journal - Théâtre de la Ville
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journal - Théâtre de la Ville
LE JOURNAL septembre-octobre 2012 Tenir un gouvernail implique qu’on instruise l’équipage de la route empruntée, des écueils à éviter, des escales difficiles et des ports agréables. Et qu’on informe les passagers du temps qu’il fait, des monstres marins rencontrés en mer, de la nature des côtes entrevues, du nom des constellations. Plus simplement, tenir un Journal de Bord, comme on en lit parfois à propos des grandes navigations du passé. Ainsi, le Journal du Théâtre de la Ville, publié régulièrement comme autant de points d’étapes éclairant la traversée, porte surtout un regard sur l’état actuel, l’avenir ou la destinée des différents arts, sur les conjonctures intellectuelles ou esthétiques d’aujourd’hui. Car ce qui m’intéresse ici, c’est autant d’indiquer au lecteur/spectateur les lignes de force qui sous-tendent l’ensemble de notre saison que d’exposer l’expérience singulière de chaque artiste convié, sa voix propre et les interrogations qu’il porte sur sa pratique. Ce que nous aimons particulièrement au Théâtre de la Ville, lieu de création, pluridisciplinaire et international, c’est partager nos deux scènes, nos outils et nos financements, notre « maison » en somme, avec des artistes de disciplines différentes. Aussi souhaitons-nous que ce théâtre : → Accompagne les compagnies d’aujourd’hui dans leurs visées artistiques ; comme nous le faisons avec David Lescot ou Rachid Ouramdane, associés pour la saison 12-13. → Cherche à étendre la constellation des singularités, en conviant notamment cette saison Yoann Bourgeois, Phia Ménard, le Théâtre à cru… → Investisse un travail sur la mémoire, proche ou lointaine, avec le retour du Berliner Ensemble et la mise en scène historique d’Arturo Ui par Heiner Müller ou l’hommage à José Afonso, porteur de la révolution portugaise. L’exigence de notre théâtre consiste autant dans sa dimension plurielle fondatrice, d’être à la fois un lieu pour le Théâtre, la Danse et la Musique et les multiples croisements entre ces arts, que dans sa dimension d’ouverture internationale, à laquelle nous portons une attention renouvelée. Si centrale que soit la capitale, il lui appartient aussi de se « décentraliser », ou du moins de se décentrer, et de s’ouvrir à toutes les nations : l’Europe, et le monde, oui, le monde entier. Si la tâche qui nous incombe est de donner du plaisir, de la joie, des lumières et de l’intelligence aux vivants que nous réunissons, ce que nous visons, c’est la plus grande diversité possible de cette assemblée. Sans jamais proposer quelque chose qui l’abaisse et en prenant tous les risques inhérents à la création. Une salle idéale est certainement celle où se retrouvent tous les âges de la vie: ceux qui viennent depuis longtemps et qui aiment à voir évoluer le monde et ceux qui pour la première fois découvrent l’écriture de Christophe Pellet qui ouvrira la saison au Théâtre des Abbesses, le travail de Thierry Thieû Niang qui ouvre celle du Théâtre de la Ville, ou l’ensemble de la trajectoire de Maguy Marin, à qui le Festival d’Automne que j’ai l’honneur de diriger consacre un grand portrait. Car ce ne seront pas seulement nos mises en scène ou l’audace de nos programmations que nous transmettrons aux nouvelles générations. Ce sera tout autant notre conviction et notre enthousiasme à partager le goût du théâtre, de la danse et des arts frères. Voilà pour ce début de saison : un Théâtre où l’acte artistique sous toutes les formes qu’il peut adopter, porte une manière de penser l’avenir, ouvre à l’individu des perspectives nouvelles, et entretient son esprit critique. Emmanuel Demarcy-Mota When the mountain changed its clothing Heiner Goebbels I Carmina Slovenica // les 25, 26 & 27 octobre 2012 © KLAUS GRÜNBERG ÉDITORIAL 2 • PARIS // BERLIN // ARTURO UI S’ENTENDRE Théâtre de la Ville PARIS septembre-octobre 2012 ENTENDRE, PARIS // BERLIN • 3 septembre-octobre 2012 → THÉÂTRE DE LA VILLE I E DU 24 AU 28 SEPTEMBRE 20 H 30 EN ALLEMAND SURTITRÉ EN FRANÇAIS HORS ABONNEMENT I OUVERTURE DE LA LOCATION LE 28 AOÛT BERLINER ENSEMBLE BERTOLT BRECHT I HEINER MÜLLER La Résistible Ascension d’Arturo Ui Heiner Müller DÉCOR & COSTUMES Hans Joachim Schlieker COLLABORATION MISE EN SCÈNE Stephan Suschke DIR. TECHNIQUE Stephan Besson LUMIÈRES Ulrich Eh SON Alexander Bramann CHEF COSTUMIÈRE & MAQUILLAGE Barbara Naujok SCULPTURE Jurij Mirtschin MISE EN SCÈNE Ici est né le Théâtre des Nations, dont Emmanuel Demarcy-Mota poursuit l’œuvre : ouvrir Paris aux cultures, aux langues d’ailleurs. Ainsi, en 1954, furent franchies les frontières, y compris politiques, avec la présence du Berliner Ensemble. À nouveau chez lui au Théâtre de la Ville depuis 2009, il était absent de France depuis 1971. Sinon en 1996 avec Arturo Ui, qui inaugure cette saison un axe France Allemagne. Nous y retrouvons Angela Winkler, Heiner Goebbels, Pina Bausch… Et découvrons les She She Pop, entre autres. Martin Wuttke, Martin Schneider, Volker Spengler, Martin Seifert, Stefan Lisewski, Jürgen Holtz, Margarita Broich, Roman Kaminski, Michael Gerber, Veit Schubert, Michael Rothmann, Uli Pleßmann, Thomas Wendrich, Detlef Lutz, Jörg Thieme, Axel Werner, Heinrich Buttchereit, Michael Kinkel, Victor Deiß, Uwe Preuss,Ruth Glöss, Uwe Steinbruch, Larissa Fuchs, Stephan Schäfer AVEC PRODUCTION Berliner Ensemble. Théâtre de la Ville-Paris et Festival d’Automne à Paris. CORÉALISATION de Tandem Paris Berlin ORGANISÉ À L’OCCASION des 25 ans d’amitié entre les villes de Paris et de Berlin. DANS LE CADRE compagnie disait : « C’est un trou du cul, ce petit Wuttke. Il ne sera jamais aussi bien que Ekkehard Schall ! » Le seul qui ne parlait pas de la façon dont j’étais, mais qui réfléchissait à la façon dont il était dans le spectacle, c’était Minetti. Sa position était : « Mesdames, Messieurs, il joue certes toute la soirée mais moi, je vais vous montrer ce qu’est un véritable acteur. » Et ça collait avec le rôle. Dès l’instant où j’ai cessé de m’affirmer face à ce comédien, dès l’instant où je me suis mis à sa disposition en tant qu’élève, le champ s’est ouvert devant moi pour toute la seconde partie de la pièce. Minetti voulait une efficacité qui porte bien plus loin qu’une phrase. Dans cette soirée, il voulait jouer une scène inoubliable : « Les applaudissements après ma scène, ce doit être le clou de la soirée. » Mais moi, j’ai utilisé ça : le rideau tombe et je prends ces applaudissements destinés à Minetti pour en faire les applaudissements d’entrée pour mon grand numéro. C’est juste dans le contenu et ça charge d’énergie toute la soirée. Je pouvais être certain que Minetti allait conduire la scène jusqu’à ce que viennent les applaudissements. Et ensuite : à fond la caisse ! Et alors tu as gagné la soirée. À l’avant-première, j’eus comme un pressentiment, je remarquai que ça fonctionnait. Et le jour de la première, Minetti était brillant, brillant. Il était le meilleur, de loin le meilleur. En fait, quand Minetti avait fini de jouer, la représentation était finie. C’est un moment où j’ai beaucoup appris sur le théâtre. Je suis convaincu que Müller avait vu tout ça dès la conception d’ensemble. Il voulait que cette scène imbibe toute la soirée. Et il y est parvenu. C’était la plus forte scène et il ne me restait plus qu’à l’utiliser comme moteur. C’est génial, ce que Müller avait bâti pour moi. Extrait de Müller macht Theater in Theater der zeit, traduction M. B. ce jour-là fut repoussée pour laisser place à Arturo Ui. Devant le rideau de fer baissé, Hermann Beyer annonça la mort de Müller. Voici, très condensé dans cette version française, le passage d’un entretien tiré de ce Müller fait du théâtre où Martin Wuttke raconte comment le heurt de deux personnalités peut donner naissance à une scène d’anthologie. Après Bernhard Minetti, Martin Wuttke a eu pour partenaire Marianne Hoppe, puis quatre autres acteurs de l’Ensemble. Il affronte maintenant dans cette scène du Vieux Comédien Jürgen Holtz que les spectateurs du Théâtre de la Ville ont pu applaudir dans les rôles de Peachum dans L’Opéra de quat’sous et de Schigolch dans Lulu. Le 24 septembre 2012, le Berliner Ensemble donnera au Théâtre de la Ville la 388e représentation d’Arturo Ui dans la mise en scène de Heiner Müller. Michel Bataillon TEMPS FORT HEINER MÜLLER RENCONTRE, FILM, EXPOSITION (voir p. 20) & AUSSI… dans le cadre du tandem Paris Berlin organisé à l’occasion des 25 ans d’amitié entre les villes de Paris et de Berlin. DU 15 AU 19 SEPTEMBRE I THÉÂTRE DE GENNEVILLIERS RENÉ POLLESCH Ich schau dir in die Augen, gesellschaftlicher Verblendungshang DU 14 AU 18 NOVEMBRE I THÉÂTRE DU ROND-POINT PAUL PLAMPER Artaud se souvient d’Hitler et du Romanische Café LEÇON D’ORGUEIL & D’HUMILITÉ Martin Wuttke dans La Résistible Ascension d’Arturo Ui mise en scène Heiner Müller © BARBARA BRAUN MARTIN WUTTKE RACONTE BERNHARD MINETTI Le 3 juin 1995, la première d’Arturo Ui fut un succès sensationnel. Les sept semaines de répétitions – 17 mars-3 juin 1995, au total 59 services – avaient été pourtant bien mouvementées. Heiner Müller savait ses jours comptés et il savait que la santé financière et artistique du Berliner Ensemble n’était guère plus brillante et reposait sur lui. L’Ensemble, entité historique et biologique, ne semblait pas particulièrement disposé à adopter la récente recrue de Matthias Langhoff : Martin Wuttke, la trentaine, formé à l’Ouest dans une autre tradition théâtrale. Enfin, les 584 représentations triomphales d’Arturo Ui, interprétées par Ehkkehard Schall dans la version historique de 1959, étaient encore bien vivantes dans toutes les mémoires. Müller pouvait au mieux travailler quatre heures par jour. L’artisanat quotidien de la mise en scène n’était pas vraiment son affaire. Stephan Suschke, son collaborateur depuis la fin des années quatre-vingt, l’assistait dans cette tâche. Pour ainsi dire co-metteur en scène, il demeure encore aujourd’hui le responsable artistique du spectacle. Müller en revanche excellait pour lancer des idées provocantes et trouver l’énergie et la dynamique du projet artistique. Il résumait par exemple la fable d’Arturo Ui dans un slogan inspiré par Othello : « Un nègre d’Autriche vient en Allemagne où il veut grimper ». En proposant à Martin Wuttke d’affronter Bernhard Minetti dans la scène centrale de la leçon de théâtre, Heiner Müller, empêcheur de jouer en rond, préparait une collision prometteuse. En 2005, Stephan Suschke a publié aux éditions de la revue Theater der Zeit Müller macht Theater, un précieux ouvrage sur les dix mises en scène réalisées par Heiner Müller, dont la dernière fut Arturo Ui. Le 30 décembre 1995, le Berliner Ensemble improvisa un changement de programme. La première prévue Ce qu’il y avait de fou chez Minetti, c’était son manque d’humour. Il prenait très mal que je ne joue pas Shakespeare comme il me le montrait. C’était une chose qui vraiment l’irritait – outre qu’il voulait toujours montrer que j’étais un “non-acteur”. Il avait commencé par me regarder méchamment puis il m’avait dit : « Quand je parle, vous ne devez pas bouger. Nous n’y gagnons ni l’un ni l’autre. » En tant qu’acteur, tu penses devoir jouer “avec”, c’est une vieille loi du théâtre. Je me vexais : « Maintenant je n’ai plus le droit de bouger et d’agiter les mains quand il parle, c’est idiot ». Müller ne m’a en aucune façon aidé à m’affirmer. Cela l’amusait énormément. Il aimait vous mettre des bâtons dans les pattes. J’étais désespéré. Comment ne pas souffrir de cet état de fait, comment me faire pour ainsi dire consciemment idiot… Dans mon profond désarroi, je me suis dit : « Cesse de résister. Fais précisément ce que veut Monsieur Minetti. Voilà la scène à jouer : Ui va voir un acteur qui doit lui apporter quelque chose. Tu vas donc à la prochaine répétition sans la moindre vanité et tu fais non seulement ce qui est dans le texte mais aussi ce que l’acteur Minetti te dit, à toi l’acteur Wuttke. Comme apparemment il n’y a pas de metteur en scène, laisse-toi mettre en scène par l’acteur qui veut régner ». Et c’est ainsi que j’ai fait. Dès que j’avais dit mon texte, je ne bougeais plus. Quand il parlait, je croisais les bras sur la poitrine. Et ça collait aussitôt avec le mécanisme de la scène, mais ça ne m’était pas apparu clairement auparavant ! Minetti avait raison ! Nous n’y gagnions ni l’un ni l’autre. À partir de ce moment-là, dès que j’en avais fini avec mon texte, je respirais calmement et je me plantais là sans bouger. Une absence de vie. La scène avec Minetti est le virage décisif, essentielle pour la construction de la soirée. Avec son intelligence de comédien, il l’avait tout de suite compris. C’est le seul qui, en scène face à moi, ait affirmé : « Je suis meilleur que toi ! » Tout le reste de la DU 28 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE I THÉÂTRE DES ABBESSES SHE SHE POP & LEURS PÈRES Testament → THÉÂTRE DES ABBESSES I D SAM. 13 OCTOBRE 20 H 30 I DIM. 14 OCT. 15 H & 20 H 30 ANGELA WINKLER VOIX Allemagne Ich liebe dich, kann ich nicht sagen « JE NE SAIS PAS DIRE JE T’AIME » Adam Benzwi DIRECTEUR MUSICAL, PIANO Melanie Barth ACCORDÉON Horst Nonnenmacher CONTREBASSE de Tandem Paris Berlin ORGANISÉ À L’OCCASION des 25 ans d’amitié entre les villes de Paris et de Berlin. DANS LE CADRE Avec le Berliner Ensemble elle a été Lulu, et Jenny dans l’Opéra de quat’sous. Elle nous revient, avec à nouveau Kurt Weill, et aussi Paul Dessau, Schönberg… et même Barbara. Angela Winkler se donne aux musiques, aux chansons, continue de nous enchanter. ENTRETIEN AVEC ANGELA WINKLER Quel est votre rapport à la musique, et quels sont vos premiers souvenirs musicaux ? ANGELA WINKLER : Ma mère a toujours chanté. Elle s’accompagnait au piano en attendant mon père, qui était toujours prisonnier de guerre en Sibérie. Enfant, je me tenais derrière elle et j’apprenais toutes ses chansons. Puis mon père est revenu, en 1949, et elle a continué à chanter. Surtout cette chanson de Friedrich Holländer, Ich weiß nicht zu wem ich gehöre (« Je ne sais pas à qui j’appartiens »). Je crois qu’elle voulait taquiner mon père. C’est avec cette chanson que j’ai réussi mon concours d’entrée à l’école d’acteurs. Elle se termine par ces mots : « Ich gehöre nur mir ganz allein. » (« Je n’appartiens qu’à moi seule. »). Ma mère a aujourd’hui 99 ans et elle vient à toutes mes premières. J’ai dû me dépêcher d’enregistrer ce CD, car elle n’a plus qu’un seul doigt vaillant pour appuyer sur la platine CD. Lorsque j’avais 17 ans, j’avais un ami qui jouait de la guitare. À l’époque, j’étais en train de lire Brecht. Ensemble, nous avons ensuite mis ces poèmes en musique. Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai appris que tous ces textes avaient déjà été mis en musique, par Eisler, Weill, Dessau, Brunier, etc. Mais une petite composition de mon cru datant de cette époque est restée: Wenn du mich lustig machst (« Quand tu me rends heureuse »). En fait, toutes les chansons sont venues à moi, depuis mon enfance et au fil de mon expérience de comédienne. Voyez-vous une différence dans les manières d’aborder la scène en tant que comédienne ou chanteuse ? Faire de la musique vous a-t-il apporté quelque chose dans votre travail d’actrice – et, à l’inverse, de quelle manière celui-ci se répercute-t-il sur votre manière de chanter ? A. W. : C’est au Festival de Montepulciano, organisé par le com- positeur Hans Werner Henze, que j’ai remarqué qu’en chantant, je pouvais peut-être atteindre les gens d’une manière différente qu’à travers la figure d’un rôle. Chanter est quelque chose de très sincère, mais (et ?) je me livre particulièrement, je suis pratiquement à nu. C’est pour briser cela que j’ai introduit, au milieu, ce bloc de pièces de Schönberg : avec les Brettl-Lieder, je me glisse dans le rôle d’une chanteuse, je joue en costume, coquette et provocante. Sans quoi, les chansons qui suivent, Fallada, Ballade vom ertrunkenen Mädchen (« Ballade de la jeune-fille noyée ») ou Nantes, seraient à peine supportables. Mais les premières chansons de Barbara sont, elles aussi, empreintes de cette coquetterie et de cette frivolité. Avec toujours ce petit côté rebelle dans son amour. Propos recueillis par David Sanson (extraits) Angela Winkler & Adam Benzwi © HARALD HOFFMANN Bloque Depresivo © NICOLAS GARCIA → THÉÂTRE DES ABBESSES I A DU 9 AU 19 OCTOBRE 20 H 30 EN ESPAGNOL SURTITRÉ EN FRANÇAIS DU CHILI, UN AIR PRINTANIER Après 16 ans de sinistre dictature, sous Pinochet, puis 20 ans de « transition démocratique », une effervescence artistique regagne le Chili. Le Théâtre de la Ville s’en fait l’écho toute la saison, avec la voix de velours d’Aldo “Macha” Asenjo (20 octobre), les délicates marionnettes du Teatro Milagros (en mai), la jeune compagnie La Resentida (en mai). Pour regarder le présent en face et le délester de ses encombrants fantômes, le « théâtre mémoriel » de Guillermo Calderón inaugure ce réjouissant souffle printanier. GUILLERMO CALDERÓN Villa + Discurso TEXTE & MISE EN SCÈNE Guillermo Calderón Maria Paz Gonzalez SCÉNOGRAPHIE Maria Fernanda Videla ASSISTANTE MISE EN SCÈNE AVEC Francisca Lewin, Carla Romero, Macarena Zamudio Bayonne, a permis de prendre la mesure de cette effervescence avec des spectacles de Cristián Plana, de Lorna Gonzalez (à partir de témoignages d’ex-enfants victimes de la dictature) et de Guillermo Calderón, dont le diptyque Villa et Discurso est présenté début octobre au Théâtre des Abbesses. Villa, c’est la Villa Grimaldi, l’un des symboles des années noires de la dictature : environ 5.000 personnes y furent détenues et, pour beaucoup, humiliées, torturées, puis « disparues ». Le spectacle de Guillermo Calderón a été initialement créé entre les murs d’une autre « villa » de torture, en plein centre de Santiago, 35 rue de Londres, aujourd’hui transformée en lieu de mémoire. La transposition ultérieure sur un plateau de théâtre n’a pas affecté la charge émotionnelle du propos, mais a renforcé la parabole qui traverse la pièce. Que faire aujourd’hui d’un tel symbole de la répression et de la dictature ? Doit-on y construire un mémorial ou un lieu de vie qui effacerait l’horreur du passé ? Trois jeunes femmes confrontent leurs points de vue, sans langue de bois : le théâtre de leurs arguments devient ainsi un passionnant débat qui prend à partie le spectateur. Discurso, ensuite, c’est le discours qu’aurait pu tenir Michelle Bachelet à la fin de son mandat présidentiel (de 2006 à 2010), un discours qui aurait fait part aux doutes et aux échecs, aux réflexions personnelles et aux moments d’émotion. Là encore, le fil du verbe tisse une toile arachnéenne où se meuvent trois comédiennes épatantes (Francisca Lewin, Carla Romero et Macarena Zumedio), qui portent avec conviction ce théâtre sans esbroufe, dont l’intense vérité qu’il met en partage doit beaucoup à la plume acérée de Guillermo Calderón. Passé un temps par le prestigieux « laboratoire » du Royal Court à Londres, mais aussi par des études de « physical theatre » en Californie et de cinéma à New York, il est aujourd’hui, à 30 ans, l’un des dramaturges chiliens les plus reconnus de sa génération. Dans un pays où Bernard-Marie Koltès est un classique, écrit la comédienne Millaray Lobos García *, « la parole commence à émerger plus librement, après vingt ans de “transition démocratique”, mais aussi d’années d’un théâtre éminemment d’image, de métaphore visuelle. […] Au Chili, la question de la mémoire collective et individuelle, de l’identité susceptible de se forger à travers elle, reste un sujet majeur. » Jean-Marc Adolphe © NICOLAS GARCIA © MARÍA PAZ GONZALEZ « FOCUS CHILI » • 5 septembre-octobre 2012 septembre-octobre 2012 © MARÍA PAZ GONZALEZ Villa + Discurso mise en scène Guillermo Calderón Théâtre de la Ville PARIS L’UN DES GROUPES PHARES DE LA MUSIQUE POPULAIRE CHILIENNE Si la cumbia règne sur les bals populaires de nombreux pays SAMEDI 20 OCTOBRE 21 H d’Amérique latine, le boléro y BLOQUE DEPRESIVO est la musique par excellence des bars de quartier qui ne ferment jamais et des soirées Aldo “Macha” Asenjo CHANT & GUITARE de bohème entre amis. José Osses CHANT, GUITARE & CLAVIER Héraut de la vitalité d’une Danilo Donoso PERCUSSIONS cumbia infusée d’énergie rock, Cristian Duarte Pegafix PERCUSSIONS le groupe chilien Chico Trujillo Tocori Berrù BASSE a coutume de ponctuer ses & GUITARRÒN NICARAGUAYEN Raul Cèspedes GUITARES concerts survitaminés d’une Mauricio Barrueto GUITARES poignée de chansons sentimentales, qui entraînent son public dans l’univers intimiste du boléro et de ses différentes variétés régionales. Une séance d’exorcisme émotionnel à l’autel de la passion et du désenchantement amoureux, que son chanteur Aldo “Macha” Asenjo choisit aujourd’hui d’approfondir en lui consacrant un projet à part entière, fort ironiquement baptisé Bloque Depresivo (« Bloc Dépressif »). Composé de musiciens issus de plusieurs formations emblématiques de la scène chilienne (Chico Trujillo mais aussi IntiIllimani Histórico et La Chilombiana), le groupe s’est construit un répertoire qui combine quelques classiques du chansonnier romantique latino-américain, comme le boléro Quémame los ojos ou la valse péruvienne Regresa, à des créations originales de la plume de son leader (Sin excusas, Mira si no he de venir). Accompagné d’un écrin acoustique de guitares virtuoses et de percussions, le charismatique “Macha” Asenjo, jusqu’ici surtout connu pour ses talents de showman survolté, y révèle à cette occasion de subtiles qualités de crooner, capable de transmettre de sa voix de velours la fureur feutrée des mélodrames en miniature que contiennent ces chansons. Yannis Ruel → THÉÂTRE DE LA VILLE I D Chili * in Nouvelles écritures théâtrales d’Amérique latine. 30 auteurs sur un plateau, Éditions Théâtrales/les cahiers de la Maison Antoine Vitez, juin 2012. Teatro Playa. COPRODUCTION Fondation Teatro a Mil, Chili. Théâtre de la Ville-Paris et Festival d’Automne à Paris. la Fondation Teatro a Mil et le soutien de ministère des Affaires étrangères du Chili PRODUCTION CORÉALISATION TOURNÉE ORGANISÉE EN COLLABORATION AVEC Nouveau partenaire du Théâtre de la Ville, la Fondation Teatro a Mil (FITAM) est née au début des années 1990. AU CŒUR D’UNE MÉMOIRE MEURTRIE Guillermo Calderón exhume un passé qui ne passe pas : celui des années noires de la dictature de Pinochet. Quand l’amnistie veut enfouir les crimes et responsabilités, le théâtre s’éveille et se fait éclaireur. Ce fut un autre 11 septembre, de sinistre mémoire. En 1973, à Santiago du Chili, un coup d’État militaire renversait sous les bombes et dans le sang le président socialiste Salvador Allende, élu trois ans plus tôt sur un programme de nationalisations qui visait à affranchir le pays de la mainmise des capitaux étrangers. Sous la férule d’Augusto Pinochet, la dictature qui s’ensuivit engendra son lot massif d’arrestations d’opposants et de « dissidents », de disparitions, de tortures et d’exécutions. Ce furent seize années de cauchemar, jusqu’à la transition démocratique de 1990, cependant entravée par une loi d’amnistie qui protégea les militaires jusqu’au début des années 2000. Face aux non-dits et aux enfouissements de cette période tragique, « les artistes se sont alors tournés vers le passé, plus tôt que les pouvoirs publics, pour panser blessures et plaies de la mémoire collective », estime Mathilde Arrigoni, du Centre d’études et de recherches internationales, qui parle d’un « théâtre mémoriel ». Que faire d’un passé qui ne passe pas ? Au Chili, une jeune génération de cinéastes et de metteurs en scène s’en empare, afin de regarder le présent en face, de le délester de ses encombrants fantômes. Le festival Translatines, l’automne dernier à Association à but non lucratif dirigée par Carmen Romero, elle vise à favoriser l’accès du public de Santiago et sa région à la création nationale et internationale, grâce au festival Santiago A mil. Parallèlement, elle développe des liens avec certaines structures internationales pour promouvoir la création artistique chilienne à travers le monde. À VOIR ÉGALEMENT DANS « LE FOCUS CHILI » AU THÉÂTRE DE LA VILLE : DU 13 AU 18 MAI 2013 COMPAGNIE TEATRO MILAGRO Sobre la cuerda floja DU 17 AU 22 JUIN 2013 LA RESENTIDA Tratando de hacer una obra que cambie el mundo (PHOTO CI-DESSOUS) © FRANCISCO JORQUERA 4 • « FOCUS CHILI » 6 • KRYSTIAN LUPA Théâtre de la Ville PARIS septembre-octobre 2012 HEINER GOEBBELS • 7 septembre-octobre 2012 → THÉÂTRE DE LA VILLE I E LES 25, 26 & 27 OCTOBRE 20 H 30 EN ANGLAIS SURTITRÉ EN FRANÇAIS HEINER GOEBBELS I CARMINA SLOVENICA When the mountain changed its clothing THÉÂTRE MUSICAL CRÉATION I PREMIÈRE EN FRANCE & MUSIQUE Heiner Goebbels & LUMIÈRES Klaus Grünberg CONCEPTION, MISE EN SCÈNE SCÉNOGRAPHIE Florence von Gerkan Matthias Mohr SON Willi Bopp CHŒUR Vocal Theatre Carmina Slovenica DIRECTION ARTISTIQUE Karmina Šilec CHORÉGRAPHIE Florian Bilbao TEXTES Jean-Jacques Rousseau, Joseph Eichendorff, Adalbert Stifter, Gertrude Stein, Alain Robbe-Grillet, Marlen Haushofer, Marina Abramovic & Ian McEwan MUSIQUE Johannes Brahms, Arnold Schönberg, Karmina Šilec, Sarah Hopkins & Heiner Goebbels COSTUMES DRAMATURGIE PRODUCTION Ruhrtriennale. COPRODUCTION Steirischer Herbst – Maribor Theatre Festival – Festival Borstnikovo srecanje dans le cadre de Maribor 2012 European Capital of Culture – Grand Théâtre (Luxembourg) – Kunstfestpiele Herrenhausen (Allemagne) – Holland Festival – Théâtre de la Ville-Paris – Festival d’Automne à Paris. CORÉALISATION Théâtre de la Ville-Paris – Festival d’Automne à Paris. AVEC LE SOUTIEN des Amis de la Ruhrtriennale. Jan Dravnel & Sandra Korzeniak photographie de répétition // Krystian Lupa en répétition © TR. WARSZAWA When the mountain changed its clothing conception, mise en scène & musique Heiner Goebbels © KLAÜS GRÜNBERG LE CHANT DES MÉTAMORPHOSES LES UTOPIES BRISÉES De Dostoïevski à Andy Warhol en passant par Thomas Bernhard ou Marilyn Monroe, bien souvent Krystian Lupa nous a emmenés au-delà du miroir. Et voilà qu’aujourd’hui il ouvre la porte d’un monde inattendu, fascinant autant qu’inquiétant. Celui d’un auteur et dessinateur, magique visionnaire : Alfred Kubin. En 1985, lorsque Krystian Lupa avait mis en scène au teatr Stary de Cracovie Miasto snu (La Cité du rêve), d’après le roman de l’Autrichien Alfred Kubin L’Autre côté, on ignorait tout de lui en France. En Pologne c’était déjà un metteur en scène qui suscitait l’admiration depuis qu’il était sorti de l’École dramatique de Cracovie, sept ans plus tôt, avec une très remarquée mise en scène de Les Mignons et les guenons de son compatriote Stanislas Witkiewicz. Lupa intriguait aussi puisque, à peine sorti de l’école, il était parti vivre des années durant une sorte d’expérience communautaire avec un groupe d’acteurs dans la petite ville de montagne qu’est Jelena Góra. La Cité du rêve constitua comme la synthèse de ses premières recherches ponctuées par un texte joliment titré Le Théâtre de la révélation. Outre Kubin, l’attirance de Krystian Lupa pour la littérature autrichienne (il parle couramment l’allemand) allait s’affirmer au fil des années par des adaptations de romans et récits suscitant des spectacles le plus souvent fleuves: Robert Musil (Les Rêveurs, Esquisse de l’homme sans qualités), Hermann Broch (Les Somnambules) et Thomas Bernhard (La Plâtrière, Extinction), auteur dont il allait monter également plusieurs pièces. Lupa a aussi mis en scène des adaptations de romans de Dostoïevski (Les Frères Karamazov), Boulgakov (Le Maître et