Titrages acido-basiques - Le Repaire des Sciences
Transcription
Titrages acido-basiques - Le Repaire des Sciences
Chimie – Terminale S Chapitre 5 Cours Titrages acido-basiques Le lait est un liquide biologique qui se dégrade par transformation du lactose en acide lactique. Le titrage de cet acide est un moyen de contrôler la qualité du lait : 1 degré Dornic (°D) correspond à 0,1 g d’acide lactique par litre de lait ; un lait de vache frais titre entre 13 et 18 °D. Comment procède-t-on pour ce « titrage » d’acidité ? 1 − Généralités et rappels sur les titrages acido-basiques 1.1 − Principe d’un titrage acido-basique Réaliser un titrage acido-basique, c’est déterminer la concentration de l’acide ou de la base contenu(e) dans une solution, en utilisant une réaction acido-basique appelée réaction de titrage. Cette réaction doit être rapide univoque : elle ne doit pas être perturbée par d’autres réactions qui consommeraient ou produiraient les réactifs ou les produits impliqués dans la réaction de titrage totale Si la solution titrée est une solution d’acide, on y verse progressivement une solution titrante de base, de concentration connue. De même, si la solution titrée est une solution de base, on y verse progressivement une solution titrante d’acide, de concentration connue. NB : différence entre dosage et titrage Doser une espèce dans une solution signifie déterminer la concentration de cette espèce dans la solution. Un titrage est une méthode de dosage mettant en oeuvre une réaction chimique entre l'espèce à doser et un réactif convenablement choisi, appelé réactif titrant (l'espèce à doser étant l'espèce titrée). 1.2 − Equivalence d’un titrage acido-basique L’ajout de titrant doit permettre de repérer un moment privilégié où les réactifs titrant et titré sont entièrement consommés : l’équivalence. A l’équivalence, les réactifs titrant et titré sont introduits dans les proportions stoechiométriques. Si on note V le volume de réactif titrant versé et VE celui versé à l’équivalence, Pour V < VE, le réactif titrant est limitant Pour V > VE, le réactif titré est limitant Dans le cas d’un titrage acido-basique, à l’équivalence, la quantité de matière de base ou d’acide apportée par la solution titrante est égale à la quantité de matière d’acide ou de base initialement présente dans la solution titrée. En effet, les nombres stoechiométriques correspondant à l’acide et à la base sont égaux à 1. A l’équivalence, la relation entre les réactifs est donc simple, nacide introduit = nbase introduite C’est cette relation d’équivalence qui permet de déterminer la concentration inconnue. En classe de 1ère S, les titrages acido-basiques ont été effectués par suivi conductimétrique et colorimétrique ; le principe reste le même dans le cas des titrages acido-basiques avec suivi pHmétrique, seule la méthode de suivi change. 2 − Suivi conductimétrique d’un titrage acido-basique Dans le cas d’un titrage conductimétrique, on suit la conductivité de la solution titrée au fur et à mesure qu’on y verse la solution titrante. Ceci permet la détermination de l’équivalence. 1 Chimie – Terminale S Chapitre 5 Cours G ou σ Exemple 1 : titrage d’une solution d’acide chlorhydrique par une solution d’hydroxyde de sodium. L’équation du dosage s’écrit H 3O (aq ) HO (aq ) 2 H 2O(l ) L’évolution de la conductivité σ de la solution titre en fonction du volume V d’hydroxyde de sodium versé est donné sur la figure ci-contre. Au cours de ce titrage, la conductivité de la solution titrée s’écrit H 3O H 3O HO HO Na Na Cl Cl Au début du titrage, on ajoute des ions HO– qui sont immédiatement consommés par les ions H3O+ dont la quantité diminue : globalement, la conductivité diminue. Après l’équivalence, les ions H3O+ ont totalement disparu et on continue à ajouter des ions HO– qui ne sont plus consommés : la conductivité augmente