Traduction et retraduction en roumain des nouvelles de Prosper

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Traduction et retraduction en roumain des nouvelles de Prosper
Ştiinţe socio-umane
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Traduction et retraduction en roumain
des nouvelles de Prosper Mérimée
Anca Andrei Procopiuc
Université Ştefan cel Mare
Suceava, Roumanie
[email protected]
Abstract: This article presents Romanian translations and retranslations of Prosper Merimee's novels. The
retranslation is not just a revision of a previous translation, but a necessity to update the linguistic and social
conditions that mark the cultural evolution of each people.
Keywords: translation, retranslation, translator, adaptation, context.
« [ ...] traducătorul are uneori sentimentul că el înalţă castele de nisip, ce mâine vor fi măturate de valuri. »
Irina Mavrodin
La traduction est un processus interprétatif
complexe qui a, sans doute, des origines
anciennes et auquel les hommes ont dû recourir
chaque fois qu’une communication écrite ou
orale devait être établie entre des peuples et des
personnes de langues différentes. De nos jours,
la traduction n’est pas seulement un instrument
de communication (car il y a beaucoup de
personnes qui parlent deux ou plusieurs langues
étrangères), mais aussi un moyen de mettre en
évidence la diversité des peuples, de souligner
les caractéristiques de chaque culture. Les
principes de multilinguisme et de multiculturalité
donnent donc aux traductions une nouvelle
fonction : celle d’enseigner à tous ce que c’est le
respect de l’Autre. Mais cette nouvelle réalité ne
diminue pas le rôle de la traduction, ou ne la met
pas en arrière plan, par contre : les traductions
sont devenues une nécessité, étant un acte
indispensable de promotion et d’enrichissement
de la culture. Les traductions sont donc comme
un baromètre des transformations de la culture
et des mentalités des peuples. Si l’œuvre
originelle est un moment unique et irremplaçable
de la littérature1, les traductions marquent
seulement un moment de son évolution. Et
quelle est la meilleure possibilité de dépasser les
inconvénients de cette évolution sinon par la
retraduction.
1
Selon Irina Mavrodin, Despre traducere literal si in toate
sensurile , Editura Fundatia Scrisul Romanesc, Craiova, 2006,
Chap. « O pratico-teorie a traducerii litarare în zece
fragmente », p. 95.
Le terme de retraduction désigne l’existence
dans une langue de plusieurs versions d’un seul
texte traduit. Mais il a plusieurs connotations : la
retraduction est une traduction qui corrige une
version antérieure ; une traduction qui marque
l’évolution de la langue et l’actualise; un indice
de la popularité de l’auteur ou une possibilité
pour le traducteur de se rapporter aux travaux
des autres et de construire sa propre stratégie.
Pour Henri Meschonnic la retraduction est une
épreuve de la qualité de la traduction : « c’est le
meilleur poste d’observation sur les stratégies du
langage, par l’examen, pour un texte, des
traductions successives »2. Irina Mavrodin
conçoit la traduction comme une série ouverte3:
tout comme les gens, les traductions vieillissent
et ne représentent plus l’esprit de chaque
génération, elles sont frappées par la désuétude
à cause de l’évolution de langue, de l’horizon
d’attente du public, des changements de
mentalité des lecteurs. C’est pourquoi de
nouvelles traductions s’imposent. Elles doivent
réactualiser le texte original et susciter l’intérêt
du public. Des traductions ayant plusieurs
décennies risquent de ne plus susciter l’intérêt à
cause des archaïsmes utilisés par le traducteur et
qui ne représentent plus l’esprit de l’époque.
Parce que la langue est dans une évolution
continue, la traduction doit évoluer dans le
même rythme. Chaque traducteur, par sa
traduction, offre au lecteur sa propre mentalité
culturelle, son univers épistémologique, sa
2
3
Henri Meschonic, Poétique du traduire, Verdier, 1999, p. 14.
Irina Mavrodin, op.cit, p. 94.