Marguerite), effectué des traversées de Rilke et de Nietzsche. Ces dernières années il a dialogué avec des figures d’artistes contemporains emblématiques, Andy Warhol et Marilyn Monroe et avec l’écrivaine Simone Weil. La saison dernière, on a pu voir Salle d’attente d’après Lars Noren avec des élèves sortis d’écoles françaises et suisses, spectacle qui l’a replongé dans ses années passées à Jelena Góra. Parallèlement à son intense activité scénique, Krystian Lupa enseigne, et depuis longtemps, l’art de l’acteur et de la mise en scène au PWVT, l’école dramatique de Cracovie. De Jarzyna à Warlikowski (pour s’en tenir à deux metteurs en scène), nombreux sont ceux qu’il a formés sans jamais vouloir les modeler à son image, au contraire. Son influence sur le paysage théâtral polonais est considérable. Les acteurs polonais adorent travailler avec lui car c’est l’un des metteurs en scène qui poussent loin l’introspection de l’acteur à travers un travail incessant qui va de l’improvisation à ce qu’il nomme « le monologue intérieur ». À 70 ans, il reste un pantin explosif au visage poupin, un bel iconoclaste. « Le théâtre est pour moi un laboratoire des expressions humaines, le théâtre comme récit ne m’intéresse pas », dit-il. Alors le revoir revenir, plus de trente ans après, au roman de Kubin avec des acteurs polonais qui, pour la plupart, ont souvent travaillé avec lui, est d’autant plus passionnant. Kubin écrivait, dessinait, gravait. Lupa qui a fait des études de peinture, d’art graphique et de cinéma avant de passer au théâtre adapte le roman de Kubin sous le titre La Cité du rêve (comme en 1985), le met en scène, signe le décor et les lumières. Le roman raconte comment le héros du livre, dessinateur comme l’auteur (qui illustra son propre texte) est conduit par son ami richissime Patera à aller vivre aux confins de l’Asie, dans un étrange pays qu’il a nommé « l’empire du rêve ». L’artiste s’y rend plein d’espoir. Comme pour une drogue dure, le rêve devient cauchemar, la mort veille. L’artiste reviendra en Europe à demi fou. Lupa voit là une métaphore des fausses utopies, de l’Antéchrist mais aussi une somme de visions où les images de la vie ordinaire sont phagocytées par des images de mort et de destruction du monde. Un tel voyage ne se fait pas en une heure trente. Que les spectateurs ne soient pas effrayés par les cinq heures que durera la représentation (quatre heures en version courte). Le théâtre de Lupa qui se ramifie et s’amplifie dans le temps de la représentation, est comme l’autre versant de sa vie, de nos vies. Jean-Pierre Thibaudat Grand maître d’une musique étroitement enlacée au théâtre, Heiner Goebbels s’est joint à l’ensemble vocal des jeunes Slovènes Camina Slovenica pour montrer, pour chanter le passage d’une saison, d’une chanson, d’un âge à l’autre. → THÉÂTRE DE LA VILLE I B DU 5 AU 9 OCTOBRE 19 H 30 I SAMEDI 6 & DIMANCHE 7 OCTOBRE 15 H EN POLONAIS SURTITRÉ EN FRANÇAIS KRYSTIAN LUPA La Cité du rêve CRÉATION MONDIALE I PREMIÈRE EN FRANCE D’APRÈS L’Autre côté D’Alfred Kubin ADAPTATION, MISE EN SCÈNE, DÉCOR & LUMIÈRES Krystian Lupa Sandra Korzeniak, Agnieszka Roszkowska, Magdalena Kuta, Małgorzata Maślanka, Maria Maj, Monika Niemczyk, Piotr Skiba, Andrzej Szeremeta, Tomasz Tyndyk, Lech Łotocki, Jan Dravnel, Władysław Kowalski, Jakub Gierszał, Henryk Niebudek AVEC PRODUCTION TR Warszawa EN COLLABORATION AVEC Teatr Dramatyczny m.st. Warszawy im. COPRODUCTION & CORÉALISATION Théâtre de la Ville-Paris et Festival d’Automne à Paris. Gustawa Holoubka. ENTRETIEN AVEC HEINER GOEBBELS Comment s’est établi le lien avec la Slovénie ? HEINER GOEBBELS : Il s’agit en fait d’une invitation de la directrice de l’ensemble vocal Carmina Slovenica, qui l’a fondé et le dirige depuis plus de vingt-cinq ans avec un succès vraiment international. La sollicitation est venue en 2008, je crois, et comme je venais juste de m’occuper de quatre gentlemen anglais, ceux de l’Ensemble Hilliard, je me suis dit que ce serait très bien de travailler maintenant avec quarante jeunes filles. J’ai donc fait plusieurs voyages à Maribor pour faire connaissance avec ce chœur. J’ai tout de suite été impressionné par sa qualité, l’immense variété de son répertoire, par la précision mais aussi la maturité, la conscience de soi, le côté très sûr et souverain de ces jeunes filles, malgré la discipline qui régnait. Talents qu’on ne rencontre pas si souvent réunis. Quel est le répertoire, et leur manière de chanter ? Le spectacle est présenté en 2 versions : • 5 H (entractes compris) le week-end • 4 H (entractes compris) en semaine l’on va trouver… Nous avions en tout cas clairement l’intention d’aboutir à un projet de théâtre musical, même si – on doit le dire – Carmina Slovenica a déjà beaucoup d’expérience dans ce domaine. Cet ensemble a réalisé des versions scéniques de son propre répertoire, avec des costumes, des décors, des chorégraphies mêmes, quelque chose qui va bien au-delà d’un concert de chœur, si bien que sa méthode de travail a même rencontré un terrain très propice. H. G. : Elles chantent à la fois Brahms, par exemple le chœur Le Jardinier que je reprends dans When the mountain…, mais aussi beaucoup de musique de cette région-là, à la vocalité spécifique, avec des couleurs totalement inexistantes dans notre musique chorale. Mais elles font aussi du chant en harmoniques, de la musique contemporaine. Le spectre est vraiment très large. Il s’agissait ensuite de trouver un concept scénique, quelque chose comme une histoire ? H. G. : Dans mes spectacles, ce ne sont pas des « histoires » que Quel est alors la trame ou le noyau du spectacle ? H. G. : Tout tourne autour du changement, de la transformation, celle des saisons par exemple, ou encore celle qui s’opère dans la vie même de ces jeunes filles, qui passent de la jeunesse à l’âge adulte. Le titre y fait déjà allusion, c’est celui d’une chanson de leur répertoire qui se rapporte au Mont Kanin dans le sud du pays. À l’arrière-plan, il y a aussi la mutation d’un pays qui s’est transformé à une vitesse sidérante, inimaginable pour nous, depuis la chute du rideau de fer. Ce n’est pas exactement mon sujet, mais il est tout le temps présent dans le travail artistique avec les choristes. Le moteur de ce projet reste le plaisir de travailler avec un grand chœur qui fait résonner à la fois des identités très fragiles et une ample voix collective, un défi que je n’avais pas encore rencontré. Je leur ai donc proposé des textes, des Lieder, des sonorités électroniques, des images scéniques… Vous savez que je ne travaille pas à partir d’une seule priorité, je tente toujours de creuser plusieurs sillons simultanément – la lumière, l’espace, les mouvements dans l’espace, et même des chorégraphies, tout cela pour aboutir à quelque chose que je n’avais pas du tout en tête au préalable. C’est un processus complexe et qui reste en grande partie impénétrable pour moi-même. Vous avez dit récemment dans une interview à Die Zeit que ces dernières années vous n’aviez pas réussi à faire représen- ter vos spectacles en Allemagne simplement parce qu’aucune maison n’était prête à vous accorder deux jours juste pour monter le dispositif scénique. Faut-il du temps, laisser venir les choses ? H. G. : Pour ce spectacle, les répétitions ont eu lieu dans plusieurs villes, à Maribor (Slovénie) d’abord, puis, en avril, à Graz (Autriche) dont le festival est un des coproducteurs ; enfin en juillet à la Ruhrtriennale à Bochum… La gestation elle-même a pris deux années, depuis septembre 2010. Mais les choses vont se cristalliser seulement quelques jours avant la première… C’est chez moi un processus très long, très ouvert et qui ne se fixe que juste avant les premières représentations. Vous citez à propos du spectacle un dialogue entre un maître et un élève, extrait de l’Émile de Rousseau. Est-ce une sorte de résumé ? H. G. : C’est surtout un modèle formel. Il y a en fait beaucoup de jeux de question/réponse, les rôles ne cessent de s’inverser entre qui pose la question et qui y répond. Cela implique également le public, car, dans mes œuvres, je n’essaie pas de donner des réponses, mais de poser des questions. Est-ce que l’aspect scénique lui aussi est encore « in the making » ? H. G. : Pas tout à fait, puisque je poursuis ma collaboration avec le merveilleux scénographe Klaus Grünberg, avec qui j’ai déjà réalisé Max Black, Paysage avec parents éloignés, Stifters Dinge, tant de choses… Tout en étant absolument indépendants, nous sommes très en phase. Lui peut proposer des images sur lesquelles je réagis, et moi des idées scéniques sur lesquelles il travaille. Rien d’établi a priori, je ne lui dis pas de construire tel ou tel élément. Plutôt une création à deux voix, comme dans une bonne Invention de Bach ! Propos recueillis par Martin Kaltenecker, juin 2012 8 • CHRISTOPHE PELLET I JACQUES LASSALLE Théâtre de la Ville PARIS septembre-octobre 2012 septembre-octobre 2012 LE THÉÂTRE DE LA VILLE EN TOURNÉE • 9 VIVRE, BOUGER Paris Le Théâtre de la Ville cherche les artistes qui font bouger la scène française, le Théâtre des Abbesses a été construit pour eux. Christophe Pellet y crée avec Jacques Lassalle Loin de Corpus Christi, voyage dans l’histoire et le futur du monde. Et ce n’est qu’un début. LA TROUPE AUX USA Loin de Corpus Christi mise en scène Jacques Lassalle © TRISTAN STÉBENN (GAUCHE) // MARC GINOT – MERCI À LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE Tu fais partie des rares dramaturges d’aujourd’hui qui s’emparent d’une matière historique. Loin de Corpus Christi évoque la période du maccarthysme aux États-Unis, mais aussi la fin du communisme en Europe de l’Est. On effectue des va-et-vient à travers différents temps du XXe siècle. Cette histoire est à la fois très réelle (des personnages vrais : Richard Hart ou même Bertolt Brecht), et comme déréalisée, mythifiée. Quel rapport entretiens-tu avec notre histoire dans ton théâtre ? CHRISTOPHE PELLET : S’il y a une présence de l’Histoire, elle passe par l’in- dividu et ses « petites » histoires. Ces histoires individuelles, que ce soient celles de figures emblématiques ayant existé, ou celles de personnages issus de mon imagination, sont indissociables de l’Histoire universelle. Et lorsque j’écris je ne différencie pas mes personnages (a priori imaginaires) de ce que je suis réellement : là encore c’est indissociable. La dimension historique passe aussi par la durée : passage d’un siècle à l’autre et fuite en avant (le texte s’achève en 2050), fin de cycles… Une durée traversée par le politique (l’évocation de courants idéologiques), mais aussi comme tu le dis si bien, par une volonté de déréaliser l’histoire : casser le continuum historique et les réflexions savantes, par l’irruption de brisures irrationnelles et par la présence fascinante des images : à la fois savantes et irrationnelles. Toute évocation historique entraîne une forme de nostalgie. Cette perception nostalgique du temps qui annihile tout désir de révolution, c’est ce à quoi s’oppose Norma, l’un des personnages : pour elle « Le temps est ici et là » (Guy Debord). Pas de continuum, pas d’histoires, mais un chaos contradictoire : là se joue mon rapport à l’histoire et au théâtre. Dans ta formation, dans ton parcours, le cinéma tient une place importante. Jacques Lassalle, qui va créer ta pièce, est lui aussi un grand connaisseur du cinéma hollywoodien. De quelle manière faistu entrer le cinéma dans ton théâtre ? CH. P. : Figaro divorce d’Ödön von Horváth que Jacques Lassalle a mis en scène à la Comédie-Française, est l’un des plus beaux spectacles aux- quels j’ai assisté ces dernières années : la réflexion sur le temps (historique et privé), la maîtrise de la durée (par une scénographie très fluide), le jeu des acteurs, l’irruption d’instants poétiques, la maîtrise de l’espace accordée à la présence palpable du chaos, les images scéniques, références directes à la peinture et au cinéma, m’ont mis dans un état d’hypnose tel que je peux l’être parfois au cinéma. Nous sommes hantés par le cinéma dans le concret de nos écritures, textuelles et scéniques. Les grands cinéastes sont aussi de grands praticiens de théâtre : Visconti, Bergman, Fassbinder… J’aime la théâtralité de leurs films, affranchie de tout réalisme (au cinéma le réel sera toujours plus fort que sa restitution dans la fiction qui me semble souvent une tentative incertaine, une sorte d’embaumement, parfois sublimé par le corps et le visage de l’acteur). Le jeu de l’acteur est porteur d’étrangeté, de décalage, d’inquiétude… Je tourne actuellement un film avec Stanislas Nordey : ce qui m’intéresse, c’est de filmer son jeu particulier. Dans mes films, la fable m’importe peu, je privilégie l’improvisation, les silences, la matière et le corps de l’acteur. Penses-tu, comme moi, que le théâtre soit affaire de fantômes ? CH. P. : La représentation théâtrale est un réel sublimé et fantomatique, un monde parallèle au nôtre. Et plus encore au cinéma : rien que des ombres, une foule de morts… Que nous idolâtrons parfois mais que nous oublions le plus souvent. L’artiste est dans la recherche constante de fantômes. Il va à l’encontre du réel par sa volonté folle de lui donner un sens, une élévation, une beauté, une harmonie, ou de révéler son scandale… Il est en lutte avec ce réel borné, formé de matières, être et choses, et qui n’apporte aucune réponse, aucune consolation, si ce n’est celle du chaos originel d’où nous venons et où nous retournerons. L’artiste refuse ce destin, il crée son propre monde, mais il demeure un « spectre » (vision hugolienne de l’artiste comme un voyant), passeur du monde visible à celui invisible… Comme le scientifique, il s’interroge, il cherche. Créer des fantômes, pour la scène et l’écran, c’est affirmer cette paradoxale présence/absence que