Aladin régale Vevey de ses mets magiques

Transcription

Aladin régale Vevey de ses mets magiques
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24 heures | Vendredi 16 mai 2014
Gastronomie
Avec
Cuisine
Rigoloetécolo,chassons
legaspiauxfourneaux!
Recycler les déchets,
traquer le gâchis
alimentaire, c’est
la nouvelle croisade
de la Fédération romande
des consommateurs (FRC).
Constat et idées
Le Championnat romand de cuisiniers amateurs met aux prises 14 candidats par étape. La grande finale sera organisée à Vevey.
Ilss’affichentaumenu
duMasterChefromand
Un concours surfe
sur la vague des
émissions culinaires
françaises. Retour
sur l’étape de Vevey,
samedi dernier
Karim Di Matteo Texte
Florian Cella Photos
Dans le hall du centre Saint-Antoine
de Vevey, deux cuisines identiques.
Mêmes plans de travail, mêmes
équipements, mêmes ustensiles,
mêmes ingrédients: truite, riz camarguais, couscous fin, cœurs d’artichauts, brocoli, panais, tomates
olivettes et tranches de lard. Dernier point commun: le désir d’en
découdre des candidats.
Hormis ces éléments, on ne
pouvait rêver meilleure opposition
de styles pour lancer cette première étape vaudoise du Championnat romand des cuisiniers
amateurs, qui a vu s’affronter qua-
torze candidats samedi dernier. Kevin Bovey est passionné de cuisine
et membre d’une confrérie culinaire. Méthodique, imperturbable.
Une panne électrique? On passe à
autre chose. Pas de Bamix pour
l’huile de persil? On essaie avec le
presse-purée. Toujours pas? «Alors
j’ai mis du basilic. J’aime improviser. Je ne me suis pas entraîné, mais
j’avais un plan précis», explique le
Veveysan qui aurait rêvé de participer à Top Chef ou MasterChef. Caroline Clairardin n’a, pour sa part,
jamais regardé ces émissions. Impulsive, drôle, la bouillonnante
Montreusienne vit son épreuve intensément, en couvant son feu intérieur: «Je peux partir en live en
deux secondes.»
«Se mettre en danger»
Pour sa part, le Fribourgeois
Alexandre Lauber, organisateur,
ne cuisine pas du tout. Il est pourtant l’agent en Suisse de Norbert
Tarayre, le génial trublion potache
de Top Chef. «En France, ces
concours sont nombreux. En
«J’ai fait de jolies
découvertes
lors des étapes
précédentes»
Diane Freymond, membre
du jury et première participante
suisse à MasterChef
Suisse romande, c’est nouveau. Les
gens cuisinent chez eux, sans jamais être jugés. Ils éprouvent le besoin de se mettre en danger.»
Plusieurs critères sont pris en
compte, entre autres le visuel, l’impression gustative, la technique ou
la créativité. Deux juges veillent au
grain durant l’épreuve. Diane Freymond, première candidate suisse à
MasterChef sur TF1, est présente sur
toutes les étapes. «J’ai déjà goûté
vingt-huit plats lors des deux étapes
valaisannes. J’y ai fait de jolies découvertes.» A ses côtés, le magicien
professionnel Alain Marra. Pour lui,
«la cuisine, c’est trois fois par an,
pour des groupes d’amis. J’aurais
tendance à me concentrer sur l’esthétique, et à laisser les questions
purement techniques à Diane.»
A chaque étape, sept des quatorze candidats poursuivent l’aventure jusqu’en demi-finale. La
grande finale aura lieu à Vevey cet
automne. Le vainqueur aura droit à
un cours de cuisine avec Benoît
Violier et un repas gastronomique
dans son Hôtel-de-Ville de Crissier,
alors que les sept finalistes suivront
un cours organisé par Norbert Tarayre. S’il n’y a plus de places pour
les étapes restantes, Alexandre
Lauber espère bien rééditer l’aventure l’an prochain.
Infos: www.concours-cuisine.ch
Prochaine étape: demain
à Chavannes (centre Manor).
En guise d’amuse-bouche, avalons
quelques chiffres. Chaque année
en Suisse, comme ailleurs en Europe, un tiers des aliments a priori
consommables finissent à la poubelle. Voyez la gabegie: légumes
blets, yaourts à peine périmés,
jambon oublié, pain rassis, poulet
à moitié rongé, paquet de pâtes
entamé… Le tout pèserait une centaine de kilos par an et par habitant. A cela, il faut ajouter les os,
les carapaces, les épluchures et les
déchets organiques qui pourraient
connaître un autre destin que l’incinérateur ou le compost.
Et ça agace très fort la Fédération romande des consommateurs
(FRC). Laquelle se démène pour
convaincre un monde incrédule
d’arrêter le gâchis. «On achète des
blancs de poulet, sans consommer
le reste de la bête; on achète du
pain industriel qui devient immangeable en quelques heures: c’est
ridicule, s’enflamme Barbara
Pfenniger, de la FRC. Il faut que les
gens en prennent conscience.»
Pour cela, l’association fait feu
de tout bois. Elle vient ainsi de
publier les résultats d’un concours
récompensant les meilleures idées
de lutte contre le gâchis alimentaire. Parmi les projets élus, un
doggy-bag personnalisé permettant de récupérer les mets non
avalés au bistrot, des poules communautaires liées à un immeuble
pour boulotter les déchets des locataires, ainsi que diverses initiatives scolaires visant à sensibiliser
les bambins. «Une classe a par
exemple mis au point un système
pour cuisiner les restes d’un camp
de vacances, raconte Barbara
Pfenniger. Les enfants ont fait
plein de pâtisseries avec les excédents de Nutella, de confitures et
de miel. C’est simple, marrant et
formateur.»
