Être le bon Samaritain
Transcription
Être le bon Samaritain
Être le bon Samaritain Après avoir vécu le long débat sur « les soins en fin de vie » au Québec, les Canadiens ont reçu récemment le dernier jugement de la Cour suprême du Canada qui décriminalise l'aide médicale à mourir. Comme croyants catholiques, comment allons-nous vivre avec ces réalités et arriver à concilier notre foi avec les nouvelles pratiques qui risquent bien de s'implanter dans notre société? Une chose est sûre, ce n'est pas par manque de combativité des croyants que ces jugements se sont imposés ! Mais les juges de la Cour suprême ont cru bon légiférer sur des bases strictement légales et semblent avoir retenu peu de choses d'une sagesse séculaire pas plus que des arguments éthiques et spirituels apportés par les représentants des Églises. Quant aux députés du Québec, tout en accordant un accueil bienveillant aux groupes religieux, ils ont préféré ouvrir une porte « qu'on veut bien balisée », malgré les dérapages constatés là où on a fait la même expérience. Les Québécois seraient-ils plus sages? Ces jugements et les législations qui vont suivre vont placer les croyants que nous sommes en situation souvent délicates. Nous aurons de plus en plus à apprendre à vivre notre vie de disciples de Jésus dans une société éclatée dans ses positions et ses choix de vie. Il nous faudra reconnaître de plus en plus que la foi en Jésus entraîne des convictions et conduit à des comportements qui nous distinguent de la société ambiante. Car pour nous chrétiens, Dieu seul est maître de la vie, depuis sa conception jusqu'à la mort. Et nul n'a droit d'attenter à la vie. Nous reconnaissons que la vie de l'enfant à naître doit être respectée. Nous reconnaissons aussi que Dieu nous accueille à son heure. Ce qui ne signifie pas que nous acceptons l'acharnement thérapeutique que pourrait vouloir nous imposer une certaine médecine plus agressive. Nous connaissons tous des personnes âgées qui, sentant que leur fin est proche, attendent sereinement le signe de leur Créateur ! Devant les personnes malades et vulnérables, notre option est celle des soins palliatifs qui nous rappelle comment Jésus s'est fait présent aux plus vulnérables et nous a enseigné à considérer la personne malade avec la plus grande tendresse. Car la maladie fait peur à tous. La souffrance surtout ! Notre foi nous enseigne à soulager toute douleur et à nous faire proche de celui ou celle qui souffre, tant physiquement que spirituellement. Jésus n'a pas imposé la Parole de Dieu, mais il l'a proposée largement. Son témoignage frappait, car il parlait comme un homme qui a autorité. On n'a qu'à relire le chapitre premier de saint Marc pour le réaliser : il accueillait avec bienveillance tous les malades qui se présentaient à lui. Voilà le témoignage qu'on attendra de nous de plus en plus, quelle que soit notre position auprès de la personne malade : être le bon Samaritain qui ne ménage pas ses efforts et sa bonté ! Jean Gagnon, évêque de Gaspé