Grimsey et Heimaey

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Grimsey et Heimaey
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Grimsey et Heimaey
Iles aux oiseaux
A environ 40 km au nord de l’Islande,
en direction de l’océan Arctique, se
trouve l’île de Grimsey, la partie la plus
septentrionale du pays qui soit encore
habitée. Oubliée du monde, isolée, et
belle à couper le souffle.
\\ Au joli village de pêcheurs de Dalvik, les marins dénouent les
cordes du navire à bord duquel embarquent les passagers pour
se rendre vers ce lieu du bout du monde. A la sortie du port, le
paysage qui s’offre à nous est majestueux. Le bateau longe les
flancs de l’un des plus spectaculaires fjords d’Islande: Eyjafjördur, où trône une succession de montagnes couvertes de neiges
intemporelles. Au sommet de ce cadre d’exception, le soleil illumine les reliefs enneigés. Ses rayons font ressortir le bleu étincelant de l’océan. Quelle bouffée d’oxygène visuelle, superbe. Dans
ses mouvements de berceuse, le ferry entame la traversée de
quatre heures vers son point d’encrage. Au gré du vent clément,
le drapeau islandais flotte. Les touristes sont à l’affût du moindre
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mouvement dans l’eau, de la moindre sortie inattendue et remarquée des géants des mers que sont les baleines. D’avril à octobre,
les cétacés de tout genre nagent au large des côtes islandaises.
Un enfant nous alerte de la présence de l’un d’entre eux. Le jet
d’eau semble si puissant, si haut que nous pensons être devant
une autre merveille, typique d’Islande, un geyser. On ne peut s’y
tromper, il s’agit bien d’un balénoptère. Plus loin, un point léger
apparaît à l’infini de l’horizon et petit à petit les falaises et le phare
orangé de Grimsey se dessinent. Les milliers d’oiseaux planent et
survolent notre embarcation en signe de bienvenue. Nous voilà
arrivés sur leurs terres, le paradis du dépaysement islandais le
plus ultime et de l’observation ornithologique par excellence.
Bruit d’ailes et cris
Ses quelque 100 habitants se retrouvent au sud de l’île, près du port,
au village de Sandvik et vivent principalement de la pêche. Grimsey
a une superficie de 5,3 km² ce qui donne à chacun l’opportunité de
faire à son rythme le tour des lieux en une journée. En direction du
centre de l’île, la route mène directement sur le tarmac du petit aéroport qui accueille les vols prévus au départ d’Akureyri, la plus grande
ville du Nord de l’Islande. A côté, nous avons élu domicile pour quelques nuits dans l’accueillante chambre d’hôte le «Basar».
islande
La marche pour accéder à notre demeure nocturne est toujours
accompagnée d’un spectacle à la symphonie plutôt cacophonique et surprenante. Le décor ressemble étrangement à celui du film
«Les oiseaux» d’Alfred Hitchcock. Le chef d’orchestre de cette pièce
musicale se nomme la sterne arctique. Elle annonce souvent sa présence par des cris bruyants - «kria kria kria» - et par des attaques
plongeantes et rasantes dès qu’un intrus empiète sur son territoire
de nidification. Prenez-y garde, son domaine est âprement défendu.
Au-dessus de vous, cet oiseau mérite assurément un regard attentif.
Admirez la brillance de ses ailles blanc argenté et de sa tête noire
pointant vers vous un bec rougeâtre de toute beauté. Il a ceci de
merveilleux qu’il est un migrateur hors pair. En effet, à chaque printemps il se déplace de l’Antarctique et parcourt plus de 15.000 km
pour venir goûter aux lumières des régions de l’hémisphère Nord.
La particularité de Grimsey est d’être située directement à hauteur
du cercle arctique au 66°33’17’’ de latitude nord. Un panneau à
côté de la guesthouse symbolise théoriquement la localisation du
cercle arctique de l’île avec des indications vers d’autres villes du
monde. Les Australiens en visite apprécieront le fait que Sydney est
à 16.317 km de ce lieu tandis que les Européens se verront annoncer que 1.949 km séparent Londres des insulaires de Grimsey.
