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Henry James
Une tournée de visites
et neuf autres nouvelles
volume 4
« L’Amérique »
Minos
La Différence
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L’HISTOIRE DUNE ANNÉE
I
Mon histoire débute comme ont débuté tant d’histoires
ces trois dernières années, et pour finir comme certainement
ont fini tant d’entre elles ; car, quand le héros s’en est allé, la
romance n’est-elle pas interrompue ?
Au début du mois de mai, il y a deux ans, un jeune couple de ma connaissance rentrait chez lui après une promenade du soir, une longue randonnée parmi les collines paisibles
qui enserraient leur maison rustique. Dans ces paisibles collines, le jeune homme avait apporté, non la rumeur (qui était
déjà une vieille rôdeuse), mais un peu de la réalité de la guerre
– une petite bouffée de poudre à canon, un cliquetis d’épée ;
car, quoique Mr John Ford eût encore à faire campagne, il
était nimbé d’un certain air avantageux de la vie des camps,
qui en faisait un véritable Hector auprès des villageois routiniers, et un fort joli compagnon pour miss Elizabeth Crowe,
sa partenaire dans cette promenade sentimentale. Et n’était-il
pas paré des bleus et des ors brillants qui conviennent à un
lieutenant fraîchement promu ? C’était un étrange spectacle
pour ces heureuses clairières nordiques : car, quoique la première Révolution eût autrefois éclaté en leur sein, les honnêtes francs-tireurs qui les défendaient alors étaient sobrement
vêtus comme tous les jours, et il est bien connu que les troupes de Sa Majesté portaient du rouge.
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Ces jeunes personnes, dis-je, avaient vagabondé. Il était
clair qu’elles avaient cheminé dans des endroits où les ronces
étaient denses et lourdes les gouttes de rosée – voire dans des
flaques et des marécages encore gorgés des pluies d’avril.
Les bottes, les pantalons de Ford avaient absorbé un profond
avant-goût de la boue de Virginie ; les jupes de sa compagne
étaient effroyablement chiffonnées. Quel grand enthousiasme
avait rendu nos amis insoucieux de leur trajet ? Quelle ardeur
aveugle avait provoqué cet étrange phénomène : un jeune lieutenant malmenant son premier uniforme, une jeune dame bien
élevée déchirant ses bas ?
Cher lecteur, ce récit répugne aux retours en arrière.
Elizabeth (ainsi que je n’ai aucun scrupule à l’appeler
d’emblée) s’appuyait sur le bras de son compagnon, marchant
à son rythme, ou, si l’on veut, se laissant conduire avec cette
instinctive acceptation de dépendance qui est naturelle à une
jeune fille venant de recevoir l’assurance d’une protection
pour la vie. Ford flânait avec cette allure calme et balancée
qui souvent révèle – à qui sait la déchiffrer correctement – la
réponse consciente d’un brusque élan de virilité. Un spectateur, à ce moment-là, aurait pu le trouver profondément vaniteux. De sa poche pendait le voile bleu de la jeune fille ; et il
tenait son ombrelle sur l’épaule, à la façon d’un mousquet en
campagne : il se pouvait qu’il eût à manipuler ces sortes de
jouets. Et n’y avait-il pas une vague impatience exprimée par
la vigoureuse expansion de ses solides épaules, par la tendresse avec laquelle il réglait ses pas sur ceux de la jeune fille
– laquelle se montrait si soumise et lente que, lorsqu’il essayait de s’accorder à elle, ils en arrivaient presque à un arrêt
délicieux – une attente muette du fardeau complet ?
Ils gravissaient les tertres boursouflés, dont les sommets
dominaient le crépuscule. Le sombre paysage qui avait brillé
tout le jour des verdures du printemps s’obscurcissait maintenant dans le gris du soir. Les collines plus basses, les fer-
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mes, les ruisseaux, les vergers, et les bois, formaient un golfe
ombreux sous la vaste splendeur de l’ouest. Ford regardait
les nuages, et ils lui semblèrent ne parler que de guerre : leurs
grandes masses inégales se rassemblaient dans une manière
de bataille ; il y avait des colonnes qui chargeaient, des colonnes qui fuyaient, des étendards qui flottaient – lambeaux
de reflets pourpres ; de grands capitaines sur leurs montures
colossales, un dais roulant de fumée de canon, de feu et de
sang. Et certes les nuages se découpaient sur une contrée en
feu, un champ de bataille illuminé par un autre crépuscule,
un pays de villages noircis et de pâturages cramoisis. Le tumulte des nuages augmentait ; on ne pouvait les croire inanimés. On voyait en eux une armée de créatures gigantesques
jouant au ballon avec le soleil. Ils semblaient osciller dans la
splendeur confuse ; les escadrons ennemis se renversaient l’un
l’autre ; et puis soudain ils se dispersaient, déboulant avec
une égale vélocité vers le nord et vers le sud, et s’estompant
graduellement dans les pâleurs du soir. Les oriflammes pourpres claquaient vers les lointains, et disparaissaient enfin, s’accrochant sans doute en passant aux ronces de la plaine. Le
jour se contracta en une boule ardente, et s’effaça.
