L`analyse en ligne, à prendre comme un service rendu à l

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L`analyse en ligne, à prendre comme un service rendu à l
Dossier environnement
CONTRÔLE DE LA QUALITÉ DE L’EAU
L’analyse en ligne, à prendre comme
un service rendu à l’exploitant
▼
L’analyse en ligne a du mal à se faire accepter pour le contrôle de la qualité de l’eau. La réglementation qui n’impose aucune mesure en continu, les contraintes économiques et les mentalités ne favorisent pas son développement. Pourtant, les
fournisseurs et quelques adeptes restent convaincus de son utilité. Non seulement pour le contrôle de la qualité de l’eau
mais aussi, et surtout, pour le contrôle des procédés des stations de traitement. Lorsqu’il s’agit d’arguments de productivité, d’optimisation, d’amélioration des rendements, les exploitants deviennent alors plus intéressés.
Q
ui, il y a 25 ans, aurait osé imaginer
qu’on puisse mettre un jour un analyseur chimique en ligne pour contrôler la qualité d’un effluent ? »,
s’interroge Jean-Luc Cécile,
directeur d’Aquametris. Et
aujourd’hui, il existe presque autant d’analyseurs, électrodes, sondes in situ qu’il existe de paramètres à mesurer. Des paramètres
physico-chimiques des plus classiques (pH,
conductivité, oxygène, potentiel redox) aux
paramètres globaux (carbone organique
total, matière en suspension, matière organique dissoute…) en passant par les composés chimiques (ammonium, nitrates,
phosphates, fluorure, cyanure), sans
oublier les biocapteurs qui utilisent des
organismes vivants (algues, bactéries, poissons) pour détecter l’impact d’une pollution sur le milieu naturel.
Tout un arsenal de mesures en ligne a été
développé ces dernières années par les fournisseurs, qui peaufinent au fil du temps la
fiabilité, la compacité et la maintenance de
leurs équipements. « Le temps des usines à gaz
est révolu », souligne M. Cécile.
Rien d’obligatoire
Mais voilà, aucune analyse en ligne n’est
obligatoire. Plus encore, les instances de
contrôle ne reconnaissent pas les corrélations qui peuvent être établies entre les analyses en ligne et les analyses de laboratoire.
A une exception près, cependant. « Il y a
quelques années, une porte s’était entrouverte pour ce
qu’on appelle les méthodes alternatives, explique
M. Cécile. Ainsi, la méthode de mesure du COT
(carbone organique total) en ligne avait été acceptée
comme alternative à la mesure de la DCO (demande
chimique en oxygène) en laboratoire. Une norme a
même vu le jour, la D90 551 ». Depuis, rien de
plus. Les fournisseurs en font eux aussi le
constat, qui attendent depuis des années le
grand boom sur le marché des analyseurs
en ligne. « Le grand souci, c’est de prouver que l’analyse en ligne est capable de remplacer les analyses en
laboratoire », confirme Philippe Boust, chef
des ventes chez Hach Lange.
De toute façon, il ne s’agit pas, à terme, de
substituer les analyses en laboratoire par les
analyses en ligne. Il s’agit simplement de
trouver un juste milieu. Des mesures en
laboratoire comme celles de la DBO, DCO,
MES sont importantes et il faut les conserver à part entière. Pour M. Cécile, il ne faut
pas non plus à tout prix chercher une corrélation entre deux mesures : « Ainsi, la turbidité d’un milieu est une donnée à elle seule et il ne
faut pas vouloir à tout prix la corréler à une valeur de
MES par pesée ». Même chose pour les
méthodes optiques mises en œuvre dans
les analyseurs UV-visible (proposées notamment par Secomam, EFS, Bran & Luebbe, Seres…)
qui fournissent une analyse spectrale d’un
milieu, un peu comme une empreinte digitale. « Il serait aberrant de vouloir les corréler à tel ou
tel type de paramètre “officiel”, » souligne
M. Cécile.
Des freins
Endress+Hauser
Station d’épuration de la ville de Mulhouse. Seules les stations des villes de plus de 2000 habitants sont soumises à l’auto-surveillance. Les autres n’ont souvent aucun
point de mesure. Même pas pour l’optimisation des procédés.
