la critique d - Centre national des arts plastiques
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la critique d - Centre national des arts plastiques
ENTRETIENS DES ARTS PLASTIQUES MEDIAS, PRESSE, EDITION, COMMUNICATION TABLE-RONDE 7 AVRIL 2010 Thème général : la critique d’art Membres de la table ronde : Sandra Cattini - Drac Paca Adrien Pasternak - CEA Jean-Christophe Royoux - Association des Conseillers arts plastiques DRAC Eric Mangion – Centre d’art de la villa Arson Jean-Marc Poinsot – Président des Archives de la critique d'art; professeur d'histoire de l'art à l'université de Rennes 2 Henri Jobbé Duval Geneviève Breerette - AICA France Alexandra Fau – commissaire indépendante, collaboratrice à Archistorm, Mouvement François Blanc – Communic’art Véronique Leprette – Communication Mobilier national Patrice Joly – Zérodeux, Zéroquatre Nathalie Travers et Damien Airault - CEA Nicolas Laugero Lasserre- Collectionneur et Artistik Rezo Frédéric Hubin - Fondation Hermès Adrien Pasternak - Cea Sandrine Vallée-Potelle – Cité de la Céramique Yvonne Feldmann – Maison des Artistes Nadine Descendre – Agence Internationale Européenne Sophie Legrandjacques – Legrand Café Marie-Ange Gonzalez, mission communication/DGCA Guy Tortosa - Inspection de la création artistique/DGCA Patricia Davis - direction générale des médias et des industries culturelles, Françoise Ducros – Sica/Dgca Marc Vaudey - CNAP Richard Lagrange, Directeur du Centre national des arts plastiques, président de la table ronde Christine Colin, Sica/Dgca, rapporteur de la séance Excusés : Isabelle de Maison Rouge Rédactrice en chef d'Art Actuel Catherine Millet – Art Press Emilie Banwarth – Galeriste André Rouillé, l’art aujourd’hui En introduction, Richard Lagrange rappelle que les comptes rendus des séances précédentes en cours d'envoi à tous les participants permettent déjà de dégager des pistes de réflexion. Ce type de réunion pour laquelle nous avons souhaité que la parole soit libre suscite parfois des polémiques où chacun est invité à exprimer son point de vue. Les comptes rendus rédigés dans le cadre d'un processus complexe et rapide peuvent souligner sans le vouloir des points qui ne sont cependant pas au cœur de notre échange d'idées dont l'objectif commun est de promouvoir la création contemporaine. Les entretiens des arts plastiques visent à dégager des intérêts communs en vue d'identifier des actions prioritaires engageant le soutien du Ministère de la culture et de la communication Les séances précédentes ont d’ores et déjà permis d’évoquer l’importance de l’apport des critiques à la reconnaissance des artistes ainsi que le regret que leur présence soit trop réduite dans la presse nationale et dans une moindre mesure dans la presse généraliste. Les Archives de la critique d’art : valoriser et mémoriser l'existant Selon le président des Archives de la critique d'art, la critique d’art ne se porte pas si mal, plutôt mieux qu’auparavant. Les critiques sont polyvalents et passent du commissariat à la critique. Ce n’est pas un métier, la plupart ont d’autres revenus. Les critiques d’art mythiques dépendaient des bourses. Les critiques d'art doivent être soutenus autant que d’autres acteurs du champ de l’art et, notamment, sur projet. Il faut valoriser la critique d’art française au niveau international en particulier mais également, en général, auprès du public. La France traduit moins que d’autres pays et exporte moins bien sa critique. Cela peut être amélioré et mieux valorisé, y compris en termes de mémoire. Les archives de la critique d’art ont été développées en vue de ces objectifs, elles pourraient faire plus avec un peu plus de moyens. L’évolution favorable de la critique d’art peut être mise au compte des structures de formation qui se sont démultipliées dans le domaine de l’art contemporain : de plus en plus de gens sortent des écoles et mieux formés. Ce ne sont pas les formations spécialisées qui produisent les meilleurs, beaucoup viennent de la philosophie. Cette amélioration peut également être imputée à des situations conjoncturelles, comme l’apparition de revues théoriques nouvelles (May) ou de publications ponctuelles. Il y a plus de supports. La peur que le commissaire d'exposition tue le critique n'est plus d'actualité puisque ce sont le plus souvent les mêmes. On peut se réjouir de la qualité, de la liberté de ton, de la capacité à aller sur des terrains nouveaux. Cependant le rôle du critique est mal reconnu. Il faut œuvrer à une reconnaissance du rôle de la critique. La scène artistique souffre du manque de reconnaissance de la critique et a contrario, elle bénéficierait d’une meilleure reconnaissance de l’importance de leur rôle, d’une meilleure rémunération et d’une meilleure reconnaissance sur le plan international. Les Archives de la critique d’art gardent la mémoire et témoignent de la sortie d’une période où l’on pensait la critique en crise. Plusieurs chercheurs viennent chaque année des 4 coins du monde pour consulter les Archives de la critique d'art. A l’occasion de la remise du fonds Restany, le Getty a financé une recherche pendant 3 ans. Cette association loi 1901 dispose d’un conseil scientifique composé de critiques et d’universitaires qui font le travail de valorisation. Elle distingue trois types d’intervenants : ceux qui produisent la critique et versent les fonds, ceux qui les valorisent et les institutions qui soutiennent. 