Les instruments de la politique commerciale
Transcription
Les instruments de la politique commerciale
Les instruments de la politique commerciale - tarifs: source de revenu et protection des industries nationales -Spécifiques : montant fixe par unité de bien importé (exemple: 100 € par voiture) -Ad-valorem: fraction de la valeur du bien (10% du prix d’une voiture) - barrières non tarifaires: -Quotas d’importations, d’exportations, accords volontaires d’exportation, barrières réglementaires, administratives… Analyse en équilibre partiel (un seul marché) -2 pays : Nation (importateur), Etranger (*) (exportateur) -Prix d’autarcie du bien plus élevé dans Nation - CPP, pas de coût de transport -Dérivation de la courbe de demande d’importation de Nation: import = demande - offre - courbe d’offre d’exportation de Etranger: export* = offre* - demande* -Équilibre mondial: demande – offre = offre* - demande* - ou : demande + demande* = offre + offre* P P D S PA P1 MD S1 D1 Q D1 -S1 Q 1 P* P* D XS* S P*1 P*A D*1 S*1 Q* S*1 –D*1 Q* P XS* MD PW QW Q Droit de douane spécifique: T P D S XS* D* S* T PT PW P*T MD QT QW Q 2 -Avec le droit de douane le prix dans Nation est PT - L’offre de Nation augmente et la demande de Nation diminue: la demande d‘importation diminue - l’offre d’exportation doit aussi diminuer à QT (nouveau montant des exportations et des importations - le prix hors tarif P*T diminue : l’offre de Etranger diminue, la demande de Etranger augmente - le prix pour les consommateurs de Nation augmente moins que le tarif t : une partie est absorbée par la baisse du prix dans Etranger -Si pays petit (pas d’effet sur l’équilibre mondial): pas d’effet sur le prix étranger et : PT = PW + T P S D Petit pays PT PW S1 S2 D2 D1 Q Taux effectif de protection (TPE) = tarif seulement si production seulement de bien finaux exemple: valeur d ’une automobile sur marché mondial = 8000 € et valeur des composantes/pièces détachées = 6000 € pays 1: protection assemblage secteur automobile droit de douane sur les voiture importées de 25% d ’où prix sur marché domestique: 10 000€ (8000+2000) avant tarif: assemblage se fait si coût ≤ 2000€ (VA) après tarif: assemblage se fait si coût ≤ 4000€ (VA) TPE = 100% > taux de protection nominal de 25% 3 pays 2: protection secteur pièces détachées - tarif 10%; prix sur marché domestique: 6600€ - avant tarif: assemblage peut se faire si coût ≤ 2000€ - après tarif: assemblage peut se faire si coût ≤ 1400€ TPE = - 30% (= -600/2000) TPE = t −t VT − VW = t A + PC A C VW PA − PC VT et VW valeurs ajoutées avec et sans protection tA et tC tarifs automobile et pièces détachées PA et PC prix (mondiaux) automobile et pièces détachées Coûts et bénéfices d’un tarif: -Mesuré par l’impact sur le surplus du consommateur, le surplus du producteur et le revenu du tarif pour le gouvernement -Surplus du consommateur: montant du gain fait par le consommateur en faisant la différence entre le prix qu’il aurait été prêt à payer et le prix effectivement payé - Surplus du producteur: montant du gain fait par le producteur en faisant la différence entre le prix auquel il était prêt à vendre et le prix effectif (prix = coût marginal, donc gains pour les facteurs de production) P D Surplus consommateur a P1 P2 b D1 D2 Q 4 P Surplus producteur S P1 d P2 c S1 P S2 Q S D Petit pays PT a c b PW S1 S2 d D2 D1 Q Petit pays (pas d’effet du tarif sur PW) -Perte surplus consommateurs: - (a + b + c + d) - Gain surplus producteurs: + a -Gain revenu gouvernement: T x Import = (PT - PW ) x (D2 - S2 ) = + c Si valeur marginale d’un gain ou d’une perte d’un groupe sont égales Perte nette pour la société: - b –d 5 P S D grand pays PT a’ b’ T PW c’ d’ e’ P*T S1 S2 D2 D1 Q grand pays (prix mondial diminue à P*T) Effet net = e’ – b’ – d’ c’ + e’ : revenu du tarif e‘ : gain lié à