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L’absence d’obligation réglementaire est
souvent considérée comme étant un frein
pour le développement de l’analyse en
ligne. « Tant qu’il n’y aura pas de réglementation
imposant des analyseurs en continu, le marché restera difficile », estime Jérôme Dévé, directeur marketing à Environnement SA. Du coup, le groupe Environnement SA a fait le choix de limiter
les développements dans sa division Eau,
privilégiant plutôt les investissements dans
le domaine de l’air.
Le contexte économique actuel ne favorise
pas non plus les investissements sur un
marché tenu, voire bridé, en majeure parMESURES 759 - NOVEMBRE 2003
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tie, par les trois grands traiteurs d’eau : Veolia (anciennement Vivendi avec OTV et la Générale des Eaux), Ondeo (avec Degrémont et la Lyonnaise des Eaux) et la Saur (avec Stereau)
représentent à eux seuls près de 80 % du
marché de l’eau en France. « Quand un grand
groupe a fait un choix technique, il est difficile de l’en
faire changer », ajoute M. Boust (Hach Lange).
On l’aura compris, les fournisseurs d’analyseurs en ligne apprécieraient que les
grands traiteurs manifestent plus d’audace.
Enfin, il y a aussi une question de culture.
« En Allemagne, industriels et collectivités se donnent
davantage de moyens d’analyse. En France, la plupart des
petites stations n’ont aucun point de mesure », poursuit M. Boust.
Des process plus sûrs
et plus performants
Président de la commission Afnor T90L
“mesures en continu pour l’eau”, M. Cécile (Aquametris) œuvre pour changer les
mentalités : « Il s’agit d’un travail de fond qui
demande l’adhésion des pouvoirs publics et des utilisateurs. Si l’entreprise a une démarche environnementale purement comptable, elle minimisera les investissements et la mesure sera sacrifiée. Au contraire, dans
une démarche proactive, le suivi de la qualité des rejets
permet de mettre en évidence des variations de la qualité de la production et l’analyse en ligne permet de
remonter jusqu’au dysfonctionnement de la produc-
tion. Il faut donc voir l’analyse en ligne comme un
service rendu ».
Eric Sifferlen, chef de marché Eau et Environnement chez Endress + Hauser, estime que
quelques incitations financières peuvent
aider les industriels à y voir plus clair : « Il faut
savoir que les stations d’épuration peuvent recevoir des
primes de la part des agences de l’eau si elles améliorent leur
rendement ». Ainsi, à la station d’épuration
urbaine de Brest, des mesures de matières
organiques dissoutes en entrée et en sortie
permettent de suivre le rendement de la station, d’une manière plus qualitative que le
simple rendement débitmétrique.
Enfin, ou peut-être surtout, une mesure en
ligne peut intervenir pour obtenir une
meilleure régulation du process. Les fournisseurs d’instrumentation l’ont compris :
se focaliser sur la qualité de l’eau n’est pas
forcément le meilleur argument pour inciter les industriels à investir. Ils misent alors
sur des aspects économiques : optimiser les
cycles de traitement, réduire la consommation d’énergie, améliorer le process…
Voilà des termes peut-être plus éloquents
pour l’industriel. « Il faut distinguer l’instrumentation qui entre dans le cadre de l’autosurveillance dicté
par la loi sur l’eau de 1989 et celle qui est utilisée pour
la conduite de procédé, indique M. Sifferlen (Endress
+ Hauser). Aujourd’hui, la plupart des stations françaises sont équipées du minimum réglementaire. Par
contre, dans des phases de revamping (rénovation, ndlr)
Régulation de l’aération
du bassin biologique
mesure
d’oxygène
analyseur
d’ammonium
Microfiltration
Aérateur
Le traitement de l’azote comporte différentes phases aérobiques et anaérobiques. La première, la nitrification, consiste à transformer l’ammonium (NH4) en nitrates (NO3).