300 fonds sont alimentés et tenus à jour par des critiques actifs et cinq permanents. L'association porte un projet de numérisation des fonds qui s’est révélé non recevable au grand emprunt, ni aux autres dispositifs d'aide à la numérisation en raison de son manque de capacité d'autofinancement. La mise en ligne de 10 à 30000 pages reste un objectif. La numérisation des écrits par les Archives et la mise en ligne sur Internet assureraient une diffusion longue quand les écrits ont disparu du marché. La revue Critique d’art est le seul support qui rende compte des publications en France. C’est un outil critique et pratique, les bibliothécaires s’en servent. Les références et comptes rendus de 8000 ouvrages des 20 dernières années seront disponibles sur le net. Les Archives jouent, depuis 20 ans, un rôle essentiel auprès des étudiants, en leur donnant la possibilité d’accéder aux documents. C’est également un outil au service des marchands, des institutions… Elles ont quitté Châteaugiron pour s’installer à Rennes au côté des universités. Elles ont besoin de moyens supplémentaires pour exister sur le plan national et international. La participation privée est modeste mais évolue. Aica France : reconnaissance du rôle de la critique, rémunération L’Aica compte 375 adhérents en France. Cette association (initialement une Ong), affiliée à un réseau international dont elle constitue la section la plus forte, peut-être considérée comme représentative du secteur. Elle a des liens étroits avec les Archives de la critique d'art. La présidente de l'Aica est optimiste quant à l’existence d’une critique d’art vivace en France. La liste des membres de cette association comporte des vedettes dans toutes les générations. Son objectif est de diffuser une information sur cette force intellectuelle présente sur le territoire français, à travers des tables rondes et le développement d'un site Internet. Elle regrette cependant que le critique d’art - qui écrit sur l’art, analyse les œuvres de manière universitaire ou non- le fait 9 fois sur 10 gratuitement ou presque. Une enquête est en cours sur la question des rémunérations des différentes formes de critique. Subventionnée depuis 20 ans par le MCC (à l’exception de 2010), l'Aica a demandé une subvention supplémentaire pour développer un site où les professionnels pourraient consulter les compétences, un fonds critique de textes, trouver des liens avec les archives, les associations, les universités, tout ce qui concerne l’approche critique. La rémunération des critiques est une question récurrente comme celle des artistes, ou des photographes Le maquis de la critique d'art On souligne que la question de la critique d’art est indissociable de celle de la publication et donc de celle de l’économie de la diffusion, de son accès, du statut du critique par rapport à la publication et au journalisme. La république octroie des aides mais ne peut se substituer à économie de l’édition et de la presse. Les modes de rémunération sont très variés. Le critique fait preuve d’un engagement personnel dont profitent les artistes et les éditeurs. La beauté de la critique, c’est sa liberté, celle du journaliste, sa capacité à donner une information. L’économie dans le secteur de l’art, profite de l’appétence de chacun à participer. La rémunération est fonction de la notoriété. Un journaliste qui signe dans un magazine a plus facilement des demandes parce qu’il est plus valorisant de faire appel à une signature qu’à quelqu’un qui fait un travail scientifique de recherche qui n’est pas reconnu sur le plan public. Les critiques d’art sont connus du noyau dur du milieu de l’art. Il faudrait parvenir à distinguer les questions relatives à la critique d’art et au rôle du Ministère de la Culture et de la communication dans ce domaine et celles de la recherche universitaire qui dispose de budgets propres. Actuellement, le soutien du Ministère de la culture est sollicité y compris dans le domaine de la recherche de type universitaire parce que 10% des bourses pour les doctorants sont attribuées au domaine littéraire contre 90% au domaine scientifique. En conséquence de quoi, les chercheurs en art s’autofinancent le plus souvent. On note une forte disproportion entre pays anglo-saxons et la France. La grande variété de statuts entre journalistes spécialisés ou grand