l’amélioration des termes de l’échange e‘ et d’ : pertes d’efficience b’ : pertes de distorsion de production (trop grande quantité produite, mauvaise allocation des ressources, coût marginal trop élevé) d’: pertes de distorsion de consommation (trop faible consommation) Tarif optimal unilatéral (sans rétorsion) pour un grand pays Bien être national T Tarif optimal Tarif prohibitif 6 Calcul du tarif optimal: pays importateur exploite son pouvoir de monoposone tel que coût marginal de la dernière unité importée = bénéfice marginal de cette dernière unité importée (pT) Coût total et coût marginal: C = PT* IM = PT* ( D2 − S 2 ) ( IM ∂PT* ∂C ∂P * = PT* + IM T = PT* 1 + * PT ∂IM ∂IM ∂IM * eIM = PT* ∂IM IM ∂PT* * = PT* 1 + 1 / eIM ) élasticité prix de l ’offre étrangère de bien importé Bénéficie marginal = coût marginal ( * PT = PT* (1 + t ) = PT* 1 + 1 / eIM ) donc * t = 1 / eIM tarif optimal tend vers zéro quand pays devient petit c ’est-à-dire que prix étranger ne change pas avec changement d ’importation du pays valable que en l ’absence de représailles de l ’autre pays P* Perte pays exportateur D Les consommateurs gagnent! Mais le pays perd dans son ensemble: Voir le débat sur l’impact des tarifs sur les importations agricoles des PVD S Consommateurs: +f PW g f e h Producteurs: -f-g-e-h Perte nette*: -g-e-h P*T Perte mondiale: -b-d+e-g-e-h=-b-d-g-h Q* 7 Guerre commerciale entre deux grands pays appliquant le tarif optimal sur leurs importations UE Libre-échange Tarif optimal US US UE US UE Libre-échange 10 10 -10 20 Tarif optimal 20 -10 -5 -5 dilemme du prisonnier équilibre de Nash : ( -5 , -5) équilibre de Pareto (négociation): ( 10 , 10) Évaluation empirique du coût: cas petit pays (prix mondial inchangé) , tarif ad-valorem t Effet net = – b - d b = 1/2 (PT - PW) . (S2-S1) = 1/2 t PW (S2-S1) d = 1/2 (PT - PW) . (D1-D2) = 1/2 t PW (D1-D2) Perte nette = PN = b + d = 1/2 t PW ∆IM PN/PIB = 1/2 t PW ∆IM/Y élasticité prix demande d ’importation = P IM donc: PN/PIB = 1 t 2η IM W 2 ∆IM PW =ηIM IM tPW Y Protection d ’autant plus coûteuse que: - t droit de douane élevé - importations (sans droit de douane) représentent une part importante du PIB : PW IM Y - élasticité prix des importations est élevée ηIM = −5 PW IM = 0,25 Y t = 0,20 coût: 0.5*(0.2)*(0.2)*5*0.25= 2,5% du PIB 8 P S D PT a c b PW S1 S2 d D2 + effet du « rent seeking »: le tarif crée une rente pour les producteurs, ils sont prêts à dépenser jusqu’au montant a pour garder le tarif (lobbystes, corruption etc…) Coût supplémentaire: a D1 Q Études empiriques sur le coût des mesures protectionnistes dans les pays industrialisés 1. Hufbauer et Elliot (1994): États-Unis coût de la protection (21 secteurs étudiés) pour le consommateur: 70 Mds $ ou 1,3% du PIB; Coût par emploi sauvé = 170 000$ 2. Messerlin (2001): UE coût de la protection (22 secteurs étudiés) pour le consommateur européen = 90 Mds € ou 6% du PIB UE (PIB espagnol) - taux effectif global de protection (incluant l ’équivalent tarifaire des barrières non tarifaires mais pas les barrières réglementaires): 12% pour l ’UE (plus élevé que d ’autres études) Grosses différences entre secteurs: sucre: 117%; produits laitiers (104%); engrais (33%); habillement (31%); automobiles (17%); papier journal (7%) Coût par emploi sauvé (3% du total des emplois) = 220 000€ (10x le salaire moyen dans ces secteurs) - coût élevé de la protection, coût « dispersé », autres moyens pour sauver ou créer des emplois 9 P Subside exportation: grand pays D S PS a c b S PW d f e g P*S exportations Q Subside aux exportations pour un grand pays (prix mondial diminue à P*S) Consommateurs: - a - b Producteurs: + a + b + c Coût du subside: - (b + c + d + e + f + g) Perte nette = - (b + d + e + f + g) Autre possibilité: transfert forfaitaire du montant: a + b + c aux producteurs; pas