constitue notre vie même… Nous créons des fantômes, de l’illusion, pour ne plus être seul. Avant d’être un aveuglement, c’est une consolation. Le Théâtre de la Ville ignore les frontières, sa troupe aussi. Avec Ionesco et Rhinocéros l’équipe Demarcy-Mota part à la conquête de l’Amérique. → THÉÂTRE DES ABBESSES I A DU 21 SEPT. AU 6 OCT. 20 H 30 I DIMANCHES 23 & 30 SEPT. 15 H Il y a deux ans, un volcan d’Islande s’étant réveillé et ayant paralysé tous les avions, la troupe a décidé de partir en car de Paris à Moscou en passant par l’Allemagne, la Pologne, la Lituanie… durant ces six jours de pérégrinations, au terme desquels il fallait répéter/jouer le soir même Casimir et Caroline au Théâtre Vakhtangov. Depuis, par d’autres moyens de locomotion, Casimir et Caroline a rencontré bien d’autres spectateurs, en France et hors de nos frontières. Rhinocéros de Ionesco, que vous avez pu voir créé et repris au Théâtre de la Ville, avec la même troupe, est lui aussi allé à Lisbonne, à Porto, au Luxembourg, et tout récemment à Istanbul, au grand Théâtre Harbye Muhsin Ertugru, dans le cadre du Festival International organisé par L’IKSV. Cet automne, le théâtre de la Ville sera présent aux États-Unis pour une longue tournée du même Rhinocéros, qui se déroulera du 20 septembre au 13 octobre : → à Los Angeles au Center for the Art of Performance de UCLA (University Campus Los Angeles), campus le plus important de Californie, les 20 et 21 septembre. → à Berkeley, dans la baie de San Francisco, à l’Université de Californie, du 27 au 29 septembre. → à New York au BAM (Brooklyn Academy of music) dans le cadre du 30e Next Wave Festival, du 4 au 6 octobre. → et enfin à Ann Harbor, près de Detroit dans le Michigan, au Power Center de l’Université du Michigan, du 11 au 13 octobre. CHRISTOPHE PELLET I JACQUES LASSALLE Loin de Corpus Christi CRÉATION Jacques Lassalle Julien Bal SCÉNOGRAPHIE Catherine Rankl LUMIÈRES Franck Thévenon COSTUMES Arielle Chanty SON & IMAGES Serge Monségu STAGIAIRE MISE EN SCÈNE Sarah Tick MISE EN SCÈNE ASSISTANT MISE EN SCÈNE Marianne Basler, Annick Le Goff, Sophie Tellier, Tania Torrens,Julien Bal, Bernard Bloch, Brice Hillairet & la voix de Sarah Tick AVEC Théâtre des 13 vents-CDN Languedoc-Roussillon Montpellier, Compagnie pour mémoire. COPRODUCTION Théâtre de la Ville-Paris. © l’Arche Éditeur PRODUCTION RENCONTRE (voir p. 22) Rhinocéros © JEAN-LOUIS FERNANDEZ QUESTIONS DE DAVID LESCOT À CHRISTOPHE PELLET AUTOMNE 2012 Plus tard dans la saison, il repartira à nouveau sur les routes, notamment : → au Barbican de Londres du 13 au 16 février 2013. → à Moscou au Théâtre Pouchkine, dans le cadre du Festival international Tchekhov, les 13 et 14 juin 2013. Notre troupe, durant 13 années en compagnie indépendante, puis 7 années à la Comédie de Reims et aujourd’hui au Théâtre de la Ville, s’est toujours engagée, et d’une certaine façon constituée, autour des tournées, proches ou lointaines, toujours régulières, qu’elle effectue chaque saison. Pour nous, ces tournées, en même temps qu’elles font découvrir des œuvres, un répertoire et une équipe artistique à d’autres publics à travers le monde, ont le mérite d’entretenir et de développer de nouvelles relations, de nouveaux liens avec les artistes et les théâtres d’ailleurs. Ce sont des aventures pleines de surprises, dont nous espérons qu’elles laisseront les plus heureux souvenirs… 10 • PIERRE GUYOTAT I PATRICE CHÉREAU Théâtre de la Ville PARIS septembre-octobre 2012 LE CORPS DU VERBE septembre-octobre 2012 THIERRY THIEÛ NIANG I JEAN-PIERRE MOULÈRES • 11 DANSE AU FIL DU TEMPS Avec Thierry Thieû Niang, 25 « seniors » entrent dans la ronde du Sacre du printemps, créé voici un siècle. Partant d’un texte d’Hervé Guibert écrit 30 ans plus tôt, Jean-Claude Gallotta tient la chronique des jours qui passent, quand Maguy Marin engage les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon contre les spasmes du présent. Et Sébastien Ramirez et Hyun-Jung Wang viennent attester que jeunesse reste synonyme de fougue. Patrice Chéreau à même la chair des mots ; ceux, à vif, de Pierre Guyotat, l’un des plus grands écrivains contemporains. Une odyssée aux confins du monde raisonnable. Patrice Chéreau dans Coma mise en scène Thierry Thieû Niang © ARTCOMART/PASCAL VICTOR Jadis, enfant, lorsque l’été résonne et sent et palpite de partout, mon corps en même temps que mon moi commence de s’y circonscrire et donc de le former : le « bonheur » de vivre, d’éprouver, de prévoir déjà, le démembre, tout de ce corps éclate, les neurones vont vers ce qui les sollicite, les zones de sensation se détachent presque en blocs qui se posent aux quatre coins du paysage, aux quatre coins de la Création. Ou bien, c’est la fusion avec le monde, ma disparition dans tout ce qui me touche, que je vois, et dans tout ce que je ne vois pas encore. Sans doute ne puis-je alors supporter de n’être qu’un seul moi devant tous ces autres moi et d’être immobile malgré l’effervescence de mes sens, d’être immobile dans cet espace où l’on saute, s’élance, s’envole… Plutôt mourir (comme peut « mourir » un enfant) que de ne pas être multiple, voire multiple jusqu’à l’infini. Quelle douleur aussi de ne pouvoir se partager, être, soi, partagé, comme un festin par tout ce qu’on désire manger, par toutes les sensations, par tous les êtres : cette dépouille déchiquetée de petit animal par terre c’est moi… si ce pouvait être moi ! Pierre Guyotat → THÉÂTRE DE LA VILLE I A JEUDI 13 & LUNDI 17 SEPT. 20 H 30 HORS ABONNEMENT I OUVERTURE LOC. LE 28 AOÛT PIERRE GUYOTAT I PATRICE CHÉREAU I MISE EN SCÈNE THIERRY THIEÛ NIANG Coma Voir aussi page 11 … du printemps ! Une proposition de Thierry Thieû Niang & Jean-Pierre Moulères avec la participation de Patrice Chéreau. Dirigé par Thierry Thieû Niang, Patrice Chéreau donne une voix et un corps aux douloureuses paroles de Pierre Guyotat, qui racontent la mort et la dépression, le besoin désespéré d’expression et la pulsion suicidaire, mais également la puissance des sens et la nécessité de vivre, qui se révèlent plus fortes que ce « coma » intellectuel et physique dont il a été victime. Le problème de la création artistique, cri désespéré et seul remède à cette nécessité pressante d’exister en tant que verbe et corps, et son pouvoir cathartique sont l’axe principal de ce voyage autobiographique. « Coma se lit d’une traite, comme une relation de voyage aux confins du monde raisonnable – voyage hypnotique dans le sommeil paradoxal et la profondeur du geste de création. Texte autobiographique, écrit en marge de l’œuvre ouverte par Tombeau pour cinq cent mille soldats en 1967, et à laquelle Progénitures, publié en 2000, a donné une nouvelle dimension par le recours au verset, Coma peut se lire comme le témoignage d’une traversée douloureuse vers un inaccessible au-delà du corps individuel, mais aussi comme l’odyssée poétique d’une écriture qui réclame ses livres de chair pour s’incarner en verbe. » Bertrand Leclair (in remue. net littérature, Une odyssée poétique, juin 2006) … du printemps ! une proposition de Thierry Thieû Niang & Jean-Pierre Moulères © JEAN-LOUIS FERNANDEZ LE PRINTEMPS DE LA VIE ENTRETIEN AVEC THIERRY THIEÛ NIANG Comment est né ce projet …du printemps ! ? C’est un projet au long cours : cela fait presque 7 ans que je travaille avec ces seniors à raison de 3 jours par mois. J’ai commencé dans le cadre d’une résidence à Marseille au Théâtre du Merlan. On y accueillait alors le Kontakthof de Pina Bausch pour des personnes de plus de 65 ans. Jean-Pierre Moulères, chargé des relations avec le public, m’a demandé d’organiser en marge un atelier du spectateur : j’ai mis une annonce dans La Provence pour rencontrer des personnes de 60 à 90 ans prêtes à aborder la question du corps vieillissant, de la mémoire du corps. Il y a eu par la suite d’autres ateliers* avec des thématiques différentes. Nous avons même eu une résidence au Centre national de la Danse à Pantin : j’avais demandé aux seniors de se pencher sur l’histoire de l’art et de la danse. De questionner leur siècle. L’Histoire. On a mis à leur disposition des documents d’actualité correspondant à des dates clés de leurs parcours de vie. Ils ont désiré regarder plusieurs fois Le Sacre du printemps de Pina Bausch qui venait de nous quitter. Dans l’atelier, en studio, ils ont voulu travailler sur Le Sacre de Stravinski. THIERRY THIEÛ NIANG : Ce qui n’était qu’une série d’ateliers avec des seniors va peu à peu devenir une aventure pour la scène ? T. T. N. : Effectivement au lieu de faire, comme d’habitude pendant le travail une pause au bout de 25 minutes, j’ai demandé aux seniors d’improviser pendant toute la durée du Sacre, sans sortir du plateau. C’est ainsi que Daniel, un amoureux de la course à pied et de la danse, devenu notre Chronos dans le spectacle, s’est mis à courir, suivi de temps en temps par un, deux ou même tous les autres seniors. Il y avait là une forme que je n’avais pas soupçonnée. Nous avons alors travaillé sur la question du cercle, de la spirale, de la ronde. Avec l’idée non pas de “sacrifier” un(e) élu(e) mais d’en élire un(e) grâce à cette spirale, à la course, à la marche, à la fatigue, nous avons travaillé sur l’écoute musicale, mis en place une chorégraphie et des écritures poétiques autour du thème des saisons et des éléments. Jean-Pierre Moulères, qui m’a rejoint sur cette création, a fait également un travail de découpage de l’œuvre de Stravinski. Nous avons présenté notre travail aux amis, à la famille et, par le jeu du hasard, … du printemps ! a été donné au Festival d’Avignon en 2011 alors que la programmation était bouclée. L’année même où Boris Charmatz, artiste associé de l’édition du Festival, développait une thématique autour de l’enfant. Et les 14 et 15 juillet 2011, à 19h, nous avons présenté …du printemps !. Cela a été le choc, 40 minutes de danse par des seniors amateurs et 15 minutes de standing ovation. La suite vous la connaissez. (Nombreuses représentations, tournées, une nouvelle vie pour ces seniors…) Il y a un invité d’exception dans …du printemps !, Patrice Chéreau, cette fois-ci acteur. Nous avons été invités au Festival de Danse de Cannes en novembre 2011. Son directeur, Frédéric Flamand a suggéré de lire un passage des écrits de Nijinski où il parle de la marche, de la course. Il savait que je travaillais avec Patrice. Et m’a soufflé son nom. Comme une rencontre entre le théâtre et la danse. L’humilité de Patrice face à ces « anciens » dont il a par ailleurs modifié le regard, m’a vraiment étonné. Et enfin, depuis novembre d’autres seniors, de Valence cette fois, ont rejoint le « printemps » comme d’autres comédiens succéderont à Patrice Chéreau pour cette incroyable tournée. T. T. N. : Propos recueillis par Philippe Noisette * Dans les ateliers, j’essaye d’alterner un travail actif et un travail de culture chorégraphique. → THÉÂTRE DE LA VILLE I B DU 10 AU 20 SEPTEMBRE 20 H 30 I DIMANCHE 16 SEPT. 15 H THIERRY THIEÛ NIANG I JEAN-PIERRE MOULÈRES AVEC LA PARTICIPATION DE PATRICE CHÉREAU … du printemps ! Thierry Thieû Niang & Jean-Pierre Moulères Le Sacre du printemps D’Igor Stravinski, DIRECTION Pierre Boulez, Cleveland Orchestra /CLEVELAND, OHIO, SEVERANCE HALL, 28 JUILLET 1969 LUMIÈRES Éric Soyer EXTRAITS DES Carnets DE Nijinski TEXTE FRANÇAIS & ADAPTATION THÉÂTRALE Christian Dumais-lvowski UNE PROPOSITION DE MUSIQUE PUBLIÉ AUX ÉDITIONS ACTES SUD 25 SENIORS Odette Bernard, Jacqueline Chapoulier, Emmanuel Cuchet, Danièle Douin, Emmanuel Drymael, Maria Fontaneda, Suzanna Fraiz, Mikael Franceschi, Anik Chaillé-Grell, Andrée Hagege, Annie Houbé, Lucienne Le Bouard, Geneviève Loizeleur, Ruth Nuesh, Josephe Orsucci, Anne-Marie Paillard, Jacqueline Pignon, Daniel Piovanacci, Fabienne Poullain, Marie-Georges Pruneau, Maryse Robion-Lamotte, Aline Ruggieri, Eve Sylvain, Catherine Tissier, Martine Arthaud & AVEC LA PARTICIPATION DE Patrice Chéreau DANSÉ PAR PRODUCTION Comédie de Valence, Centre dramatique national Drôme-Ardèche. AVEC LE SOUTIEN du Ballet national de Marseille, centre chorégraphique national et du Studio Kelemenis à Marseille. 12 • PREMIÈRE FOIS // S. RAMIREZ I HYUN-JUNG WANG Théâtre de la Ville PARIS septembre-octobre 2012 JEAN-CLAUDE GALLOTTA • 13 septembre-octobre 2012 → THÉÂTRE DE LA VILLE I B DU 31 OCTOBRE AU 10 NOVEMBRE 20 H 30 I DIMANCHE 4 NOVEMBRE 15 H JEAN-CLAUDE GALLOTTA Racheter la mort des gestes Chroniques chorégraphiques 1 CRÉATION MONDIALE AU THÉÂTRE DE LA VILLE CHORÉGRAPHIE CONCEPTION Jean-Claude Gallotta & TEXTES Jean-Claude Gallotta & Claude-Henri Buffard Mathilde Altaraz Jacques Schiotto & Marion Mercier ASSISTANTE À LA CHORÉGRAPHIE COSTUMES Sarah Barrau, Christophe Delachaux, Ximena Figueroa, Ibrahim Guetissi, Mathieu Heyraud, Georgia Ives, Cécile Renard, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, Béatrice Warrand & UN GROUPE DE 20 intervenants (DISTRIBUTION EN COURS) AVEC Centre chorégraphique national de Grenoble. Théâtre de la Ville-Paris. la MC2 : Grenoble. Le Centre chorégraphique national de Grenoble est financé par la DRAC Rhône-Alpes / ministère de la Culture et de la Communication, la ville de Grenoble, le conseil général de l’Isère, la région RhôneAlpes, et soutenu par l’Institut français pour les tournées internationales. PRODUCTION COPRODUCTION AVEC LE SOUTIEN DE Céline Renard & Thierry Verger dans Racheter la mort des gestes-Chroniques chorégraphiques 1 © GUY DELAHAYE Sébastien Ramirez & Hyun-Jung Wang dans Monchichi © DIRK KORELL COUPLAGES En duo sur scène et dans la vie, Sébastien Ramirez et Hyun-Jung Wang partent du hip-hop pour mettre en jeu identité et différences culturelles. → THÉÂTRE DES ABBESSES I A DU 11 AU 15 SEPTEMBRE 20 H 30 SÉBASTIEN RAMIREZ I HYUN-JUNG WANG COMPAGNIE SÉBASTIEN RAMIREZ Monchichi DIRECTION ARTISTIQUE Sébastien Ramirez CONCEPTION, CHORÉGRAPHIE, DANSE Sébastien Ramirez & Hyun-Jung Wang DRAMATURGIE Vincent Rafis CRÉATION LUMIÈRES Cyril Mulon SCÉNOGRAPHIE Ida Ravn COMPOSITEUR Ilia Koutchoukov ALIAS Everydayz/+∞ ARRANGEUR Fabien Biron MUSIQUES ADDITIONNELLES Carlos Gardel, Alva Noto, Nick Cave & Warren Ellis Compagnie Sébastien Ramirez, Clash66 – Act’art, conseil général de Seine-et-Marne – Le Théâtre*/ scène nationale de Narbonne – Initiatives d’Artistes en Danses Urbaines (Fondation de France – Parc de la Villette avec le soutien de la Caisse des Dépôts et l’Acsé) – Tanzhaus NRW Düsseldorf – Communauté de communes de la région Lézignanaise. AVEC LE CONCOURS de la Préfecture de région du LanguedocRoussillon – direction régionale des Affaires culturelles, du conseil régional Languedoc-Roussillon, de Hebbel am Ufer-HAU, Berlin, de Hauptstadtkulturfonds-Senat Berlin, de Casa Musicale Perpignan, de l’Association départementale de Développement de la Musique et de la Danse de l’Aude, du Réseau en Scène Languedoc-Roussillon. COPRODUCTION SIX QUESTIONS À SÉBASTIEN RAMIREZ & HYUN-JUNG WANG Stockholm, avec lequel nous avons commencé à tourner. Tout cela forme l’amorce du travail sur Monchichi, créé à Perpignan en 2010. Que signifie Monchichi ? S. R.: Ce sont des petites poupées qu’on appelle Kiki en France, des ouistitis! H.