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DOCT-US, an III, nr. 1, 2011
sensibilité, son horizon d’attente (influencés eux
aussi par la mentalité et la sensibilité collectives),
ce qui fait que parler de la traduction comme
série ouverte c’est aussi parler d’une multitude
de lectures plurielles4 engendrées par la
traduction elle-même.
L’idée que la traduction est une nécessité
pour marquer l’évolution de la littérature, de la
société et des langues est présente aussi chez
Berman. Pour lui, la retraduction a, au XXe
siècle, un sens historique et culturel aigu :
[…] celui de rouvrir l’accès à des œuvres dont
la puissance d’ébranlement et d’interpellation
avaient fini par être menacée à la fois par leur
« gloire » (trop de clarté obscurcit, trop de
rayonnement épuise) et par des traductions
appartenant à une phase de conscience qui ne
correspond plus à la nôtre.5
La retraduction peut être considérée, donc
comme une régénération de l’œuvre originale,
une régénération conditionnée par l’évolution du
monde. La retraduction est donc une autre vie
de l’original, qui ne nie pas les traductions
antérieures, mais qui leur donne d’autres
valences spécifiques à chaque étape de
l’évolution de la pensée et de la société.
La réception de l’œuvre de Prosper Mérimée,
dans l’espace culturel roumain, s’inscrit et illustre
elle-aussi, les différentes étapes de l’évolution de
la société et de la culture roumaine. De la lecture
des textes en français, aux traductions plus ou
moins adaptatives de la fin du XIXe et début du
XXe siècle jusqu’aux traductions de la deuxième
moitié du XXe qui privilégient l’étrangéité de
l’œuvre originale, la création mériméenne a
enchanté les lecteurs roumains. Le public
roumain a pris contact avec les créations de
Mérimée par la lecture des versions originales,
en français, par la voie des cabinets de lecture et
des bibliothèques publiques et privées. Cela
parce que la réalité sociale roumaine du temps
(avec intellectuels et boyards qui connaissaient
très bien la langue et qui avaient fait des études
ou visites fréquentes en France) favorisait la
diffusion presque concomitante des auteurs
français dans l’espace roumain. Par exemple, le
catalogue publié en 1838 par le cabinet de
lecture tenu par Walbaum à Bucarest (Catalogue
des livres français qui se donnent en lecture à la
librairie de la Cour de Fréderic Walbaum)6
4
5
Idem
Antoine Berman, L’Epreuve de l’etranger, Gallimard, 1984,
p. 281.
6
Selon Angela Ion, La littérature française dans l’espace
roumain, Edition de l’Université de Bucarest, 1984, chap.
Balzac dans la littérature roumaine, p. 142.
mentionne parmi les 1028 titres, des ouvres
appartenant à Prosper Mérimée. Un autre
exemple incontestable de l’existence de l’œuvre,
en français, de Mérimée dans les Pays Roumains
nous est fourni par George Călinescu7 qui
reproduit le catalogue de la bibliothèque de
l’écrivain roumain Alexandru Odobescu (rédigé
par lui-même). Cette vaste bibliothèque,
comptait en 1858 approximativement 1500
volumes, et comprenait à côté des œuvres des
philosophes de l’Antiquité, tous les grands de la
littérature étrangère. Les écrivains français y
occupent la place la plus importante et parmi
eux Prosper Mérimée avec Colomba, Chronique
du règne du Charles IX, La double méprise, La
Guzla.
Les traductions qui existent de l’œuvre de
Prosper Mérimée en roumain appartiennent à
des époques différentes, à des siècles différents.
Selon la statistique faite par Paul Cornea8 sur les
traductions roumaines entre 1830 et 1860,
Mérimée n’y figurait pas parmi les auteurs
français traduits. Pourtant la première traduction
en roumain d’une nouvelle de Mérimée date de
l’année 1844 qui est en fait une adaptation
Toderică de Negruzzi, d’après la nouvelle
Federigo de Mérimée. Ce n’est qu’après 1870
que paraissent plusieurs versions de ces
nouvelles. Ce moment correspond selon Paul
Cornea à la diversification de la vie économique,
à la parution de plusieurs maisons d’édition et
implicitement des revues et journaux. Et bien sûr
le public qu’est de plus en plus avide de
littérature. La traduction suivante date de 18789
et a été faite par le renommé poète roumain
George Coşbuc. Il s’agit de la nouvelle Mateo
Falcone, publiée Foiţa Românului. La même
année, dans la même revue est publiée la
nouvelle Luarea redutei, traduction anonyme.