Ford et Elizabeth avaient tranquillement contemplé ce
vaste mystère des cieux.
« C’est une allégorie, dit le jeune homme en se tournant
vers sa compagne dont le visage s’animait d’une faible rougeur aux derniers reflets du soleil qui sombrait. Cela signifie
la fin de la guerre. Les forces se retirent des deux côtés. Le
sang qui a été répandu se ramasse en un énorme globule et se
perd dans l’océan.
– Je crains qu’elle ne signifie un misérable compromis,
fit Elizabeth. La lumière disparaît tout aussi bien, et le pays
est plongé dans l’obscurité.
– Seulement le temps d’une saison, répliqua l’autre. Nous
pleurons nos morts. Et puis la lumière revient, plus forte et
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plus brillante que jamais. Peut-être sangloteras-tu sur moi,
Lizzie, en ce jour lointain.
– Oh, Jack1, n’as-tu pas promis de ne pas parler de cela ? »
s’écria Lizzie, dans la peur de prévoir l’événement en question.
Jack accueillit ce reproche par un silence, en fixant gravement le ciel vide. Bientôt les yeux de la jeune fille interrogèrent son visage. S’il avait observé une chose particulière,
je pense qu’elle aurait suivi la direction de son regard ; mais
comme celui-ci semblait tout à fait vide, elle s’y attarda.
« Jack, dit-elle au bout d’un moment, je me demande de
quoi tu auras l’air à ton retour. »
La gravité de Ford fit place à un rire.
« Plus laid que jamais ! Maculé de boue et de sang séché ! Brûlé par le soleil, et puis barbu !
– Oh, tu es épouvantable ! » Et Lizzie poussa un petit cri.
« Vraiment, Jack, barbu tu n’aurais plus l’air d’un gentleman.
– Aurais-je l’air d’une lady, alors ? dit Jack.
– Parles-tu sérieusement ? demanda Lizzie.
– Mais certainement. J’ai l’intention de changer mon visage comme tu changes ta toilette lorsqu’elle ne te va plus : on
en garde une partie, on se débarrasse de l’autre. N’est-ce pas la
bonne méthode ? Je me raserai le crâne et je ferai fleurir mon
menton.
– Tu as un très beau menton, mon cher, et j’estime qu’il
serait dommage de le cacher.
– Oui, je sais que mon menton est superbe. Mais attends
de voir ma barbe !
– Oh, cette vanité ! s’écria Lizzie. Cette vanité que les
hommes ont de leur visage ! Et on parle des femmes ! »
Et cette créature étourdie leva les yeux vers son amant
avec la plus incohérente des satisfactions.
1. Jack est parfois utilisé comme diminutif de John. (N.d..T.)
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« Oh, la fierté que les femmes ont de leur mari ! dit Jack
qui naturellement savait ce qu’elle allait répondre.
– Tu n’es pas mon mari, monsieur. Il y a loin... »
Mais la jeune fille s’arrêta net.
« … De la coupe aux lèvres ? compléta Jack. Continue.
Je peux ajouter un proverbe au tien. “Il y a plus d’une vérité...”, et ainsi de suite1. Non, ma chérie : je ne suis pas ton
mari. Peut-être ne le serai-je jamais. Mais s’il m’arrive quelque chose, tu te consoleras, n’est-ce pas ?
– Jamais ! s’écria Lizzie en frémissant.
– Oh, mais il le faut ! Sinon, nos fiançailles me paraîtraient inexcusables. Balivernes ! Qui suis-je donc pour que
tu me pleures ?
– Tu es le meilleur et le plus sage des hommes. Peu importe ! Tu es, voilà tout !
– Merci pour ce grand amour, ma chère. C’est une illusion délicieuse. Mais j’espère que le Temps la détruira, à sa
bonne vieille manière, avant qu’elle ne blesse quelqu’un. Je
connais tellement d’hommes qui valent infiniment plus que
moi... des hommes sages, généreux et courageux... que je n’ai
guère l’impression de t’abandonner dans un désert.
– Oh, mon ami ! dit Lizzie après un silence. Je souhaite
m’en remettre à toi pour toute ma vie !
– Prends garde, prends garde ! répliqua Jack avec un rire.