-J. W. : Et c’est un surnom qu’on m’a donné. En Allemagne, les gens ont du mal à prononcer mon prénom et m’appelaient Monchichi… Le spectacle traite de l’identité et des différences culturelles, de l’émigration. Sébastien est français d’origine espagnole ; moi, je suis coréenne de parents émigrés en Allemagne. AU-DELÀ DU MOUVEMENT, LES CHOSES DE LA VIE En 1984, Hervé Guibert suivait à Grenoble le travail de Jean-Claude Gallotta : « Qui est le chorégraphe, sinon ce grand fada sacré que la société semble payer pour le rachat de la mort des gestes ? ». Ce texte fournit le point de départ d’une pièce en forme de chronique du temps qui passe. Cette forme, tu l’as déjà testée, en 2008, dans ton studio de répétition, pour une poignée de spectateurs… Vous réinventez la danse de couple, mais de forme hip-hop, alors que celui-ci n’est pas réputé pour sa mixité. Nous n’y avons pas pensé de cette façon-là. Nous souhaitons surtout faire évoluer le vocabulaire hip-hop sur scène vers une forme plus contemporaine. La break dance est plutôt un outil de travail révélateur des clashs culturels et identitaires qu’on rencontre tous les jours. Ce qui n’est pas un problème, mais une réalité qui crée pas mal de difficultés… H.-J. W. : Au regard de cette réalité, le principal pour nous, ce n’est pas le hip-hop, mais de trouver notre façon de nous exprimer sur scène. ENTRETIEN AVEC JEAN-CLAUDE GALLOTTA PAR CLAUDE-HENRI BUFFARD S. R. : Quel est votre parcours de danse et où vous êtes-vous rencontrés ? SÉBASTIEN RAMIREZ : J’ai une formation de danse hip-hop et ma structure, Compagnie Sébastien Ramirez, est basée à Perpignan. Je travaille beaucoup en Allemagne ; au début, notamment avec Storm et en 2008, j’ai rencontré Honji (surnom de Hyun-Jung) dans une salle d’entraînement. Aujourd’hui, elle est non seulement ma partenaire en danse mais aussi ma compagne. Nous vivons ensemble entre la France et l’Allemagne. HYUN-JUNG WANG : Je suis née à Francfort et j’ai fait du ballet classique jusqu’à 16 ans. J’ai commencé à pratiquer le hip-hop et les arts martiaux en autodidacte. J’ai abordé la danse-théâtre pour la première fois en 2006 en dansant avec Constanza Macras à Berlin, puis j’ai créé un solo avec le chorégraphe belge Arco Renz. On a fait des workshops avec d’autres chorégraphes comme Sidi Larbi Cherkaoui. Avec Sébastien, nous avons débuté notre collaboration par un petit spectacle, AP15. S. R. : Dans le milieu hip-hop, on a fait pas mal de compétitions avec des show-cases de 3 minutes qui passent en sélection dans plusieurs pays. En 2009, nous avons en Allemagne gagné le Dance Delight, qui nous a permis de participer à Osaka au Japon à la finale où nous avons reçu le Special Price. Comment est né Monchichi ? S. R. : Amor et Psyché, notre première vidéo réalisée suite à ce prix a été le moteur de Monchichi. Cette vidéo, très connue dans le milieu de la danse, nous a beaucoup aidés. C’était aussi l’amorce d’un travail parrainé par Wim Wenders, un film qui devait être réalisé à Berlin, mais le projet n’a pas abouti. Nous avons fait un autre duo, d’une quinzaine de minutes, AP 15, créé pour le festival Urban Connections à la Danses Hus Ce nouveau spectacle, Racheter la mort des gestes – Chroniques chorégraphiques 1 constitue-t-il une démarche différente de tes autres pièces ? nos musiques depuis le début pour les compétitions. Pour Monchichi, il y a eu beaucoup d’allers-retours, nous lui avons parlé du projet, de l’esthétique du mouvement et nous avons réalisé une banque de sons, comme pour un film. La danse contemporaine telle qu’elle s’est développée nous offre une chance, son champ s’est ouvert considérablement au fil du temps, au-delà de la question du mouvement. Il faut s’en saisir. Mais curieusement, ce développement rejoint ce que je pratique depuis mes débuts avec le texte (la parole) et l’image qui ont toujours été pour moi des éléments constituants de la scène chorégraphique. En cela, ma démarche n’est pas si différente. On entend aussi un chant espagnol. S. R. : C’est Silencio de Carlos Gardel. Je voulais l’utiliser par rapport à Dans sa forme, ce spectacle tient du carnet de voyage, du journal intime… Qui est Everydayz/+∞, compositeur de Monchichi ? S. R. : C’est Ilia Koutchoukov, un ami russe de Perpignan qui compose mon père, d’abord parce que c’est l’une de ses musiques préférées et parce qu’elle est reliée à son histoire. Propos recueillis par Fabienne Arvers JEAN-CLAUDE GALLOTTA : J’ai toujours aimé évoquer les choses de la vie, de ma vie, dans mes spectacles, par le geste, par le mot parfois, mais je l’ai fait de manière ponctuelle. Avec ces chroniques, et sans doute parce qu’avec mon expérience j’ai de plus en plus envie de partager ce que je vis, j’ai pu en faire tout un spectacle. Avec une grande liberté : une impression, un souvenir, une rencontre, une protestation, une chanson en forment la trame. Je pourrais dire que tout s’enchaîne mais le mot est mal choisi, ces petites séquences me permettent au contraire de continuer à me libérer de mes carcans. À moi d’en faire un montage qui en trace une ligne mélodique cohérente. J.-CL. G. : J.-CL. G. : Au départ, ce spectacle nous l’avons plutôt conçu comme des travaux pratiques sans imaginer que nous le présenterions au public. Cela nous a donné une plus grande liberté au cours du travail de répétitions. Et puis les premiers spectateurs, les premiers professionnels l’ont très bien accueilli. Cela nous a donné l’envie de continuer, de sortir du studio, de présenter ce travail comme nos autres spectacles, grandeur nature, en salle. sous son parrainage. Guibert était venu à Grenoble à l’époque pour découvrir la danse contemporaine dont il ne connaissait rien, il nous avait suivis, je l’avais accompagné dans sa visite de la ville. Ce spectacle pourrait être lu également comme le portrait chinois de notre rencontre. Il est en filigrane dans ces chroniques, à commencer par le texte du début du spectacle. Nous disions que ce spectacle était assez différent, il a pourtant quelque chose de commun avec les autres, c’est l’intégration de « gens » parmi les danseurs… En effet, ce n’est pas nouveau, j’ai toujours fait ça, depuis mes tout débuts. Peut-être vais-je cette fois-ci un peu plus loin. J’ai fait une confiance encore plus grande que d’habitude aux « gens », à toutes ces personnes qui sont venues spontanément à l’audition ; au même titre que les danseurs, ils ont chacun leur séquence, parfois seulement constituée des deux ou trois minutes qu’ils ont présentées à l’audition. Je pourrais dire que je me suis contenté de « les mettre en musique », de les intégrer dans le rythme général de la pièce. J.-CL. G. : Ces séquences sont donc constituées de moments de vie, de bouts de films, d’éléments réarrangés, repris parfois d’autres de tes spectacles. Sorte de patchwork chorégraphique ? Ou, comme il a été dit, de « stage movie » ? J.-CL. G. : Si on veut. Cela tient un peu d’une technique utilisée au cinéma, qu’on appelle le « found footage » qui consiste à récupérer des morceaux de pellicule d’autres films pour en fabriquer un nouveau. Ça existe aussi en littérature sous le nom de « centon ». Dans ce spectacle, les moments dansés s’entrelacent avec des extraits de films, de fiction ou documentaires, des instantanés de vie, un dialogue, une performance, un souvenir personnel… À propos de souvenir, tu as placé le spectacle sous l’égide d’Hervé Guibert… Oui, le texte qu’il avait écrit dans Le Monde en 1984 sur mon travail et sur moi est d’une telle qualité littéraire que je n’ai jamais pu l’oublier. Assez naturellement, pour ce spectacle qui s’appuie sur des choses très personnelles, le titre de son papier est devenu le titre du spectacle, lequel est ainsi placé J.-CL. G. : Ce travail semble t’enthousiasmer au point que tu aimerais le poursuivre, peut-être alterner régulièrement des spectacles de ce type avec d’autres créations et des reprises de répertoire… J.-CL. G. : Je rêve que cela soit possible, que cette forme de spec- tacle soit comprise. Je trouve extraordinaire que ces moments d’émotion intense que nous connaissons, entre nous, en répétitions, « gens » et danseurs confondus, puissent être portés à la scène. Finalement, il s’agit toujours pour moi de la même démarche, de contribuer à ouvrir en permanence le champ de la danse et de le faire avec le plus d’humanité possible. 14 • FESTIVAL D’AUTOMNE // PORTRAIT MAGUY MARIN Théâtre de la Ville PARIS MAGUY MARIN • 15 septembre-octobre 2012 septembre-octobre 2012 MAGUY MARIN, EN ABSOLUE LIBERTÉ © JEAN-PIERRE MAURIN À partir du 13 octobre au Théâtre de la Ville, Faces ouvre un « Portrait Maguy Marin » que déploie le Festival d’Automne à Paris et en Île-de-France. Une fenêtre est ainsi largement ouverte sur 30 ans d’une œuvre à constellations multiples. CALENDRIER « PORTRAIT MAGUY MARIN » ENTRETIEN AVEC MAGUY MARIN DU 16 AU 27 OCT. I THÉÂTRE DE LA BASTILLE Création 2012 DU 13 AU 15 NOV. I LE CENTQUATRE Cap au Pire LES 16 & 17 NOV. I LE CENTQUATRE DU 20 NOV. AU 1ER DÉC. I TH. DU ROND-POINT May B DU 22 AU 27 NOV. I TH. CITÉ INTERNATIONALE Ça quand même Prises/Reprises À partir d’un ouvrage d’Edward Bernays qui expose les principes de la manipulation de masse, Maguy Marin secoue le fatras de l’époque mondialisée, avec 28 interprètes du Ballet de l’Opéra de Lyon. DU 29 NOV. AU 1er DÉC. I TH. NAT. DE CHAILLOT DU 6 AU 8 DÉC. I MAISON DES ARTS CRÉTEIL DU 13 AU 15 DÉC. I THÉÂTRE DE ST-QUENTIN-EN-YVELINES Cendrillon Faces © JEAN-PIERRE MAURIN Des corps. La parole y fuse. Ou s’y tait. Mais les traverse, comme une nappe phréatique que rien n’assèche. Des mots. Les corps s’y greffent, jusque dans la fange, ou dans la fête. Infusés, ou diffusés, comme une vague lancinante, dont aucune digue ne protège. La danse est dans le théâtre qui l’expose, le théâtre est dans la danse qui le transpose. Ce n’est pas une guerre de positions, mais une forme qui compose, sans cesse mouvante. Danse-théâtre en serait le label, mais aucun label ne saurait dire le trajet singulier d’une œuvre, ses affinités et ses compagnonnages, ses répétitions et ses recommencements. Tout artiste véritablement engagé dans une œuvre ne cesse d’en déplacer les frontières, avec une obstination qui écarte cependant la dispersion. Tout artiste véritablement engagé dans une œuvre ne cesse de traquer ses doutes et d’y puiser des certitudes nouvelles, avec un sens de la quête qui éloigne toute tentation de posture. Maguy Marin est de cette trempe où se forgent les plus cinglantes et les plus acérées des aventures artistiques. Début des années 80 : sitôt affranchie d’une formation plutôt classique ( notamment à Mudra, l’école bruxelloise de Maurice Béjart), elle jette l’ancre dans l’univers de Beckett et en sort transfigurée avec May B, une pièce sale, aujourd’hui devenue légendaire – et toujours active –, où les grommelots, les gestes saccadés, les corps argileux, dessinent un tout autre paysage que celui de Cunningham et de la post modern dance américaine qui commencent alors à éveiller une « nouvelle danse française ». May B, pièce imprévisible et fondatrice qui, plutôt que d’instaurer un « style », aura fait de Maguy Marin une chorégraphe en absolue liberté. Entre trente années UNE ŒUVRE POUR DÉJOUER LA FABRIQUE DU CONSENTEMENT de compagnie (dont plus de vingt-cinq ans à la direction des Centres chorégraphiques nationaux de Créteil puis de Rillieux-la-Pape, qu’elle a choisi de quitter afin de redevenir « indépendante » et de reprendre souche dans sa ville natale, Toulouse), elle a toutefois creusé un « parcours », où d’immenses succès publics (tel Cendrillon, pour le Ballet de l’Opéra de Lyon, en 1985) jouent des coudes avec des pièces tout aussi sublimes mais incomprises d’une partie du public, voire malmenées à leur création. Fille de réfugiés espagnols de la guerre civile sous Franco, Maguy Marin est restée une chorégraphe d’engagements, artistiques autant que citoyens. Mais chez elle, point de slogans: une résistance de chaque geste (artistique et poétique) au consensus du bon goût et des bienséances, une conscience aiguë de tous les asservissements et de toutes les compromissions qui tentent de domestiquer le « troupeau humain ». Une exigence qui n’a fait que s’aiguiser et se renforcer depuis plus de vingt ans qu’elle a noué une collaboration complice avec le compositeur Denis Mariotte. En proposant un « Portrait Maguy Marin », à travers sept pièces, qu’elles soient de répertoire (May B et Cendrillon), rares (Ça quand même, Prises/ Reprises, Cap au Pire, qui fait retour vers Beckett) ou en création (avec sa compagnie, au Théâtre de la Bastille), et Faces (avec 28 danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon, au Théâtre de la Ville), le Festival d’Automne à Paris rend justice au déploiement d’une œuvre en constellations multiples, qui est aussi le cœur battant d’une époque, la nôtre, avec ses utopies et ses refoulements, ses chaos et ses tremblements. Avec Maguy Marin, la danse reste éminemment vivante de ce qui l’excède. J.