Parallèlement, la FRC s’apprête
à publier un livre de plats issus des
«bas» morceaux de viande. Et empile sur son site de chouettes recettes recyclantes (osons le néologisme) qui, entre autres, devraient
nous convaincre de ne plus jamais
balancer une baguette de la veille.
Il y a en effet là une quinzaine
d’idées formidables pour transformer le pain rassis en plus sexy des
ingrédients de cuisine. De la panzanella toscane aux malfatti tessinois, la résurrection de la miche
est magnifique.
D’ailleurs, c’est là l’une des bases du métier de maître queux.
«On ne jette rien! assure Dominique Gauthier, chef étoilé du Chat
Botté, à Genève. C’est ainsi que
l’on nous a appris le métier. Les
restes de légumes deviennent des
bouillons, les parures et os de
viande des jus, les queues de poisson des tartares, les arêtes des fumets… Quand j’achète un produit,
je réfléchis à son utilisation de A à
Z. Même les épluchures et les fanes peuvent être frites ou séchées
à l’étuve pour servir de déco.»
Les particuliers, eux, semblent
donc avoir oublié les principes de
l’économie domestique chers à
nos aïeules. «Tout se passe comme
si les gens avaient oublié la valeur
des aliments», note Barbara Pfenniger. Professeur de cuisine et historien de l’alimentation, Philippe
Ligron confirme: «Avant-guerre
encore, il y avait comme quelque
chose de sacré dans la nourriture.
On produisait ce que l’on mangeait. La nourriture a perdu sa respectabilité avec l’agriculture intensive et l’agroalimentaire, qui
ont tout de même permis de nourrir les gens après la guerre.»
Difficile en effet de révérer un
paquet de dix yaourts en action à
la supérette. «D’ailleurs, il existe
encore un rapport plus déférent
dans les campagnes, où l’on sait
comment pousse un poireau et
combien coûte une poule.» Pour
moins gaspiller, il faudrait donc
redonner du sens à sa mangeaille.
Jérôme Estèbe
Recettes et résultats sur www.frc.ch
Une affiche de sensibilisation
réalisée par une classe primaire
d’Undervelier (JU). DR
Le coup de fourchette
AladinrégaleVeveydesesmetsmagiques
L’adresse
GÉRALD BOSSHARD
Voici déjà douze ans qu’Ahmed Bahadli, Irakien de naissance, et son
épouse marocaine, Ilham, ont
ouvert le Restaurant Aladin dans la
très charmante et piétonne rue du
Lac, à Vevey. Pas d’équivoque en
pénétrant dans les lieux – une cinquantaine de places, sans compter
la petite terrasse –, Aladin est bel et
bien un restaurant oriental. Le mobilier, de qualité, vient d’Egypte,
de Syrie, d’Irak ou du Maroc: on y
voit beaucoup le soleil et ses
rayons. L’atmosphère invite au
voyage, à la rêverie, à une certaine
quiétude. Ahmed et Ilham dressent
tous les jours, mais uniquement à
midi, un buffet «fréquenté surtout
par les gens du coin». Pour 24 fr.,
on peut découvrir sept entrées et
sept plats.
VC5
Contrôle qualité
Menus et cartes sont élaborés.
Les plats sont d’obédience marocaine et libanaise, mais encore – et
c’est moins commun en Suisse romande – irakienne. Le patron, qui a
été «international en tennis de table et champion d’Irak de badminton», propose des spécialités où
l’agneau est roi. Pour commencer
le voyage des mille et une nuits,
pourquoi ne pas démarrer avec la
fameuse soupe marocaine harira
(pois chiches, persil, lentilles) – 8 fr.
A moins de découvrir, pour les
plus curieux, un panorama très
élargi de mezze libanais réunis dans
l’Aladin Mix (le fameux houmous,
mais encore sam boussa, kebbe,
baba ghannouge, etc.) – 32 fr.
Les plats sont copieux et bien
dressés. Aux côtés des différents
Ahmed Bahadli, originaire d’Irak, est le maître des lieux.
couscous, plusieurs tagines marocains (plats préparés à l’étouffée
dans l’ustensile éponyme), accompagnés d’une semoule légère. Celui à l’agneau, aux fonds d’artichauts et citrons confits, est succulent (34 fr.). Idem pour le
chawarma, sélection de bœuf et
d’agneau sur des pains libanais et
accompagnés, là encore, de différents mezze – 32 fr.
Les desserts ne sont pas légion,
mais les pâtisseries libano-marocaines, où la pistache le dispute au
miel, sont délicieuses (10 fr. pour
six pièces). La cave propose des
vins de la région et surtout des crus
libanais. Comme la surprenante et
gouleyante Réserve du Couvent,
vin rouge élaboré dans la vallée de
la Bekaa (24 fr. la demi-bouteille).
Restaurant Aladin
Rue du Lac 8, 1800 Vevey
021 922 20 00
www.aladin-vevey.com
Fermé le lundi
Belle carte
de spécialités
orientales
De 50 à 70 francs
par personne
avec boisson
Courtecartede
vinsavecquelques
crusorientaux
Toutes nos adresses sur iPhone:
www.24heures.ch/cdf