Tu ne sais pas à quoi tu t’engages. Puis-je placer un mot maintenant ? Si par hasard je quitte ce monde, je veux que tu t’épargnes ce sentiment stupide qui t’enjoindrait d’être “fidèle à
ma mémoire”. Au diable ma mémoire ! Ne l’inflige pas aux
gens ! Souviens-toi de ce qu’il y a de meilleur en moi... c’està-dire un parfait désir d’humilité. Certaines veuves ou maî1. « Il y a souvent plus d’une vérité dans une boutade » : « There is
many a true word in a spoken jest ».
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tresses en deuil me rappellent cette horrible histoire dont le
héros macabre colporte un cadavre dans son sac. Voilà exactement ce dont elles font commerce. Un homme ne vaut que
par ses droits. Et quels sont les droits d’un homme mort ?
Rentrons ! »
Ils se dirigèrent vers le sud en dévalant la colline.
« Cette conversation t’a ennuyée, Lizzie ? demanda Ford.
– Non, répondit Lizzie en ravalant un sanglot que son
compagnon, avec l’inconscience sublime des protecteurs, ne
remarqua pas. Elle me plaît.
– Très bien, reprit le jeune homme. Je veux que mon souvenir puisse te venir en aide. Quand je serai en Virginie, j’attendrai beaucoup de bienfaits de mes pensées vers toi... un
encouragement à mieux accomplir mon devoir, à mieux me
comporter en tout. Comme tous les amoureux, je suis horriblement égoïste. Je m’apprête à voir beaucoup de misères, de
bassesses et de troubles, et je suis sûr qu’au milieu de tout
cela mon patriotisme faillira souvent. Alors, je penserai à toi.
Je t’aime mille fois plus que mon pays, Liz. Ce n’est pas bien ?
Tant pis ! Mais si je m’aperçois que ton image fait de moi un
lâche, alors je t’écarterai de mon chemin, sans cérémonie... je
te glisserai dans mes malles, ou entre deux pages de ma bible,
pour ne jeter les yeux sur toi que le dimanche.
– J’en serai très heureuse, monsieur, si cela te fait ouvrir
fréquemment la Bible, dit Elizabeth en feignant la modestie.
– Je mettrai ta photographie entre toutes les pages,
s’écria Ford. Ainsi je pense que je ne sauterai aucun passage dans mes méditations. Sais-tu que les catholiques placent une petite image de la Dame qu’ils adorent dans leur
livre de prières ?
– Oui, bien sûr, dit Lizzie. Et j’imagine que cette image
te bouleversera l’âme, quand tu marcheras la nuit vers le front,
avant une bataille... une pauvre fille stupide, tricotant une stupide chaussette, dans un stupide village Yankee. »
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Oh, la malice des langues ingénues ! Jack se mit à marcher à grands pas, en silence, et pataugea soudain dans une
flaque. Alors, avant d’en être sorti, il tendit ses bras, et donna
à sa compagne une longue étreinte.
« Et, s’il te plaît, que vais-je faire, moi, reprit Lizzie en
interrogeant avec une certaine fierté le visage détourné de
Jack, quand tu marcheras et contremarcheras en Virginie ?
– Ton devoir, naturellement, dit Jack d’une voix ferme
qui contrastait avec la légère incertitude de celle de Lizzie. Je
pense que tu verras le soleil se lever à l’est, ma chère, exactement comme avant tes fiançailles.
– Je ne crois pas avoir imaginé le contraire, répliqua
Lizzie.
– Par devoir, je n’entends rien de désagréable, Liz, poursuivit le jeune homme. J’espère que tu sauras te distraire. Je souhaite que tu puisses aller à Boston, ou même à Leatherborough,
pour un mois ou deux.
– Et pourquoi, je te prie ?
– Pourquoi ? Pour l’amusement, pour “sortir”, comme
on dit.
– Jack, me crois-tu capable de me rendre à des soirées
alors que tu seras en danger ?
– Et pourquoi pas ? Pourquoi serais-je le seul à m’amuser ?
– T’amuser ? Libre à toi de le faire ! Quant à moi, j’ai
l’intention de prendre un nouveau départ.
– En quoi ?
– Oh, en tout. En premier lieu, je vais me mettre à me
cultiver. Mais ne trouves-tu pas qu’il est hardi pour une femme
d’être raisonnable ?
– Ardu, veux-tu dire ?
– Hardi... et, oui, ardu aussi. Mais je veux le devenir. Oh,
les filles sont si stupides, Jack ! Je veux apprendre à cuisiner
du mouton, et l’histoire et la couture, et ainsi de suite. N’est-
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ce pas, quand une jeune fille est fiancée, elle n’est pas supposée se consacrer à une chose particulière. »
Jack se mit à rire, et ne répondit pas ; Lizzie continua donc.
« Je me demande comment ta mère va accueillir la nouvelle. Je pense que je le sais.
– Eh bien ?