Tenant compte du sujet historique (qui
préoccupait le poète George Coşbuc) et des
circonstances de parution de ces deux nouvelles,
nous serons tentés de croire que c’est une
traduction faite par le même auteur, mais ne
pouvons pas le dire qu’après une attentive
analyse des deux versions. La même nouvelle
L’enlèvement de le rédoute a encore deux
versions : Asaltul redutei, trad . Iugurtha, 1890,
7
George Călinescu, Istoria literaturii române la la origini până
în prezent, editia a II a, Editura Minerva, 1982, p. 354.
8
Paul Cornea, De la Alecsandrescu la Eminescu, Bucuresti,
Editura pentru literatură , 1966, chap.Traduceri si traducători
în prima jumatate a secolului al XIX lea.
9
La liste des traductions de Mérimée de XIXe siècle a été
rédigée et publiée dans un travail collectif, coordonné par
Georgiana Lungu Badea, intitulé Repertoriul traducerilor din
limba franceză, spaniolă şi italiaăa( sec.XVIII-XIX), Editura
Universităţii de Vest, 2006.
Ştiinţe socio-umane
nr. 235, « Foiţa Tribunei » et Reduta, trad.
Eriatlov, « Foişoara », 1898. La nouvelle
Colomba compte deux versions : Colomba, trad.
TA, NBR, nr. 14-21, 1882 et Colomba sau
Vendeta Corsicană, trad. TA, « Lumea Nouă »,
1895. Dans la même revue, mais deux anneés
plus tard parait Don Juan de Marana, TA,
« Lumea Nouă », 1878. La plus célèbre nouvelle
de Mérimée, Carmen n’est pas traduite qu’une
seule fois: Carmen, trad. G T, « Gazeta
Transilvaniei », 1889, nr. 53, 62. Mateo Falcone
a été traduite deux fois la même année et dans
la même revue: l’une a été réalisée par Ioan
Cândea, Rev. Or. I, 1895, nr. 11, « Foişoara » et
l’autre, par Iosif Şchiopul, DR. II, 1895, nr. 40,
« Foişoara ». La nouvelle qui a le plus grand
nombre de versions est Une vision de Charle XI.
Elles en sont quatre, les voila en ordre
chronologique : O viziune a lui Carol XI, 1887,
nr. 283, 284, « Foiţa Tribunei », nuvela tradusa
de –pp-, Vedenia lui Carol al XI lea, Trad. Max
Barber, AD IV, 1891, Viziunea lui Carol XI, Iosif
Şchiopul, 1895, Nr. 4, « Foişoara », Viziunea
Regelui Carol XI, trad. Sebastian Stanca, 1897.
On peut observer que de ces nouvelles les
plus traduites ont été celles dont le sujet est
historique : L’enlèvement de la redoute a été
traduite trois fois et Une vision de Charles XI –
quatre fois et le goût du pittoresque dans le cas
de la nouvelle Mateo Falcone. Cet intérêt réside
encore au début du XXè siècle, car les deux
nouvelles ont été retraduites deux fois10: Luarea
redutei. - Om, II (1909), nr. 10, p. 7-9, trad. E.
C ; Luarea redutei-MiLI, V (1913), nr. 21, p. 7-9,
trad. Emil Diac et Vedeniile unui rege.- MiLI, V
(1913), nr. 214, p. 5-6, trad. Oct. Sterescu ;
Viziunea lui Carol XI.-TriP, XV (1911), nr.14, p.
1-4, « Foita ziarului Tribuna », trad. C. R. B. La
nouvelle Mateo Falcone a été retraduite aussi
deux fois: Mateo Falcone.-ZC, XVI (1912), nr.
