RENCONTRES Présentation de l`exhortation apostolique
Transcription
eft107:eft104.qxd 23/04/2007 15:08 Page 14 RENCONTRES Présentation de l’exhortation apostolique Sacramentum Caritatis de Benoît XVI par le père Marc Aillet Vicaire général L’insistance du magistère sur l’Eucharistie 14 Avec cette exhortation, le deuxième document majeur du Pape Benoît XVI, on est frappé par l’insistance tout à fait particulière du Magistère pontifical depuis le Grand Jubilé de l’An 2000 sur l’importance de l’Eucharistie dans la vie et la mission de l’Église. Qu’on se souvienne de la volonté exprimée par Jean Paul II de faire de l’An 2000 “une année éminemment eucharistique”, et de sa toute dernière encyclique “Ecclesia de Eucharistia” (2002), où il passait commande auprès de la Congrégation pour le culte divin d’une instruction disciplinaire, sur certaines normes liturgiques, qui paraîtra en 2003 sous le titre de “Redemptionis sacramentum“. Dans la foulée, le Pape Jean-Paul II décrétait une “année de l’Eucharistie” d’octobre 2004 à octobre 2005, par la lettre apostolique “Mane nobiscum Domine“, année qui devait débuter avec le congrès eucharistique international de Guadalajara et se conclure par le Synode ordinaire des évêques, convoqué sur le thème de “L’Eucharistie comme source et sommet de la vie et de la mission de l’Église“. C’est Benoît XVI, tout nouvellement élu, qui aura la tâche de présider les travaux de cette assemblée synodale. La raison d’une telle insistance est ainsi résumée par Benoît XVI : “L’histoire de l’Église en est témoin. Toute grande réforme est liée, d’une certaine manière, à la redécouverte de la foi en la présence eucharistique du Seigneur au milieu de son Peuple” (n. 6). Ces actes magistériels ont en commun qu’ils se situent dans l’exact prolongement du Concile Vatican II, se félicitant des fruits de la réforme liturgique et déplorant en même temps des obscurcissements de la foi eucharistique et certains abus en matière de discipline liturgique. Mystère chrétien : l’Eucharistie est un Mystère à croire (I), un Mystère à célébrer (II), un Mystère à vivre (III). Un acte collégial L’action liturgique comme principe d’unité L’exhortation apostolique “Sacramentum caritatis” semble mettre un point d’orgue à cet enseignement récurrent du Magistère pontifical depuis l’An 2000 en reprenant avec un sens aigu de la synthèse, l’ensemble des aspects du Mystère de l’Eucharistie. Comme d’aucuns se sont plu à le relever, “Sacramentum caritatis” se présente d’abord comme un acte collégial. Le Pape Benoît XVI, s’y attache à reprendre l’ensemble des 50 propositions que les Pères lui ont remises au terme du Synode. Il s’approprie ces propositions avec une grande fidélité, en leur apportant toute l’autorité que lui confère son charisme pétrinien. En signant ce document le 22 février, en la fête de la Chaire de Saint Pierre, il donne autorité magistérielle aux travaux du Synode ; et en même temps, l’unanimité des Pères synodaux donne à tout l’enseignement de l’exhortation une crédibilité indéniable : le Pape n’écrit pas “motu proprio” et ne pose pas un acte isolé de gouvernement, en dehors du Collège qu’il préside. Une structure tripartite Comme on le notera à la lecture de l’exhortation1, le Pape Benoît XVI donne une structure tripartite à son exposé pour ramasser dans une synthèse exhaustive tout l’enseignement de l’Église sur le Mystère de l’Eucharistie. Si l’on excepte la quatrième partie sur la prière, c’est la structure même du Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC). Le Saint-Père veut manifestement faire œuvre de synthèse et souligner que l’Eucharistie est le cœur du La lecture attentive de l’exhortation montre que l’action liturgique est le principe d’unité de l’ensemble du document dans la mesure où elle est l’expression rituelle de la foi eucharistique de l’Eglise (l’Eucharistie, comme Mystère à croire : Mysterium fidei) et en même temps la source de la vie chrétienne, dans toutes ses