– Elle va dire que tu as manqué de sagesse. Non, ce n’est
pas cela. Elle ne te parle pas sur ce ton. Elle va te dire que je
me suis montrée très malhonnête, ou très indélicate, ou quelque chose de ce genre. Non, ce n’est pas cela non plus. Elle
ne dit jamais des choses pareilles, même si elle les pense, j’en
suis sûre. Je ne sais ce qu’elle va dire.
– Non, je ne crois pas, Lizzie, puisque tu te lances dans
de telles conjectures. Ma mère ne parle jamais sans réfléchir.
Espérons qu’elle pensera du bien de nos projets. Même si ce
n’est pas le cas... »
Jack n’acheva pas sa phrase, et Lizzie ne l’y poussa pas.
Elle avait un grand respect pour ses hésitations. Mais, au bout
d’un moment, il reprit :
« J’allais dire ceci, Lizzie : je pense que pour l’instant
nos fiançailles doivent être passées sous silence. »
Une déception brutale fit chavirer le cœur de Lizzie. Imaginez les sentiments de la damoiselle du conte si la fée déguisée en vieille femme, tout en lui donnant le pouvoir de proférer
des guirlandes de perles et de pierres précieuses, l’avait aussitôt enjointe de tenir sa langue pendant un certain temps.
Cependant, la déception serait brève. Je pense que cette enviable jeune dame serait rentrée chez elle en se parlant intensément à elle-même, et n’aurait pas été mécontente de voir sa
petite bouche tenir lieu de coffret à bijoux soigneusement
verrouillé. Voire, en l’occurrence, n’aurait-elle pas été heureuse d’avoir une fort grande bouche – fendue d’une oreille à
l’autre ? Qui souhaite jeter des perles aux pourceaux ? La
jeune femme aux perles n’était, après tout, qu’une fille de
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ferme. Lizzie était trop fière de Jack pour être futile. C’est
déjà beaucoup de garder son propre cœur sous le manteau ;
mais pour celui des autres, quand il nous est confié, je pense
qu’il vaut mieux trouver une cachette plus sûre.
« Vois-tu, dit Jack, je pense que le secret nous laissera
plus libres... te laissera plus libre.
– Oh, Jack, comment peux-tu ? s’écria Lizzie. Ah, oui,
certes ! Je pourrai tomber amoureuse de quelqu’un d’autre.
Plus libre ! Merci bien, monsieur !
– Allons, Lizzie, ce que je dis est vraiment plus gentil
que cela n’en a l’air. Peut-être m’en seras-tu reconnaissante
un de ces jours.
– Sans aucun doute ! Je me suis déjà entichée de George
Mackenzie.
– Me laisseras-tu développer mon argument ?
– Oh, certainement ! Tu as l’air tout à fait décidé.
– J’avoue que j’aime envisager les éventualités. Tu sais
bien que les mathématiques sont ma lubie. T’y connais-tu en
algèbre ? Je tiens toujours compte de l’inconnue.
– Non, je n’ai jamais étudié l’algèbre. Mais je t’approuve.
Il vaut mieux que nous ne parlions pas de nos fiançailles.
– C’est parfait, ma chérie. Tu es toujours parfaite. Mais,
remarque, je ne veux pas t’obliger au secret. Diable, fais ce
qui te plaît ! Agis à ta guise, et tu agiras au mieux. Ce qui m’a
fait parler ainsi, c’est la crainte de l’horrible publicité qui s’attache à ce genre d’affaires. De nos jours, quand une fille veut
se fiancer, on ne lui dit plus simplement : “demande à maman”, mais : “demande à Mrs Brown, et à Mrs Jones, et à
tout le cercle de nos relations... bref, à Mrs Grundy” ! Je dis :
de nos jours, mais je suppose qu’il en a toujours été ainsi.
– Très bien, nous garderons cela gentiment et tranquillement pour nous-mêmes, convint Lizzie, qui aurait été prête à
célébrer ses noces selon le rite des Esquimaux, si Jack avait
paru d’humeur à le lui demander.
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– Je sais qu’il ne sied guère à un amoureux de se montrer
si méfiant, poursuivit Jack. Mais tu me comprends, n’est-ce
pas, Lizzie ?
– Je ne te comprends pas tout à fait, mais je te fais entièrement confiance.
– Dieu te bénisse ! Ma prudence, vois-tu, fait ma force.
Maintenant plus que jamais j’ai besoin de ma force. Quand
un homme n’est qu’un prétendant, Lizzie, il est tout sentiment, ou il devrait l’être. Quand il est accepté, alors il commence à réfléchir.
– Et à se repentir... est-ce cela que tu veux dire ?