798, p. 5763-5765, trad. Traian P. Lascu et
Mateo Falcone-UnL, XXXII (1916), nr. 31, p. 6-7;
trad. St. C. Florea.
Le XXe siècle est aussi prolifique en versions
roumaines des œuvres de Mérimée que le siècle
précédent. La tradition des traductions des
écrivains étrangers a continué. La première
décennie du XXe siècle, ont été traduites deux
nouvelles de Mérimée : Carmen er Colomba. La
première traduction du XXè siècle est celle de la
nouvelle Colomba sous le titre de Frumoasa
corsicană, UnL (1904), nr. 37-53, Roman
senzational - Universul literar septemanal,
10
Selon Bibliografia relaţiilor literaturii române cu literaturile
străine în periodice (1858- 1918), Editura Academiei
Republicii Socialiste România, Bucureşti, 1982, tome II,
Literaturi romanice, p. 288- 289.
47
Bucuresci 1888-1918.11 Carmen parait en 1908
à la maison d’édition Cartea Românească, dans
la collection Biblioteca Minerva, numéro 4, dans
la traduction de Radu Baltag, tandis que
Colomba parait en deux volumes, en 1909, dans
les numéros 28 et 29 de « Biblioteca Minervei »,
Minerva, Institut de Arte Grafice si Editura dans
une traduction faite par Natalia Iosif. Cette
collection se proposait de promouvoir d’une part,
la littérature, et d’autre part, les œuvres
scientifiques. La littérature était représentée par
des noms célèbres de la littérature roumaine
(Sadoveanu, Eminescu ; Ioan Slavici, Negruzzi –
Traduceri in proza), de la littérature française,
qui était la plus importante (Voltaire, Zola,
Balzac, Maupassant, Al Dumas Père) mais aussi
des écrivains russes, allemands et anglais. Cette
nouvelle a été retraduite par J. Leonard, publiée
chez Editura Cultura poporului, 1938.
En 1912 Sofia Nadejde - illustre figure
féminine de l’intellectualité de Iassy –a traduit
les nouvelles Don Juan et Venus de l’Ille parue à
la Maison d’Edition Libraria nouă, Bucureşti,
Biblioteca Lumina, nr 14. n 1927 parait
Răzbunarea Venerei, trad. Cont. I. Ghica, publiée
dans la collection Lectura, floarea literaturii
străine, Maison d’edition Adevărul. Et en 1924
une autre version de la nouvelle Une vision de
Charles XI, dans la traduction de Paul Zarifopol,
publiée chez « Cultura naţională », Bucureşti.
Mateo Falcone, une autre nouvelle préférée des
traducteurs, compte encore deux versions : une
traduction anonyme publiée chez « Biblioteca
Eroică. Generaţia nouă », nr. 28, 1936 et une
traduction d’Aurel Tita parue dans « Lectura
pentru toţi », numéro 5.
Vers les années 30 a été publiée, a côté de
quelques nouvelles de Myriam Harry, la nouvelle
Carmen sous le titre Dragoste de Ţigan. Cette
traduction faite par Mircea Gh. Botez et parue à
la Maison d’Edition Ţicu I. Eşanu. Cette maison
d’édition, fondée en 1922, a publié des
nouveautés littéraires et musicales étant le
premier essai de ce genre. D’autres auteurs
français traduits dans la même collection sont
Alexandre Dumas, fils- Dama cu camelii, Emile
Zola - Norocul et Anatole France Cartea
prietenului meu, traduction Sorin B. Rareş. Ce
dernier a traduit aussi la Chronique du règne de
Charles IX de Mérimée, sous le nom de Noaptea
roşie (Diane de Turgis), Bucureşti, Doris, 1991.
La chronique a été traduite aussi par Leon
Baconski et publiée chez différentes maisons
d’édition : Cronica domniei lui Carol al IX-lea.
Prosper Mérimée, traducere şi note de Leon
Baconsky, Cuvânt înainte d’Elena Vianu.
11
Idem.