de perte d’efficience et de termes de l’échange Cas d’un petit pays: perte nette = - b - d P D Subside exportation = prix garanti , le cas de la PAC; Equivalent subside = Pgaranti - P*S S Pgaranti Coût du prix garanti P*S exportations Q 10 Quotas d’importation: restriction directe sur la quantité importée (via licences données aux sociétés importatrices) -importations limitées à M2 < M (en libre échange) -Prix payé par les consommateurs augmente comme dans le cas du tarif (au prix initial la demande excède l’offre domestique plus les importations) -Équivalent tarif limitant les importations à M2 -Pas de recette pour le gouvernement (sauf si licence vendue aux enchères aux exportateurs étrangers) - Rentes du quota va aux détenteurs de licence d’importation (d ’où corruption pour acquérir la rente) - Uruguay Round: « tarifer » les quotas P S D Petit pays Montant du quota: M2 PT Rente du quota: - Etat (si licences vendues) PW - Importateur (détenteur de licence) - Exportateur S1 P S2 D2 D1 Q Quota du sucre aux Etats-Unis, 1997 D S PUS=444 a c b PW = 222 d Q M. tonnes 2 8 11 12 11 - quota: 3 millions de tonnes (11 – 8) - Prix intérieur est le double du prix mondial - Estimation des courbes de demande et d’offre: si libre échange et prix mondial ne change pas : importations augmenteraient à 10 millions de tonnes (12 – 2) Perte consommateurs: a + b + c +d = 2,55 Mds $ (8,5/pers) Gain des producteurs: a = 1,11 Mds $ Distorsion de production: b = 0,66 Mds $ Distorsion de consommation : d = 0,11 Mds $ Rente pour exportateurs: c = 0, 66 Mds $ Perte nette: b + c + d = 1, 43 Mds $ Accords volontaires d ’exportation: variante des quotas d ’importation où la rente va aux exportateurs étrangers - « volontaire » (en fait imposé sous la pression du pays importateur) - se sont beaucoup développés dans les années 1980-1990 (acier, voitures, textile accord Multifibres etc…) - très coûteux pour le pays importateur car rente va aux exportateurs étrangers (selon études environ 2/3 du coût pour les consommateurs) - manière d ’ acheter les gouvernements étrangers Les barrières « frictionnelles »: réglementations sanitaires, environnementales … etc qui augmentent davantage le coût de production pour les étrangers que pour les producteurs nationaux exemple: En Suède, toutes les voitures doivent avoir des essuis-glaces sur les phares; augmente plus le coût pour le voitures étrangères que pour SAAB ou Volvo Lobby des constructeurs domestiques pour définir les réglementations en leur faveur - difficile de séparer réglementation pour l ’intérêt public/protectionnisme (bœuf aux hormones) - dans ce cas rente est « détruite » par l ’augmentation du coût de production 12 P S D Barrière frictionnelle Coût total: b+c+d +a si lobbying sur la réglementation P avec réglementation a c b PW S1 S2 d D2 D1 Q Tarifs et quota en situation de monopole - comportement de monopole impossible en situation de libre échange: le monopoleur ne peut fixer son prix au dessus de PW . Produit tel que MC = PW < PM ; QF < QM mais consommation: DM < DF - avec droit de douane. Permet d ’augmenter son prix à PW < PW + T < PM Q - avec un quota: restreint importations à donc demande au monopoleur = D - Q = DQ - prix plus élevé avec quota que tarif: avec tarif le monopoleur se comporte comme en CPP (mais avec prix plus haut); avec quota garde monopole (mais avec demande plus faible) Effet d ’un tarif en concurrence imparfaite P MC MR PM PW +T PW D QF QT QM DT DF Q 13 Non équivalence entre quota et tarif en concurrence imparfaite P MC Q = D − DQ PQ ou Imports avec tarif PW +T PW D DQ MRQ QQ QT Q L ’effet d ’un tarif en équilibre général (petit pays): - 2 biens (IM et EX) - tarif ne change pas leur prix relatif dans le monde: p*= p*IM / p*EX p = (1+t) p*: perçu les producteurs nationaux augmente augmentation de