Attaque de l`HyperCacher : polémique autour de la

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Attaque de l`HyperCacher : polémique autour de la
Attaque de l’HyperCacher : polémique
autour de la perception de la Maison
Blanche
Les porte-parole d’Obama ont d’abord nié,
puis reconnu que l’antisémitisme a motivé
l’attaque contre l’HyperCacher
Une polémique a éclaté mardi autour de commentaires du président américain
Barack Obama et des porte-parole de l’administration qui ont suggéré qu’une
attaque terroriste le 9 janvier contre un supermarché casher à Paris n’était
pas motivée par l’antisémitisme.
Dans un entretien avec Matthew Yglesias de Vox publié lundi, Obama avait
qualifié d’aléatoires les quatre victimes juives de l’attaque.
« Il est tout à fait légitime pour le peuple américain d’être profondément
préoccupé quand vous avez un tas de fanatiques vicieux et violents qui
décapitent les gens ou qui tirent au hasard dans un tas de gens dans une
épicerie à Paris », avait déclaré le Président américain.
Le magasin en question était le supermarché casher HyperCacher de la Porte de
Vincennes à Paris, qui avait été attaqué par un musulman radical né en France
Amedy Coulibaly, qui a tué quatre clients juifs et a tenu 15 personnes en
otage pendant plusieurs heures avant d’être abattu par les forces de police
dans une prise d’assaut.
Coulibaly avait déclaré aux médias français pendant la prise d’otages qu’il
avait ciblé les clients du commerce casher « parce qu’ils étaient juifs »
Le commentaire d’Obama à Vox a conduit Jonathan Karl d’ABC de demander mardi
au porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest si le président ne se
doutait pas «que ces terroristes avaient attaqué cette épicerie parce qu’il
se trouvait des Juifs dans cette épicerie? »
Earnest a repondu: « Des terroristes eux-mêmes et de ce qui a été écrit par
la suite, il est clair quelle était leur motivation. L’adverbe que le
président a choisi n’etait pas destiné à suggérer que les personnes qui
avaient été assassinées dans ce terrible, tragique incident n’avaient pas été
tuées à cause de qui ils étaient, mais en raison du lieu où elles se
trouvaient par hasard ».
Il a ajouté : « Ces personnes n’ont pas été choisies par leur nom. »
« Pas par leur nom, mais par leur religion, n’est ce pas ? » a rétorqué Karl.
Ce à quoi Earnest a répondu : « Il n’y avait pas que des Juifs qui se
trouvaient dans cette épicerie ».
« N’a-t-il le moindre doute que cette épicerie ait été attaquée parce que
c’était une épicerie casher ? Ce n’était pas n’importe quelle épicerie
choisie au hasard. C’était une épicerie casher », a insisté Karl.
« Non, Jon. Non, Jon. J’ai déjà répondu à la question. Non », a conclu
Earnest.
Plus tard dans la journée de mardi, la question a été posée à la porte-parole
du département d’Etat Jen Psaki par le correspondant diplomatique de
l’Associated Press Matt Lee.
« Est-ce que l’administration pense vraiment que les victimes de cette
attaque n’ont pas été choisies en raison de leur foi ? » demanda Lee.
Psaki a répondu : « Eh bien, comme vous le savez, je crois que si je me
souviens spécifiquement des victimes, elles ne venaient pas toutes du même
milieu ou n’avaient pas la même nationalité. »
Les quatre victimes dans l’attaque Hyper-Cacher étaient juives.
« Je pense que ce qu’ils veulent dire par là, je ne sais pas s’ils parlaient
du choix de l’épicerie, mais des personnes qui s’y trouvaient», a déclaré
Psaki.
Et Lee d’insister : « Est-ce que l’administration croit que c’était une
attaque anti-juive contre une communauté juive à Paris ? »
« Je ne pense pas que nous allons répondre au nom des autorités françaises et
de dire comment elles voient la situation », a conclu Psaki.
Plus tard, tant Earnest que Psaki se sont précipités à revenir sur leur refus
de reconnaître un motif antisémite derrière l’attaque Hyper-Cacher peu de
temps après leurs apparitions devant les médias.
Psaki a noté sur Twitter que l’administration a « toujours été claire sur le
fait que l’attaque de l’épicerie casher était une attaque antisémite ».
De même Earnest a choisi Twitter pour dire que « l’attaque terroriste contre
le magasin casher à Paris était motivée par l’antisémitisme» et qu’ Obama
« n’avait pas l’intention de suggérer le contraire ».
L’épisode a mis les critiques en colère et certains partisans de
l’administration encore plus en colère.
Écrivant dans le New York Magazine, Jonathan Chait a qualifié la gaffe de
« bizarre. »
« Ce qui est si bizarre, c’est que la politique de l’administration n’est pas
– ou du moins, n’était pas – de nier le caractère anti-juif de l’attaque
évidemment antisémite contre le Hyper Cacher. Dans le sillage de l’attaque,
le Département d’Etat l’avait qualifiée de « lâche agression antisémite ».
Il y a quelques semaines, une déclaration officielle a dénoncé « les attaques
antisémites comme la récente attaque terroriste contre un supermarché casher
à Paris ».
Le chef de cabinet de la Maison Blanche Denis McDonough a parlé des attaques
comme « le dernier d’une série d’incidents troublants en Europe et dans le
monde qui reflètent une marée montante de l’antisémitisme ».
L’administration s’est exprimée avec force sur la tendance générale de la
montée de l’antisémitisme en Europe.