Le soir venu, non loin du Latrabjarg, au village de Breidavik, les
amoureux de grandes étendues et d’observation d’oiseaux discutent des heures durant, d’anecdotes vécues et s’échangent leurs
clichés photographiques du jour. L’ambiance y est extrêmement
conviviale et instructrice. On filme le ballet aérien de ces groupes d’oiseaux rasant les eaux du littoral, élégants et gracieux, ces
Fous de Bassan reconnus comme étant les «Roi de l’Atlantique».
Désert de sable
Peu de gens le savent, mais approcher les falaises du Latrabjarg
sous un autre angle est presque mission possible et vaut vraiment
le détour. De Breidavik, sillonnez les chemins de campagne parsemés de-ci de-là de moutons et d’agneaux pour vous rendre vers
la magnifique plage dorée de Raudasandur.…Sous un soleil éclatant, ce désert de sable en bord de mer rayonne de sa splendeur et
vous renvoie à des souvenirs tunisiens ou tropicaux. En raison de
sa situation, l’Islande est le carrefour entre les régions tempérées
et arctiques et regorge ainsi d’une avifaune extrêmement diversifiée. Plus de 70 espèces d’oiseaux nichent régulièrement en
Soleil de minuit
Les mois de mai à juillet sont ceux des jours sans fin, animés par
l’activité incessante des oiseaux migrateurs, pélagiques et limicoles sillonnant le ciel. Tard dans la soirée, empruntez le chemin qui
longe le pourtour de l’île pour contempler la beauté du soleil de
© Patrick Reader
Arrêtez-vous un instant et
contemplez la plénitude
de l’infini
© Patrick Reader
minuit. L’été boréal est une saison impressionnante car au-delà du
cercle polaire, le soleil ne disparaît jamais de l’horizon de Grimsey.
Arrêtez-vous un instant à contempler cette plénitude de l’infini en
profitant de l’air marin frais. Digne d’une carte postale aux mille
couleurs, les lumières du crépuscule sont absolument sublimes
avec de subtiles nuances colorées. Se tisse une harmonie panoramique des sens avec ce milieu authentique et resté quasi intact.
La vie spectaculaire et sauvage de milliers d’oiseaux venus
d’ailleurs est très intense le long des côtes nord et est de l’île. Où
que vous soyez, les falaises regorgent de nids, les macareux moines communément surnommés «les perroquets des mers» font le
guet comme de véritables sentinelles. Des sauts et des va-et-vient
vers la mer à la recherche de quelques harengs sont les sports
favoris de ces autochtones volants. De leur promontoire, les petits
pingouins et les guillemots serrés les uns contre les autres côtoient
les fulmars boréals ou autres mouettes tridactyles…
Grimsey n’est pas le seul sanctuaire de l’envol au pays de terre et de
feu. Du haut de leurs 444 mètres de hauteur, les falaises du Latrabjarg, situées à la pointe la plus à l’ouest de l’Islande, sont mondialement réputées par les ornithologues et valent certainement le détour
pour une promenade sur fond de paysages de hauts vols.
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Orque.
Islande et plus de 300 espèces y ont été repérées. Elle s’avère être
un passage obligé pour de nombreux migrateurs. Le printemps et
l’été sont les périodes idéales pour voyager et apprendre à connaître leur vie amoureuse, familiale et sociale. Pendant la période
estivale, on y trouve les plus importantes colonies d’oiseaux de
mer de l’hémisphère Nord. C’est d’ailleurs en Islande qu’ont été
tournées de nombreuses et superbes images du célèbre documentaire de Jacques Perrin «Le peuple migrateur».
Heimaey, la volcanique
De l’autre côté de l’Islande au sud-ouest, l’archipel volcanique des
îles Vestmann est le temple incontesté d’une avifaune très importante.
Ces îles nées d’éruptions sous-marines abritent une des plus importantes colonies au monde de macareux moines, comptant plusieurs
millions d’individus. Heimaey est l’île touristique principale et fut le
théâtre d’une gigantesque éruption volcanique le 23 janvier 1973. La
plupart des habitants évacuèrent la première nuit pour rejoindre le
continent. Près de six mois plus tard, les colères telluriques se terminèrent et certains habitants revinrent sur l’île. Aujourd’hui la vie a
retrouvé toute son activité. Heimaey est le centre principal de pêche
de l’Islande et accueille en période estivale de nombreux visiteurs.