48
DOCT-US, an III, nr. 1, 2011
Bucureşti, Editura pentru Literatură Universală,
1968 ; Cronica domniei lui Carol al IX-lea :
Roman. Bucureşti : Minerva, 1978 et finalement
Diane-contesa iubirii. Amor şi nebunie, Abaris
Press, Bucuresti, 1993.
La place la plus importante dans la traduction
des nouvelles de Mérimée au XXe siècle l’a eue
AL. O Teodorenu, fait reconnu aussi par I.
Brăescu12. Il a publié en 1956 Nuvele. Prosper
Mérimée, Editura de Stat pentru literatură şi artă,
Bucureşti avec une préface de Ion Brăescu; puis
en Carmen : Nuvele. Bucureşti : Editura
Eminescu, 1970. Les nouvelles y traduites sont :
Mateo Falcone Tamango, Neînţelegeri, Colomba,
Carmen , Abatele Aubin. Il a traduit aussi :
Tentaţia : (Dublul dispreţ), Bucureşti, GutenbergCasa Cărţii : RAI, 1992 et Tamango : Text
integral, traducere d’Al. O. Teodoreanu, Postfaţă
de Maria Carpov, Bucureşti, Pol Plus, 1998. Sous
le même titre Tamango est paru chez Univers,
1971, Bucureşti un volume plus ample des
nouvelles de Mérimée. A coté des nouvelles
traduites par AL. O Teodoreanu sont inclues les
traductions de Virgil Teodorescu-Venus de l’Ille
et de N. Budureşcu-Cucerirea redutei, Federico,
Vasul etrusc si Partida de table.
Un rôle important dans la popularisation de
l’œuvre de Mérimée par traductions, l’a eu Irina
Mavrodin qui a traduit pour la première fois
(excepté Venus de l’Ille) les nouvelles
fantastiques de l’auteur français : Lokis,
Djumane et Il viccolo de Madame Lucrezia,
inclues dans une anthologie de prose fantastique
française. Ella a écrit la préface et les
présentations des auteurs. De Mérimée elle dit
qu’il est l’auteur français du XIXe qui correspond
dans le plus haut degré à ce que les théoriciens
d’aujourd’hui nomment prose fantastique.
L’unique recueil de poésie de Mérimée La Guzlapoèmes illyriques a été traduit en roumain en
1998, par Nicolae I. Pintilie, chez Helicon,
Timisoara.
Au XXIe siècle, donc en dix ans ont été déjà
publiées et retraduites quelques nouvelles. En
2004 dans la traduction de Ana Coiug sont
publiés Mateo Falcone et Tamango chez Paralela
45, la collection Bufniţa, Pitesti, 2004. Cette
collection se propose de promouvoir la littérature
française et anglaise, la prose courte en
particulier, parmi les enfants. Dans la même
collection : sont traduits Alphonse Daudet,
Charles Perrault et Villiers de Lisle Adam.
La nouvelle Venus de l’Ille parait (aux Editions
Cartea de Buzunar , la colection Premii
12
I. Braescu, Perspective si confluente româno-franceze,
Univers, 1980 ; chap. Literatura Franceza in traducerea
scriitorilor romani, p. 267.
internationale, sans année de parution) dans
l’anthologie de prose fantastique Vânătorii lumii
de dincolo dans la traduction de Rodica Bretin13,
puis en 2008 dans le volume Cartea cu himere,
Collection Cotidianul, Maison d’édition Univers,
dans la traduction d’Adriana Claudia Iacob. Dans
la même collection Cotidianul, et la même année,
parait le volume Despre dragoste si alte
intâmplări la nouvelle Carmen traduite par Emilia
Comanici et Sabina Tcaciuc. Finalement dans le
volume Vampiriada nouă povestiri celebre,
Pandora M, Targoviste, 2007 parait une autre
version de la nouvelle Lokis, traduction Sandra
Oprescu.
Il faut rappeler que Mérimée a été traduit
aussi dans la République de la Moldavie. Nous en
avons trouvé : Prosper Mérimée, Nuvele,
Chişinău, Cartea Moldovenească, 1963 et
Mérimée, Nuvele : Mateo Falcone, Tamango,
Colomba, Chisinău, Literatura artistică ,1981,
mais nous ignorons les traducteurs.