globalement. C’est la rupture de pente qui marque le point d’équivalence : c’est le point d’intersection entre les deux évolutions précédentes. On le détermine d’autant plus précisément que l’on a de points éloignés de part et d’autre de l’équivalence. Exemple 2 : Titrage d’une solution d’acide éthanoïque par une solution d’hydroxyde de sodium. L’équation de la réaction de titrage est CH 3COOH (aq ) HO (aq ) CH 3COO (aq ) H 2O(l ) L’évolution de la conductivité σ de la solution titrée en fonction du volume V d’hydroxyde de sodium versé est donnée sur la figure cicontre. 2 Chimie – Terminale S Chapitre 5 Cours Dans le cas d’un dosage acido-basique suivi par conductimétrie, l’équivalence est généralement donnée par l’intersection de deux droites de pentes différentes. Ces droites représentent l’évolution de la conductivité de la solution titrée avant et après l’équivalence. Remarques : pour observer de telles droites, le volume versé de solution titrante au cours du titrage doit être petit devant le volume de la solution titrée initialement introduit. Par ailleurs, dans ce genre de titrages, c’est paradoxalement le plus loin de l’équivalence qu’il est intéressant d’avoir des points expérimentaux… Exercice : à l’aide des conductivités molaires ioniques, savoir expliquer l’allure croissante/décroissante des courbes. Solution : dans le cas précédent (exemple 2), la conductivité s’écrit CH 3COO CH 3COO HO HO Na Na Avant l’équivalence, l’ajout d’ions HO– (intégralement consommés) conduit à la production d’ions CH3COO– : la conductivité augmente donc globalement. Après l’équivalence, l’ajout d’ions HO–, qui ne sont plus consommés, se traduit également par une augmentation de la conductivité globale ; la pente est plus raide car la conductivité molaire des ions HO– est bien plus grande que celle des ions CH3COO–. C’est cette différence de pente qui permet de repérer le point d’équivalence à la rupture de pente. 3 − Suivi pH-métrique d’un titrage acido-basique 3.1 − Dispositif expérimental et titrages étudiés La solution à titrer est placée dans un becher : par exemple, un volume Va de solution d’acide de concentration en soluté apporté ca supposée inconnue. On y ajoute de l’eau distillée pour que la sonde du pH-mètre trempe convenablement dans la solution. La burette est remplie d’une solution de base, de concentration en soluté apporté cb, dont on verse progressivement un volume V dans la solution titrée, sous agitation, en relevant au fur et à mesure les valeurs du pH. Pour mettre au point une méthode de titrage pH-métrique, on étudie tout d’abord le titrage de solutions de concentration connue. Le volume équivalent est ainsi connu avant le titrage, ce qui permet de mettre en évidence les caractéristiques de l’équivalence. C’est ce que nous avons fait dans le TP n°6. Le montage est donc le suivant. pH-mètre ?? 3 Chimie – Terminale S Chapitre 5 Cours Exemple 1 : on titre Va = 10,0 mL de solution aqueuse d’acide chlorhydrique H 3O (aq ) Cl (aq ) de concentration en solution apporté ca = 1,0.10−2 mol.L−1 par une solution d’hydroxyde de sodium Na (aq) HO (aq) de concentration en soluté apporté cb = 1,0.10−2 mol.L−1. Exemple 2 : on peut remplacer la solution d’acide chlorhydrique par une solution d’acide éthanoïque CH3COOH de même concentration. 3.2 − Volume équivalent attendu 3.2.1 – Exemple 1 A l’aide de l’équation de titrage, H 3O (aq ) HO (aq ) 2 H 2O(l ) on peut dresser le tableau d’avancement : équation de la réaction état du système avancement état initial 0 état intermédiaire x état final xf H3O+(aq) nH3O+ caVa caVa − x caVa − xf + HO–(aq) nHO– cbVE cbVE − x cbVE − xf = 2 H2O (l) nH2O solvant A l’état final, puisque nous sommes à l’équivalence, caVa − xf = 0 et cbVE − xf = 0. On en déduit caVa cbVE c’est-à-dire encore cV VE a a cb A.N. : VE 1, 0.102 10, 0.103 10, 0.103 L 10, 0 mL 1, 0.102 3.2.2 − Exemple 2 Pour l’exemple B, la réaction de titrage CH 3COOH (aq ) HO (aq ) CH 3COO (aq ) H 2O(l ) Ayant la même stoechiométrie que celle de l’exemple 1, le volume équivalent attendu sera le même que dans l’exemple 1 si l’on part avec les mêmes quantités initiales. 