Une mesure en continu après l’aération permet de contrôler l’ammonium résiduel et
donc de réguler l’aération. La mesure en continu de l’ammonium permet donc d’optimiser ce processus d’aération et de réduire les coûts énergétiques (liés à la consommation d’oxygène).
et d’extension de station, on peut espérer convaincre les
ingénieries d’instrumenter le process ». Pour Laurent Leroy, responsable travaux et exploitation chez GTM Environnement (constructeur et
exploitant de stations de traitement d’eau
du groupe Vinci), l’analyse en ligne n’est pas
perdue : « Bien sûr, nous sommes liés aux contraintes
économiques, aux subventions, aux prix, aux agences de
Les principaux paramètres de contrôle de la qualité de l’eau
Demande biochimique en oxygène au bout de cinq jours (DBO5).
L’absorption d’oxygène due au déversement d’eaux usées dans un
cours d’eau est fonction de la concentration de matière biodégradable qu’elle contient. D’où la notion de demande biochimique
d’oxygène de cette eau (DBO). On l’exprime en milligramme d’oxygène par litre d’eau, mais elle est une façon d’exprimer la concentration
en matière biodégradable. La mesure de la DBO5 se fait en laboratoire et consiste à calculer la différence entre la quantité d’oxygène dissous initialement présente dans l’échantillon et celle existant après
incubation de cinq jours à 20 °C. Cette valeur ne représente qu’une
fraction de la DBO ultime, environ 70 %, car la minéralisation complète des matières organiques peut demander jusqu’à 20 jours ou plus.
Cette mesure se fait par respirométrie sur bio-réacteur (mesure d’oxygène), avec ensemencement et incubation sur cinq jours.
Demande Chimique organique (DCO). La DCO, contrairement à la
DBO, ne s’intéresse qu’aux phénomènes chimiques. Elle est définie par
la norme NF T-90-101 comme étant la quantité d’oxygène équivalente
à la quantité de dichromate consommée par les matières lorsqu’on
traite un échantillon d’eau avec cet oxydant dans des conditions bien
déterminées. La mesure de la DCO se fait en deux grandes étapes. La
première est l’oxydation de l’échantillon (oxydation au dichromate,
par ozonation…) qui selon la norme doit prendre 2 heures mais qui
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sur certains appareils est réduite à une vingtaine de minutes (notamment par un four à micro-ondes pour les analyseurs en ligne). La
seconde étape est la mesure du dichromate restant par titration (selon
la norme) ou par colorimétrie, ou encore par mesure différentielle
d’oxygène.
Carbone organique total (COT). Comme son nom l’indique, une
mesure de COT permet de connaître la concentration de carbone
organique d’un échantillon : un paramètre classique pour évaluer la
qualité d’une eau. Il existe des analyseurs de laboratoire et des analyseurs en ligne. La mesure peut ne prendre que quelques minutes ; elle
consiste en une première étape d’oxydation de l’échantillon (chimique + UV ou thermique) et une seconde étape de détection (la plupart du temps par spectroscopie infrarouge).
Matières en suspension (MES). Il s’agit du résidu non filtrable et partiellement éliminé lors des traitements primaires des usines d’épuration. Les MES se subdivisent en deux catégories : les matières fixes et
les matières volatiles. Ces dernières se volatilisent lorsqu’elles sont
chauffées à haute température (550 °C). Cette partie constitue la fraction organique et les sels inorganiques volatils. La détermination des
MES passe par la filtration d’un échantillon d’eau usée. Le filtre est
ensuite séché à plus de 100 °C durant une heure. Le résidu accumulé
sur le filtre est alors pesé.
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Régulation de la floculation par
analyse du phosphore
précipitant
analyseur de phosphate
Microfiltration
Le phosphore total entrant dans une station d’épuration se présente
sous différentes formes chimiques. Après traitement par floculation, il se retrouve sous forme de phosphates. Ainsi, en mesurant
ces derniers en sortie du bassin, on détermine le résidu
de phosphore total. La mesure en continu des phosphates permet
donc de réguler le dosage du précipitant et de limiter
le volume de boues produites.
l’eau, aux réglementations… mais ce ne sont pas les
idées qui manquent ». Et de citer en exemple
une application originale du pilotage des
cultures fixées. Pour éviter la surcharge en
biomasse, un système de pesage régule la
vitesse d’arrosage des lits par la solution de
bactéries. Le tout est de trouver le moyen
qui réponde au besoin.