– Allons, prévoir signifie éviter le repentir à sa bonne
amie. Permets-moi d’être franc. Est-ce que les plus grands
étourdis sont les meilleurs amants ? On ne sait pas ce qui
peut se passer, Lizzie. Je veux que tu m’épouses les yeux
ouverts. Je ne veux pas que tu te sentes contrainte ou abusée.
Tu es très jeune, vois-tu. Tu vas être responsable de toi-même
pendant un an. Tu es à un âge où aucune fille ne peut être sûre
de ce qui lui arrivera d’une année à l’autre.
– Et toi, monsieur ! s’écria Lizzie. On dirait que tu es un
grand-père.
– Eh bien, j’en suis sur le chemin. Je suis déjà un vieux
garçon. Je sais ce que je dis. Peut-être ne suis-je pas franc
jusqu’au bout, mais je pense que je suis sincère. J’ai l’impression d’avoir passé ma vie à dire des balivernes avant de
t’avoir déclaré que ton affection était nécessaire à mon bonheur. Et j’insiste sur ce point. Je n’étais jamais tombé amoureux, et cela ne m’arrivera avec personne d’autre. Si tu m’avais
repoussé il y a une demi-heure, je serais mort célibataire. Je
ne crains rien pour moi-même. Tu m’as dit il y a quelques
minutes que tu me voulais pour guide. Maintenant tu prétends que le rôle d’un guide est de perfectionner sa victime
dans l’art de marcher les yeux bandés. Je ne serai pas aussi
cruel. »
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Lizzie jugea convenable de considérer ces remarques dans
une lumière humoristique.
« Quel désintéressement ! fit-elle. Quel esprit de sacrifice ! Célibataire, vraiment ! Pour ma part, je crois que je me
ferai mormone ! »
Je pense à vrai dire que cette pauvre créature mal informée s’imaginait que dans l’Utah ce sont les dames qui s’adonnent à la polygamie.
Mais déjà ils approchaient de la maison. Là, au portail du
jardin, se tenait Mrs Ford, les yeux fixés sur la route, une
lettre à la main.
« Quelque chose pour toi, John ! cria sa mère, alors qu’ils
arrivaient. On dirait que cela vient du camp. Mon Dieu, Elizabeth, regardez votre robe !
– Je sais, fit Elizabeth, en secouant la guenille en question. De quoi s’agit-il, Jack ?
– La feuille de route ! s’écria le jeune homme. Le régiment part après-demain. Je devrai prendre le premier train du
matin. Hourra ! »
Et il convertit un brusque baiser joyeux en un adieu filial.
Ils entrèrent dans la maison. La mère et la fiancée restaient silencieuses, à la manière des femmes qui souffrent.
Mais Jack ne faisait rien d’autre que de rire, de jacasser, d’arpenter le salon – passant d’un siège à l’autre, tout près de
Lizzie, ou bien à l’autre bout de la pièce. En peu de temps,
miss Crowe se joignit à ses rires, mais je pense que son hilarité devait se résoudre en de violents battements de cœur. Puis,
après le thé, elle alla se coucher, pour laisser à Jack la liberté
de se livrer à ses derniers épanchements*1 filiaux. Comme la
présence d’un homme rend les femmes généreuses ! Mais
Lizzie promit de dire au revoir à son amant le lendemain matin.
1. Les expressions en italique suivies d’un astérisque sont en français
dans le texte.
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« C’est absurde ! dit Mrs Ford. Vous ne serez pas levée.
Et John voudra déjeuner tranquillement.
– Je viendrai te dire au revoir », répéta la jeune fille, au
bas des escaliers.
Elizabeth monta dans sa chambre soulevée par son jeune
amour. Il avait point sur elle comme l’aube d’une vie nouvelle
– une vie vraiment digne d’être vécue. Il la ferait subsister sans
rien coûter à personne. En lui elle était infiniment riche. Il serait pour elle la source cachée d’une centaine d’actes louables.
Elle entrerait dans la carrière du devoir ; elle jouirait d’une sérénité sans limites ; elle élèverait tout son être au niveau d’une
passion sublime. Elle pratiquerait la charité, l’humilité, la piété
– enfin toutes les vertus – en même temps que certains morceaux* de Beethoven et de Chopin. Elle marcherait sur terre
comme une créature glorifiée. Elle rendrait hommage au
meilleur des hommes par un secret inviolé. À ce point-là, selon
je ne sais quelle douce transition, Elizabeth, étendue dans l’obscurité paisible, couvrit son oreiller d’un flot de larmes.
Pendant ce temps, Ford, en bas, agit de la façon suivante.
Il était allongé de toute sa taille d’homme sur le sofa, en
pantoufles.
« Puis-je allumer une pipe, maman ?
– Oui, mon amour. Mais, s’il te plaît, fais attention à tes
cendres. Prends garde au journal.