3.3 − Détermination de l’équivalence 3.3.1 − Titrage d’un acide La courbe de titrage pH-métrique donne la variation du pH en fonction du volume V de titrant (hydroxyde de sodium ici) versé. 4 Chimie – Terminale S Chapitre 5 Cours pH pH 14 14 13 13 12 12 11 11 10 10 9 9 8 8 7 7 6 6 5 5 4 4 3 3 2 2 1 1 0 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 0 vb Exemple 1 : dosage de l’acide chlorhydrique 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 vb Exemple 2 : dosage de l’acide éthanoïque Dans les deux cas, le pH croît avec le volume versé de solution titrante et présente un saut autour d’un volume particulier, V = 10 mL, qui correspond au volume équivalent que nous avons calculé. Pour ce volume, le coefficient directeur de la tangente à la courbe atteint un maximum (la tangente est verticale). Le volume équivalent correspond donc à l’abscisse du maximum de la courbe donnant dpH f (V ) , dV pH dpH f (V ) dV 14 13 12 11 pH f (V ) 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 vb Ceci constitue une première méthode de détermination du volume équivalent appelée méthode de la dérivée. Une précaution toutefois : s’agissant d’une méthode numérique, il faut s’assurer d’un maximum de points de mesure au voisinage du saut de pH. On utilise également une deuxième méthode, dite méthode des tangentes parallèles : on trace deux tangentes à la courbe, parallèles et placées de part et d’autre du saut de pH ; on trace ensuite la droite 5 Chimie – Terminale S Chapitre 5 Cours parallèle et équidistante aux deux tangentes : cette droite coupe la courbe de titrage au point équivalent E, d’abscisse VE. pH 14 13 12 11 10 9 On trace deux tangentes parallèles de part et d’autre du saut de pH. 8 On trace une 3ème droite, parallèle aux tangentes, et équidistante de ces dernières. Son intersection avec la courbe de titrage donne le point équivalent E E 7 6 5 4 3 2 1 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 vb Remarque : dans le cas du titrage de l’acide chlorhydrique par l’hydroxyde de sodium, le pH à l’équivalence est de 7,0. En effet, les ions H3O+ et HO− ont alors été introduits en quantités égales et ont entièrement réagi. On obtient à l’équivalence une solution de chlorure de sodium contenant autant d’ions oxonium que d’ions hydroxyde (ces deux ions étant issus de la réaction d’autoprotolyse de l’eau). Dans le cas du titrage de l’acide acétique par la soude, en revanche, le pH à l’équivalence est basique puisque le milieu contient à ce moment des ions acétate CH3COO–(aq) basiques et de l’eau. 3.3.2 − Titrage d’une base pH 14 13 12 Lors du titrage d’une solution de base par une solution d’acide, le pH décroît avec le volume versé de solution titrante et présente aussi un saut. 11 10 9 8 7 La détermination du point équivalent peut se faire à l’aide des deux méthodes présentées pour le titrage d’un acide (méthode de la dérivée ou méthode des tangentes parallèles). Exemple : exercice 15 p. 128. 6 5 4 3 2 1 6 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 va Chimie – Terminale S Chapitre 5 Cours 4 − Suivi colorimétrique d’un titrage acido-basique 4.1 − Principe Le volume à l’équivalence peut être déterminé grâce à un indicateur coloré convenablement choisi. Reprenons l’exemple 1 et ajoutons quelques gouttes de bleu de bromothymol (BBT) dans la solution d’acide chlorhydrique avant le titrage par une solution d’hydroxyde de sodium : à l’équivalence, le BBT vire du jaune au bleu. Dans un titrage colorimétrique, l’équivalence est repérée par le changement de couleur d’un indicateur coloré ajouté dans la solution titrée. Remarque : pour éviter de fausser la détermination du volume équivalent, on introduit seulement quelques gouttes d’une solution diluée d’indicateur dans la solution titrée (et non dans la burette). 