier : le juste, vis à vis de D.ieu, et le droit vis à vis du prochain.
En d’autres termes, on peut réussir la loi vis à vis de D.ieu en ayant une conscience parfaitement tranquille. En
se disant : « J’ai réalisé tout ce que D.ieu m’a demandé. J’ai pratiqué avec beaucoup de finesse, de
compréhension, de minutie les lois de la Torah, je n’ai rien à me reprocher » et pourtant, peut être que l’on
n’a pas été été yachar vis à vis de son prochain. Peut-être a-t-on utilisé la loi sans qu’elle réponde à une
exigence morale.
La Torah a laissé, à coté des devoirs, des six cent treize mitsvot, un espace dans lequel doit se déployer la
morale qui est la morale du Yachar
Les textes décrivent les Israélites contemporains du second temple comme des tsadikim. Ils étudiaient la
Torah. Ils pratiquaient les mitsvot. Le beth hamikdach, le Temple fonctionnait. Le peuple juif comptait en lui
de nombreux sages et le temple a été détruit.
Cette destruction a été rendue possible par le fait qu’en ce temps, la loi n’était pas accomplie en fonction de
la rigueur des exigences de la vie morale et de la responsabilité que nous avons vis à vis d’autrui dans la
rigueur nécessaire. Ils ont pratiqué le tov, ils n’ont pas pratiqué le yachar.
© Consistoire de Paris
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Si Abraham, Isaac et Jacob constituent une référence essentielle pour nous, c’est parce que évidemment, ils
ont respecté la loi, mais aussi et surtout parce qu’ils l’ont appliqué de manière à ce qu’elle devienne un moyen
de compréhension, un moyen de soutien, un moyen de solidarité, vis à vis des autres.
Telle est la définition du Yachar. Quelqu’un peut utiliser la loi pour satisfaire son égoïsme, son honneur, pour
se mettre en avant, ou pour ses intérêts personnels. Il a appliqué la loi et personne ne peut connaître son
intention intérieure. Il a été tsadik. Il n’a pas été yachar.
Quelqu’un qui est yachar, et cela se perçoit dans ses petites attentions quelquefois, est celui qui au-delà de sa
piété, est intègre. Je ne parle pas d’intégrisme, pas du tout, je parle d’intégrité. Il faut être intègre. Etre
intègre, va au delà de l’application stricte de la loi.
Il est une dimension particulière qui est : "Etre intègre" qui fait que l’on applique la loi pour qu’elle puisse être
comprise, compréhensible, et source de bonheur dans les relations que nous pouvons avoir avec les autres,
dans le sens de la responsabilité que nous avons de leur propre bonheur et de leur propre vie.
Je conclurai sur ce mot, notre responsabilité dans le cadre du livre de Béréchit, c’est évidemment d’accomplir
nos devoirs, mais delà de cela, c’est la rectitude.
Veassita hayachar vehatov beené hachem élokékha « Tu feras ce qui est droit (yachar) et juste (tov) aux yeux
du Seigneur » (Deutéronome 6 – 18)
© Consistoire de Paris
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