la production de IM (baisse de la production de EX) de QF à QT revenu du tarif reversé aux consommateurs nouvelle droite de budget: passe par nouveau point optimal de production QT doit être valorisé aux prix internationaux équilibre commercial (aux prix mondiaux): p*IM IM = p*EX EX ou p*IM (CIM - QIM ) = p*EX (QEX - CIM ) ou p* = p*IM / p*EX= (QEX - CIM ) / (CIM - QIM ) donc pente de la droite de budget = prix mondial Donc: baisse des importations et des exportations, baisse de l ’utilité 14 EX P*(1+t) P* QF UF QT UT IM Équivalence des instruments de taxation tarif = taxe sur la consommation + subvention à la production si objectif est d ’augmenter la production du secteur des imports, mieux vaut faire une subvention à la production sans avoir l ’effet de distorsion d ’une taxe sur la consommation Principe général d ’économie publique: l ’instrument le plus efficace pour atteindre un objectif est celui qui s ’attaque directement à cet objectif Pourquoi utilisation des tarifs alors que plus coûteux en bien-être? - transfert moins transparent sur le plan politique EX P*(1+s) P* QF UF US QT UT IM 15 Les tarifs en présence d ’échec de marché: la théorie du second rang - analyse coûts-bénéfices d ’un tarif en terme de surplus des consommateurs et producteurs: hypothèse d ’absence d ’échec de marché: les surplus mesurent parfaitement les coûts et bénéfices - faux si échec de marché: l ’augmentation de la production peut permettre (en plus du surplus du producteur) de: - employer des travailleurs au chômage ou sousemployés - gains d ’expérience, de technologie… Si: - marché du travail ne fonctionne pas bien (chômage) - marché du capital ne fonctionne pas bien (le capital ne va pas dans les secteurs à haut rendement social, ne prend pas en compte les externalités positives induites dans certains secteurs) accroissement de la production permet un: bénéfice social marginal pas capturé par le surplus du producteur dans ce cas il existe toujours un tarif optimal non nul P D S PT a PW S1 b S2 D2 D1 Q € c Bénéfice social marginal Q 16 tarif optimal: maximise c - a - b exemple de la théorie du second rang: non-intervention sur un marché n ’est optimale que si tous les autres marchés fonctionnent bien une création de distorsion sur un marché (le tarif) peut améliorer le bien-être en compensant les distorsions existantes sur les autres marchés (travail, capital) ici: problème dans le fonctionnement interne de l ’économie peut justifier l ’instauration de distorsions dans les relations économiques externes Plus généralement, faux de dire que la théorie économique offre une argumentation sans exception (ou dogmatique) en faveur du libre-échange Critiques de ce type d ’argument: - argument du second rang valable que si augmentation de production ne peut être par un instrument plus direct - subvention à la production meilleur instrument : permet d ’éviter les distorsions crées pour les consommateurs Principe général de politique publique: il faut corriger les échecs de marché de la manière la plus directe possible Les politiques commerciales sont des politiques de « second rang » pour corriger des problèmes internes sur le marché de l ’emploi, du capital etc… Pourquoi choix d ’instruments non efficaces plutôt que d ’instruments plus directs: économie politique - seconde critique: si vrai que analyse coûts bénéfices traditionnelle ne prends pas en compte certains bénéfices des tarifs, ne prends pas non plus en compte d ’autres coûts - exemple: études sur lien entre commerce et corruption, étude sur 75 pays (Transparency International) déterminants de la corruption Corruption = - 1,61 log (PIB/hab) - 0,53 log (Import/PIB) + 0,78 log (part des ressources nat./exports) + autres facteurs - coefficients significatifs - effet du commerce = 1/3 de celui d ’une ↑ de PIB/hab 17