4.2 − Choix de l’indicateur La discussion du choix de l’indicateur se fait en reportant la zone de virage de l’indicateur sur le graphique représentant la courbe pH = f(V) où V est le volume de solution titrante versée. pH N2 Indicateur 2 pHE M2 N1 Indicateur 1 E M1 V 0 On a tracé en bleu la zone de virage de l’indicateur 1 et en orange celle de l’indicateur 2. Pour l’indicateur 1, le virage commence quand le point M1 est atteint et se termine au point N1. Les abscisses de ces deux points étant très proches de VE, le virage de la solution titrée permet de déterminer précisément l’équivalence. L’indicateur 2 ne convient pas, car le volume 2 pour lequel le virage de l’indicateur se termine est trop éloigné de VE. Dans un titrage colorimétrique, on choisit usuellement un indicateur dont la zone de virage contient le pH du point équivalent. pH On superpose ici les zones de virage de plusieurs indicateurs colorés classiques aux courbes de titrage de solutions d’acide chlorhydrique par des solutions d’hydroxyde de sodium de même concentration. On peut remarquer que le BBT est l’indicateur qui convient dans les deux cas. 10 8,2 E pHE = 7,0 7,6 6,0 4,4 ca,1 3,1 ca,2 > ca,1 0 phénolphtaléine BBT hélianthine V VE 7 Chimie – Terminale S Chapitre 5 Cours 5 − Retour sur les caractéristiques d’une réaction de titrage Rappel : pour qu’une réaction soit utilisable pour un titrage, elle doit être totale, pour que l’équivalence puisse être observée, rapide, pour qu’après chaque volume versé de solution titrante, l’expérimentateur n’ait pas à attendre pour faire une mesure de pH, de conductivité, ou pour observer un changement de coloration, univoque, car la réaction ne doit pas être perturbée par une autre réaction faisant intervenir l’un des réactifs, titrant ou titré Vérifions que la réaction proposée à l’exemple 2 remplit ces conditions. Nous dosions une volume Va = 10,0 mL d’acide éthanoïque de concentration ca = 1,0.10−2 mol.L−1 par une solution d’hydroxyde de sodium de concentration cb = 1,0.10−2 mol.L−1. pH 14 13 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 vb La courbe de titrage donne un pH de 4,7 pour un volume V = 5,0 mL de solution titrante versée. Initialement, nb = cb V = 1,0.10−2 5,0.10−3 = 5,0.10−4 mol na = ca Va = 1,0.10−2 10,0.10−3 = 1,0.10−4 mol équation de la réaction état du système avancement état initial 0 état x intermédiaire état final xf CH3COOH nCH3COOH 1,0.10−4 + HO– nHO– 5,0.10−5 = CH3COO– nCH3COO– 0 1,0.10−4 − x 5,0.10−5 − x x 1,0.10−4 − xf 5,0.10−5 − xf xf + H2O(l) nH2O solvant A l’état final, pH = 4,7. Or, K n HO HO V Va epH V Va f éq 10 c’est-à-dire 8 Chimie – Terminale S Chapitre 5 Cours n HO f Le tableau nous donne 1014 5, 0 10,0 .10 3 7,5.1012 mol 104,7 n HO 5, 0.10 5 x f f donc x f 5, 0.105 7,5.1012 5, 0.105 mol Ici, HO−(aq) est le réactif limitant (car V < VE) donc xmax = 5,0.10−5 mol. Le taux d’avancement final de la réaction de titrage est donc x f 1, 0 soit 100 % xmax La réaction de titrage peut bien être considérée comme totale. Elle est également empiriquement rapide, et univoque compte tenu des espèces en présence. 9
Documents pareils
Application: titrages acido
- Titrer une solution d'acide consiste à déterminer _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ de
l'acide dans cette solution. On utilise pour cela une solution de base de
concentration connue appelée solution _ _ _ _ ...
Chapitre 8 : Titrages acido-basiques
a. 1ère méthode : Tracé de la courbe dérivée :
Le point E, point d’inflexion de la courbe, est le point où le coefficient directeur de la tangente à la
dpH
courbe est maximal. Nous savons que ce co...