Voilà qu’un auteur français, considéré comme
peu fécond, a été traduit et retraduit en
Roumanie au cours de trois siècles. Après avoir
présentées les traducteurs, en fonction de leurs
dates de parution, nous pouvons tirer des
conclusions concernant le rôle des retraductions.
Les traductions de la fin du XIXe siècle trahissent
une langue qui est en cours de formation et la
tendance des traducteurs d’atténuer ce qui est
trop étrange. Des 16 versions, six sont publiées
sans être spécifié le nom du traducteur, deux
sont signées par des pseudonymes et l’une est
adaptation qui frôle les limites du plagiat, parce
qu’elle n’est pas déclarée comme traduction.
Cette statistique prouve qu’à cette époque-là, la
notion de propriété intellectuelle n’était pas un
problème assez important. Comme témoin, c’est
le grand nombre d’adaptations de la littérature
étrangère publiées sous la signature d’écrivains
roumains renommés. Les traductions de la
première moitié du XXe siècle sont des
traductions plus fidèles, mais qui gardent encore
des réticences en ce qui concerne les cultures
des autres, car la spiritualité roumaine du temps
s’efforçait de trace les contours de la culture
roumaine. Ce n’est qu’après la deuxième guerre
mondiale que paraissent des traductions qui
correspondent aux nouvelles tendances en
traduction, celles de préserver les coordonnées
étrangères des textes et le style des auteurs.
Donc les retraductions des nouvelles de Mérimée
recouvrent toutes les connotations du terme
13
Il s’agit en fait d’une traduction très libre car la traductrice
fait des omissions et des ajoutements dans le texte. Elle
accorde attention seulement à la dimension fantastique de
l’oeuvre, en ignorant le style individuel de l’auteur.
Ştiinţe socio-umane
retraduction : elles illustrent l’évolution des
mentalités ; elles sont des mises en rapport et
des indices de la popularité de l’auteur. Ces
retraductions offrent une autre vie à l’original,
mais ne nie pas les traductions antérieures ; elles
leur donnent d’autres valences spécifiques à
chaque étape de l’évolution de la pensée et de la
société. Par comparaison avec l’original qui est
une œuvre qui reste la même indifféremment
des changements d’optique, ces traductions et
retraductions marquent seulement des étapes
dans le devenir du l’espace culturel roumain.
49
Mavrodin, Irina, Despre traducere literal si in toate
sensurile, Editura Fundatia Scrisul Romanesc, Craiova,
2006.
Meschonic, Henri Poétique du traduire, Verdier
1999.
Repertoriul traducerilor din limba franceză, spaniolă şi
italiana (sec.XVIII-XIX Georgiana Lungu Badea),
coord. Georgiana Lungu Badea, Editura Universităţii de
Vest, 2006.
Bibliografia relaţiilor literaturii române cu literaturile
străine în periodice (1858- 1918), coord. Ioan Lupu et
Cornelia Stefanescu, Editura Academiei Republicii
Socialiste România, Bucureşti, 1982, tome II, Literaturi
romanice, p. 288- 289.
Bibliographie
Brăescu, Ion, Perspective si confluențe românofranceze, Univers, 1980.
Călinescu, George, Istoria literaturii române la la
origini până în prezent, editia a II a, Editura Minerva,
1982.
Cornea, Paul, De la Alecsandrescu la Eminescu,
Bucuresti, Editura pentru literatură, 1966.
Ion, Angela La littérature française dans l’espace
roumain, Edition de l’Université de Bucarest, 1984.
Anca Andrei Procopiuc
Doctorande à l’Université Ştefan
cel Mare de Suceava, Faculté de
Lettres et Sciences de la
Communication,
Domaine
Philologie, Titre de la thèse:
Traduction et adaptation en
roumain des nouvelles de
Prosper Mérimée, Coordinateur
scientifique: Prof. univ. dr.
Muguraş Constantinescu.