– Les pipes ne font pas de cendres, maman, à quoi pensezvous ? continua-t-il entre deux bouffées. J’ai une petite nouvelle pour vous.
– Ah ? fit Mrs Ford tout en cherchant ses ciseaux. Une
bonne nouvelle, j’espère.
– J’espère que ce sera votre avis ! Je viens de me fiancer... pouf... pouf... avec Lizzie Crowe. »
Il dut dissiper le nuage de fumée qui le séparait du visage
de sa mère pour distinguer l’expression de ses yeux. Elle avait
posé son ouvrage sur ses genoux.
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« Pour l’épouser, voyez-vous », ajouta-t-il.
Du point de vue de Mrs Ford, son fils unique, de même
que le roi du point de vue de la constitution britannique, ne
pouvait jamais se tromper. Les préjugés forment un solide
rempart contre les surprises. En outre, l’instinct maternel de
Mrs Ford ne l’avait jamais tout à fait induite en erreur. Toutefois, il n’avait jamais dû aller de pair avec les faits. Elle restait silencieuse, en partie par défiance, en partie par respect
envers son fils. John avait raison tant qu’il ne doutait pas de
lui-même. Mais elle était sûre qu’il se confierait en cas de
doute. Aussi, alors qu’à présent il l’informait d’une affaire
conclue, se persuadait-elle qu’il lui demandait conseil.
« Je m’y attendais, dit-elle enfin.
– Vraiment ? Pourquoi n’en avez-vous rien dit ?
– Eh bien, John, je ne peux pas dire que je l’espérais.
– Pourquoi ?
– Je ne suis pas sûre des sentiments de Lizzie », répondit
Mrs Ford, laquelle, cela est peut-être bon à préciser, était très
sûre des siens propres.
Jack se mit à rire.
« Et qu’ont-ils, les sentiments de Lizzie ?
– Je pense qu’elle est superficielle », dit Mrs Ford.
Et son ton dénotait une certaine satisfaction d’avoir trouvé
cet adjectif.
« Allons donc ! Elle est superficielle ! fit Jack. Mais quand
une chose est superficielle, elle est entièrement visible. Lizzie
ne prétend pas être profonde. Je veux une femme, maman,
que je puisse comprendre. C’est la seule femme que je puisse
aimer. Lizzie est la seule fille que j’aie jamais comprise, et la
première que j’aie jamais aimée. Je l’aime beaucoup... plus
que je puis vous l’expliquer.
– Oui, j’avoue que c’est inexplicable. Cela m’a tout l’air,
ajouta-t-elle avec un mauvais sourire, d’une toquade. »
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Jack n’apprécia pas le sourire. Il l’apprécia encore moins
que la remarque. Il fuma posément pendant quelques moments, et puis il dit :
« Eh bien, maman, voyez-vous, l’amour a la réputation
d’être têtu. Nous n’arriverons pas à nous accorder sur ce sujet. Je suggère que nous l’abandonnions.
– Souviens-toi que c’est ta dernière soirée à la maison,
mon fils, dit Mrs Ford.
– Oh, je m’en souviens ! C’est pourquoi je souhaite éviter les disputes. »
Il y eut un silence, le fils fumant, la mère cousant.
« J’estime que ma position de tutrice de Lizzie, reprit
Mrs Ford, me donne le droit de m’intéresser à l’affaire.
– Certainement, et j’ai reconnu ce droit en vous informant de nos fiançailles. »
Nouveau silence.
« Me permets-tu de dire, déclara enfin Mrs Ford, que je
trouve cela un peu égoïste ?
– Vous permettre ? Naturellement, si vous y tenez. Quoique je doive avouer qu’il n’est pas très agréable pour un fiancé
d’entendre ainsi dénigrer sa future épouse... par sa propre
mère, surtout.
– John, je suis surprise par ton langage.
– Je vous demande pardon, fit John avec plus de douceur. Rien ne doit vous surprendre de la part d’un amoureux
comblé. Je suis sûr que vous vous trompez sur elle. En fait,
maman, je ne crois pas que vous la connaissiez. »
Mrs Ford hocha la tête, avec d’infinis sous-entendus. Et
l’air sinistre avec lequel elle coupa son fil d’un coup de dent
pouvait suggérer qu’elle s’imaginait accomplir quelque vengeance humaine.
« Oh, je ne la connais que trop !
– Et vous ne l’aimez pas ! »
Mrs Ford exécuta une nouvelle décapitation de son fil.
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« Eh bien, reprit Jack, je suis heureux que Lizzie ait au
moins un ami au monde.
– Son meilleur ami, dit Mrs Ford, sera celui qui la flattera
le moins. Je vois tout, John. Son joli minois a fait tout le travail. »
Le jeune homme rougit d’impatience.