-M. A. Année après année, défendant avec détermination chaque création sans aucune complaisance, cet appui partagé par l’ensemble de l’équipe du Théâtre de la Ville n’a jamais été démenti malgré un accueil public parfois hostile. L’arrivée à la direction en 2007 d’Emmanuel Demarcy-Mota a encore renforcé la longue histoire entre ce lieu et notre équipe, un lien tissé au fil des ans par l’exigence, l’hospitalité, et l’amitié. LE 3 DÉC. I LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE Maguy Marin : retour sur Umwelt (cinéma) Programme donné sous réserve de modifications. UNE JOURNÉE AVEC MAGUY MARIN DIMANCHE 21 OCTOBRE À PARTIR DE 10 H 30 Le Théâtre de la Ville organise une journée avec Maguy Marin, Denis Mariotte et les danseurs de la compagnie : ateliers, classes d’initiation, rencontre, projections… (voir p. 21) Vous êtes programmée au Théâtre de la Ville depuis vos débuts, dès 1980 (avec Contrastes, La Jeune Fille et la Mort et Nieblas de Nino), avant même le succès de May B., et depuis lors, notamment avec des pièces dont vous regrettez qu’elles aient très peu ou pas tourné ailleurs (Umwelt, Ah ! Ah !, Turba et Description d’un combat ). Quel lien avez-vous tissé au fil des ans avec ce théâtre ? Des six pièces que vous présentez au Festival d’Automne dans le cadre d’un parcours-portrait disséminé dans plusieurs théâtres de Paris, Faces est programmé au Théâtre de la Ville. Quelle est la genèse de cette pièce créée il y a un an au Ballet de l’Opéra de Lyon ? En 1979, Gérard Violette et son épouse, profitant d’une fin de semaine, sont venus nous voir danser dans un gymnase près du Havre. Nous présentions La Jeune Fille et la Mort et une pièce de Daniel Ambash, Week-end au paradis. Cette rencontre a été suivie d’une première programmation au Théâtre de la Ville en 1980 ; c’est à cette occasion que nous avons pu commencer à nous salarier et à ouvrir nos droits au régime de l’intermittence, ce qui nous a permis de consacrer entièrement toute la saison suivante à notre travail. Nous débutions, et l’encouragement de Gérard Violette à ce moment-là a été particulièrement précieux. Yorgos Loukos, directeur du ballet de l’Opéra de Lyon, et la première donnée à intégrer, c’était le nombre important, vingt-huit, de danseurs du ballet. On a commencé par trois semaines d’ateliers en leur expliquant qu’il n’y aurait pas de solistes et qu’on n’attendait pas d’eux de performances particulières. Il n’y a pas eu de résistances, ils se sont bien prêtés au jeu. Avec Denis Mariotte, on avait lu Propaganda d’Edward Bernays, où il expose ce qu’il appelle « la fabrique du consentement » : comment et à quelles fins sont pensés les mécanismes qui construisent des moments de consensus généraux. On a travaillé sur les flux, qui parfois se séparent en ruisseaux et MAGUY MARIN : M. M. : C’est une commande de création que m’a faite parfois se réunissent à nouveau. Le temps que les derniers arrivent, les premiers sont déjà repartis ailleurs. L’histoire sera différente selon le nombre d’interprètes. Il y a, par exemple, une image où l’un se met à quatre pattes. C’est une position. Mais quand tous sont à quatre pattes, c’est un troupeau. Et si l’un d’eux se dresse à la verticale, il s’agit encore d’autre chose. La propagande consisterait à agréger le plus grand nombre pour que tous pensent la même chose ? Oui, et cela aussi pour des raisons de profit économique et politique. Dans son livre, Edward Bernays, qui était le neveu de Freud, raconte comment, à la demande des fabricants de tabac américains se plaignant de perdre un marché parce que les femmes ne fumaient pas, il leur a conseillé d’envoyer quelques nanas fumer des cigarettes appelées « flammes de la liberté » sur la 5e avenue le jour d’une célèbre parade au moment de Pâques. Du coup, le marché des femmes fumeuses s’est développé, et moi-même j’ai commencé à fumer dans les années 60 parce que je pensais que c’était un acte qui marquait ma liberté. C’est une façon de manipuler, ce qui guide l’action humaine dans un groupe social. Foucault a parlé de cette façon de contrôler en ciblant des blocs (les petits, les ados, les retraités, les actifs, les femmes, les handicapés) aisément manipulables… Propos recueillis par F. A. M. M. : → THÉÂTRE DE LA VILLE I B DU 13 AU 19 OCT. 20 H 30 I SAMEDI 20 OCT. 15 H I DIM. 14 & 21 OCT. 15 H MAGUY MARIN I BALLET DE L’OPÉRA DE LYON Faces CRÉATION CHORÉGRAPHIE & MISE EN SCÈNE Maguy Marin COLLABORATION À LA CONCEPTION DU SPECTACLE & CRÉATION SONORE Denis Mariotte COSTUMES & ACCESSOIRES Montserrat Casanova SCÉNOGRAPHIE Michel Rousseau LUMIÈRES Alexandre Béneteaud DISPOSITIF SONORE Antoine Garry AVEC 28 interprètes CORÉALISATION Théâtre de la Ville-Paris – Festival d’Automne à Paris. 16 • PaRCouRS { enfance & jeunesse } 2e édition Théâtre de la Ville PARIS septembre-octobre 2012 septembre-octobre 2012 PaRCouRS { enfance & jeunesse } 2e édition • 17 CALENDRIER (EN COURS) : Buchettino SOCÌETAS RAFFAELLO SANZIO { théâtre } à partir de 8 ans → Théâtre des Abbesses du 22 octobre au 2 novembre Silvia Pasello dans Buchettino mise en scène Chiara Guidi © LUCA DEL PIA Les Jeunes CRÉATION DAVID LESCOT { théâtre I écriture contemporaine } à partir de 14 ans → Théâtre des Abbesses Une histoire pour enfants dont Chiara Guidi et Claudia Castellucci font renaître la magie, l’infinie rêverie. du 8 au 24 novembre O NF O M du 8 au 24 novembre LE CIE THÉÂTRE À CRU { théâtre } à partir de 8 ans → Le Monfort RT J’avance et j’efface CRÉATION E R AT QU T N ET CE RQU LE D PA RAN LE G Trois contes MAURICE RAVEL I CHARLES PERRAULT { musique I vidéo } à partir de 7 ans → Théâtre des Abbesses du 27 au 29 décembre Faim de loup ILKA SCHÖNBEIN I LAURIE CANNAC { marionnettes } à partir de 8 ans → Le Grand Parquet DES PAS DANS LA FORÊT… THÉÂTRE DE LA VILLE-PARIS Du 4 janvier au 3 février Nos amours bêtes CRÉATION FABRICE MELQUIOT I AMBRA SENATORE { théâtre I danse } à partir de 6 ans → Théâtre des Abbesses du 6 au 13 avril Des pièces, des musiques, des histoires, des marionnettes, des danseurs, des rêves, le Théâtre de la Ville et ses partenaires propose toute la saison de grands spectacles pour enfants et adolescents. Sobre la cuerda floja VERSION FRANÇAISE MIKE KENNY I TEATRO MILAGROS { marionnettes du Chili } à partir de 8 ans → Théâtre des Abbesses du 13 au 18 mai L’Après-midi d’un foehn PHIA MÉNARD { cirque } à partir de 6 ans Le Monfort → du 21 mai au 8 juin Le Centquatre → du 11 au 15 juin DE GAUCHE À DROITE EN PARTANT DU HAUT : Sobre la Cuerda floja © ALEJANDRO HOPPE // L’Après-midi d’un foehn © JEAN-LUC BEAUJAULT // Les Jeunes © ÉRIC DIDYM // Faim de loup © SERGE LUCAS // Trois contes © ARIANE MESTRE Après avoir initié en 2011 un projet dédié à la jeunesse couronné de succès, nous développons cette saison le « PaRCouRS » en cherchant à inventer d’autres liens entre structures (théâtres, musées…) et artistes, pour offrir aux enfants, adolescents et jeunes adultes des formes artistiques innovantes, toute la saison, aux quatre coins de Paris. International et pluridisciplinaire, le programme qui se développera continuellement en cours d’année propose des créations d’auteurs d’aujourd’hui (David Lescot ou la compagnie Théâtre à cru), des rencontres entre artistes d’horizons différents (l’auteur Fabrice Melquiot et la chorégraphe Ambra Senatore), des artistes inclassables (Phia Ménard, Ilka Schönbein), et des aventures artistiques venus d’ailleurs (la Socìetas Raffaello Sanzio ou la compagnie chilienne Teatro Milagro). Plusieurs lieux culturels de Paris sont engagés avec nous dans cette démarche nouvelle : Le Monfort (15e), le Grand Parquet (18e), le Centquatre (19e). Dans le cadre de ce parcours, nous développons une « école du spectateur », dès le plus jeune âge, mais aussi des ateliers de pratiques artistiques dirigés par des acteurs, des danseurs, des musiciens, selon des formes chaque fois réinventées. Ce projet s’adresse à tous les jeunes spectateurs, puisque nous souhaitons engager le Théâtre de la Ville dans des partenariats avec des enseignants venus de Paris comme d’Île-de-France, depuis l’école primaire jusqu’au lycée, voire au-delà. Héritage familial, rencontre de hasard ou dans le cadre de l’école, la représentation aide à se connaître, à connaître l’autre et le monde. Proposer d’autres horaires, des tarifs adaptés, développer les liens avec les enseignants, réunir les générations dans une même salle, tels sont les objectifs du PaRCouRS {enfance & jeunesse}. L’équipe du Théâtre de la Ville On entre, et dans la pénombre, disposés contre les murs, nous attendent des lits superposés. La voix d’une femme, entraperçue assise sous une lampe, nous invite à enlever nos chaussures, à nous coiffer d’un bonnet de nuit, et à nous glisser dans les draps. Nous sommes prêts. Disponibles pour écouter cette voix qui va nous faire redécouvrir les aventures du Buchettino, notre Petit Poucet. Une histoire du fond des âges, reprise au XVIIe siècle en un moment de grande famine par Charles Perrault, au XIXe par Hans Christian Andersen, et sans doute beaucoup d’autres de par le monde. Car les histoires d’enfants que la misère a livrées à tous les ogres de la terre, est de partout et de tous les temps. Chaque époque génère ses menaces, les plus fragiles en font les frais. Dieu sait qu’il est fragile, notre Buchettino : petit, malingre, timide, dernier né d’une famille nombreuse – sept garçons – autant que pauvre. Mais enfin, c’est lui qui sauvera la fratrie, lorsque à deux reprises, les parents à bout de force et de ressources, abandonneront leurs enfants aux fins fonds d’une forêt où des loups affamés cherchent leur pitance, où règne un ogre évidemment sans scrupule. En toute simplicité les mots s’enchaînent, racontent, suggèrent des images. Seulement suggèrent. Elles n’apparaissent pas, appartiennent aux rêves de chacun, portées par le récit, par les sons qui l’accompagnent. La musique, et aussi les bruits de la forêt, les chants d’oiseaux rassurants, les hurlements lointains des loups, terrifiants autant que les pas lourds, les halètements de l’Ogre… Et puis les pas légers des enfants, les crissements de la terre, le vent dans les feuillages, les craquements des branches, que l’on pourrait croire sentir dans sa main en touchant le bois du lit… On ne voit pas, on entend, et on est au cœur de l’histoire, comme si on la vivait soi-même au présent, retrouvant des peurs, des fureurs, que l’on croyait remisées aux fins fonds de la mémoire. De par sa douceur, la voix de la conteuse nous projette dans l’étrange et la violence de cet engrenage d’actions cauchemardesques aboutissant à des situations abominables, pour lesquelles la fin justifie les pires moyens. Car tout de même, livrer ses propres enfants à tous les dangers, préférer sa propre sécurité à la leur, pourrait paraître intolérable autant qu’impardonnable. Mais non, une fois tirés d’affaire, notamment grâce à la prévoyance et aux talents stratégiques du Buchettino, les garçons reviennent et pardonnent. Il est vrai que sur le plan moral, ils n’ont rien à envier à leurs parents, ni même à l’Ogre. Sauver leur vie en le trompant au point de lui faire assassiner à leur place ses sept filles endormies !!! On le sait, les « contes pour enfants » jouent sur les extrêmes, ne s’encombrent pas de rationalité ni de vraisemblance. Ils s’adressent à des âges où par la grâce de l’innocence et d’une curiosité avide, tout est encore possible. Où le faux et le vrai ne font qu’un. Le miracle, par lequel ces contes traversent les siècles et les frontières, c’est que bien des années plus tard, il suffit d’entendre une douce voix raconter l’histoire comme si elle s’adressait à vous personnellement, pour y reconnaître l’espoir du bonheur, en retrouver la magie. Rare bonheur. Colette Godard → THÉÂTRE DES ABBESSES I C DU 22 OCTOBRE AU 2 NOVEMBRE LUNDIS, MARDIS, JEUDIS & VENDREDIS 14 H 30 & 19 H 30 MERCREDIS 10 H & 14 H 30 I SAMEDI 15 H & 19 H 30 EN FRANÇAIS SOCÌETAS RAFFAELLO SANZIO Buchettino TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 8 ANS Le Petit Poucet DE Charles Perrault (1628-1703) Chiara Guidi DÉCOR & AMBIANCE SONORE Romeo Castellucci ADAPTATION Claudia Castellucci NARRATRICE Silvia Pasello BRUITS EN DIRECT Eugenio Resta, Carmen Castellucci MACHINISTE & MISE EN SCÈNE SONORE Paolo Baldini D’APRÈS MISE EN SCÈNE PRODUCTION Socìetas Raffaello Sanzio. le Teatro Bonci de Cesena. EN COLLABORATION AVEC 18 • MUSIQUE Théâtre de la Ville PARIS septembre-octobre 2012 MUSIQUES DU MONDE • 19 septembre-octobre 2012 DEUX SOUFFLES DE LIBERTÉ ! CIEL → THÉÂTRE DES ABBESSES I D SAMEDI 29 SEPTEMBRE I 17 H ERWAN KERAVEC Un étonnant duo de cornemuse et voix. Erwan Keravec et Beñat Achiary « rêvent » et inventent une musique aux accents de free jazz hors des sentiers battus de la tradition. CORNEMUSE Joute musicale inédite, le concert est à couper le souffle. Quelle respiration ! Beñat Achiary et Erwan Keravec ne jouent pas d’écriture ou de répertoire, rien n’est prescrit. En Ametsa (« RÉVE » EN BASQUE) montant sur scène, ils ne savent pas ce qu’ils vont jouer… mais ils ne s’interdisent rien. Le concert Ametsa, « rêve » en Basque, est la rencontre d’une utopie commune qui place l’interprète au centre de la pensée musicale. Leur art repose sur une culture approfondie, virtuose et