Dieudonné ne fait pas rire Raciste, le Belge
Transcription
Dieudonné ne fait pas rire Raciste, le Belge
Le 15e jour du mois, mensuel de l'Université de Liège Avril 2009 /183 Echo Dieudonné ne fait pas rire L'humoriste Dieudonné a créé la polémique avant même son spectacle donné à Saint-Josse. La commune a voulu, en effet, en interdire la tenue en raison des dérapages antisémites dont l'humoriste est devenu coutumier, mais celui-ci a finalement obtenu gain de cause au Conseil d'Etat. Pour Edouard Delruelle, professeur de philosophie morale et directeur francophone du Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme, interrogé par le journal Le Soir ( 25/3), le "cas" Dieudonné pose question sur le plan juridique, moral et sociétal. Son discours est inquiétant parce qu'il renforce le communautarisme, entretient une forme de compétition entre les communautés victimaires. Ce courant-là veut savoir qui des Noirs, des Maghrébins ou des Juifs va l'emporter au palmarès de la souffrance. C'est malsain et insensé ! La Shoah, la traite négrière et la colonisation sont des questions mémorielles importantes qui méritent mieux qu'une vulgaire concurrence. On doit prendre en compte les souffrances et les spécificités de toutes les communautés. (…) Dieudonné use d'un discours malsain et inquiétant. Il prend, comme ses partisans, un mauvais chemin dans le combat antisémite. Raciste, le Belge ? Quelques jours avant les péripéties de "l'affaire Dieudonné", le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme avait publié les résultats d'une enquête sur le racisme dans la population. Un Belge sur trois semble manifester une hostilité à l'égard des minorités ethniques. Pour Marco Martiniello, directeur du Centre d'études de l'ethnicité et des migrations à l'ULg, les résultats sont malgré tout une source d'espoir car la société multiculturelle semble un fait acquis chez les Belges, une évolution de l'histoire (Le Soir, 21/3). Derrière cette intolérance affichée, il y a bien des initiatives positives, un savoir-faire, de la solidarité. Le racisme, fort heureusement, est loin d'être la valeur dominante. Néanmoins, comment expliquer ce qui apparaît comme un rejet, au moins une crainte ? Il reste dans nos cultures européennes un héritage enfoui, lié à notre passé colonial (…) ce vieux fond ethnocentriste est bel et bien là. Avec (…) une conviction selon laquelle il existe une hiérarchie des races !, commente Marco Martiniello, qui pointe également la résistance à la mondialisation, une perte de repères et beaucoup d'incompréhension face à un monde globalisé et métissé, et "l'effet 11 septembre" : immigrés = musulmans = terroristes. D.M. -1-