« Maman, dit-il, vous vous trompez beaucoup. Je ne suis
pas un petit garçon, ni un imbécile. Vous me faites confiance
pour tant de choses ! Pourquoi pas pour celle-ci ?
– Mon cher petit, tu perds ton temps. Tu mérites pour
compagne d’une vie une personne d’un caractère plus élevé
que cette fille. »
Je pense que Mrs Ford, qui avait été une excellente mère,
aurait aimé donner à son fils une épouse façonnée à son image.
« Oh, allons, maman, fit-il, ce sont des sottises ! Je serais
bien heureux d’avoir la moitié de la valeur de Lizzie.
– C’est la vérité, John, et ta conduite... non seulement le
pas que tu as franchi, mais la façon dont tu en parles... est une
grande déception pour moi. Si j’ai bercé un seul vœu depuis
longtemps, c’est bien que mon garçon chéri puisse prendre une
femme digne de lui. Une maison tenue par Elizabeth Crowe
est le foyer que je ne souhaiterais à aucun être que j’aime.
– C’est pourtant celui où vous serez toujours la bienvenue, maman, déclara Jack.
– Ce n’est pas un endroit où je me sentirais chez moi,
répliqua sa mère.
– J’en suis désolé », conclut Jack.
Et il se leva et se mit à arpenter la pièce.
« Bien, bien, maman, dit-il enfin, en se plantant devant
Mrs Ford. Nous n’arrivons pas à nous comprendre. Un de
ces jours, nous y parviendrons. Pour l’instant, terminons-en
avec cette discussion. Je regrette presque de vous avoir parlé.
– Oh, je suis heureuse d’une telle preuve de confiance. Mais
si tu ne m’avais pas parlé, certainement Elizabeth l’aurait fait.
– Je lui ai conseillé de ne rien dire. »
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Mrs Ford ne répondit pas. Elle se mit à plier lentement
son ouvrage.
« Je pense qu’il vaut mieux laisser les choses où elles
en sont, poursuivit son fils. Je n’ai pas peur du temps. Mais
j’aimerais vous faire une requête : ne parlez pas de notre
conversation à Lizzie, voulez-vous ? Ne la laissez même
pas supposer que vous êtes au courant de nos fiançailles.
J’ai mes raisons personnelles. »
Mrs Ford défroissait toujours son tricot. Mais elle leva
soudain les yeux.
« Très bien, mon chéri, je garderai ton secret. Embrassemoi ! »
II
Je n’ai pas l’intention de suivre le lieutenant Ford sur le
lieu des combats. Les exploits de sa campagne ont été relatés
au public par les journaux de l’époque, où les curieux peuvent encore les lire en détail. Mon goût personnel m’a toujours porté vers l’histoire non écrite, et mon travail ici est de
traiter de l’envers du tableau.
Après le départ de Jack, les deux dames reprirent leur ancienne vie domestique. Mais la plus domestique des vies avait
alors cessé de répugner à Elizabeth. Ses devoirs quotidiens
n’étaient plus fastidieux : pour la première fois, elle éprouvait
la délicieuse compagnie des pensées. Sa tâche principale était
encore de s’installer près de la fenêtre pour tricoter des chaussettes à son soldat ; même Mrs Ford ne pouvait s’empêcher de
reconnaître qu’elle travaillait avec bien plus de diligence, qu’elle
bâillait, se frottait les yeux, contemplait la route bien moins
souvent, et qu’elle confectionnait des articles certainement beaucoup plus seyants. Mon Dieu, si la moitié des rêveries amoureuses de Lizzie avaient pu, en ces heures industrieuses, suivre
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la texture du fil robuste et se mêler à la forme de l’ouvrage, le
futur bénéficiaire de ces chaussettes aurait eu les pieds légers
de Mercure lui-même. Je craindrais de provoquer les railleries
du lecteur, si je me mettais à énumérer quelques-unes des divagations de cette petite sotte. Elle passait chaque jour plusieurs
heures dans l’ancienne chambre de Jack ; car c’était dans ce
sanctuaire, au soleil méridional qui tombait de la fenêtre donnant sur la longue route, les hauteurs couronnées de forêts, la
rivière miroitante, qu’elle travaillait avec le plus de plaisir et
de profit. Là, elle échappait à l’infatigable regard de la vieille
dame, à ses questions irritantes, à ses lieux communs ; là elle
était seule avec son amour – ce grand lieu commun de la vie.