public, critique d’art, chercheurs n’empêche pas les organisations professionnelles de jouer leur rôle. L’Aica réfléchit à des grilles de tarification professionnelle. Les pouvoirs publics n’ont pas à intervenir mais le Cnap est très vigilant sur ces questions à l'occasion de l'attribution des allocations. Certains soulignent la difficulté de l’exercice en France : le public trouve souvent que les textes ne sont pas assez critiques, qu'ils sont trop lisses, trop complaisants. (On estime même que sa notoriété serait liée à sa « capacité à éreinter »). Les revues françaises, en raison du rythme éditorial, ont des difficultés à relayer les événements même en France. Quant aux événements à l’étranger, elles sont souvent dépendantes de l'invitation et du défraiement par les services de communication. La critique en design fait-elle partie de cette réflexion ? La critique en design de type universitaire semble le parent pauvre même si le design est très visible dans la presse généraliste. Favoriser l'apparition d'une nouvelle économie de la critique d'art Le support papier est en perte de vitesse mais la transition avec le support numérique n’est pas accomplie. Artistik rezo a développé une charte de bénévolat avec de jeunes journalistes et se bat pour développer le schéma. Le site reçoit 150 000 visiteurs uniques par mois mais dégage à peine 15 000 euros par an. Le site est en deçà des minima de trafic pour vivre avec la publicité qui exige un million de visiteurs uniques par mois. Son directeur s'interroge : y a-t-il assez de gens qui portent un intérêt à la famille des arts plastiques ? Quels schémas inventer pour faire vivre les sites Internet ? Faut-il mener un lobbying pour présenter la famille des Arts Plastiques dans les médias nationaux ? Réclamer un volume horaire minimum ? Le directeur des revues gratuites Zérodeux, Zéroquatre témoigne d'un désir d’écrire incontestable de la part des jeunes gens. Selon lui, journalisme critique, critique d’art, recherche scientifique, de 1500 à 20 000 signes, ce maquis complexe, ce foisonnement qui caractérise la critique d'art cache la difficulté de cette économie qui, hormis les supports institutionnels, a de grandes difficultés à subsister et à survivre, à exister à l’étranger. Hormis Art press, il est difficile de trouver des revues en français sur les foires étrangères. Il note une fragilisation de la présence de la critique française à l’étranger du fait de la domination de l'anglais : traduire les textes en anglais devient un impératif. Pour avoir choisi la diffusion gratuite, il n’en considère pas moins qu'une rétribution minimum des auteurs (50€/feuillet) est la condition indispensable de leur fidélisation et par conséquent de la survie des supports. Le journal Particule a disparu après avoir vécu grâce à des bénévoles pendant 5 ou 6 ans. Il s'étonne, a contrario, que les grandes institutions culturelles ne parviennent pas à rémunérer leurs auteurs mieux que les petites revues (45 euros au Palais de Tokyo). Le rôle des sociétés de ventes publiques et leurs liens avec la critique d'art est controversé. Certains se félicitent de l'apport critique apporté par la publication d'un catalogue important sous la direction de Stéphane Corréard, à l'occasion de la vente de Cornette de Saint Cyr sur des artistes français sous-évalués des années 19601980 tandis que d'autres mettent en doute l'efficacité d'une telle vente tant sur le plan économique que critique. Il est rappelé également que la revue Art studio financée par la galerie Templon sur une vingtaine de numéros mais n’a pas trouvé son public. On suggère, enfin, de mieux relier la critique d’art à l’économie littéraire. Impératif de la langue : l'anglais Les revues sont de plus en plus confrontées à l'impératif de la traduction en anglais pour exister sur le plan international ou simplement pour s'assurer une meilleure diffusion. Certaines revues, comme Zérodeux, ont une politique de traduction systématique. Les grandes revues émergentes italiennes, Maus et Caléidoscopes, sont passées à l’anglais. Peut-on envisager une aide à la traduction pour mettre une revue française sur le net en vue de promouvoir la scène artistique française par un certain nombre d’auteurs ? Les supports existant pourraient-ils se regrouper pour faire un best of destiné à traduction, en vue de publication papier ou de mise en ligne d'une sélection d'articles déjà parus ? On rappelle que mal payée, la critique française est également mal éditée (peu de rewriting). Un texte parfait facilite la traduction. On note également le manque de compilations liées à l’actualité proche. Courrier international a consacré un numéro à l'art contemporain qui a donné une bonne visibilité en réunissant une somme d’articles de presse. Un « Courrier International » de la critique d'art en France ? L’Aica a un projet visant à la mise en ligne de textes