Pour M. Boust (Hach Lange), l’analyse en
ligne vient également en alarme, pour
signaler rapidement une pollution. Ainsi,
La mesure de turbidité : un marché porteur
jusqu’au robinet
La mesure de turbidité se généralise
pour la mesure des matières en suspension (MES) en sortie de station,
mais aussi en process pour le séchage
des boues ou le contrôle de la biomasse en culture libre.
On la retrouve de manière obligatoire
dans l’eau potable avec des seuils de
plus en plus sévères jusqu’au robinet
du consommateur. La nouvelle directive eau potable a encore réduit ces
seuils jusqu’à un seuil maximal de
0,5 NTU en sortie (contre 2 NTU auparavant). Ceci imposera aux petites stations de surveiller leur turbidité. « Un
nouveau marché qui se chiffre par milliers d’appareils », estime M. Boost
(Hach Lange). Et pour les plus grosses :
une mesure en sortie ne suffira peut
être plus. M. Suffiren (Endress + Hauser)
à la station d’épuration du Rousset
(Bouches-du-Rhône), qui traite près de
6 000 m3 par jour d’effluents en provenance d’industries du secteur de la microélectronique (ST Microelectronics, Atmel), très
consommatrices d’acide fluorhydrique, une
mesure de fluorures indique, non seulement une pollution, mais aussi un défaut
de la production dans une des usines. « Un
analyseur de fluorure à l’entrée de station et un autre à
la sortie permettent aussi de surveiller le fonctionne-
se frotte également les mains : « Pour
affiner leur contrôle, les exploitants
devront sans doute installer des turbidimètres en sortie de chaque filtre ».
Reste que cette valeur de 0,5 NTU commence à devenir critique pour un appareil classique. Phénomène optique, la
turbidité se mesure toujours par une
méthode optique. Un faisceau lumineux est envoyé en direction du liquide. Les particules présentes (solides,
liquides ou gazeuses) diffusent la
lumière. Un détecteur, placé à un “certain” angle reçoit un signal optique.
Son intensité représente la valeur de la
turbidité. Dans le domaine de la qualité
de l’eau, pour répondre à la norme
Iso 7027, les turbidimètres doivent
mesurer la lumière diffusée à 90° par
rapport à l’axe du faisceau incident.
ment de la station, souligne Jacques Peytavin,
responsable laboratoire du site. Et en sortie,
selon les normes, on ne doit pas dépasser le seuil de
1,7 mg/l ».
Le pH reste un classique
On trouve ainsi bon nombre de paramètres
dont le suivi en continu offre une vision
temps réel du fonctionnement d’un processus de traitement d’eau et en permet son
pilotage. Dans les stations de traitements
L’autosurveillance, le strict minimum
Dans le cadre de l’autosurveillance, la directive de 1989
sur l’eau impose à toute entreprise industrielle de surveiller
ses rejets. Celle-ci comporte un
aspect quantitatif et un aspect
qualitatif.
Pour assurer la surveillance
quantitative, il faut aux minima
un débitmètre en entrée pour
connaître la quantité d’effluents
qui entre, un débitmètre en sortie pour la quantité qui sort. On
retrouve aussi une mesure de
pH, une mesure de température
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et, au mieux, une mesure de turbidité pour le contrôle des
matières en suspension.
Pour l’aspect qualitatif, la réglementation impose des mesures
en laboratoire à partir des
échantillons. Ce qui a fait la part
belle ces dernières années au
marché des préleveurs automatiques. Selon les Drire ou les
agences de l’eau, l’échantillon
peut être soumis à diverses analyses dont la fréquence dépendra du débit, de la nature de
l’effluent et du lieu dans lequel il
va être rejeté (rivière, océan…).
Il s’agit classiquement de la
fameuse DBO5, “5” parce qu’elle
ne prend pas moins de cinq
jours pour déterminer la demande biologique en oxygène. Il
s’agit aussi de la DCO (demande
chimique en oxygène) et MES
(matière en suspension, déterminée par la pesée de l’échantillon).