Lizzie ressentait dans la chambre de Jack l’empreinte de sa
personnalité. Ses rêveries capricieuses se projetaient sur une
douzaine de reliques sacrées. Certains de ces objets, Elizabeth
les chérissait scrupuleusement. Il était trop tard pour qu’elle
manifestât des goûts littéraires – ses lectures s’étant bornées
(ce qui est assez naturel) aux vieilles histoires de « chefs écossais ». Ainsi ne pouvait-elle guère s’empêcher de sourire ellemême, par intervalles, de son intérêt pour les vieux livres
d’université de Jack. Elle en emporta plusieurs dans sa propre
chambre, et les plaça au pied de son petit lit, sur une étagère
ornée, en outre, d’un vase de violettes printanières, d’un portrait du général Mc Clellan, et d’une image du lieutenant Ford.
Elle avait la vague croyance qu’une étude amoureuse de leurs
pages écornées remédierait, d’une certaine manière, à ses tristes déficiences intellectuelles. Elle était désolée d’en savoir si
peu : c’est-à-dire aussi désolée qu’elle pouvait l’être, car nous
savons qu’elle était superficielle. L’omniscience était un des
plus redoutables attributs de Jack. Cependant, elle se réconfortait à la pensée que s’il lui avait pardonné son ignorance, ellemême pouvait alors sûrement ne pas y attacher d’importance.
Heureuse Lizzie, comme je vous envie ce charmant accès à la
connaissance ! Le volume qu’elle consultait le plus fréquem-
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ment était un vieux Faust allemand, qu’elle avait l’habitude de
feuilleter en s’aidant d’un lexique usé. Le secret de cette préférence tenait à certaines notes au crayon, en marge, signées d’un
« J ». J’espère qu’elles étaient réellement de la main de Jack.
Lizzie n’avait jamais été une grande marcheuse. La marche, avant qu’elle connût Jack, était pour elle un plaisir tout à
fait insoupçonné. Et puis elle avait peur des vaches, des oies,
des moutons – de tous les spectres agricoles de l’imagination
féminine. Mais à présent toutes ses terreurs s’étaient dissipées.
Ne pouvait-elle être un soldat, elle aussi, à son humble mesure ? Souvent d’un cœur battant, je le crains, mais toujours
d’un pas résolu et élastique, elle refaisait les parcours favoris
de Jack ; elle s’efforçait d’aimer la nature comme il avait semblé l’aimer ; elle contemplait les mêmes crépuscules ; elle plongeait son regard brillant dans les mêmes marécages, comme si
elle cherchait dans leurs profondeurs brunes quelque empreinte
attardée du visage de son bien-aimé, inscrite là comme dans un
cœur épris ; elle cherchait le nom chéri, gravé sur les roches et
sur les arbres – et lorsque la nuit venait, elle étudiait, à sa façon
naïve, le grand baldaquin semé d’étoiles, sous lequel, peutêtre, son guerrier dormait étendu ; elle cheminait dans les vertes clairières, en fredonnant des bribes des mêmes ballades,
d’une voix claire, rendue mélodieuse par l’amour – et tandis
qu’elle chantait, se mêlait au murmure continuel des arbres le
sourd grondement d’une basse étouffée, porté par le vent du
sud comme un lointain roulement de tambour, répondant à
un clairon. Ainsi mena-t-elle pendant quelques mois une vie
idyllique, fort agréable, face à face avec un souvenir puissant, vivace, qui donnait tout et ne demandait rien. Ce devaient
être sans aucun doute (et elle en avait à moitié conscience)
les jours les plus heureux de sa vie. Car y a-t-il dans la vie
félicité plus grande que cette extase pensive ? Ces sables d’or
qui tombent grain à grain font de la servitude une liberté, de
la pauvreté une richesse.
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DU MÊME AUTEUR aux éditions de la différence
ŒUVRES COMPLÈTES
1. Nouvelles, 1864-1875, 1990 ; 2e éd. 2010.
2. Nouvelles, 1876-1888, 1992.
3. Nouvelles, 1888-1896, 2008.
4. Nouvelles, 1896-1910, 2009.
MINOS
« Reverberator », roman, 2003.
Une vie à Londres, roman, 2003.
L’Autre Maison, roman, 2005.
Heures italiennes, chroniques, 2006.
Esquisses parisiennes, chroniques, 2006.
Le Sens du passé, roman, 2007.
La Scène américaine, chroniques, 2008.
INTÉGRALE DES NOUVELLES EN 12 VOLUMES / MINOS
traduit de l’anglais, organisé et présenté par Jean Pavans
1. « La France », La Maîtresse de M. Briseux, 2010.
2. « L’Italie », Les Papiers d’Aspern, 2010.
3. « L’Angleterre », Le Siège de Londres, 2011.
4. « L’Amérique », Une tournée de visites, 2011.
5. « Affaires transatlantiques », Le Point de vue, 2011.
6. « La vie littéraire », Le Motif dans le tapis, 2011.
© SNELA La Différence, 30, rue Ramponeau, 75020 Paris, 2011.
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