implications (l’Eucharistie comme Mystère à vivre) : la foi et la vie se nouent dans la liturgie. Se vérifie ici l’adage “lex orandi, lex credendi”, auquel on pourrait ajouter : “lex vivendi”. On avait assisté dans l’Eglise post-conciliaire à une sorte d’opposition dialectique entre les tenants du culte liturgique, allant parfois jusqu’au rubricisme et risquant d’inciter les fidèles à se protéger du monde, et les promoteurs de l’ouverture au monde, jusqu’à réduire la vie chrétienne au seul engagement social à l’aune d’une interprétation séculière de la foi. Benoît XVI met un terme à cette polémique et sort de cette opposition par le haut. L’action liturgique doit réconcilier la foi et la vie. Parce qu’elle est la célébration du Mystère pascal du Christ, rendu réellement présent au milieu de son peuple, la liturgie donne une forme eucharistique à toute l’existence chrétienne pour en faire un « culte spirituel agréable à Dieu ». L’engagement du chrétien dans la mission de l’Église et dans la société puise en effet sa source dans la liturgie, jusqu’à être attiré dans le dynamisme de l’offrande d’amour du Christ qui y est actualisée. “Je désire surtout recommander dans le présent document, préci- MAISON DE CONFIANCE Bijouterie - Horlogerie Orfèvrerie - Réparations erie Orfèvr bébé C.MOLLET Grands ch de méd oix ailles religieu se, croix 50 bd Maréchal Joffre - 83100 TOULON - ST JEAN DU VAR C’est si facile de monter un escalier 04 94 36 27 27 Toutes les médailles de Saints sur commandes eft107:eft104.qxd 23/04/2007 15:08 Page 15 se Benoît XVI, que le peuple chrétien approfondisse la relation entre le Mystère eucharistique, l’action liturgique et le nouveau culte spirituel qui vient de l’Eucharistie, en tant que sacrement de l’amour” (n. 5). L’Eucharistie, Mystère à croire Dans la première partie, le Saint-Père relie l’Eucharistie aux grandes vérités du credo : la Sainte Trinité, Jésus comme Agneau véritable, l’Esprit Saint, l’Eglise et les sacrements, l’eschatologie et la Vierge Marie. On peut souligner ici quelques points concernant le lien de l’Eucharistie avec les autres sacrements. Le Saint-Père rappelle que l’Eucharistie est le sommet de l’Initiation chrétienne, ce qui n’est pas sans incidences pastorales par rapport à l’ordre des sacrements de l’Initiation, affirmant qu’il “ne faut jamais oublier que nous sommes baptisés et confirmés en vue de l’Eucharistie” (n. 17). Le lien intrinsèque entre l’Eucharistie et le sacrement de la réconciliation est bien mis en lumière : la perte du sens du péché qui marque notre culture favorise un comportement superficiel “qui porte à oublier la nécessité d’être dans la grâce de Dieu pour s’approcher dignement de la communion sacramentelle” (n. 20). Et d’exhorter les prêtres à se consacrer “avec générosité, application et compétence à l’administration du sacrement de la Réconciliation”, en étant attentifs “à ce que les confessionnaux, dans nos églises, soient bien visibles et expressifs du sens de ce sacrement” (n. 20). Par rapport au sacrement de l’Ordre, le Pape y confirme le caractère obligatoire du célibat sacerdotal pour l’Église latine, en tant que l’ordination conforme le prêtre “au style de vie du Christ lui-même”, conférant à ce choix une dimension sponsale : “il est identification au cœur du Christ Époux, qui donne sa vie pour son Épouse” ; le célibat sacerdotal doit être vécu “comme signe exprimant le don de soi total et exclusif au Christ, à l’Église et au Règne de Dieu” (n. 24). On ne saurait passer sous silence la relation de l’Eucharistie, sacrement sponsal par excellence, en tant qu’actualisation de l’amour total et exclusif du Christ pour son Église, avec le sacrement du mariage. Dans un grand souci pastoral d’accueil de toutes les situations difficiles, pour lesquelles il existe toujours un chemin de croissance dans la conversion et la sanctification, Benoît XVI n’en confirme pas moins “la pratique de l’Église, fondée dans la Sainte Écriture, de ne pas