Pour une station communale,
les composés les plus fréquemment analysés sont les produits
azotés ou phosphorés. Ces com-
posés largement utilisés dans la
fertilisation des sols se retrouvent ensuite dans les eaux,
poursuivant leur fonction nutritive sur les algues qui prolifèrent jusqu’à l’eutrophisation
complète du milieu. Pour les
industriels, selon le type de production, les agences de l’eau
peuvent imposer le contrôle de
métaux lourds, des hydrocarbures, ou d’autres composés
chimiques spécifiques. Mais toujours par des mesures ponctuelles en laboratoire.
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physico-chimiques pour les effluents (
ces traitements qui, par précipitation ou
floculation, génèrent des boues), la mesure de pH reste la mesure de choix au
niveau des traitements acido-basiques utilisés notamment pour l’élimination de
métaux lourds (par exemple la précipitation du cyanure à pH basique) ou d’autres
composés. A la station d’épuration du
Rousset (Bouches-du-Rhône), la précipitation du fluor par de la chaux est régulée à l’aide de trois mesures de pH. On
retrouve la mesure de pH dans la digestion des boues. Les matières organiques
sont transformées en méthane après une
étape en milieu acide. Là encore, la mesure peut entrer dans la régulation de cette
première phase.
La turbidité se systématise
Dans le traitement des boues, un autre
type de mesure se généralise : il s’agit de
la turbidité par mesure optique en infrarouge. Celle-ci est généralement corrélée
à la quantité de matière en suspension
(qui est classiquement mesurée en laboratoire par pesée). Une mesure de turbidité permet ainsi de suivre et de réguler le
séchage des boues (plus une boue est
sèche, plus elle sera légère; quand on parle d’un prix d’incinération de 200 euros
la tonne, on comprend l’intérêt). On la
retrouve aussi dans la régulation de la biomasse en suspension dans les cultures
libres, là encore pour minimiser la production de boues. La turbidité peut encore être utilisée pour établir des rendements
d’exploitation plus qualitatifs qu’une
simple mesure de débit.
Une autre mesure en ligne qui suscite intérêts et discussion est celle de l’oxygène dissous dans les bassins d’aération. Ces bassins comportent habituellement un
processus de nitrification (traitement aérobique qui transforme l’ammonium en
nitrate) associé à un processus de dénitrification (traitement anaérobique qui transforme les nitrates en azote). Un taux trop
bas d’oxygène rend le traitement aérobique
insuffisant. Un excès d’oxygène entraîne
une surconsommation d’énergie. « 80 % de
l’énergie utilisée dans une station d’épuration vient de la
production d’oxygène dans les bassins d’aération, souligne M. Boust (Hach Lange). Or beaucoup de
petites stations n’ont aucune mesure ». Elles fonctionnent sur des cycles de temps : on ajoute de l’oxygène pendant une heure dans le
bassin par exemple puis on l’enlève, sans
tenir compte des aléas du procédé. Autant
dire qu’une simple mesure d’oxygène améliorerait les choses…
Pour optimiser les cycles, il faut suivre la
dynamique des traitements de nitrification et dénitrification. Ici, deux écoles
s’affrontent.
Redox contre ammonium
et nitrates
En France, on est plutôt “redox”. Question
de culture, peut-être à partir du fait que
l’un des trois grands traiteurs d’eau français a démontré il y a quelques années
qu’une mesure de redox suffisait pour la
régulation de l’aération d’un bassin. En
Allemagne, par contre, on mise davantage
Création du CTME : un centre technique dédié à la mesure dans l’eau
La station d’épuration d’Alès sera le centre d’expérimentation du centre technique de la mesure de l’eau.
« C’est avant tout une plate-forme
d’échanges pour trouver la
meilleure adéquation entre un
besoin et un moyen, souligne
Jean-Luc Cécile, directeur de la
société Aquametris et un des
principaux promoteurs du Centre
Technique dédié à la Mesure dans
l’Eau (CTME). Echanges entre
fournisseurs, utilisateurs, prescripteurs, chercheurs, forma-
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teurs… pour répondre à toutes
les questions qui se posent
autour de la surveillance de la
qualité des eaux. « Quoi, quand,
pourquoi, où et comment
mesurer ? », résume M. Cécile.