insoumise de leur pratique instrumentale : la voix chantée pour Beñat Achiary et la cornemuse sonnée pour Erwan Keravec. Le basque Beñat Achiary partage et fait se croiser tradition orale et improvisation. Un souffle qui crépite des accents libertaires du free jazz, qui visite les gestes des leveurs de pierre ou encore ceux des bûcherons qui jouent des Txalaparta, percussions de poutre. Rythmes du monde et de sa géologie, du ruisseau et du vent, son chant dit aussi les sentiments humains, prend son envol sombre ou joyeux. La démarche musicale est spirituelle et poétique, les mots et le souffle vont au-delà des montagnes. Erwan Keravec commence la musique en couple avec son frère Guénolé à la bombarde. C’est en écoutant le disque Lili Purprea de Beñat Achiary, en 1992, qu’il prend conscience, explique-t-il, que « l’engagement vers la musique improvisée, imaginée, doit être total et sans retenue ». BEÑAT ACHIARY CHANT OCÉAN GAVIN BRYARS DIVINE INTÉGRALE LES CHEMINS DE LA MÉMOIRE Les bords du Rhin sont propices aux musiciens. La Schola Cantorum de Bâle, cet extraordinaire vivier de talents baroques accueillit, au milieu des années 1990, la jeune marseillaise Céline Frisch. Elle entre alors dans la classe d’Andreas Staier, le maître absolu du clavecin et du pianoforte. Amoureuse de Bach, le nom de Céline Frisch est aussi associé à celui de l’Ensemble Zimmerman qu’elle a fondé avec Pablo Valetti. L’intitulé de l’orchestre rend hommage à cette profane institution où Bach et ses amis pratiquaient le concert public et payant. Découverte majeure du précieux label Alpha, Céline Frisch a gravé, avec cet ensemble, l’intégrale des concerti de Bach, mais aussi de très remarquées Variations Goldberg, suivies des sonates pour violon et continuo, puis des sonates pour viole de gambe avec Juan Manuel Quintana. Sans oublier Rameau et d’Anglebert. Cette artiste au son plein et à la virtuosité joyeuse, tombée amoureuse du clavecin à l’âge de six ans, pratique un jeu précis et racé qui sait ne plus être sage quand la fougue du contrepoint commande. Il n’est guère meilleure carte de visite que les Toccatas pour clavier et les 48 préludes et fugues du Clavier bien tempéré pour exposer son art. Composé en 1969 par Gavin Bryars (né en 1943, Yorkshire) et publié aussitôt par le label « Obscure » de Brian Eno, le matériau de The Sinking of the Titanic, provient entièrement de sources sonores liées aux récits du désastre, dont la plus apparente est la musique d’un petit orchestre de bord qui jouait encore et toujours sur un pont de plus en plus incliné. Que jouaient-ils donc, ces musiciens ? Quand ont-ils cessé de jouer – si tant est qu’ils aient cessé ? À quoi ressemblait – en l’absence de toute archive – le son qu’ils ont continué à produire sous les vagues, là où il se propage plus vite que dans l’air ? Au fil des ans, l’œuvre s’est enrichie des nouvelles recherches menées sur le naufrage : voix fragiles et fragmentaires des survivants, nouvelles images de l’épave gisant dans les grands fonds, images d’un film qui a battu tous les records de fréquentation… Mais là où James Cameron a utilisé pour son Titanic une maquette à 90 %, l’œuvre de Bryars, elle, congédie toute dimension physique et, à partir du bateau, nous emmène explorer les multiples cheminements de la mémoire. […] The Sinking of the Titanic a ceci d’admirable qu’il est polysémique, complexe, mystérieux. Ce bateau qui gît au large de Terre-Neuve, par 41-43’55’’ Nord et 4956’45’’ Ouest (et quelle étrange poésie il y a dans ces chiffres !) continue de pourrir depuis un siècle dans les tréfonds de l’Atlantique Nord, mais tandis qu’il se décompose lentement, l’œuvre de Bryars, elle, ne cesse de grandir et de se développer, sans que l’« histoire événementielle » ou le révisionnisme ait encombré sa coque de leurs sédiments. Perpétuellement réinventée : c’est une musique toujours en partance. LUNDI 22 OCTOBRE I 20 H 30 Au programme, un inouï contraste entre la simplicité apparente et la complexité des sons. Aude Lavigne CD Urban Pipes II – Erwan Keravec, Beñat Achiary, Guénolé Keravec (Buda Musique 860207). GAVIN BRYARS The Sinking of the Titanic Nouvelle version à l’occasion du centième anniversaire du naufrage du Titanic LUNDI 15 OCTOBRE I 20 H 30 Gavin Bryars MUSIQUE Philip Jeck PLATINES Bill Morrison & Laurie Olinder CONCEPTION DU DISPOSITIF DE PROJECTION Gavin Bryars Ensemble → THÉÂTRE DE LA VILLE I D BLITZ THE AMBASSADOR & IMAGES VOIX & PERCUSSIONS Ghana I États-Unis Raja Kassis GUITARE Sydney Driver BATTERIE Ezra Brown SAXO Clemens Braun TROMBONE Alexis Hountondji BASSE Josiah Woodson TROMPETTE Flamboyante fête de la musique ! Blitz the Ambassador nourri au sein de la musique africaine, propulse son hip-hop nouvelle génération jusqu’aux États-Unis et fait entendre les voix de ceux qui n’ont pas la parole. 2e CONCERT Le hip-hop a de nombreux visages. Il peut être matérialiste, égocentrique ou fasciné par la violence. Avec Blitz the Ambassador, né Samuel Bazwule à Accra en 1982, il est passionné, révolutionnaire, panafricain et d’une intensité lyrique rarement atteinte. Samuel découvre le rap avec l’historique second album de Public Enemy. Juste retour des choses : l’imprécateur de P. E., Chuck D, viendra faire une apparition en 2011 sur l’album Native Sun. Avant de se lancer dans une carrière professionnelle, Blitz mémorise tous les raps de ses idoles américaines. « L’énergie de cette musique qui ne ressemblait à aucune autre m’a instantanément séduit », se souvient Blitz. Il développe son propre style, incorporant dans ses rythmiques des éléments de l’afrobeat et du high-life. Il est sacré meilleur nouvel artiste aux Ghana Music Awards en 2000, et émigre pour ses études aux États-Unis en 2001. Son dernier album sorti en 2011 s’intitule Native Sun, en référence au livre Native Son écrit en 1940 par Richard Wright. Blitz rend hommage aux pionniers de son pays : Sur Best I Can (featuring Corneille), il cite Reggie Rockstone, artiste ghanéen qui fut parmi les premiers à rapper en dialecte twi (ou tchi). « Mon album ne changera peut-être pas ce que les gens pensent de la musique africaine, mais il participe, avec ceux de Baloji, K’Naan, Tumi et quelques autres, à l’avènement d’un son nouveau ». Blitz ? Cet ambassadeur-là ne pratique pas la langue de bois mais la langue de feu. Ses mots et ses musiques méritent d’être entendus sans barrières ni frontières. Toccata en ré majeur, BWV 912 Préludes et fugues de 13 à 24, BWV 858 à BWV 869 CD Native Sun (featuring Les nubians) 2011. Vincent Borel → THÉÂTRE DES ABBESSES I D SAMEDI 6 OCTOBRE I 17 H SAMEDI 8 DÉCEMBRE I 17 H CÉLINE FRISCH CLAVECIN BACH Intégrale du 1er Livre du Clavier bien tempéré 1er CONCERT Toccata en sol majeur, BWV 916 Préludes et fugues de 1 à 12, BWV 846 à BWV 857 1er CONCERT 2er CONCERT Texte de Brian Morton, traduction Béatrice Dunner Olivier Cachin © DR CÉLINE FRISCH → THÉÂTRE DE LA VILLE I B © PASCAL BOUCLIER © PETR SKALKA © MARK ALLEN Bretagne I Euzkadi 20 • RETOUR SUR… Théâtre de la Ville PARIS septembre-octobre 2012 2012 Samedi 16 et dimanche 17 juin 2012, s’est tenue au Théâtre de la Ville à Paris la deuxième édition du concours Danse élargie. Imaginé et organisé par le Théâtre de la Ville et le Musée de la danse, en partenariat avec la Fondation d’entreprise Hermès, et avec le soutien de la Sacd, le concours a accueilli 20 équipes issues de champs artistiques variés et originaires de 14 pays différents : Argentine, Australie, Autriche, Belgique, France, Italie, Japon, Kazakhstan, Mexique, Russie, Suède, Suisse, Taiwan et Ukraine. Samedi 16, 20 projets inédits, rassemblant plus de 240 artistes, se sont succédé tout au long de la journée sur le grand plateau du théâtre. À l’issue de cette première journée, 10 d’entre eux ont été retenus pour le lendemain par le jury d’artistes. Dimanche 17, les 10 projets finalistes ont été présentés à nouveau. La remise des prix a ensuite clôt cette deuxième journée. 6 projets ont ainsi été distingués par le jury d’artistes et le jury de spectateurs, représentant l’esprit d’ouverture et de croisement qui guide l’existence de ce concours. Les dotations accompagnant les prix, apportées par le Théâtre de la Ville, le Musée de la danse et la Fondation d’entreprise Hermès, permettront aux artistes de poursuivre leur démarche de création, quel que soit le champ artistique qu’ils choisissent d’explorer. Le format singulier de l’événement – des pièces de 10 minutes se succédant tout au long des deux journées – attire un public de plus en plus nombreux : ouvert pendant tout le week-end en accès libre sans réservation, le Théâtre de la Ville a ainsi accueilli plus de 1800 spectateurs au cours de cette deuxième édition. Le public a également salué chaleureusement une nouveauté de cette édition 2012 : Crash-test, une performance collective de 10 minutes, qui a réuni sur le plateau l’ensemble des artistes du concours présentant simultanément leurs 20 projets. Une exposition collective en somme, au cours de laquelle les parcours de chaque équipe, de chaque interprète se croisent et s’influencent pour donner naissance à une œuvre nouvelle. Pour cette deuxième édition, le Théâtre de la Ville et le Musée de la danse ont proposé, à nouveau, la grande scène du théâtre en partage. Rendez-vous en 2014 pour la 3e édition. (1) BRÈVES • 21 septembre-octobre 2012 MERCREDI 26 SEPTEMBRE DIMANCHE 21 OCTOBRE À PARTIR DE 10 H 30 « TEMPS FORT HEINER MÜLLER » « UNE JOURNÉE AVEC MAGUY MARIN » OUVERTURE DE LA LOCATION MARDI 4 SEPTEMBRE • RÉSERVATION SUR LE SITE INTERNET www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER & INSCRIPTIONS) OUVERTURE DE LA LOCATION MARDI 2 OCTOBRE • RÉSERVATION SUR LE SITE INTERNET www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRE PUIS CALENDRIER & INSCRIPTIONS) Heiner Müller © DR // DESSIN DE GILLES AILLAUD, 1988 Faces © JEAN-PIERRE MAURIN (4) → 19 H-20 H // AU CAFÉ DES ŒILLETS → 10 H 30-12 H 30 // À LA COUPOLE GRATUIT SUR RÉSERVATION TARIF UNIQUE 5 € // POUR 35 PERSONNES RENCONTRE AVEC JEAN JOURDHEUIL, ÉCRIVAIN, TRADUCTEUR DE HEINER MÜLLER & METTEUR EN SCÈNE CLASSE D’INITIATION POUR ADULTES À PARTIR DE 16 ANS ANIMÉE PAR DEUX INTERPRÈTES DE LA COMPAGNIE MAGUY MARIN HEINER MÜLLER ENTRE BRECHT & SHAKESPEARE (niveau débutant, destiné aux non-danseurs) (5) À propos d’Anatomie Titus et d’Arturo Ui, 5 ans après la chute du mur de Berlin, prologue à la projection du film Anatomie Titus-Fall of Rome. 1re PROJECTION FILM → 20 H 30 // GRANDE SALLE (2) → 11 H-12 H 30 // AU CAFÉ DES ŒILLETS GRATUIT SUR RÉSERVATION TARIF UNIQUE 5 € La Danse cachée (2009, réal. Marie-Hélène Rebois). FILM Un documentaire inédit qui revient sur plusieurs pièces (Umwelt, Ha ! Ha !, Turba …) et qui nous entraîne dans l’univers de cette femme de conviction, libre et passionnée. ANATOMIE TITUS FALL OF ROME de Brigitte Maria Mayer Müller → 13 H-14 H 30 // AU CAFÉ DES ŒILLETS GRATUIT SUR RÉSERVATION RENCONTRE AVEC MAGUY MARIN & DENIS MARIOTTE Littérature, peinture, musique, cinéma : les sources d’inspiration de Maguy Marin. Animée par Sonia Schoonejans. → 15 H // GRANDE SALLE Rétable pour le temps présent (3) Dernière compagne de Heiner Müller, Brigitte Maria Mayer est une photographe et cinéaste d’exception. Avec Anatomie Titus Fall of Rome, film-installation (sur trois écrans), elle donne un extraordinaire prolongement à la pièce que Heiner Müller composa en 1984, faisant lui-même « matériau » d’une des premières tragédies de Shakespeare, Titus Andronicus. Rétable pour le temps présent, le triptyque de Brigitte Maria Mayer imbrique les saillances du texte, parabole sur la beauté et la terreur, et des séquences filmées en Europe, au Ghana, en Syrie, en Égypte, en Chine et à Dubaï. Rituels grégaires et architectures verticales des mégapoles contemporaines. Chorégraphie multiple d’un monde globalisé. De quoi Rome est-il aujourd’hui le nom ? D’anciens empires, et d’autres qui préparent leurs futures ruines. Maelström de générations (Jeanne Moreau et Anna, la fille de Heiner Müller), d’époques, de cultures, de terriJ.