admettre aux sacrements les divorcés remariés, parce que leur état et leur condition de vie contredisent objectivement l’union d’amour entre le Christ et l’Église, qui est signifiée et mise en œuvre dans l’Eucharistie” (n. 29). L’Eucharistie, Mystère à célébrer Dans la deuxième partie, le Saint-Père y insiste très particulièrement sur l’“actuosa participatio“ qui est, à n’en pas douter, le principe opératoire de la réforme liturgique préconisée par le Concile Vatican II, dans la constitution Sacrosanctum Concilium. L’“ars celebrandi”, qui passe par l’obéissance du ministre aux normes liturgiques, manifestant ainsi son effacement devant le Christ qui doit avoir en tout la première place, est “la meilleure condition pour une actuosa participatio” (n. 38). Après avoir ressaisi les différentes parties de la célébration dans leur unité intrinsèque, Benoît XVI y développe le concept d’“actuosa participatio” qui pour être fructueuse doit d’abord être intériorisée, grâce au développement d’une catéchèse mystagogique : l’action liturgique est d’abord un acte théologal. Enfin le Saint-Père souligne la relation intrinsèque entre célébra- SÉJOURS LINGUISTIQUES dans une famille avec un vrai professeur et écoles de langues Jeunes ou adultes 20 langues - 30 pays 04 94 76 34 34 - FAX 04 94 76 34 36 tion et adoration “qui ne fut parfois pas assez clairement perçue“ au moment des premiers pas de la réforme liturgique. Et de recommander vivement la pratique de l’adoration eucharistique, en en rappelant les fondements dans la tradition de l’Église : “Que personne ne mange cette chair sans d’abord l’adorer ; nous pécherions si nous ne l’adorions pas”, disait déjà saint Augustin (cf. n. 66). L’Eucharistie, Mystère à vivre Dans la troisième partie, Benoît XVI montre comment la célébration liturgique de l’Eucharistie imprègne toute l’existence du Chrétien en lui conférant une “forme eucharistique”. Ce long développement, qui souligne l’importance du dimanche et la mise en œuvre d’une spiritualité eucharistique dans tous les états de vie, s’achève sur la nécessaire “cohérence eucharistique“ que l’on est en droit d’attendre de tous les baptisés, à fortiori de ceux qui sont engagés dans la vie sociale ou politique, appelés “à donner un témoignage public de leur foi” (n. 83), en particulier par rapport aux valeurs que le Pape appelle “non négociables”. Le lien entre Eucharistie et mission est aussi bien mis en lumière. Enfin, l’Eucharistie est un Mystère à offrir au monde, c’est-à-dire source par excellence de compassion, d’engagement pour la justice, de charité sans mesure pour les plus pauvres. Et d’appeler pour conclure à la publication d’un “compendium eucharistique”. 1 Retrouvez le document sur le site du Vatican (http://www.vatican.va/phome_fr.htm) ou chez votre libraire habituel. COURS FENELON Enseignement privé catholique sous-contrat Mixte,Externat, Demi-pension Bourses nationales Ecole du CP au CM2 COLLEGE LYCEE - Préparation au Bac L - ES -S et STMS Ramassage scolaire 251 rue Pourquoi pas 83000 TOULON 04 94 46 96 50 15
Documents pareils
Marie et l`Eucharistie (Benoît XVI) : offrande et beauté
de cette façon, elle est associée à l'œuvre du salut.
Benoît XVI, Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis § 33
L`Eucharistie, sacrement de l`Amour - Groupement Notre-Dame
gestes et aux paroles du Seigneur au cours de la Cène ! Quelle merveille doit susciter aussi dans notre
cœur le Mystère eucharistique ! (Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis,...
Con cert en l`hon neur de l`Imma culée
Saint-Père dit que l’Eucharistie est au centre de la vie
de l’Église. Qui touche à l’Eucharistie touche le coeur de
l’Église. C’est pourquoi l’année eucharistique est une
grande joie pour l’Église ...
LE SACREMENT DE L`AMOUR
Jésus les aima jusqu'au bout. Par cette expression, l'Évangéliste introduit
le geste d'humilité infinie accompli par Jésus : avant de mourir pour nous
sur la croix, se nouant un linge à la ceinture...