« Du point de vue quantitatif, particulièrement pour les mesures de
débit, la France a dû rattraper son
retard ces dernières années,
explique Patrick Hell, directeur
marketing chez Endress + Hauser
et président de l’association
CTME dont le siège est Alès. Par
ailleurs, il existe de nombreux
laboratoires ou institutions
capables d’apporter leurs compétences sur la métrologie de ces
appareils. En revanche, pour l’analyse de paramètres chimiques ou
physico-chimiques, il n’y a pas de
supports techniques de ce type.
D’où l’idée du CTME ».
Le CTME a vu le jour en juillet dernier sur le pôle Eco-industries
d’Alès, à l’initiative de trois organismes : Fabrilabo représentant le
Groupement des professionnels de
la Mesure (GPM), l’IRA (Institut de
Régulation de d’Automatisme) et
l’EMA (Ecole des Mines d’Ales).
Le Centre s’est fixé comme missions principales :
- L’évaluation, la qualification et
la certification d’équipements et
de méthodes de mesure
- La formation à la mise en œuvre
des équipements
- La diffusion des connaissances
et la promotion de la mesure
dans l’eau
Un premier projet d’étude porte
sur l’évaluation des appareils de
mesure de turbidité en continu
pour les eaux usées et les eaux
potables. « Cette étude vient en
écho à la norme à venir Iso 15839*
sur les procédures d’évaluation
d’équipements et dont la première
déclinaison porte justement sur les
mesures de turbidité », souligne
M. Cécile.
Comme moyens techniques,
l’association s’appuiera sur
l’Ecole des Mines d’Alès (notamment avec son laboratoire de
tests métrologiques et de bancs
d’essais) et elle pourra profiter,
comme site d’expérimentation,
de la nouvelle station d’épuration de la communauté d’agglomération du Grand Alès. En grandeur nature.
*Intitulé de la norme Iso 15839 – Qualité de l’eau matériel d’analyse/capteurs directs pour l’eau
Lange- spécifications et essais de performance.
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Un petit labo au bord de l’eau
Endress+Hauser
La nouvelle directive cadre européenne adoptée le 23 octobre 2000 met l’accent sur la protection des ressources (nappes phréatiques,
rivières…). On peut en effet imaginer dans
une usine chimique qu’un déversement de
produits toxiques dans les effluents tue
toutes les bactéries de la station. Les effluents
non traités pollueraient ainsi le milieu naturel.
Ceci oblige les collectivités locales ou les
industriels à installer des stations d’alerte :
petit cabanon à l’intérieur avec, dedans, plein
de mesure en ligne. On retrouve ainsi des capteurs physico-chimiques standards (pH, redox,
conductivité, oxygène, turbidité), des capteurs
pour la pollution liée au carbone (matière
organique, hydrocarbure polycyclique aromatique), des analyseurs spécifiques (ammonium,
nitrates, phosphates…), et aussi des biocapteurs qui indiquent très rapidement l’impact
d’une pollution sur le milieu naturel. Les
grandes agglomérations vont commencer à
s’équiper. Celle de Metz a mis ainsi en place un
projet de surveillance de ses ressources. Sept
stations d’alerte sont prévues qui surveilleront
le milieu naturel et permettront notamment
une meilleure gestion du réseau, notamment
par temps de pluie. Huit autres stations d’alerte installées “en ville” suivront la pollution de
l’eau d’un quartier d’habitation ou d’une zone
industrielle. De quoi remonter le moral des
acteurs de l’analyse en ligne.
sur la mesure d’ammonium. Toutes les
stations biochimiques de plus de
10 000 habitants équivalents ont un bassin d’aération équipé au moins d’une
mesure d’ammonium pour la régulation.
« Il s’agit d’une mesure plus directe et plus fine que
le potentiel redox pour suivre le traitement des produits azotés », indique M. Leroy (GTM Environnement). La mesure du potentiel redox peut prendre
en compte la variation en concentration de différents
composés autres que ceux qui contiennent de l’azote ».