-M. A. toires, où chaque paysage est un état d’âme. (6) 1er PRIX & PRIX DU PUBLIC Pauline Simon EXPLOIT France (1) DOTATION DANSE ÉLARGIE 10 000 € I DOTATION FONDATION D’ENTREPRISE HERMÈS 5 000 € PRIX DU PUBLIC DOTATION DANSE ÉLARGIE 1 500 € 2 e PRIX Chien-Ying Wu Dancing in Badminton Taiwan (2) → DU 10 AU 30 SEPTEMBRE // THÉÂTRE DE LA VILLE DOTATION DANSE ÉLARGIE 7 000 € I DOTATION FONDATION D’ENTREPRISE HERMÈS 4 000 € EXPOSITION SPECTACLE Faces (voir p.15). → 17 H-18 H 30 // À LA COUPOLE TARIF UNIQUE 5 € // POUR 20 PERSONNES ATELIER « JEUNES » DE 10 À 15 ANS → 17 H-18 H 30 // AU CAFÉ DES ŒILLETS GRATUIT SUR RÉSERVATION 2e PROJECTION FILM PROCHAINES JOURNÉES DU THÉÂTRE DE LA VILLE : Une « journée du Théâtre de la Ville » ce sont des ateliers, des rencontres, des projections, des expositions, des conférences… ouverts à tous du matin et jusqu’à l’heure de la représentation. Exposition de photos de Brigitte Maria Mayer Müller. e 3 PRIX DIMANCHE 18 NOVEMBRE Olga Dukhovnaya KOROWOD Ukraine (3) HOMMAGE À DOMINIQUE BAGOUET DOTATION DANSE ÉLARGIE 4 500 € I DOTATION FONDATION D’ENTREPRISE HERMÈS 3 000 € LES RELATIONS PUBLIQUES JEUNES Cette saison le service du développement des publics jeunes du Théâtre de la Ville initie avec la DPVI (Délégation à la Politique de la Ville et à l’Intégration) un travail en direction des Quartiers (13e et 17e). Nous continuons à accompagner la venue des centres de loisir avec la DASCO sur le PaRCouRS {enfance & jeunesse}. Nous nous réengageons avec les conservatoires municipaux d’arrondissement de la Ville de Paris avec le Parcours Théâtres du Monde pour l’art dramatique, mais également un tout nouveau Parcours Chorégraphique mis en place avec l’inspection Danse. MENTION SPÉCIALE DU JURY DES SPECTATEURS Arthur Eskenazi, Jennifer Lauro Mariani IPSE France (4) DOTATION DANSE ÉLARGIE 1 000 € LE JURY D’ARTISTES A TENU À AFFIRMER SES ENCOURAGEMENTS À Anatoli Vlassov TOUS France - Russie (5) Mélanie Perrier Imminence France (6) Pour toute information, contactez : [email protected] avec le soutien de la MERCREDI 21 NOVEMBRE HOMMAGE À JOSÉ AFONSO Théâtre de la Ville PARIS septembre-octobre 2012 « LES LUNDIS DE LIBÉRATION » RENCONTRES & CONFÉRENCES RÉSERVATION SUR LE SITE INTERNET www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER & INSCRIPTIONS) « LES VOYAGES DU COMÉDIEN » PAR GEORGES BANU, essayiste & critique, connaisseur de la scène européenne, metteur en scène & acteur confondu PREMIÈRE RENCONTRE LUNDI 5 NOVEMBRE À 18 H I AU THÉÂTRE DE LA VILLE Programme à suivre sur le site internet du Théâtre de la Ville. OUVERTURE DE LA LOCATION MARDI 2 OCTOBRE • TARIF UNIQUE 5 € JEUDI 25 OCTOBRE 19 H I ANGELA WINKLER I AU CAFÉ DES ŒILLETS JEUDI 15 NOVEMBRE 19 H I YOSHI OIDA I AU CAFÉ DES ŒILLETS Chaque mois, un grand acteur sera convié à un échange avec Georges Banu et fournira – accompagné d’images et vidéos d’archives – témoignages biographiques, récits de travail et critères de jeu. Le Théâtre de la Ville, par son projet artistique, se place au carrefour des théâtres européens et il accueille les acteurs venus d’horizons et de cultures différents. C’est pourquoi ici peut être envisagé le projet des « voyages du comédien » qui se livrerait au récit de ses rencontres décisives avec des rôles et des metteurs en scène. Ce sont les « artisans du théâtre » qui parlent et se découvrent en compagnie de Georges Banu qui se consacre justement à l’examen « poétique » de leur place dans l’esthétique du spectacle contemporain. SEPTEMBRE 2012 TARIF UNIQUE 5 € Le Théâtre de la Ville et le quotidien Libération proposent huit rendez-vous/débats avec des invités prestigieux autour de grands thèmes société et culture. Durant toute la saison, un lundi par mois, à 18 h, dans la grande salle. LIBRAIRIE DU THÉÂTRE DE LA VILLE La librairie du Théâtre de la Ville, mise en place dès la première saison d’Emmanuel Demarcy-Mota et coordonnée par François Leclerc, ne cesse de se développer. Ouverte les jours de représentations une heure avant et après le spectacle, elle accompagne également les rencontres, débats, ateliers, et les temps forts du théâtre. ÉTROITEMENT LIÉE À LA PROGRAMMATION, LA LIBRAIRIE PROPOSE : - des ouvrages théoriques, biographiques, artistiques concernant les artistes à l’affiche de la saison des deux théâtres : metteurs en scène, comédiens, chorégraphes, danseurs, musiciens… - des dvd et des cd particulièrement au moment des concerts. CALENDRIER • 23 septembre-octobre 2012 LU MA ME JE VE SA DI LU MA ME JE VE SA DI LU MA ME JE VE SA 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 DI 30 OCTOBRE 2012 THÉÂTRE DE LA VILLE THÉÂTRE DES ABBESSES THÉÂTRE DE LA VILLE THÉÂTRE DES ABBESSES 20 H 30 20 H 30 20 H 30 20 H 30 Thierry Thieû Niang Thierry Thieû Niang Thierry Thieû Niang Coma (Hors abonnement) Thierry Thieû Niang Thierry Thieû Niang Thierry Thieû Niang 15 H Coma (Hors abonnement) Thierry Thieû Niang Thierry Thieû Niang Thierry Thieû Niang Sébastien Ramirez I H.-J. Wang Sébastien Ramirez I H.-J. Wang Sébastien Ramirez I H.-J. Wang Sébastien Ramirez I H.-J. Wang Sébastien Ramirez I H.-J. Wang Loin de Corpus Christi Loin de Corpus Christi Loin de Corpus Christi 15 H La Résistible Ascension d’A. Ui (H. abo.) La Résistible Ascension d’A. Ui (H. abo.) Loin de Corpus Christi « Temps fort Heiner Müller » * voir p. 21 Loin de Corpus Christi La Résistible Ascension d’A. Ui (H. abo.) Loin de Corpus Christi La Résistible Ascension d’A. Ui (H. abo.) Loin de Corpus Christi E. Keravec I B. Achiary 17 H Loin de Corpus Christi Loin de Corpus Christi 15 H Georges Banu Les voyages du comédien À paraître le 25 octobre 2012 : Les voyages du comédien, Georges Banu, dans la collection « Pratique du Théâtre », 30 €. p r at i q u e d u t h é ât r e Gallimard « UN DIMANCHE POUR UNE RENCONTRE » OUVERTURE MARDI 4 SEPTEMBRE • GRATUIT SUR RÉSERVATION AUTOUR DE LOIN DE CORPUS CHRISTI DIMANCHE 30 SEPTEMBRE 2012 I AU THÉÂTRE DES ABBESSES I À L’ISSUE DE LA REPRÉSENTATION Rencontre avec Jacques Lassalle, metteur en scène, et les comédiens. « CYCLE DE CONFÉRENCES SUR L’HISTOIRE DE LA DANSE » 4e SAISON TARIF UNIQUE 5 € : OUVERTURE DE LA BILLETTERIE LE 4 SEPTEMBRE • LOCATION PAR TÉLÉPHONE • PAR INTERNET www.theatredelaville.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER DES RENCONTRES) • OU AUX CAISSES Par Sonia Schoonejans, historienne, journaliste, réalisatrice de documentaires LA DANSE À LA RENCONTRE DES AUTRES ARTS En se servant de matériaux communs à d’autres arts comme la lumière, les mots, les sons ; l’art chorégraphique, plus que tout autre, se frotte aux autres arts vivants, aux arts plastiques, à la littérature et bien sûr à la musique, sans pour autant compromettre son autonomie. Explorer ces liens et comprendre comment ils s’articulent nous a semblé un thème d’autant plus intéressant que la danse vivifie chacun des arts qu’elle intègre. LUNDI 1ER OCTOBRE 2012 À 20H I AU THÉÂTRE DES ABBESSES Danse et Musique Première conférence QUELQUES RÉFÉRENCES AUTOUR DES SPECTACLES DE LA RENTRÉE … DU PRINTEMPS ! I DU 10 AU 20 SEPTEMBRE • Guillaume de Sardes, Nijinsky : sa vie, son geste, sa pensée (Hermann) • Casado Germinal, Germinal ou le Sacre du printemps : mémoires du ballet du XXe siècle, (France Europe éditions) • Igor Stravinsky, Chroniques de ma vie, Denoël COMA I PIERRE GUYOTAT I 13 & 17 SEPTEMBRE • Pierre Guyotat, Coma (Folio-Gallimard) • Pierre Guyotat, Tombeau pour 500 000 soldats, Gallimard • Catherine Brun, Pierre Guyotat : essai biographique, Léo Scheer • Patrice Chéreau, J’y arriverai un jour, Actes Sud / le temps du théâtre • Colette Godard, Patrice Chéreau : Un trajet (Éditions du Rocher) DI LU MA ME JE VE SA DI LU MA ME JE VE SA 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 DI LU MA ME JE VE SA DI LU MA ME 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 La Cité du rêve 19 H 30 La Cité du rêve 15 H La Cité du rêve 15 H La Cité du rêve 19 H 30 La Cité du rêve 19 H 30 Maguy Marin I Ballet Opéra Lyon M. Marin I Ballet Opéra Lyon 15 H Blitz the Ambassador M. Marin I Ballet Opéra Lyon M. Marin I Ballet Opéra Lyon M. Marin I Ballet Opéra Lyon M. Marin I Ballet Opéra Lyon M. Marin I Ballet Opéra Lyon 15 H Bloque Depresivo I Chili 21H M. Marin I Ballet Opéra Lyon 15 H Gavin Bryars Loin de Corpus Christi Loin de Corpus Christi Loin de Corpus Christi Loin de Corpus Christi Céline Frisch 1er concert 17 H Loin de Corpus Christi Villa + Discurso Villa + Discurso Villa + Discurso Villa + Discurso PRIX DES PLACES TARIF A Villa + Discurso Villa + Discurso Villa + Discurso Villa + Discurso Villa + Discurso When the mountain… I H. Goebbels When the mountain… I H. Goebbels When the mountain… I H. Goebbels Jean-Claude Gallotta Buchettino 14 H 30 & 19 H 30 Buchettino 14 H 30 & 19 H 30 Buchettino 10 H & 14 H 30 THÉÂTRE I DANSE I MUSIQUE TARIF PLEIN 1re Cat. 26 € 2e Cat. 20 JEUNE 1re et 2e catégories ................. 15 € € JEUNE -12 ANS * toutes catégories .......... 9 € TARIF B THÉÂTRE I DANSE I MUSIQUES TARIF PLEIN 1re Cat. 30 € 2e Cat. 25 € re e JEUNE 1 et 2 catégories ................. 17 € TARIF C Buchettino 14 H 30 & 19 H 30 Buchettino 14 H 30 & 19 H 30 Buchettino 10 H & 14 H 30 Buchettino 14 H 30 & 19 H 30 Buchettino 14 H 30 & 19 H 30 Buchettino 15 H & 19 H 30 THÉÂTRE 16 € 12 € JEUNE -12 ANS * 1 seule catégorie ........... 9 € TARIF PLEIN 1 seule catégorie .................... JEUNE 1 seule catégorie .................... TARIF D MUSIQUE I MUSIQUES DU MONDE TARIF PLEIN 1 seule catégorie .................... JEUNE 1 seule catégorie .................... TARIF E THÉÂTRE I DANSE TARIF PLEIN 1re Cat. 35 € 2e Cat. 30 JEUNE 1re et 2e catégories ................. 26 € € JEUNE : MOINS DE 30 ANS (JUSTIFICATIF OBLIGATOIRE) Location COMMENT RÉSERVER • « Qu’en est-il de Heiner Müller aujourd’hui ? », Frictions N°15 PAR TÉLÉPHONE LA CITÉ DU RÊVE I KRYSTIAN LUPA I DU 5 AU 9 OCTOBRE • Alfred Kubin, L’Autre côté (Corti) • Alfred Kubin : souvenirs d’un pays à moitié oublié, exposition, musée d’Art Moderne de la ville de Paris, 20 octobre 2007-13 janvier 2008 du lundi au samedi de 11 h à 19 h 01 42 74 22 77 AUX CAISSES Théâtre de la Ville I 2 place du Châtelet, Paris 4 du mardi au samedi de 11 h à 20 h (lundi de 11 h à 19 h) À PROPOS DU METTEUR EN SCÈNE : • Kristian Lupa, entretiens réalisés par Jean-Pierre Thibaudat (Mettre en scène-Actes Sud) • Théâtre Polonais contemporain, (Revue Théâtre Public N°205) 20 € 15 € *accompagnant un adulte pour Buchettino, J’avance et j’efface, Nos amours bêtes, Sobre la cuerda floja, L’Après-midi d’un foehn, Faim de loup & Trois contes (max. 4 enfants). À PROPOS DU METTEUR EN SCÈNE : http://www.facebook.com/TheatredelaVille.Paris Les Abbesses I 31 rue des Abbesses, Paris 18 du mardi au samedi de 17 h à 20 h PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com EN VENTE À LA LIBRAIRIE COFFRET DE CARTES POSTALES TANZTHEATER WUPPERTAL PINA BAUSCH Édition du Théâtre de la Ville, avril 2012. 10 cartes postales // 10 pièces de Pina Bausch au Théâtre de la Ville // 11 € Paul Valéry (Degas Danse Dessin, Éd. Gallimard) DIMANCHE 2 DÉCEMBRE 2012 À 11H I AU THÉÂTRE DE LA VILLE : La Danse et les arts plastiques JEUDI 31 JANVIER 2013 À 20H I AU THÉÂTRE DE LA VILLE : La Danse et la littérature DIMANCHE 21 AVRIL 2013 À 11H I AU THÉÂTRE DE LA VILLE : La Danse et le cinéma 1 2 3 4 5 6 LA RÉSISTIBLE ASCENSION D’ARTURO UI I BRECHT/BERLINER I DU 24 AU 28 SEPTEMBRE • Bertolt Brecht, La Résistible Ascension d’Arturo Ui (L’Arche Éditeur) • Walter Benjamin, Critique et Utopie (Rivages), Avec Brecht, Actes Sud / Apprendre N°11, Bertolt Brecht, Revue Europe N°856-857 • Et les œuvres complètes éditées par L’Arche Éditeur L’Univers de la Danse et l’Univers de la Musique ont des relations intimes senties de tous, mais dont personne n’a jamais saisi jusqu’ici le mécanisme ni montré la « nécessité ». Longtemps, le mouvement dansé a dépendu exclusivement du rythme ou de la mélodie musicale avant que la modernité et sa recherche du « rythme complet » n’imposent dès le début du XXe siècle, la singularité et l’autonomie de l’art chorégraphique. Aujourd’hui, les rapports entre la musique et la danse sont aussi variés que le sont les styles des chorégraphes : du dialogue entre George Balanchine et Igor Stravinski, au couple Merce Cunningham/John Cage ne retenant comme seule règle commune que la durée de la pièce, en passant par Anne Teresa De Keersmaeker qui se saisit d’une structure musicale pour la soumettre à la complexité de sa partition chorégraphique, ou encore aux pièces silencieuses des Américains de la Judson, toutes les nuances possibles entre son et mouvement sont présentes. JOURNAL DU THÉÂTRE DE LA VILLE direction, administration : 16 quai de Gesvres 75180 Paris Cedex 04 I Tél. : 01 48 87 54 42 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Emmanuel Demarcy-Mota COORDINATION ÉDITORIALE: Anne-Marie Bigorne, Colette Godard, François Regnault, Christophe Lemaire CONCEPTION GRAPHIQUE : Émilie Paillot graphiste ASSISTANTE : Marie-Pierre Lasne CORRECTEUR : Philippe Bloch IMPRESSION : BLG Toul - 54200 TOUL I ISSN 0248-8248 I tirage à 30 000 exemplaires 4e COUVERTURE : La Résistible Ascension d’Arturo Ui, Heiner Müller © B. BRAUN // Faces, Maguy Marin © J.-. MAURIN // Blitz the Ambassador © DR // Céline Frisch © P. SKALKA // Beñat Achiary & Erwan Keravec © E. LEGRET // Monchichi, S. Ramirez & Hyun-Jung Wang © D. KORELL // …du printemps !, Thierry Thieû Niang © J.-L. FERNANDEZ // La Cité du rêve, Krystian Lupa © K. LUPA // Loin de Corpus Christi, Jacques Lassalle © M. GINOT LU MA ME JE VE SA © AGATHE POUPENEY 22 • BRÈVES AFFICHES DES PIÈCES DE PINA BAUSCH AU THÉÂTRE DE LA VILLE format 40 x 60 cm // 8 € l’unité « Pour ne rien rater de l’actualité quotidienne du Théâtre de la Ville, découvrir les coulisses des spectacles, suivre les équipes en tournée, participer à des concours… Rejoignez-nous. » QUAND RÉSERVER OUVERTURE DE LA BILLETTERIE 21 jours avant la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné. CONSULTEZ NOTRE SITE INTERNET POUR CONNAÎTRE : → Les rencontres du Théâtre de la Ville, organisées dans les deux théâtres et en partenariat avec les bibliothèques, les arrondissements, des associations ou des librairies. À DÉCOUVRIR • Le Journal de nuit de Jan Fabre, traduit par Michèle Deghilage. → Les surprises programmées par le Théâtre de la Ville au fil À partir de 1978, Jan Fabre consigne ses pensées insomniaques dans son Journal de nuit. Ce premier volume réunit les carnets de 1978 à 1984. Jour après jour, le parcours d’un artiste hors du commun // L’Arche, 22 €. de la saison : bal littéraire, ateliers, expositions, émissions de radio, projections de films, cycle de conférences sur l’histoire de la danse du XXe siècle, rencontres exceptionnelles avec les auteurs associés et l’Ensemble Artistique du Théâtre de la Ville. • UBU-Scènes d’Europe La Danse en questions/Dance in questions, mai 2012 // 15 €. MÉMOIRE PERDUE Il semblait traverser les ans sans subir la marque du temps. Robert Doizon dédia sa vie au Théâtre populaire. D’abord compagnon de Jean Vilar, il assista en 1968 auprès de Jean Mercure et de Gérard Violette à la naissance du Théâtre de la Ville où il fut engagé comme « Responsable de tous les problèmes relatifs à la location et à la salle ». Il quittera notre maison en juin 2001 après avoir formé nombre d’entre nous à l’accueil et à la recherche des publics. Sa mémoire, sa bienveillance et sa modernité nous manquent terriblement. Robert Doizon nous a quittés le 8 juillet 2012. www.theatredelaville-paris.com 2 PL. DU CHÂTELET PARIS 4