Elle offre davantage de possibilités d’activités que sa compagne du
nord, Grimsey. Sa géologie et ses formes ondulées explosent dans
une symphonie de couleurs ocre qui portent encore les traces du
passé. Ne manquez pas les balades vers les deux sites essentiels,
Helgafell et Eldfell. Des sentiers longent quasiment toute la côte de
© Patrick Reader
Corbis
islande
Sterne arctique.
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l’île et invite les amoureux de randonnées à s’adonner à leur passion. D’autres parcourront en vélo ou
à cheval les routes vallonnées de l’île qui mènent à
des points panoramiques remarquables, dont celui
au sud de l’île (Storhöfdi). C’est là que se trouve la
station météorologique et le phare. Des haltes régulières s’imposeront pour admirer les tapis dorés de
pissenlits couvrants les lieux ou pour voir les bans
de poissons séchés sur des étendoirs en bois. L’air
marin est vivifiant et des nuées d’oiseaux vous
accompagnent tout au long de la promenade. Des
escapades en avion s’organisent et vous permettent de photographier la vue imprenable de cette
constellation d’îles et d’îlots. Une véritable fresque
aux dimensions infinies. L’excursion-phare est la balade en chalutier ou zodiac autour de l’île pour apprécier les falaises abruptes
où vivent les macareux moines et avoir peut-être une chance de
voir des orques nager dans ses eaux. D’ailleurs, la baie de Klettsvik
près du port d’Heimaey fut en 1998 la terre d’accueil provisoire du
célèbre héros «Keiko» du film «Free Willy». Un magnifique golf de
18 trous surplombe la féerie de ce paysage côtier, de quoi inspirer
les golfeurs! Le centre d’Heimaey offre aux touristes des commodités telles qu’hôtels, restaurants, chambres d’hôtes, campings et une
piscine. Restez-y au moins 2 nuits… un enchantement.
Avec les îles splendides de Grimsey ou d’Heimaey, la nature
islandaise vous offre une de ses plus belles vérités. A vous de la
découvrir… Iles de méditation, d’introspection et de contemplation. Comme c’est le cas pour les milliers d’oiseaux migrateurs,
l’émerveillement face à ses espaces sauvages et grandioses est
à portée d’envol. Bon vent. \
Texte et photos \ Patrick Reader, www.arctic05.org
En pratique
\ Les plus beaux mois pour visiter Grimsey et Heimaey sont mai et juin. Le 17
juin vous pourrez fêter avec les Islandais leur fête nationale.
\ La compagnie Icelandair propose des vols directs d’Amsterdam et de Paris
vers Reykjavik. Vous pouvez obtenir des vols meilleur marché en consultant
chaque mois les offres spéciales. www.icelandair.be
\ Plusieurs tour-opérateurs proposent des voyages individuels ou en groupe
en Islande. La plupart offrent également la possibilité d’organiser un
voyage sur mesure, d’après vos souhaits et budget. Infos: Gazelle world
wave: Islande – vol, voiture et logement, www.gazelleworldwave.be,
tél.: 089 70 18 85; Bureau Scandinavia, www.bureauscandinavia.be,
tél.: 02/521 77 70
\ Ambassade d’Islande: 11 Rond-Point Schuman, 1040 Bruxelles, tél.:
02 238 50 00. www.iceland.org/be; informations touristiques générales:
www.visiticeland.com, www.iceland.is, www.icetourist.is
\ Grimsey: Basar Guesthouse, tél.: + 354 467 3103, ferry de Dalvik à Grimsey: Saefari, tel.: +354 461 3600 ou le site www.dalvik.is; vol AkureyriGrimsey: Air Iceland.
\ Iles Vestmann: ferry de Piorlakshöfn à Heimaey, tél.: +354 481 2800,
www.herjolfur.is, www.vestmannaeyjar.is
\ Latrabjarg et Breidavik: www.breidavik.net
\ Observation des baleines: www.whalewatching.is, www.icewhale.is \