La mesure d’ammonium par colorimétrie commence à faire son entrée dans
les bassins d’aération français seulement
depuis trois ou quatre ans et plus particulièrement grâce au développement
d’une nouvelle filière : la biofiltration (la
biomasse est fixée sur un support à grande surface spécifique, ce qui permet de
réduire la surface des bassins d’aération).
En Savoie, les deux stations d’épuration
du Grand Bornand et de La Cluzat, toutes
deux de 30 000 équivalents habitants,
sont dotées de 6 ou 8 biofiltres. La mesure d’ammonium sert non seulement à
réguler la quantité d’oxygène du système d’aération mais également à piloter
le nombre de filtres en service. Ces stations vivent au rythme des fluctuations
touristiques. « A la Cluzat, en septembre, il n’y
a que 3 000 habitants et un seul filtre en fonctionnement, explique M. Leroy. En décembre avec
l’afflux de skieurs, la population peut, pratiquement
du jour au lendemain, passer à 25 000 habitants.
A la station d’épuration, le nombre de biofiltres activés s’élève alors à 7 ou 8. Et en trois ans, nous
n’avons jamais dépassé le seuil autorisé en sortie ».
Le phosphore aussi…
Après l’azote, le phosphore. Une norme
sur ses rejets se met en place. Des analyseurs en ligne d’orthophosphate, toujours
par colorimétrie, existent pour surveiller
la qualité de l’eau ou pour réguler le traitement du phosphore. Ce dernier met en
jeu un floculant qui complexe les composés phosphorés et les pièges dans des boues.
Une mesure continue du phosphore permet une régulation du dosage du floculant,
là encore pour trouver le bon compromis :
assez pour piéger tout le phosphore, pas
trop pour éviter un excès de boues. « Une
mesure d’orthophosphate en continu permet de suivre
le procédé, même si pour une mesure de phosphore total,
seule une analyse en laboratoire est aujourd’hui envisageable », précise M. Cécile (Aquametris) soulignant ainsi la complémentarité entre les
deux méthodes.
MPVP
Fournisseurs en analyseurs pour la qualité de l’eau*
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ABB
Tél. : 04 72 22 17 87
Endress + Hauser
Tél. : 03 89 69 67 68
Instrumsoft
Tél. : 06 72 72 04 12
Swan Instruments
d’analyse
Tél. : 04 74 99 00 10
Aqualyse
Tél. : 01 30 91 23 60
Environnement SA
Tél. : 01 39 22 38 00
Martec Ponselle
Tél. : 01 46 23 79 09
Aqua MS
Tél. : 03 83 49 54 72
Foss
Tél. : 01 46 49 19 19
Bioritech
Tél. : 01 60 82 60 44
Mettler Toledo Analyse
Industrielle
Tél. : 01 30 97 17 17
VWR
Tél. : 01 45 14 85 00
Fisher Bioblock scientific
Tél. : 03 88 67 14 14
Bran & Luebbe
Tél. : 01 30 68 41 41
Neosens
Tél. : 05 61 75 62 46
WTW
Tél. : 04 78 43 22 96
GE Panametrics
Tél. : 04 47 82 42 81
Datalink Instruments
Tél. : 04 76 90 52 00
Néréides
Tél. : 01 69 07 20 48
Yokogawa
Tél. : 01 39 26 10 00
Hach Lange
Tél. : 01 48 15 80 80
Secomam
Tél. : 01 39 35 42 00
*Liste non exhaustive
EFS
Tél. : 04 72 49 27 72
Hanna instruments
Tél. : 03 88 76 91 88
Equipements Scientifiques
Tél. : 01 47 95 99 90
Honeywell
Tél. : 01 60 19 80 00
Emerson Process
Management
Tél. : 01 49 79 73 00
Horiba
Tél. : 04 50 42 27 63
Testo
Tél. : 03 87 29 29 00
Seres
Tél. : 04 42 97 37 37
Siemens Process
Instruments
Tél. : 04 42 65 69 00
MESURES 759 - NOVEMBRE 2003