critiques sur un site Internet mais n’a pas, pour l'heure, les moyens de rétribuer les auteurs. Les pouvoirs publics pourraient tester et apporter un soutien à la traduction à un projet porté de façon collective par un comité de rédaction constitué par des professionnels qui sélectionneraient de façon collégiale des textes déjà publiés dans les revues. L'intérêt des participants converge pour le lancement d'un appel à candidatures annuel auprès des éditeurs pour réaliser la traduction et le recueil d'articles déjà publiés dans les revues. L'appel à projet pourrait sélectionner chaque année le projet le plus pertinent, au regard d'une thématique ou de l'actualité. Ce Courrier International de l’art, en quelque sorte, aurait pour mission de favoriser la projection à l’étranger d’une sélection de la critique française. Un groupe de professionnels, comme le comité des galeries d’art, peut-il mobiliser des moyens publics pour lancer ce projet ? On imagine également une anthologie de traduction des meilleurs textes parus en France sous la forme d’un livre, en vue d'une diffusion sur les foires, lieux importants pour la diffusion de l’écrit. (Comment favoriser le retour d'une librairie à la Fiac ?) Les grands médias peuvent-ils, doivent-ils jouer un rôle moteur ? Les représentants des revues spécialisées s’étonnent de la faiblesse de la critique dans les grands quotidiens français. Pourquoi n’est-elle pas du niveau de celle du Guardian, du New York Times, de l'Herald Tribune, du Frankfurter ou des magasines étrangers ? Les quotidiens n'entretiennent pas suffisamment l’intérêt du public pour l'art contemporain. Cette plainte est récurrente depuis trente ans, la présidente de l'Aica rappelle que l'art contemporain n'a pas cessé de perdre de l’espace (et de la profondeur) au fur et à mesure de la refonte des maquettes. Peut-on envisager un soutien à la critique d’art dans les grands quotidiens, des bourses ? Il n’y a plus personne à Libé, par exemple. Les subventions publiques accordées aux grands médias nationaux pourraient-elles être assorties de recommandations de ce type ? Le directeur de Communic'art rappelle que la France est la 5ème puissance mais la 17ème sur le plan de la diffusion de la presse quotidienne, mais la première au monde pour la diffusion de la presse magazine. Dans le domaine de l’art, il existe beaucoup de titres qui, réunis, ne dépassent pas les ventes d’un journal informatique. L’appétence pour les musées et le peu de vente réel de presse d’art en France, échappe à toute rationalisation des centres d’intérêt. En réalité, avec l’art, les gens cherchent une émotion et beaucoup moins une explication. Les Figaro Magazine et Madame, par exemple, consacrent beaucoup de place à l’art mais pas à la critique. C’est un sujet qui plaît, les reproductions ne coûtent pas cher, la presse parle de l’actualité et du marché. Pour les Archives de la critique d'art, il s’agit moins de focaliser sur les supports que sur les figures. Il faut favoriser le vedettariat de certains critiques, leur donner des bourses pour qu’ils aient du temps. La question de l’économie n’est pas seulement financière : comme universitaires, ils doivent publier et avoir des temps de résidence, sans objectif précis, comme un danseur, un artiste. Il faut favoriser l’usage multiple des mêmes textes, les meilleurs textes peuvent durer trente ou quarante ans. Il y a un besoin de diffusion grand public, il faut valoriser des gens que l’on va pouvoir lire et relire, faire des anthologies, soutenir dans la durée leurs écrits et les artistes sur lesquels ils écrivent. L'aide à la critique d'art du CNAP Le CNAP gère un dispositif de soutien à la critique d’art. Il lui est reproché un dispositif d’évaluation qui valorise les frais matériels, les déplacements, particulièrement à l’étranger, les frais de documentation. Cela correspond-il au type des recherches que l'État veut soutenir ? Plutôt que le déplacement ou la recherche sur fonds d’archive ou à l’étranger ne devrait-il pas soutenir le travail de certains artistes, rendre possible le temps de travail intellectuel ou la relation entre un artiste et des critiques ? Les critères d'évaluation pourraient être mieux ciblés, les dispositifs pourraient évoluer. Le CNAP applique des dispositifs qui ont des effets pervers, on peut essayer de s’en affranchir. Mais sur quels critères X aurait-il besoin de plus de temps que Y ? Sur quelle base rémunérer ce temps de recherche ? Quels sont les critères justes et équitables pour attribuer ce type d’aide ? Les aides publiques doivent être justifiées. Le temps est un critère difficile à évaluer : ce ne peut être un équivalent de salaire ou de droits d’auteur. Il s’agit d’être attentif à la mobilité entrante et sortante des critiques mais également au temps. Il faut favoriser l’immersion, prendre en compte le temps de la recherche, de la création. Les résidences mixtes Dans le secteur du spectacle vivant, il existe des résidences conjointes auteurs, metteur en scène, comédiens. Le réseau des centres d’art et des Frac pourrait-il proposer des initiatives de ce genre de façon plus systématique ? Les centres d’art organisent des résidences de critiques, cette pratique n’est pas pour autant généralisée. Le soutien au travail éditorial bute sur la question de la diffusion qui n’est pas leur cœur de métier. La question de résidence de critiques d’art peut être discutée avec des homologues étrangers; des professionnels français peuvent être accueillis à l’étranger et l'organisation de croisements peut participer à la visibilité de cette profession et à la circulation des idées. Régulation, représentation Le champ de l‘art contemporain est caractérisé par un morcellement et une difficulté à s’organiser collectivement. Il faut parvenir à regrouper les énergies au service d’un objectif global. La profession est éparpillée, les artistes sont dispersés et très peu organisés. Les représentants sont mal repérés. Le ministère souhaite rencontrer des interlocuteurs représentatifs du secteur (absence de syndicat professionnel), pour participer aux débats sur les actions que les pouvoirs publics peuvent encourager. Selon les représentants du Cipac, les écoles d’art sont très en demande de critique d’art, tout le monde a envie que la critique se consolide, mais tout le monde a des problèmes de budget et de priorité. La précarité concernant les artistes concerne également la critique. Il est possible de renforcer la régulation. On parle de « tutorat d’artiste ». Comment les commissaires d’exposition accompagnent-ils les artistes ? Il est possible de le rendre plus formel avec un accompagnement plus officiel. Esprit critique Le directeur du centre d’art de la villa d’Arson rappelle qu'il est adossé à une école d’art qui dispose d’une bibliothèque de 40 000 ouvrages et, par ailleurs, d’une résidence d’artistes. Cela a permis de mettre en place un programme pédagogique sur la critique et en tout cas sur l’esprit critique auprès des étudiants et du public. Les étudiants sont enclins à considérer la critique comme une distribution de bons et de mauvais points et à ignorer les grands textes critiques. L’école s’emploie à éveiller l’esprit critique, en s’appuyant sur un système d’expositions qui portent leur critique dans leur sujet et sont porteuses de débats. A partir de cela, l’école a mis en place avec les enseignants, depuis 3 ans, des groupes de travail, des séminaires, des rencontres afin de pousser les étudiants à développer un regard critique sur les expositions, en relation avec la bibliothèque (rénovée). C’est un travail de fond, spécifique à la villa, ingrat, difficile à évaluer même si les effets bénéfiques commencent à s'en faire sentir sur la cinquième année. Objectifs et pistes Valoriser la critique d’art française à l’étranger (traduction, mise en ligne, recueil de textes publiés). Par exemple : promouvoir un appel d’offre annuel pour un projet de recueil de textes critiques français, en vue de leur traduction et de leur diffusion sur les foires internationales et les réseaux de diffusion en langue anglaise. Soutenir les projets de numérisation et de mise en ligne de textes critiques français (cf. projets en cours de l’Aica, et des Archives de la critique d’art). Valoriser la critique d’art en France dans les institutions subventionnées (résidence, accueil dans les Centres d’art, dans les écoles d’art). Accompagner la transition de l’écrit au numérique. Accompagner la transition vers une nouvelle économie de la critique d’art (gratuits, sites numériques, salles de ventes). Favoriser la reconnaissance et le financement de la recherche universitaire sur l’art moderne et contemporain par les instances universitaires et de la recherche en vue de s’aligner sur le modèle anglo-saxon et rééquilibrer les moyens entre recherches littéraire, visuelle et scientifique. Soutenir les études en cours sur l’économie (les rémunérations) de la critique d’art. Faire connaître les efforts de réglementation de cette économie (tarif Aica) auprès des institutions bénéficiant de fonds publics. Corriger les effets pervers dus à une évaluation du soutien public à la critique d’art sur des critères quantitatifs (transport, hébergement, documentation) et favoriser les critères d’évaluation qualitatifs et créatifs (intellectuel, théoriques). Favoriser un meilleur équilibre entre les disciplines (art, design, graphisme) au niveau des aides publiques ainsi que dans la composition des jurys. Favoriser la mobilité entrante et sortante (résidence de critique d’art français à l’étranger, accueil de critiques étrangers en France). Favoriser les résidences mixtes (artistes/critiques). Assortir les subventions publiques aux grands médias d'incitations à développer la couverture de l'art contemporain.